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frapper

frapper [ frape ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIe; probablt du frq. °hrappan
I V. tr. dir.
1Toucher (qqn) plus ou moins rudement en portant un ou plusieurs coups. battre. Frapper qqn au visage. Frapper un enfant. 2. taper (cf. Porter la main sur). « Il le frappa très vite deux fois à la pointe du menton, puis encore un coup dans les côtes » (Giono). Frapper un adversaire à terre. Absolt Un boxeur qui frappe sec. cogner. « Avec des marques de repentir, en me frappant la poitrine » (Chateaubriand)(cf. Battre sa coulpe). Se frapper le front, pour signifier qu'on a une idée ou qu'on trouve son interlocuteur insensé.
(Avec une arme) Frapper qqn d'un coup de couteau, avec un couteau. poignarder. « ne l'ai-je pas vu en songe, vous frappant de sa masse d'armes ? » (Jarry). assommer. Absolt Loc. L'assassin a encore frappé, a commis un nouveau meurtre. Frappé à mort : mortellement atteint. — La balle l'a frappé en pleine poitrine. atteindre, 1. toucher.
(Compl. chose) « en frappant des touches, il réussit à produire un accord » (Larbaud). « scander les membres de phrase, en frappant légèrement la table d'un coupe-papier » (Romains). Frapper le ballon du pied. botter, shooter.
2Techn. Marquer (qqch.) d'une empreinte par un choc, une pression. estamper. Frapper un décor sur le plat d'une reliure. Velours frappé, orné de motifs en relief. — Abusivt Frapper un texte. 2. taper.
Spécialt FRAPPER LA MONNAIE : imprimer à un disque de métal l'empreinte d'un coin pour obtenir une pièce (cf. Battre monnaie). — Fig. et littér. « Il frappe [...] des portraits vifs et satiriques » (Michelet). Des vers bien frappés, pleins de relief, de netteté. ⇒ ciseler. Frappé au coin (2o) du bon sens.
3(Sujet chose) Toucher à la suite d'un mouvement rapide, tomber sur. Pluie, vent qui frappe le visage, les vitres. 2. cingler, fouetter. Projectile venant frapper un mur. « La lueur du soleil couchant qui frappait en plein son visage » (Flaubert).
(1771) Vx Champagne frappé de glace, qui a reçu l'impression de la glace où on l'a mis à rafraîchir. Mod. Vin blanc frappé, refroidi au réfrigérateur ou dans un seau à glace. Café frappé.
4 Donner, porter (un coup). assener. « des coups réguliers frappés sur des tambourins » (Fromentin). Frapper les trois coups (indiquant que le rideau va se lever, au théâtre).
Fig. Frapper un grand coup, un coup décisif.
5Atteindre de quelque mal. Épidémie qui frappe une population. « Elle s'accommoda du grand malheur qui la frappait » (Céline). affliger. Au pass. Être frappé de paralysie. atteint.
(D'un châtiment) Punir. « La loi frappait les grands coupables d'un châtiment réputé terrible, la privation de sépulture » (Fustel de Coulanges). Être frappé d'interdiction de séjour. condamner. Contrat, jugement frappé de nullité. Propriété frappée d'alignement.
(D'une charge, taxe, etc.) « Des droits qui frappent le misérable » (Zola).
6Affecter d'une certaine impression, généralement vive et soudaine. impressionner, saisir. « Ce qui frappe et tire l'œil » (Valéry). Spécialt (en provoquant une émotion) Être frappé de stupeur, d'étonnement.
Affecter violemment. choquer , marquer. La mort de son frère l'a beaucoup frappé. éprouver.
Surprendre, en excitant l'imagination, l'attention ou l'intérêt de l'être tout entier. étonner, saisir; frappant. Cela ne m'a pas frappé. Je suis frappé de constater... « Le récit d'un fait nous frappe souvent plus que son spectacle » (Rivarol ).
II V. tr. ind. Donner un coup, des coups. 2. taper. Frapper dans ses mains, pour accompagner un rythme, pour applaudir. « Il battait la mesure en frappant sur la table » (Giono). « J'ai l'impression de frapper contre un mur » (Montherlant).
♢ FRAPPER À LA PORTE, ou absolt FRAPPER, pour se faire ouvrir. ⇒ heurter, fam. toquer. Entrez sans frapper. Frappez fort. « Elle frappait à la porte avec des gestes retenus » (Ch.-L. Philippe). Loc. Fig. Frapper à toutes les portes : s'adresser à tout le monde (pour obtenir une aide). Frapper à la bonne, à la mauvaise porte : s'adresser à la personne qui est ou n'est pas celle qu'il faut en l'occurrence.
IIISE FRAPPERv. pron. réfl. S'inquiéter plus que de raison, avoir mauvais moral. Il irait mieux s'il ne se frappait pas tant. Fam. « Ne te frappe pas, je me débrouillerai » (Sartre). Sans se frapper : sans s'en faire, tout tranquillement. ⇒fam. se casser.

frapper verbe transitif (de frap-, onomatopée indiquant un choc violent) Donner un ou plusieurs coups sur quelque chose, taper dessus : Frapper le sol du pied. Donner un coup à une balle pour la mettre en mouvement, dans une direction déterminée : Frapper la balle avec une raquette. En parlant d'un objet, venir heurter quelque chose, l'atteindre : La balle vint frapper le fronton. En parlant d'un phénomène physique, heurter quelque chose, le corps de quelqu'un à la manière d'un coup ; battre, cogner : La pluie lui frappe le visage. Toucher, atteindre quelqu'un en le blessant, en le tuant, en lui faisant mal : Le boxeur a frappé son adversaire au menton. La balle l'a frappé en plein cœur. Battre quelqu'un, un animal, lui donner des coups : Frapper un animal avec un bâton. Donner, asséner un ou des coups sur quelque chose : Frapper des coups secs à la porte. Enfoncer la touche d'un clavier d'un geste sec. Taper un texte à la machine. En parlant de la lumière, d'un son, rencontrer une surface : Un rayon de soleil frappait le tableau. S'imposer soudain et avec force à la vue, à l'ouïe en produisant une vive impression : Un spectacle inattendu frappa nos yeux. Retenir vivement l'attention de quelqu'un, susciter un vif intérêt de sa part, l'étonner : Cette remarque m'a frappé. Affecter vivement quelqu'un en provoquant chez lui un état émotif violent et soudain : Le drame frappa de stupeur l'assistance. Atteindre, toucher quelqu'un, un groupe, les affecter douloureusement : Le sort a durement frappé cette famille. Infliger à quelqu'un une peine, une sanction ; l'atteindre, le concerner, en parlant de la peine ou de la sanction : Frapper un condamné d'une interdiction de séjour. Assujettir quelqu'un, quelque chose à quelque chose de pénible, de contraignant, de lourd, etc. ; peser sur eux, en parlant de cette charge, de cette contrainte : Frapper le peuple d'un impôt supplémentaire. Taxe qui frappe les alcools. Indiquer qu'il est telle heure en faisant entendre un coup, des coups : La pendule frappa les douze coups de minuit. Rafraîchir une boisson en la secouant dans un shaker avec de la glace ou en mettant la bouteille dans un seau à glace. Faire prendre une crème ou un appareil glacé dans un moule entouré de glace. Pratiquer l'opération de frappe des monnaies. Taper sur un instrument à percussion. Orner un velours d'un motif. ● frapper verbe intransitif Donner des coups sur quelque chose en produisant un bruit : Frapper à la fenêtre. Venir heurter quelque chose en produisant un bruit sec : Les volets frappent contre le mur. Donner de petits coups à la porte pour demander à être introduit. ● frapper verbe transitif (anglais to frap) En marine, assujettir une manœuvre, un cordage à un endroit fixe. ● frapper (expressions) verbe intransitif Frapper dans ses mains, battre dans ses mains pour accompagner un rythme, applaudir, etc. ● frapper (homonymes) verbe intransitiffrapper (synonymes) verbe intransitif Donner des coups sur quelque chose en produisant un bruit
Synonymes :
- taper (familier)
frapper (homonymes) verbe transitif (anglais to frap)frapper (citations) verbe transitif (de frap-, onomatopée indiquant un choc violent) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 La puissance ne consiste pas à frapper fort ou souvent, mais à frapper juste. Physiologie du mariage Plutarque Chéronée, en Béotie, vers 50 après J.-C.-Chéronée, en Béotie, vers 125 Frappe, mais écoute. Vies parallèles, Vie de Thémistocle, II, 3 (traduction Labracherie) Commentaire Thémistocle s'adresse au Lacédémonien Eurybiade, qui commandait les troupes grecques et qui, ne voulant pas écouter sa proposition pour le combat naval de Salamine, s'apprêtait à le frapper. Bible Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. Évangile selon saint Matthieu, VII, 7 Robert Louis Balfour Stevenson Édimbourg 1850-Vailima, près d'Apia, îles Samoa, 1894 Je te le dis, je n'ai encore rien vu de bien sortir de la bonté. Celui qui frappe le premier a raison. Les morts ne mordent pas. I tell you, I never seen good come o'goodness yet. Him as strikes first is my fancy, dead men don't bite. L'Île au trésor, V, 26 frapper (expressions) verbe transitif (de frap-, onomatopée indiquant un choc violent) Frapper un grand coup, frapper fort, agir de manière autoritaire, déterminée, prendre des mesures exceptionnelles pour faire cesser un état de choses. Frapper (la révolte) à la tête, réprimer une révolte en atteignant les chefs. ● frapper (homonymes) verbe transitif (de frap-, onomatopée indiquant un choc violent)frapper (synonymes) verbe transitif (de frap-, onomatopée indiquant un choc violent) En parlant d'un objet, venir heurter quelque chose, l'atteindre
Synonymes :
Toucher, atteindre quelqu'un en le blessant, en le tuant, en...
Synonymes :
- cogner (populaire)
- rosser (familier)
Battre quelqu'un, un animal, lui donner des coups
Synonymes :
Donner, asséner un ou des coups sur quelque chose
Synonymes :
S'imposer soudain et avec force à la vue, à l'ouïe...
Synonymes :
- étonner
Affecter vivement quelqu'un en provoquant chez lui un état émotif...
Synonymes :
- émouvoir
Atteindre, toucher quelqu'un, un groupe, les affecter douloureusement
Synonymes :
- éprouver
- s'abattre sur
Infliger à quelqu'un une peine, une sanction ; l'atteindre, le concerner...
Synonymes :
- châtier

frapper
v. tr.
d1./d Donner un ou plusieurs coups. Son père l'a frappé. Le marteau frappe l'enclume.
|| v. intr. Frapper dans ses mains.
Frapper à la porte, pour se faire ouvrir. Syn. (Belgique, France rég.) toquer.
d2./d Blesser. Frapper qqn à mort, le blesser mortellement.
d3./d Tomber sur. Lumière qui frappe un objet.
d4./d TECH Marquer d'une empreinte. Frapper des médailles. Frapper la monnaie.
|| Pp. adj. Frappé: rafraîchi par de la glace. Café frappé.
d5./d Atteindre d'un mal. Malheur qui frappe une famille. être frappé d'apoplexie.
|| Soumettre à une taxe, etc. Frapper une marchandise de droits d'entrée.
d6./d Atteindre d'une impression vive. Frapper la vue, l'esprit.
étonner, saisir. J'ai été frappé de leur ressemblance.
d7./d v. Pron. Fam. S'inquiéter exagérément.

⇒FRAPPER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— [L'agent accomplit un geste, un mouvement]
1. [Le suj. désigne un être vivant]
a) Donner un ou plusieurs coups à une personne ou à une chose. Un homme, un furieux, canne haute, tombe sur les musiciens, et les frappe et les rosse, s'acharne enfin sur l'un d'eux (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 123). Tous instruments que les nègres frappent pour transmettre des messages à longue distance (SCHAEFFNER, Orig. instrum. mus., 1936, p. 24) :
1. Il faut connaître l'agacement d'avoir deux cents gamins autour de soi! ... Parfois on se soulage sur quelques-uns, pas très méchants, de ne pouvoir taper sur d'autres plus insupportables... on se cache le mieux possible : la précaution est superflue : les misérables savent leur sort inévitable et les quelques autres qui excelleraient à se plaindre si on les frappait trouvent juste que l'on maltraite de plus malheureux qu'eux...
FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 263.
Absolument :
2. Tous sentaient qu'il allait pleuvoir des coups, et d'aucuns, sous les bras levés, s'étaient ramassés au point d'en paraître lovés, au ras des herbes. Il n'y eut pas besoin de frapper.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 55.
MUS. Heurter un instrument à percussion ou la touche d'un instrument à clavier. Il ouvrit le piano, frappa quelques accords (GIDE, Si le grain, 1924, p. 459).
[Constr. spécifiques]
) [L'endroit où l'on frappe, la manière dont on frappe, ce avec quoi on frappe peuvent être précisés] Frapper qqn avec un objet contondant; frapper au cœur; frapper à mort (blesser mortellement); frapper comme un sourd (de toutes ses forces). De son parapluie, la vieille frappa l'échine du bidet (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 136). Antinéa tournait dans la salle comme une bête en cage. Elle alla vers mon compagnon, et, ne se connaissant plus, le frappa au visage (BENOIT, Atlant., 1919, p. 261).
Rem. Dans ce sens, l'emploi pronom. est toujours possible. Se frapper. Se donner des coups à soi-même; au fig. se frapper la poitrine (cf. battre sa coulpe). S'avouer coupable. Au lieu de se frapper la poitrine, en disant :« C'est ma faute » et d'implorer la miséricorde de Dieu (DUMAS Père, C. Howard, 1834, V, 4, p. 311). Se frapper le front (pour signifier qu'on vient de trouver la solution d'un problème ou fam. pour mettre en doute la santé mentale de qqn). Tarrou se frappa le front, comme illuminé par une vérité soudaine : — Ah! C'est vrai, j'oubliais, vous seriez arrêté sans cela (CAMUS, Peste, 1947, p. 1345).
) [Avec un obj. interne]
Frapper des coups. Asséner des coups.
Frapper les trois coups. Au théâtre, frapper trois coups dans les coulisses pour annoncer aux spectateurs le début de la représentation. Il était écrasé par l'attente du spectacle (...). Enfin, on frappa les trois coups (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 73). Au fig. Annoncer le début d'une action. Le poète nous rend la majesté de penser. Il frappe ses trois coups, qui sont bien plus de trois. Il annonce; il trace et mesure un temps qu'il nous donne, qui est à nous, et dans lesquel il fera avancer toutes sortes d'êtres (ALAIN, Propos, 1933, p. 1184).
Au fig. Frapper un grand coup. Accomplir un exploit ou employer des moyens décisifs pour réussir. D'Argenton, voyant que bien décidément il ne pouvait plus vivre sans Lolotte, résolut de frapper un grand coup (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 298).
b) Domaines techn.
FIN. Frapper (de la) monnaie, (des) médaille(s), Reproduire les empreintes sur les deux faces d'une pièce de monnaie ou d'une médaille (cf. battre monnaie). La Charte ne dit rien sur le droit de frapper médaille (CHATEAUBR., Corresp., t. 2, 1818, p. 39). César (...) le nomma roi des Atrébates (...). Il porta la pourpre et fit frapper des monnaies où se voyait, de profil, sa tête ceinte du diadème (FRANCE, Clio, 1900, p. 47).
Au fig. Être frappé au coin du (génie, bon sens, etc.). Cf. coin1 B.
MAR. Frapper un cordage. Amarrer. On frappe un signal sur une drisse pour le hisser (GRUSS 1952).
SOMMELLERIE. Frapper une boisson, frapper de glace (vx). Refroidir un liquide en le plaçant dans de la glace pilée :
3. Aussi quand je l'invitais à dîner à Balbec, il commandait le repas avec une science raffinée, mais mangeait un peu trop, et surtout buvait, faisant chambrer les vins qui doivent l'être, frapper ceux qui exigent d'être dans de la glace.
PROUST, Sodome, 1922, p. 1083.
2. [Le suj. désigne une chose]
a) [L'action de frapper est due à un mécanisme] Synon. sonner. Une horloge frappa une heure (ARNOUX, Roi, 1956, p. 89).
b) [L'action de frapper est due au mouvement d'un projectile, à la propagation d'un phénomène phys.] Percuter, heurter, toucher, atteindre. La feuillée s'inclinait sous l'eau du ciel, et chaque goutte, en frappant les feuilles, leur imprimait une petite oscillation qui recommençait sans cesse (M. DE GUÉRIN, Journal, 1834, p. 203).
B.— [L'agent impose une épreuve]
1. Atteindre quelqu'un en le soumettant à l'épreuve de quelque malheur (mort, maladie, etc.) ou en lui infligeant quelque châtiment. La mort a frappé cette maison; Dieu frappe le coupable. J'apprends le malheur qui vous frappe, mon cher ami (FLAUB., Corresp., 1871, p. 270) :
4. Que faut-il pour cela? Rien. Supprimer les lois seulement, tuer dans les cœurs la croyance aux approximations humaines de justice, anéantir l'espoir que le droit aura son jour, frapper l'innocence et glorifier le crime.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 75.
2. [Double constr.] Frapper qqn ou qqc. de qqc. :
5. J'ai sollicité et obtenu du Garde des Sceaux un congé de deux mois pour raison de santé. Or, la loi frappe de nullité tout jugement rendu par un tribunal composé d'autres magistrats que ceux ayant siégé à la première audience.
COURTELINE, Client sér., 1897, 3, p. 38.
Au passif. Être frappé de. Être l'objet d'(une décision administrative, juridique autoritaire). Frappé d'interdit. Tu n'avais, en effet, pas le droit de faire réparer ta maison (...) en termes techniques, elle était frappée d'alignement (ID., Client sér., Balances, 1890, p. 134). Être frappé de Dieu (vx). ,,Recevoir un coup de la Providence`` (LITTRÉ). Éloigne-toi des femmes stériles, elles sont frappées de Dieu (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 257).
C.— [L'agent provoque une réaction] Produire une impression vive et soudaine
1. sur certains sens d'une personne. Frapper les yeux, les oreilles, la vue, l'ouïe de qqn. Le premier objet qui frappa mon regard fut mon petit bonhomme, l'espiègle compagnon de ma vie, pendu au panneau de cette armoire (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 148).
2. sur l'imagination de quelqu'un; retenir son attention, affecter tout son être. Ces préparatifs, tant soit peu étranges, frappaient vivement les imaginations (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 258).
Absol. Quand on songe au lien qui les unissait et au malheur qu'ils partagent, il y a dans ce rapprochement quelque chose qui frappe (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 39).
Au passif. Être frappé de. Constater avec étonnement.
6. Si une considération de cette importance est au-dessus de la frivolité et de l'étroit égoïsme de la plupart des têtes françaises, au moins ne pourront-elles s'empêcher d'être frappées des changements survenus dans l'opinion publique.
SIEYÈS, Tiers état, 1789, p. 54.
3. [Double constr.] Frapper qqn de qqc. Provoquer chez quelqu'un un état émotif soudain. L'approche de la grande armée germanique frappa de terreur le monde musulman (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 258). Il frappait d'étonnement notre gang d'enfants prodiges parce qu'il était le meilleur sans être prodigieux (SARTRE, Mots, 1964, p. 189).
Rem. Dans ce dernier sens, l'emploi pronom. est toujours possible. (Ne pas) se frapper, sans se frapper. (Ne pas) s'inquiéter, (ne pas) s'émouvoir vivement. Il tâcha de calmer Martine. Voyons! voyons! il ne fallait pas se frapper ainsi (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 220).
II.— Emploi intrans.
A.— [La prép. indique la destination du coup] Frapper à, chez, contre, sur. Frapper sur la table. Il lui frappa sur l'épaule et lui conseilla moins de prières (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 91).
Frapper à la porte ou absol. frapper. Demander à entrer :
7. À la nuit close, il frappe à sa propre porte, les mains vides, l'estomac creux et l'échine rompue. « Allah nous garde des djins! crie sa femme effrayée. Qui donc frappe si tard? » Et Nasreddin Hokja, penaud, de dire : « C'est moi-même... ouvre... inshallah!! »
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, pp. 203-204.
Au fig. Frapper à notre porte. Se manifester tout près de chez nous, dans notre pays. Frapper à la bonne, à la mauvaise porte, à toutes les portes. S'adresser à la personne, aux personnes qu'il faut ou ne faut pas solliciter.
Frapper à la tête. Réprimer, détruire en s'attaquant aux plus hauts responsables.
Spéc., VÉN. Frapper aux brisées. ,,Amener les chiens sur la brisée pour l'attaque`` (Vén. 1974).
B.— [La prép. précise par quoi est donné le coup] Frapper du poing. Il se précipita vers Julie, les deux bras levés, prêt à frapper des deux mains, et criant :« Ah misérable! tu vas tourner les sens du petit » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 592).
Frapper du pied. Marquer son impatience ou sa colère en tapant le sol du pied. Hélène frappa du pied avec colère (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p. 45).
C.— Absol. Frapper — adv. ou expr. tendant à la loc. adv. Frapper au petit bonheur, à tort et à travers, à tour de bras, de plein fouet; frapper dur, juste, fort; frapper comme un sourd (de toutes ses forces). Allons, ferme, frappez à tort et à travers! Il y a encore des hommes debout, qu'on les fauche! Cependant, si j'ose vous adresser une prière, épargnez-moi encore un jour (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 35). Un martinet vient de me frapper de plein fouet, en pleine poitrine (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, II, 2, p. 99).
TECHNOL. Frapper devant. Frapper devant l'enclume avec un lourd marteau à bras. Contre elle [l'enclume], il y a aussi un marteau pour « frapper devant ». Le bois du manche luit du même bon air que l'enclume (GIONO, Regain, 1930, p. 29).
REM. Frappoir, subst. masc. Synon. de heurtoir. Et à peine d'ailleurs était-on installé là, en cercle, qu'on entendait « pan! pan! » à la porte de la rue : les petits Peyral, qui venaient me chercher, et qui secouaient tous trois le vieux frappoir de fer, chauffé à brûler les doigts (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 272).
Prononc. et Orth. :[], (il) frappe []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1178 « donner des coups à quelqu'un » (Renart, éd. E. Martin, IV, 424); 2. av. 1590 frappé de peste (TABOUROT DES ACCORDS, Apophth. du Sr Gaulard, 2e pause ds HUG.) : 3. 1636 frapper de la monnaie (MONET); 4. 1678 mar. (GUILLET); 5. 1813 tisane de champagne frappée de glace (JOUY, Hermite, t. 4, p. 100). De l'onomatopée frap- « qui marque un choc violent et rapide » (v. FEW t. 3, p. 763 b); 4 empr. à l'angl. to frap, 1548 ds NED (de même orig. que le fr.). Fréq. abs. littér. :8 363. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 13 938 b) 12 074; XXe s. : a) 11 103, b) 10 520. Bbg. GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, n° 16, p. 65. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 230. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 10, 225; t. 3 1972 [1930], p. 175.

frapper [fʀape] v.
ÉTYM. XIIe; probablt du francique hrappan; cf. bas all. rappeln et angl. rap « frapper à la porte ».
———
I V. tr. dir.
1 Toucher plus ou moins rudement (qqn ou qqch.) en portant un ou plusieurs coups. Battre. || Frapper qqn au visage, dans le dos, du plat de la main, du poing. || Frapper un enfant, un animal (→ Chien, cit. 19). || Frapper sa victime à coups redoublés, à tour de bras, à bras raccourcis. || Il l'a frappé comme un sourd, comme une brute. Assommer, brutaliser, cogner, taper.
1 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre.
Bible (Segond), Évangile selon saint Matthieu, V, 39.
1.1 Clément s'avance; il est armé de verges; ses perfides desseins éclatent dans ses yeux. — C'est moi, dit-il à Sévérino, c'est moi qui vais vous venger, mon père, c'est moi qui vais corriger cette pécore de ses résistances à vos plaisirs (…) D'abord il essaye ses coups; il semble qu'il n'ait dessein que de préluder; bientôt enflammé de luxure, le cruel frappe autant qu'il a de forces : rien n'est exempt de sa férocité.
Sade, Justine… t. I, p. 149.
2 Mais il esquiva les tapes, sachant bien que la colère s'en va avec les coups et que femme qui frappe est soulagée de son dépit.
G. Sand, François le Champi, XXI.
3 Tu m'as frappé, c'est ridicule,
Je t'ai battue et c'est affreux (…)
Verlaine, Chanson pour elle, IX.
4 Antonio le frappa dans les côtes. Le poing de l'homme frappa à vide dans la paille (…) Il saisit la tignasse de l'homme, il lui renversa la tête en arrière. Il le frappa très vite deux fois à la pointe du menton, puis encore un coup dans les côtes.
J. Giono, le Chant du monde, II, VII.
Sports. Donner l'impulsion à (la balle, le ballon). Frappe.
Absolt. Un boxeur qui frappe sec. Frappeur.
(Compl. n. de chose). || Frapper le sol du pied, le cheval frappait la terre en piaffant (→ Étalon, cit. 1). || Frapper une balle du pied. Shooter; botter. || Frapper les touches d'un piano (→ Accord, cit. 24), des cymbales, une grosse caisse (cit. 7), une cloche. Copter.Frapper un clou avec un marteau (→ Enfoncer, cit. 1). || Frapper du linge avec un battoir, une gerbe avec un fléau (cit. 1). || Rameurs frappant l'eau en cadence (cit. 6).
5 (…) des hommes surgissent, qui se mettent à sonner à toute volée, en maniant les battants comme des heurtoirs. Ding, ding, ding, ding, ils frappent l'airain avec une rapidité frénétique (…)
Loti, Figures et Choses qui passent, p. 109.
6 Il lui arrivait de scander les membres de phrase, en frappant légèrement la table d'un coupe-papier (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVI, p. 173.
Vieilli. || Frapper l'air de ses cris, le faire retentir.
7 Et frappant l'air de cris continuels,
Nomme les Dieux et les Astres cruels (…)
Ronsard, Épitaphes, Claude de l'Aubespine.
2 Techn. || Frapper les épingles, donner un coup sur une des extrémités pour faire la tête.Frapper la toile, donner au passage de la navette le coup qui permet de serrer les fils de la trame.Au p. p. || Velours frappé. || Décor frappé sur le plat d'une reliure.
7.1 (…) une étoffe très vilaine qui était à la mode cet hiver-là, du velours frappé.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 16.
Frapper la monnaie, la marquer d'une empreinte (avec le coin, le balancier, le poinçon). → Flèche, cit. 11. ☑ Loc. Frapper monnaie : fabriquer légalement de la monnaie. || Frapper de belles médailles (→ Autre, cit. 122), des matrices d'imprimerie.Par ext. || Frapper un sceau (→ au fig., Conducteur, cit. 4), un décor sur une reliure. Au p. p. Fig. et littér. || Un ouvrage frappé au coin du bon sens. || Des vers bien frappés, pleins de relief, de netteté.
8 Je voudrais monnayer la sagesse, c'est-à-dire la frapper en maximes, en proverbes, en sentences faciles à retenir et à transmettre.
Joseph Joubert, Pensées, Titre préliminaire.
Par métaphore :
9 La baronne (du Guénic) tenait le journal d'une main frappée de fossettes (…)
Balzac, Béatrix, Pl., t. II, p. 338.
10 Il frappe, en passant, des portraits, vifs et satiriques, des puissances de l'Europe (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, VI.
11 Une simple marche, et déesse la voici; et nous, presque des dieux ! (…) Une simple marche, l'enchaînement le plus simple (…) on dirait qu'elle paie l'espace avec de beaux actes bien égaux, et qu'elle frappe du talon les sonores effigies du mouvement. Elle semble énumérer et compter en pièces d'or pur, ce que nous dépensons distraitement en vulgaire monnaie de pas, quand nous marchons à toute fin.
Valéry, Eupalinos, p. 146.
Mar. || Frapper (un cordage, etc.) : amarrer. Assujettir.
11.1 On s'occupa donc de mettre toute cette cargaison en lieu sûr (…) Ayrton et Pencroff avaient frappé, à l'ouverture pratiquée dans la coque, un palan qui servait à hisser les barils et les caisses.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 651.
11.2 Il comptait, en effet, qu'il faudrait une bonne heure de travail pour frapper proprement la remorque. Pris d'un doute, il demanda des détails. On lui répondit qu'il avait été impossible de s'attacher sur la chaîne, que l'on n'avait pu que tourner le câble autour du mât.
Roger Vercel, Remorques, p. 91.
3 (Sujet n. de chose). Toucher, à la suite d'un mouvement rapide, tomber sur. || La pluie, le vent frappe les vitres, le visage (→ Dégouliner, cit.). || Projectiles venant frapper un mur (→ Esquiver, cit. 1). Percuter. || Son qui frappe une surface et se répercute. || Lumière frappant en plein un tableau, un visage (→ Effiloquer, cit. 2). Éblouir.Au p. p. || Des couleurs (cit. 3) frappées de soleil. || Liquide frappé par le gel, le froid.
(1771). Vx. || Du champagne frappé de glace, qui a reçu l'impression de la glace où on l'a mis à rafraîchir.Mod. || Vin frappé, refroidi au réfrigérateur ou au seau à glace (par oppos. à chambré). || Vin blanc frappé.Café frappé.
12 Le docteur Corvisart ne buvait que du vin de champagne frappé de glace.
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, t. I, no 64.
13 Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, LXXXVII.
14 Le vent lourd frappe la falaise (…)
P.-J. Toulet, Contrerimes, IX.
4 Atteindre (qqn) d'un coup porté avec une arme, un instrument. || Frapper qqn avec une arme.Au passif. || Être frappé à coups de bâton, de fouet, de hache, de lance. Attaquer; abattre, pointer (→ Atteinte, cit. 6; étonner, cit. 4). || Frapper qqn à coups de dague, de poignard. Daguer, poignarder. || Frapper un ennemi à terre. || Sacrificateur frappant la victime (→ Aruspice, cit. 1).
(Sujet n. de chose : arme, projectile…). || La balle l'a frappé en pleine poitrine, par ricochet, de plein fouet.La foudre a frappé plusieurs arbres.
15 Mais cette fois, ce sont des armes de goujats Lassos plombés, couteaux catalans, navajas, Qui frappent le héros (…)
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Petit roi de Galice », IX.
16 Enfoncer les carrés, pulvériser les régiments, rompre les lignes, broyer et disperser les masses, tout pour lui (Napoléon) était là, frapper, frapper, frapper sans cesse, et il confiait cette besogne au boulet.
Hugo, les Misérables, II, I, III.
17 (…) ne l'ai-je pas vu en songe vous frappant de sa masse d'armes et vous jetant dans la Vistule (…) ?
A. Jarry, Ubu roi, II, 1.
Loc. (d'abord dans l'usage journalistique, souvent repris par plais. dans des phrases parodiques). L'assassin, l'éventreur a encore frappé, a commis un nouveau meurtre. || Le tueur fou a encore frappé.
Au p. p. || Être frappé à mort, mortellement blessé, atteint.
18 Le cousin Robert était une sorte de chevalier, de jeune seigneur hardi qui guerroie au loin, qui chérit votre image en secret, et dont vous seriez la dernière pensée s'il tombait frappé à mort.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, VIII, p. 129.
Fig. Être frappé à mort, atteint d'une maladie mortelle. Perdu.Être frappé au cœur, atteint dans ses sentiments les plus chers, les plus profonds. || Il pâlit, frappé au cœur par ce mot cruel.
19 Vous avez déjà été la cause de la mort d'un pauvre garçon et du deuil éternel de sa mère, reprit Chesnel en voyant combien il frappait juste et qui eût frappé jusqu'à briser ce cœur pour sauver Victurnien (…)
Balzac, le Cabinet des antiques, Pl., t. IV, p. 424.
5 Donner, porter (un coup). || Frapper un petit coup à la vitre, à la porte. || Vague frappant des coups (cit. 53) furieux contre le navire. || Le régisseur a frappé les trois coups (indiquant que le rideau va se lever).Fig. Annoncer le début de (qqch). || L'horloge vient de frapper le coup de la demie, la demie. Sonner.
20 Le plus jeune de la troupe me vint frapper sur l'épaule un coup qui, ma foi, me fit beaucoup de mal, et m'arracha un petit cri involontaire (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, X.
Au p. p. || Coups frappés sur des tambourins (→ Fanfare, cit. 2).
Fig. Frapper un coup (supra cit. 47), un grand coup, un coup décisif. || Frapper le dernier coup, celui qui emporte la décision.
21 En se voyant compris, il essaya de frapper un dernier coup sur l'intelligence de cette femme.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 655.
22 Il (Napoléon) ne doutait pas que, pour venir à bout de l'Angleterre, il fallût frapper un grand coup chez elle, et, pour frapper ce grand coup, être libre, ne fût-ce que pendant un jour, de traverser la Manche.
J. Bainville, Hist. de France, XVII, p. 408.
6 Atteindre par un mal (mort, maladie). || L'épidémie a frappé la majeure partie de la population. || La mort a frappé le frère et la sœur en quelques mois. || Job remerciait Dieu de l'avoir frappé dans ce qu'il avait de plus cher. Éprouver. || Dieu frappe les grands de ce monde (→ Élévation, cit. 7). || Un nouveau coup du sort l'a frappé. Affliger.Au passif. || Être frappé d'apoplexie (cit. 3), d'épilepsie (cit. 1). Atteint.
23 La peste (…)
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.
La Fontaine, Fables, VII, 1.
24 (…) le vieux maître d'usine ressemblait à un grand esprit qui, frappé de paralysie, regarde avec stupeur ses membres immobiles.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XV.
25 (…) elle s'accommoda du grand malheur qui la frappait (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 249.
(D'un châtiment). Punir. || La main, la colère de Dieu a frappé les coupables. Appesantir (son bras, sa main…). → Ange (cit. 7); appesantir (cit. 7); expiation (cit. 5). || Ses complices n'ont pas encore été frappés. || La loi a frappé un innocent. || Robespierre frappa successivement les chefs des factions.Frapper qqn d'anathème (cit. 1 et 2), d'excommunication (cit. 3). Réprouver.Épuration (cit. 2) frappant divers milieux.Être frappé de : être l'objet de (une décision administrative, juridique…). || Être frappé d'indignité nationale, de mort civile, d'une amende. Condamner. || Maisons frappées d'alignement.Mesures hostiles frappant certains produits, certains hommes. Boycotter.
26 La puissance ne consiste pas à frapper fort ou souvent, mais à frapper juste.
Balzac, Physiologie du mariage, t. X, p. 650.
27 Dans les cités anciennes la loi frappait les grands coupables d'un châtiment réputé terrible, la privation de sépulture.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 12.
28 (…) pendant que le peuple frappe des ennemis, lui, il cherche à frapper des rivaux.
Jaurès, Hist. socialiste, t. IV, p. 240.
29 (…) agitateurs dangereux frappés, pour la plupart, d'interdiction de séjour (…)
G. Duhamel, Salavin, V, XXII.
Absolt. || La répression a frappé fort.
(D'une charge, taxe, etc.). || Hypothèque qui frappe les biens d'un débiteur. Grever. || Frapper certaines marchandises de droits à l'entrée et à la sortie. Imposer.Au p. p. || Valeurs, contribuables frappés par un impôt.
30 Alors, un affreux dénombrement commençait, celui des droits qui frappent le misérable. Personne n'en pouvait dresser la liste exacte et complète, ils pullulaient, ils soufflaient à la fois du roi, de l'évêque et du seigneur.
Zola, la Terre, I, V.
Fig. || L'esprit critique frappe de doute les opinions reçues.Au p. p. || Une politique frappée d'impuissance ( Annihiler). || Des terres frappées de stérilité.Dr. || Jugement frappé d'appel, d'opposition.
31 Est-il donc vrai, se disait-il, que les passions puissent avoir la même destinée des modes, et que peu d'années puissent frapper du même ridicule un habit et un amour ?
A. de Vigny, Cinq-Mars, I, t. I, p. 56.
32 Mes promenades aussi avaient été comme frappées de stérilité.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 148.
7 (Le compl. désigne un organe des sens). Affecter d'une certaine impression, généralement vive et soudaine ( Impressionner). || Tout ce qui frappe les yeux, la vue (→ Auditoire, cit. 3). || Bruit (cit. 6), chant (cit. 1) qui vient frapper les oreilles, l'oreille.
33 Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille.
Racine, Iphigénie, I, 1.
34 Nous sentons toujours malgré nous, et jamais parce que nous le voulons; il nous est impossible de ne pas avoir la sensation que notre nature nous destine, quand l'objet nous frappe.
Voltaire, Dict. philosophique, Sensation.
35 La variation du regard en direction, en vitesse, en durée, dépend ou de ce qui frappe et tire l'œil, ou d'un souvenir, ou d'une attente.
Valéry, Suite, p. 52.
(Le compl. désigne une personne). || Frapper (qqn) de (qqch.), provoquer chez lui une émotion. || Frapper qqn de crainte, d'effroi (→ Equipée, cit. 4), d'épouvante, d'horreur, d'étonnement (cit. 5), de stupeur ( Méduser), de consternation (cit. 3). Saisir.
36 D'un juste étonnement je demeure frappé.
Racine, Esther, III, 5.
37 Pour moi immobile au bout de la table et comme frappé de stupeur (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, III.
Absolt. Affecter violemment. Affecter, choquer, commotionner, émouvoir. || La mort de son frère l'a beaucoup frappé. Choc (donner un).
38 Pauline, par haine, continuait à faire celle qui est inquiète, parce qu'elle voyait que ça le frappait : « Suis-je si malade ? » demanda-t-il (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXVI.
Surprendre en excitant l'imagination, l'attention et l'intérêt de (qqn). Étonner, saisir. || Sa beauté, sa laideur, sa mauvaise mine m'a frappé (→ Altération, cit. 3; amaigrissement, cit.). Sauter (aux yeux).Frapper l'esprit, l'imagination (→ Assemblage, cit. 23; autosuggestion, cit. 2).Au p. p. || Être frappé par une vision, un spectacle (→ Causse, cit. 1). || Être frappé par les qualités, le langage, l'attitude de qqn (→ Aptitude, cit. 9; facilité, cit. 11; écouter, cit. 22).Raisonnement, vérité évidente (cit. 3); analogie (cit. 3), coïncidence, ressemblance qui frappe qqn; les images, les faits qui nous frappent (→ Concordance, cit. 2; éloigner, cit. 26; emprunter, cit. 16). || Cela ne m'a pas frappé ( Remarquer). || J'en suis frappé (→ Attendre, cit. 70).Je suis frappé de voir…, de ne pouvoir… (→ Dessiller, cit. 2). Surpris.Absolt. || C'est une chose qui frappe. Frappant. || Rien ne frappe dans cet ouvrage, tout y est plat et terne. Briller, valeur (être mis en).
39 De mes faibles attraits le Roi parut frappé.
Racine, Esther, I, 1.
40 C'est par là que le récit d'un fait nous frappe si souvent plus que son spectacle : semblable à la réflexion sur le danger, plus effrayante que le danger même.
Rivarol, Littérature, Le génie et le talent.
40.1 Il portait de grands souliers à grosses semelles; je les place en première ligne, parce qu'ils me frappèrent plus vivement encore que son habit noir fané, son pantalon usé, sa cravate lâche et son col de chemise recroquevillé.
Balzac, Scènes de la vie de province, 2, le Message, p. 15 (éd. 1834).
41 Raoul appartient au petit nombre d'hommes qui vous frappent au passage, qui dans un salon forment aussitôt un point lumineux où vont tous les regards.
Balzac, Une fille d'Ève, Pl., t. II, p. 87.
42 (…) telle est l'impression générale que reçoit un voyageur après quelque séjour, impression souvent plus juste que celle d'un observateur indigène, moins frappé et moins saisi par la nouveauté des objets.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 187.
43 Ce qui me frappa d'abord, à mon arrivée au collège, c'est que j'étais le seul avec une blouse.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, II.
44 (…) la violence farouche, l'air de démence qui frappe dans Tolstoï au même âge.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
45 On ne peut manquer en particulier d'être frappé par la présence, à l'état de traces très sensibles, de substances que la première analyse avait laissées de côté (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXII, p. 176.
———
II V. tr. indir. Donner un coup, des coups.(Sujet n. de personne ou de chose). || Frapper à, chez, contre, sur. || Frapper au but (→ Entre, cit. 14). || Frapper sur l'épaule (cit. 18) de quelqu'un, sur quelqu'un (→ Estoc, cit. 2), sur un tambour (→ Charivari, cit. 2), sur les touches d'un piano (→ Clavier, cit. 2). || La lumière, le soleil frappe sur une surface. Darder (→ Aridité, cit. 1). || Frapper contre un mur (→ Acharner, cit. 8).
46 Il battait la mesure en frappant sur la table avec sa main plate.
J. Giono, le Chant du monde, II, V, p. 248.
Fig. (Sujet n. de personne; sans compl. direct). Frapper à la tête : s'attaquer aux plus hauts responsablesFrapper à la porte, ou, absolt, frapper, pour se faire ouvrir. Heurter. || « Frappez, et l'on vous ouvrira » (→ Demander, cit. 15). || Frapper avant d'entrer. || Entrez sans frapper. || On est prié de frapper fort.
47 La mort crut, en venant, l'obliger en effet.
Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.
La Fontaine, Fables, I, 16.
48 Elle vint bien des fois. Les premiers temps, elle n'osait pas et frappait à la porte avec des gestes retenus, un petit grattement de pattes de fourmi.
Ch.-L. Philippe, Bubu, VIII.
49 Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant
Apollinaire, Alcools, « Le voyageur ».
Fig. La guerre frappe à notre porte, à nos frontières, se manifeste tout près de chez nous, ou chez nous.Frapper à toutes les portes : s'adresser à tout le monde (pour obtenir une aide, un concours).Frapper à la bonne, à la mauvaise porte : s'adresser à la personne qui est ou n'est pas celle qu'il faut en l'occurrence. || Frapper à la porte d'un ami. Recours (avoir), solliciter.
50 Songez que les passions approchent, et que, sitôt qu'elles frapperont à la porte, votre élève n'aura plus d'attention que pour elles.
Rousseau, Émile, III.
——————
se frapper. v. pron.
1 (Passif). Être frappé.
51 (…) retenant et prodiguant les phrases toutes faites qui se frappent régulièrement à Paris pour donner en petite monnaie aux sots le sens des grandes idées ou des faits (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 706.
2 (Réfl.). Se donner un coup, des coups.Se frapper la poitrine, en faisant ainsi le geste de s'accuser (→ Battre sa coulpe).Fig. S'avouer coupable.Se frapper le front, en particulier, quand on vient d'avoir une idée, de trouver une solution (et aussi, fam., pour signifier à un interlocuteur qu'on le trouve insensé).
52 Cependant avec des marques de repentir, en pleurant, en expiant mes péchés d'honneur national, en me frappant la poitrine, en admirant pour pénitence le génie des sots qui gouvernent le monde, peut-être aurais-je pu ramper jusqu'à la place du baron Damas (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre tombe, t. VI, p. 145.
53 Ah ! frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie.
A. de Musset, Premières poésies, « À mon ami Édouard B. ».
3 Abstrait. Nourrir de fâcheux pressentiments, avoir un mauvais moral; s'inquiéter plus que de raison. || Il est certes malade, mais surtout il se frappe. || Je comprends votre inquiétude, mais vous vous frappez trop. Inquiéter (s'). → Voir les choses en noir.
53.1 « Ça lui passera ! » se dit Henri. Il avait décidé de ne plus se frapper : les choses tournaient toujours moins mal qu'on ne pensait.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 261.
Par ext. S'émouvoir.Sans se frapper : sans se faire de souci. || Il ne s'est pas frappé pour autant ! Faire (s'en faire), soucier (se), tracasser (se).
54 — Ne te frappe pas, dit Mathieu gaiement, je me débrouillerai.
Sartre, l'Âge de raison, VII.
——————
frappé, ée p. p. adj.
Voir à l'article; aussi Frappé, adjectif.
DÉR. Frappage, frappant, 1. frappe, frappé, frappement, frappeur.
COMP. Frappe-devant, surfrappe.

Encyclopédie Universelle. 2012.