faufiler [ fofile ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Coudre à grands points pour maintenir provisoirement (les parties d'un ouvrage) avant de les fixer définitivement. ⇒ bâtir. Faufiler un ourlet, une couture. Faufiler une manche.
2 ♦ Fig. Vx Introduire adroitement. Parmi ces pièces d'argent, il en a faufilé une fausse.
3 ♦ SE FAUFILER v. pron. (1694) S'introduire habilement. ⇒ s'insinuer, s'introduire. Il « s'était faufilé à la maison comme être subalterne, ne s'offensant de rien, bon flatteur de tous » (Stendhal).
♢ (1823) (Concret) Passer, se glisser adroitement à travers. ⇒ se couler, se glisser. Se faufiler dans la foule, à travers la foule. Un resquilleur qui se faufile entre les files d'attente. Le serpent « se faufila entre les pierres avec un léger bruit de métal » (Saint-Exupéry). — (Choses) « La route se faufile dans un vallon si resserré qu'il garde à peine la voie d'une voiture » ( Chateaubriand).
● faufiler verbe transitif (ancien français forfiler, de fors, en dehors, et filer, avec l'influence de faux) Coudre provisoirement à longs points, avant l'exécution définitive. ● faufiler verbe transitif (de faufiler) Introduire adroitement la main, le bras, etc., quelque part : Faufiler sa main dans le tiroir entrouvert.
faufiler
v.
d1./d v. tr. COUT Coudre provisoirement à grands points.
d2./d v. Pron. Se glisser adroitement ou en tentant de passer inaperçu. Il s'était faufilé parmi les invités.
I.
⇒FAUFILER1, verbe trans.
COUT. Coudre provisoirement à grands points (les parties d'un ouvrage) afin de (les) maintenir en place avant la couture définitive. Synon. bâtir1; anton. défaufiler. Je faufilais les chemises à l'ouvroir pour les sœurs (GIRAUDOUX, Folle, 1944, I, p. 93).
— Emploi abs. Elle savait tout faire : couper les vêtements d'homme, faufiler, piquer, broder, tricoter (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 61).
— P. métaph. Un voile transparent de vapeur impalpable, comme faufilé aux grands roseaux de la rive, en couvrait de sa gaze ténue le miroir étincelant [de la mare] (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 153).
REM. 1. Faufil, subst. masc. Fil passé provisoirement à grands points au travers des parties d'un ouvrage, afin de les maintenir en place, avant la couture définitive (attesté notamment ds ROB. et Lar. Lang. fr.). 2. Faufilure, subst. fém. Synon. de faufil. Examinant la robe et se penchant pour arracher quelques faufilures (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 430).
Prononc. et Orth. :[fofile], (je) faufile [fofil]. Ds Ac. 1694-1740 sous les 2 formes fauxfiler ou faufiler. Ds Ac. 1762-1932 uniquement sous la graph. moderne. Étymol. et Hist. Cf. faufiler2.
II.
⇒FAUFILER2, verbe.
A.— Vieilli, emploi trans. Introduire, glisser adroitement (quelque chose ou quelqu'un). Ce matin, à la messe, j'ai eu, un instant, l'idée d'offrir ma pièce du pape au chaisier, pour voir s'il la refuserait. La crainte de désoler quelque dévote riche, à laquelle il l'aurait immédiatement faufilée, m'a retenu (BLOY, Journal, 1894, p. 161). La veille du départ, d'Épernon, en grand mystère, avait faufilé à bord une sorte de mendiant merveilleusement déguisé (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 4). Louis Bastide, faufilant son cerveau entre les visiteurs inquiets et les marchands de médailles, avait repris sa course (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 186).
B.— Usuel, emploi pronom.
1. Se frayer un passage. Synon. se couler. Sept voitures seulement furent remplies (...). Aristide eut l'esprit de se faufiler avec les époux Vieux-noir. Les autres suivaient (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 335). Doucement, il était sorti de sa chambre; sur la pointe des pieds, il se faufilait par le vestibule (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 74). Je me faufilai à travers la cohue et je touchai le bras de Paule (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 507).
— P. anal. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Synon. serpenter. La route se faufile dans un vallon si resserré (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 305). Les ruelles qui se faufilent derrière les grandes résidences (MORAND, Londres, 1933, p. 177).
2. Au fig.
a) Faire habilement son chemin dans, à travers. Les uns se faufilent dans les difficultés, les autres sont arrêtés tout de suite et doivent mourir (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 119).
b) Souvent péj. S'introduire habilement dans un milieu, entrer en relation avec des personnes plus ou moins estimables. Synon. s'immiscer, s'insinuer. J'essayerai de me faufiler avec le parti vainqueur (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 121). L'occasion était belle de se faufiler à la cour à la suite du plus grand musicien et du plus grand poète du siècle (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 215) :
• La vue de quelques écus n'aurait pas fait peur à la Poule-Courte. Mais enfin elle démangeait surtout de se faufiler dans une bonne maison et d'y être au temps du jeune ménage comme une marmite montée.
POURRAT, Gaspard, 1930, p. 104.
REM. 1. Faufilé, ée, part. passé, adj. et subst., rare. a) Emploi adj., littér. Alban passa la main sous la sangle de sa selle, (...) et pour ce geste, où il y avait en effet quelque chose d'une caresse faufilée, la jument frissonna comme une femme (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 406). b) Emploi subst. Personne qui a réussi à s'introduire dans un milieu. Claudius Popelin, l'émailleur, un faufilé partout, un artiste devenu riche et resté amer (GONCOURT, Journal, 1868, p. 410). 2. Faufilement, subst. masc. Fait d'introduire habilement quelqu'un ou quelque chose. Zola a une « gens » de jeunes fidèles, dont le malin écrivain entretient et nourrit du reste l'admiration, l'enthousiasme, la flamme par l'octroi de correspondances à l'étranger, le faufilement bien payé dans les journaux où il règne en maître (GONCOURT, Journal, 1879, p. 23).
Prononc. et Orth. Cf. faufiler1. Étymol. et Hist. I. 1684 faufilé (BOISLISLE, Corresp. des contrôleurs gén., I, 15 ds DG); 1690 faufiler (FUR.). II. 1694 pronom. « s'insinuer, s'introduire (dans une foule, une société) » (E. BOURSAULT, Les mots à la mode, sc. 4, p. 10); 1823 id. « se glisser adroitement à travers des obstacles » (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 340). Altération de forfiler (1348 fourfiler ap. DEHAISNES, Hist. de l'art en Flandre, I, 366 ds DELB. Rec.) composé de fors et de filer sous l'infl. de faux. Fréq. abs. littér. :241. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 82, b) 324; XXe s. : a) 380, b) 548. Bbg. QUEM. DDL t. 5.
faufiler [fofile] v. tr.
ÉTYM. 1684, au p. p.; altér. par attraction de faux, de farfiler, fourfiler (XIVe); comp. de fors « hors » et de fil.
❖
1 Coudre à grands points pour maintenir provisoirement les parties d'un ouvrage avant de les fixer définitivement. ⇒ Baguer, bâtir. || Faufiler un ourlet, une couture. || Faufiler une manche. || Faufiler une bande de tissu avec une autre. — Par métaphore :
1 (…) la savane chaude où le serpent faufile l'herbe (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « Le naturaliste et la chatte ».
1.1 Pour faufiler la nuit avec le jour, pour ne pas perdre le bénéfice de cette nuit qui sait si bien armer le jour, nous finissons par camper les uns chez les autres.
A. Blondin, Monsieur Jadis, p. 74.
2 Fig. (Vx). Introduire adroitement. || Parmi ces pièces d'argent, il en a faufilé une fausse. — Faire société (avec), s'introduire dans une société. — Au p. p.
2 C'était dans le malheureux temps où, faufilé parmi les riches et les gens de lettres, j'étais quelquefois réduit à partager leurs tristes plaisirs.
Rousseau, Rêveries…, 9e promenade.
——————
se faufiler v. pron.
ÉTYM. (1832).
♦ S'introduire habilement. ⇒ Insinuer (s'), introduire (s'). || Il essaie de se faufiler dans un milieu qui n'est pas le sien.
3 M. Tourte, horriblement bossu et commis expéditionnaire de l'ad(ministration) du Département, s'était faufilé à la maison comme être subalterne, ne s'offensant de rien, bon flatteur de tous.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, XII.
4 Mais j'ai bien l'impression que c'est un pur hasard qui me permet — à moi personnellement — de me faufiler dans ce milieu-là.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XXI, p. 281.
♦ (Mil. XXe; 1856, Lachâtre). Concret. Se glisser adroitement à travers, généralement sans être aperçu. ⇒ Couler (se), glisser (se). || Se faufiler dans la foule, à travers la foule (→ Agile, cit. 5; encombrement, cit. 3). || Un resquilleur qui se faufile entre les files d'attente.
5 Je m'étais faufilé sur le pont et m'étais étendu, sans attirer l'attention de personne (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, Manuscrit trouvé dans une Bouteille.
6 (…) le serpent se laissa doucement couler dans le sable, comme un jet d'eau qui meurt, et, sans trop se presser, se faufila entre les pierres avec un léger bruit de métal.
Saint-Exupéry, le Petit Prince, XXVI.
7 Quand une bagarre s'envenimait, le Calife savait se faufiler adroitement afin de gagner la rue et prévenir le poste de police.
P. Mac Orlan, la Bandera, VI.
8 (…) je me suis faufilé par un petit chemin qui descend entre les haies (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 450.
♦ (Choses). || Vent qui se faufile sous les tuiles du grenier.
9 (…) la route se faufile dans un vallon si resserré qu'il garde à peine la voie d'une voiture.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 135.
10 (…) des longs, des très longs bas noirs, qui grimpent à l'assaut des jambes fines, escaladent les genoux, se faufilent sournois par l'étranglement des tuyautés.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IIe tableau, I.
❖
DÉR. Faufil, faufilage, faufilure.
Encyclopédie Universelle. 2012.