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acheter

acheter [ aʃ(ə)te ] v. tr. <conjug. : 5>
achater XIIe; acheder Xe; lat. pop. °accaptare, de captare « chercher à prendre » (cf. capter)
1Acquérir (un bien, un droit) contre paiement. Acheter une voiture, une maison, une robe, le journal, le pain. « Le plaisir d'acheter des curiosités » (Balzac). « On paye chaque plat au moyen de jetons préalablement achetés à la caisse » (Duhamel). Acheter des marchandises au comptant, à crédit, en gros. C'est un livre que j'ai acheté d'occasion, très bon marché. Je l'ai acheté cent francs. payer. Acheter qqch. au marché, dans un magasin, chez le pharmacien, par correspondance. Un bout de terrain que j'ai acheté à mon voisin, qu'il m'a vendu. Un jouet que j'ai acheté à mon petit-fils, que je lui ai offert. Elle s'est acheté de nouvelles chaussures. Acheter des actions, des devises. Absolt Passer un ordre d'achat en bourse. « Les imbéciles vendent quand tout baisse, achètent quand tout hausse » (Maurois).
2Par ext. Obtenir à prix d'argent (qqch. qui n'est pas proprement vénal). Acheter le suffrage, la complicité de qqn. « Avec de l'argent, tout devenait possible, même d'acheter l'intelligence, le dévouement de quelques jeunes médecins » (Martin du Gard). Pronom. (pass.) Ce ne sont pas des choses qui s'achètent.
Corrompre (qqn). « consuls, prêteurs [...] furent achetés au prix qu'ils mirent eux-mêmes » (Montesquieu). Il s'est laissé acheter.
3Fig. Obtenir (un avantage) au prix d'un sacrifice. « C'est acheter la paix du sang d'un malheureux » (Racine). Vous achetez bien cher votre tranquillité. payer.
⊗ CONTR. Vendre.

acheter verbe transitif (latin populaire accaptare, de captare, chercher à prendre) Obtenir un bien, un droit contre paiement ; acquérir : Acheter des fruits à 5 euros (32,80 francs) le kilo. Acquérir quelque chose pour quelqu'un, le lui offrir : Acheter un cadeau à ses enfants. S'assurer contre récompense la complicité de quelqu'un, ses faveurs ; corrompre : Acheter un témoin. Obtenir quelque chose par des sacrifices ; payer : Acheter sa liberté.acheter (citations) verbe transitif (latin populaire accaptare, de captare, chercher à prendre) Henri Pourrat Ambert 1887-Ambert 1959 Tous ont bien ce qui achète, il faut avoir ce qui paye. Gaspard des montagnes Albin Michelacheter (difficultés) verbe transitif (latin populaire accaptare, de captare, chercher à prendre) Conjugaison Attention à l'alternance e/è : acheter ; j'achète, il achète, mais nous achetons ; il achètera ; qu'il achète mais que nous achetions. Construction Acheter qqch à qqn. Le sens du complément introduit par à peut être ambigu : j'ai acheté un livre à Pierre (= Pierre me l'a vendu, ou = je l'ai acheté pour le donner à Pierre). Recommandation Si le contexte ne permet pas d'éviter l'ambiguïté, employer la construction acheter pour. J'ai acheté un livre pour Pierre. Registre 1. Acheter / prendre. Dans l'expression soignée, on dit acheter pour les choses dont on devient propriétaire, mais prendre pour les choses dont on n'a que momentanément la jouissance : acheter une voiture mais prendre un permis de pêche. Dans le registre courant, on emploie acheter dans les deux cas. 2. Acheter français, calqué sur parler français, est du langage commercial ou publicitaire. Recommandation Dans le style soigné, dire ou écrire plutôt acheter des produits français, des marchandises françaises. ● acheter (expressions) verbe transitif (latin populaire accaptare, de captare, chercher à prendre) Acheter français, allemand, etc., acheter préférentiellement des objets ou des produits faits en France, en Allemagne, etc. ● acheter (homonymes) verbe transitif (latin populaire accaptare, de captare, chercher à prendre)acheter (synonymes) verbe transitif (latin populaire accaptare, de captare, chercher à prendre) Obtenir un bien, un droit contre paiement ; acquérir
Synonymes :
- acquérir
- se payer
- s'offrir
Contraires :
- céder
- vendre
S'assurer contre récompense la complicité de quelqu'un, ses faveurs ; corrompre
Synonymes :
- arroser (familier)
- corrompre
- graisser la patte à (familier)
- soudoyer
- stipendier
- suborner
Obtenir quelque chose par des sacrifices ; payer
Synonymes :
- payer

acheter
v. tr.
d1./d Acquérir à prix d'argent. Acheter du pain, des livres. Ant. vendre.
|| Fig. Obtenir (qqch) au prix d'efforts, de sacrifices. Acheter chèrement une victoire.
d2./d Acheter qqn, s'assurer de sa complicité, le corrompre à prix d'argent. Acheter un témoin compromettant.

⇒ACHETER, verbe trans.
I.— Emploi trans. Obtenir contre paiement la propriété et l'usage.
A.— [L'obj. désigne un animal ou quelque objet vénal]
1. En gén.
a) Constr. dir. :
1. Tout vice vient d'oisiveté, tout désordre public vient du manque de travail. Ces gens donc, chaque fois que simplement ils achètent une terre et la revendent, font bien, font une chose utile; ...
P.-L. COURIER, Pamphlets politiques, Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-1820, p. 19.
2. Incapable de résister à une envie, elle s'engouait d'un bibelot qu'elle avait vu, n'en dormait pas, courait l'acheter, le troquait contre un autre, et gâchait les étoffes, perdait ses bijoux, gaspillait l'argent, aurait vendu sa chemise pour une loge d'avant-scène.
G. FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 1, 1869, p. 183.
3. Il était habillé d'un costume neuf, acheté tout fait dans un magasin.
P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 21.
b) Constr. indir.
[Avec un compl. indiquant le bénéficiaire de l'achat]
Acheter à :
4. Il se crut prudent d'investir la somme dans une villa qu'il acheta à sa fiancée près de Nüremberg.
F. AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 317.
Acheter pour :
5. — Ce sont de belles castagnettes assorties à ton costume, que ton grand-père est allé acheter pour toi au bazar de la rue Saint-Dizier...
GYP, Souvenirs d'une petite fille, t. 2, 1928, p. 159.
6. Je n'avais aucun autre rendez-vous jusqu'au dîner, mais je me trouvai assez désorienté pour éprouver l'envie d'acheter un bouquet de muguet pour Gina et décider de lui apporter.
R. ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 158.
[Avec un compl. indiquant le vendeur]
Acheter de. Rare :
7. Son père s'arrêtait pour causer avec cette forte campagnarde, dont les épaules, dans ce temps-là, comme aujourd'hui, crut se rappeler Florentine, étaient recouvertes du même vieux chandail d'homme, bruni au soleil. Ils achetaient d'elle, des petits cornichons au vinaigre dont Azarius était friand.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 303.
Acheter à. Usuel :
8. Je vous ai dit que c'était un montreur d'animaux savants. Il les achète à des dresseurs, principalement à Voussois, qui habite dans le midi.
R. QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 157.
9. J'ai dû acheter ça un jour à un mendiant ou à un colporteur. Il y a des années que c'est dans ce tiroir.
G. SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 173.
Rem. ,,À quel marchand avez-vous acheté cela ou de quel marchand? Le premier est plus usité dans le langage ordinaire, mais voilà toute la différence. D'après Lafaye, on dira le premier quand on voudra aller trouver le marchand pour acheter un objet semblable, et le second quand on aura seulement l'intention d'indiquer la provenance : à désignant vers qui l'on est allé, à qui l'on s'est adressé et de désignant de qui on tient la chose achetée. Mais l'usage confond tout à fait ces deux emplois.`` (LITTRÉ.)
Acheter chez :
10.« Seigneur, me disais-je, pour celui-là seul qui gratte sa terre, plante l'olivier et sème l'orge, sonne l'heure des métamorphoses dont il ne saurait se réjouir s'il achetait son pain chez le marchand.
A. DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 952.
11. Madame Mabille tenait l'épargne pour une vertu capitale; elle eût jugé immoral d'acheter chez un fournisseur les produits qui pouvaient se fabriquer à la maison : pâtisserie, confitures, lingerie, robes et manteaux.
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 273.
[Avec un compl. indiquant le lieu]
Acheter à :
12. ... je suis un peu pressé, je pars. J'ai encore deux sacs d'avoine à acheter au marché.
L. GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 15.
13. ... sur chaque croix flottait un petit drapeau, de ces drapeaux d'enfant qu'on achète au bazar, et cela tout claquant donnait à ce champ de morts un air joyeux d'escadre en fête.
R. DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 36.
14. ... elle avait pensé s'arrêter au Quinze-cents pour donner des nouvelles de Daniel à Florentine, et acheter à une épicerie de la rue Notre-Dame quelques provisions pour le souper.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 284.
c) Constr. abs. :
15. Il avait travaillé, trafiqué, acheté et vendu. Mais tout le monde en avait fait autant. Il fallait vivre. Et qui possédait quelque chose avait été trop heureux d'en pouvoir faire argent.
M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 462.
Syntagmes fréq. 1. Verbe + subst. : acheter des livres, des journaux (H. DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 293; J. MICHELET, Journal, août 1845, p. 618; E. et J. DE GONCOURT, Journal, août 1858, p. 525; H. DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 395; R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, 1929, p. 1317); acheter des terres, des maisons (ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 139; M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 1, 22 juin 1896 - mai 1897, p. 133; A. MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1923, p. 61); acheter du pain, des denrées alimentaires (É. ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 476; J. JAURÈS, Études socialistes, 1901, p. 127; L. FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 98); acheter une charge [magistrature] (G. FLAUBERT, La Tentation de saint Antoine, 1856, p. 505; É. ZOLA, L'Argent, 1891, p. 91); acheter tout fait (dans la lang. de la confection) (cf. ex. 3). 2. Verbe + adv. (ou équivalent). a) Indiquant le prix : acheter cher, très cher (M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 35; M. CAMUS, Requiem pour une nonne, 1956, p. 898); acheter à prix d'or (A. GIDE, P. VALÉRY, Correspondance, sept. 1891, p. 124); acheter bon marché (E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 325); acheter à vil prix (M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 18); acheter à bas prix (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 513); acheter à votre prix (J. GIRAUDOUX, L'Apollon de Bellac, 1942, 7, p. 68); acheter à son prix (J. GIRAUDOUX, L'Apollon de Bellac, 1942, 7, p. 114). b) Indiquant la manière, la quantité : acheter à crédit (A. GIDE, Journal, 1891, p. 25; L.-P. FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 32); acheter en douce (E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 27); acheter à tour de bras (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 292); acheter tout ce qui vous tombe sous la main (B. CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 249).
Proverbes [En parlant d'une boisson et p. ext. de denrées qu'on achète] Qui bon l'achète, bon le boit (Ac. 1835 et 1878). Qui achète ce qu'il ne peut, vend après ce qu'il ne veut. Acheter tête et queue. Acheter bien cher (BESCH. 1845).
2. P. ext., fam. ou arg.
a) Acheter chat en poche. ,,Conclure légèrement un marché sans avoir examiné l'objet qu'on achète.`` (FRANCE 1907) :
16. ... les gens du monde admirent cela comme ils admirent la science de M. Babinet et les sermons de l'abbé Lacordaire, achetant chat en poche du moment qu'on leur a persuadé que c'était comme il faut.
P. MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, t. 2, 1870, p. 284.
b) Acheter à la course. ,,Voler en passant un objet quelconque à un étalage.`` (Ch. VIRMAITRE, Dict. d'argot fin de siècle, 1894).
c) Acheter à la foire d'empoigne. Voler (cf. VERR.-ON. 1908).
B.— [L'obj. désigne une pers. ou une chose qui normalement n'est pas vénale] Acheter des voix, le suffrage, le silence de qqn (Ac. 1835, 1878, 1932).
1. [L'obj. désigne une pers. ou une collectivité]
a) Obtenir par corruption le concours ou l'assentiment de qqn :
17. ... jamais on ne m'a vu acheter aucune voix, ni aucun parti par des promesses, de l'argent ou des places;...
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 179.
18. Le rédacteur devient un « salarié » (...) « ... la plupart dont la plume est l'unique gagne-pain, se résignent, deviennent des valets. » Aussi, partout « le chantage sous toutes ses formes, les éloges vendus, le silence acheté... »
Ch. MAURRAS, L'Avenir de l'intelligence, 1905, p. 87.
19. On n'achète plus les juges, et aucun justiciable ne se risquerait à leur graisser la patte. (La Fouchardière).
L'Œuvre, 28 févr. 1941.
b) Vx. Acheter un homme. Payer un remplaçant pour faire le service militaire à votre place :
20. On avait toujours eu l'intention de faire un cadeau à Jack à sa majorité pour lui acheter un homme et lui permettre de s'établir.
A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 85.
c) Fam. et arg. Acheter qqn. ,,Se moquer de lui, le tourner en dérision, se payer sa tête``. (FRANCE 1905).
2. [L'obj. est un abstr.] Obtenir qqc. au prix d'un sacrifice, de peines ou de difficultés vaincues :
21. C'est trop acheter un peu de renommée, que de la payer par vingt ans de fatigues, de voyages et d'erreurs.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Correspondance générale, t. 1, 1848, p. 225.
22. ... ce dernier [Lafouasse], (...) se plaignait que la piqûre fût douloureuse; mais, enfin, on pouvait bien souffrir un peu, pour acheter de la bonne santé.
É. ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, p. 52.
23. Si ardente qu'elle fût elle-même, si pressée de conquérir ce premier homme qu'elle eût aimé, elle n'était pas assez folle pour l'acheter du prix de sa vie quand elle voyait tant d'autres moyens de le séduire plus simplement.
P. , Aphrodite, 1896, p. 206.
II.— Emploi pronom.
A.— Emploi réfl. S'acheter qqc. Acheter pour soi (cf. sup. acheter qqc. à qqn) :
24. Il avait cru réaliser des rêves, il avait tenté de s'acheter des choses, de se payer du bon temps. Il s'offrit un foulard de soie blanche, une épingle de cravate en fer à cheval, une montre.
M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 184.
25. Un jour, à treize ans, ayant reçu de son père un billet de cinquante francs pour aller s'acheter de l'encre à stylo, à charge de rapporter la monnaie, Brunet était revenu avec le visage changé.
H. DE MONTHERLANT, Les Démons du bien, 1937, p. 1353.
Fam. S'acheter une conduite. ,,Mener une conduite plus régulière.`` (L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, L'Argot ancien et moderne, 1878) :
26. ... quand il avait appris que Vincent avait fait entrer Nadine dans son gang, il lui avait sérieusement sonné les cloches. Et il l'avait expédié pour un mois en Afrique. Vincent avait affirmé au retour qu'il s'était acheté une conduite : ...
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 233.
B.— Emploi passif
1. S'acheter. Être acheté :
27. ... maintenant que je reviens d'Arras je suis de mon groupe plus que jamais? J'ai acquis un lien de plus. J'ai renforcé en moi ce sentiment de communauté qui est à savourer dans le silence. Israël et Gavoille ont subi des risques plus durs, peut-être, que les miens. Israël a disparu. Mais, de cette promenade d'aujourd'hui, je ne devais pas revenir non plus. Elle me donne un peu plus de droit de m'asseoir à leur table, et de me taire avec eux. Ce droit-là s'achète très cher.
A. DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, p. 355.
28. Il sait (...) qu'une liberté commune s'achète par une critique et un combat recommencés chaque jour. C'est assez pour que les contradictions des progrès, sans être résolues, puissent être surmontées.
F. PERROUX, L'Économie du XXe siècle, 1964, p. 466.
2. S'acheter par. Être acheté en échange de... :
29. Chaque progrès dans l'art d'écrire ne s'achète que par l'abandon d'une complaisance.
A. GIDE, Journal, 1920, p. 684.
Stylistique — Acheter/acquérir. Acheter se situe d'emblée dans un vocab. comm. (cf. les anton. troquer, échanger, vendre...), alors que l'acquisition peut se faire à titre gratuit (par don, héritage...). Au sens moral, acheter prend une coloration styl., tantôt péj. quand il s'agit d'une pers. (le subst. corresp. est alors corruption), tantôt valorisante, quand il s'agit d'une acquisition morale, fruit d'un effort ou d'un sacrifice. Acquérir est volontiers teinté d'une nuance méliorative (cf. ses synon. gagner, conquérir).
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'achète []. Enq. :/2t, /. Conjug. croire; inf. /1/; part. /, 1/. 2. Dér. et composés : achat, acheteresse, acheteur (-euse), achetoir (-es), racheter. 3. Forme graph. — Verbes ayant un e caduc à l'avant-dernière syllabe de l'inf. Acheter fait partie des verbes en -eter dans lesquels l'e [] de l'avant-dernière syllabe de l'inf. se change en è [] devant syllabe muette : a) au prés. (ind., subj.) : (que) j'achète [], (que) tu achètes [], (qu') il(s) achète(nt) [], mais nous achetons [], vous achetez []; subj., que nous achetions [], que vous achetiez []; b) à l'impér. : achète [], mais achetons [], achetez []; c) au fut. : j'achèterai [], tu achèteras [], etc.; d) au cond. : j'achèterais [], tu achèterais [], etc., nous achèterions [], vous achèteriez [], etc. — Rem. S'alignent sur ce paradigme : (em)becqueter, étiqueter, fileter, fureter, haleter, racheter; les verbes en -eler : bourreler, celer et composants (déceler...), ciseler, démanteler, écarteler, geler et composants (congeler, décongeler, regeler...), harceler, marteler, modeler, peler, receler; à noter que pour les autres verbes en -eter et -eler, l'alternance []/[] se traduit dans la graph. par le redoublement de t ou de l. Ex. : jeter, je jette; appeler, j'appelle. les verbes en -emer, -ener, -eper, -eser, -ever, -evrer. 4. Hist. — LITTRÉ précise : ,,ne prononcez pas aje-té, ni comme Vaugelas le défend aussi, a-jé-ter`` (cf. aussi FÉR. Crit. t. 1 1787 et LAND. 1834). ROUSS.-LACL. 1927, p. 92 fait la rem. suiv. : ,,Dès le XVIIe s. (Vaugelas), le peuple de Paris disait ajeter pour acheter. Encore aujourd'hui, cette prononciation a cours``. MART. Comment prononce 1913, p. 221 explique cette prononc. par ,,une confusion inconsciente entre acheter et jeter``.
Étymol. ET HIST. — 1. Xe s. acheder « obtenir » (Fragm. d'une homélie sur le prophète Jonas ds FÖRSTER-KOSCHWITZ, Altfr. Übungsbuch, 58; « procurer » ibid., 31 : Acheder ço que li preirets); mil. XIe s. achater « procurer » (Alexis, éd. G. Paris, 40 : Donc li achater fille ad un noble franc); 2. 2e moitié du XIIe s. « acquérir (un bien) contre paiement » (WACE, Roman de Rou, III, 1376 ds T.-L. : Sun pesant d'or l'ad achatee); 1150-1170, Lois de Guillaume le Conquérant, en fr. et en lat. publ. par J. E. Matzre, 21, 1 : Et s'il n'ad guarant ne haimelborch, [Haimelborch « gage, garantie d'origine » = vieil angl. borgh of haimhald « a pledge exacted from a seller of an article that it is home produce » NED s.v. hamald] e il ait les testimonies qu'il le achatad al marché le rei... si perdera sun chatel [trad. lat. : Si vero warantum producere non potest, nec hemoldborch, sed testes habet quod in mercato regis emerit, et hemoldborch... perdet rem illam que calumpniatur]; ca 1195, EVRAT, Genèse, trad. ds P. MEYER, Recueil II, 339, 40 : Les cruelz terres les ont durs... Tez que nus n'i ose habiter Por vendre ne por acheter); 3. 1160 « obtenir (un avantage) au prix d'un sacrifice » (Eneas... p.p. Salverda de Grave, 4177 ds T.-L. : Plus chier nen acheta Paris Heleine dont il fu ocis, Que Eneas fera Lavine); 4. fin XIIe s. « s'attirer la confiance de qqn » (Amis et Amiles et Jourdains de Blaivies... éd. K. Hofmann, 3640 ds T.-L. : Les hom sera achatez a touz dis; XIIIe s. Isopet de Lion..., W. Fœrster, 1185 ds T.-L. : Vos avez per grant oroison Achetey cest roi; vostre soit).
Issu du lat. vulg. accaptare, dont il est difficile de dire s'il est formé de ad + captare, fréquentatif de ou réfection d'apr. captare « saisir » du lat. class. acceptare, doublet de (ces 2 mots étant sans représentants dans les lang. rom.), avec le sens de « prendre à soi » soit pour soi-même, donc « obtenir » (sens très voisin, en certains cas, de « recevoir »), soit pour qqn, donc « procurer », d'où sens restreint « prendre contre argent »; cas analogue de emere, au sens premier « prendre » (cf. PAULI DIACONI, Epitoma Festi, 66, 21 ds ERN.-MEILLET 1959 s.v. emere :emere quod nunc est mercari antiqui accipiebant pro sumere; ibid., 4, 30 : emere enim antiqui dicebant pro accipere), spécialisé dès l'époque littér. au sens de « acheter », le sens premier se retrouvant dans le dér. : adimere (ERN.-MEILLET, ibid.). A. fr. achate (accaptat) remplacé par achète d'apr. inf. acheter (< accaptare); forme inf. achater formée sur achate (NYROP t. 1, § 169). Répartition des différents types « acheter » dans la Romania : après la disparition de emere, 2 types en présence : comparare (en Roumanie, Italie centrale et, en partie, dans l'Italie septentrionale, Rhétie et Péninsule Ibérique) et accaptare (au nord de la France, le Piémont, la Ligurie, la Lombardie, au sud de l'Italie).
Formes suiv. a. fr. acheder (voir sup.), a. esp. acabdar (« obtenir », DHE), a. prov. acaptar « id. » (RAYN. II, 275) et acaptar, terme jur. (ibid., 19) avec ses corresp. lat. médiév. localisés au domaine d'oc (NIERM. t. 1 1954-58, s.v. accaptare) postulent un adcapitare (MUSSAFIA, Lit. f. germ. u. rom. Philol., VII, 1886, 166) : — soit par transformation de accaptare sous l'influence de caput (EWFS2; diffic. sém.) ou par hypercorrection, accaptare étant senti comme forme vulg. syncopée de accapitare (cf. COR. s.v. recaudar); — soit par formation indépendante, parallèlement à accaptare et dans ce cas ou bien à partir de caput (voir inf.), ou bien fréquentatif de accaptare, celui-ci n'étant plus senti comme tel (REW3, FEW), hyp. satisfaisante des points de vue phonét. et sém. Les formes lat. médiév. de type accaptare (NIERM., DU CANGE) correspondent à l'a. prov. jur. acaptar et sont donc altérées de accapitare sous l'influence du type dominant d'oïl accaptare (a. fr. achater). Anc. prov. acatar « acheter » (1 attest. ds RAYN. II, 275) est issu soit du type accaptare, soit, plus prob. par altération de acaptar (ibid. « obtenir ») sous l'influence de l'a. fr. achater.
Hyp. accapitare : ad - + caput « ajouter à son capital » (THOMAS, Mélanges d'Étymol., Paris, 1902, p. 4) fait difficulté au point de vue sém. et hist. (MEYER-LÜBKE, Zur Kenntnis des Altlogudores. ds Sitzungsberichte d. Wiener Akad. phil.-hist. Kl., 145, p. 63; aussi cr. de BERNITT, Lat. caput und capum nebst ihren Wortsippen im Französischen ds Lit. f. germ. u. rom. Philol., 27 (1906), p. 370). De même l'hyp. semblable de M. Régula (Z. rom. Philol. 44 (1924), 642) qui part d'un sens supposé « augmenter son cheptel ».
STAT. — Fréq. abs. litt. :7772. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 11470, b) 13137; XXe s. : a) 12686, b) 8593.
BBG. — BAR 1960. — BARR. 1967. — BÉNAC 1956. — CRIQUI 1967-. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 8. — GALL. 1955, p. XXVII, 103, 432. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 79, 408. — GRIMAUD (F.). Petit glossaire du jeu de boules. Vie Lang. 1969, n° 191, p. 110. — HANSE 1949. — KUHN 1931, p. 55. — LE BRETON Suppl. 1960. — POPE 1961, § 236, 266, 373, 729, 899, 930, 970, 1058, 1137, 1181. — THOMAS 1956.

acheter [aʃte] v. tr.
ÉTYM. Xe, acheder; achater, XIIe; du lat. pop. accaptare, de captare « chercher à prendre ». → Capter.
1 Se procurer, obtenir (un bien, un droit) de qqn, que ce soit pour soi-même (acheter qqch.; Acquérir) ou pour transmettre, remettre à autrui (acheter [qqch.] à, pour [qqn]; Offrir, procurer), moyennant une somme d'argent.
(Acheter pour soi; s'oppose d'une part à vendre, d'autre part à échanger, à voler, prendre). || Acheter des marchandises, une voiture, une maison, des actions au comptant, comptant, à crédit, à tempérament. || Commerçant qui achète des produits en gros (grossiste), au détail (détaillant). || Monopoleur qui achète toutes les matières premières disponibles. Accaparer. || Enlever, se faire livrer les marchandises que l'on a achetées. || Payer, régler au vendeur ce que l'on vient d'acheter. || Tu as acheté ces billes ? Non, je les ai échangées contre d'autres. || Je vais acheter le journal. || Il a acheté son manteau cher, trop cher, plus cher ( Surenchérir), bon marché. || Acheter qqch. après un long marchandage. Marchander. || Il vient d'acheter un Picasso à prix d'or. || Acheter qqch. très cher, au poids de l'or; à vil prix; au prix du vendeur, sans discuter. || Essayer une veste avant de l'acheter. || Acheter un terrain sans le voir. || Vous pouvez l'acheter de confiance.(Avec un compl. second, désignant la source). || Acheter un livre à un libraire, à un revendeur, à un brocanteur. || Acheter un objet d'art à un antiquaire.Vx. || Acheter qqch. de qqn (→ ci-dessous, cit. 3).(Avec un compl. de lieu ou de manière). || Acheter qqch. dans un magasin, chez le pharmacien, au marché. || Acheter qqch. par correspondance ( Commander), de la main à la main. || Il achète tous ses livres chez le même libraire. Servir (se).
1 Notre laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l'argent,
Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée (…)
La Fontaine, Fables, VII, 10.
2 (Là cette femme) Gagne de quoi donner un rang à son mari.
Elle achète un office, une maison aussi.
La Fontaine, Fables, VII, 15.
3 Un célèbre marchand l'achète (Chloris, esclave) du corsaire. Il l'emmène (…)
La Fontaine, les Filles de Minée.
4 C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant.
Boileau, l'Art poétique, v. 150.
4.1 Une ménagère n'achète pas une perdrix sans que les voisins ne demandent au mari si elle était cuite à point.
Balzac, Eugénie Grandet, éd. 1838, p. 28.
4.2 N'achetez pas de voiture, ne possédez pas de maison, n'ayez pas de situation. Vivez dans le minimum. N'achetez jamais rien. Les objets sont gluants (…)
J.-M. G. Le Clézio, l'Extase matérielle, p. 52.
Loc. Acheter chat en poche.
(En spécifiant la somme, par un complément « interne »). || Il a acheté son complet mille francs, mille francs en billets.REM. On ne dit pas : il a acheté cet objet une somme considérable (→ Payer).
(Sans compl. direct). || Acheter et vendre. Commercer, négocier, traiter. || Acheter pour revendre. || Acheter par chèque, par (ou avec une) carte de crédit. || J'achète plutôt au marché, au supermarché qu'en boutiques. || J'achète ! (fig. et fam. : d'accord !).Achetez français !, des produits français (emploi critiqué).Spécialt (bourse). || Passer un ordre d'achat. aussi Ordonner. || Acheter pour spéculer à la hausse.
5 Les imbéciles vendent quand tout baisse, achètent quand tout hausse, et s'étonnent de se ruiner.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXV.
Par anal. et vx. || Acheter à la course, à la foire d'empoigne, voler.
(Acheter pour autrui; ne s'oppose pas à vendre mais éventuellement à refuser). || Il a acheté une bicyclette à son fils, il lui a acheté une bicyclette. Offrir (à). || Sous l'ancien régime, les bourgeois achetaient des offices pour leurs fils (vénalité des offices). || Acheter des fleurs pour une amie. || Allez donc m'acheter des cigarettes; voici l'argent (ou : je vous rembourserai).
5.1 Ayant aussi l'habitude de boire beaucoup d'eau-de-vie, souvent il (M. Bovary père) envoyait la servante au Lion d'or lui en acheter une bouteille, que l'on inscrivait au compte de son fils.
Flaubert, Mme Bovary, II, III.
REM. Avec deux compléments, l'un désignant la source (le vendeur) l'autre le destinataire, on peut employer les prépositions de et pour (vieilli) — il a acheté un livre ancien d'un bouquiniste pour son ami —; à et pour — à un bouquiniste pour… —; mais non à et à, bien que à s'emploie pour les deux types de compléments lorsque chacun est seul — il lui a acheté des livres est ambigu : il a acheté des livres à sa femme, il a acheté des livres au libraire.
2 Fig. || Acheter qqn, lui donner de l'argent pour obtenir qqch. de lui (contre sa conscience, contre la loi, etc.). || On l'a acheté; il s'est fait acheter (par…).Par ext. || Acheter les voix, les suffrages, le silence, l'adhésion de qqn.
6 (César) se rendit maître des élections : consuls, prêteurs, tribuns furent achetés au prix qu'ils mirent eux-mêmes.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, XI.
7 La justice est une si belle chose qu'on ne saurait trop l'acheter.
A. R. Lesage, Crispin rival de son maître, 9.
3 Obtenir (exclusivement pour soi) au prix de, en échange de.Vx. || Acheter la tranquillité de la résignation.
8 Quel que soit le plaisir que cause la vengeance
C'est l'acheter trop cher que l'acheter d'un bien
Sans qui les autres ne sont rien.
La Fontaine, Fables, IV, 13.
9 (Les hommes) achetaient de son sang l'indulgence des dieux.
La Fontaine, X, 1.
10 C'est acheter la paix du sang d'un malheureux.
Racine, Andromaque, II, 4.
Mod. || Acheter la tranquillité au prix de la résignation (→ ci-dessous, cit. 13). || Acheter la réussite, le succès, par des compromissions (→ ci-dessous, cit. 12 et 14). || Acheter cher un avantage.
11 Il acheta cher la gloire de les avoir délivrés.
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
12 Dans notre sexe on n'achète la liberté que par l'esclavage, et il faut commencer par être servante pour devenir sa maîtresse un jour.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, 2.
13 (…) qu'il nous faut du malheur recevoir le baptême, Et qu'à ce triste prix tout doit être acheté.
A. de Musset, Nuit d'octobre.
14 Chaque progrès dans l'art d'écrire ne s'achète que par l'abandon d'une complaisance.
Gide, Journal, 28 oct. 1920, p. 684.
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s'acheter v. pron.
(Réfl.). || Je me suis acheté une montre. Offrir (s').Fig. et fam. || Il s'est acheté une conduite, il a adopté une conduite régulière, rangée, après avoir mené une vie agitée (selon les contextes : une vie de plaisirs; une vie en marge des lois).
(Passif). || Ce droit s'achète très cher.
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acheté, ée p. p. adj.
|| On a saisi les biens du receleur : les objets achetés ont été mis sous séquestre, les objets volés rendus à leurs propriétaires. || Marchandises achetées ou changées, troquées.Fig. || Suffrages achetés.Tranquillité achetée trop cher.
DÉR. Achetable, acheteur. — V. Achat.
COMP. Pré-acheter, racheter.

Encyclopédie Universelle. 2012.