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bouter

bouter [ bute ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1080; frq. °botan « frapper » boutoir
Vx pousser, refouler. Bouter l'ennemi hors de France.

bouter verbe transitif (francique botan, frapper) Littéraire. Pousser, refouler : Jeanne d'Arc bouta les Anglais hors de France.bouter (citations) verbe transitif (francique botan, frapper) sainte Jeanne d'Arc, dite la Pucelle d'Orléans Domrémy 1412-Rouen 1431 De l'amour ou haine que Dieu a pour les Anglais, je n'en sais rien, mais je sais bien qu'ils seront tous boutés hors de France, excepté ceux qui y périront. Procès de Jeanne d'Arc, 7e interrogatoire, 15 mars 1431 bouter (expressions) verbe transitif (francique botan, frapper) Bouter le feu, en Belgique, en Suisse, mettre le feu ; incendier. ● bouter (homonymes) verbe transitif (francique botan, frapper)

bouter
v. tr.
d1./d Vx ou litt. Pousser.
d2./d Vx (Cour. en France rég.) Placer, pousser. Bouter l'ennemi hors de France.
d3./d Loc. (Belgique, vieilli; Suisse) Bouter le feu: mettre le feu.

⇒BOUTER, verbe trans.
A.— Vx. Pousser dehors. Bouter hors de :
1. — Pourtant si c'est au nom de la foi, par la foi, que nous parvenons à bouter l'ennemi hors de France...
— J'applaudirais certes au remède par quoi nous triompherions d'un grand mal. Mais, ensuite, combien nous faudra-t-il de temps, et de vigilance et d'efforts pour ainsi que disait Sainte-Beuve, nous « guérir du remède »?
GIDE, Journal, 1942, p. 126.
♦ Loc. Bouter à terre. Détruire, renverser :
2. Nous avons visité l'église principale, la Pieve, d'un triste style classique, sans conviction, sur une jolie petite place d'où l'on domine le toit du Palais. « Il y avait quelque chose de mieux ici, une église du Ve siècle; mais ils l'ont boutée à terre », me dit P., qui s'est imposé la lecture des Ricordi...
LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 229.
Emploi pronom. Se pousser. Leurs bras (...) à travers les bêtes se boutaient vainement dans l'espoir d'entrer (G. D'ESPARBÈS, Le Roi, 1901, p. 15).
B.— Région. Mettre, placer. Celui qui avait la lanterne, l'ouvre, boute la lumière dans l'œil de la vieille endormie (BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 165) :
3. Une femme, n'importe laquelle, quand elle vous a une idée dans la tête, celui qui sait s'en servir, il peut bouter le feu aux quatre coins du monde avec!
CLAUDEL, Le Pain dur, 1918, I, 3, p. 430.
C.— Emplois techn.
1. ARCHIT. Soutenir une poussée (cf. également arc-bouté, arc-boutant).
2. Terme de corroyeur. Nettoyer avec le boutoir.
3. Terme d'épinglier. Placer les aiguilles par rangs égaux sur le papier.
4. MAR. Bouter à l'eau, bouter au large. Se pousser vers le large.
5. VÉN. Bouter la bête. La lancer.
Rem. La plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s. attestent a) Le subst. masc. boutage « endroit où se tient le marinier pour diriger et faire flotter un train de bois »; « action de placer les épingles dans les trous du papier pour les ranger ». b) Bouteur, euse, subst. « ouvrier(ère) qui boute les épingles en les rangeant sur le papier » c) Bouteux, subst. masc. « sorte de grande truble que l'on pousse devant soi à la pèche ».
PRONONC. :[bute], (je) boute [but].
ÉTYMOL. ET HIST. — [1re attest. XIe s., Raschi] 1. ca 1100 « pousser » (Roland, éd. J. Bédier, 2590) — 1611, COTGR.; 1155 « frapper » (WACE, Brut, 14300 dans KELLER, p. 348), seulement en a. fr.; « pousser, frapper » sont demeurés dans certains dial. : wallon (HAUST), pic. (CORBLET, HÉCART), du Centre (JAUB.), ang. (VERR.-ON.), norm. (MOISY); divers emplois et acceptions techn. a) XIe s. judéo-fr. boter « (du vin) tourner au gras » (Gloses de Raschi, d'apr. LEVY Trésor); 1268-71 vin bouté (E. BOILEAU, Métiers, 29 dans T.-L.); à nouv. dep. Ac. 1798; b) ca 1230 vén. « pousser (les chiens) » (G. LE CLERC, Fergus, 4, 8 dans T.-L.); c) 1387 archit. arc boutent (Arch. Aube, G 345, reg. 3 dans GDF.); d) apr. 1207 mar. « (en parlant du vent) pousser (un bateau) » (VILLEH-ARDOUIN, éd. E. Faral, 242); e) 1530 « germer » (PALSGR., p. 672); f) 1723 bouter (les cuirs) (SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm.); 2. 1144 « placer, mettre (de manière violente), ficher » (Charroi de Nîmes, 1260 dans T.-L.); 1309 « mettre » bouter le feu (JOINVILLE, Histoire de Saint-Louis, éd. N. de Wailly, § 164, p. 69), terme vieilli d'apr. FUR. 1690.
De l'a. b. frq. « pousser, frapper » (FEW t. 15, 1, p. 210; BL.-W.5; GAM. Rom.2 t. 1, p. 364, 377) que l'on peut déduire du m. b. all. (LASCH-BORCHL.), vieil angl. beatan (NED, s.v. beat) a. h. all. bozzan (GRAFF t. 3, col. 232), a. nord. bauta (DE VRIES Anord.). — L'esp. (ca 1250, COR.), le port. botar (XIVe s., MACH.) sont empr. au fr.; l'aire esp. située en bordure de l'Océan (Asturies, Galice, Pays basque, COR.) indique que le mot n'est pas autochtone et exclut l'étymon got. bautan (GAM., loc. cit., pp. 334-335) qui postulerait d'ailleurs un port. boutar; le cat. botar (1374, ALC.-MOLL) est prob. empr. à l'a. prov. botar (Hubschmid dans Z. rom. Philol., t. 78, p. 111). — L'hyp. de EWFS2 qui sépare bouter « mettre » et bouter « bourgeonner », ce dernier étant une réfection de bouton « bourgeon » (< frq. butto « id. ») ne se justifie pas étant donné le lien sém. évident entre « pousser, exercer une pression » et « bourgeonner » (cf. pousser). — L'étymon celto-roman bottare « frapper » (H.-E. Keller et H. Wagner v. bbg.) fondé sur la relation entre l'a. irl. fo-botha « effrayé » (sens issu de celui de « battre, frapper pour écarter [du bétail, des oiseaux] ») et l'a. sax. undar-badon « effrayer », d'où peut se déduire un verbe gaul. - « frapper », fait difficulté par manque d'argument permettant de relier ces formes, et d'exemples pour justifier un verbe gaul. -; de plus la très anc. et solide implantation en pays germ. de la famille germ. baut-(> a. b. frq., botan), v. Hubschmid, loc. cit., p. 114, empêche de voir dans ses représentants, tous explicables par le germ., des empr. au romain; enfin cette hyp. supposerait le caractère autochtone des lang. hisp., ce qui a déjà été écarté.
STAT. — Fréq. abs. littér. :29.
BBG. — GAMILLSCHEG (E.). Frz. bouter ital. buttare. Z. fr. Spr. Lit. 1963, t. 73, pp. 90-96. — GOOSSE (A.). Le Pic. et le wallon source du jargon des coquillards. Cah. lexicol. 1970, t. 16, n° 1, p. 112. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 90. — GUIRAUD (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. lexicol. 1967, t. 11, n° 2, p. 48. — HUBSCHMID (J.). Romanisch-germanische Wortprobleme : franz. bouter und it. buttare. Z. rom. Philol. 1962, t. 78, pp. 111-126. — KELLER (H.-E.), WAGNER (H.). Keltorom. , schlagen, . Z. rom. Philol. 1962, t. 78, pp. 97-110. — ORR (J.). Qq. étymol. scabreuses Archivum linguisticum. 1949, t. 1, pp. 54-60. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 164, 167 (s.v. bouteux). — THOMAS (A.). Étymol. fr. Romania. 1900, t. 29, p. 165.

bouter [bute] v. tr.
ÉTYM. 1080; francique bôtan « frapper » d'où, d'après Guiraud, une forme romane botitare, d'une rac. bot- « gonfler ». → Bout, bouton.
1 Vx ou littér. Pousser. Bousculer, refouler. || Bouter l'ennemi hors de France. || Bouter qqn à terre, renverser.
1 Le président et dictateur Santa Anna envoie 300 galériens par la mer. Il leur a promis des terres, des outils, du bétail et leur réhabilitation s'ils arrivent à bouter les Américains dehors.
B. Cendrars, l'Or, in Œ. compl., t. II, p. 178.
Au participe passé :
2 (…) la mendiante, voyant qu'il ne se décidait pas à prendre un billet, a voulu se rappeler à son attention, et elle s'est penchée vers lui en s'appuyant sur une béquille boutée hors du trottoir pour donner plus d'élan à sa requête.
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 24.
2 Régional et vx. Placer, mettre.
3 Archit. Soutenir une poussée ( Arc-boutant).
DÉR. Bout, boutade, bouterolle, bouteur, boutis, boutisse, boutoir, bouton, bouture.
COMP. Débouter, rebouter. — Arc-boutant, boute-en-train, boutefeu, boute-hors (V. Bout-dehors), bouteroue, boute-selle. — V. Bousculer.

Encyclopédie Universelle. 2012.