1. faux, fausse [ fo, fos ] adj. et n. m. I ♦ Adj.
1 ♦ Qui n'est pas vrai, qui est contraire à la vérité (pensable, observable). Une fausse opinion, un faux axiome. Avoir des idées fausses sur une question. ⇒ chimérique, erroné. « Chaque vérité qu'ils [les savants] apprennent ne vient qu'avec cent jugements faux » (Rousseau). « L'idée qu'on a d'Hoffmann est fausse comme toutes les idées reçues » (Gautier). Propositions, assertions contradictoires dont l'une est vraie et l'autre fausse. — Un faux bruit. Un faux rapport. ⇒ apocryphe, controuvé, imaginaire, inventé, mensonger. C'est faux, archifaux ! vous mentez ! « Rien n'est plus difficile à réfuter que ce qui est entièrement faux » (Maurois). Fausse déclaration. Un faux serment. ⇒ fallacieux. Faux témoignage. Par ext. Un faux témoin, qui fait un faux témoignage. — Il est faux que (et subj.). Il est faux que vous m'ayez vu là, je n'y étais pas. — Il est faux de (et inf.). Il est faux de dire, de prétendre, de croire...
2 ♦ Qui n'est pas vraiment, réellement ce qu'il paraît être (⇒ imitation). (Le plus souvent avant le nom) Fausses perles, faux bijoux. Fausses fleurs. ⇒ artificiel, factice. Fausse fenêtre, fausse porte. ⇒ trompe-l'œil. Une fausse maigre, se dit d'une femme qui est bien moins maigre qu'elle n'en a l'air. « La Fausse Maîtresse », nouvelle de Balzac.
♢ Qui a frauduleusement une apparence conforme à la réalité (⇒ contrefaçon). Fabriquer de la fausse monnaie. Fausses clés. Tricheur qui se sert de fausses cartes. ⇒ truqué; falsifié. Fausse facture. Faux nom. ⇒ pseudonyme. Faux papiers, faux passeport. Un faux Vermeer, une fausse Tanagra (cf. ci-dessous, III). — Un faux air de (qqn) : une vague ressemblance avec (qqn). — Faire une fausse sortie. — (Abstrait) Faux motifs. De fausses raisons. ⇒ 2. prétexte. Faux-semblant. Fausse candeur, fausse naïveté. ⇒ affecté, étudié, feint, simulé, trompeur. « les faux désespoirs, les grands mots, la scène des larmes » (Courteline).
3 ♦ Qui évoque mais qui n'est pas ce qu'on le nomme (faux s'emploie devant un grand nombre de noms de choses pour marquer une désignation impropre ou approximative).⇒ pseud(o)-. Faux acacia, fausse oronge. Faux albâtre, faux diamant. Fausses côtes; fausse couche. Faux-filet. Faux plafond, faux plancher. Faux ourlet. Faux col. Faux titre. Faux frais.
♢ (Personnes) Qui ne mérite pas son nom, sa réputation. ⇒ prétendu, soi-disant. Un faux grand homme. Faux savant. Un faux dur (cf. Un dur à la mie de pain). Boucher « est un faux bon peintre, comme on est un faux bel esprit » (Diderot).
4 ♦ (Personnes) Qui n'est pas ce qu'il veut paraître (en trompant délibérément). ⇒ imposteur. Faux prophète. C'est un faux frère. « Il est de faux dévots ainsi que de faux braves » (Molière).
♢ Un homme faux, qui trompe, qui dissimule. ⇒ déloyal, fourbe, hypocrite, perfide, pharisien, sournois. Il est faux comme un jeton. Fam. C'est un faux jeton, un faux cul, un faux derche. Il a l'air faux, le visage, le regard faux. « Un homme d'esprit, faux par caractère, et franc par humeur » (Chateaubriand).
♢ Un faux ami.
5 ♦ Qui n'est pas naturel à qqn, qui ne lui appartient pas naturellement. ⇒ factice, postiche; emprunté. Porter une fausse barbe, des faux cils, un faux nez. Faux cheveux. ⇒ perruque. Fausses dents. ⇒ prothèse.
6 ♦ Qui n'est pas justifié, fondé. Éprouver une fausse joie à la suite d'une bonne nouvelle bientôt démentie. Fausse crainte, fausses espérances. ⇒ injustifié, vain (cf. Mal fondé). Une fausse alerte. Allons, pas de fausse honte ! — Un faux problème, qui n'a pas lieu de se poser. Les faux besoins créés par la publicité. ⇒ fictif, illusoire.
7 ♦ Qui n'est pas comme il doit être (par rapport à ce qui est correct, normal). Faire un faux mouvement, une fausse manœuvre. ⇒ mauvais. Jupe qui fait un faux pli. — Faire un faux pas. Faire fausse route. — Être dans une situation fausse. ⇒ ambigu, équivoque.
8 ♦ Qui marque un écart par rapport à ce qui est correct, juste, exact. ⇒ inexact. Votre opération, votre solution est fausse. Statistique fausse. Argument, raisonnement faux. Faire un faux numéro (au téléphone). Faire un faux sens : interpréter d'une manière erronée le sens d'un mot dans un texte.
♢ Loc. fam. Avoir tout faux : s'être trompé en tout (opposé à avoir tout bon). Le ministre a eu tout faux.
9 ♦ (Esprit, facultés) Qui juge mal, ne peut atteindre la vérité. Avoir le jugement faux, le goût faux, l'esprit faux.
10 ♦ Qui n'est pas naturel, vraisemblable (dans une œuvre). Ses personnages sont faux, on n'y croit pas une seconde. Couleur, ton faux. « Tu n'es vrai que dans les milieux, tes contours sont faux » (Balzac).
11 ♦ Qui n'est pas dans le ton juste, qui pèche contre l'harmonie. Avoir la voix fausse. Ce piano est faux, il a besoin d'être accordé. « Quatre violons faux grincent avec la flûte » (Banville).
♢ Fausse note. — Advt Chanter faux, jouer faux. ⇒ détonner . Sonner faux.
II ♦ Loc. adv. À FAUX.
1 ♦ Vx D'une manière fausse, contraire à la vérité. — À tort, injustement. ⇒ faussement. Accuser à faux.
2 ♦ Sans aplomb. Porter à faux, se dit d'une pièce mal assise ou ne portant pas directement sur son point d'appui. Être placé en porte à faux. ⇒ porte-à-faux.
III ♦ N. m.
1 ♦ Ce qui est faux. Le faux peut être erroné ou mensonger. Distinguer le vrai du faux. Plaider le faux pour savoir le vrai. — Vivre, se complaire dans le faux. ⇒ illusion, mensonge. « le monde des à peu-près, où l'on salue dans le vide, où l'on juge dans le faux » (Proust).
2 ♦ Contrefaçon ou falsification d'un écrit. Faux en écriture, de nature à porter préjudice à autrui. Faire, commettre un faux (⇒ faussaire) . Ce testament est un faux grossier. Faux matériel, consistant à falsifier matériellement une écriture. Faux intellectuel, portant sur les énonciations d'un acte. Être condamné pour faux et usage de faux. — Procédure et inscription en faux (ou de faux).— S'inscrire en faux contre...
3 ♦ Pièce artistique ou rare qui est fausse, soit par copie ou contrefaçon frauduleuse d'un original, soit par fabrication dans le style des œuvres authentiques. Ce tableau est un faux. Les poèmes d'Ossian étaient des faux. ⇒ pastiche. — C'est du faux, se dit de ce qui, dans sa matière, est une imitation d'une matière précieuse ou noble (or, argent, diamant, fourrure, cuir, etc.). ⇒ 2. toc; synthétique.
⊗ CONTR. Vrai. Réel, véritable; avéré, certain, historique; authentique. Sincère; 2. franc. Juste ; correct, exact.
⊗ HOM. Fosse.
faux 2. faux [ fo ] n. f.
• fauz XII e; lat. falx
1 ♦ Instrument tranchant, formé d'une lame arquée fixée au bout d'un long manche, que l'on manie à deux mains pour couper le fourrage, l'herbe aux lapins, nettoyer des hautes herbes (⇒ faucard, fauchard). Aiguiser sa faux. Faux à râteaux ou à ramassette. ⇒ fauchon. — Littér. La faux de la Mort. « Laissez agir la faux du temps » (La Fontaine).
2 ♦ Anat. Repli membraneux en arc. Faux du cerveau, du cervelet. Grandes, petites faux du péritoine.
● faux adverbe D'une manière fausse : Chanter faux. Raisonner faux. ● faux nom masculin Ce qui est contraire à la vérité ; erreur, mensonge : Plaider le faux pour savoir le vrai. Altération frauduleuse de la vérité susceptible de causer un préjudice, par la fabrication ou l'usage d'une pièce, d'un objet, etc. : Le testament est un faux. Copie frauduleuse d'une œuvre originale. Imitation d'une pierre, d'un métal, d'une matière, d'un objet précieux. ● faux nom féminin (latin falx, falcis) Instrument tranchant manié à deux mains, constitué d'une lame d'acier légèrement recourbée et fixée à un long manche, qui sert à couper l'herbe, les céréales, etc. (Pour certains travaux, la faux peut être armée, c'est-à-dire munie d'un cadre de bois ou d'osier servant à recueillir les tiges coupées.) Littéraire. L'un des attributs du Temps et de la Mort. Nom donné à certains replis membraneux, en raison de leur forme recourbée. (Les faux du cerveau et du cervelet sont des replis de la dure-mère.) Couteau à deux manches servant à écharner les cuirs. ● faux (homonymes) adverbe fau nom masculin faut verbe faux nom féminin ● faux (citations) nom masculin Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 Le vrai, c'est le faux — du moins en art et en poésie. Les Nuits d'octobre, la Femme mérinos Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Le faux est susceptible d'une infinité de combinaisons ; mais la vérité n'a qu'une manière d'être. Discours sur les sciences et les arts ● faux (expressions) nom masculin Faux en écriture, altération frauduleuse d'un support écrit ou informatique, public ou privé, ayant des conséquences juridiques. Faux incident, rejet hors des débats d'une pièce produite au cours d'une instance civile ou criminelle et arguée de faux. Faux principal, procédure pénale visant à la répression du crime de faux. Porter à faux, être établi en saillie, en surplomb (par exemple un balcon) ou se trouver hors de son aplomb (par exemple un pilier incliné). ● faux (synonymes) nom masculin Ce qui est contraire à la vérité ; erreur, mensonge
Synonymes :
- erreur
- mensonge
Contraires :
- vérité
- vrai
Altération frauduleuse de la vérité susceptible de causer un préjudice...
Synonymes :
- contrefaçon
- copie
- erreur
- pastiche
- plagiat
● faux (expressions)
nom féminin
(latin falx, falcis)
Faux de guerre, arme d'hast du Moyen Âge, composée d'une lame de faux au bout d'une longue hampe.
● faux (homonymes)
nom féminin
(latin falx, falcis)
fau
nom masculin
faut
forme conjuguée du verbe falloir
faux
adjectif
faux
adverbe
● faux, fausse
adjectif
(latin falsus, de fallere, tromper)
Qui est contraire à ce qui est vrai, qui comporte une erreur, qui manque de justesse, de logique, ou qui n'est pas justifié par les faits : Partir d'un principe faux. Il est faux de penser qu'il n'a rien vu.
Qui n'a pas de raison d'être, qui est sans fondement ; injustifié : Éprouver de fausses craintes.
Qui n'est qu'une imitation, qui n'est pas original, naturel ou authentique (avec ou sans intention frauduleuse) : Des fausses perles. Un faux nom. Un faux tableau.
Se dit d'un objet qui en simule un autre : Une fausse barbe.
Qui est équivoque, ambigu : Se trouver dans une situation fausse.
Se dit d'un sentiment qui n'est pas réellement éprouvé, qui est feint, simulé : Une fausse naïveté.
Qui dissimule ses sentiments réels, qui cherche à tromper : Un homme faux. Un regard faux.
Qui n'a que l'apparence de l'objet dont il porte le nom, qui n'en a ni le rôle ni l'utilité : Fausse poche.
Qui se fait passer pour ce qu'il n'est pas, qui n'est pas conforme au nom qu'on lui donne ou qu'il porte : Un faux inspecteur de police. Une fausse science.
Se dit d'un instrument de musique qui n'est pas conforme aux règles de l'harmonie ; se dit d'une voix, d'une interprétation qui ne sont pas dans le ton juste : L'accompagnement est complètement faux.
Se dit d'un instrument de mesure qui n'est pas exact : La balance est fausse.
● faux, fausse (citations)
adjectif
(latin falsus, de fallere, tromper)
René Descartes
La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650
Je réputais presque pour faux tout ce qui n'était que vraisemblable.
Discours de la méthode
Alphonse de Prât de Lamartine
Mâcon 1790-Paris 1869
Rien n'est vrai, rien n'est faux ; tout est songe et mensonge,
Illusion du cœur qu'un vain espoir prolonge.
Nos seules vérités, hommes, sont nos douleurs.
Harmonies poétiques et religieuses, le Tombeau d'une mère
Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont
Montevideo 1846-Paris 1870
Rien n'est faux qui soit vrai ; rien n'est vrai qui soit faux. Tout est le contraire de songe, de mensonge.
Poésies, II
Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz
Montmirail 1613-Paris 1679
[…] L'expérience nous fait connaître que tout ce qui est incroyable n'est pas faux.
Mémoires
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Tout ce que l'on dit de nous est faux ; mais pas plus faux que ce que nous en pensons. Mais d'un autre faux.
Autres Rhumbs
Gallimard
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Ce qui a été cru par tous, et toujours, et partout, a toutes les chances d'être faux.
Moralités
Gallimard
● faux, fausse (difficultés)
adjectif
(latin falsus, de fallere, tromper)
Orthographe
On écrit avec un trait d'union les noms masculins : faux-bord, faux-filet, faux-fuyant, faux-monnayeur, faux-pont, faux-semblant et faux-sens. À l'exception de faux-sens, invariable, tous ces mots s'écrivent au pluriel avec un s au deuxième élément. Pour faux bourdon / faux-bourdon et porte-à-faux / en porte à faux, → bourdon, → porte-à-faux.
On écrit sans trait d'union : un faux plafond, un faux col, un faux pli, ainsi que la locution adverbiale à faux : l'accusation portait à faux.
● faux, fausse (expressions)
adjectif
(latin falsus, de fallere, tromper)
Fausse couleur, procédé de traitement d'image, dans lequel les rayonnements sont traduits de façon décalée par rapport aux longueurs d'onde originales, dans le but de visualiser certains phénomènes. (On l'utilise notamment en télédétection aérospatiale.)
Faux jeton, ou, dans la langue populaire, faux derche, faux cul, personne hypocrite, sournoise, déloyale.
Fausse monnaie, contrefaçon ou altération des monnaies, des effets du Trésor ou des billets de banque, français ou étrangers, qui constituent un crime.
● faux, fausse (homonymes)
adjectif
(latin falsus, de fallere, tromper)
fau
nom masculin
faut
forme conjuguée du verbe falloir
faux
nom féminin
fausse
fausse
form. conj.
fausse
forme conjuguée du verbe fausser
faussent
forme conjuguée du verbe fausser
fausses
forme conjuguée du verbe fausser
fosse
nom féminin
● faux, fausse (synonymes)
adjectif
(latin falsus, de fallere, tromper)
Qui est contraire à ce qui est vrai, qui comporte...
Synonymes :
- aberrant
- absurde
- boiteux
- controuvé
- incongru
- inexact
- spécieux
- supposé
Contraires :
- congru
- correct
- exact
- juste
- réel
- véritable
- vrai
Qui n'a pas de raison d'être, qui est sans fondement ;...
Synonymes :
- faussé
- injustifié
- tortu
Contraires :
- justifié
- logique
- normal
- sensé
Qui n'est qu'une imitation, qui n'est pas original, naturel ou...
Synonymes :
- falsifié
- truqué
Contraires :
- vrai
Se dit d'un objet qui en simule un autre
Synonymes :
- factice
- postiche
Contraires :
- naturel
Qui est équivoque, ambigu
Synonymes :
- ambigu
- équivoque
- flottant
- indéterminé
Contraires :
- arrêté
- clair
- net
- précis
Se dit d'un sentiment qui n'est pas réellement éprouvé, qui...
Synonymes :
- affecté
- fictif
- forcé
- prétendu
Contraires :
- certain
- éprouvé
- fondé
- mérité
- véridique
Qui dissimule ses sentiments réels, qui cherche à tromper
Synonymes :
- dissimulé
- double
- feint
- fourbe
- papelard
- perfide
- simulé
- sournois
Contraires :
- direct
- droit
- franc
- loyal
- sincère
- véritable
Qui n'a que l'apparence de l'objet dont il porte le...
Synonymes :
- factice
Qui se fait passer pour ce qu'il n'est pas, qui...
Synonymes :
- imité
- simulé
Contraires :
- attesté
- certifié
- officiel
faux, fausse
adj. et adv.
d1./d Qui n'est pas conforme à la vérité, à la réalité. Ce que vous dites est faux. Faux sens.
d2./d Mal fondé, vain. Fausse joie. Fausse alerte. Faux problème, qu'il n'y a pas lieu de poser.
d3./d Inexact. Calcul faux.
d4./d Qui manque de justesse. Un esprit faux.
|| adv. Raisonner faux.
d5./d Qui s'écarte du naturel, du vrai. Fausse éloquence.
d6./d MUS Discordant, qui n'est pas dans le ton. Fausse note.
|| adv. Chanter faux.
d7./d Altéré volontairement ou par erreur. Fausse monnaie. Fausse nouvelle.
d8./d Fait à l'imitation d'une chose vraie; postiche. Faux bijoux, faux cheveux.
d9./d (Personnes) Qui n'est pas ce qu'il semble, ce qu'il prétend être. Faux dévot. Faux ami.
— C'est qqn de faux, d'hypocrite, de fourbe.
— Faux prophète: imposteur.
— Par ext. Avoir l'air faux.
d10./d Qui n'est pas tel qu'il doit être. Faire un faux mouvement, une fausse manoeuvre. Faire fausse route.
d11./d (Devant un nom.) Qui n'est pas en réalité ce dont il porte le nom; faussement nommé. Ex.: (Afr. subsah.) faux kapokier: fromager; fausse caille: turnix; (Afr. subsah.) fausse morue: mérou bronzé.
d12./d Loc. adv. à faux: à tort, injustement. Accuser à faux.
|| Porter à faux: ne pas reposer d'aplomb ou de façon stable sur un point d'appui. Cette poutre porte à faux (V. porte-à-faux).
— Fig. Raisonnement qui porte à faux.
————————
faux
n. f.
d1./d Outil constitué d'une forte lame d'acier légèrement courbe, fixée à un long manche, qui sert à couper l'herbe, les céréales.
d2./d Par métaph. Attribut allégorique de la mort et du temps.
d3./d ANAT Nom donné, par similitude de forme, à divers replis membraneux. Faux du cerveau.
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faux
n. m.
d1./d Ce qui est faux. Séparer le vrai du faux. Plaider le faux pour savoir le vrai.
d2./d DR Altération, contrefaçon frauduleuse d'actes, d'écritures. Commettre un faux. Faux en écriture authentique.
|| S'inscrire en faux: soutenir qu'une pièce produite en justice est fausse et s'engager à le prouver.
— Fig. S'inscrire en faux contre une assertion, lui opposer un démenti.
d3./d Imitation frauduleuse d'une oeuvre d'art. Ce Renoir est un faux.
I.
⇒FAUX1, adj., adv. et subst.
I.— Adjectif
A.— [Traduit l'idée d'une erreur, d'une opposition ou d'une déviation p. rapp. à ce qui est reconnu vrai, juste]
1. [En parlant d'une proposition, d'un énoncé, d'un fait] Qui est contraire à la vérité, ou qui contredit l'existence de quelque chose. Dire qqc. de faux (sur...), tenir qqc. pour faux.
a) [Par une erreur de jugement, d'appréciation] Synon. erroné. L'énoncé d'un fait ne peut être que vrai ou faux. Il n'en serait pas de même pour une proposition quelconque (POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 225). La science d'aujourd'hui contient encore un certain nombre de faux concepts (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 230). Une assertion est vraie ou fausse, simplement. Il n'y a place ni pour « en tant que », ni pour une catégorie tierce (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 335) :
• 1. — Vous voilà encore avec votre fausse logique! Je vous ai enseigné la logique, mais vous allez à l'extrême et rendez faux, par l'abus des conséquences, ce qui est vrai au point de départ.
SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 344.
SYNT. Idée, notion, proposition fausse; principe faux; faux dogmes; fausse morale, religion, conception (de la science); donner, se faire une idée fausse (de qqc.); tirer une conséquence fausse (d'un principe vrai).
♦ Il est faux de (+ inf.), il est faux que (+ subj.). Il comprit qu'il était faux qu'on pût aimer deux femmes à la fois (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 153). Il serait faux de croire que la première enfance vit dans un état de rêve bien caractérisé et homogène (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 338).
b) [Par déformation volontaire de la vérité] Synon. fallacieux, mensonger. Il avait trouvé la cuisinière avec un soldat, histoire fausse, uniquement inventée pour produire de l'effet (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 15). Les ragots, les fausses nouvelles, cavalaient tout le département (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 600). D'ailleurs, j'ai déjà en tête la fausse confession que je ferai tout à l'heure à Olivier (AYMÉ, Quatre vérités, 1954, p. 215) :
• 2. ... Cavaignac, pour se défendre, nous a appris que sa croyance à la culpabilité de Dreyfus venait d'une fausse confidence du général Mercier, le criminel originel, qui d'ailleurs n'avait pas osé donner ce mensonge en pâture à ses collègues.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 497.
SYNT. Allégation fausse; faux avis, bruits, propos; fausse information; faux témoignage (p. méton. faux témoin); donner un faux nom, une fausse adresse; il est faux que, il est faux de.
2. Qui n'est pas conforme à un modèle, à un étalon.
a) Qui ne correspond pas à ce qui est attendu ou escompté.
— [En parlant de mesures] Le baromètre descendit à vingt-sept pouces dix lignes; mais comme il nous avait donné plusieurs fois de faux indices, nous continuâmes notre route (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 389).
Spéc. Fausse coupe (ou faux métrage). Ce qui reste d'une pièce d'étoffe débitée, mais qui n'est pas suffisant, notamment pour faire un vêtement.
♦ Au fig. Jerningham. — Je pèserai chaque parole. Mac Allan. — Et pas de faux poids, hein? (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, I, 2, p. 9).
— [En parlant d'opérations ou de manifestations de l'esprit] Calcul, problème faux; interprétation fausse; faux raisonnement; fausse citation; faire un faux sens. De fausses appréciations, où le symptôme est pris pour la cause et le résultat pour le principe (COMTE, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 516). Si du moins la vie était un calcul qui se puisse recommencer (...) mais autant croire qu'on corrigera une soustraction fausse en faisant une addition juste (BLONDEL, Action, 1893, p. 195). On peut être plus sensible aux maux d'autrui, qu'à ses propres maux (...). De là un faux jugement sur la vie, qui empoisonne la vie (ALAIN, Propos, 1910, p. 94).
— [En parlant des facultés d'une pers.]
♦ Avoir l'esprit, le goût, le jugement faux. Juger, raisonner d'une façon qui ne permet pas d'atteindre la vérité. On lui a rendu l'esprit faux, on l'a retenue sans cesse dans la terreur des devoirs chimériques; on ne lui a pas donné le moindre sentiment des devoirs réels (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 28). Rémusat le juge [Lamartine] très ambitieux, très positif, d'une grande suite de volonté, mais d'un faux jugement (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 80).
P. méton. Un esprit faux. Personne qui a l'esprit faux. L'obstination étroite des esprits raides, ou (...) l'obtusion des esprits faux (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 641).
— En partic.
♦ Éducation, instruction fausse. Qui n'inculque pas des principes vrais, la manière de raisonner juste. Il est peu d'artistes (...) qui ne s'aperçoivent (...) que le temps leur manque (...) pour recommencer sur nouveaux frais une instruction fausse ou incomplète (DELACROIX, Journal, 1857, p. 24).
♦ Prendre une fausse direction, faire fausse route. Se tromper sur la direction à prendre (au propre et au fig.). Pour la seconde fois, l'interprétation erronée du document venait de jeter sur une fausse piste les chercheurs du Britannia (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 226). Elle cessa de se défendre d'avoir connu un Maubel, préférant laisser le jaloux s'égarer sur une fausse piste (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 206).
♦ Vers faux. Qui n'a pas le nombre voulu de syllabes. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». (...) « Que la raison n'a pas », rectifia-t-elle (...) :« sans ça, le vers serait faux » (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 851).
b) [Gén. en parlant d'actes ou de leur résultat] Dont l'accomplissement ne correspond pas à l'intention, n'aboutit pas ou subit une déviation. Faux bond, départ (des coureurs), mouvement. Lucien, essoufflé par cet exercice, avait fait un faux pas et s'était étalé au beau milieu d'une plate-bande (ZOLA, Page amour, 1878 p. 839). Les jambes de son pantalon soigneusement remontées, afin que l'étoffe ne prît point de faux plis aux genoux (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 111). Un accident (...) avait eu lieu en gare. Une fausse manœuvre. Un cheminot écrasé (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 105).
♦ Fausse position. Instable. Je lui fais remarquer la fausse position de cette pierre, mais inutilement; elle y pose le pied, tombe et prend une entorse (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 316).
Au fig. Fausse position; situation, position fausse. Délicate, équivoque. Je vais, mes enfants, mettre un terme à la fausse position où je me trouvais depuis si longtemps (...) je viens vous annoncer mon mariage (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 357). Il passe ses soirées à me dire que nous sommes dans une situation fausse et que je le fais vivre en état de péché mortel (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, II, 4, p. 16).
♦ P. anal. Douleur fausse. Qui n'est pas franche. Une douleur aiguë et fausse lui sciait l'épaule (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 24).
— En partic. Qui manque son but (par défaut d'habileté, de justesse d'appréciation d'une situation). Fausse démarche, tactique. Le gouvernement, par ses fausses mesures, risque de faire mourir le pauvre de faim (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 285). Le fils n'avait rien eu de plus pressé que de perdre dans une fausse spéculation ce champ et cette maison (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 781) :
• 3. ... cette manie qu'ont les gens de vous regarder fixement quand ils vous parlent (...) pour être bien sûrs que vous les écoutiez. Faux calcul d'ailleurs, car dans ces cas-là, je ne pense plus qu'à m'échapper...
SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 156.
c) Domaine esthétique. Qui est contraire à la justesse, au naturel.
— MUS. Qui n'est pas juste, qui n'est pas dans le ton. Accord, son faux. Un petit clairon (...) souffla dans son instrument un rappel pas correct, aux notes fausses, mais en mesure, mais vibrant (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 138)
♦ P. méton.
Qui fait entendre des sons faux. Piano faux; voix fausse. Cette fanfare est fausse et criarde (MEILHAC, HALÉVY, Belle Hélène, 1865, I, 11, p. 200).
Qui ne perçoit pas les sons exactement. Oreille fausse. L'ouïe est quelquefois originairement fausse, soit que les deux oreilles n'entendent point à l'unisson (...) soit que dans (...) chacune d'elles (...) il se trouve des causes communes de discordance (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 435).
♦ P. anal. Voix fausse, rire faux. Désagréable à entendre comme une note fausse. Sa voix fausse, tantôt haute, tantôt basse, procédait par brusques changements de tons et glapissements bizarres (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 29). Un rire sec, nerveux, frémissant, un de ces rires faux qui semblent devoir casser les verres fins (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bûche, 1882, p. 782).
♦ P. ext. Fausse note. Note juste en elle-même mais qui n'est pas la note prévue dans la partition et choque l'oreille. Elle se remit à jouer (...) et elle faisait fausse note sur fausse note. Il ne s'en apercevait pas (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 193).
Au fig. Qui détone, qui n'est pas en harmonie avec l'ensemble auquel on se réfère. L'hôtel du banquier était très beau. Un grand luxe, beaucoup de jolies choses et très peu de fausses notes (GYP, Leurs âmes, 1895, p. 305).
— Domaine visuel
♦ Couleur fausse. Qui ne présente pas un caractère de pureté, de naturel. Ton faux; nuance fausse. La lueur d'un incendie (...) répandit sur toute cette scène une teinte fausse et blafarde, qui n'est ni le jour ni la nuit (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 220). Un nuage venu du couchant, d'un rose faux et acide, colorait vaguement son lâche vêtement blanc (COLETTE, Seconde, 1929, p. 98). Quant aux arbres, on les aurait cru peints, de ce vert faux, brutal, acide qui leur prête le ton d'un décor de théâtre (CARCO, Nost. Paris, 1941, p. 155).
♦ Faux jour, jour faux. Mauvaise lumière qui altère l'apparence des choses. Faux jour de soupirail, du crépuscule. À toute heure, ce jour double et faux de la fenêtre insuffisante et des ampoules excessives éclaire Rézi d'une lumière théâtrale (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p. 120). De gros nuages d'orage montaient sur l'horizon en volutes lourdes, fondus au ras de la mer dans un reste de faux jour livide (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 231).
Au fig. Apparence trompeuse. Comme tu outres tout! Comme tu mets tout dans un faux jour! (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 116) :
• 4. Mme Sand fait de Maurice un sceptique, un grand poëte à la façon de Byron, et cela m'affligeait de voir présenter sous ce faux jour le nom de mon frère...
E. DE GUÉRIN, Journal, 1840, p. 384.
— LITT., THÉÂTRE. Qui est contraire au naturel, à la vraisemblance. Genre, style faux; déclamation fausse; caractère, personnage faux; psychologie (d'un personnage, d'une pièce) fausse. Synon. affecté. Quant aux autres acteurs, il est impossible d'avoir un débit plus faux et plus affecté, des gestes plus exagérés et plus contraires au bon sens (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 270). Quelquefois, dans les plus vivants [des personnages de Balzac], une phrase ou une action fausse indique que l'inspiration a manqué (TAINE, Nouv. Essais crit. et hist., 1865, p. 26). D'ordinaire les romans lui semblaient faux et puérils (ZOLA, Page amour, 1878, p. 846) :
• 5. Lu Quatre-vingt-treize que je n'avais pas ouvert depuis des années. Admiration totale pendant deux cents pages, puis tout à coup, la lecture devient impossible : c'est trop fabriqué, trop uniment faux.
GREEN, Journal, 1945, p. 119.
♦ P. anal. [En parlant de l'attitude d'une pers.] Je renonce à combattre votre penchant : (...) je craindrais de jouer le rôle bête et faux d'un froid pédant (BARBIER, Satires, 1865, p. 55). N'avait-il pas [le docteur] daigné parfois l'élever jusqu'à lui? D'un geste aussi faux que l'était cette phrase, elle [Maria] saisit la main du docteur, l'approcha de ses lèvres (MAURIAC, Désert am., 1925, p. 104).
3. Qui est fondé sur une erreur, qui n'est pas justifié. Comme j'ai deviné que de fausses terreurs vous inquiétaient, je suis venu (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 243). Mon petit, méfie-toi de la « fausse vocation ». La plupart des existences manquées, des vieillesses aigries, n'ont pas d'autre origine (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 949). Hier après-midi, il y a eu une fausse alerte d'invasion due à l'erreur d'un radiotélégraphiste (GREEN, Journal, 1944, p. 116) :
• 6. ... j'ai eu de bien grands torts envers vous! — Et mettant de côté toute fausse honte, le poëte confessa franchement sa folle conduite...
THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 185.
SYNT. Fausse alarme; fausse crainte, espérance, joie, pudeur; faux honneur, point d'honneur; faux pressentiment; fausse impression, reconnaissance.
♦ Faux problème, dilemme; fausse antinomie, difficulté. Que l'on pose, que l'on envisage à tort :
• 7. La méthode de Charles Perrault, qui consiste à prendre des anciens pour les opposer aux modernes, nous fournit un bon type de faux problème (...). Ces auteurs latins (...) disposés parallèlement à des auteurs français, c'est une fiction oratoire. Ce qui existe réellement, ce qui vit et ce qui dure, c'est une suite...
THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 248.
B.— [Traduit l'idée d'une ressemblance trompeuse, d'une imitation ou d'une contrefaçon] Anton. vrai, véritable, authentique.
1. Qui n'a que l'apparence de la chose réelle, sans en avoir les caractéristiques, les qualités essentielles.
a) Domaine concr. ou sensible. Faux brillant, chic, luxe; faux chef-d'œuvre; fausse élégance. La fausse distinction et la politesse de pacotille des hommes distingués, des hommes polis de l'Empire (GONCOURT, Journal, 1870, p. 575). Un magnifique et singulier képi (...) qui donnait à son Altesse un faux air de général mexicain (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 115). Moins grande qu'elle ne semblait, elle était une fausse maigre, avec de belles épaules, des bras harmonieux (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1160) :
• 8. L'appartement occupé par ce ménage (...) offrait les trompeuses apparences de ce faux luxe qui règne dans tant d'intérieurs. Dans le salon, les meubles recouverts en velours de coton passé, les statuettes de plâtre jouant le bronze florentin, le lustre mal ciselé (...), tout chantait misère...
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 52.
♦ Faux ménage. Couple non marié légalement. Joseph prétend que papa n'a pas moins de deux faux ménages, et il cite les adresses (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 72).
♦ [Au théâtre et p. compar. dans la vie courante] Fausse sortie. Sortie simulée suivie d'un retour presque immédiat. Tous les convives étaient partis, Courtenay, après une fausse sortie, revint au moment où elle passait dans sa chambre (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 161).
P. anal. Un faux dégel s'était produit dans la semaine, puis le froid avait recommencé (ZOLA, Rêve, 1888, p. 18).
— En partic., dans de nombreux domaines. [Pour désigner une chose ayant une certaine ressemblance, présentant un certain rapport ou faisant double emploi avec la chose proprement désignée par le subst.]
♦ BOT., ZOOL. Faux acacia, bambou, cèpe, ébénier, poivrier; faux bourdon2; fausse chenille; faux terrier. Il est une fausse oronge, de même fumet que l'autre, et qui recèle un venin mortel (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 168).
♦ ANAT., PATHOL., PHYSIOL. Fausses côtes, pattes; fausse narine; fausse angine de poitrine; faux croup; fausse couche, grossesse; faux jumeaux. Voulez-vous m'aider à soigner une diphtérique; (...) il faudrait la tenir pendant que j'enlèverai les fausses membranes de sa gorge (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mis. hum., 1886, p. 649).
♦ Domaines techn. ARCHIT. Fausse cloison; faux mur, plafond, plancher. COUT. Faux col, ourlet. IMPR. Faux titre. MAR. Faux bras, pont; fausse quille. VÉN. Faux arrêt, rembuchement. MUS. Faux-bourdon (v. bourdon2 II A).
b) Domaine abstr. Fausse victoire; faux répit; fausse vertu; faux devoir. Ces faux biens que le vulgaire envie, Gloire, puissance, orgueil (LAMART., Harm., 1830, p. 477). Tout vaut mieux que le faux amour, le désir qu'on prend pour la passion (CLAUDEL, Père humil., 1920, I, 3, p. 506). La vraie paix, celle qui vient de Dieu, et non cette fausse paix qui suit l'assouvissement de nos convoitises (GREEN, Journal, 1942, p. 206) :
• 9. Nous avons rencontré cent fois (...) ces ambivalences vertueuses : (...) la fausse chasteté des refoulés, la fausse pitié de la sensiblerie, le faux amour des maniaques de la protection et du dévouement égocentrique, la fausse bonté des faibles...
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 733.
c) [En parlant d'un être] Faux génie, patriote, savant. Ce journal du mensonge, le Figaro, célébrant le faux honnête homme comme l'abbé Roussel, le faux homme de talent, comme... comme... (GONCOURT, Journal, 1889, p. 957). Il revoit (...) tant de faux révoltés, si éloquents dans le monde, qu'il a vus à ses pieds, risibles! (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 235) :
• 10. Pour Gladstone, le beaconsfieldisme était une épouvantable hérésie qui avait souillé l'âme du peuple anglais (...). Maintenant le pays commençait à comprendre qu'il avait suivi un faux prophète.
MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 314.
♦ Faux dieu. Ces gens-là n'ont que leur patriotisme. Laisse-leur ce faux dieu à adorer (RENAN, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, V, 1, p. 596). Tous les faux dieux, toutes les philosophies païennes [se taisent], dès que le Christ apparaît (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 203).
2. Qui est l'imitation, la contrefaçon de quelque chose.
a) Qui est le résultat d'une contrefaçon avouée ou non. Bijoux faux; faux diamant; fausse perle; fausse dentelle, fourrure; faux acajou, marbre; rideaux en faux gobelins. Les poils de lapin de la fausse hermine et de la fausse martre (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 390). Tu as cette horreur de toute surface libre qui a engendré les faux tanagras, les cache-pot, la végétation des cristaux (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 182). Ces petites maisons blanches où étaient peints de faux balcons, de fausses portes, de fausses fenêtres, en couleurs fanées (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 507) :
• 11. À l'autel faux-gothique,
Dont le faux byzantin
Reluit de fausses pierres
En toute vérité.
MONTESQUIOU, Hort. bleus, 1896, p. 95.
— [En parlant des attributs d'une pers.] Fausse barbe; faux sein, cheveux; tour de faux cheveux; fausses dents. Synon. postiche. Il jouissait de tous les membres que Dieu a donnés à l'homme : sain et entier, ni taie sur un œil, ni faux toupet, ni faux mollets (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 603).
b) Qui reproduit l'apparence de quelque chose frauduleusement ou pour tromper.
— [En parlant d'un objet] Synon. falsifié. Ces choses qui ne sont des objets d'art que pour les femmes, un faux pastel de Boucher, de faux pastels de Chardin (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1188). J'ai des faux papiers qui me permettraient de rentrer facilement en Suisse (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 589) :
• 12. ... cet escroc érudit (...) employait à fabriquer de faux palimpsestes un labeur et une science dont la centième partie eût suffi à lui assurer une situation plus lucrative, mais honorable...
PROUST, Swann, 1913, p. 132.
SYNT. Faux assignat; fausse monnaie (p. méton. faux-monnayeur); pièce de fausse monnaie; fausse pièce; pièce fausse; fausse clef.
♦ P. ext. [Seule l'idée de fraude subsiste] Faux sel. Sel de contrebande; p. méton., faux saunier. Ils montraient grande prétention d'être nobles alors que l'arrière-grand-père se mêlait de faire des convois de faux sel (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 133).
— [En parlant du comportement d'une pers.] Qui est feint, simulé. Fausse aménité, bonhomie, camaraderie, gaîté, humilité; faux soupirs. Le petit salon retentit de la fausse tousserie d'un homme qui voulait dire ainsi : « Je vous entends » (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 30). Je t'en prie, pas de fausse modestie. Tu sais que le refus des louanges est le désir d'être loué deux fois (MONTHERL., Exil, 1929, II, 5, p. 62). Cette fausse désinvolture qui est le signe d'un grand embarras (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 103) :
• 13. Mais il était utile que nous revissions (...) la petite Marie, son faux regret, ses larmes volontaires, et sa venimeuse gentillesse...
COLETTE, Jumelle, 1938, p. 185.
♦ Fausse attaque. Attaque secondaire destinée à faire diversion. Le prince de Waldeck devait tenter un assaut, tandis que (...) nous ferions diversion par une fausse attaque sur la place du côté de la France (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 412).
— [En parlant d'une pers.]
♦ [Le subst. indique une qualité soc. ou morale] Qui prend une identité, une qualification qu'elle n'a pas. Faux Anglais; faux prêtre; faux bonhomme, dévot, frère; fausse ingénue. Ces faux braves qui s'insultent et font battre leurs témoins (LEMERCIER, Pinto, 1800, I, 2, p. 35). Il y a tant d'espions, de fausses infirmières, etc. (MONTHERL., Songe, 1922, p. 194). Vuillaume est un faux camarade. Il sourit, d'un air débonnaire; mais il prépare sournoisement des coups de sa façon (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 137) :
• 14. Il n'y a rien de si méprisable que le faux ami, celui qui accepte tous les dévouements, tous les sacrifices, et qui n'a rien de pareil dans son cœur à donner en échange.
KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 295.
Au fig. [En parlant de mots de langues différentes] Faux-amis. ,,Qui sont d'étymologie ou de forme semblable mais de sens partiellement ou totalement différent`` (MOUNIN 1974).
♦ [Le subst. désigne une pers. partic. ou un de ses attributs] Qui affiche des sentiments qu'en réalité elle n'a pas; à qui on ne peut se fier. Homme faux; cœur faux; nature fausse; air, œil, regard faux; dégaine, mine fausse. Fam. faux comme un jeton, faux jeton. Synon. hypocrite, sournois; anton. franc, sincère, vrai. Il avait pris la plus triste idée de Zola (...) il s'était trouvé en présence d'un être faux, retors, hypocrite (GONCOURT, Journal, 1886, p. 562). Elle n'était point fausse, étant seulement femme, étant changeante et variable, mais sans calcul (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 240). Soudain une expression basse et fausse enlaidit son visage (MARTIN DU G., Taciturne, 1932, III, 8, p. 1340) :
• 15. Il n'y a presque que des hommes à demi faux. — Ayez donc un beau et pur regard si vous voulez tromper ou du moins les prunelles de marbre, ne commencez pas (...) par mettre la main sur votre bouche, les doigts en l'air vers le front, car il est impossible de plus s'avouer faux [it. ds le texte] qu'en agissant ainsi...
BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1837 p. 116.
P. méton., rare. Qui est le fait d'une personne fausse. La flatterie, la servilité, la bassesse, une fausse habileté souple et patiente, conduisent plus sûrement aux emplois que le génie et la vertu (LAMENNAIS, Religion, 1825, p. 34). Je vous laissai parler; me refusant à croire (...) qu'un dessein si faux pût séjourner dans l'âme (PONSARD, Lucrèce, 1843, IV, 3, p. 80).
Rem. gén. Faux entre comme premier élément de compos. avec certains noms (séparé ou non par un tiret du nom qui suit) : a) pour désigner des choses qui ne sont pas conformes à ce que l'on attend et quand le composé prend un sens fig. : faux bond, faux pas; b) lorsqu'il indique que la chose est improprement désignée par le nom mais présente seulement un rapport, une ressemblance avec l'original : faux acacia, faux ébénier; faux bourdon, faux col, fausse couche, faux filet; faux-amis (sens fig., cf. B 2 b); faux-semblant; c) avec des noms qui sont essentiellement ou uniquement associés à cet adj. : faux-fuyant, faux-monnayeur.
II.— Emploi adv.
A.— Faux, adv.
1. Contrairement à la vérité, à la réalité. Si le journal dit vrai, la bonne chose qu'il a dit reste; s'il dit faux, c'est comme s'il n'avait rien dit du tout (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 473). Hélas! le père n'est pas homme à parler faux... l'est défunt (LA VARENDE, Pays d'Ouche, 1934, p. 94).
2. Contrairement à la logique, d'une manière inexacte. On pense faux comme on chante faux, par ne point se gouverner (ALAIN, Propos, 1929, p. 864). Créon. — Cela ne m'étonnerait pas, mon gaillard. Tu es homme à te vendre, et pas cher! Le Garde. — Il est triste qu'un prince juste puisse voir si faux (COCTEAU, Antigone, 1932, p. 18).
3. En péchant contre l'harmonie, le naturel.
a) MUS. Chanter faux. C'est comme un homme qui a l'oreille juste et qui joue faux du violon; ses doigts se refusent à reproduire juste le son dont il a conscience (FLAUB., Corresp., 1847, p. 47). Lulu Maublanc descendait l'avenue de Messine, sifflotait faux la valse hongroise (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 53).
— Au fig. Sonner faux. Il affectait une grande gaieté mais qui sonnait faux (VIALAR, Bien-aller, 1952, p. 121). Henri eut l'impression que cette voix cordiale sonnait faux : peut-être parce qu'en lui-même quelque chose sonnait faux (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 373).
b) THÉÂTRE. Dans Orphée le ton ne peut être ni familier ni « poétique » (...). Voilà le style que Jean Marais possède, d'où jamais il ne déraille et qui fait croire à certains critiques qu'il dit faux (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 248). Ils [les acteurs] n'eussent pu d'eux-mêmes jouer faux tous à la fois. Ces attitudes, ce débit, tout leur venait du dehors, tout leur avait été imposé (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 280).
B.— À faux, loc. adv.
1. Contrairement à la vérité, d'une manière erronée. Vous m'avez lu si négligemment que presque toujours vous me citez à faux (FLAUB., Corresp., 1863, p. 79). D'ailleurs il était admis alors que les vrais prophètes pouvaient prophétiser parfois à faux (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 548).
2. D'une manière maladroite, anormale. Tomber à faux. Un jour, en descendant l'escalier — le tien! — l'oncle posa le pied à faux. Il dégringola bruyamment (COURTELINE, Vie mén., Escalier, 1890, II, p. 66).
♦ Spéc. Porter à faux. Ne pas porter directement sur son point d'appui. Les six arcades supérieures portent à faux, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas été construites de façon à ce qu'au centre des arcades inférieures corresponde exactement un vide ou un pilastre (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 82).
— En partic. Sans atteindre le but recherché. Si l'un d'entre nous, par hasard, essayait de se confier (...), la réponse qu'il recevait, quelle qu'elle fût, le blessait la plupart du temps (...). Bienveillante ou hostile, la réponse tombait toujours à faux (CAMUS, Peste, 1947, p. 1278).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. ex. où, p. ell. du verbe, cette loc. prend une valeur adj. Aussi quittent-elles [les femmes] assez volontiers un amant, quand il est assez inexpérimenté pour leur ravir (...) ces délicieux tourments de la jalousie à faux (BALZAC, Ferragus, 1833, p. 25). Sache qu'un coup de gouvernail à faux casserait le bateau net sur les rochers (FLAUB., Corresp., 1850, p. 178).
3. Sans raison, à tort. On peut, monsieur, être à la fois ancien marin et calomniateur en accusant à faux un brave et loyal camarade (SUE, Atar Gull, 1831, p. 20). C'est s'alarmer à faux que s'émouvoir des inévitables lenteurs (...) d'une négociation (JAURÈS, Paix menacée, 1914, p. 229).
III.— Emploi subst.
A.— [Correspond à I A; précédé de l'art. déf., avec valeur de neutre]
1. Ce qui est contraire à la vérité. Prendre le faux pour le vrai; distinguer le vrai du faux; plaider le faux pour savoir le vrai. Le principe de l'insuccès [de Napoléon] n'est point dans les accidents de la nature et de la guerre (...) il est tout entier dans le faux des conceptions politiques (PROUDHON, Révol. soc., 1852, p. 145). Quelques chefs militaires (...) avaient organisé le faux et le mensonge, à l'abri du prétendu secret d'État (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 294). Le faux n'est pas toujours soluble dans le vrai. Le vrai n'annule pas toujours le faux (VALÉRY, Mauv. pens., 1942, p. 143) :
• 16. ... penser vrai c'est saisir mieux. Ce qui est vrai c'est le mouvement qui va du rêve à la chose; en ce sens il y a du vrai dans tous les contes, et du faux dans toutes les doctrines.
ALAIN, Propos, 1921, p. 333.
♦ Être dans le faux. Être dans l'erreur. Je sens que je suis dans le faux, comprenez-vous? et que mes personnages n'ont pas dû parler comme cela (FLAUB., Corresp., 1857, p. 240).
2. Ce qui est équivoque, délicat. Le faux d'une situation :
• 17. Manette avait changé sa familiarité avec lui en une politesse sèche, coupée d'allusions qui le renfonçaient, sous leur intimidation, dans le faux de sa position.
GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 353.
3. Ce qui manque de naturel, de sincérité. Si le faux règne en effet dans le style comme dans la conduite de certaines tragédies françaises, ce n'était pas au vers qu'il fallait s'en prendre, mais aux versificateurs (HUGO, Préf. Cromw., 1827, p. 33). L'exagération ou, pour parler franc, le faux du livre de Charron est de même nature que dans Montaigne (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 11, 1856, p. 254). Il y a des jeux de sensibilité en elle, des expressions de tendresse filiale (...) outrées et qui sonnent le faux (GONCOURT, Journal, 1859, p. 630) :
• 18. Il [Racine] ne rompt pas d'un coup : le faux dans les sentiments dépare encore Alexandre, et il ne cessera d'y avoir, dans toutes ses tragédies et jusque dans Phèdre, des roucoulements.
MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 110.
B.— [Correspond à I B; l'art. est déf. ou indéf.] Altération ou contrefaçon de quelque chose d'authentique.
1. DR. Faux (en écriture). ,,Altération de la vérité commise dans un écrit et de nature à causer préjudice`` (CAP. 1936). Être condamné pour crime de faux, pour usage de faux. Les crimes de faux ne peuvent être poursuivis que sur des plaintes privées (BALZAC, Cabinet ant., 1839, p. 106). M. Nivardet a une assez belle écriture et il fait le faux dans la perfection, imitant toutes les mains (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 83). Son ordonnance, un ancien du groupe franc, que grâce à d'invraisemblables faux en écritures, il avait réussi à traîner partout à sa suite (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 217) :
• 19. Il est à peine croyable que nos grands capitaines aient mis deux ans à découvrir un faux fabriqué sur deux papiers différents collés ensemble (...). Sans cette maladresse du faussaire, le faux serait encore ignoré...
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 280.
SYNT. Faux en écriture authentique et publique. ,,Commis par un fonctionnaire ou officier public dans l'exercice de ses fonctions ou par toute autre personne ayant simulé les formes ou contrefait les signatures qui impriment aux actes le caractère de l'authenticité`` (CAP. 1936). Faux en écriture de commerce ou de banque. Faux portant sur les actes de commerce. Faux en écriture privée. Faux portant sur les autres catégories d'écrits. Faux matériels. ,,Faux qui consiste à falsifier une écriture par contrefaçon, grattage, ratures`` (ibid.). Faux intellectuel. ,,Altération de la vérité portant sur la substance ou les circonstances d'un acte`` (ibid.).
♦ S'inscrire en faux (contre). Soutenir en justice qu'un acte, une pièce est fausse. Inscription en faux.
Au fig. Nier la valeur de quelque chose :
• 20. Toutes les fois qu'on nous dit : je vous aime bien, cela ne veut pas dire qu'on nous aime; et il y a encore mille autres cas où le positif est plus solennel que le superlatif, où tout adjectif affaiblirait la simplicité absolue de l'image, où la psychologie, en un mot, s'inscrit en faux contre la grammaire.
JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 188.
2. Objet fabriqué à l'imitation d'un objet de valeur. Je n'aime pas beaucoup qu'une œuvre du XIIe siècle soit exécutée au XIXe. Cela s'appelle un faux. Tout faux est haïssable (FRANCE, P. Nozière, 1899, p. 246).
♦ Bijou en faux (vieilli). Bijou fabriqué dans une matière qui imite une matière précieuse. Synon. bijou (de) fantaisie. Bijoutier en faux. L'autre, au contraire, était bien l'œuvre de Paris, ce bijoutier en faux qui dispose de mille futilités charmantes, brillantes, mais peu solides, mal assorties, mal rattachées (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p. 100).
Prononc. et Orth. :[fo], fém. [fo:s]. Enq. : o, -s, D/. Homon. faut (de falloir). Ac. 1932 écrit les composés en faux- avec un trait d'union. Mais l'usage est flottant comme le prouvent les ex. cités. Étymol. et Hist. A. Ca 1100 fals jugement « injuste » (Roland, éd. J. Bédier, 307) id. false lei « fausse loi, fausse religion, qui n'est pas vraie » (ibid., v. 3638); 1176 « contrefait, falsifié » (CHR. DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 3445) id. « qui cherche à tromper » (v. faux-semblant). B. Ca 1223, subst. « ce qui n'est pas vrai » (G. DE COINCY, Mir. Notre-Dame, éd. V.-F. Kœnig, II Mir. 19, 240); 1611 « imitation, falsification » (COTGR.). Du lat. falsus « faux, falsifié, trompeur, imposteur ». Fréq. abs. littér. : 9 917. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 13 146, b) 13 273; XXe s. : a) 15 599, b) 14 743. Bbg. Archit. 1972, p. 209. — GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo..., 1972, p. 149, 360, 375-379.
II.
⇒FAUX2, subst. fém.
Instrument utilisé pour couper les fourrages, les céréales, composé d'une lame d'acier légèrement recourbée, tranchante du côté concave, qui se termine en pointe à un bout et qui est fixée à l'autre bout, dans une direction perpendiculaire à son axe, à un long manche en bois muni d'une poignée. Affiler, marteler, ébrécher une faux. Au dehors, le grincement d'une faux aiguisée par un faucheur montait par intervalle (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 142). S'entêtant sur un coin de pré, les faucheurs allaient toujours, sans relâche; et le sifflement des faux montait encore, large, régulier (ZOLA, Terre, 1887, p. 145) :
• ... dans les champs attaqués par les faux, on voyait les hommes se balancer en promenant au ras du sol leur grande lame en forme d'aile.
MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 380.
— En partic.
♦ Faux à râteau ou faux armée. Faux munie d'un râteau à longues dents, fixé au dos de la lame et à la partie inférieure du manche pour ranger les tiges coupées en andains (cf. CHESN. 1857, Lar. 20e-Lar. encyclop.).
♦ ARMES ANC. Faux (de guerre). Faux utilisée comme arme d'hast en fixant la lame dans le prolongement du manche (et en faisant varier parfois la forme de cette lame) ou à un char de guerre. Cf. fauchard. Le vaste coup de faux des Cimbres fauchant la mêlée [du haut de leurs chars] (BARBEY D'AUREV., Memor. 3, 1856, p. 75).
— Emplois métaph.
♦ La faux de la mort, du temps. O Malherbe! la faux de la mort te moissonne au milieu de tes belles années! (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 272). Le disque de l'horloge est le champ du combat, Où la Mort de sa faux par milliers nous abat (GAUTIER, Poés., 1872, p. 262). C'est la phtisie rapide (...). Le temps n'a pas de faux plus aiguë, plus soudaine (L. DAUDET, Morticoles, 1894, p. 91).
♦ [En parlant de ce qui peut tuer, détruire] La faux abjecte des avorteuses, la tringle de rideau passait sans bruit, des milliers d'existences coulaient au ruisseau (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 193). Le Montgirmont devient fou, crache ses obus par-dessus nos têtes, nous courbe sous un vol de grandes faux, sifflant, volontaire, bestial (GENEVOIX, Éparges, 1923, p. 105).
— ANAT. [P. anal. de forme] Repli membraneux ou ligament recourbé. Faux du cervelet, de l'artère hépatique; grande faux du péritoine. Dans les mammifères, la faux du cerveau diminue beaucoup de longueur et de largeur (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 177).
REM. Fauchon, subst. masc. ,,Petite faux pour couper les céréales, ou faux armée d'un râteau destiné à rabattre les tiges coupées vers la gauche du faucheur ou du moissonneur`` (FÉN. 1970). Si vous trouvez un paysan lombard prêt à aller couper la barbe à Zobel avec son fauchon, venez me le dire, je l'accompagne. Mais si je suis seul, j'ai mon foin à rentrer (GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 446).
Prononc. et Orth. :[fo]. Ds Ac. 1694, s.v. faulx, avec l étymol. Cette orth. est vivement défendue par LAND. 1834 : ,,L'étymologie doit, toujours, être la règle, la raison de l'orthographe, lorsque deux mots ont la même consonance sans avoir le même sens``. Cf. faux1. Ac. 1718-1878 admet faulx ou faux. Ce n'est que dans l'éd. de 1932 que Ac. tranche, en faveur de faux. Alors que déjà FÉR. Crit. t. 2 1787 considère la graph. faulx comme archaïque. Étymol. et Hist. 1176-81 fauz (CHR. DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 3101). Du lat. falx, falcis « faux, faucille, serpe ». Fréq. abs. littér. :327. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 398, b) 444; XXe s. : a) 572, b) 463. Bbg. GOHIN 1903, p. 375.
1. faux, fausse [fo, fos] adj. et n. m.
ÉTYM. 1080, fals; puis faus; du lat. falsus, p. p. adj. de fallere « tromper ».
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REM. Par rapport à vrai et réel, faux marque tantôt opposition (sens I., A., 1.), tantôt contrefaçon (sens I., A., 2., 3. et 4.), tantôt écart (sens B.).
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I Adj.
1 (Surtout avant le nom, en épithète). Qui n'est pas vrai, qui est contraire à la vérité (pensable, constatable). || Une fausse doctrine, une fausse opinion, un faux axiome (→ Cause, cit. 32), une doctrine fausse, complètement fausse. || Avoir des idées fausses sur une question. ⇒ Chimérique, erroné. || Conclusions (cit. 4) fausses. || C'est faux ! vous n'avez pas compris ! || C'est faux et archifaux ! || Propositions, assertions contradictoires dont l'une est vraie et l'autre fausse. || Une fausse morale. || De faux principes. || Distinction fausse. ⇒ Captieux; sophisme. || La chose est sinon fausse, du moins douteuse.
1 Rien ne semble vrai, qui ne puisse sembler faux.
Montaigne, Essais, II, XIII.
2 (…) considérant combien il peut y avoir de diverses opinions touchant une même matière, qui soient soutenues par des gens doctes, sans qu'il y en puisse avoir jamais plus d'une seule qui soit vraie, je réputais presque pour faux tout ce qui n'était que vraisemblable.
Descartes, Discours de la méthode, I, 1re partie.
3 (…) la vanité de juger faisant encore plus de progrès que les lumières, chaque vérité qu'ils (les savants) apprennent ne vient qu'avec cent jugements faux.
Rousseau, Émile, III.
4 C'est que l'idée qu'on a d'Hoffmann est fausse comme toutes les idées reçues.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, p. 42.
5 Tout n'est pas faux dans ce qui fut abandonné. Tout n'est pas vrai dans ce qui se révèle.
Valéry, Autres rhumbs, p. 135.
♦ (Avant le nom, en épithète). || Un faux bruit (→ Arriver, cit. 3). || Un faux rapport. ⇒ Apocryphe, controuvé, fabuleux, imaginaire, inventé, mensonger, subreptice. || Fausse nouvelle. ⇒ (fam.) Bobard, canard. || Fausse version des événements. || L'histoire n'est pas entièrement fausse, mais elle est déformée, enjolivée. || C'est faux, vous mentez ! || Vos prévisions se sont trouvées fausses. || Un faux sens. || Fausse promesse. ⇒ Beau, boniment. || Faux avis, fausse déclaration. ⇒ Bourde, calembredaine, commérage. || Un faux serment. ⇒ Fallacieux, parjure. || Faux témoignage. Par ext. || Un faux témoin, qui fait un faux témoignage. Fam. || Il a une tête de faux témoin, un air sournois. — Les Fausses Confidences, comédie de Marivaux.
6 Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon (…); j'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux.
Rousseau, les Confessions, I.
7 Il est facile de prouver l'absurdité de tous ces ragots. — Non, mon ami Bernard, non, rien n'est plus difficile à réfuter que ce qui est entièrement faux (…)
A. Maurois, Bernard Quesnay, XIV.
♦ (En épithète, après le nom). || Une nouvelle fausse. || Dire une chose fausse (→ Avantage, cit. 55). || C'est une date fausse, des documents nouveaux le prouvent.
8 Bavouzet refusait de tromper son chef et d'écrire des renseignements faux. Pauline prenait la responsabilité de modifier les chiffres et de remettre à Jean un compte rendu erroné.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 502.
♦ Il est faux que… suivi du subj. || Il est faux que vous m'ayez vu là, je n'y étais pas.
♦ Il est faux de… suivi de l'inf. || Il est faux de dire, de prétendre, de croire, de considérer cela.
9 Si l'on a abusé de mon opinion; s'il n'est pas vrai que nos cathédrales aient approché de la beauté du Parthénon; s'il est faux que ces églises nous apprennent dans leurs documents de pierre des faits ignorés; s'il est insensé de soutenir que ces mémoires de granit nous révèlent des choses échappées aux savants Bénédictins; si, à force d'entendre rabâcher du gothique, on en meurt d'ennui, ce n'est pas ma faute.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 206.
10 (…) il est faux de réduire la matière à la représentation que nous en avons, faux aussi d'en faire une chose qui produirait en nous des représentations mais qui serait d'une autre nature qu'elles.
H. Bergson, Matière et Mémoire, Avant-propos.
♦ Adv. (vx). || Dire faux, jurer faux, dater faux.
11 Mais quand, trompé par son jugement, il va plus loin, et qu'après avoir affirmé qu'il voit un bâton brisé, il affirme encore que ce qu'il voit est en effet un bâton brisé, alors il dit faux.
Rousseau, Émile, III.
2 Qui n'est pas vraiment, réellement ce qu'il paraît être. || Perles fausses, bijoux faux; fausses perles, faux bijoux. || Monnaie fausse. || Or faux, diamants faux. || Broderie de faux argent. — (Le plus souvent avant le nom). || Fausse fenêtre (→ Antithèse, cit. 1), fausse porte, fausse baie. ⇒ Feint. || Une fausse maigre, se dit d'une femme qui est bien moins maigre qu'elle n'en a l'air. || Un faux ménage. || La Fausse Maîtresse, nouvelle de Balzac. — Qui a frauduleusement une apparence qui n'est pas conforme à la réalité. || Fabriquer de la fausse monnaie. || Une pièce fausse. || Fausses clés (cit. 4). || Faux saunage. || Tricheur qui se sert de fausses cartes. ⇒ Truqué; falsifié. || Faux testament. || Faux titre. || Fausse quittance (→ Compte, cit. 14). || Faux nom. ⇒ Supposé. || Faux nom, sans idée de fraude. ⇒ Pseudonyme. || De faux papiers, un faux passeport. || Forger de faux documents. || De faux poids, une fausse mesure. || Un faux Vermeer, une fausse Tanagra. ⇒ Faussaire, et ci-dessous, III., 2.
12 Que parmi ces louis, quoiqu'ils semblent très beaux,
J'en ai, sans y penser, mêlé que je tiens faux (…)
Molière, l'Étourdi, III, 5.
13 Sur certaines femmes les plus belles perles deviennent fausses. Par contre sur d'autres les perles fausses paraissent véritables.
Cocteau, Thomas l'imposteur, p. 68.
14 (…) une fausse sculpture polynésienne n'est pas moins morte pour un amateur d'art polynésien qu'un faux Raphaël pour l'académiste le plus endurci. Nous voulons que l'œuvre d'art soit l'expression de celui qui l'a faite.
Malraux, les Voix du silence, p. 278.
14.1 Tous les objets qu'il disait en riant attendre de mes futurs millions me sautent encore aux yeux, du fond de chaque vitrine : ses lunettes en doublé, sa robe de chambre en faux poil de chameau, sa valise en fausse truie, car il n'imaginait même pas que l'or, le vrai poil de chameau et le vrai porc puissent un jour entrer dans sa vie (…)
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 182.
♦ Fausses cartes (sans doute par glissement de l'idée d'irrégularité à l'idée de présence indésirable). Cartes sans valeur, désavantageuses (dont on a intérêt à se défausser).
♦ Par métonymie. || Des faux sauniers. || Faux monnayeurs (qui font de la fausse monnaie).
♦ Faux air, fausse apparence (cit. 8). ☑ Un faux air de (qqn), une vague ressemblance avec (qqn). || Fausse ressemblance (→ Avoir, cit. 84). || Faux éclat, faux brillant (→ Arrogance, cit. 3). ⇒ Clinquant.
15 Caroline prend un faux air amical dont l'expression bien connue a le don de faire intérieurement pester un homme (…)
Balzac, Petites misères de la vie conjugale, Pl., t. X, p. 950.
♦ Faire une fausse sortie. || L'adversaire fit une fausse attaque. ⇒ Diversion, feinte. || Fausse alarme, fausse alerte, données pour inquiéter l'ennemi (vx dans ce sens). || Fausse agonie (cit. 9). — (Sports). || Faire un faux train.
♦ (Abstrait; avant le nom). Qui est exprimé sans être ressenti; qui n'est pas sincère. ⇒ Insincère, simulé. || De faux motifs, de fausses raisons. ⇒ Prétexte. || Ne vous laissez pas prendre à cette fausse indifférence, à cette fausse bienveillance. || Fausse candeur, fausse naïveté, fausse pudeur. ⇒ Affecté, étudié, trompeur. || Faux zèle, fausse dévotion, fausse vertu. || Un masque de fausse humilité (→ Arracher, cit. 18). || Économie qui connaît une période de fausse prospérité. ⇒ Illusoire; fictif. || Fausse assurance : bluff.
16 — (…) ta fausse vertu n'a point d'autre secours.
— Elle vous paraît fausse et pleine d'artifice.
Racine, Phèdre, IV, 2.
17 (…) les faux désespoirs, les grands mots, la scène des larmes qui ne veulent pas venir et de l'œil consterné qui contemple l'abîme avec une dernière langueur de jouissance sous les cils.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, I,
18 (…) ce qui est le plus intéressant à signaler, ce sont les expressions dont se sert la langue pour démêler les faux motifs, les prétextes, les prétendues raisons : Sous couleur était très usité autrefois : sous couleur de religion. Nous nous servons surtout de sous prétexte.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 828.
3 (Av. le nom). a Qui n'est pas ce qu'on le nomme (faux s'emploie devant un très grand nombre de noms de choses pour marquer une désignation impropre ou approximative, entraînée par une ressemblance avec l'objet auquel, à proprement parler, s'applique le nom. Voir ces noms à leur ordre alphabétique). — Sc. nat. || Faux acacia, faux iris, faux ébénier, fausse oronge, faux poivrier, faux câprier, faux corail, faux séné. || Faux puceron, faux scorpion. || Faux albâtre, faux diamant, faux grenat, faux lapis, fausse malachite, faux prase. — Physiol. || Fausses côtes, fausse couche (voir ce mot), faux germe, fausse grossesse, faux croup. — REM. La médecine moderne tend à remplacer faux par le préf. grec pseudo-; ainsi fausse-membrane chez Littré et Hatzfeld est appelée pseudo-membrane. — Faux-filet (voir ce mot). — Archit. || Fausse porte (au sens vx de « porte secondaire »); fausse braie : ouvrage de fortification ayant remplacé l'ancienne braie, ouvrage palissadé; faux comble, faux jour, faux plafond, faux plancher, fausse équerre. — Cout. || Fausses manches, fausse coupe, faux ourlet. — Cour. || Faux col. — Faux titre. — Faux frais. — Mar. || Faux bras, faux point, faux pont; faux ban, fausse balancine, fausse cargue, fausse carlingue, renforçant ces diverses pièces.
19 Songer à ces fausses grossesses, qui durent soi-disant des mois, et qui trompent jusqu'aux médecins (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVIII, p. 308.
b (Choses d'ordre moral, personnes). Qui ne mérite pas son nom, sa réputation. ⇒ Prétendu. || Un faux grand homme. || Un faux savant, un faux bel esprit, un faux connaisseur. || Faux malin, faux dur, fausse vedette, fausse gloire, nationale, faux héros, faux champion.
20 C'est (Boucher) un faux bon peintre, comme on est un faux bel esprit.
Diderot, Salon de 1765, Boucher.
21 Il est vrai dès ce temps-là le dos tourné, Lamartine ne se gênait pas et disait en parlant de Chateaubriand : « Je le voyais à la messe, l'autre jour (…) figure de faux grand homme (…) un côté qui grimace ».
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 312.
4 (Av. le nom). Qui n'est pas ce qu'il veut paraître (en trompant délibérément). ⇒ Imposteur. || Faux prophète (→ Amuser, cit. 6; assurer, cit. 29). || C'est un faux ami, un faux frère. || Faux bonhomme : personnage faux, hypocrite et d'aspect bonhomme. || Faux brave. ⇒ Matamore. || Faux soldat. ⇒ Passe-volant. || Le mystère du Temple et les faux Louis XVII. || Molière et les faux dévots. — (En parlant d'actes d'imposteur). || Les faux prodiges, les faux miracles des thaumaturges.
22 Il est de faux dévots ainsi que de faux braves (…)
Molière, Tartuffe, I, 5 (→ Dévot, cit. 9).
23 (…) au lieu de conclure qu'il n'y a point de vrais miracles parce qu'il y en a tant de faux, il faut dire au contraire qu'il y a certainement de vrais miracles, puisqu'il y en a tant de faux, et qu'il n'y en a de faux que par cette raison qu'il y en a de vrais.
Pascal, Pensées, XIII, 817.
♦ (Après le nom). Hypocrite. || C'est un homme faux; il est faux, assez faux. ⇒ Déloyal, fourbe, pharisien, sournois. || Il est faux comme un jeton. || Je ne peux le souffrir, il a l'air faux, le visage, le regard faux. || Il est faux dans toutes ses manières. ⇒ Cabotin, papelard, patelin. || C'est un caractère faux.
24 On est faux en différentes manières (…) il y a des hommes faux qui veulent toujours paraître ce qu'ils ne sont pas (…) il y en a d'autres, de meilleure foi, qui sont nés faux, qui se trompent eux-mêmes, et qui ne voient jamais les choses comme elles sont. Il y en a dont l'esprit est droit, et le goût faux (…) d'autres ont l'esprit faux, et ont quelque droiture dans le goût (…) il y en a enfin qui n'ont rien de faux dans le goût, ni dans l'esprit. Ceux-ci sont très rares, puisque, à parler généralement, il n'y a presque personne qui n'ait de la fausseté dans quelque endroit de l'esprit ou du goût.
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, XIII.
N. B. Seules les premières attestations de faux illustrent le sens analysé ici.
25 Le cardinal Albani est un homme d'esprit, faux par caractère et franc par humeur (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 117.
26 Oui, je suis une fille horriblement fausse (…) j'aime Félipe et je le lui cache avec une infâme dissimulation.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 203.
27 Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches (…)
Musset, On ne badine pas avec l'amour, II, 5.
♦ ☑ Loc. fig. (jeu avec le sens 2.). Un faux jeton. ☑ Faux cul.
5 (Av. le nom). Qui n'est pas naturel à quelqu'un, qui ne lui appartient pas naturellement. ⇒ Postiche, emprunté; maquillage. || Porter une fausse barbe, des faux cils, un faux chignon, de faux cheveux (→ Échafaudage, cit. 5). || De faux mollets (vx). || Le dentiste lui a mis une fausse dent. || Un faux cul (vx). || L'acteur qui jouait Cyrano avait un admirable faux nez.
28 Ô Vénus, de Bacchus compagne,
À toi je promets en mes yeux
Mon éponge, et mes faux cheveux,
Mon fard, mon miroir, et mon peigne.
Ronsard, Pièces retranchées, « Bocage ».
6 Qui n'est pas justifié, fondé. || Éprouver une fausse joie à la suite d'une bonne nouvelle bientôt démentie. || Fausse crainte, fausses espérances (→ Ailleurs, cit. 4). ⇒ Fondé (mal), vain. || Être l'objet d'un faux soupçon. || Nous avons eu peur, mais heureusement ce n'était qu'une fausse alerte, une fausse alarme (cit. 10). || Vous avez tort de refuser, c'est de votre part une fausse délicatesse. → Mal compris, mal entendu. || Fausse honte, fausse pudeur (→ Confidence, cit. 2). || Faux point d'honneur. || Fausse reconnaissance, illusion du déjà vu. || Fausse réputation. ⇒ Usurpé.
29 (…) dans les rencontres de la vie où nous ne pouvons éviter le hasard d'être trompés, nous faisons toujours beaucoup mieux de pencher vers les passions qui tendent au bien (…) et même souvent une fausse joie vaut mieux qu'une tristesse dont la cause est vraie.
Descartes, les Passions de l'âme, II, art. 142.
30 La bonne crainte vient de la foi, la fausse crainte vient du doute.
Pascal, Pensées, IV, 262.
♦ Un faux problème, problème qu'on se pose, mais qui n'a pas lieu de se poser. || Se heurter à une fausse difficulté, à une fausse contradiction. ⇒ Artificiel. || La publicité parvient à faire naître de faux besoins dans la clientèle.
31 Remarquons d'abord que les mystiques laissent de côté ce que nous appelions les « faux problèmes ». On dira peut-être qu'ils ne se posent aucun problème, vrai ou faux, et l'on aura raison. Il n'en est pas moins certain qu'ils nous apportent la réponse implicite à des questions qui doivent préoccuper le philosophe, et que des difficultés devant lesquelles la philosophie a eu tort de s'arrêter sont implicitement pensées par eux comme inexistantes.
H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, III, p. 266.
B Qui marque un écart par rapport à une norme; qui n'est pas comme il doit être, marquant un écart.
1 (Av. le nom). Qui marque un écart par rapport à ce qui est correct, normal. || Faire un faux pas (⇒ Broncher), un faux mouvement. ☑ Un faux pas (propre et fig.). ⇒ 1. Pas, cit. 9, 10. || Le capitaine a fait une fausse manœuvre. || Allure fausse d'un cheval. || Prendre une fausse direction, une fausse piste, faire fausse route. ⇒ Mauvais. || Être fatigué par une fausse position (vx). || Balle qui fait un faux bond. (De nos jours). || La balle a eu un faux rebond. || Jupe qui prend, qui fait un faux pli. || Le joueur de billard peu expérimenté fait souvent fausse queue. || Les coureurs s'arrêtent, le starter a signalé un faux départ. || Il y a un faux jour dans cette vitrine (→ Afin, cit. 6), sur cette toile. ⇒ Contre-jour. — REM. Pour les sens fig., se reporter aux substantifs, à la nomenclature.
♦ Être dans une situation fausse (→ Éterniser, cit. 12). ⇒ Équivoque. || Prendre de fausses mesures. ⇒ Maladroit.
2 (Abstrait; av. ou après le nom). Qui marque un écart par rapport à ce qui est correct, juste, exact. ⇒ Inexact. || Votre opération est fausse. || Statistique fausse. || Calcul faux (au sens fig., on dira plutôt un faux calcul). || Argument, raisonnement faux. ⇒ Boiteux, tortu; paralogisme (→ fam. À la graisse de chevaux de bois, à la mie de pain). || Fausse appréciation de la situation. || La règle, la formule est fausse (→ Abus, cit. 5). || Faire un faux sens.
3 (Esprit, facultés). Qui juge mal. || Avoir le jugement faux, le goût faux, l'esprit faux, dépourvus, dans leurs opérations, de cette rectitude, de cette sûreté qui permet d'atteindre le vrai. || Rendre l'esprit faux. ⇒ Fausser. — Par ext. || Un esprit faux : un homme qui a l'esprit faux (→ Caractère, cit. 25).
32 Mais les esprits faux ne sont jamais ni fins ni géomètres. Les géomètres, qui ne sont que géomètres, ont donc l'esprit droit, mais pourvu qu'on leur explique bien toutes choses par définitions et principes; autrement ils sont faux et insupportables, car ils ne sont droits que sur les principes bien éclaircis.
Pascal, Pensées, I, 1.
33 Il peut y avoir chez elle de la mauvaise foi, d'autant plus qu'une morale fausse altère toujours la candeur de l'âme, et qu'une longue contrainte inspire le déguisement et la duplicité. Mais s'il y a de la fausseté dans son cœur, il y a bien plus encore d'ineptie dans sa tête. On lui a rendu l'esprit faux, on l'a retenue sans cesse dans la terreur des devoirs chimériques; on ne lui a pas donné le moindre sentiment des devoirs réels.
É. de Senancour, Oberman, t. II, p. 35.
34 C'est ainsi qu'avec un mélange de fausse logique et de caprice, elle inventait des raisons de le revoir.
J. Green, Léviathan, p. 80.
♦ Adv. || Il raisonne faux.
35 Tous les géomètres seraient donc fins s'ils avaient la vue bonne, car ils ne raisonnent pas faux sur les principes qu'ils connaissent (…)
Pascal, Pensées, I, 1.
4 Qui n'est pas conforme aux règles. || Un vers faux, qui s'écarte des règles de la prosodie. || Des armoiries fausses, qui ne respectent pas les règles héraldiques.
35.1 — Mais il est faux ton vers, mon petit gars.
— Qu'est-ce que vous voulez ? J'y peux rien. C'est un vers qu'aura treize pieds, voilà tout. Pourquoi qu'les vers i z'auraient que douze pieds ?
R. Queneau, le Chiendent, p. 369.
5 Qui n'est pas dans le ton juste. || Avoir la voix fausse. ⇒ Fausset. || Une intonation fausse. || Un faux accord. — Vx. || Fausse quarte, fausse quinte (on dit aujourd'hui diminuée). — Ce piano est faux, il a besoin d'être accordé (cit. 9).
36 Quatre violons faux grincent avec la flûte (…)
Théodore de Banville, Odes funambulesques, « Théâtre d'enfants ».
♦ Note fausse. ☑ Fausse note, note qui, étant jouée ou chantée à la place de la note requise, fait dissonance. Fig. ⇒ Note.
37 (…) puis il dit : « Commençons par le cantique (…) » Alors mademoiselle Bertin lança une éclatante fausse note (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 38.
♦ Adv. || Chanter faux, jouer faux. ⇒ Détonner. || Sonner faux (ne s'emploie qu'au fig.).
38 C'est comme un homme qui a l'oreille juste et qui joue faux du violon (…) ses doigts se refusent à reproduire juste le son dont il a conscience.
Flaubert, Correspondance, À Louise Colet, sept. 1847, t. II, p. 47.
♦ Couleur fausse, qui n'est pas nette, franche. ⇒ Indécis, indéterminé. — Tissu de couleur fausse. || Bleu faux. — Couleur fausse, ton faux, qui s'écartent du naturel. ⇒ Ton.
39 Ta figure n'est ni parfaitement dessinée, ni parfaitement peinte (…) Tu n'es vrai que dans les milieux, tes contours sont faux (…) Il y a de la vérité ici, dit le vieillard en montrant la poitrine de la sainte (…) Mais là, fit-il en revenant au milieu de la gorge, tout est faux.
Balzac, le Chef-d'œuvre inconnu, Pl., t. IX, p. 393.
6 Qui n'est pas naturel, vraisemblable (dans une œuvre). || Cette description, cette scène est horriblement fausse. || Ses personnages sont faux, tout d'une pièce. || Le roman à thèse est un genre faux. || Ce qui sort de la convention (cit. 11) paraît faux au théâtre. || Les fausses couleurs de la rhétorique (→ Besoin, cit. 55).
40 (…) la providence des écrivains me mit sous la main un volume de Berquin. Tout d'abord je vis que les enfants y parlaient comme de grandes personnes, comme des livres, et qu'ils moralisaient leurs parents. Voilà un art faux, me dis-je.
Baudelaire, l'Art romantique, Drames et romans honnêtes, X.
41 Ce qu'il y a de moins bon dans les Lettres écrites du Donjon de Vincennes, ce sont précisément les lettres d'amour. Elles ont, pour la plupart, le faux goût, le faux ton exalté du moment, les fausses couleurs (…) le Marmontel et le Fragonard s'y mêlent, et, bien qu'exprimant un sentiment véritable, elles sont plus faites aujourd'hui pour exciter le sourire que l'émotion.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Mirabeau, t. IV, p. 32.
———
II ☑ À faux, loc. adv.
1 Vx. D'une manière fausse, contraire à la vérité.
42 Ce Grec si renommé qui depuis tant d'années
Au pied de l'Aventin prédit nos destinées,
Lui qu'Apollon jamais n'a fait parler à faux (…)
Corneille, Horace, I, 2.
♦ À tort, injustement. ⇒ Faussement. || Accuser à faux.
REM. Ne s'emploie guère aujourd'hui que dans cette expression. ⇒ Calomnier.
43 Saint-Évremond, pris en faute et un peu honteux sans doute de sa raillerie à faux, s'empresse de réparer, et il écrit à Ninon une lettre où il la loue comme elle le mérite (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Saint-Évremond, t. IV, p. 183.
2 Non d'aplomb. || Il a frappé à faux, et le coup de marteau a tordu le clou. || Porter à faux, se dit d'une pièce mal assise ou ne portant pas directement sur son point d'appui. || Cette poutre porte à faux (→ par métaphore Édifice, cit. 9). ⇒ Porter. || En porte à faux. ⇒ Porte-à-faux. — Tomber à faux. ⇒ Tomber.
———
III N. m.
1 (Abstrait). Ce qui est faux, contraire à la vérité. ⇒ Fausseté; erreur. || Discerner le vrai d'avec le faux (→ Clair, cit. 30). || Distinguer le vrai du faux. || Prendre le faux pour le vrai (→ Combinaison, cit. 5). || Le faux d'une doctrine, d'un système (→ Approfondir, cit. 7). || Distinguer le faux de l'absurde (cit. 1). || J'étais dans le faux, je suis à présent désabusé. ⇒ Erreur. — ☑ (1789, in D. D. L.). Loc. Plaider le faux pour savoir le vrai, pour le vrai, déguiser sa pensée pour amener les autres à se déclarer.
44 On dira qu'il est vrai que l'homicide est mauvais (…) oui, car nous connaissons bien le mal et le faux.
Pascal, Pensées, VI, 385.
45 Le faux présenté avec art nous surprend et nous éblouit (…) mais le vrai nous persuade et nous maîtrise.
Vauvenargues, Maximes, 542.
46 L'on trouvera sans doute invraisemblable (…) qu'un amour aussi violent se soit allumé à la suite d'une seule rencontre. À cela nous répondrons que rien n'a ordinairement l'air plus faux que le vrai, et que le faux a toujours des apparences très grandes de probabilité (…)
Th. Gautier, Fortunio, XV.
47 (…) la vérité et le mensonge tendent au même but (…) C'est une même chose qui, s'y prenant diversement, nous fait menteurs ou véridiques (…) et comme, tantôt le chaud, tantôt le froid, tantôt nous attaquent, tantôt nous défendent, ainsi le vrai et le faux, et les volontés opposées qui s'y rapportent.
Valéry, l'Âme et la Danse, p. 136.
♦ Vivre dans le faux, se complaire dans le faux. ⇒ Illusion, mensonge.
48 Je déteste le faux en tout comme un ennemi du bonheur.
Stendhal, Journal, p. 39.
49 Pauvre fille ! jetée dans le faux, elle était condamnée à y périr.
Renan, Souvenirs d'enfance…, I, III.
50 Il vivait dans le monde des à-peu-près, où l'on salue dans le vide, où l'on juge dans le faux.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. III, p. 10.
♦ Ce qui n'est pas naturel.
51 Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant (…)
Boileau, Épîtres, IX.
52 Le mauvais style altère les esprits, gâte la simplicité et la droiture du sens naturel. Il est malsain de vivre dans le faux, ne s'agit-il que du faux art.
Gustave Lanson, l'Art de la prose, p. 302.
♦ Dr. et cour. || Faux en écriture : altération frauduleuse de la vérité dans un écrit et de nature à porter préjudice à autrui. || Selon les cas, le faux en écriture constitue un crime ou un délit (→ Contrefaçon, cit. 1). || Faire, commettre un faux. ⇒ Faussaire (cit. 6). || Se rendre coupable de faux. || C'est un faux. || Faux matériel, consistant à falsifier physiquement une écriture. || Faux intellectuel, portant sur les énonciations d'un acte sans falsification physique d'écriture.
53 Le faux se compose de trois éléments : l'altération (ou la suppression) de la vérité dans un écrit; le préjudice ou la possibilité d'un préjudice; l'intention frauduleuse.
Dalloz, Nouveau répertoire, art. Faux en écriture, 2.
54 (…) Jean-François s'était muni d'un passeport pour l'Amérique du Nord (…) La Justice n'avait trouvé sur les registres de l'Administration aucun passeport pour ce pays au nom d'aucune femme (…) Donc, Jean-François et sa maîtresse (…) avaient évidemment médité d'ajouter, par un faux, et son épouse sur le passeport.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 585-586.
55 (…) il se félicitait d'avoir réussi du premier coup un travail où il était novice : la fabrication d'un faux.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, V, p. 83.
♦ Les différentes espèces de faux criminels. || Faux en écriture authentique et publique, « commis soit par un fonctionnaire ou officier public, dans l'exercice de ses fonctions ou dans les actes de son ministère, soit par toute autre personne ayant simulé les formes ou contrefait les signatures qui impriment aux actes le caractère de l'authenticité » (Capitant). || Faux en écriture de commerce et de banque, « commis dans un écrit ayant pour objet de constater une opération que la loi répute acte de commerce » (Capitant). || Faux en écriture privée. — Faux correctionnels (ou correctionnalisés), commis dans les passeports et permis de chasse, les feuilles de route, les certificats, etc. — Usage de faux. || Être condamné pour faux et usage de faux.
56 L'usage d'une pièce fausse est un crime principal et distinct de celui consistant dans la fabrication de la pièce, à condition, du moins, qu'il puisse être imputé à un autre agent. Quand c'est le faussaire lui-même qui use de la pièce, il n'encourt qu'une seule peine. Mais l'usage de faux, étant punissable comme la fabrication de faux, peut être poursuivi même après prescription de celle-ci.
Dalloz, Nouveau répertoire, art. Faux en écriture, 39.
♦ Procédure et inscription en faux (ou de faux). || Poursuivre quelqu'un en faux. || Plainte en faux contre qqn (→ Référer, cit. 3). || Arguer une pièce de faux. || S'inscrire en faux. — Faux principal, découvert et constaté d'une manière indépendante de tout autre procès. || Faux incident, se dit de la procédure que doit suivre celui qui prétend qu'une pièce, signifiée, communiquée ou produite dans le cours du procès, est fausse ou falsifiée (Code de procédure civile, art. 214).
♦ ☑ Loc. cour. S'inscrire en faux contre qqch. ⇒ Inscrire.
♦ Cour. Contrefaçon d'écriture et de signature. || Le surveillant général accusa l'élève d'avoir commis un faux en imitant sur sa punition la signature de son père.
57 Je fis un faux, je pris un morceau de papier plus large que haut, de la forme d'une lettre de change, je le vois encore, et en contrefaisant mon écriture j'invitai le citoyen Gagnon à envoyer son petit-fils Henry B… à Saint-André pour qu'il pût être incorporé dans le bataillon de l'Espérance. Cela finissait par : « Salut et fraternité, Gardon ».
Stendhal, Vie de Henry Brulard, XII, p. 110.
3 Pièce artistique ou rare qui est fausse, soit par copie ou contrefaçon frauduleuse d'un original, soit par fabrication dans le style des œuvres authentiques. || Ce tableau est un faux. || Les Vermeer reconnus comme étant des faux fabriqués par Van Meegeren. || Ça, un autographe de Rimbaud ? c'est un vulgaire faux ! || L'expert a établi que ce timbre est un faux. || Cette potiche chinoise n'est qu'un faux. || Les poèmes d'Ossian étaient des faux. ⇒ Pastiche.
58 Aucune des théories de l'art aujourd'hui reçues ne rend compte de notre relation avec le faux (…) le sentiment que nous éprouvons devant la falsification est plus complexe que le dédain (…)
Malraux, les Voix du silence, p. 370 (→ Falsification, cit. 6).
59 À Constantinople, il y avait, en marge de la collection du musée, une série de ces estimables faux qui, loin d'imiter des œuvres authentiques, inventent un art.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 103.
♦ C'est du faux, se dit de ce qui, dans sa matière, est une imitation d'une matière précieuse (or, argent, etc.). ⇒ Toc; oripeau. || Fabricant en faux. ⇒ Similor; simili.
60 L'autre, au contraire, était bien l'œuvre de Paris, ce bijoutier en faux qui dispose de mille futilités charmantes, brillantes, mais peu solides, mal assorties, mal rattachées.
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, in T. L. F.
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CONTR. Vrai. — Réel, véritable; avéré, certain, constant, historique, incontestable, indiscutable, indubitable, irrécusable, notoire, officiel, patent, positif, visible. — Authentique. — Sincère; direct, fidèle, franc, loyal, modeste, sérieux. — Juste; correct, droit, normal; exact; naturel. — Justement; aplomb (d'). — Vérité.
DÉR. 1. Faussement, 1. fausset.
COMP. Archifaux, 2. défausser, fausse-couche, faux-bourdon, faux cul, faux-filet, faux-monnayeur, faux-semblant.
HOM. (Du masc.) Fau, 2. faux; formes du v. falloir; (du fém.) fosse.
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2. faux [fo] n. f.
ÉTYM. XIIe, fauz; v. 1360, faulx; lat. falx, falcis.
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1 Instrument, formé d'une lame arquée fixée au bout d'un long manche, dont on se sert pour couper le fourrage, les céréales (→ Éclore, cit. 4; épi, cit. 1; moissonner, cit. 2). || Variétés de faux. ⇒ Dail, faucard, fauchard, fauchon, sape. || Petite faux à manche très court. ⇒ Faucille. || Faux à râteaux ou à ramassette, garnie d'un clayonnage pour recueillir les épis. || Machine agricole remplaçant la faux. ⇒ Faucheuse.
1 Et, la faux à la main, parmi vos marécages,
Allez couper vos joncs (…)
Boileau, Épîtres, IV.
2 Le large coup de dents que la faux donne aux foins.
J. Renard, Journal, 8 août 1898.
2.1 Elle s'est penchée (…) elle a porté sa force à droite, elle l'a lancée doucement en glissade du côté de la gauche (…) alors, la grande faux est entrée dans le blé.
J. Giono, le Grand Troupeau, Pl., t. I, p. 639.
REM. Attestée dès 1587, la graphie faux n'a éliminé officiellement faulx qu'en 1932 (Académie).
♦ Par métaphore. || La faux du temps, de la mort. ⇒ Faucher, faucheur (→ Avec, cit. 16).
3 Laissez agir la faux du temps.
La Fontaine, Fables, XII, 20.
♦ Par anal. Lames semblables à celles des faux dont les anciens armaient leurs chars de guerre.
4 Déjà on remarquait les chariots armés de faux tranchantes (…)
Fénelon, Télémaque, IX.
2 Anat. Repli membraneux en arc. || La faux du cerveau, du cervelet. || Grandes, petites faux du péritoine.
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DÉR. Fauchard, faucheur. — V. Faucher.
HOM. Fau, 1. faux, formes du v. falloir.
Encyclopédie Universelle. 2012.