déplaire [ deplɛr ] v. tr. <conjug. : 54>
• 1160; lat. pop. °displacere, de placere « plaire »
I ♦ V. tr. ind.
1 ♦ Ne pas plaire; causer du dégoût, de l'aversion (à qqn, à un groupe...). ⇒ dégoûter. Cet aliment me déplaît. ⇒ répugner. Œuvre, style qui déplaît au public. ⇒ rebuter, ennuyer. — Absolt « Ce qui plaît aujourd'hui déplaît en peu de jours » (Saint-Évremond). — Impers. Il me déplaît d'agir ainsi : il m'est désagréable, pénible... ⇒ coûter. « Tout ce qu'il me déplaisait de redire » (A. Gide).
♢ Personne qui déplaît. ⇒ antipathique. Il me déplaît souverainement. « Je crus m'apercevoir [...] que je ne lui déplaisais pas » (Rousseau), que je lui plaisais. — Pronom. (récipr.) Ils se sont déplu dès leur première rencontre. (Réfl.) rare Je me déplais dans cette robe.
2 ♦ Causer une irritation passagère. ⇒ blesser, choquer, contrarier, fâcher, froisser, gêner, importuner, indisposer, offenser, offusquer, peiner, vexer. « je vous dirai tout net que cette liberté me déplaît excessivement » ( Beaumarchais). « J'étais plus fâché de déplaire que d'être puni » (Rousseau). « voilà Landry qui a tant de chagrin de vous avoir déplu » (Sand).
3 ♦ Loc., ellipt Ne vous déplaise, ne vous en déplaise, n'en déplaise à... : que cela ne vous déplaise pas, ne vous contrarie pas. « Je chantais, ne vous déplaise » (La Fontaine). Iron. Ne vous en déplaise : quoi que vous en pensiez, que cela vous plaise ou vous déplaise. N'en déplaise à son mari, à son orgueil. ⇒ malgré (cf. En dépit de). « Moi, n'en déplaise à ces messieurs, je suis de ceux pour qui le superflu est le nécessaire » (Gautier).
II ♦ V. pron. Ne pas se trouver bien (là où l'on est). Elle s'est déplu dans cette maison. Se déplaire à la campagne.
⊗ CONTR. Plaire, séduire; ravir. — Aimer (s'), plaire (se).
● déplaire verbe transitif indirect (latin displicere, déplaire, avec l'influence de plaire) Être désagréable à quelqu'un, ne pas lui plaire : Ce garçon me déplaît. Causer à quelqu'un une irritation légère, le choquer : Il me déplaît que vous partiez sans nous avertir. ● déplaire (citations) verbe transitif indirect (latin displicere, déplaire, avec l'influence de plaire) Gérard Bauër Le Vésinet 1888-Paris 1967 L'art de plaire est plus difficile, quoi qu'on pense, que l'art de déplaire. Chroniques, I Gallimard ● déplaire (difficultés) verbe transitif indirect (latin displicere, déplaire, avec l'influence de plaire) Conjugaison Comme plaire. Attention à l'accent circonflexe sur le i devant t : cela me déplaît (mais je lui déplais). Accord Le participe passé est toujours invariable : elle m'a déplu ; elles se sont déplu réciproquement ; les choses qu'elle m'a dites m'ont déplu. Construction Déplaire à qqn : cela lui a déplu ; le spectacle a déplu aux critiques, mais le public l'a apprécié. ● déplaire (expressions) verbe transitif indirect (latin displicere, déplaire, avec l'influence de plaire) Ne pas déplaire à quelqu'un, répondre à son goût, le tenter : Un petit voyage à la campagne ne me déplairait pas. Ne vous (en) déplaise, je souhaite que cela ne vous déplaise pas ; quoi que vous pensiez : Je fais ce que je veux, ne vous en déplaise. ● déplaire (synonymes) verbe transitif indirect (latin displicere, déplaire, avec l'influence de plaire) Être désagréable à quelqu'un, ne pas lui plaire
Synonymes :
- dégoûter
- rebuter
- répugner
Contraires :
- agréer
- plaire
Causer à quelqu'un une irritation légère, le choquer
Synonymes :
- choquer
- fâcher
- irriter
- offenser
- peiner
Contraires :
- charmer
- ravir
- séduire
déplaire
v.
rI./r v. tr. indir.
d1./d Ne pas plaire à, ne pas être du goût de. Ce livre m'a déplu. Il a un visage qui me déplaît. Syn. rebuter.
|| Impers. Il me déplaît de: il m'est désagréable de. Il ne me déplairait pas de le revoir.
d2./d Causer du déplaisir. Son comportement m'a beaucoup déplu.
|| Ne vous (en) déplaise: nonobstant votre déplaisir.
rII./r v. Pron. N'éprouver aucun plaisir, ne pas se plaire. Je me déplais en sa compagnie.
— (Récipr.) Au premier coup d'oeil ils se sont déplu.
⇒DÉPLAIRE, verbe trans. indir.
A.— Emploi trans. indir.
1. [Le suj. désigne une chose ou une pers.] Ne pas plaire, ne pas être agréable (à).
a) [Le suj. désigne une chose concr. ou une pers. considérée dans son aspect physique] Déplaire à qqn. Ne pas répondre aux goûts, à la sensibilité de quelqu'un. Cela me répugnerait trop. Ton aspect me déplaît souverainement (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 25). Madame, la fumée de tabac vous déplaît-elle? (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837 p. 160).
— Emploi abs. Ne pas répondre au goût général, à des critères esthétiques. Le goût : (...) est l'instinct prompt et délié de ce qui doit plaire ou déplaire. C'est la conscience du beau (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, p. 162) :
• 1. La musique concrète s'inscrira, s'il se trouve, dans un phénomène de mode, plaira et déplaira, surprendra et lassera aussi vite. L'expérience concrète en musique n'a rien à voir, pour le moment, avec le goût du public et l'humeur de la mode.
SCHAEFFER, À la recherche d'une mus. concr., 1952, p. 124.
b) [Le suj. désigne une chose abstr. ou une pers. considérée dans son comportement] Synon. coûter, faire souffrir, rebuter; anton. charmer, plaire, ravir.
— Ne pas procurer de satisfaction psychologique, morale; ne pas répondre aux aspirations de :
• 2. C'est l'unanimité que j'aime et que je demande. Une seule voix discordante, et le monde me déplaît, me dégoûte, me fait horreur. (...) Il voudrait, de toute son âme, être un conciliateur. C'est un rôle qui lui plaît et qu'il joue avec grâce.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, p. 194.
— Emploi réfl. ou réciproque. Quand on se déplaît et qu'on se hait ou se méprise en soi-même, on peut se plaire, se glorifier et s'honorer en Dieu (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 91). Lucien et lui se déplurent mutuellement (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 370).
♦ Souvent en tournure négative avec un suj. pronom. neutre et fam. On me regarde beaucoup, ça ne me déplaît pas (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 301). Sa voiture légère, qu'il poussait à fond. Ce n'était pas pour me déplaire (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 292).
♦ À la tournure impers. Il (ne) me déplaît (pas) que/de. Il déplaît à l'homme d'être inférieur, et toute obligation nous met dans cet état subalterne (AMIEL, Journal, 1866, p. 101). Bien qu'il ne se permît pas de discuter les actes de son héros, il lui déplaisait que celui-ci eût pensé à des choses laides (ROLLAND, J. Chr., Aube, 1904, p. 81).
— En partic., domaine des relations amoureuses. Ne pas susciter l'amour. Je ne lui déplais pas. Aussi tout mon esprit, tout ce que je puis avoir de charme, lui est consacré, avec un abandon et une soumission entière (CONSTANT, Journaux, 1814, p. 418) :
• 3. Mais si grande était ma crainte de vous déplaire par trop de hardiesse, que les termes dans lesquels je vous écrivis ne vous permirent sans doute pas d'être fixé sur mes sentiments. Je n'osais vous parler de mon amour, et j'en mourais.
MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 919.
2. [Le suj. désigne une personne et son comportement] Heurter quelqu'un dans son amour-propre, dans ses sentiments; causer de la peine; offenser. Cette fille-là me choque et me déplaît (COLLIN D'HARL., Vieux célib., 1792, IV, 7, p. 104). Regard froid, âme brûlante. Cela fait peur, irrite, déplaît, suscite la méfiance (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902-04, p. 278).
— Loc. fam. [Pour marquer une opposition]
a) N'en déplaise à (cf. CONSTANT, Journaux, 1804, p. 142). (Quasi-)synon. en dépit de, malgré.
b) Ne vous déplaise (cf. HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 180) variante du précédent ne vous en déplaise (cf. JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 209).
♦ Avec une nuance d'excuse. Que cela ne vous fâche pas.
♦ Avec une nuance d'ironie. Tant pis si cela vous fâche.
SYNT. a) Déplaire + adv. : déplaire également, fort, singulièrement. b) Déplaire + prép. à + subst. : déplaire à une altesse, au maître, aux/à des personnes, au roi. c) Subst. + prép. de + déplaire : malheur, peur, (au) risque de déplaire. d) Déplaire + prép. à/de + verbe : déplaire à/de voir; verbe + prép. de + déplaire : craindre de déplaire. e) Verbe auxil. + déplaire : devoir, pouvoir déplaire. PARAD. a) (Quasi-)synon. blesser, choquer, contrarier, fâcher, froisser, gêner, indisposer, offusquer, vexer. b) (Quasi-)anton agréer, plaire.
B.— Emploi pronom. (comme verbe subjectif). Être mal à l'aise dans un lieu. Synon. ne pas être à son aise, dans son élément, s'ennuyer; anton. être à son aise, se plaire.
1. [En parlant de pers.] :
• 4. Sans doute, chaque fois que je lui avais demandé si elle ne se déplaisait pas chez moi, elle m'avait toujours répondu qu'elle ne savait pas où elle pourrait être plus heureuse. Mais souvent ces paroles étaient démenties par un air de nostalgie, d'énervement.
PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 177.
2. P. anal. [En parlant de plantes ou d'animaux] Ces plantes se déplaisent en cet endroit (Ac. 1835).
Rem. Le part. passé déplu est toujours inv. même accompagné de l'auxiliaire être à la forme pronom. Cf. complaire rem.
Prononc. et Orth. :[], (je) déplais []. Enq. :/deple, (D)/ (il) déplaît. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1160 « ne pas plaire (à quelqu'un), le mécontenter » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 4371); 1577 se desplaire « être fâché, être triste » (R. BELLEAU, La Reconnue, IV, 3 ds HUG.); 1613 n'en desplaise a (Regnier, éd. G. Raibaud, XIV, 130); 1643 « s'ennuyer, ne pas se plaire (quelque part ou avec quelqu'un) » fig. (ROTROU, St Genest, éd. E.-T. Dubois, II, 7). Dér. de plaire; (préf. de(s)-), d'apr. le lat. class. displicere « déplaire ». Fréq. abs. littér. :1 912. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 039, b) 2 627; XXe s. : a) 2 516, b) 2 616.
déplaire [deplɛʀ] v. tr. ind. [CONJUG. plaire.]
ÉTYM. 1160; de 1. dé-, et plaire, d'après le lat. pop. displacere « déplaire ».
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1 Ne pas plaire; causer du dégoût, de l'aversion (à qqn, un groupe…). ⇒ Dégoûter. || Cette odeur, cet aliment nous déplaît. ⇒ Répugner. || Travail, œuvre, style qui déplaît aux lecteurs. || Film qui déplaît au public. ⇒ Rebuter, ennuyer. — (Sans compl. second). || Il y a des moments où tout déplaît. || S'éloigner de ce qui déplaît.
1 L'ambition déplaît quand elle est assouvie,
D'une contraire ardeur son ardeur est suivie (…)
Corneille, Cinna, II, 1.
2 Je sais que tout déplaît aux yeux d'une captive (…)
Racine, Iphigénie, II, 1.
3 De nos désirs errants rien n'arrête le cours;
Ce qui plaît aujourd'hui déplaît en peu de jours (…)
4 La veuve Guérin était bien faite et ne manquait pas de fraîcheur. Mais elle avait une expression de visage et une toilette qui déplurent tout d'abord à Germain.
G. Sand, la Mare au diable, XII, p. 103.
5 Il s'appelle Maurice. Juliette a horreur de ce prénom, qui a dû lui déplaire toujours — du moins elle le suppose — mais dont elle ne sent la laideur que depuis qu'elle est mariée.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, I, p. 6.
♦ (Emploi impers.). || Il me déplaît d'agir ainsi, il m'est désagréable, pénible… ⇒ Coûter, souffrir (ne pouvoir souffrir de); désagréable, pénible.
6 Croyez qu'il me déplaît et très sensiblement,
De vous devoir dédire une fois seulement (…)
7 (…) combien mon livre s'est appauvri de tout ce qu'il me déplaisait de redire.
Gide, Journal, 4 août 1922.
♦ (Sujet n. de personne). Être antipathique. || Cet homme me déplaît souverainement (→ Je ne peux pas le souffrir, et, fam., le voir, le sentir. ⇒ Détester). — Par euphém. || Elle ne lui déplaît pas : elle lui plaît.
8 Il vous aurait déplu, s'il pouvait vous déplaire.
Racine, Andromaque, II, 1.
9 Mille gens déplaisent avec des qualités aimables; mille gens plaisent avec de moindres talents : c'est que les uns veulent paraître ce qu'ils ne sont pas; les autres sont ce qu'ils paraissent (…)
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 3, De l'air et des manières.
10 Je crus m'apercevoir, dès la première visite, que, malgré mon air gauche et mes lourdes phrases, je ne lui déplaisais pas.
Rousseau, les Confessions, X.
2 Causer une irritation passagère. ⇒ Blesser, choquer, contrarier, fâcher, froisser, gêner, importuner, indisposer, offenser, offusquer, peiner, vexer. — (Sujet n. de chose). || Réflexion, attitude qui déplaît à qqn; absolt, qui déplaît.
11 Quelque mine qu'on fasse, on est toujours bien aise d'être aimée : ces hommages à nos appas ne sont jamais pour nous déplaire.
Molière, le Sicilien, 6.
12 (…) ce papier n'est autre que la lettre de mon cousin, que vous m'avez rendue hier toute décachetée; et puisqu'il en est question, je vous dirai tout net que cette liberté me déplaît excessivement.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, II, 15.
♦ (Sujet n. de personne). || Personne qui déplaît à qqn par maladresse, insolence,… (→ Encourir l'antipathie, l'aversion, la haine, la défaveur, la disgrâce de qqn; être la bête noire, ne pas être en odeur de sainteté). || Il a tout fait pour nous déplaire. || J'ai craint de lui déplaire en exprimant ma désapprobation.
13 Et, si vous vous aimez, craignez de lui déplaire.
Corneille, Nicomède, III, 2.
14 J'étais plus fâché de déplaire que d'être puni, et le signe du mécontentement m'était plus cruel que la peine afflictive.
Rousseau, les Confessions, I.
15 Mon père, voilà Landry qui a tant de chagrin de vous avoir déplu qu'il ne peut rien dire. Donnez-lui son pardon et l'embrassez, car il va pleurer à nuitée, et il serait trop puni par votre mécontentement.
G. Sand, la Petite Fadette, XXIX, p. 192.
3 ☑ Loc. ellipt. Ne vous déplaise, ne vous en déplaise, n'en déplaise à… : que cela ne vous déplaise pas, ne vous fâche pas.
16 Nuit et jour, à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
La Fontaine, Fables, I, 1.
♦ Iron. || Ne vous en déplaise : quoi que vous en pensiez, que cela vous plaise ou vous déplaise. || N'en déplaise à son mari, à son orgueil. ⇒ Dépit (en dépit de), malgré.
17 (…) j'ai, ne vous en déplaise, un corps tout comme une âme (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
18 (…) n'en déplaise à sa qualité, c'est la plus sotte bête (…)
Molière, la Critique de l'École des femmes, 2.
19 Moi, n'en déplaise à ces messieurs, je suis de ceux pour qui le superflu est le nécessaire; — et j'aime mieux les choses et les gens en raison inverse des services qu'ils me rendent.
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 32 (éd. critique Matoré).
20 N'en déplaise à ceux qui pourraient nier l'influence du terroir, je sentais qu'il y avait en moi je ne sais quoi de local et de résistant (…)
E. Fromentin, Dominique, IX.
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se déplaire v. pron.
1 (Réfl.). Ne pas se trouver à son propre goût. || Il se déplaît en costume de sport.
♦ (1643). Ne pas se trouver bien (là où l'on est). ⇒ Mal (être mal). || Elle s'est déplu dans cette maison. || Se déplaire à la ville, à la campagne. — Par anal. || Plante qui se déplaît, s'étiole dans un endroit peu favorable à sa croissance.
2 (Récipr.). || Ils se sont déplu dès leur première rencontre.
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DÉR. Déplaisance, déplaisant.
Encyclopédie Universelle. 2012.