couler [ kule ] v. <conjug. : 1>
• 1131; lat. colare
I ♦ V. intr.
A ♦
1 ♦ (XIIe) Se déplacer, se mouvoir naturellement (liquides). ⇒ s'écouler, fluer. Couler à flots. Couler doucement (⇒ 1. filet) , goutte à goutte (⇒ goutter) . Le sang coule dans les veines. ⇒ circuler. Eau qui coule d'une source. ⇒ gicler, jaillir, fam. pisser, ruisseler. Rivière qui coule lentement, vers un fleuve (⇒ affluer, confluer) . La Seine coule à Paris. ⇒ arroser, traverser. Eau qui coule d'un robinet, d'un tonneau. ⇒ dégouliner, dégoutter, se déverser, se répandre. — Faire couler un bain (l'eau du bain).
♢ Loc. Faire couler beaucoup d'encre : faire écrire beaucoup à son sujet.
2 ♦ S'échapper au dehors (liquides organiques). Littér. Laisser couler ses larmes : épancher ses pleurs. — Sang qui coule d'une blessure. — Fig. Faire couler le sang : être la cause d'une guerre, d'un massacre. Le sang a coulé : il y a eu des blessés ou des morts. — La sueur coulait sur son front, « lui coulait du front » (Sand).
♢ Devenir liquide. Fromage qui coule, dont la pâte molle se répand (⇒ 1. coulant) . La bougie coule.
3 ♦ Fig. L'argent lui coule des doigts. ⇒ glisser. — Littér. Le temps coule. ⇒ s'écouler, filer, fuir, glisser, passer. « L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive; Il coule, et nous passons ! » (Lamartine).
4 ♦ Loc. COULER DE SOURCE : venir naturellement, être la conséquence normale. ⇒ découler. Ça coule de source. « Cette idée-mère une fois arrêtée, tout le reste a coulé de source » (Brillat-Savarin).
5 ♦ (1611) Avorter à la floraison (arbres fruitiers, vigne).
B ♦ (XVe) Laisser échapper un liquide. Tonneau qui coule de toutes parts. ⇒ fuir, se vider. Stylo qui coule, qui laisse échapper l'encre. — Nez qui coule, duquel s'écoule de la morve.
C ♦ (1527 couler bas) Ne pas pouvoir rester à la surface de l'eau, s'enfoncer. Le navire a coulé à pic. ⇒ sombrer. Canot qui ne coule pas (⇒ insubmersible) . Le nageur a coulé. ⇒ se noyer . « les naufragés qui coulent dans les eaux noires et profondes » (Loti)(cf. ci-dessous, II, 4o ). — Fig. Aller à sa perte. Le régime coule.
II ♦ V. tr.
1 ♦ Faire passer (un liquide) d'un lieu à un autre. ⇒ verser. Couler la lessive. Couler un liquide à travers un filtre, un linge. ⇒ filtrer, passer.
♢ (1680) Jeter dans le moule (une matière en fusion). ⇒ mouler. Couler de la cire, du bronze. — Couler du béton : remplir un coffrage de béton frais. — Par ext. Couler une dalle de béton. Couler un lingot. — Typogr. Couler une matière dans l'empreinte d'une forme. ⇒ clicher. — Par métaph. Couler sa pensée dans les mots, la mettre en forme (comme dans un moule).
♢ Spécialt Faire fondre (un métal). Couler une bielle, faire fondre l'alliage dont elle est chemisée et sans lequel elle ne peut fonctionner. « un vieux moteur déglingué aux bielles coulées » (Duras ).
2 ♦ (XIIIe; → coulisse) Faire entrer, passer doucement. ⇒ glisser, passer. « Il coule sans bruit sa clef dans la serrure » (France).
♢ Fig. Elle était venue « lui couler à l'oreille un mot de recommandation » (France). « il coule vers elle un sourire, un regard » (Romains).
3 ♦ Passer (une période de temps) (cf. Le temps coule,ci-dessus). Couler une vie heureuse, des jours heureux. ⇒ passer. — Fam. Se la couler douce : mener une vie heureuse, sans complication (cf. Ne pas s'en faire).
4 ♦ Faire sombrer (un navire). Couler un navire en le torpillant. Couler volontairement son propre navire. ⇒ se saborder.
♢ Fig. Perdre dans l'estime d'autrui. ⇒ discréditer. On l'a coulé. « Enfin ils se dévoilent. Ils sont coulés, fiston » (Anouilh).
III ♦ (de II, 2o) SE COULER v. pron. Passer d'un lieu à un autre, sans faire de bruit. ⇒ se glisser. « en se coulant le long des murs » (Balzac). — Se couler dans son lit. Se couler adroitement dans la foule. ⇒ se faufiler. Se couler doucement, furtivement, sans bruit. ⇒ s'introduire, pénétrer.
● Couler sombrer, s'abîmer au fond de l'eau ; se noyer dans une grande quantité d'eau.
couler
v.
rI./r v. intr.
d1./d Se mouvoir, aller d'un endroit à un autre d'un mouvement continu (liquides). Le ruisseau coule lentement.
|| Se liquéfier. Cire, beurre qui coule.
d2./d Laisser échapper un liquide. Le robinet coule.
d3./d Sortir, s'échapper (liquides). Le sang coulait de sa lèvre fendue.
|| Fig. Faire couler de l'encre: susciter de nombreux écrits.
|| (Choses) Couler de source.
d4./d Glisser, s'échapper. Farine, sable qui coule dans la main.
|| Fig. L'argent lui coule entre les doigts: il est très dépensier.
d5./d Passer (temps). Les jours coulaient paisiblement.
d6./d S'enfoncer, disparaître dans l'eau. Le navire a coulé.
|| Fig. Une affaire, une entreprise qui coule. Syn. sombrer.
rII./r v. tr.
d1./d Faire passer un liquide d'un récipient dans un autre.
|| (Guad., Mart., Réunion) Couler le café: faire le café.
d2./d Verser (une substance fluide) dans un moule où elle se solidifie. Couler du béton, de l'acier en fusion.
d3./d Vieilli ou litt. Glisser, faire passer discrètement (qqch) quelque part.
— Par ext. Couler un regard à qqn.
d4./d MUS Couler des notes, les jouer, les chanter liées.
d5./d Couler un navire, le faire sombrer.
|| Fig. Ruiner, discréditer. Couler qqn, couler une maison de commerce.
d6./d Passer (son temps). Couler des jours heureux.
|| v. Pron. Loc. Fam. Se la couler douce: mener une vie agréable, sans soucis.
rIII/r v. Pron. Fig. Se perdre, perdre son crédit.
I.
⇒1, verbe.
[En réf. avec un liquide considéré dans son mouvement]
I.— Emploi intrans.
A.— [Le suj. ou l'agent désigne un liquide]
1. Se déplacer (en pente) d'un mouvement continu et naturel. Le fleuve coule; le sang coule dans les veines. L'eau coule avec bruit sur le zinc des gouttières (BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 172) :
• 1. C'est un grand ambitieux et un illuminé et en même temps c'est un paysan dans les veines de qui coule le même sang que dans les veines de son frère, l'affreux Quirin Baillard.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 8, 1909-11, p. 236.
— [Avec évocation explicite ou tacite de l'orig. du mouvement] S'échapper hors de, s'épancher. Laisser couler ses larmes. Épancher ses pleurs. Le sang coule d'une blessure. On n'aperçoit d'autre arbre que le pin avec son entaille d'où coule la résine (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 14).
— Expressions
♦ Faire couler le sang. Causer un massacre. Le sang a coulé. Il y a eu des blessés.
♦ Faire couler beaucoup d'encre. Faire écrire beaucoup à son sujet :
• 2. Depuis lors, les auteurs qui ont traité d'intégration se sont partagés entre ces deux points de vue, non sans entrer dans des débats qui ont fait couler beaucoup d'encre sinon beaucoup de sang.
BOURBAKI, Éléments d'hist. des math., 1960, p. 258.
2. P. anal.
a) [En parlant d'une chose dont le mouvement ressemble à celui d'un liquide] Se déverser d'un mouvement continu; glisser, tomber en glissant. Le sable coule; un nœud coule le long d'une corde. On a entendu couler du sable et tomber des pierres (GIONO, Regain, 1930, p. 18).
b) [En parlant d'un fruit] Avorter sous l'effet d'agents atmosphériques défavorables et tomber avant maturation (cf. coulure) :
• 3. Les vallées humides qui reçoivent un cours d'eau sont sujettes à des brouillards froids qui font couler les fleurs...
A. DU BREUIL, Cult. des arbres et arbrisseaux à fruits de table, 1876, p. 16.
3. P. ext., au fig. [Avec une idée soit d'abondance, soit de continuité, soit d'agilité, d'habileté] Les bougainvillers coulent en nappes cuivrées de la pergola sous laquelle joue l'orchestre (MORAND, Route Indes, 1936, p. 142).
a) [Le suj. désigne une foule en mouvement] :
• 4. ... le pressoir des bombardiers, qui pèse lourdement sur les villes, a fait couler un peuple entier le long des routes, comme un jus noir.
SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, p. 315.
b) [Le suj. désigne le temps] :
• 5. Ils [les promeneurs du dimanche] sentaient les minutes couler entre leurs doigts; auraient-ils le temps d'amasser assez de jeunesse pour repartir à neuf le lundi matin?
SARTRE, La Nausée, 1938, p. 74.
c) [Le suj. désigne un mode d'expression] :
• 6. Homère a l'éloquence des discours, un pathétique qui coule par torrents, cette voix qui sort des entrailles...
SAINTE-BEUVE, Étude sur Virgile, 1857, p. 169.
♦ Loc. fig. Couler de source. Se produire de façon naturelle, spontanée, logique :
• 7. Tout ce qu'écrit M. Guizot est ferme et spécieux, d'une médiocrité élevée. Cela lui coule de source. Nul effort : c'est son niveau.
SAINTE-BEUVE, Pensées et maximes, 1869, p. 92.
B.— [Le suj. désigne le contenant d'un liquide]
1. Laisser échapper un liquide. Le récipient coule. Un stylo qui coule. Qui laisse échapper l'encre de son réservoir, de sa cartouche.
2. P. anal.
a) Nez qui coule. Duquel s'écoulent des humeurs.
b) La chandelle coule. La cire fond et glisse le long de la bougie. Embarrassé par son cierge qui coulait et menaçait de le cribler de taches, il remuait doucement sur place (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 99).
c) [En parlant du fromage] Devenir liquide, partiellement ou totalement; perdre de sa consistance :
• 8. La planète est, parce que ses courses sont réglées (...) Mais, du dedans, l'homme coule comme un fromage; il n'est pas. Il ne sera que s'il se connaît.
SARTRE, Situations I, 1947, p. 218.
II.— Emploi (factitif) trans.
A.— [Le compl. d'obj. dir. désigne un liquide ou toute autre matière pouvant se mettre en mouvement comme un liquide]
1. Faire passer dans un mouvement continu un liquide d'un lieu à un autre. Couler un sirop sur un gâteau :
• 9. ... c'est une lave en ébullition que la ménagère dompte et coule orgueilleusement dans les pots [de confiture].
S. DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, 1949, p. 241.
— Spécialement
♦ Couler le lait. Filtrer le lait.
♦ Couler la lessive. Verser de l'eau chaude sur le linge que l'on fait bouillir dans une lessiveuse. Elle [Félicité] se rappela sa lessive; l'ayant coulée la veille, il fallait aujourd'hui la rincer (FLAUB., Trois contes, Un Cœur simple, 1877, p. 39).
Rem. On rencontre, en Suisse romande, couleuse, subst. fém., vieilli. Récipient dans lequel on coule la lessive. Synon. lessiveuse. Ces couleuses en zinc, qui sont maintenant si communes partout (A. Reymond ds Almanach du Messager boiteux de Neuchâtel, 1919, p. 74).
2. Verser dans un moule une matière en fusion. Couler du bronze. Le plomb est facile à couler (cf. ALVIN, Artillerie, Matériel, 1908, p. 202).
♦ P. métaph. Couler sa pensée dans des mots. La mettre en forme comme dans un moule :
• 10. À mesure que le prosateur expose des sentiments, il les éclaircit; pour le poète, au contraire, s'il coule ses passions dans son poème, il cesse de les reconnaître...
SARTRE, Situations II, 1948, p. 69.
♦ Spéc., TYPOGR. Couler une matière dans l'empreinte d'une forme (cf. clicher1).
— P. anal. Couler du béton. Remplir les coffrages de béton frais. Couler une pierre. La sceller avec du plâtre, du mortier ou du ciment gâchés clairs.
3. Emploi pronom. réfl.
a) [Le suj. désigne une pers.]
♦ Se fondre dans, se mouler dans :
• 11. ... tandis que le conformisme est pour l'homme tout naturel (...) il faudra que la femme qui est elle aussi sujet, activité, se coule dans un monde qui l'a vouée à la passivité.
S. DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, 1949, p. 525.
♦ S'introduire ou s'échapper furtivement, se glisser :
• 12. ... elle [Madeleine] vit Lobrichon qui s'était coulé à côté d'elle et qui cherchait à la serrer contre lui.
ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 36.
• 13. La naine sourit, puis, se coulant hors de la pièce, alla rejoindre la vieille.
F. CARCO, À voix basse, 1938, p. 109.
b) [Le suj. désigne une chose; en parlant d'un regard, d'une voix] Se glisser furtivement, s'insinuer :
• 14. Paquita parut honteuse; elle baissa les yeux pour ne pas revoir les yeux d'Henri, mais son regard se coula par en-dessous...
BALZAC, La Fille aux yeux d'or, 1835, p. 363.
• 15. Sa voix surtout [d'Armand], cette voix dont elle [Hélène] connaissait les moindres nuances, cette voix qui se coulait toujours dans les moindres replis de son cœur, — ah! cette voix avait une dureté cruelle, presque métallique.
P. BOURGET, Un Crime d'amour, 1886, p. 199.
B.— P. ext. Fabriquer un objet en métal fondu. Couler une cloche :
• 16. ... Saint Dustan (...) qui coula de sa propre main deux cloches pour l'abbaye d'Abbington...
G. SCHMITT, C. SIMON, J. GUÉDON, Nouv. Manuel complet de l'organiste, 1905, p. 53.
III.— [Le compl. d'obj. dir. désigne autre chose qu'un liquide]
A.— Faire passer quelque chose d'un endroit à un autre furtivement, doucement :
• 17. Le général désire que l'auberge du Général reconnaissant restât ouverte à tous les voyageurs militaires, et lui-même se plaisait à les servir et à couler des pièces d'or dans leurs poches.
Ctesse DE SÉGUR, L'Auberge de l'ange gardien, 1863, p. 367.
— Au fig. Couler un mot à l'oreille de qqn. Murmurer. Couler un mot dans la conversation. Glisser, insinuer, risquer.
Rem. Selon DUPRÉ 1972 ,,aujourd'hui, on emploie de préférence l'express. glisser dans la main plutôt que couler dans la main``.
B.— [En parlant d'un mouvement] CHORÉGR. Couler un pas de danse (cf. coulé B 1). MUS. Couler des notes (cf. lier). Terme de billard. Couler une bille (cf. coulé, subst. masc., B 2).
— P. ext. Couler un regard. Regarder en dessous, à la dérobée. Elle lui coula un regard si naïvement provoquant qu'il fut déconcerté (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 53).
C.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une durée] Couler une vie, des jours heureux.
— Emploi pronom., fam. Se la couler douce. Mener une vie agréable. Absol. Se la couler. Ne pas se faire de souci.
Prononc. et Orth. :[kule], (je) coule [kul]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. couler2.
II.
⇒COULER2, verbe.
[En réf. avec une masse d'eau considérée comme porteuse]
A.— Emploi intrans. [Le suj. désigne une embarcation qui ne se maintient plus à la surface de l'eau] S'engloutir, aller au fond de. Le navire coule.
— Couler à pic. Tomber au fond de l'eau; et en parlant d'une personne, se noyer. Je me débattais entre mille rêves fabuleux, comme un noyé qui coule à pic (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 85).
♦ P. métaph. [En parlant d'un tout organisé : civilisation, entreprise, etc.] Sombrer, péricliter jusqu'à la ruine, jusqu'à l'effondrement :
• 1. Dans une brève lucidité, elle vit l'Universelle suer l'argent de toutes parts, un lac, un océan d'argent, au milieu duquel, avec un craquement effroyable, tout d'un coup, la maison coulait à pic. Ah! l'argent, l'horrible argent, qui salit et dévore!
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 237.
[En parlant d'une pers.] Fam. Se ruiner (en affaires) (cf. coulé, part., II B 2). Pop. Mourir.
B.— Emploi (factitif) trans. [Le compl. d'obj. dir. désigne une embarcation, bateau, navire, etc.] Envoyer au fond de l'eau. Couler bas. Provoquer un naufrage :
• 2. ... les deux bateaux rivaux (...) luttent de vitesse; il y en a un qui est parvenu à couler bas son adversaire tout récemment.
NERVAL, Voyage en Orient, t. 1, 1851, p. 4.
— Au fig. Ruiner quelqu'un ou quelque chose. Couler qqn, couler une entreprise. Nous pouvons avec cette folie couler en un soir une réputation de quinze ans (ANOUILH, Répét., 1950, I, p. 27).
Prononc. et Orth. :[kule], (je) coule [kul]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. trans. « filtrer, épurer (ici de l'argent) » (Psautier Cambridge, 11, 6 ds T.-L.); 1511 couller buee (Exéc. test. de Katherine Mesquin, A. Tournai ds GDF. Compl.); 2. 1131 intrans. « se déplacer, se mouvoir naturellement (d'un liquide) » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 771); 1176 trans. « faire glisser, verser dans (ici du plomb fondu) » (CHR. DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 5922); 1680 couler le cuivre, couler l'étain (RICH.); d'où 1754 un coulé (Encyclop. t. 4 : Il se dit de tout ouvrage jetté en moule); une coulée « endroit par où s'échappe la fonte » (ibid.); 1829 « masse de matière en fusion » (BALZAC, Corresp., p. 380 : ... comme si on dérangeait le fondeur de cloches au moment de la coulée); 3. 1154-73 pronom. « se glisser dans » (B. DE STE-MAURE, Troie, 21358 ds T.-L.); 1176 trans. « faire glisser, faire pénétrer (ici une épée dans un corps) » (CHR. DE TROYES, op. cit., 3697); 1177-80 intrans. « glisser (ici en parlant d'une porte qui coulisse) » porte colant (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 3633); 1690 nœud coulant (FUR.); 4. 1572 coulé à bas (d'un navire) (AMYOT, De la tranq. d'âme, 9 ds LITTRÉ); 1616-20 armée coulée à fonds (D'AUB., Hist. II, 209, ibid.); 1738 fig. couler qqn à fond (PIRON, Métrom., IV, 1, ibid.); 5. 1440-75 intrans. « s'écouler (du temps) » (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. K. de Lettenhove, t. 3, p. 81 : le temps couloit ... avant); 1464-98 trans. « laisser passer du temps » couler quinze ou vingt jours (COMMYNES, I, 231 ds IGLF); 6. 1440-75 intrans. « laisser échapper un liquide » (G. CHASTELLAIN, op. cit., t. 3, p. 444 : une jambe qui toudis couloit et rendoit matères incessamment); 7. 1611 intrans. « avorter sous l'effet de la pluie (en parlant d'une fleur, d'un fruit) » (COTGR.). Du lat. colare « passer, filtrer, épurer ».
STAT. — Couler1 et 2. Fréq. abs. littér. :5 447. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 7 450, b) 8 065; XXe s. : a) 9 244, b) 6 926.
BBG. — GOHIN 1903, p. 371, 373. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 15, 249, 263. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, pp. 335-336, 383. — ROG. 1965, p. 63, 98.
couler [kule] v. tr. et intr.
ÉTYM. 1131; du lat. colare « passer, filtrer, épurer ».
❖
———
I V. intr.
1 (Le sujet désigne un liquide). Se déplacer, se mouvoir naturellement (par gravité) ou sous l'effet d'une autre force. ⇒ Écouler (s'), filer, fluer; flux. || Eau qui coule d'une source. ⇒ Jaillir, sourdre; effluent. || L'eau coule fort, coule à flots, à pleins bords, coule abondamment, en torrent. || La rivière coule lentement. || Fleuves et rivières qui coulent dans une région. ⇒ Arroser, baigner. || La Seine coule vers l'Ouest, vers la mer. ⇒ Affluer. || Cours d'eau qui coulent vers le même point. ⇒ Confluer. — L'eau qui coule d'un robinet. ⇒ Courant (eau courante). || Le vin coule d'un tonneau. ⇒ Fuir. || La pluie coule sur le sol. ⇒ Courir, déverser (se); déborder, dégouliner, filer, fuir, répandre (se), rouler, ruisseler. || Jet d'eau qui coule. ⇒ Jaillir, rejaillir. || Couler goutte à goutte. ⇒ Dégoutter, égoutter (s'), goutter, instiller, suinter; stillation. || Couler fort. ⇒ Gicler, ruisseler; fam. pisser.
1 L'union de deux rivières en une les fait couler plus vite, parce que, au lieu du frottement des quatre rives, elles n'ont plus que celui de deux à surmonter.
Fontenelle, Guglielmini.
2 La rivière qui coulait à mes pieds tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour reparaissait (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, I, V, XII, (→ Brillant, cit. 2).
3 Le long des trottoirs coulaient encore de rapides ruisseaux (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 212.
4 Une source qui, pendant les mois de chaleur, coulait faiblement, permettait de tenir la citerne toujours pleine.
P. Mac Orlan, la Bandera, X, p. 116.
♦ ☑ Loc. fig. Il coule (il a coulé, il coulera) beaucoup d'eau sous les ponts (⇒ Eau, cit. 7.2 et supra).
2 a S'échapper au dehors, s'épancher (en parlant des humeurs). || Les larmes lui coulent des yeux. ⇒ Pleurer. — Littér. || Faire couler les pleurs de qqn. ☑ Laisser couler ses larmes : épancher ses pleurs. ⇒ Épancher (→ Amer, cit. 12).
5 Je n'ai jamais vu couler de larmes sans en être attendri.
Montesquieu, Cahiers, p. 6.
6 Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien chères,
Ces larmes que soulève un cœur encor blessé !
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Souvenir ».
7 Elles (les larmes) se formaient entre les cils, grossissaient, débordaient et coulaient à longs intervalles, rejoignant après un détour la bouche entr'ouverte où elles s'arrêtaient et d'où elles repartaient comme d'autres larmes.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 179.
♦ Sang qui coule d'une blessure. ⇒ Échapper (s'), extravaser, répandre (se). || Le sang coule dans les veines. ⇒ Circuler (→ Absent, cit. 2).
8 Que de vie, cependant, je sens au fond de mon âme ! Jamais, quand le sang le plus ardent coulait de mon cœur dans mes veines, je n'ai parlé le langage des passions avec autant d'énergie que je le pourrais faire en ce moment.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 383.
9 Il (le sang) était d'un rouge magnifique, coulait en de larges gouttes, sous la lame.
Huysmans, Là-bas, IX, p. 133.
♦ ☑ Fig. Faire couler le sang : être la cause d'une guerre, d'un massacre. ☑ Le sang a coulé : il y a eu des blessés.
b Se répandre. ☑ Loc. Cette histoire a fait couler beaucoup d'encre : on a beaucoup écrit à son sujet, et, par ext., on en a beaucoup parlé.
9.1 Cette intimité a fait couler beaucoup d'encre (…) sur la tête de Sainte-Beuve, mais c'est grâce à elle qu'il n'est pas allé se perdre dans le professorat, en province.
A. Billy, Sainte-Beuve, I, Le romantique, II, p. 77.
c Par métaphore. || La vie, la passion coule dans ses veines. || La joie, la lumière coule de son visage. ⇒ Émaner.
10 (…) Thaïs, en les écoutant (les hymnes), sentait les voluptés de la vie et les affres de la mort couler à la fois dans ses sens renouvelés.
France, Thaïs, p. 107.
11 (…) ces heures amoureuses de ma jeunesse, où la vie coulait en moi comme du miel.
Gide, les Nourritures terrestres, VIII, p. 178.
♦ Salive qui coule de la bouche. || Sueur qui coule le long du visage. ⇒ Exsuder, suer; transpirer. || Des gouttes de sueur coulent de son front. ⇒ Tomber.
12 Le cœur lui bondissait d'inquiétude et de colère, la sueur lui coulait du front.
G. Sand, la Mare au diable, XIII, p. 115.
13 Les Anciens chancelaient épuisés; ils aspiraient à pleins poumons la fraîcheur de l'air; la sueur coulait sur leurs faces livides (…)
Flaubert, Salammbô, VII, p. 137.
3 Fig. || Son style coule sans effort. || Les paroles coulent de ses lèvres, s'en échappent avec facilité.
14 Les paroles coulaient limpides comme son regard.
France, le Lys rouge, XXXIV, p. 259.
15 (…) soyez bénies pour avoir fait couler de vos lèvres divines, comme le miel et l'ambroisie, les vers d'Esther, de Phèdre et d'Iphigénie.
France, le Petit Pierre, XXXIV.
4 ☑ Loc. fig. Couler de source : être évident, découler logiquement, naturellement de ce qui précède (→ Aller : cela va de soi). — Tout ce qu'il dit coule de source.
16 Cette idée-mère une fois arrêtée, tout le reste a coulé de source (…)
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, Préface, t. I, p. 32.
5 Littér. || Le temps coule. ⇒ Écouler (s'), enfuir (s'), fuir, glisser, passer. || Jours qui coulent dans l'innocence. || Les heures coulent lentement, interminablement.
17 Les hommes disent que la vie est courte, et je vois qu'ils s'efforcent de la rendre telle. Ne sachant pas l'employer, ils se plaignent de la rapidité du temps, et je vois qu'il coule trop lentement à leur gré.
Rousseau, Émile, V.
18 L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;
Il coule, et nous passons !
Lamartine, Premières méditations, « Le lac ».
♦ ☑ Loc. Laisser couler : laisser aller, laisser faire.
18.1 Tenez moi, avec Josette, quand je l'ai engagée, exactement comme quand je me suis payé mon ID… (type d'automobile) De la bagnole, du linge : ça leur tord la gueule de la même façon. J'ai dit : Laissons couler. Madame Fromageot est au-dessus des insinuations.
François Nourissier, le Maître de maison, p. 200.
6 Par métonymie. Laisser échapper un liquide. — (Le sujet désigne un contenant). || Tonneau qui coule de toutes parts. ⇒ Fuir, vider (se). — Nez qui coule, duquel s'écoulent des humeurs… ⇒ Émettre.
19 À côté de lui, le caporal (…) reniflait à cause du froid. Son nez coulait.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVII, p. 204.
♦ La chandelle coule, lorsque la cire fondue et non brûlée glisse le long de la chandelle. || Stylo qui coule, qui laisse échapper l'encre qu'il contient.
♦ Fromage qui coule, dont la pâte devient molle et tend à se répandre.
7 (En parlant de choses solides). Descendre, glisser, tomber. || Sable, tuiles qui coulent. || Nœud qui peut couler le long d'une corde. ⇒ Coulisser; coulant (nœud coulant). || Se laisser couler au bas d'un arbre.
♦ (1611). En parlant d'arbres fruitiers, de vigne. Avorter à la floraison. || Fleurs, fruits qui coulent, qui tombent. ⇒ Coulure; avorter.
20 Si la vigne peut passer fleur et ne point couler, on ne saura où mettre tout le vin cette année.
P.-L. Courier, Gazette du village.
8 S'enfoncer dans l'eau. || Le navire a coulé à pic. ⇒ Chavirer, enfoncer (s'), engloutir (s'), immerger (s'), sombrer. || Couler bas, couler bas d'eau. || Couler à fond. || Couler par l'avant. ⇒ Sancir. || Couler corps et biens. ⇒ Corps. || Faire couler un bateau, le couler (ci-dessous, II., B., 3., a).
21 (…) petit à petit je comprenais que nous coulions; car ce fait ne s'imposa pas dès que je vis l'eau (…) Ce qui me mit sur le chemin, ce fut cette inclinaison grandissante du plancher. L'eau touchait déjà le bas des hublots et la pente était devenue si raide que je me cramponnais pour ne pas glisser de ce côté-là.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 79.
22 Là-bas, au large, la torpillelourd comme un ange de pierre
touche le but. Un voiliersaluant la vierge, s'incline
à cinq étages, tout à coupet coule à pic.
Cocteau, Discours du grand sommeil, p. 30.
♦ Par métaphore. Aller jusqu'à la ruine, l'effondrement.
23 (…) nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins descendus au fond inexplorable des siècles (…)
Valéry, Variété III, p. 201.
24 (…) elle voulait encore des baisers de ce fils, et elle s'accrochait à lui comme s'accrochent les naufragés qui coulent dans les eaux noires et profondes (…)
Loti, Ramuntcho, II, VII, p. 254.
24.1 Quand il avait un peu trop bu, Joseph prétendait vouloir nager jusqu'à l'île la plus proche de la côte, à trois kilomètres de là. C'était un projet dont il ne parlait jamais à jeun mais ces soirs-là il se croyait de taille à l'accomplir. En réalité il aurait coulé bien avant d'arriver à l'île.
M. Duras, Un barrage contre le Pacifique, p. 92.
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II V. tr.
1 (1176). Rare ou techn. Faire passer (un liquide) d'un lieu à un autre. ⇒ Soutirer, tirer, transvaser, verser. || Couler la lessive : faire bouillir le linge dans une lessiveuse. || Couler un liquide à travers un filtre, un linge. — (En franç. de Suisse). || Couler le lait. ⇒ Filtrer, passer. — Par ext. Livrer (le lait) à la laiterie.
2 (1680). Jeter dans le moule (une matière en fusion). || Couler du verre. || Couler du plomb dans un joint. || Couler de la cire dans un moule. || Couler du bronze, de l'acier (⇒ Fonderie). || Couler de la chaux. ⇒ Délayer.
♦ Par anal. || Couler du béton : remplir un coffrage de béton frais (⇒ aussi Bancher).
♦ Par métonymie. || Couler de la pierre : sceller de la pierre avec un coulis (⇒ Sceller).
3 Par ext. Fabriquer (un objet en métal fondu). || Couler une cloche, une statue. ⇒ Mouler. || Fonderie où l'on coule des canons. ⇒ Canonnerie.
♦ Typogr. || Couler une matière dans l'empreinte d'une forme. ⇒ Clicher.
♦ Couler sa pensée dans des mots, la mettre en forme (comme dans un moule).
25 L'image la plus courante que nous formions du rhétoriqueur montre un homme qui prépare et assure, avant d'y couler sa pensée, des combinaisons de langage.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, III, 7, p. 118.
4 Spécialt. Faire fondre (un métal). || Couler une bielle, faire fondre l'alliage dont elle est chemisée et sans lequel elle ne peut fonctionner. — Sujet n. de personne. || Il faut s'arrêter : on a coulé une bielle.
B (Emplois fig.).
1 Vieilli ou littér. Faire passer (qqch.) insensiblement, doucement, d'un lieu dans un autre. ⇒ Glisser (cour.), passer. || Couler la main dans sa poche. || Couler un billet dans la main de quelqu'un.
26 (Le général Dourakine) se plaisait à les servir (les voyageurs militaires) et à couler des pièces d'or dans leurs poches (…)
Csse de Ségur, l'Auberge de l'ange gardien, p. 367, in T. L. F.
27 Il coule sans bruit sa clef dans la serrure et entre de son pas timide dans la salle à manger.
France, le Mannequin d'osier, p. 292.
♦ Fig. || Couler un mot dans la conversation. ⇒ Glisser, insinuer, risquer. || Couler un mot à l'oreille de qqn. ⇒ Murmurer. || Couler une expression dans une phrase.
28 « Maint » est un mot qu'on ne devait jamais abandonner, et par la facilité qu'il y avait à le couler dans le style, et par son origine qui est française.
La Bruyère, les Caractères, XIV, 73.
29 La femme du préfet était venue, très gentille, lui couler à l'oreille un mot de recommandation.
France, l'Anneau d'améthyste, Œ., t. XII, p. 239.
♦ Couler un pas de danse. ⇒ Coulé; glisser. — Mus. || Couler plusieurs notes. ⇒ Lier. — Billard. || Couler une bille. ⇒ Coulé (2.). — Fig. || Couler un regard, un sourire dans la direction de quelqu'un.
30 Cependant il coule vers elle un sourire, un regard qui laisse entendre qu'une autre solution n'est pas impossible.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XII, p. 127.
30.1 Simon que cette rengaine n'avait jamais troublé (…) fit mine de se retirer, mais Gino lui coula un regard si humble qu'il attendit la fin de la chanson.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 51.
2 (V. 1450). Passer (une période de temps). — REM. Correspond aux emplois intrans. : le temps coule, s'écoule.
♦ ☑ Couler une vie heureuse, des jours heureux. ⇒ Passer, vivre.
31 (…) des gens qui savaient coulé leurs jours dans une union étroite (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 39.
32 Il faut avoir coulé son enfance dans une atmosphère religieuse (…)
France, le Jardin d'Épicure, p. 9.
♦ ☑ Loc. fam. (a remplacé la mener douce, 1853). Se la couler douce : mener une vie heureuse, sans complication (→ Ne pas s'en faire).
33 (…) il se l'était coulée douce, comme on disait dans sa famille, jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans.
Maupassant, Toine, « Bombard », p. 47.
33.1 Ce qui n'a pas empêché mon concierge, quand je suis rentré le matin, de me saluer d'un petit air… en homme qui dit : — Ah ! ah ! mon gaillard, nous nous la coulons douce !
A. Allais, Contes et chroniques, p. 164.
33.2 (…) tu te la coules douce, c'est un métier de feignant que le tien.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 39.
3 a (Correspond au sens I, 8). Faire s'enfoncer dans l'eau (un navire). || Les ennemis ont coulé plusieurs navires. || Capitaine qui coule son propre navire. ⇒ Saborder.
b (1738). Fig. Perdre (qqn) dans l'estime d'autrui. || On l'a coulé. || Couler qqn dans une discussion, le réduire à ne plus savoir quoi répondre. || Couler à fond quelqu'un. ⇒ Perdre, ruiner. — Passif et p. p. || Il est coulé : il est perdu.
33.3 Enfin ils se dévoilent. Ils sont coulés, fiston, et nos affaires n'ont jamais été aussi bonnes.
Jean Anouilh, le Bal des voleurs, p. 198.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se couler v. pron.
1 (V. 1160). Passer d'un lieu à un autre, sans faire de bruit. ⇒ Glisser (se). || Lièvre qui se coule le long d'une haie, au ras d'un mur. || Coulez-vous dans ce passage.
34 Denise et son frère montèrent vers les quatre heures à la haute ville en se coulant le long des murs.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 635.
35 C'était le matin et c'était le printemps. De jeunes rayons de soleil, enivrants comme du vin doux, riaient sur les murs et se coulaient gaiement dans les mansardes.
France, Les dieux ont soif, p. 10.
36 Zazou accourut toute joyeuse…
— J'arrive des Barges, lui dit Simon en s'asseyant sur une banquette où elle se coula près de lui.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 63.
♦ Se couler dans son lit. || Se couler entre les draps. — Se couler adroitement dans la foule. ⇒ Dérober (se), faufiler (se), perdre (se). || Se couler doucement, furtivement, sans bruit. ⇒ Introduire (s'), pénétrer.
37 (…) il faudra que la femme qui est elle aussi sujet, activité, se coule dans un monde qui l'a vouée à la passivité.
S. de Beauvoir, le Deuxième Sexe, p. 525.
3 (Du sens II, B, 3, b). Se perdre. || Se couler dans l'esprit de quelqu'un. ⇒ Déconsidérer (se). — Absolt. || Il s'est coulé.
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coulé, ée p. p. adj.
♦ || Navire coulé. || Bielle coulée (→ ci-dessus, II., A., 4.). || Écriture coulée. ⇒ Coulée, n. f. — Sports. || Brasse coulée.
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DÉR. Coulage, coulant, 2. coule, coulé, coulée, couleuse, coulis, couloir, couloire, coulure.
COMP. Découler, écouler, recouler.
HOM. Coulé, coulée.
Encyclopédie Universelle. 2012.