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dégoûter

dégoûter [ degute ] v. tr. <conjug. : 1>
• mil. XVIe se dégoûter; de dé- et goût dégoûté
1Vx Ôter l'appétit à (qqn). « Les mets les plus exquis le dégoûtent » (Fénelon).
Mod. Donner de la répugnance, du dégoût à (qqn). Le lait me dégoûte. fam. débecter. Être dégoûté par qqch. dégoûté.
2Inspirer de la répugnance à (qqn) par son aspect. Cet insecte me dégoûte. Absolt « Un homme mal habillé, sale, et qui dégoûte » (La Bruyère).
Inspirer de l'aversion à (qqn) par sa laideur morale. répugner, révolter. Ce genre de personnage me dégoûte. Sa lâcheté me dégoûte.
3DÉGOÛTER DE.Vx Priver de tout attrait, de toute estime pour (qqch.). éloigner. « La plupart des amis dégoûtent de l'amitié, et la plupart des dévots dégoûtent de la dévotion » (La Rochefoucauld).
Mod. Ôter l'envie de. « Enfin c'était des travaux à dégoûter du travail » (Balzac). Elle a fini par me dégoûter du homard. Ça m'a dégoûté de continuer, d'être serviable. dissuader. Loc. Plais. Si vous n'aimez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres !
4SE DÉGOÛTERv. pron. Prendre en dégoût. Se dégoûter de qqch., de qqn. se lasser. Les « gens de petite origine qui se dégoûtent du milieu où ils sont nés » (Colette).
⊗ CONTR. Attirer, charmer, plaire, tenter; 1. supporter, tolérer. ⊗ HOM. Dégoutter.

dégoûter verbe transitif Provoquer quelqu'un par son aspect, son goût, une sensation d'écœurement, de répugnance, un haut-le-cœur ; répugner : Ce plat verdâtre me dégoûte. Provoquer par son caractère immoral, immonde, un sentiment d'aversion, de répulsion, d'hostilité profonde ; révolter : Tu me dégoûtes avec ton cynisme. Provoquer, faire naître une sensation ou un sentiment de dégoût, lui ôter toute envie, tout désir de quelque chose, toute estime pour quelqu'un ou pour quelque chose : Si vous n'aimez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres. Échec qui l'a dégoûté de la vie.dégoûter (citations) verbe transitif Jules Supervielle Montevideo, Uruguay, 1884-Paris 1960 Je suis un parfait honnête homme. Je me dégoûte complètement. Le Voleur d'enfants Gallimarddégoûter (difficultés) verbe transitif Orthographe Ne pas confondre ces deux verbes. 1. DégoÛter = inspirer du dégoÛt, de la répugnance à. Sa malpropreté me dégoÛte. Avec un seul t et un accent circonflexe sur le u, comme dans goÛt, dont il est issu. 2. Dégoutter = couler goutte à goutte, laisser tomber des gouttes. L'eau dégoutte du parapluie ; un imperméable dégouttant de pluie. Avec deux t, comme dans goutte. ● dégoûter (homonymes) verbe transitif dégoutter verbedégoûter (synonymes) verbe transitif Provoquer quelqu'un par son aspect, son goÛt, une sensation d'écœurement...
Synonymes :
- écoeurer
Contraires :
- allécher
- tenter
Provoquer par son caractère immoral, immonde, un sentiment d'aversion, de...
Synonymes :
- répugner
- révolter
Contraires :
- attacher
- attirer
- captiver
- charmer
- plaire
Provoquer, faire naître une sensation ou un sentiment de dégoÛt...
Synonymes :
- décourager
- démoraliser
- fatiguer
- lasser
- rebuter
Contraires :
- délasser
- distraire
- divertir
- ravir
- séduire
- transporter

dégoûter
v. tr.
d1./d Inspirer de la répugnance, de l'aversion à. Toutes ces bassesses me dégoûtent.
d2./d Dégoûter de: enlever le désir, le goût de. Il est dégoûté du jeu car il perd toujours.
d3./d v. Pron. Se dégoûter de: prendre en dégoût, en horreur, en aversion. Il s'est totalement dégoûté de son travail.

⇒DÉGOÛTER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Dégoûter qqn d'(un aliment, une boisson). Provoquer chez quelqu'un de la répugnance pour (un aliment, une boisson) :
1. LE COCHON. — Plus je vais, plus je suis dégoûté de ma nourriture et vexé de n'en avoir pas d'autre.
FLAUBERT, La Tentation de St Antoine, 1849, p. 428.
[Sans compl. second.] Elle [Gervaise] raconta qu'autrefois, avec sa mère, elle buvait de l'anisette, à Plassans. Mais elle avait failli en mourir un jour, et ça l'avait dégoûtée; elle ne pouvait plus voir les liqueurs (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 410) :
2. Olivier n'avait jamais faim, et tout le dégoûtait, la viande lui causait une répulsion : il fallait le forcer à manger, ou s'ingénier à lui faire de petits plats qui lui plussent; ...
ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 874.
2. P. ext. [Le plus souvent sans compl. second.] Dégoûter qqn. Inspirer à quelqu'un de l'aversion, de la répugnance.
a) [La cause du dégoût est une réalité concr.] La gouvernante ne m'avait pas plu au bureau; ici, instantanément, elle me dégoûta et je lui trouvai l'air répugnant d'une vieille maquerelle (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 16) :
3. L'atmosphère de cette chambre, alourdie par les émanations musquées des maquillages, ces fenêtres cadenassées, ces tentures épaisses, tiédies au souffle des charbons encore roses, ce lit démembré et saccagé par le pillage des nuits, la dégoûtèrent jusqu'au vomissement.
HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 38.
b) [La cause du dégoût appartient au domaine intellectuel, moral] :
4. Je passe un bien vilain moment. Tous les livres me dégoûtent. Je ne fais rien. Je m'aperçois plus que jamais que je ne sers à rien.
RENARD, Journal, 1890, p. 57.
Absol. Écœurer :
5. Ce mépris de la nourriture et cette surabondance dégoûtaient un peu après tant de privations que nous avions souffertes, et l'absurdité d'un tel gaspillage criait contre les hommes.
AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 371.
3. Au fig. [Ordin. avec compl. second.] Faire disparaître chez quelqu'un son intérêt ou son estime pour quelque chose :
6. Je suis vraiment affecté d'une sorte de maladie qui abat mes facultés, me dégoûte de tout, me désintéresse de tous les plaisirs intellectuels, moraux et même physiques.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 140.
Détourner de quelque chose. Un père Milleriot, célèbre il y a trente ans, qui m'avait dégoûté de tout projet de retraite chez les Jésuites, en me parlant d'argent du premier coup (BLOY, Journal, 1902, p. 88) :
7. ... mais il ne se sentait plus le cœur à la besogne, les sept années de service l'avaient rouillé, dévoyé, dégoûté de la scie et du rabot, à ce point qu'il semblait un autre homme.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 96.
a) Dégoûter de (+ inf.). Décourager de, détourner de. Il m'est arrivé une histoire qui aurait dû me dégoûter à jamais d'écrire dans les cafés (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 156) :
8. L'homme le plus courageux a connu je pense, de ces déroutes intimes qui dégoûteraient de vivre, et qui font espérer l'action périlleuse comme remède et délivrance.
ALAIN, Propos, 1921, p. 223.
b) Loc. C'est à vous dégoûter de (+ inf.) :
9. Je suis bien puni d'avoir voulu aider les autres. C'est à vous dégoûter de chercher à rendre service, ...
GIDE, L'École des femmes, 1929, p. 1284.
B.— Emploi pronom. Se dégoûter de qqc./qqn
1. Éprouver de la répugnance pour quelque chose/ quelqu'un :
10. — Et l'opération a eu lieu tout de suite? demanda Sérafine.
— Oh! non, non, madame (...) La première fois qu'on a prononcé le mot, je me suis fâchée, j'ai voulu partir, dans l'idée qu'on allait m'estropier et que mon mari se dégoûterait de moi.
ZOLA, Fécondité, 1899, p. 358.
Absol. Ressentir de l'écœurement :
11. On est effrayé, lorsque l'on observe les hommes de notre temps avec attention, de voir combien l'ennui fait de progrès, combien les cœurs s'émoussent et les esprits se dégoûtent.
DELÉCLUZE, Journal, 1828, p. 493.
♦ [À valeur réciproque] Éprouver une mutuelle répugnance :
12. ... mais quand on songe à la quantité de ménages où deux êtres s'exaspèrent, se dégoûtent autour de la même table, du même lavabo, sous la même couverture, c'est extraordinaire comme on divorce peu!
MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 16.
2. Se lasser de quelque chose/quelqu'un :
13. Madame de Longueville, quand elle l'avait [M. Nicole] caché chez elle et qu'elle le voyait tous les jours, elle qui se dégoûtait si vite des gens après s'en être engouée, le trouvait plus poli qu'Arnauld et plus complètement à son gré : ...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 319.
Prononc. et Orth. :[degute], (je) dégoûte [degut]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme desgouster; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Homon. dégoutter. Étymol. et Hist. 1. 1379 [éd. 1542] part. passé adj. desgouté « qui a perdu l'appétit, qui manque d'entrain » (JEHAN DE BRIE, Le Bon Berger, p. 152 ds T.-L.), sens isolé; 2. a) 2e moitié du XVIe s. réfl. « se lasser de, prendre en aversion » (BASSELIN, Vaux de Vire, XXIX ds LITTRÉ); b) 1790 part. prés. adj. « décourageant » (Le Moniteur, t. 3, p. 23); 3. 1538 « inspirer du dégoût » (EST., 187 b ds Rom. Forsch., t. 32, p. 43); 1642 part. prés. adj. (OUDIN, Recherches fr. et ital.); 1879 part. prés. subst. (HUYSMANS, Sœurs Vatard, p. 329). Dér. de goût; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :1 047. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 926, b) 1 484; XXe s. : a) 2 063, b) 1 625.
DÉR. Dégoûtation, subst. fém., pop. Sentiment de dégoût. Sous le ciel bas, dans l'air mou, les murs des maisons ont des sueurs noires et leurs soupiraux fétident; la dégoûtation de l'existence s'accentue et le spleen écrase (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 161). P. méton. [En parlant de qqn ou de qqc.] Objet de dégoût. Ah! Une jolie chose, une dégoûtation, leur République! (ZOLA, Nana, 1880, p. 1483). []. 1re attest. av. 1850 (BALZAC, Les Petits bourgeois, éd. A. Michel, I, 307); de dégoûter, suff. -(a)tion. Fréq. abs. littér. : 29.
BBG. — DARM. 1877, p. 199 (s.v. dégoûtation). — QUEM. /e s. t. 4 1972 (s.v. dégoûtation). — SAIN. Lang. par. 1920, p. 105 (s.v. dégoûtation).

dégoûter [degute] v. tr.
ÉTYM. 1538; de 1. dé-, goût, et suff. verbal.
1 Vx. Ôter l'appétit à (quelqu'un).
1 Les mets les plus exquis le dégoûtent.
Fénelon, Télémaque, III.
Mod. Inspirer de la répugnance à (qqn). Affadir (le cœur), écœurer, répugner; fam. débecter. || Le lait le dégoûte.
2 Inspirer de la répugnance à… par son aspect. Rebuter. || La saleté de cet homme dégoûte son entourage.
2 — J'ai quelques infirmités sur mon corps qui pourraient la dégoûter. — (…) Une honnête femme ne se dégoûte jamais de son mari.
Molière, le Mariage forcé, 8.
Absolument :
3 (…) il commence à avoir honte de se trouver assis, dans une assemblée publique (…) auprès d'un homme mal habillé, sale, et qui dégoûte,
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, Des grands d'une république.
3 Inspirer de l'aversion à (qqn…) par sa laideur morale. Éloigner, répugner, révolter, soulever (de dégoût). || Ses mensonges continuels et sa lâcheté ont dégoûté ses amis. || Ce livre, ce film me dégoûte, il est abject, répugnant.
4 (…) gens que nous voulons fuir justement parce qu'ils nous dégoûtent.
G. Duhamel (→ Courbette, cit. 4).
4 Vx ou littér. Lasser, inspirer un ennui extrême à. || Tout le dégoûte. || L'existence le dégoûte. Déplaire, ennuyer, peser.Fatiguer, lasser. || Cette inaction me dégoûte.REM. Dans ce type de contexte, le mot est compris aujourd'hui dans un sens plus fort qu'en français classique. → ci-dessus, 3.
5 Les princes et les rois jouent quelquefois. Ils ne sont pas toujours sur leurs trônes; ils s'y ennuient : la grandeur a besoin d'être quittée pour être sentie. La continuité dégoûte en tout; le froid est agréable pour se chauffer.
Pascal, Pensées, VI, 355.
5 Dégoûter de a Vx. Priver de tout attrait, de toute estime pour (qqch.). Détourner (de), éloigner.
6 La plupart des amis dégoûtent de l'amitié et la plupart des dévots dégoûtent de la dévotion.
La Rochefoucauld, Maximes, 427.
7 Les grandes passions usées dégoûtent des autres; la paix de l'âme qui leur succède est le seul sentiment qui s'accroît par la jouissance.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, Lettre VIII.
b Mod. Ôter l'envie de… || Elle a fini par me dégoûter du homard. — ☑ (1756, in D. D. L.). Loc. Par plais. Si vous n'aimez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres !
7.1 — Auguste de Châtillon, dis-je, était l'auteur de La Levrette en pal'tot…
— Oui. Et l'amant d'Adèle Hugo, dit Le Canard enchaîné de l'époque. L'hymne sedang de Mayrena a été composé, sur des paroles de Mac Nab, chansonnier du Chat Noir, par Charles de Sivry, le beau-frère de Verlaine ! Si ça ne vous plaît pas, n'en dégoûtez pas les autres !
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 406.
8 Enfin c'était des travaux à dégoûter du travail, des chefs-d'œuvre accumulés à faire prendre en haine les arts et à tuer l'enthousiasme.
Balzac, La peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 28.
——————
se dégoûter v. pron.
Prendre en dégoût. || Se dégoûter d'un mets.
9 — N'était-ce point satiété ? dit Blazius, car d'ambroisie même on se dégoûte (…)
Th. Gautier, Capitaine Fracasse, t. I, VIII, p. 266.
Fig. || Se dégoûter de soi-même. Honte (avoir honte de soi).
10 (…) dans la débauche, vous avez une âme qui se dégoûte de son propre corps.
Montesquieu, Cahiers, p. 26.
Se dégoûter de quelqu'un ou de quelque chose. Assez (en avoir assez de…), lasser (se), prendre (en aversion, en grippe, etc.). || Se dégoûter de faire qqch.
11 (…) comme les hommes ne se dégoûtent point du vice, il ne faut pas aussi se lasser de leur reprocher (…)
La Bruyère, les Caractères, Introduction.
12 Je pèche souvent par orgueil, comme il arrive aux gens de petite origine qui se dégoûtent du milieu où ils sont nés.
Colette, la Naissance du jour, p. 181.
——————
dégoûté, ée p. p. et adj.
ÉTYM. (V. 1380).
1 Dégoûté de, qui n'a pas ou plus de goût pour.
13 C'est la viande, et je sais que vous vous en dites dégoûté, et que vous ne vivez plus que de mauvais herbages. Mais il n'importe, vous vous forcerez et, quand même vous y auriez de la répugnance, vous n'en ferez rien paraître.
G. Sand, la Petite Fadette, XXXIX, p. 248.
Dégoûté des autres, de soi-même. || Dégoûté de la vie, de tout. Aigri, blasé, déçu (par), désenchanté, fatigué, las, lassé, rassasié, revenu (de tout).
14 Me voilà tout à fait dégoûté de mon mariage (…)
Molière, le Mariage forcé, 7.
15 (…) ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d'argent (…)
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 2.
16 J'étais au désespoir, ou pour mieux dire profondément dégoûté de la vie de Paris, de moi surtout.
Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 63.
17 (…) un mort vaut mieux qu'un vivant dégoûté de vivre.
A. de Musset, Confession d'un enfant du siècle, II, V, p. 135.
18 Elle était aussi dégoûtée de lui qu'il était fatigué d'elle.
Flaubert, Mme Bovary, III, VI, p. 185.
2 Qui éprouve du dégoût. Écœuré.
19 (…) l'horrible spectacle que peut donner à un homme dégoûté la foule humaine qui s'amuse.
Maupassant, La vie errante, I, p. 4.
3 Qui éprouve facilement du dégoût (spécialt, pour la nourriture). Délicat, difficile.Iron. || Vous êtes bien dégoûté !Dans le même sens (antiphrase) : || Pas dégoûté !
N. || Faire le dégoûté : se montrer difficile (sans raison).
20 (…) et ceux qui autrefois firent les dégoûtés, ont bien changé d'avis.
P.-L. Courier, I, 118.
Il n'est pas dégoûté : il se contente de n'importe quoi en fait de nourriture.Fig. Il est sans scrupules, sans délicatesse.
CONTR. Affriander, affrioler, appâter, attacher, attirer, charmer, encourager, plaire, tenter. — Envie (avoir envie de), supporter, tolérer, vouloir (de).
DÉR. Dégoût, dégoûtant, dégoûtation.
HOM. Dégoutter.

Encyclopédie Universelle. 2012.