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brutal

brutal, ale, aux [ brytal, o ] adj.
XIVe; bas lat. brutalis, de brutus
1Vx Qui tient de la brute (1o). 2. animal, bestial. Mod. La force brutale (opposé à la force morale de la raison) .
2(Personnes) Qui use volontiers de violence, du fait de son tempérament rude et grossier. violent. Mari brutal. Un gardien brutal. « Il est brutal avec sa petite sœur » (Sand) . Être brutal envers qqn. Subst. C'est un brutal, une brute.
3(Choses) Qui est sans ménagement, ne craint pas de choquer. abrupt, brusque, 1. direct. Une franchise brutale. Le réalisme brutal de cette description. 2. cru. Une réponse brutale.
4(Choses) Brusque et violent. Changement brutal. Le coup, le choc a été brutal.
⊗ CONTR. Spirituel; aimable, doux.

brutal, brutale, brutaux adjectif et nom (latin médiéval brutalis) Qui agit avec violence, qui manque de délicatesse : Un ivrogne grossier et brutal.brutal, brutale, brutaux (synonymes) adjectif et nom (latin médiéval brutalis) Qui agit avec violence, qui manque de délicatesse
Synonymes :
- dur
- emporté
- irascible
Contraires :
- affable
- délicat
- doux
brutal, brutale, brutaux adjectif Qui manifeste une grande brusquerie, de la violence : Un langage brutal. Soudain et violent : Une brutale désillusion.brutal, brutale, brutaux (synonymes) adjectif Qui manifeste une grande brusquerie, de la violence
Synonymes :
- brusque
- entier
- franc
Contraires :
- affable
- aimable
- amène
- doux
- humain
Soudain et violent
Synonymes :
- fort
- rapide
- subit
- terrible
Contraires :
- faible
- graduel
- lent
- progressif

brutal, ale, aux
adj. (et n.)
d1./d Qui tient de la brute. Passion brutale. Syn. bestial.
d2./d Grossier, violent. Un geste brutal. Un homme brutal.
|| Subst. Agir en brutal.
d3./d Dénué de ménagements, de douceur. Franchise brutale.
Couleurs brutales, éclatantes, vives.
d4./d Rude et inopiné. Une nouvelle brutale.

⇒BRUTAL, ALE, AUX, adj. et subst.
I.— [En parlant d'une pers.]
A.— Adjectif
1. Qui est bestial, qui rapproche l'homme de la brute. Un penchant brutal (Ac. 1835, 1878, Nouv. Lar. ill.); des appétits brutaux (Ac. 1835-1932, DG, ROB.); sommeil brutal (BARRÈS, Au service de l'Allemagne, 1905, p. 146) :
1. ... mais, à les voir suivre en aveugles, et comme des barques emmenées à la dérive, le courant de leurs instincts brutaux et de leurs passions désordonnées, on pouvait, sans être un prophète, deviner et prédire la fin qui les attendait presque tous.
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 60.
2. P. ext. [En parlant du caractère] Qui manque de souplesse, de douceur :
2. M. Rodolphe Boulanger avait trente-quatre ans; il était de tempérament brutal et d'intelligence perspicace, ayant d'ailleurs beaucoup fréquenté les femmes, et s'y connaissant bien.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 149.
[En parlant du comportement] Rude, violent :
3. ... Lazare s'était seulement dégoûté des affaires, de même qu'il s'était dégoûté de la musique, de la médecine, de l'industrie; et, sur ce sujet, il éclata en paroles brutales, ...
ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 1052.
[En parlant d'une attitude morale, d'une qualité ou d'un sentiment] Droit, direct mais ostensible et sans ménagement. Valeur brutale (Ac. 1798-1932, BESCH. 1845); passion brutale (Ac. 1798-1932, BESCH. 1845, DG, ROB.) :
4. ... vous êtes brutal à force de franchise.
COLLIN D'HARLEVILLE, Le Vieux célibataire, 1792, II, 5, p. 41.
B.— Subst. C'est un brutal, un franc brutal (Ac. 1798-1932) :
5. ... le malheur des relations humaines fait que les brutaux prennent toujours la courtoisie pour de la faiblesse.
J. DE LA VARENDE, Le Maréchal de Tourville et son temps, 1943, p. 117.
II.— [En parlant d'un inanimé]
A.— Adjectif
1. [Inanimé concr.]
a) Qui n'était pas prévisible, soudain :
6. ... un coup de sonnette brutal retentit à la porte.
E. et J. DE GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 292.
b) Qui surprend par sa soudaine violence. Un vent brutal (GIONO, Le Chant du monde, 1934, p. 244); une pluie épaisse et brutale (J. DE LA VARENDE, Le Troisième jour, 1947, p. 243); une série de bruits brutaux (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 79) :
7. Au delà de ces premières collines ravinées, qui me rappellent l'entrée du désert par Boghari, une seconde chaîne irrégulière, dentelée, fort en désordre. Sa couleur violâtre appuie la couleur ardente du premier plan et ménage un accord de toute délicatesse entre ce jaune brutal et le ciel bleu.
FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, p. 60.
8. On me précipita dans la gorge un liquide violent dont l'alcool brutal me surprit au point que j'étranglai...
P. VIALAR, La Mort est un commencement, La Hautemort, 1951, p. 171.
P. anal. Qui impose un effort sans ménagement. Un escalier brutal (J. et J. THARAUD, Marrakech, 1920, p. 89).
2. [Inanimé abstr.]
a) Brusque, imprévisible. Transformations brutales (P. SCHAEFFER, À la recherche d'une mus. concr., 1952, p. 191).
b) Au fig.
Qui est plein de force et sans nuances, brut, vigoureux. Une opposition brutale, un réalisme, un fait brutal :
9. ... il est bon que quelqu'un consente à se perdre pour demeurer ferme à des principes dont il a la conviction, et qui tiennent à ce qu'il y a de noble dans notre nature : ces dupes sont les contradicteurs nécessaires du fait brutal, ...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 151.
Domaine artistique
Péj. Grossier, rapide. L'exécution de cette toile est brutale et sommaire (CASTAGNARY, Salons, 1892, p. 337).
♦ Sans mièvrerie, puissant :
10. Ah! cette peinture, de quelle haine jalouse elle l'exécrait! Ce n'était plus son ancienne révolte de petite bourgeoise peignant l'aquarelle, contre cet art libre, superbe et brutal.
ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 259.
B.— Subst., vx et fam. Le brutal. Le canon. Aller à la gueule du brutal (BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 260) :
11. À ce moment, un boulet donna dans la ligne de saules, qu'il prit de biais, et Fabrice eut le curieux spectacle de toutes ces petites branches volant de côté et d'autre comme rasées par un coup de faux.
— Tiens, voilà le brutal qui s'avance, lui dit le soldat en prenant ses vingt francs.
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 40.
Arg. Vin ordinaire (SANDRY-CARR.), eau-de-vie (ESN.).
PRONONC. :[], plur. [-o].
ÉTYMOL. ET HIST. — A.— Adj. 1. XIVe s. « (d'une pers.) qui tient de la brute » (Récits d'un bourgeois de Valenciennes, 295, Kervyn dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, p. 305); 2. 1668 « (d'un inanimé) impertinent, grossier » (MOLIÈRE, Amphytrion, éd. du Seuil, acte 1, scène 3, p. 394b). B.— Subst. 1. 1672 « grossier, butor » (MOLIÈRE, Femmes savantes, acte 4, scène 2, ibid., p. 616); 2. p. métaph. 1793 « canon » (Cannonn. MARTIN, Lett., 29 sept. dans BRUNOT t. 9, p. 998, note 9).
Empr. au lat. médiév. brutalis « qui est de la nature de la brute (d'une pers.) » (XIe-XIIe s. dans Mittellat. W. s.v., 1592, 51), en parlant d'un inanimé (1243-48 ibid., 1592, 60), dér. du lat. class. brutus (brut).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 102. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 300, b) 2 746; XXe s. : a) 4 813, b) 3 463.
DÉR. 1. Brutalisme, subst. masc. École littéraire ayant pour particularité un réalisme brutal (P. BOURGET, Physiol. de l'amour mod., 1890, p. 182). 1re attest. 1890 id.; dér. de brutal, suff. -isme. 2. Brutaliste, adj. et subst. Qui a trait au brutalisme. J'ai dans les moelles tous les thèmes (...) brutalistes et autres de l'intellectuel artiste affranchi (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 133). 1re attest. 1908 (P. Bourget dans Lar. mensuel, p. 341); dér. de brutal, suff. -iste.
BBG. — GOHIN 1903, p. 293. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 138, 148. — SIGURS 1963/64, p. 550.

brutal, ale, aux [bʀytal, o] adj.
ÉTYM. XIVe; bas lat. brutalis, de brutus. → Brut. REM. En épithète, placé après le nom, sauf effet stylistique.
———
I Adj.
1 Vx. Qui tient de la brute. Animal, bestial, grossier. || Des instincts, des appétits brutaux. || Une passion brutale.
1 Il y a tant de gens qui se laissent entraîner par leurs appétits brutaux.
Descartes, in Littré.
2 La partie brutale veut toujours prendre empire sur la sensitive (…)
Molière, le Médecin malgré lui, III, 6.
3 Vos sentiments brutaux veulent se contenter (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
Mod. || La force brutale (opposé à la force morale de la raison).REM. Cet emploi est plutôt compris au sens 2.
2 (En parlant des personnes). Qui use volontiers de violence, du fait de son tempérament rude et grossier. Dur, emporté, irascible, méchant, vif, violent. || Un homme brutal et borné. Brute (3.), mufle (cf. vx ou vieilli, C'est un bœuf, un bouledogue, un buffle, un cheval de charrue…, un charretier, un crocheteur). || Un soudard, un pillard brutal. || Un gardien brutal. || Elle est très brutale avec ses enfants. || Il est brutal et méchant, cruel.
(En parlant des tendances, des actions…). Qui est sans ménagement, ne craint pas de choquer. || Une franchise brutale. || Assouvir (cit. 3) une fureur brutale. || Réalisme brutal. Cru. || Ton brutal. Brusque, direct, 2. franc, sec, vif. || Réponse, discussion brutale. || Bon sens brutal.
4 Si vous demandez à un homme brutal : « Qu'est devenu un tel ? » il vous répond durement : « Ne me rompez point la tête ».
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la brutalité.
5 Mais quoi ? partir ainsi d'une façon brutale,
Sans me dire un seul mot de douceur pour régale !
Molière, Amphitryon, I, 4.
6 (…) je ne l'aime pas : il est brutal avec sa petite sœur et il est malpropre.
G. Sand, la Mare au diable, X, p. 85.
(En parlant de l'expression). || Discours, article, livre brutal. Agressif, vif, violent.
Par ext. || Une description d'un réalisme brutal ( Brutalisme).
7 Schwob m'en voulut, me fut-il redit. Mon livre brutal écrasait indécemment son livre délicat (…)
Gide, Journal, 20 sept. 1931.
(Actes). D'une vivacité excessive, violent (mais sans méchanceté ni grossièreté). || Un coup de volant brutal. Brusque. || Il a des gestes maladroits et un peu brutaux.
(Actes collectifs). D'une rigueur extrême, allant jusqu'à la violence. || Répression brutale. Brutalité.
3 (Choses). Imprévisible, soudain et violent. || Douleur brutale. || Événement brutal.
Spécialt. Qui frappe rudement et brusquement. || Le coup, le choc a été brutal. Dur, fort, rude, violent.
Dont les effets sont inévitables; qui échappe à l'action humaine. Brut. || Le fait, le phénomène brutal. || Que peut-on faire devant la réalité brutale ?
———
II N.
1 (1672). Personne brutale. Brute (2.). || C'est une brutale. || Agir en brutal. Brutaliser. || Les sévices d'un brutal. || Apprivoiser (cit. 4), adoucir un brutal.
8 — Toujours à vous louer il a paru de glace.
— Le brutal !
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
9 D'un fort, elle (l'auto) fait un brutal et d'un brutal une bête.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, VI.
9.1 M. de Bismarck n'était pas un diplomate faux et menteur, mais un franc, un brutal, qui criait toujours la vérité, annonçait toujours ses intentions.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 62.
2 N. m. (1744, in D. D. L.). Pop. et vx. || Le brutal : le canon.
10 (…) quand le brutal gronde, on ne montre jamais d'or.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, p. 53.
3 N. m. Fam. (Argot vieilli). Eau-de-vie.
11 Le gros, qui croyait dur à l'efficacité des boissons au-dessus de quarante, a sonné Nana pour qu'elle monte le vieux marc. On s'est efforcé(s) de lui en verser quelques cuillerées dans la gorge, au mec Riton. Il fallait se rendre à l'évidence, même le brutal lui donnait pas la moindre sensation; il avalait même plus !
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 170.
CONTR. Élevé, humain, intelligent. — Aimable, amène, cajoleur, câlin, civil, civilisé, délicat, doux, galant, honnête, poli.
DÉR. Brutalement, brutaliser, brutalisme, brutaliste, brutalité.

Encyclopédie Universelle. 2012.