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ATTITUDE
ATTITUDE

Le mot attitude vient du latin aptitudo. Son sens primitif appartient au domaine de la plastique: «Manière de tenir le corps. [Avoir] de belles attitudes», dit Littré. Du physique le terme se transpose au moral: «L’attitude du respect»; puis il déborde le moral pour indiquer des dispositions diverses: «Le gouvernement par son attitude a rassuré les amis de la paix», dit encore Littré.
Le mot commence à apparaître régulièrement dans le vocabulaire scientifique avec les premiers travaux de la psychologie expérimentale. Très rapidement, en effet, les psychologues ont remarqué que la réussite devant une tâche, et plus généralement la réaction à une stimulation, dépendait de certaines dispositions mentales. Déjà, H. Spencer écrivait que «la formulation des jugements corrects sur des questions controversées dépend beaucoup de l’attitude mentale (the attitude of mind ) que nous manifestons en écoutant ou en prenant part à la discussion». La notion d’attitude apparaît donc comme fondamentale pour expliquer la relation entre stimulation et réponses.

En psychologie sociale et en sociologie, le mot est introduit par Thomas et Znaniecki dans leur monumentale étude sur le paysan polonais. Les attitudes expliquent les réactions de l’individu devant les stipulations sociales. Elles sont des dispositions mentales explicatives du comportement. Depuis, le mot attitude n’a cessé d’apparaître dans la littérature sociologique et psychosociologique, probablement parce qu’il est un concept indispensable dans l’explication du comportement social, comme il est une notion nécessaire dans l’explication des réactions devant une tâche.

Son succès a sans doute été considérablement renforcé par le défi qu’il implique d’un point de vue méthodologique et épistémologique.

Reconnaître l’importance de la notion d’attitude, c’est, en effet, renoncer à la sagesse apparente du behaviorisme, qui suggérait au savant désireux de traiter objectivement des processus psychologiques de ne retenir que les comportements observables. Or, une attitude est par définition inobservable. En outre, comme le reconnaît déjà Park, la notion d’attitude implique celle d’intensité. Mais comment évaluer l’intensité d’une entité inobservable? Ici encore, la tradition psychologique servit de guide au sociologue et au psychologue social. Car, dès 1904, avec le fameux article de Spearman sur la mesure de l’intelligence, les psychologues s’étaient posé le problème de la mesure de l’inobservable. En 1928, par son article provocant, «Attitudes can be measured», Thurstone lançait une tradition de recherche sur la mesure des attitudes, tradition qui reste toujours vivante et qui a joué un rôle important dans la mathématisation des sciences sociales.

1. Le concept d’attitude

Selon G. W. Allport, le concept d’attitude dérive de deux sources principales. La première de ces sources est la psychologie expérimentale, qui a montré l’impossibilité d’expliquer les réactions d’un sujet à une stimulation sans tenir compte de ses dispositions mentales ou attitudes. Mais le concept d’attitude ne se serait sans doute pas imposé dans les milieux de la psychologie expérimentale, fortement imprégnés de behaviorisme, notamment aux États-Unis, sans l’influence de la psychanalyse. Un des points centraux de la psychanalyse est en effet la distinction entre manifeste et latent, conscient et inconscient.

La notion d’attitude est donc apparue sous la forme d’une notion perçue sans doute comme indispensable, mais vague. Restait à la définir. Les psychologues, puis les psychologues sociaux et les sociologues se sont efforcés pendant plusieurs décennies d’aboutir à une définition satisfaisante.

Premières définitions

Pour Thomas et Znaniecki, une attitude est toujours orientée vers un objet. Elle permet de prédire les comportements réels et potentiels d’un individu devant une stimulation sociale. Comme les objets sociaux par rapport auxquels les individus sont appelés à se situer sont des valeurs collectives, l’attitude est définie par ces auteurs comme «un état d’esprit de l’individu envers une valeur». Cette idée d’une liaison nécessaire entre attitude et valeur est reprise par Park. Mais ce dernier précise la définition en y ajoutant un certain nombre de propriétés: une attitude varie en intensité; elle est fondée sur une expérience. La première propriété indique donc qu’une attitude est susceptible de degrés. La seconde est introduite essentiellement pour distinguer la notion d’attitude de celle d’instinct social.

En 1935, G. W. Allport donne la définition suivante: «Une attitude est un état mental et nerveux de préparation (a mental and neural state of readiness ), organisé à partir de l’expérience, exerçant une influence directive ou dynamique sur les réponses de l’individu à tous les objets ou situations auxquels il est confronté.» On retrouve dans cette définition l’idée qu’il est impossible d’expliquer un comportement quelconque sans recourir à la notion d’attitude, que les attitudes ne font cependant que guider le comportement et qu’elles ont leur origine dans l’expérience. En outre, en liant objets et situations, Allport souligne que les attitudes sont indispensables pour expliquer aussi bien les comportements du type de ceux qu’envisage la psychologie expérimentale que les comportements sociaux.

On voit apparaître dans ces définitions, d’une part, le désir de définir les attitudes par ce qu’on peut appeler leur contenu ou leur nature (un état mental et nerveux), d’autre part, celui de distinguer les attitudes de notions avec lesquelles elles pourraient être confondues, comme celle d’instinct. L’idée, sur laquelle insistent à la fois Park et Allport, que l’attitude est enracinée dans l’expérience vise surtout à la distinguer de la notion d’instinct.

Ces définitions prêtent le flanc à la critique. En effet, la notion d’état mental et nerveux est imprécise. Pour la préciser, il serait nécessaire de connaître le support physiologique et psychologique des attitudes. Ces définitions sont donc très rudimentaires dans leur énoncé des propriétés intrinsèques de la notion d’attitude.

En ce qui concerne les propriétés grâce auxquelles on peut distinguer la notion d’attitude des notions voisines, elles sont également imparfaitement définies, car si elles permettent de distinguer la notion d’attitude de celle d’instinct, elles ne permettent guère de la distinguer d’autres notions comme celles de disposition, d’attente, de trait de caractère, de besoin, d’opinion, etc.

Définitions opérationnelles

La définition de G. W. Allport est déterminée en d’autres termes par un certain contexte scientifique: il s’agit pour lui de donner à la notion d’attitude sa place dans l’arsenal des concepts psychologiques prévalents à l’époque où il écrit. Plus tard, lorsque la psychologie sociale prend une autonomie plus grande par rapport à l’appareil conceptuel de la psychologie expérimentale, lorsque les recherches sur les attitudes se sont plus largement développées, le contexte scientifique se modifie et, avec lui, les définitions de la notion d’attitude. Ainsi, Adams et Heider insistent sur un thème inédit, celui du rôle intégrateur des attitudes par rapport à la personnalité. Pour ces auteurs, la nature subjective d’une attitude réside dans sa fonction. Or, cette fonction consiste à préserver l’équilibre de la personnalité, face à une situation sociale déterminée. Pour prendre un exemple très simple, si je suis anticlérical et que j’observe de la part d’un prêtre un comportement que je suis forcé d’approuver, voire d’admirer, j’aurai tendance à présenter ce comportement comme exceptionnel, comme dû à des circonstances particulières. De cette manière, je pourrai conserver mon attitude anticléricale, qui assume pour moi une fonction dans la mesure où elle joue le rôle d’un cadre de référence général, où elle me permet de me sentir solidaire de certaines personnes ou de certains groupes adoptant les mêmes valeurs, etc.

Dans ces travaux, la notion d’attitude est donc définie comme un système rendant possible l’organisation des comportements et opinions en fonction de certains besoins de la personnalité. Une attitude ne peut donc être conçue comme chez Allport en fonction de la seule expérience passée. Elle est aussi déterminée par la situation actuelle de la personnalité dans un champ social spécifique.

Le développement des recherches sur la formation des attitudes, sur leurs changements, en apportant des enrichissements théoriques importants, a peu à peu conduit à éliminer de la définition du concept d’attitude toute référence à ses propriétés intrinsèques. En d’autres termes, on a tendance à présenter aujourd’hui la notion d’attitudes de manière purement formelle et opérationnelle. J. Stoetzel donne un exemple de ce type («Définition d’intention et espace d’attributs») lorsqu’il définit la notion d’attitude à partir de quatre éléments bien déterminés. En premier lieu, la notion d’attitude correspond à une variable inférée, non directement observée, ni observable. En second lieu, elle désigne une préparation spécifique à l’action impliquant une relation sujet-objet qui la distingue du trait de caractère. En troisième lieu, une attitude est toujours polarisée, impliquant l’idée de pour ou de contre. Enfin, les attitudes sont acquises et peuvent subir les effets des influences externes.

Ce type de définition a l’avantage de s’abstenir de tout présupposé théorique et d’utiliser des propriétés déterminées permettant de distinguer sans ambiguïté la notion d’attitude des notions voisines. Une autre définition de ce type, plus systématique, est proposée par Lazarsfeld. Selon cet auteur, la notion d’attitude et les concepts voisins peuvent être conçus comme représentant des combinaisons différentes de trois dimensions: l’horizon temporel (présent ou futur), le champ (spécifique ou général), la dynamique (passive ou directive). Ainsi, les traits de caractère (la générosité, par exemple) sont généraux, passifs et liés au présent; les attentes sont des dispositions spécifiques, passives et orientées vers le futur; les intentions sont spécifiques, directives et orientées vers le futur; les opinions sont spécifiques, passives et liées au présent; les attitudes sont générales, passives et orientées vers le présent.

L’idée générale qui se dégage de ce type de définition est que, pour mettre un terme aux querelles de définition relatives à la notion d’attitude, il est indispensable de renoncer à la définir par ce qu’elle est. Il faut plutôt considérer qu’elle appartient à un certain champ sémantique et la définir par un certain nombre de critères permettant de la distinguer des autres éléments de ce champ.

2. Recherches sociologiques et psychologiques

Une raison du succès de la notion d’attitude, étrangère aux raisons déjà citées, est qu’elle est apparue comme indispensable dans l’analyse de phénomènes qui devaient retenir l’attention des sociologues et des psychologues pendant de longues années.

La notion d’attitude est introduite par Thomas et Znaniecki parce que les individus qu’ils observent dans The Polish Peasant – à savoir les paysans polonais immigrés aux États-Unis – manifestent des comportements inadéquats par rapport aux normes sociales de la société d’accueil. Ils en concluent que le comportement individuel n’est pas explicable en termes fonctionnels: pour qu’un individu reconnaisse l’intérêt qu’il a, par exemple, à s’adresser à l’appareil judiciaire pour voir une situation réglée à son profit lorsqu’il est dans son bon droit, il faut d’abord qu’il ait une «attitude» positive à l’égard de la justice, c’est-à-dire qu’il admette qu’un différend avec autrui peut être réglé non directement, mais indirectement, par l’entremise de la société.

Mais la notion d’attitude s’est surtout imposée à partir du moment où les sociologues américains, obéissant à une contrainte ou à un besoin social diffus, se sont mis à se pencher sur le problème des préjugés raciaux. Les préjugés raciaux représentent effectivement un cas privilégié, où les comportements et opinions sont déterminés par des dispositions internes qui forment une sorte d’écran entre l’individu et la réalité sociale.

Un des livres classiques dans le domaine de l’analyse des préjugés est The Nature of Prejudice de G. W. Allport. L’auteur y présente une analyse systématique des distorsions perceptives engendrées par les préjugés, en même temps qu’il y expose une théorie du préjugé: sur le plan de la représentation, le préjugé assume une fonction de simplification. Il fournit des catégories tranchées qui permettent de classer les personnes et leurs comportements, d’expliquer simplement ces comportements («ce n’est pas étonnant qu’il agisse ainsi, puisqu’il est juif»), de juger de ces comportements selon «le principe du moindre effort». En outre, le préjugé a une fonction d’intégration sociale: il me permet de me sentir d’autant plus proche de certains groupes que j’en rejette d’autres.

Un autre ouvrage classique dans le domaine de l’analyse des attitudes est le livre d’Adorno et de ses collaborateurs, The Authoritarian Personality. Ici, l’accent est porté sur l’idée que les attitudes qu’on peut observer chez un individu sont des éléments non isolés, mais intégrés dans un système. Une attitude particulière est conçue comme le symptôme de ce qu’on peut appeler un syndrome de personnalité. C’est ainsi qu’Adorno a établi qu’une attitude antisémite, ou plus généralement ethnocentrique, allait généralement de pair avec tout un système d’attitudes. En effet, l’antisémite a tendance à être conformiste, c’est-à-dire à accepter sans discussion les valeurs reçues, caractéristiques des classes moyennes. Il a, en outre, tendance à concevoir les rapports personnels en fonction des catégories d’autorité et d’obéissance, à souligner le respect dû à l’autorité, à opposer brutalement le bien au mal, à énoncer que l’action d’autrui est guidée par l’égoïsme et le cynisme, etc. Des études ultérieures, comme les travaux de Stouffer sur l’anticommunisme, ont montré le bien-fondé de la théorie d’Adorno: on rencontre aussi chez les anticommunistes passionnels observés par Stouffer un syndrome d’attitudes dont les thèmes fondamentaux résident dans une séparation brutale du bien et du mal, et dans une vision généralement manichéenne et pessimiste du monde. Des résonances de même type se retrouvent dans l’étude consacrée par Michelat et Thomas aux attitudes nationalistes en France («Dimensions du nationalisme».

Avec des auteurs comme Ash ou Heider, la théorie des attitudes prend une nouvelle dimension. Il s’agit ici d’analyser le processus de changement qui apparaît lorsque des attitudes contradictoires tendent à se développer en présence d’une situation sociale déterminée. L’idée générale d’Ash et de Heider est que, dans ce cas, le sujet va tendre à modifier ses attitudes de manière à aboutir à un ensemble d’attitudes cohérentes tout en minimisant, d’une certaine façon, le coût que ce changement représente pour lui.

Les études appartenant à cette tendance sont pour la plupart expérimentales. Plus intéressants et plus importants peut-être sont les travaux qui, comme ceux de Lipset et surtout de Newcomb, étudient le processus de formation et de changement d’attitude dans une situation sociale réelle. Dans son étude sur les attitudes politiques dans un établissement d’enseignement supérieur, Newcomb montre que celles-ci sont fonction du champ social dans lequel sont insérés les individus: lorsque le champ social est composé de «groupes de références» dont les attitudes sont contradictoires, un processus se développe chez l’individu, au bout duquel il finit par choisir un ou plusieurs groupes de références dont les «valeurs» sont compatibles. Il assure ainsi son insertion dans un champ social en choisissant des attitudes compatibles avec les groupes de référence dominants.

Toutes ces études montrent donc que l’analyse des attitudes ne peut être menée à bien si l’on ne prend en considération leur fonction par rapport à l’insertion de l’individu dans son environnement social. On peut encore citer les travaux de Coleman sur les systèmes de valeurs qui se développent en milieu scolaire, où il est montré que les attitudes sont étroitement déterminées par la place de l’individu dans la structure sociale du groupe que constituent les élèves d’une même classe, et sont fonction des groupes d’affinité.

3. Mesure des attitudes

Parce qu’elle implique l’idée de degré ou d’intensité, la notion d’attitude soulève un problème méthodologique important: celui de la détermination de cette intensité. On parle alors de la «mesure des attitudes». À première vue, le problème prend l’allure d’un défi. Comment, en effet, mesurer ce qui, par définition, est inobservable et inobservé?

Là aussi, psychologues sociaux et sociologues bénéficiaient d’un précédent dans le domaine de la psychologie, celui de Spearman, qui avait publié, en 1904, un article intitulé «General Intelligence, Objectively Determined and Measured». En effet, l’intelligence ne peut, elle non plus, être observée. La logique de la procédure de Spearman est la suivante:

Imaginons que nous ayons fait subir à une population de sujets un ensemble d’épreuves. La quantité x ij mesure la réussite du sujet i à l’épreuve j . Appelons Fi l’intelligence du sujet i. Si la tâche j met au jour cette faculté générale que le sens commun désigne par le vocable d’intelligence, x ij est une fonction de Fi . De même, la réussite du sujet k à l’épreuve j est une fonction de Fk . En faisant des hypothèses analogues sur les autres épreuves, on obtient le modèle général suivant:

Ce modèle signifie que la réussite d’un sujet à épreuve est une fonction de son intelligence Fi , et d’autres facteurs propres à l’épreuve, à savoir l ij . Quant au coefficient a j , il indique que la part de l’intelligence peut être différente dans la réussite à l’épreuve j et dans la réussite à l’épreuve k. Dans ce cas, a j sera différent de a k .

Moyennant certaines hypothèses supplémentaires, on peut, d’une part, déterminer la validité du modèle, d’autre part, le résoudre, s’il est valide, et connaître ainsi les quantités a j , qui mesurent la dépendance relative de la réussite aux différentes épreuves par rapport au facteur intelligence. En utilisant cette information, on peut ensuite construire une mesure d’intelligence.

C’est une logique analogue qui est utilisée dans la plupart des modèles de mesure des attitudes. Dans l’analyse des structures latentes, Lazarsfeld suppose qu’une attitude peut être représentée comme une variable continue latente. Selon l’intensité de cette attitude chez un sujet déterminé, ce dernier va avoir une probabilité différente de répondre d’une certaine manière à une question donnée. Ainsi, plus on est antisémite, plus la probabilité de répondre négativement à la question: «Consentiriez-vous à épouser un juif?» est élevée. Cette idée peut être représentée par une ligne comme la courbe en trait continu indiquée sur la figure. À une autre question correspondrait une autre courbe de probabilité. En conséquence, on peut imaginer que la question: «Répugneriez-vous à avoir des relations d’amitié avec des juifs?» aurait une forme différente de la première: à niveau d’antisémitisme égal, une réponse antisémite à cette question est sans doute moins probable qu’à la précédente; la courbe hypothétique correspondante est représentée en pointillés sur la figure 1.

L’analyse des structures latentes permet, sous certaines conditions, étant donné les réponses à un ensemble de questions d’attitudes, de déterminer des caractéristiques de ces courbes de probabilité et, par suite, de localiser un individu sur la variable latente à partir de ses réponses aux questions.

Dans le domaine de la mesure des attitudes, le principal pionnier est L. Thurstone, qui publia en 1928 l’article «Attitudes can be measured». Les méthodes de Thurstone reposent sur des modèles incluant des hypothèses relativement fortes. C’est pourquoi on ne s’en sert plus guère aujourd’hui. Après Thurstone, on a surtout utilisé des méthodes empiriques ne passant pas par l’intermédiaire de modèles mathématiques. Grosso modo, ces méthodes, comme les échelles de Likert, déterminent la validité des indicateurs particuliers (représentés en général par les réponses à un ensemble de questions) en analysant la structure de leurs intercorrélations. Après la Seconde Guerre mondiale, on a assisté, avec les travaux de Guttman et de Lazarsfeld notamment, à un regain d’intérêt pour les modèles de mesure. Un des modèles les plus utilisés est appelé échelle de Guttman, ou modèle hiérarchique. Traduit dans la conceptualisation de l’analyse des structures latentes, ce modèle peut être décrit par la figure 2.

Dans ce modèle, on admet que, jusqu’à un certain seuil sur la variable d’attitude latente, la probabilité d’une réponse allant dans le sens de l’attitude est nulle, puisqu’elle croît brutalement jusqu’à 1. En examinant attentivement la figure, on voit que ce modèle à une conséquence immédiate – s’il est vérifié – c’est qu’une personne ne peut donner une réponse allant dans le sens de l’attitude (disons brièvement une réponse positive) à la question 3 que si elle a donné une réponse positive aux questions 1 et 2. De même, une réponse positive à la question 2 implique une réponse positive à la question 1. En effet, un individu situé par exemple au point A de la variable d’attitude, et ayant une probabilité presque égale à 1 de répondre positivement à la question 2, a une probabilité égale à 1 de répondre positivement à la question 1. Bref, à mesure qu’on se déplace sur la variable d’attitude vers la droite, on voit apparaître des configurations ordonnées de réponses aux questions 1, 2 et 3: 漣, + 漣, + + 漣, + + +. De façon générale, on dit que le modèle «hiérarchique» est attesté lorsqu’on peut ranger un ensemble d’indicateurs de manière à obtenir des configurations de réponses hiérarchisées comme la suivante:
Questions 1 2 3 4 5
+ + + + +
+ + + + –
+ + + – –
+ + – – –
+ – – – –
– – – – –

En d’autres termes, ce modèle exclut qu’on observe empiriquement des configurations telles que + – – + – ou + – + + –.

Dans de très nombreux cas, un ensemble de questions d’attitudes fait apparaître au moins de façon approchée, une structure hiérarchique de ce genre (cf. «Un modèle de transitivité complète entre items hiérarchisés», de Jacques Maître). Lorsqu’une telle structure est présente, elle permet immédiatement de ranger les individus d’une population dans des classes correspondantes à des intensités d’attitudes hiérarchisées.

Le problème de la mesure des attitudes a donné lieu à des recherches de mathématiques appliquées extrêmement variées. Il est incontestable que cette fécondité méthodologique de la notion d’attitude explique, à côté des facteurs déjà mentionnés, l’importance de cette notion dans les sciences sociales modernes.

attitude [ atityd ] n. f.
• 1637 en peint.; it. attitudine, lat. aptitudo aptitude
1(1670) Manière de tenir son corps. contenance, maintien, 2. port, pose, position, posture, station, tenue. Attitude naturelle, gracieuse, gauche. Attitudes et mouvements. Attitude d'une personne à genoux ( agenouillement) , assise. « Qu'il apprenne à prendre dans toutes les attitudes une position aisée et solide » (Rousseau). « Ils prennent [les chats] en songeant les nobles attitudes Des grands sphinx allongés au fond des solitudes » (Baudelaire).
2(XVIIIe) Manière de se tenir (et par ext. Comportement) qui correspond à une certaine disposition psychologique. 2. air, allure, aspect, expression, manière. « Son attitude [de l'homme] est celle du commandement » (Buffon). Attitude arrogante, ferme, décidée, évasive. Prendre une attitude. Changer d'attitude. « Il affectait de garder une attitude insouciante et amusée » (Barrès). « L'innocent accusé d'espionnage se trouble. Toute son attitude l'accuse » (Cocteau).
Péj. Affectation de ce qu'on n'éprouve pas. Se donner, se composer une attitude. Ce n'est qu'une attitude. Il prend des attitudes.
3Disposition, état d'esprit (à l'égard de qqn ou qqch.); ensemble de jugements et de tendances qui pousse à un comportement. disposition, position. Quelle est son attitude à l'égard de ce problème ? Adopter une attitude intransigeante dans une affaire. comportement, conduite. Il était hostile à ce projet, mais depuis il a modifié son attitude. « L'attitude de l'Allemagne nous dicte la nôtre » (Martin du Gard).

attitude nom féminin (italien attitudine, du bas latin aptitudo, aptitude) Manière de tenir son corps, position qu'on lui donne ; posture : Avoir une attitude gauche, nonchalante. Manière d'être qui manifeste certains sentiments ; comportement : Avoir une attitude ferme. Ensemble des opinions manifestées par un individu, un groupe social ou une institution, se traduisant par un comportement habituel ou circonstancié : Attitude politique d'un journal. Comportement affecté par quelqu'un qui veut cacher ses sentiments réels : Il a l'air sévère, mais ce n'est qu'une attitude. Astronautique Synonyme de orientation. Chorégraphie Pose de la danse académique dans laquelle une jambe est sur pointe, demi-pointe ou à plat, l'autre levée et pliée en arrière, un bras ou les deux étant levés. Psychologie Système organisé et relativement stable de dispositions cognitives d'un sujet vis-à-vis d'un objet ou d'une situation dont il évalue le contenu comme vrai ou faux, bon ou mauvais, désirable ou indésirable. Zootechnie Aspect général que présente un animal au repos ou immobile. (S'oppose à allure.) ● attitude (citations) nom féminin (italien attitudine, du bas latin aptitudo, aptitude) Henri Bergson Paris 1859-Paris 1941 Les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l'exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique. Le Rire P.U.F.attitude (synonymes) nom féminin (italien attitudine, du bas latin aptitudo, aptitude) Manière de tenir son corps, position qu'on lui donne ; posture
Synonymes :
- port
- pose
- posture
Ensemble des opinions manifestées par un individu, un groupe social...
Synonymes :
- disposition
- orientation
- tendance
Comportement affecté par quelqu'un qui veut cacher ses sentiments réels
Synonymes :
- air
- allure
- contenance
- extérieur
- maintien
- manière
Synonymes :
- Astronautique. orientation

attitude
n. f.
d1./d Manière de tenir son corps. Prendre diverses attitudes. Une attitude penchée, cambrée, raide, décidée. L'attitude de la soumission, du commandement.
|| CHOREGR Figure d'équilibre sur une seule jambe, l'autre se repliant en arrière.
d2./d Conduite que l'on adopte en des circonstances déterminées. Pays qui règle son attitude sur celle d'une grande puissance.
|| (Belgique) Prendre attitude: adopter une attitude, prendre position. Le gouvernement a pris attitude sur cette question.

⇒ATTITUDE, subst. fém.
A.— Manière de tenir son corps, position que l'être animé lui donne, par ses propres réactions, sans contrainte extérieure :
1. Mathéus s'efforçait péniblement de l'écouter, et tout son corps avait pris une singulière attitude penchée de côté qui indiquait une attraction vers la jeune fille et un désir de fuir les insupportables ennuis de l'entretien.
DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 148.
2. Ainsi l'attitude verticale de l'homme, ... a soulagé les mâchoires d'une partie importante du travail qu'elles accomplissaient; ...
E. PERRIER, Traité de zool., t. 4, 1932, p. 3391.
3. C'était un homme mince, d'une extrême souplesse. Allongé à demi dans son coin, il avait pris, d'instinct, l'attitude la plus harmonieuse.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 148.
SYNT. Attitude penchée, gauche, rigide, naturelle; garder, prendre, reprendre une attitude; rester dans une attitude; se placer, se tenir, se figer dans une attitude; retrouver une certaine attitude.
— PARAD. L'attitude s'oppose à la posture qui est une manière momentanée de se tenir, plus ou moins forcée, bizarre, éloignée de la contenance habituelle et qqf. peu convenable. Elle se distingue de la pose qui est toujours forcée, artificielle (c'est l'attitude que prend le modèle qui pose); du port qui ne se dit guère que de la station debout et qui implique une idée de naturel et souvent de noblesse. Contenance, tenue, maintien et allure sont, à l'encontre de attitude, des subst. verbaux et supposent donc un comportement volontaire, alors que l'attitude est la position que l'on donne au corps par le jeu spontané des réactions propres, sans contrainte extérieure, mais aussi sans détermination prépondérante de la volonté. Par ailleurs, le maintien manifeste les habitudes de qqn, son comportement social, et le mot se prend gén. en bonne part; la tenue appelle un jugement de valeur (favorable ou défavorable); tenue se dit habituellement de la façon de se tenir, de se vêtir, de se comporter et non pas exclusivement de la position que l'on donne au corps; le mot contenance est vieillissant en dehors de certaines locutions; quant à allure (aller), il est bien plus proche de l'action que de la fixité.
Spéc., PSYCHO-PHYSIOL. Position du corps guidée et contrôlée par la sensibilité posturale et orientée en vue de la perception et de l'action (d'apr. LAFON 1963).
B.-A. Position que les sculpteurs, les peintres donnent à leurs figures :
4. La sainte Thérèse, telle que le peintre l'a représentée, s'affaissant, tombant, palpitant, à l'attente du dard dont l'amour divin va la percer, est une des plus heureuses trouvailles de la peinture moderne. — Les mains sont charmantes. — L'attitude, naturelle pourtant, est aussi poétique que possible. — Ce tableau respire une volupté excessive, et montre dans l'auteur un homme capable de très bien comprendre un sujet — « car sainte Thérèse était brûlante d'un si grand amour de Dieu, que la violence de ce feu lui faisait jeter des cris. Et cette douleur n'était pas corporelle, mais spirituelle, quoique le corps ne laissât pas d'y avoir beaucoup de part. »
BAUDELAIRE, Salon, 1845, p. 35.
CHORÉGR. ,,Figure de danse dans laquelle le corps repose sur une seule jambe, tandis que l'autre est repliée à la hauteur des hanches, ...`` (GITEAU 1970).
MÉD. VÉTÉR. Physionomie que présente un animal au repos ou en inaction et qui donne des indications sur son état de santé ou de maladie, de force ou de faiblesse et aussi sur son caractère doux ou violent, mou ou énergique.
B.— Manière de se tenir qui correspond à un état d'âme, une émotion, un sentiment :
5. ... il se levoit pour saluer Annette par un regard plein d'amour. Cette vue et l'influence de l'âme de cette jeune fille étoient pour lui un bonheur inimaginable. Il la contemploit faire de la dentelle en admirant cette attitude religieuse et cette tranquillité d'âme qui brillantoient une figure gracieuse, et, lorsque de douces paroles venoient errer sur ses lèvres, il atteignoit le comble du plaisir.
BALZAC, Annette et le criminel, t. 2, 1824, p. 114.
6. Il avait dans l'attitude, dans le geste, dans le mot, un certain dédain de la foule et un sentiment intérieur de supériorité de race et de fierté de naissance qui rappelait ces habitudes de familles nobles où l'on regarde du haut en bas.
LAMARTINE, Les Confidences, Graziella, 1849, p. 314.
7. S'il [le jeune lieutenant] respirait la force et même la joie, par tous les traits de son visage martial, par toutes les attitudes de son corps entraîné, le principe de cette force et de cette joie résidait ailleurs que dans la santé.
P. BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, p. 41.
8. Bien au-delà de sa propre raison, à mille lieues de son corps chétif, qui même alors gardait son attitude humiliée, craintive, sa charité, elle seule, discernait, jugeait, agissait.
BERNANOS, L'Imposture, 1927, p. 347.
Péj. Manifestation extérieure de sentiments que l'on n'éprouve pas. Se composer une attitude :
9. Le rire de Maxime s'accentua, son ancien rire perlé de fille, dont il avait gardé le roucoulement équivoque, dans l'attitude correcte qu'il s'était faite de garçon rangé, désireux de ne pas gâter sa vie davantage. Il affectait la plus grande indulgence, pourvu que rien de lui ne fût menacé.
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 130.
SYNT. C'est une attitude; prendre, se donner, affecter une attitude.
Vx. Être toujours en attitude. Prendre des poses trop affectées, des gestes trop étudiés.
Rem. Se dit surtout en parlant des acteurs.
C.— Au fig.
1. Disposition d'esprit, déterminée par l'expérience à l'égard d'une personne, d'un groupe social ou d'une chose abstraite (problème, idée, doctrine, etc.) et qui porte à agir de telle ou telle manière :
10. Le mal est que nous n'avons à Rome personne qui ait su prendre l'attitude qu'il faudrait avec le tas de voleurs et de coquins de toute sorte qui composent le gouvernement papal.
MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, t. 2, 1870, p. 144.
11. L'attitude de révolte et de soumission choisie par le garçon, dictera plus tard son comportement dans la société.
M. CHOISY, Qu'est-ce que la psychanalyse? 1950, p. 65.
12. Différentes sortes d'attitudes. — Attitude individuelle : d'une personne envers un ou plusieurs objets (personne ou chose). On parle d'attitude envers soi-même lorsque le moi est considéré comme objet. Attitude sociale : d'une personne à l'égard de réalités sociales et culturelles. Attitudes collectives : partagées avec les membres d'un groupe, en face d'un problème collectif, ou d'une situation naissant des interactions individu-groupe. Ce terme peut également s'appliquer à l'attitude d'un groupe vis-à-vis d'un autre. Attitude commune : étendue à un assez grand nombre d'individus quelconques à l'égard d'un même objet.
LAFON 1963.
En partic., SOCIOL. ,,Position de tel individu, membre de tel groupe, en face de tel problème collectif`` (J. MAISONNEUVE, Psychol. soc., 1950, p. 9 ds UNESCO 1956).
Mesure des attitudes. Mesures qui ont pour objet la prévision des comportements à l'aide de questionnaires, échelles de notations, interviews, tests projectifs, etc.
Rem. L'enquête d'attitudes cherche à saisir les façons de réagir des individus vis-à-vis de tel problème alors que le sondage d'opinion ou Gallup s'efforce de percevoir ce que pensent les individus (d'apr. TEZ. 1968).
Attitude prospective. Cf. prospective.
2. P. ext. [En parlant d'un coll.] :
13. On était ainsi amené à envisager pour les armées alliées une action offensive, à concevoir pour elles non plus seulement l'attitude passive et de consolidation que les événements leur avaient imposée depuis le 21 mars, mais une conduite active.
FOCH, Mémoires, t. 2, 1929, p. 39.
14. L'après-midi, à Downing Street, MM. Churchill et Eden, évidemment fort contrariés, m'exprimèrent les excuses du gouvernement britannique et sa promesse de réparer, vis-à-vis de Muselier, l'insulte qui lui avait été faite. Je dois dire que cette promesse fut tenue. Même, le changement d'attitude réciproque des Anglais et de l'amiral se révéla si complet qu'il parut bientôt excessif, comme on le verra par la suite.
DE GAULLE, Mémoires de Guerre, 1954, p. 126.
PRONONC. :[atityd]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour la dernière syll. du mot. BARBEAU-RODHE 1930 donne la possibilité d'une prononc. avec [tt] géminées : at/t/-. FOUCHÉ, Prononc. 1959, p. 320, écrit à ce sujet : ,,Il est préférable de ne pas prononcer [tt] dans (...) attitude.`` Enq. :/atityd/.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1637 B.-A. (peint.) « situation, position du corps » (POUSSIN, Lett. à Stella ds ROB. : J'ai trouvé une certaine distribution pour le tableau de M. Chantelou et certaines attitudes naturelles, qui font voir dans le peuple juif la misère et la faim où il était réduit); 2. av. 1821 « situation dans laquelle on se trouve à l'égard de qqn; résolutions, dispositions où l'on paraît être » (NAPOLÉON, Mémoires, t. 6, p. 320 ds Dict. hist. Ac. fr. : Nantes passa subitement de la grande frayeur à l'attitude d'une grande cité qui se lève contre la rébellion).
1 empr. à l'ital. attitudine « id. » (KOHLM. 29; BRUNOT t. 3, 220, t. 6, 698; BOULAN Mots étr. p. 19) attesté av. 1519 (Léonard de Vinci [1452-1519] Scritti scelti, 229 ds BATT.). L'ital. lui-même est soit une réfection du lat. vulg. actitudo, -udinis (dér. de actitare, fréquentatif de agere) d'après le b. lat. (aptitude) soit une réfection du b. lat. d'après actus (acte) BATT.; DEI; 2 empr. à l'ital. attitudine « id. » (Bartolomeo da S.C. [1262-1347] 2-2-I, ibid.) lui-même empr. au b. lat. aptitudo (aptitude).
STAT. — Fréq. abs. littér. :5 250. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 413, b) 5 834; XXe s. : a) 7 449, b) 11 810.
BBG. — BASTIN 1970. — BATTRO 1966. — BAULIG 1956. — BIROU 1966. — BOULAN 1934, p. 19. — BRUANT 1901. — Foi t. 1 1968. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — GALIANA Astronaut. 1963. — GITEAU 1970. — HETMAN 1969. — IREP 1966. — LACR. 1963. — LAFON 1969. — LAL. 1968. — Lar. mén. 1926. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — Méd. Biol. t. 1 1970. — MIQ. 1967. — MOOR 1966. — MUCCH. Psychol. 1969. — MUCCH. Sc. soc. 1969. — NYSTEN 1814. — PIÉRON 1963. — PIERREH. Suppl. 1926. — POMM. 1969. — Psychol. 1969. — Sociol. 1970. — TEZ. 1968. — UNESCO 1956.

attitude [atityd] n. f.
ÉTYM. 1637, Poussin, en art; le sens étendu se dégage au XVIIIe; ital. attitudine, du lat. pop. actitudo, -udinis, du bas lat. aptitudo. → Aptitude.
1 Cour. (En parlant des êtres vivants). Manière de tenir son corps. || Attitude naturelle, gracieuse, gauche, forcée, nonchalante, rigide. || Aisance, raideur d'une attitude. Contenance, maintien, port, pose, position, posture, station, tenue; et aussi air, allure, geste. || Attitude de repos. Station. || Attitudes et mouvements. || Attitude verticale. Debout, droit, équilibre; aplomb. || Attitude hanchée, cambrée. || Attitude de l'homme à genoux. Agenouillement. || Attitude accroupie (cit. 6). || Attitude d'un homme assis (position, station assise). || Attitude horizontale. Couché, décubitus. || Aspects des parties du corps dans les différentes attitudes. Cf. les noms des parties du corps : taille (cambrée…), épaule (effacée), tête (penchée, inclinée, renversée, redressée)… || Prendre une attitude. Placer (se), tenir (se). || Garder une attitude. || La noble attitude du lion.Arts (peint., sculpt.). Position du corps (ci-dessous, cit. 1, 2, 4 et 5.1).Chorégr. Position dans laquelle le corps est en équilibre sur une seule jambe, l'autre étant repliée en arrière à la hauteur des hanches (s'oppose à mouvement). → ci-dessous, cit. 3. — REM. Dans la langue classique, la référence aux arts plastiques est toujours présente.
1 J'ai trouvé une certaine distribution pour le tableau de M. de Chantelou et certaines attitudes naturelles, qui font voir dans le peuple juif la misère et la faim où il était réduit.
Poussin, Lettre à Stella, 1637.
2 Le tout dépend des attitudes qu'on donne aux personnes qu'on peint (…)
Molière, le Sicilien, 11.
3 Un petit essai des plus beaux mouvements et des plus belles attitudes dont une danse puisse être variée (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 2.
4 Ce prince humain et bienfaisant (Louis XIV), que les peintres et les statuaires nous défigurent, vous tend les bras, vous regarde avec des yeux tendres et pleins de douceur; c'est là son attitude.
La Bruyère, Disc. à l'Académie, 15 juin 1693.
5 Cependant il (Charles XII) avait eu la force, en expirant d'une manière si subite, de mettre par un mouvement naturel la main sur la garde de son épée, et était encore dans cette attitude.
Voltaire, Charles XII, 8.
5.1 Autre chose est une attitude, autre chose est une action (…)
Diderot, Essai sur la peinture, I.
6 Qu'il apprenne à faire tous les pas qui favorisent les évolutions du corps, à prendre dans toutes les attitudes une position aisée et solide (…)
Rousseau, Émile, II.
7 Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », LXVI.
8 Les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l'exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique.
H. Bergson, le Rire, IV, 22.
9 Il ne saurait être question d'énumérer les manières d'être diverses qu'aperçoit l'esprit humain, et de classer les aspects sous lesquels des êtres, des idées, et des actes peuvent lui apparaître (…) Qu'on pense aux seules attitudes : debout, dressé sur la pointe des pieds, penché, plié, courbé, à genoux, à croupetons, assis, à cheval, renversé, étendu, etc. et là dedans ne sont pas considérées les positions des membres : bras, mains, jambes, pieds. De même pour les mouvements.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 653.
10 Lorsque l'attitude (dans la position verticale) est correcte, la tête est droite, le cou vertical, les épaules sont portées en arrière, la poitrine est ouverte, le ventre est en retrait par rapport à une ligne verticale tangente au sternum.
A. Binet, les Formes de la femme, p. 60.
Vétér. Physionomie que présente un animal au repos ou en inaction et qui permet de se rendre compte de son état de santé.
2 Manière de se tenir (et, par ext., comportement) qui correspond à une certaine disposition psychologique. Air, allure, aspect, expression, extérieur, geste, manière, mouvement, physionomie. || Une attitude arrogante, hautaine, provocante, ferme, décidée, évasive. || L'attitude de la rêverie, de l'extase. || Prendre, adopter, affecter une attitude. || Changer d'attitude. || L'attitude de qqn, son attitude. || Modifier son attitude.
11 Son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité.
Buffon, Hist. nat. de l'homme.
12 Son bras menu pendait avec l'inertie qu'une pensée profonde imprime à l'attitude.
Balzac, l'Enfant maudit, Pl., t. IX, p. 721.
13 L'expérience journalière nous montre que chaque passion est accompagnée de gestes qui lui sont propres : expressions du visage ou attitudes de la tête, du tronc et des membres.
A. de Rochas, les Sentiments, la Musique et les Gestes, 1900, p. 3.
14 À leurs traits, à la rudesse de leurs manières, à la franchise salubre de leurs attitudes, on croirait voir un de ces tableaux (…)
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 85.
15 Et tout en mâchant sa douleur, il affectait de garder une attitude insouciante et amusée (…)
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 214.
16 Son attitude cabrée, le feu de son regard, exprimaient un orgueil démesuré, aveugle, insolemment agressif.
Martin du Gard, les Thibault, VII, 75.
17 Mme de F. ayant changé d'attitude : il y avait une expression de défi sur son front levé.
Martin du Gard, les Thibault, I, 39.
18 Elle portait haut la tête et rien dans son attitude, ne trahissait l'accablement.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 188.
19 Elle se fait un masque d'une attitude qui a été autrefois son naturel.
A. Maurois, Climats, p. 267.
20 L'innocent accusé d'espionnage se trouble. Toute son attitude l'accuse (…)
Cocteau, Discours du grand sommeil, Prologue.
3 Fig. Disposition, état d'esprit (à l'égard de qqn ou de qqch.); ensemble de jugements et de tendances qui pousse à un comportement. Disposition, position. || Quelle est son attitude à l'égard de ce problème ? || Adopter, garder, maintenir une attitude nette, intransigeante dans une affaire. || Il était hostile à ce projet, mais il a depuis modifié son attitude. || Le gouvernement par son attitude a rassuré les amis de la paix (Littré). aussi Comportement, conduite, décision.
21 En politique il faut toujours se composer, au mieux des circonstances, l'attitude d'un homme qui n'envisage rien que l'avantage général.
M. Barrès, Leurs figures, p. 350.
22 L'attitude de l'Allemagne nous dicte la nôtre (…)
Martin du Gard, les Thibault, VII, 66.
23 La bonne attitude c'est d'indiquer sa position et de s'y tenir, sans qu'il soit même nécessaire de dire pourquoi.
André Siegfried, l'Âme des peuples, IV, 2.
24 À vrai dire, Athènes et Jérusalem incarnent parfaitement l'une et l'autre des deux attitudes adverses de l'esprit : celle qui demande à l'intelligence seule l'explication du monde, de la vie et de l'homme, et celle qui, pour cette élucidation suprême, ne se repose que sur la foi.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, IV, 2.
Collectivt. || L'attitude passive d'une partie de la population.
4 Spécialt, péj. Manière de se tenir (→ ci-dessus, 1.) ou disposition psychologique (→ ci-dessus, 2.) affectée et peu sincère. Affectation. || Ce n'est pas là ce qu'il pense, c'est une attitude (Académie). || Se composer une attitude.
Loc. (Vx). Être en attitude : prendre des poses.

Encyclopédie Universelle. 2012.