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fléchir

fléchir [ fleʃir ] v. <conjug. : 2>
XIIe; de l'a. fr. flechier, bas lat. flecticare, fréquent. de flectere « ployer, fléchir »
I V. tr.
1Faire plier progressivement sous un effort, une pression. courber, plier, ployer. Fléchir les bras, les jambes ( flexion) . — FLÉCHIR LE GENOU, LES GENOUX. s'agenouiller. Fig. Vx S'abaisser. « Il n'a devant Aman pu fléchir les genoux » (Racine ).
2Fig. Faire céder peu à peu. adoucir, attendrir, ébranler, 1. toucher. Fléchir ses juges. « Quel moyen puis-je avoir de vous fléchir ? quelle expiation, quel sacrifice puis-je vous offrir ? » (Musset). Littér. Fléchir la colère de qqn. « Par mon amour et ma constance, J'avais cru fléchir ta rigueur » (Nerval).
II V. intr.
1Plier, se courber peu à peu sous un effort, une pression. arquer, plier, ployer. Poutre qui fléchit ( 1. flèche) . « Toute la ramure est pesante de fruit. Elle va fléchir, craquer peut-être » (Duhamel).
Se plier (membre). Allongez la jambe droite, pendant que la gauche fléchit. Sentir ses genoux, ses jambes fléchir. « Ses jambes tremblaient et elle les sentait fléchir » (Loti ).
2Fig. Perdre de sa force, de sa rigueur. céder, faiblir, fam. flancher. Appliquer toute son énergie à une tâche sans jamais fléchir. « Je sentis ma fierté naturelle fléchir sous le joug de la nécessité » (Rousseau).
3(Image de la courbe d'un graphique) Diminuer de valeur. baisser. Valeurs cotées en Bourse qui fléchissent.
⊗ CONTR. Dresser, redresser. Dominer, maintenir, résister, tenir. Durcir, endurcir.

fléchir verbe transitif (ancien français flechier, du bas latin flecticare, du latin classique flectere, courber) Faire plier le corps, un membre, une articulation sous l'effet d'un effort : Fléchir l'avant-bras. Faire céder peu à peu la résistance, les résolutions de quelqu'un, l'amener à l'indulgence : Fléchir ses juges.fléchir (synonymes) verbe transitif (ancien français flechier, du bas latin flecticare, du latin classique flectere, courber) Faire plier le corps, un membre, une articulation sous l'effet...
Synonymes :
- courber
- gauchir
- incurver
- infléchir
- plier
Faire céder peu à peu la résistance, les résolutions de...
Synonymes :
- adoucir
- apitoyer
- attendrir
- désarmer
- ébranler
- toucher
- vaincre
fléchir verbe intransitif Ployer, se courber sous l'effet d'un effort, d'un poids : Sous la charge, la planche fléchissait. Cesser de résister, se laisser convaincre : Il a fléchi devant les supplications de ses enfants. Perdre de son énergie, de sa force : Sa détermination fléchit devant le danger. Diminuer en valeur, en intensité, en quantité : Production qui fléchit en fin de trimestre.fléchir (synonymes) verbe intransitif Ployer, se courber sous l'effet d'un effort, d'un poids
Synonymes :
- plier
- ployer
- s'arquer
- se plier
- s'infléchir
Cesser de résister, se laisser convaincre
Synonymes :
- caler (familier)
- capituler (familier)
- céder
- mollir
- s'incliner
Perdre de son énergie, de sa force
Synonymes :
- décrocher
- flancher (familier)
- refluer
- se replier
Diminuer en valeur, en intensité, en quantité
Synonymes :
- décliner
- faiblir

fléchir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Ployer, courber. Fléchir les genoux.
d2./d Fig. Faire céder; émouvoir, attendrir. Fléchir qqn à force de prières.
Litt. Fléchir la colère de qqn.
rII./r v. intr.
d1./d Se courber, ployer sous une charge. Cette poutre fléchit.
d2./d Céder, faiblir. L'ennemi fléchissait.
d3./d Perdre de son intensité, diminuer, baisser. Sa voix fléchissait à cause de la fatigue.

⇒FLÉCHIR, verbe.
I.— Emploi trans. à valeur factitive
A.— Rare, littér. [L'obj. désigne une chose concr. relativement souple] Courber, faire ployer progressivement en exerçant une pression, un effort ou une charge. Fléchir la tige d'un arbre (Ac. 1878-1932). Synon. courber, plier, ployer.
B.— Usuel. [L'obj. désigne le corps ou une partie du corps] Plier, incliner en faisant jouer les muscles. Fléchir le buste en avant. Anton. tendre. M. Nègre affolé, les reins fléchis sous le fardeau de sa responsabilité pesante (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., I, p. 216). Des cygnes fléchissent le cou par-dessus les bords des ruisselets où ils glissent (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1908, p. 49) :
1. Il suffisait de fléchir l'avant-bras, la jambe, pour que surgît au mollet, au jarret, au biceps, la crampe, la torture de cette espèce de nœud de muscle qu'amène le surmenage.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 362.
Emploi pronom. à sens passif. Une grenouille décapitée est suspendue, les jambes pendantes. On pince un des orteils. La jambe se fléchit (CARREL, L'Homme, 1935, p. 110).
Fléchir le(s) genou(x). Plier le genou ou s'agenouiller en signe d'adoration, de respect, de crainte, de soumission, d'obéissance, etc. Félicité s'agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 181). Quand Cécile se montra, définitivement parée, Justin fléchit le genou, en un geste charmant qui sentait un peu son théâtre, et il demanda la permission de lui baiser le bout des doigts (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 222).
P. métaph. Deux arbres dans un pré. L'un d'eux fléchit le genou, en adoration perpétuelle devant l'autre (RENARD, Journal, 1898, p. 500).
Au fig. [P. allus. à st Paul, respectivement I Romains 14/11 et Philippiens 2/10] Oui, au nom du réparateur, tout fléchira le genou dans les cieux, dans la terre et dans les enfers (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 207). Lorsque tu prononces le nom de Jésus, tout fléchit le genou, au ciel, sur la terre et dans les enfers (BLOY, Journal, 1903, p. 169).
Péj. S'humilier, s'abaisser devant, obéir servilement à. Fléchir les genoux devant les idoles. Que celui qui n'a point fléchi le genou devant Baal fuie du milieu de Babylone! (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 297).
C.— Au fig.
1. [L'obj. désigne une pers.] Faire céder, faire perdre (à quelqu'un) un sentiment ou une attitude sévère(s), intransigeant(s), inflexible(s). Fléchir un juge, fléchir (qqn) par des prières, à force de prières. Synon. attendrir, émouvoir, toucher. Se sachant découvert à Vienne, il allait se dénoncer au Pape, l'implorer, le fléchir. Il obtint le pardon (GIDE, Caves, 1914, p. 753). Et Gandhi choisit de ne pas manger pour fléchir son adversaire (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 90) :
2. Il ne pouvait dissimuler une sorte de joie âcre et brûlante, à l'idée qu'il était encore victorieux, dans ce duel comme dans l'autre, que Cécile allait céder, que peut-être il arriverait à fléchir cette âme rebelle et si bien défendue.
DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 245.
Se laisser fléchir. Céder. Et s'il ne fit pas arrêter Céluta, c'est qu'il se laissa fléchir aux larmes d'Adélaïde (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 390). Peut-être, si je lui parle, se laissera-t-il fléchir. Il est bon, il est tendre (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 226).
2. P. méton., littér. [L'obj. désigne le sentiment ou l'attitude] Faire perdre en rigueur, en intensité, ou faire céder, relâcher. Fléchir la rigueur de (qqn). Synon. adoucir, apaiser, désarmer. Ouvrir le ciel et le fermer, rien de plus barbare. Mais je fléchirai cette résolution (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 258). Et rien ne pouvait le vaincre, rien ne pouvait fléchir sa rigueur (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 214).
II.— Emploi intrans.
A.— Plier, se courber, généralement sous une charge, une pression, un effort. Fléchir sous le fardeau, sous le poids de. Anton. se redresser.
1. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Treilles qui fléchissaient sous leurs grappes mûries (LAMART., Harm., 1830, p. 379). Le plancher est fait de larges planches lavées et qui fléchissent lorsqu'on marche (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 46) :
3. Sous son poids [de l'écureuil] les branches élastiques fléchissaient et se redressaient, (...) et lui, (...) détendait (...) tous les muscles de ses jarrets et de ses reins pour se projeter plus haut et plus loin encore.
PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 135.
En périphrase factitive. Vous ne feriez pas fléchir l'arbuste (...) si vous le pressiez avec un roseau (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 402).
P. ext., rare. Prendre une ligne courbe, sinueuse (sans idée d'élasticité). Une route jaune sinueuse (...) bordait un canal bleu. Et le canal fléchissait avec la route et entre les deux un talus vert suivait leurs contours (SCHWOB, Monelle, 1894, p. 107).
2. [Le suj. désigne une pers., un animal ou une partie du corps] À chacun de ses passages devant le tabernacle, il fléchissait à fond, dans une génuflexion qui ne trichait pas, qui heurtait le genou contre le bois (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 190) :
4. La croix qui était faite de tous les péchés du monde pesait sur l'épaule du Sauveur d'un tel poids que ses genoux fléchirent et qu'il tomba. Un homme de Cyrène passait là, qui aida le Seigneur à la porter.
HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 67.
Au fig. [Gén. suivi d'un compl. prép. introduit par devant, sous] Son épine dorsale fléchissait avec une merveilleuse flexibilité devant la noblesse et l'administration pour lesquelles il se faisait petit, humble et complaisant (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 566). [Les] petits contribuables fléchissant sous le poids des impôts (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 437). « Détendez-vous, pour l'amour de moi, pour ne pas me fâcher, Marie. » Marie de Ferras cède, fléchit, succombe sous la prière mystérieuse. Puisque Cécile est là, derrière elle, Marie de Ferras va peut-être se tirer du long trait de la troisième page... (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 65).
Loc. verb. fig. Tout fléchit, tout genou fléchit devant. Tout s'incline devant, se soumet à (par obéissance, respect ou adoration). Le gouvernement est alors absolu, et se fait au nom de la doctrine acceptée de tous. Tout fléchit devant elle (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 346). Je craignais, en levant les paupières, d'apercevoir le visage devant lequel tout genou fléchit (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1197).
Rem. Le compl. prép. introduit par devant indique gén. un sens fig.; la prép. sous accompagne plus souvent le sens propre.
B.— P. anal. Anton. s'affermir.
1. Perdre sa force, son énergie, sa fermeté. Omer sentit fléchir ses jambes à la vue d'un si terrible désespoir (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 510). De nouveau, la voix parut fléchir, mais il se raidit (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1101).
Domaine milit. Reculer. La violence de cette attaque fut telle que les lignes de nos alliés fléchirent dès le début (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 81). La droite et le centre de l'armée continuaient de fléchir sensiblement sous les coups redoublés de l'adversaire (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 124).
2. Au fig. Perdre de sa rigueur. Synon. céder. L'Église n'a jamais fléchi dans l'affirmation qu'elle fait de la présence réelle (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 195). Tant que l'arrière résista, le soldat tint bon. Il fléchit du jour où il connut la misère de ceux qu'il défendait (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 331).
P. méton. [Le suj. désigne l'attitude ou le sentiment] Sa volonté fléchit. Il y a dans la douleur des côtés intimes et obscurs où les plus fiers courages fléchissent (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 239). Il faut un effort pour lire, avec une attention qui ne fléchisse point, un poème de longue haleine (DU BOS, Journal, 1922, p. 206).
C.— P. ext. Anton. augmenter.
1. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Diminuer de volume, d'intensité, de netteté. Il est un faux silence, quand le vent du nord a fléchi et que l'apparition d'insectes (...) annonce la tempête d'Est porteuse de sable (SAINT-EXUP., Lett. otage, 1943, p. 394).
2. En partic. [Le suj. désigne une valeur, une quantité] Baisser, diminuer (en quantité, en nombre); être en baisse. — Tu sais qu'il perd ses cheveux — dès que la cote [de la Bourse] fléchit, dès même qu'elle tarde à monter (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 36). Les chefs de cave voyaient de près le rendement du personnel auxiliaire enclin à fléchir (HAMP., Champagne, 1909, p. 150).
En périphrase factitive. Faire fléchir (une cote, un cours, un prix, etc.). Provoquer la baisse de. Anton. faire remonter. Six mille titres jetés sur le marché ont fait fléchir le cours jusqu'au-dessous du prix d'émission (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 258).
Prononc. et Orth. :[], (je) fléchis []. Voyelle de 1re syll. demi-longue ds PASSY 1914. Ds Ac. dep. 1694. Accent aigu pour la 1re fois ds Ac. 1740. Étymol. et Hist. Ca 1175 intrans. « ployer, céder » (Horn, éd. M. K. Pope, 1855); ca 1175 « faire céder [une personne] » (B. DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 33023). Issu par substitution de dés. de l'a. fr. flechier « ployer, courber; faire céder » (ca 1160 Eneas, 1812 ds T.-L.), du b. lat. flecticare, fréquentatif du class. flectere « courber, ployer; fléchir, émouvoir ». Fréq. abs. littér. :867. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 470, b) 1 151; XXe s. : a) 1 102, b) 1 152. Bbg. RICE (C.C.). Romance etymologies and other studies. Chapel Hill, 1946, pp. 29-31.

fléchir [fleʃiʀ] v.
ÉTYM. V. 1175, intrans. et au sens I., 2. « faire céder qqn »; var. de l'anc. franç. flechier (v. 1160), du bas lat. flecticare, fréquentatif de flectere « ployer, fléchir ». → Flexion.
———
I V. tr.
1 Faire plier progressivement sous l'effort, une pression. Courber, plier, ployer. || Fléchir la tige d'un arbuste. Recourber.Spécialt (le compl. désigne le corps, un membre, une articulation). Plier, incliner en faisant jouer les muscles. || Fléchir le corps en avant et en arrière dans un mouvement d'assouplissement. Incliner; flexion. || Fléchir les bras, les jambes. || Muscles qui fléchissent la jambe sur la cuisse. Fléchisseur. || Station accroupie (cit. 6) dans laquelle les membres inférieurs sont fléchis.
1 Prenant son point fixe sur l'épaule, le biceps agit à la fois sur l'avant-bras et sur le bras (…) il fléchit l'avant-bras sur le bras (…)
L. Testut, Traité d'anatomie humaine, t. I, p. 1027.
2 (…) la rigidité cadavérique était telle, que, désespérant de fléchir les membres, nous dûmes lacérer et couper les vêtements pour les lui enlever.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XXX.
Loc. || Fléchir le genou, les genoux. Agenouiller (s').Fléchir le genou devant Dieu (→ Créateur, cit. 1), devant une idole (en signe d'adoration), devant qqn, en signe de respect, de soumission, d'humilité (→ Armée, cit. 1; couronne, cit. 9).
Fig. S'abaisser. Humilier (s'), prosterner (se).
3 Il n'a devant Aman pu fléchir les genoux (…)
Racine, Esther, III, 4.
2 Fig. Faire céder peu à peu (qqn), amener à une attitude plus souple. Adoucir, attendrir, ébranler, émouvoir, gagner, toucher; → Amener à composition. || Fléchir ses juges. || Il est inexorable, inébranlable, sa décision est prise, rien ne peut le fléchir (→ Accès, cit. 5). || Se laisser fléchir aux prières (vx), par les prières de quelqu'un. || Se laisser fléchir par faiblesse, lassitude. Abandonner (s'), capituler; gagner, vaincre (se laisser gagner, vaincre).Littér. (compl. n. abstrait). || Fléchir la cruauté, la dureté, la rigueur (→ Constance, cit. 7) d'un maître. || Fléchir la colère de quelqu'un. Apaiser, calmer, désarmer.
4 Ni larmes du mari, ni beauté ni jeunesse,
Ni vœu ni oraison ne fléchit la rudesse
De la Mort, qu'on dit fille à bon droit de la Nuit (…)
Ronsard, Épitaphes, Tomb. de Marguerite de France.
5 Une jeune souris de peu d'expérience
Crut fléchir un vieux chat, implorant sa clémence (…)
La Fontaine, Fables, XII, 5.
6 L'argent sut donc fléchir ce cœur inexorable.
La Fontaine, la Coupe enchantée.
7 La grâce fléchit les cœurs les plus endurcis.
Bossuet, Lettres, 249.
8 Et chaque jour encore on lui voit tout tenter
Pour fléchir sa captive, ou pour l'épouvanter.
Racine, Andromaque, I, 1.
9 Eh ! quoi, Mademoiselle, vous refusez toujours de me répondre ! rien ne peut vous fléchir (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XXVIII.
10 Que voulez-vous ? répéta-t-elle; quel moyen puis-je avoir de vous fléchir ? quelle expiation, quel sacrifice puis-je vous offrir que vous consentiez à accepter ?
A. de Musset, Nouvelles, « Emmeline », VII.
11 (…) j'essayai quand même encore un petit peu de le fléchir, je me risquai dans une suprême tentative pour le ramener vers nous (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 394.
Pron. Vx. Modifier (une forme linguistique : racine, base) par une flexion (2.). → ci-dessous, Fléchi (p. p. adj., 2.).
———
II V. intr.
1 Plier, se courber peu à peu sous un effort, une pression. || Fléchir sous un pesant fardeau. || Le lit fléchit sous son poids. Plier, ployer. || La poutre commence à fléchir. Arquer (s'), céder, craquer, infléchir (s'). || Arbre qui fléchit sous le poids des fruits.
12 Lorsque, dans un édifice, la maîtresse poutre a fléchi, les craquements se suivent et se multiplient, et les solives secondaires s'abattent une à une, faute de l'appui qui les portait.
Taine, les Origines de la France contemporaine, II, t. III, p. 84.
13 Il se balançait sur ses jambes torses, mais il ne fléchissait pas, d'une solidité de roc, d'une force musculaire à charrier un bœuf.
Zola, la Terre, III, VI.
14 Toute la ramure est pesante de fruit. Elle va fléchir, craquer peut-être. Quel effort de chaque fibre pour ne pas laisser périr l'épuisant, le vivant fardeau !
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, XII.
(Le sujet désigne un membre). || Le genou fléchit, on s'agenouille. || Allongez la jambe droite, pendant que la gauche fléchit.
15 Et fais à son aspect que tout genou fléchisse.
Racine, Esther, II, 5.
Perdre sa force, sa fermeté. || Sentir ses genoux, ses jambes fléchir sous soi (→ Abattre, cit. 28; faiblesse, cit. 10). Vaciller.
16 Ses jambes tremblaient et elle les sentait fléchir.
Loti, Pêcheur d'Islande, III, XIII.
2 (1865). Fig. Reculer. Faiblir, flancher (fam.), lâcher (lâcher pied). || L'aile droite de l'armée commençait à fléchir sous la poussée de l'ennemi.
3 Diminuer (d'intensité, de valeur). Baisser. || Sa voix fléchit. || Les prix commencent à fléchir. || Valeurs cotées en Bourse qui fléchissent.
17 On avait espéré une hausse; mais le prix de dix-huit francs fléchissait lui-même, on craignait pour la fin une baisse de vingt-cinq centimes.
Zola, la Terre, II, VI.
18 Alors seulement les traits s'étaient adoucis, et la voix avait légèrement fléchi (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 91.
4 Fig. Littér. ou style soutenu. Abandonner, se relâcher, perdre de sa sévérité, de sa rigueur, de son intransigeance, ou de sa fermeté. Céder, faiblir, plier.(Sujet n. de personne). || Fléchir sous le joug. Incliner (s'), soumettre (se). || Tout fléchit sous lui (→ Année, cit. 9). || Son courage est indomptable, vous ne le ferez pas fléchir. || C'est un obstiné, il ne sait ce que c'est que de fléchir. Inflexible. || Appliquer toute son énergie à une tâche, sans jamais fléchir.(Sujet n. de chose). || Sa résolution commence à fléchir. || J'ai fait fléchir ses résistances, ses scrupules.
19 (…) faire fléchir un courage inflexible (…)
Racine, Phèdre, II, 1.
20 (…) elle (l'Église) s'est maintenue sans fléchir et ployer sous la volonté des tyrans.
Pascal, Pensées, IX, 613.
21 Pour la première fois, je sentis ma fierté naturelle fléchir sous le joug de la nécessité, et malgré les murmures de mon cœur, il fallut m'abaisser à demander un délai.
Rousseau, les Confessions, XII.
22 Il y a des moments où les plus forts fléchissent sous leur peine.
R. Rolland, Vie de Beethoven, p. VI.
23 Il fléchissait sous la pire épreuve qui pût accabler un prêtre : cette certitude que la masse des hommes n'ont pas besoin de lui (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 198.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
fléchi, ie p. p. adj.
1 Courbé, plié sous une pression, un effort. || Barre de fer fléchie et tordue.
2 (1916, Saussure). Ling. Modifié par une flexion (2.), en parlant d'une forme (racine, base…). || Forme fléchie. || Degré fléchi. || « Le mot suffixé et le mot fléchi » (J. Dubois).
CONTR. Dresser, raidir, redresser. — Dominer, maintenir, résister, tenir. — Durcir, endurcir.
DÉR. Fléchissant, fléchissement, fléchisseur.
COMP. Infléchir, infléchissable.

Encyclopédie Universelle. 2012.