froisser [ frwase ] v. tr. <conjug. : 1>
• froissier 1080; lat. pop. °frustiare, de frustum « morceau »
1 ♦ Vx Briser.
♢ Vieilli Meurtrir par un choc brutal. Le mourant « Que le sabot du cheval froisse » (Baudelaire).
♢ Mod. Meurtrir par une pression violente. Se froisser un muscle.
2 ♦ Endommager par frottement ou compression (un corps offrant peu de résistance). ⇒ écraser. « l'herbe livre son suc dès qu'on la froisse » (Colette). ⇒ fouler, piétiner.
3 ♦ (XVe) Faire prendre de faux plis à (une substance souple). Froisser une toile de lin. ⇒ chiffonner, friper. Il « froissa la dépêche et la mit dans sa poche » (Maurois). « sa redingote froissée par la banquette du wagon » (P. Benoit ). Pronom. (pass.) Ce tissu ne se froisse pas. ⇒ infroissable.
4 ♦ (XVIe) Fig. Blesser légèrement dans son amour-propre, dans sa délicatesse. ⇒ désobliger, indisposer, offenser, piquer, vexer. Elle a été froissée par ce manque de tact. ⇒ choquer. « Je vous ai souvent froissée. Je ne ménageais pas assez votre délicatesse » (France). « J'avais, sans le savoir, froissé certains écrivains en ne les nommant pas » (Maurois). — SE FROISSER v. pron. Se vexer. Ne vous froissez pas pour si peu ! « sans se froisser qu'il l'écoutât son chapeau sur la tête » (Proust). ⇒ se formaliser.
⊗ CONTR. Défriper, défroisser, repasser. Contenter, flatter, 1. ménager.
● froisser verbe transitif (latin populaire frustiare, briser, de frustum, morceau) Endommager un tissu, un papier par frottement ou par compression et, en particulier, en le chiffonnant, en le fripant : Froisser un papier dans sa main. Endommager la carrosserie d'un véhicule en la cabossant. Heurter, blesser quelqu'un par un manque de tact : Vous l'avez froissé en refusant son invitation. Provoquer le froissement d'un muscle. ● froisser (difficultés) verbe transitif (latin populaire frustiare, briser, de frustum, morceau) Construction 1. Froisser qqn = le heurter moralement, le vexer. Vous le froisseriez gravement en n'acceptant pas son invitation. 2. Être froissé ou se froisser de ce que (+ indicatif ou subjonctif) : elle est froissée de ce qu'on l'a mal reçue ; elle est froissée de ce qu'on l'ait oubliée. 3. Être froissé ou se froisser que (+ subjonctif) : ils sont froissés qu'on les ait oubliés. ● froisser (synonymes) verbe transitif (latin populaire frustiare, briser, de frustum, morceau) Endommager un tissu, un papier par frottement ou par compression...
Synonymes :
- friper
Contraires :
- défroisser
Heurter, blesser quelqu'un par un manque de tact
Synonymes :
- choquer
- dépiter
- fâcher
- heurter
- meurtrir
- offenser
- piquer
- vexer
Contraires :
- flatter
- ménager
froisser
v. tr.
d1./d Faire prendre des plis irréguliers, nombreux et plus ou moins marqués. Froisser une robe.
— Pp. adj. Un pantalon tout froissé. Syn. friper (1). Froisser du papier. Syn. chiffonner.
d2./d Blesser par un choc ou une pression violente. Froisser un muscle, une articulation.
d3./d Fig. Choquer, blesser (qqn) par manque de délicatesse. Froisser qqn dans son amour-propre.
|| v. Pron. Personne qui se froisse d'un rien.
⇒FROISSER, verbe trans.
A.— Dans le domaine concr.
1. [Le compl. désigne une partie du corps; avec l'idée d'une étreinte ou d'un coup un peu brutal] Meurtrir par choc ou par violente pression. Des hommes sont morts d'un coup d'épée parce qu'un maladroit leur avait froissé l'orteil (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 75). Cette tendresse bourrue (...) lui faisait mal, comme une main brutale, qui aurait froissé ses membres endoloris (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 113) :
• 1. J'ai pas mal souffert (...). Un pli de mon soulier, occasionné par la jambière, m'avait froissé les nerfs et les tendons du talon et du cou-de-pied. Ça va mieux, mais j'ai peur de boiter encore demain.
ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1908, p. 348.
— Emploi pronom. réfl. indir. Tu ne crois pas que tu t'es seulement froissé un nerf ou un muscle en sautant pour te garer? (MONTHERL., Songe, 1922, p. 119).
♦ [Le suj. désigne un animal] [Des] hirondelles entrées par étourderie dans un appartement et qui se froissent les ailes contre les murs (LAMART., Raphaël, 1849, p. 287).
— Au part. passé. Les pieds froissés par les cailloux (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 198). Dans le chalut, il [le poisson] est traîné plusieurs heures, froissé, meurtri, mordu (HAMP, Marée, 1908, p. 27) :
• 2. Moi-même j'ai eu mon bâton cassé sous la massue du sieur Hérode, et l'épaule froissée de façon à ne pas me servir de mon bras d'ici à quinze jours.
GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 217.
— P. exagér. Serrer très fortement au point d'endolorir. L'astrologue entra (...) froissa contre les bijoux de ses grosses pattes, les doigts des assistants (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 224).
2. [Le compl. désigne une chose; avec l'idée d'un frottement]
a) Écraser (en général par pressions successives) au point de provoquer une déchirure. Là, des menthes croissaient odorantes; j'en cueillis, j'en froissai les feuilles (GIDE, Immor., 1902, p. 402) :
• 3. ... on détache des fleurs les anthères et le capuchon, du bout d'une pince à bords plats, d'un mouvement léger de torsion, en ayant grand soin de ne pas blesser le pistil. Un rien le froisse, comme un rien crève les anthères sur le point de se déchirer.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 86.
— Au part. passé. La coque dure fuit de côté tandis que son enveloppe froissée se détache (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 715).
— Emploi pronom. à valeur passive. Le bruit des feuilles sèches qui criaient en se froissant sous nos pas (LAMART., Raphaël, 1849, p. 176). Le bonheur se flétrit, comme une fleur se froisse Dès qu'on veut l'incliner vers soi pour la sentir (SULLY PRUDH., Solitudes, 1869, p. 23).
b) [Avec l'idée d'une déformation sans déchirure d'un élément ou d'un ensemble]
— [Le compl. désigne un tissu, un habit] Faire des faux plis (à quelque chose). Froisser une robe. Synon. chiffonner. Je n'ose pas vous approcher pour ne pas froisser cette belle étoffe (PROUST, Prisonn., 1922, p. 400). De ses doigts déformés, maman froissait le feston de la camisole (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 52).
♦ Emploi pronom. à valeur passive. Elle n'entendait pas couler la poudre d'or, ni se froisser l'étoffe des robes (SCHWOB, Monelle, 1894, p. 86).
♦ Au part. passé. Drap froissé; jupe froissée. La natte qui a été, à cet endroit, légèrement roulée et très froissée (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 59). Il entendit un bruit de soie froissée (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 25).
— [Le compl. désigne du papier, un objet de papier] Étreindre (dans sa main) en provoquant des plis qui le déforment. Il lut encore quelques lignes, puis coléreusement froissa son journal, le jeta (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 155). Elle froisse maintenant dans sa main une lettre qu'elle me montre (BRETON, Nadja, 1928, p. 92).
♦ Emploi pronom. à valeur passive. Je sentis sous mes doigts se froisser des papiers (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Lit, 1882, p. 634).
♦ Au part. passé. Il sortit de sa poche un petit cahier froissé (ZOLA, Nana, 1880, p. 1339). Il y a d'autres papiers, tout le long de la route, déchirés, froissés, roulés en boule (SARTRE, Mort ds âme, 1948, p. 201). Emploi adj. Le garçon avait tiré d'une poche un feuillet de papier tout froissé (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 129).
— P. anal. Former des plis (sur une surface). Le vent indifférent recommençait à froisser le sable (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 286).
♦ P. anal. et p. métaph. L'âge voûtait déjà son dos, froissait sa face (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 48).
♦ Emploi pronom. à valeur passive. L'eau calme (...) se froissait à son approche comme une étoffe lamée d'argent (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 202).
♦ Au part. passé. Un bruit léger d'eaux froissées parvenait jusqu'à moi (GRACQ, Syrtes, 1951 p. 214).
c) P. ext. Frotter légèrement. Des feuilles sèches que le vent froissait contre un échalas faisaient un petit bruit inquiet (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 59). Devant eux, un bachot que le courant berçait au bout de sa chaîne, froissait les roseaux secs (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 708). Cybèle (...) l'attirait dans la nuit des branches froissées par le vent (MAURIAC, Journal, 1940, p. 233).
— Emploi pronom.
♦ à valeur passive. Des branchages se froissaient contre la bâche (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 234).
♦ réciproque. La brise commençait de faire frémir les palmiers, dont les feuilles se froissaient avec un cliquetis métallique (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 63).
B.— Au fig.
1. [Le compl. désigne une pers.] Blesser (quelqu'un) par un manque d'égards. Synon. choquer, vexer. Ce livre [L'Écornifleur] froissera beaucoup de gens (RENARD, Journal, 1892, p. 115). Ce qui me froisse en vous, c'est votre vulgarité (MONTHERL., Celles qu'on prend, 1950, II, 5, p. 808) :
• 4. Ces questions froissèrent sans doute Jupien car, se redressant avec le dépit d'une grande coquette trahie, il répondit : « Je vois que vous avez un cœur d'artichaut. » Proféré d'un ton douloureux, glacial et maniéré, ce reproche fut sans doute sensible à M. de Charlus...
PROUST, Sodome, 1922, p. 609.
— [Avec un compl. prép.]
♦ [+ en + part. prés.] Permettez-moi de vous dire que vous le froisserez beaucoup en ne lui demandant pas ce petit service (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1049).
♦ [+ dans] Aussi de pareils propos la froissaient-ils dans son orgueil (BOURGET, Disciple, 1889, p. 211).
— Emploi pronom. à valeur passive [Avec un compl. prép. de, à + subst., de + inf. indiquant la cause] Prendre en mauvaise part, être choqué (de quelque chose) :
• 5. — Vous ne voulez pas? réitéra-t-elle, d'un ton où perçait une pointe de menace, car elle se froissait de voir ses volontés, jusqu'ici régnantes, se briser les unes après les autres, contre cette barrière de douceur et de silence... vous ne voulez pas?
CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 133.
— Au part. passé (+ de). M. Godeau était un peu froissé du procédé (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 15).
♦ Emploi adj. Le père et la mère de M. d'Escorailles (...) se trouvaient très froissés de voir leur fils rester auditeur (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 152). Ils seraient extrêmement froissés si les chefs d'industrie les empêchaient de faire de la paix sociale (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 85).
♦ P. méton. Qui est le signe d'un froissement. Celle-ci lui dit, d'un air froissé :« Tu aurais dû me la rendre plus tôt, car je pouvais en avoir besoin. » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Parure, 1884, p. 460).
2. [Le compl. désigne une chose abstr., notamment un sentiment, un attribut moral, spirituel de la pers.] Porter atteinte (à quelque chose), endommager. Froisser les intérêts (de quelqu'un). L'amour est délicat, ma petite : un rien le froisse (MAUPASS., Contes et nouv., Baiser, 1882, p. 610). Je ne savais pas comment faire pour ne pas froisser sa susceptibilité (GIDE, Nouvelles Nourr., 1935, p. 263).
— Emploi pronom. à valeur passive. Les meilleurs caractères se froissent et s'aigrissent (VERNE, Enf. capt. Grant, t. 3, 1868, p. 185).
♦ [+ à + subst.] Ses croyances se froissaient à de continuelles ironies (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 133).
— Au part. passé. Orgueil froissé. Je vous aime beaucoup, mais j'ai l'amour-propre un peu froissé (VILLIERS DE L'I. A., Corresp., 1864, p. 69).
REM. 1. Froissable, adj. Qui est susceptible d'être froissé, de se froisser. (Dict. XIXe et XXe s.). 2. Froissabilité, subst. fém., dans le domaine technol. (cf. ROB. Suppl. 1970). Caractère de ce qui est froissable. La froissabilité d'un tissu (Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. :[], (il) froisse []. Enq. : /, (D)/ (il) froisse. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « fendre, briser en morceaux » (Roland, éd. J. Bédier, 2289 : Fruisset l'acer e la teste e les os); 2. ca 1165 « frapper, battre, heurter (qqn) » (G. d'Angleterre, éd. M. Willmotte, 1480); 1319-22 « meurtrir, blesser, endommager (qqn) » (Renart le Contrefait, I, 290, § 148 ds T.-L.); 1456-67 « endommager, chiffonner (papier, étoffe) » (Cent Nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, XXVII, 82, p. 184); 3. 1176-81 fig. « vaincre, dominer » (CHR. DE TROYES, Charrette, 1220 ds T.-L.); 1829 id. « contrarier, nuire à » (BOISTE). Du lat. vulg. frustiare « mettre en pièces », dér. du class. frustum « morceau, fragment », REW3 n° 3542. Fréq. abs. littér. Froisser : 543. Froissé : 533. Fréq. rel. littér. : Froisser XIXe s. : a) 627, b) 825; XXe s. : a) 996, b) 731. Froissé : XIXe s. : a) 563, b) 1 008; XXe s. : a) 1 024, b) 629. Bbg. ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 131. — DUB. Dér. 1962, p. 53 (s.v. froissable). — GEBHARDT (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 186. — GOHIN 1903, p. 378. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 243.
froisser [fʀwɑse] v. tr.
ÉTYM. XIIIe; froisser, fruisser, 1080; d'un lat. vulg. frustiare, du lat. class. frustum « fragment, morceau ».
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1 Vx. Briser, rompre.
1 Qu'on leur froisse les quinze côtes
De gros maillets forts et massis (…)
Villon, le Testament, « Ballade de merci ».
2 Froissez ainsi qu'un verre en million d'éclats
La lance méprisée (…)
Ronsard, Second livre des poèmes, « Exhortation pour la paix. »
2 (V. 1360). Vieilli. Meurtrir par un heurt, un choc brutal. — Vx. (Le compl. désigne le corps, une partie du corps). || Il reçut une pierre qui lui froissa l'épaule. || Sa chute lui a froissé la jambe. ⇒ Contusionner.
3 Une souris tomba du bec d'un chat-huant (…)
La souris était fort froissée (…)
La Fontaine, Fables, IX, 7.
4 Et pareil au mourant qu'écrasent les blessés,
Que le sabot du cheval froisse (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, LIV.
♦ (1651, Scarron). Par anal. Mod. Meurtrir par une pression violente. || Froisser les ligaments d'une articulation. || Gaine trop étroite qui froisse la paroi abdominale. ⇒ Comprimer.
5 Il étreignit fortement Fausta sans craindre de froisser sa peau délicate.
Mérimée, les Âmes du purgatoire, Pl., p. 409.
♦ Se froisser un membre, un muscle. || Coureur qui s'est froissé un muscle de la cuisse. ⇒ Claquer (se), déchirer (se).
♦ Par ext. Littér. ⇒ Broyer, écrabouiller (fam.), écraser.
6 Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage,
Des crapauds imprévus et de froids limaçons.
Baudelaire, les Épaves, « Le coucher de soleil romantique ».
3 Endommager par frottement ou compression (un corps offrant peu de résistance). ⇒ Aplatir, écraser. || Froisser des brins d'herbe, des feuilles (→ Figuier, cit. 2), des pétales de fleurs entre ses doigts. || Froisser l'herbe, le chaume sous ses pas. ⇒ Fouler, piétiner.
7 (…) l'herbe livre son suc dès qu'on la froisse.
Colette, Prisons et Paradis, Sefrou.
8 (…) je le vois froisser une brindille d'herbe et dire avec ravissement : « C'est beau le thym ! »
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, III, V.
9 Il regardait cette herbe, il se penchait sur elle comme pour y retrouver la trace du corps qui l'avait froissée.
J. Green, Léviathan, I, XIII.
10 Miaulant tout bas, il (le chat) se renversait sur la plante, la froissait, l'écrasait de son dos, lentement se traînant sur elle du garrot jusqu'a la queue.
M. Genevoix, Rroû, II, IV.
11 Dans les roseaux qu'il frôlait au passage, nulle vie ne s'émouvait que celle des feuilles froissées (…)
M. Genevoix, Raboliot, I, IV.
♦ Par ext. Produire un mouvement, un bruit caractéristique (⇒ Froissement) par frottement. ⇒ Frotter.
12 (…) les palmiers faisaient en froissant leurs feuilles un certain bruit qui ressemblait à des inquiétudes.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 182.
13 Elle (la chienne) froissait contre l'osier sa toison blonde (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, Chiens savants.
14 (…) devant eux, un bachot que le courant berçait au bout de sa chaîne, froissait les roseaux secs.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 195.
4 (V. 1462). Faire prendre de nombreux faux plis à (une substance souple) ⇒ Chiffonner. || Froisser une étoffe. || Elle a froissé sa jupe en dormant sur la banquette. ⇒ Friper. || Froisser une moire fragile. || Froisser du papier avant d'y mettre le feu. ⇒ Bouchonner. || Froisser une lettre, des billets de banque dans sa main. || Froisser les pages d'un livre en le feuilletant.
15 Le taffetas et le florence le moins apprêtés ont un tout autre aspect que le foulard, et l'on ne saurait les froisser sans dommage.
Tarif des douanes, 1744, note 579, in Littré.
16 (…) l'éventail
Qu'elle froisse en ses doigts fluets aux larges bagues (…)
Verlaine, Fêtes galantes, « L'allée ».
17 Il fit un mouvement d'impatience, froissa la dépêche et la mit dans sa poche.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XVII.
18 Il (…) compta, en les froissant un à un entre le pouce et l'index, une dizaine de billets de mille francs.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VII.
19 Les pans de sa redingote, froissée par la banquette du wagon, pendaient de chaque côté de sa chaise.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, V, p. 275.
B (Fin XVIe). Abstrait. Offenser par un manque d'égards, blesser légèrement dans son amour-propre, dans sa délicatesse. ⇒ Blesser, choquer, dépiter, déplaire (à), désobliger, fâcher, heurter, indisposer, mortifier, offusquer, vexer, vif (piquer, toucher au); froissement. || Froisser qqn (→ Élever, cit. 74). || Il a été froissé par ce manque de tact. || Ce mot l'a profondément froissé. ⇒ Ulcérer. || Froisser qqn dans ses convictions, sa pudeur, ses sentiments. || Froisser l'amour-propre, la sensibilité, la susceptibilité (→ Considérer, cit. 18) de qqn. || Froisser qqn en faisant qqch., en oubliant de le saluer. — Passif. || Être froissé dans sa délicatesse (→ ci-dessous, cit. 24).
20 (…) j'abhorre la raillerie, elle flétrit le cœur, froisse tous les sentiments (…)
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 541.
21 (…) en vous racontant des sentiments où vous n'étiez pour rien, peut-être ai-je froissé quelque pli de votre cœur jaloux et délicat (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 1028.
22 Sans m'en douter, je vous agaçais, je vous froissais (…) Si ! si ! Je vous ai souvent froissée. Je ne ménageais pas assez votre délicatesse. Il y a eu des malentendus entre nous.
France, le Lys rouge, XXXI.
23 Son amour-propre, dans le temps, s'était trouvé froissé par une lettre (…)
Gide, Journal, 3 août 1930.
24 Mais l'épouse, elle, bien qu'elle fût depuis des années froissée dans sa tendresse, ne croyait pourtant qu'au mal physique (…)
F. Mauriac, le Désert de l'amour, p. 56.
25 J'avais, sans le savoir, froissé certains écrivains en ne les nommant pas dans une liste de mes maîtres, d'autres en négligeant de les remercier pour un article, ou pour l'envoi d'un livre. Tout occupé de mon travail, j'avais négligé l'opinion.
A. Maurois, Mémoires, I, XVII.
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se froisser v. pron.
A (Passif). Être, devenir froissé. || Cette étoffe se froisse facilement. || Mon costume s'est froissé dans la valise. || Un tissu qui ne se froisse pas. ⇒ Infroissable.
B (Réfl.). Se trouver offensé. ⇒ Humeur (prendre de l'humeur); fâcher (se), offusquer (s'), piquer (se), vexer (se). || Vous vous froissez pour bien peu de chose. ⇒ Formaliser (se). || Personne qui se froisse d'un rien, de tout. ⇒ Chatouilleux, ombrageux, susceptible. || Se froisser de (et inf.). || Il s'est froissé de le voir aussi indifférent.
26 Tandis que j'entendais ma grand-mère, sans se froisser qu'il l'écoutât son chapeau sur la tête (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 79.
♦ (Récipr.). || Avec des opinions si opposées, comment ne se froisseraient-ils pas sans cesse ?
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froissé, ée p. p. adj.
1 Meurtri. || Ligament froissé. → aussi ci-dessus, cit. 3.
2 Écrasé. || Des feuilles froissées sous les pas. → ci-dessus, cit. 11. — Spécialt (en parlant d'une voiture accidentée). || Tôle froissée.
3 Chiffonné. || Robe froissée. || Bruit d'étoffe froissée. ⇒ Froissement. || Tas de linge froissé, mis en bouchon, en tampon. — Le bruit sec du parchemin froissé (→ Couleuvre, cit. 2).
♦ Modes. Se dit d'un tissu qui présente à l'état neuf un aspect finement chiffonné. || Polyester froissé.
4 (1859, in Petiot). Escrime. Froissement. || « Les froissés sont exécutés après seconde, tierce ou septime, en allongeant le bras de sorte que la lame fouette » (J. J. Renaud, l'Escrime, 1911).
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CONTR. Défriper, défroisser, repasser. — Complaire (à), contenter, flatter, ménager, réjouir, satisfaire. — (Du p. p.) Intact. — Ému, flatté, heureux, satisfait, touché.
DÉR. et COMP. Froissable, froissant, froissement, froissure. — Défroisser.
Encyclopédie Universelle. 2012.