introduire [ ɛ̃trɔdɥir ] v. tr. <conjug. : 38>
• 1292; entreduire 1120; lat. introducere
1 ♦ Faire entrer (qqn) dans un lieu. L'huissier l'a introduit dans le bureau du ministre. « je fus introduit auprès de la comtesse » (Barbey). — Par ext. Faire admettre (qqn) dans un lieu, une société. Introduire qqn dans un club, auprès de qqn. ⇒ parrainer, présenter.
2 ♦ Faire adopter (qqch.). Introduire une nouveauté, une mode, un genre. ⇒ acclimater, 1. importer. « Rancé introduisait la réforme dans son abbaye » ( Chateaubriand). ⇒ instaurer. Introduire un produit sur le marché. ⇒ implanter, 1. lancer.
3 ♦ Dr. Introduire une instance : saisir le tribunal d'une affaire.
4 ♦ (XVIIe) (Concret) Faire entrer (une chose dans une autre). ⇒ enfoncer, engager, fourrer, insérer. Introduire la clé dans la serrure. « On fit prendre de force au vieux une tasse de tilleul en introduisant la cuiller entre ses dents serrées » (Zola) . — Introduire une marchandise en contrebande, en fraude dans un pays.
♢ Fig. Inclure, incorporer. Introduire des mots nouveaux dans le dictionnaire. ⇒ intégrer.
5 ♦ S'INTRODUIRE v. pron. Entrer, pénétrer. S'introduire en cachette dans une pièce. ⇒ se glisser. Le doute s'introduisit dans son esprit. ⇒ s'insinuer. S'introduire dans les affaires d'autrui. ⇒ s'immiscer, s'ingérer.
♢ Se faire admettre. Il a réussi à s'introduire dans le réseau. ⇒ infiltrer. — Être adopté. Quand cette mode s'est-elle introduite ?
6 ♦ P. p. adj. INTRODUIT, ITE. Qui a ses entrées, qui est reçu habituellement. Il est introduit, bien introduit chez Un tel, dans ce milieu, auprès du ministre.
⊗ CONTR. Chasser, éloigner, exclure, renvoyer. Arracher, enlever.
● introduire verbe transitif (latin introducere, avec l'influence de conduire) Faire entrer quelqu'un dans un lieu : L'huissier l'a introduit dans le bureau du ministre. Faire admettre quelqu'un dans un groupe, une société, le présenter : La comtesse l'introduisit dans le grand monde. Faire adopter quelque chose, être le premier à le faire admettre : Introduire une mode. Faire entrer quelque chose, quelqu'un quelque part de façon irrégulière : Introduire en France des articles de contrebande. Introduire un ennemi dans la place. Faire entrer, faire pénétrer quelque chose dans quelque chose d'autre : Introduire la clé dans la serrure. Ajouter quelque chose à un ensemble : Introduire des mots nouveaux dans le dictionnaire. ● introduire (difficultés) verbe transitif (latin introducere, avec l'influence de conduire) Conjugaison Comme conduire. Emploi Introduire qqn = le faire entrer dans un lieu ; le faire admettre dans un groupe. L'huissier nous a introduits ; on n'est admis au club de polo que si l'on est introduit par deux parrains. Recommandation Éviter d'employer introduire au sens de « présenter », comme dans : l'animateur a introduit le jeune artiste auprès du public (calque de l'anglais to introduce to). ● introduire (expressions) verbe transitif (latin introducere, avec l'influence de conduire) Introduire une action en justice, entamer une action en justice. Introduire une instance, saisir un tribunal d'une affaire. ● introduire (synonymes) verbe transitif (latin introducere, avec l'influence de conduire) Faire entrer quelqu'un dans un lieu
Synonymes :
- conduire
Contraires :
- chasser
Faire adopter quelque chose, être le premier à le faire admettre
Synonymes :
- importer
- infuser
- lancer
- présenter
- produire
- répandre
Faire entrer quelque chose, quelqu'un quelque part de façon irrégulière
Contraires :
- exclure
- expulser
Faire entrer, faire pénétrer quelque chose dans quelque chose d'autre
Synonymes :
- couler
- enfoncer
- engager
- fourrer (familier)
- glisser
Contraires :
- extirper
Ajouter quelque chose à un ensemble
Synonymes :
- apporter
- enclaver
- greffer
- inclure
- insérer
Contraires :
- sortir
introduire
v.
rI./r v. tr.
d1./d Faire entrer (qqn) dans un lieu. Introduire un visiteur dans le salon.
|| Introduire qqn auprès d'un personnage important, le faire recevoir par ce personnage.
d2./d Faire entrer (une chose) dans une autre. Introduire la clef dans la serrure.
|| Fig. Cette mesure introduisit le désordre.
d3./d DR Commencer (une procédure). Introduire une instance devant un tribunal.
rII./r v. Pron. Entrer. Un cambrioleur s'est introduit dans la maison.
|| Fig. Le doute s'introduit dans son esprit.
⇒INTRODUIRE, verbe trans.
I. — [Expression d'un mouvement; constr. prép. possible : auprès, chez, dans, près] Faire entrer.
A. — [Une pers. introduit un être vivant]
1. [dans un lieu où il a, ou n'a pas, habituellement accès] Faire entrer quelqu'un avec certains égards ou de façon secrète et irrégulière. Pour commencer, j'introduis l'ennemi dans la place (...). Vous logerez ici (DUMAS père, Mlle de Belle-Isle, 1839, II, 3, p. 27) :
• 1. Lorsque, après avoir introduit ses hôtes dans le salon, le bonhomme se fut esquivé pour veiller lui-même aux soins de l'hospitalité, Raoul, demeuré seul avec sa mère, allait enfin lui demander l'explication d'une énigme dont il s'épuisait vainement à chercher le mot depuis une heure...
SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 50.
• 2. Il éprouva, dans cette agonie qu'il traversait, le seul soulagement qu'il pût ressentir, quand l'huissier vint le prendre. Car, au lieu de l'introduire droit dans la salle, cet homme le conduisit par un couloir jusqu'à une petite pièce qui était sans doute le cabinet du président. Des dossiers y traînaient sur une table.
BOURGET, Disciple, 1889, p. 235.
— Emploi pronom. réfl. Entrer, pénétrer. Le lendemain un officier ouvrit tout bonnement la porte, et s'introduisit lui-même, sans plus de façon, dans la chambre de l'empereur, où j'étais à travailler avec lui (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 160).
2. [le lieu n'est pas précisé; il peut être celui où se trouve le locuteur] Zoé introduisit une vieille dame, de haute taille, portant des anglaises, ayant la tournure d'une comtesse qui court les avoués (ZOLA, Nana, 1880, p. 1125).
♦ Emploi abs. Je fis signe d'introduire (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 180).
3. [dans un milieu, une société] Faire admettre. Je ne savais presque rien du monde, et (...) je m'y trouvais introduit tout à coup (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 210). À ces soirées où je fus introduit (...) par François Coppée, on croisait bien du monde (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Biogr. (Ch. Cros), 1896, p. 394) :
• 3. Au thé du matin, nous faisions succéder l'ale ou le claret, puis nous rendions quelques visites. En trois jours, j'avais été introduit à toute la société.
BOURGET, Profils perdus, 1884, p. 287.
Rem. Notons dans ce dernier ex. la prép. à : introduit à est construit comme présenté à.
— Au fig. Introduire qqn dans une affaire, une situation :
• 4. Après les années passées avec Jacqueline, il lui eût semblé intolérable, et même sacrilège, d'introduire un autre dans l'intimité de sa vie, — cet autre l'aimât-il mieux et fût-il mieux aimé de lui que Jacqueline. — Cela ne se raisonne pas...
ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1256.
♦ Emploi pronom. Pour m'introduire dans une intrigue aussi corsée, je suis décidément un peu jeune (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1033).
— Au part. passé avec valeur d'adj. Être (très, bien) introduit. Sur les parquets d'amarante, ils avancèrent de ce pied sûr où se reconnaît l'homme bien introduit (MORAND, P. de Saligny, 1947, p. 127).
4. [auprès d'une pers.] Présenter une personne à une autre; donner à une personne la possibilité d'une rencontre, d'une entrevue avec quelqu'un :
• 5. Comme je l'avais prévu, on fit quelques difficultés pour m'introduire près du grand maréchal; mais je lui envoyai la bague qui devait me servir de signe de reconnaissance, et toutes les portes s'ouvrirent devant moi.
DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 80.
B. — [Une pers. introduit une chose]
1. [De façon artificielle, avec force, illégalement] Introduire un produit en fraude, en contrebande. Il y a si peu d'intelligence dans l'estomac que si on introduit une pierre à la place de la viande, le suc gastrique se sécrétera de même (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 206) :
• 6. Celui-là te met au régime, celui-ci veut des dissolvants, tous introduisent la sonde dans la plaie, l'examinent au risque de l'élargir; puis ils s'efforcent de la remplir avec de l'onguent.
MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 72.
2. [Avec un esprit novateur]
a) Faire adopter une chose nouvelle. Elle y installa l'adoration perpétuelle et y introduisit également dans toute sa pureté et, à l'exclusion de tout autre, le plain-chant (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 196) :
• 7. Les premiers armateurs de New-York réussissent assez mal; leurs capitaux et leurs bateaux coulent bas; mais ils voient grand; ce sont les premiers qui, en introduisant le confort, le luxe, les gros tonnages, forcent les Anglais à comprendre que la mer n'est pas réservée exclusivement aux marins.
MORAND, New-York, 1930, p. 203.
b) Insérer dans un ensemble, une procédure, une organisation en place un élément qui n'y figurait pas :
• 8. Si entre X, A et Z n'existent aucun des rapports que j'aperçois entre AH, A et AD, on n'y peut introduire que des rapports inconcevables et qui sont comme s'ils n'étaient pas.
G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 39.
— DR. Introduire une clause. Ajouter une disposition particulière à un acte juridique. Vous pouvez vous associer sur ces données-là, en introduisant une clause de dissolution dans le cas où les conditions du brevet ne seraient pas remplies à l'exécution en fabrique (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 738). Introduire une instance. Engager une procédure. Mais il faut introduire des instances et en ce moment le plus nécessaire et le plus pressé est de vivre et de gagner de l'argent pour ma mère et pour moi — car pour payer, il faut travailler (BALZAC, Corresp., 1830, p. 476).
C. — [Une chose introduit une pers.] Faire pénétrer. Descartes nous communique sa vie, afin que la suite de ses impressions et de ses actes nous introduise dans ses pensées (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 14) :
• 9. ... Durtal pouvait se prévaloir de sa situation exceptionnelle de postulant, puis de novice oblat; elle l'introduisait, en effet, de plain-pied, dans l'ordre dont il devait, lorsque le temps de sa probation serait terminé, faire partie.
HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 22.
D. — [Une chose introduit une chose] Favoriser, provoquer l'apparition de quelque chose. La facilité du divorce introduit dans les rapports de famille une sorte d'anarchie qui ne laisse rien subsister dans sa vérité ni dans sa force (STAËL, Allemagne, t. 4, 1810, p. 374) :
• 10. Déjà l'idée d'une structure a priori de l'entendement commun à tous les êtres pensants risque d'introduire au sein du cogito une sorte d'objectivité qui ne lui est pas transparente...
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 278.
— Emploi pronom. S'établir, s'installer. Le doute s'introduit dans l'âme qui rêve (SAND, Lélia, 1833, p. 133). Mais nous savions que, dans ce pachyderme, s'était introduite la substance du Seigneur (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 356). C'est quelquefois aussi une élimination d'une substance nuisible qui s'était introduite et peut-être fixée dans l'organisme (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 163).
II. — [Expression d'un but ou d'un motif; constr. prép. : à] Amener à.
A. — Introduire à + subst. Amener par l'étude, la pratique à la connaissance de quelque chose :
• 11. Les cours s'ouvrirent; je leur demandais de m'introduire aux études historiques; ils furent pour moi exactement ce qu'est l'ouverture dans un opéra de Wagner...
BARRÈS, Appel soldat, 1900, p. 30.
— FAUCONN. ,,Introduire un oiseau au vol. Commencer à le faire voler`` (LITTRÉ).
B. — Introduire à + inf. (rare). Induire à. Ce mot « barbarie », qui est venu peut-être trop souvent sous ma plume, pourrait introduire quelques personnes à croire qu'il s'agit ici de dessins informes que l'imagination seule du spectateur sait transformer en choses parfaites (BAUDEL., Curios. esthét., Paris, Gallimard, 1932 [1863], p. 338).
Prononc. et Orth. : [], (il) introduit []. Conjug. : cf. conduire. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. « faire entrer quelqu'un dans un endroit » entreduire (Psautier de Cambridge, 42, 3, ds T.-L.); 2. 1308 « faire admettre » ici part. passé instroduiz (S. BERTHOMÉ, Bibl. La Rochelle, ds GDF. Compl.); 3. 1470 terme de dr. cause introduite (Lettres de Louis XI, IV, 175 ds BARTZSCH, p. 65); 1804 introduire en justice (Code civil, art. n° 464, p. 86); 4. 1509 « faire admettre quelqu'un dans une société » (J. LEMAIRE DE BELGES, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, I, X : Bardus [...] introduisit une secte de Poëtes et rhetoriciens, lesquelz furent nommez Bardes); 5. 1529 « faire figurer, insérer (ici l'extrait d'auteur dans un ouvrage) » (G. TORY, Champfleury, f° 6 v°); 6. 1569 « présenter à, donner accès auprès de quelqu'un » (E. PASQUIER, Recherches, IV, 33 ds HUG.); 7. 1615 « faire entrer une marchandise dans un pays » (MONTCHRETIEN, Traicté de l'Oeconomie Politique ds KUHN, p. 32); 1797 introduire en contrebande (Voy. La Pérouse, t. 2, p. 355); 8. 1828 introduire à (ici à la poésie) (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., p. 9). Empr. au lat. introducere « amener, introduire », francisé au cours du XIVe s. d'apr. conduire. Fréq. abs. littér. : 4 220. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 532, b) 5 476; XXe s. : a) 5 574, b) 6 082.
introduire [ɛ̃tʀɔdɥiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1120, entreduire « conduire, faire entrer (qqn) dans un lieu »; a signifié aussi « instruire, initier »; du lat. introducere, de intro-, et ducere « conduire ».
❖
1 Compl. n. de personne. a Faire entrer (qqn) dans un lieu. ⇒ Conduire, passer (faire). Vx. || Introduire qqn à… → ci-dessous, cit. 1. — Mod. || Introduire qqn dans un bureau, un salon (→ Bras, cit. 13; encombrer, cit. 7; hospitalité, cit. 3). || Introduire qqn chez qqn (concrètement). || L'huissier (cit. 3), l'appariteur (cit. 1), le portier, la domestique l'introduisit. || Introduisez Monsieur X… || Il l'introduisit et lui fit les honneurs de la maison.
1 Je me veux introduire au logis de Lucile (…)
Molière, le Dépit amoureux, V, 1.
2 Le valet étonné introduisit les deux voyageurs (…)
Voltaire, Zadig, XX.
3 (…) dès mon arrivée, je fus introduit auprès de la comtesse (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime ».
b (Mil. XVIe; au p. p., 1308). Donner accès à (qqn) auprès de qqn (dont la position sociale est relativement importante, dont la fonction est significative pour la personne introduite); faire admettre dans un lieu, une société. || Il s'est adressé à moi pour l'introduire auprès de vous (Académie). ⇒ Connaissance (faire faire connaissance), connaître (faire), présenter (à). Vx. || Introduire qqn près de qqn (Dumas, Monte-Cristo, in T. L. F.). — Régional. || Introduire qqn à qqn. ⇒ Présenter. — Cour. || Introduire qqn chez qqn, auprès de qqn. || Introduire qqn dans un salon. || Introduire des espions (cit. 8), des mouchards dans une société secrète. ⇒ Ouvrir (les portes). — Passif. || Il a été introduit partout. → ci-dessous, Introduit.
4 Et toujours près des grands on doit être introduit
Par des gens qui de nous fassent un peu de bruit (…)
Molière, les Fâcheux, III, 2.
5 Quel bien peut remplacer la paix que vous avez perdue en introduisant le public dans votre intimité ?
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 207.
6 Droit d'adopter, c'est-à-dire d'introduire un étranger près du foyer domestique.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, II, VIII.
6.1 Odile, songeant que chez Fauchon, la marquise serait si distraite par les soins exquis qu'elle apportait à ses emplettes, qu'elle ne prendrait peut-être pas la peine de soulever sa voilette pour juger de ses beaux yeux brillants mais sévères, de la qualité, du prix de l'être à qui on l'introduirait.
Marie-Claire Blais, Une liaison parisienne, p. 106.
♦ Fig. || Introduire qqn dans une affaire. || Introduire qqn dans une situation. ⇒ Caser.
♦ Pron. (Mil. XVIIe). Se faire admettre. || S'introduire auprès de qqn, auprès des souverains (→ Empiéter, cit. 5).
7 (…) un foulard de soie que m'avait donné Mériem et que je lui remis (à P. Louÿs) comme un gage, qui devait lui servir à la retrouver et à s'introduire auprès d'elle.
Gide, Si le grain ne meurt, II, I, p. 318.
♦ Il s'est introduit lui-même, sans être invité (⇒ Intrus, intrusion). — S'introduire dans les affaires, dans une intrigue. ⇒ Fourrer (se), immiscer (s'), infiltrer (s'), ingérer (s'), mêler (se); → Corser, cit. 3; empresser, cit. 1.
c (V. 1180, entroduire). Fig. et vieilli. || Introduire qqn à…, l'instruire, le préparer à… ⇒ Initier. || « Je leur demandais de m'introduire aux études historiques » (Barrès, l'Appel du soldat, in T. L. F.). || Introduire qqn à faire qqch., « à croire »… (Baudelaire). ⇒ Induire.
♦ Fauconn. || Introduire un oiseau au vol.
2 (1529). Compl. n. de chose. Faire adopter. ⇒ Acclimater, impatroniser, implanter, importer; accès (donner). || Introduire une nouveauté (quelque part, dans un lieu, un milieu, parmi des hommes…). ⇒ Innovation; innover. || Introduire une coutume, une mode, un goût (cit. 18), un usage, un abus quelque part (→ Exposer, cit. 18). || Introduire l'esclavage (cit. 3), un monopole (→ Escompter, cit. 5). || Introduire une erreur, une hérésie. ⇒ Transporter (→ Fraude, cit. 9; hérétique, cit. 2). || Walter Scott introduisit le roman historique (cit. 7) dans le monde.
8 Il ne leur suffit pas d'introduire dans nos temples de telles mœurs (…)
Pascal, Pensées, XIV, 934.
9 (…) Charles II introduisit la galanterie et ses fêtes dans le palais de Whitehall, souillé du sang de son père.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CLXXXII.
10 Quand l'abbé de Rancé introduisait la réforme dans son abbaye, les moines eux-mêmes n'étaient plus que des ruines de religieux.
Chateaubriand, Vie de Rancé, II, p. 91.
♦ Être la cause de…, répandre. || Introduire le désordre. || Introduire un idéal, une passion dans l'esprit, le cœur, les pensées de qqn. ⇒ Infuser, inspirer, insuffler.
♦ Pron. Être adopté. || Usage qui s'introduit, tend à s'introduire dans les mœurs (→ Abâtardir, cit. 3; autrement, cit. 18; force, cit. 51; gaulois, cit. 7). — Passif. || Cette mode a été introduite il y a peu de temps. ⇒ Adopter.
11 La féodalité ne put s'y introduire (en Languedoc) qu'à la faveur de la croisade (…)
Michelet, Hist. de France, III, Tableau de la France, p. 129.
♦ (1470, au p. p.; v. tr., 1804). Dr. Faire commencer. || Introduire une instance, une demande. → Huis, cit. 8 (Huis-clos). || Introduire une clause.
3 Faire entrer, faire pénétrer (une chose dans une autre). ⇒ Mettre (dans); introduction, intromission.
a (1642, Corneille). Choses concrètes. || Introduire la main dans une ouverture, dans sa poche. ⇒ Enfoncer, enfourner, engager, fourrer, passer, rentrer. || Introduire doucement, adroitement qqch. ⇒ Glisser, insinuer. || Introduire un clou dans le mur (⇒ Ficher, planter), une greffe dans la tige d'une plante (⇒ Greffer, insérer), un fil dans le chas d'une aiguille. ⇒ Passer (faire). || Introduire une photo dans un cache, un cadre. ⇒ Encadrer. || Introduire un liquide dans l'organisme. ⇒ Infuser, injecter, inoculer. || Introduire une sonde (⇒ Sonder), un tube dans un puits artésien (⇒ Cuveler). || Introduire une cartouche dans la culasse d'une arme à feu (⇒ Charger), dans un trou de mine (→ 2. Explosif, cit. 1). || Introduire qqch. dans un liquide. ⇒ Plonger.
12 On fit prendre de force au vieux une tasse de tilleul en introduisant la cuiller entre ses dents serrées.
Zola, la Terre, II, II.
13 Il rompit l'ampoule, y introduisit l'aiguille, emplit la seringue jusqu'au degré prescrit, et vida lui-même les trois quarts de l'ampoule dans le seau.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 212.
♦ (1615, « importer »). Spécialt. Faire venir pour la première fois (qqch.) dans un lieu, un pays. || Introduire une plante dans une région. ⇒ Acclimater, importer; acclimatation (cit. 1). || Introduire des billets falsifiés (cit. 4) dans un pays. — (1797). || Introduire une marchandise en contrebande.
b (Choses abstraites). Faire figurer, faire entrer (qqch.) dans… ⇒ Inclure, incorporer, mettre. || Introduire qqch. au milieu, entre d'autres choses. ⇒ Intercaler, interpoler. || Mot, nom que le hasard introduit dans la conversation (→ Anecdote, cit. 3). || Introduire de nouveaux mots dans la langue (→ Ethnographie, cit. 1; influencer, cit. 1).
14 (…) celle (la maxime) qui la première introduit le vice dans une âme bien née (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Lettre XXVII.
15 Ronsard dit plus tard dans une préface avoir le premier introduit le mot ode dans la langue française; ce qu'on n'a jamais contesté.
Nerval, Bohème galante, Poètes du XVIe s.
16 Si j'avais cette somme liquide, je vous la donnerais avec plaisir; mais je refuse d'introduire ce chèque dans mes comptes (…)
G. Duhamel, Salavin, V, XVI.
♦ Spécialt. || Introduire un personnage dans une pièce de théâtre, dans un roman (→ Épisodique, cit. 1, Corneille).
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
introduit, ite p. p. adj.
♦ (Personnes). Qui a ses entrées, qui est admis, reçu habituellement. || Il est introduit, bien introduit dans une société fermée, chez un tel, au Ministère. ⇒ Entrée (avoir ses entrées). || Il n'est pas introduit dans ce club. ⇒ Recevoir. || Quelqu'un de très introduit.
❖
CONTR. Chasser, éliminer, éloigner, évacuer, exclure, expulser, jeter (dehors), renvoyer, retirer, sortir (faire). — Arracher, enlever, extirper, extraire, supprimer.
DÉR. Introductible.
Encyclopédie Universelle. 2012.