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habile

habile [ abil ] adj.
XVe; able « propre à » XIIIe; lat. habilis « facile à manier », par ext. « bien adapté »
IVx Capable, convenable, propre. Mod. Dr. Qui remplit les conditions requises pour l'exercice d'un droit. Rendre une personne habile à contracter, à succéder ( habiliter) . II
1(1478) Qui exécute ce qu'il entreprend, avec autant d'adresse que d'intelligence ou de compétence. capable; vx industrieux. Ouvrier habile et expérimenté. émérite, expert. Une couturière, un bricoleur très habile. Être habile de ses mains. adroit. Par ext. Des mains, des doigts habiles (cf. Des doigts de fée). Politicien habile. Être habile dans les relations sociales. diplomate, 1. politique (cf. Savoir y faire). Un intrigant assez habile. 1. fort, futé, malin, roublard, rusé.
Subst. Vx Les habiles : les gens habiles.
HABILE À(et l'inf.). apte, propre, rompu (à). « aussi habiles à rendre la beauté sur la toile que dans le marbre » (Gautier). Homme habile à nouer des relations, à ruser, à tromper ( exceller [à], 1. savoir) . Habile à... (qqch.). Être habile à un jeu d'adresse.
2Spécialt, vx Docte, savant. « Habile homme » (Molière). Mod. Écrivain habile et froid, ingénieux, bon technicien...
3Qui est fait avec adresse et intelligence. Manœuvre, opération habile. Ce qu'il a répondu était très habile. Ce n'était guère habile d'insister. Il serait plus habile de... Spécialt (en parlant d'une œuvre d'art, d'une œuvre littéraire) Un film habile. C'est habile sans être génial.
⊗ CONTR. Gauche, inhabile, maladroit, malhabile, sot.

habile adjectif (latin habilis, maniable, de habere, tenir) Qui exécute avec adresse et compétence quelque chose de ses mains : Elle est très habile de ses mains. Qui agit avec ingéniosité, intelligence, qui sait trouver les moyens de parvenir à ses fins : Un avocat plus habile vous aurait tiré de là. Qui est fait avec adresse et ingéniosité : Voilà qui n'est pas très habile de votre part. Qui fait quelque chose avec adresse, intelligence et compétence, qui y excelle : Être habile aux échecs. Habile à détourner la conversation. Qui agit avec ruse ; dont l'adresse vise à tromper : Il est trop habile pour être honnête. Qui a la capacité d'agir d'un point de vue légal. ● habile (citations) adjectif (latin habilis, maniable, de habere, tenir) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Ne soyons pas si difficiles : Les plus accommodants, ce sont les plus habiles. Fables, le Héron habile (synonymes) adjectif (latin habilis, maniable, de habere, tenir) Qui agit avec ingéniosité, intelligence, qui sait trouver les moyens...
Synonymes :
- adroit
- capable
- chevronné
- doué
- émérite
- entraîné
- éprouvé
- expérimenté
- expert
- fort
Contraires :
- gauche
- incapable
- inexpérimenté
- inhabile
- lourd
- maladroit
- malhabile
Qui est fait avec adresse et ingéniosité
Synonymes :
- astucieux
- averti
- fin
- futé
- ingénieux
Qui agit avec ruse ; dont l'adresse vise à tromper
Synonymes :
- malin
- retors
- roublard (familier)
- roué
- rusé
Contraires :
- naïf
- niais
- novice
Qui a la capacité d'agir d'un point de vue légal.
Synonymes :
- apte
Contraires :
- inapte

habile
adj.
d1./d Qui sait bien exécuter qqch; adroit, expert. Un mécanicien habile. Il est habile dans cet art, habile à manier le pinceau. être habile en affaires.
d2./d Qui témoigne d'une certaine adresse, d'une certaine ingéniosité. Une décision habile. Un film habile et sans prétentions.
d3./d DR Qui remplit les conditions juridiques requises pour l'exercice d'un acte. Habile à hériter.

⇒HABILE, adj.
A. — Vieilli. Qui a la maîtrise d'un ou plusieurs art(s), qui a une connaissance approfondie, théorique et pratique, d'une ou plusieurs discipline(s). Habile médecin. La classe la plus habile du Tiers État a été forcée, pour obtenir son nécessaire, de se dévouer à la volonté des hommes puissants (SIEYÈS, Tiers état, 1789, p. 38). [Le phénomène de l'attraction] a reçu d'un habile chimiste, le nom d'attraction élective (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 259).
[Constr. avec un compl. prép. dans/en spécifiant un domaine du savoir] Synon. versé dans (qqc.). Être habile en mathématiques. Il faut, pour les connaître [les hommes], triompher du mécontentement qu'ils donnent, comme l'anatomiste triomphe de la nature, de ses organes et de son dégoût, pour devenir habile dans son art (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 25). Comment Dioclétien, si habile dans la connoissance des hommes, a-t-il choisi un pareil césar? (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 227).
Emploi subst. masc. ou fém. Synon. expert. Son érudition n'était pas profonde (...) et très-probablement il déchiffrait cette langue surannée avec moins de sagacité et de certitude que ne le font aujourd'hui nos habiles, M. Méon ou M. Robert par exemple (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 1, 1862, p. 495). Ce projet nous sera soumis et (...) les dessins de grandeur d'exécution seront revus par nos habiles (MÉRIMÉE, Lettres L. Vitet, 1846, p. 204).
B. — 1. Absolument
a) [En parlant d'une pers.] Qui a une disposition d'esprit et de caractère la rendant particulièrement apte à agir de façon appropriée à ses fins ou à se tirer d'affaire dans les situations qui se présentent. Synon. adroit, capable, fin, débrouillard (fam.), malin (fam.); anton. maladroit, malhabile. Habile et prudent. Gobseck se trouvait avoir besoin d'un homme jeune et habile pour surveiller une petite opération à l'étranger (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 83). Rocambole s'inclina. Un écolier, à sa place, n'eût pas manqué de tomber aux genoux de la jeune fille. Mais le faux marquis de Chamery était trop habile pour commettre une pareille faute, et il conserva un maintien froid et réservé (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 136) :
1. ... tels sont les obstacles ordinaires qui jalonnent la route que M. Edgar Faure (...) doit parcourir (...). L'homme est habile et saura s'en tirer, même si son jeune âge lui suscite quelques « haies » supplémentaires.
Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 1, col. 1.
Habile homme. Il succède (...) à M. de Rantzau, qui, en habile homme, nous quitte et s'en va quand la fortune arrive (SCRIBE, Bertrand, 1833, 5,1, p. 215). Jeannin (...) avait fort adroitement fait ses affaires, comme banquier : habile homme, rusé et tenace comme un paysan, au demeurant honnête, mais sans scrupule exagéré (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 830).
[Avec, ds le cont., une idée dépréc. de ruse. V. rem. in fine B 1] Habile et perfide. Monsieur Hugo [dit Louis-Philippe], on me juge mal. On dit que je suis fier, on dit que je suis habile. Cela veut dire que je suis traître (HUGO, Choses vues, 1885, p. 65). V. aussi calculateur A 2 ex. de BERNANOS, Imposture, 1927, p. 323 :
2. Il n'était pas seulement ce paysan du Danube qui heurtait de front les puissances établies. Il y avait encore en lui un autre homme, cauteleux et habile, plié par la longue misère, rempli d'onction et volontiers flatteur (...). Alors, il reprit son texte, (...) ajouta quelques compliments à cette célèbre académie dont il sollicitait les suffrages.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 290.
Emploi subst. masc., au plur. et péj. Synon. les malins. M. Bonaparte a eu pour lui la tourbe des fonctionnaires (...) et leurs tenants et aboutissants, les corrompus, les compromis, les habiles; et à leur suite, les crétins, masse notable (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 163). Les habiles et les ignobles, ceux qui allaient quelques semaines plus tard constituer dans les Stalags les états-majors prisonniers au service de l'Allemagne, se manifestaient déjà, prompts à saisir l'occasion, toujours les premiers au moindre signe (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 38).
Faire l'habile. Allons, croyez-vous qu'il se prive, une fois qu'il nous a quittées, de faire le monsieur, le renseigné, l'habile? (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 26).
b) [En parlant d'une pers. désignée par un subst. spécifiant une activité] Qui exécute ce qu'il entreprend dans le cadre de son activité, habilement, avec adresse, intelligence et compétence. Anton. maladroit, malhabile. Adroit, expérimenté, ingénieux et habile; un ouvrier, un artisan habile. Les matelots de Tahoser étaient si habiles que la cange qu'ils dirigeaient semblait douée d'intelligence, tant elle obéissait avec promptitude au gouvernail et se détournait à propos des obstacles sérieux (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 209). Il était moderne l'oncle Édouard, il réussissait très bien dans la mécanique. D'abord, il était habile et faisait ce qu'il voulait de ses dix doigts (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 79) :
3. Pierre Saveron a le sens de la lumière. Il en use non seulement en technicien fort habile, mais en artiste conscient à la fois de l'authenticité de son art et de sa nécessaire soumission à une unité supérieure.
SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 100.
Vieilli. Habile scélérat, coquin. Le plus habile hypocrite ressemble à un saint (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 272). Ce Stavisky était un habile escroc, lequel, protégé de haut (...), avait opéré une razzia de 700 millions environ (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 121).
En partic., dans le langage de la crit. artistique. Un peintre, un décorateur, un instrumentiste habile. Chez ces dessinateurs sages et habiles [les disciples d'Ingres], on voit poindre l'affectation de simplicité qui conduira peu à peu à l'imitation des primitifs (HOURTICQ, Hist. Art, Fr., 1914, p.350).
♦ [Avec une valeur dépréciative (v. rem. in fine B 1)] Déjà les gens de talent remplacent les gens de génie et les maîtres habiles succèdent aux grands maîtres (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 102).
Emploi subst. masc. En raison même de la rareté plus grande des hommes de valeur, apparaissent les faux artistes, les imitateurs de génie, les habiles (D'INDY, Compos. mus., t. 1, 1912, p. 216) :
4. Entre ce je-ne-sais-quoi et la virtuosité des rhéteurs la distance est infinie, comme elle est infinie entre le coup d'aile du génie et l'ingenium. Rien ne remplace cette chose divine sans laquelle la beauté n'est qu'une farce et un bibelot réussi, sans laquelle tout est muet, inerte et sec; par contre la chose divine elle-même supplée à tout, au talent, au métier, au bien-dire des habiles et aux trucs des virtuoses.
JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 99.
P. ext. [En parlant d'une partie du corps] Doigts habiles. La médecine, dit-on, est une science, mais sa pratique est un art. De ses mains habiles, le chirurgien s'ingénie à redresser les erreurs de la nature (R. BIOT, Pol. santé, 1933, p. 18).
Rem. L'emploi de habile ds le domaine des relations soc., les domaines intellectuel et artistique, implique un jugement dépréciatif, lorsque sont privilégiées les qualités d'originalité, de génie ou de sincérité.
2. [Constr. avec un compl. prép. désignant une activité ou un domaine d'activité] Qui fait preuve d'une aptitude ou d'une adresse particulière pour (telle activité).
a) [Constr. avec un compl. subst. prép.]
Habile à (qqc.). Il savait qu'elle n'avait jamais été très habile au commerce (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 123). Les deux jardiniers se trouvaient être plus habiles à la bêche qu'à l'écriture (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 990).
Habile dans (qqc.). Un bouquiniste très-habile dans l'art de nettoyer les livres (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 212). Le patron, qui était un limonadier habile dans son commerce, normand roublard, aux petits yeux bridés, accourait en riant, empressé et flatteur (BENJAMIN, Gaspard, 1915p. 146).
Habile en (qqc.) (vieilli). Quand on n'a pas d'autre distraction, on prend la quenouille, et le petit tournement du fuseau vous amuse; à la campagne, ma chère, on devient habile en passe-temps (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1835, p. 75). Le coup d'œil d'une femme habile en intrigues (THIERRY, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 64)
Habile pour (qqc.) (rare). Chez les « grands », des commères se chargeaient du travail. Telle était plus habile pour la laine, telle pour le fil (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 20).
Emploi subst. masc., rare. Les habiles de (qqc.). Cette lenteur prudente qu'apportent aux luttes qui doivent être mortelles les habiles de l'escrime (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 419).
b) Habile à + inf. Ce fut à l'école de la bouquetière d'Athènes que le peintre Pausias, son amant, se rendit si habile à faire des tableaux de fleurs (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 102). L'homme est extraordinairement habile à s'empêcher d'être heureux; il me semble que, moins il est capable de supporter le malheur, plus il est apte à se l'apprivoiser (GIDE, Journal, 1895, p. 56) :
5. La prodigieuse popularité de Necker tint à ce qu'il eut recours non à l'impôt, mais à l'emprunt. Habile à dorer la pilule, à présenter le budget (...) sous le jour le plus favorable mais aussi le plus faux, il n'eut pas de peine, en fardant la vérité, à attirer des capitaux considérables.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 17.
Au fig. [En parlant d'une faculté, d'une technique] La malignité est si habile à pénétrer, si prompte à publier ses découvertes, si disposée à les exagérer! (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1797). Que serait-ce si le peuple savait parler? J'entends si la rhétorique, habile à plaider, ne se trouvait pas toujours au service des pouvoirs (ALAIN, Propos, 1927, p. 752).
Rem. On rencontre qq. attest. d'une pronominalisation en y de ce compl. Il avait toujours aimé à travailler le bois. Il y était habile (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 107).
c) Habile de ses mains, de ses dix doigts.
C. — [En parlant d'une action, du moyen ou du résultat d'une action humaine]
1. [Qualifie un subst.] Qui dénote l'habileté de son auteur et qui est approprié au but fixé. Manœuvre, parole, politique, procédé, tactique habile. Une terre où d'habiles irrigations ont répandu une eau fécondante (SAY, Écon. pol., 1832, p. 71). Un autre achevait une habile reprise à son pantalon (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 427). Rance, qui ne l'avait pas revu depuis si longtemps, eut le toupet de lui dire qu'il avait rajeuni, ce qui est le plus habile des compliments (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 44) :
6. D'habiles publicités engagent l'amateur à n'acheter que des appareils ou des produits de marques étrangères; mais les professionnels les plus impartiaux et les plus compétents insistent avec énergie sur les qualités des appareils français...
PRINET, Phot., 1945, p. 113.
[Avec, ds le cont., une idée dépréciative de ruse] Son langage était précis et froid, singulièrement habile et donnait l'idée d'un homme avec lequel il n'est pas désirable de traiter une affaire (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 151).
En partic., dans le langage de la crit. artistique. Qui dénote l'habileté de l'artiste, sa connaissance et sa maîtrise des techniques. Une aquarelle de la plus habile facture (GONCOURT, Journal, 1894, p. 694) :
7. ... vous n'[avez] pas eu le temps de consacrer à l'art de Dostoïevsky — d'une composition si habile, si curieuse par ses vastes crescendos à la Beethoven, par sa glorification des procédés inventés par Eugène Sue (...) — l'étude qu'il mériterait.
CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1923, p. 238.
[Avec, ds le cont., une nuance dépréc. V. rem. supra B 1 b] Le dessin habile est chose impersonnelle (HOURTICQ, Hist. Art, Fr., 1914, p. 338). Si le diable faisait de la musique, ce serait celle de Tchaïkovsky, séduisante, habile et vulgaire (GREEN, Journal, 1955, p. 3).
P. anal. [En parlant d'une action effectuée par un animal] Il [un corbeau] sautillait par derrière [un chien], et par une manœuvre habile, inaperçue, tombait sur lui, donnait (sec et dru) deux piqûres de son fort bec noir (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 114).
2. [Qualifie une prop.] Approprié au but recherché par quelqu'un. Vous vous êtes servie de votre enfant à venir, pour remuer mon enfant passé. Vous avez cru habile de me faire connaître votre maternité en ce moment, et vous avez été malhabile (MONTHERL., Reine morte, 1942, III, 6, p. 227) :
8. Il était fort habile de supprimer un journal politique pour attaque aux bonnes mœurs et à la religion; on a pris le premier prétexte venu...
FLAUB., Corresp., 1857, p. 142.
D. — DROIT, vieilli. Habile à + inf. Qui a la capacité légale de (faire quelque chose). Le mineur habile à contracter le mariage est habile à consentir toutes les conventions dont ce contrat est susceptible (Code civil, 1804, art. 1398, p. 254).
Prononc. et Orth. : [abil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Fin XIIIe s. « apte » (Trad. du De Arte venandi cum avibus, éd. G. Holmér, 3, 3); 1403 « compétent (en parlant d'une personne) » (CHR. DE PISAN, Chemin de Long estude, 659 ds GDF. Compl.); 2. 1390 terme de dr. (Choix de pièces inédites relatives au Règne de Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, I, 106 : Philippe qui est religieux, n'est pas habile à proposer ces choses sens licence de l'abbéesse); spéc. 1417-35 (Journal de Cl. de Fauquembergue, Greffier du Parlement de Paris, éd. A. Tuetey, t. II, p. 298 : declairee habile et legitime heritiere); 3. XVe s. « agile, souple » (JUVENAL DES URSINS, Charles VI, 1419 ds LITTRÉ); 1493 « rapide » (Le Mistere du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, X, 411, 42144, V, 243 : gens habilles comme levriers). II. 1. 1478-80 « qui montre de l'adresse » (G. COQUILLART, Les nouveaulx Droitz, éd. M. J. Freeman, p. 128, vers 16 : Expers, habiles decliqueurs); 2. 1555 « qui a du jugement, de l'intelligence » (RONSARD, Les Hymnes, éd. P. Laumonier, VIII, p. 89, vers 57). Empr. au lat. habilis « convenable, propre à », qui a pris au Bas Empire le sens jur. de « quelqu'un qui est légitimé à quelque chose »; cf. la forme pop. able, aule (essentiellement pic., lorr. dep. le XIIe s. ds T.-L., GDF. et FEW t. 4, p. 365b). Fréq. abs. littér. : 2 571. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 5 058, b) 4 016; XXe s. : a) 2 806, b) 2 778.

habile [abil] adj.
ÉTYM. Fin XIIIe, « propre à »; « agile, souple », XVe; « rapide », 1419; habile au XVe; lat. habilis « commode, facile à manier », et, par ext., « bien adapté ».
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I Vx ou spécialt.
1 Habile à… a (En parlant des choses). Vx. Apte, convenable, propre. || « L'âge habile à être capitaine » (XVIe, Deroziers, in Huguet).
b (En parlant des personnes). Capable.(1390, en dr.). Mod. Dr. Qui remplit les conditions requises pour l'exercice d'un droit. || Rendre une personne habile à contracter, à succéder. Habiliter. || Habile à ester en justice, à tester (cf. l'ancien adage Le mort saisit le vif, son hoir le plus proche habile à lui succéder).
2 (1596). Vx. || Habile à : prompt à. Absolt. Diligent, empressé. || « Allez vite tous deux et revenez : on verra lequel est le plus habile » (Académie, 1694).
1 Mais demain, du matin, il vous faut être habile
À vider de céans jusqu'au moindre ustensile (…)
Molière, Tartuffe, V, 4.
3 (XVe-XVIe). Vx. (Des animaux). Agile, rapide.
2 (…) les daims légers (…) et les chevaux habiles.
Lemaire de Belges, Illustrations de la Gaule, I, 23.
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II Mod.
1 (1478). (Personnes désignées par un nom impliquant une activité; l'antéposition de l'épithète tend à devenir stylistique). Qui exécute ce qu'il entreprend, ce qu'il fait, avec adresse, intelligence ou compétence. Adextre (vx), adroit (cit. 2 et 3), capable, industrieux. || Artisan (cit. 10), ouvrier, travailleur habile et expérimenté. Bon, émérite, expert, praticien, routier (vieux routier). → Atteindre, cit. 23; forge, cit. 7. || Habile dans son métier, en tous métiers (→ Brocanter, cit. 1). || Un arrimeur (cit. 1) habile. || Une couturière très habile. || Un habile faussaire (→ Fabriquer, cit. 10). || Habile artiste, artiste habile possédant une forte technique (→ Anatomie, cit. 6; croquis, cit. 1; effet, cit. 31). || Peintre habile dans tous les genres (cit. 18). || Habile prestidigitateur. || Les danseuses les plus habiles (→ Caractère, cit. 33). || Un pianiste, un violoniste prodigieusement habile. Virtuose (dans le domaine de l'art, l'adj. est quelque peu limitatif).(1538). || Habile financier. || Habile banquier (cit. 3). || Habile capitaine (cit. 3), habile stratège. || Habile ministre (→ Favoritisme, cit. 1). || Habile diplomate. || Politicien habile (→ Entreprendre, cit. 3).
3 Un homme peut avoir lu tout ce qu'on a écrit sur la guerre, ou même l'avoir vue, sans être habile à la faire (…) L'habile homme est (…) celui qui fait un grand usage de ce qu'il sait; le capable peut, et l'habile exécute.
Voltaire, Dict. philosophique, Habile.
4 Cette belle porcelaine est produite à Limoges, grâce (…) à des générations d'ouvriers très habiles, grâce aussi à des perfectionnements techniques, qui ont une longue histoire.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 129.
Être habile de (ses doigts, ses mains…).
Par ext. || Des mains, des doigts habiles. → Des doigts de fée. || L'affaire est entre des mains habiles (→ En bonnes mains). || Une habile épée : un escrimeur habile (→ 1. Garde, cit. 22).
5 Deux ou trois grands génies suffisent pour pousser bien loin des théories en peu de temps; mais la pratique procède avec plus de lenteur, à cause qu'elle dépend d'un trop grand nombre de mains dont la plupart même sont peu habiles.
Fontenelle, Éloge de Chazelles, in Littré.
(Personnes). Qui est apte à parvenir à ses fins en utilisant avec maîtrise les moyens les mieux adaptés. || Habile à, dans, en qqch., pour qqch. || Être très, assez habile. || Être habile dans les relations sociales. Diplomate (adj.), fin, malin, politique (adj.).Un homme habile et intrigant. Débrouillard, roublard, roué, rusé. || Un personnage habile et plein de ressources. || La passion rend souvent les plus sots habiles (→ 1. Fou, cit. 17). || Il ne faut pas être bien habile pour y arriver. → Il ne faut pas être grand clerc, grand sorcier. || Il se croit plus habile que les autres. Fort, malin (→ Aigreur, cit. 2). || Se piquer d'être habile (→ Flatteur, cit. 5). || Il est habile en toutes circonstances. → Il sait y faire, il n'est pas manchot, il sait se retourner, il connaît toutes les rubriques, il sait tomber, retomber sur ses pieds. || Il est plus habile dans ce genre d'affaires. || Plus habile en paroles qu'en actes. → Beau parleur. — Un habile courtisan, un flatteur. || Un habile hypocrite (→ Enfiellé, cit. 2).Allus. littér. || « Les plus accommodants (cit. 1) ce sont les plus habiles » (La Fontaine).
6 Le désir de paraître habile empêche souvent de le devenir.
La Rochefoucauld, Réflexions et maximes, 199.
7 Il y a des gens habiles dans tout ce qui ne les regarde pas, et malhabiles dans ce qui les regarde (…)
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, De la diff. des esprits.
8 (…) Tu prétends être fort habile :
En sais-tu tant que moi ? J'ai cent ruses au sac.
La Fontaine, Fables, IX, 14.
9 L'habile homme est celui qui cache ses passions, qui entend ses intérêts, qui y sacrifie beaucoup de choses, qui a su acquérir du bien ou en conserver.
La Bruyère, les Caractères, II, 55.
10 Habile courtisan emporte un peu plus de blâme que de louanges; il veut dire trop souvent habile flatteur (…) Le renard qui, interrogé par le lion sur l'odeur qu'exhale son palais, lui répond qu'il est enrhumé, est un courtisan habile.
Voltaire, Dict. philosophique, Habile.
11 Joseph, quand il conduit, montre avec éclat qu'il est très brutal, très égoïste, très habile et, malgré tout, prodigieusement naïf, comme le sont tous les artificieux, tous les roublards de carrière.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, VI.
Par ext. || Amour-propre (cit. 7) habile dans ses calculs. || Égoïsme habile (→ Exalter, cit. 16). || Un zèle habile (→ Éprouver, cit. 34).
2 Spécialt. (Dans le domaine intellectuel). a (1555, Ronsard). Vx. Docte, savant.REM. Ce sens vieillit à la fin du XVIIe s. ou au début du XVIIIe. || Un habile homme : un homme de science, d'érudition (→ Air, cit. 29; érudition, cit. 1, Molière). Cf. aussi Pascal (Pensées, II, IV, 251), La Bruyère (→ Ancien, cit. 15; art, cit. 59; avenir, cit. 6), Fénelon (cité par Littré).
b Mod. Qui a des connaissances, de l'ingéniosité, de l'art, de la technique. || Un écrivain habile et froid, ingénieux, bon technicien. || Un écrivain plus habile qu'original. || Habile seulement dans l'analyse (→ Apte, cit. 3).
12 Ce mot ne convient point aux arts de pur génie; on ne dit pas, un habile poète, un habile orateur; et si on le dit quelquefois d'un orateur, c'est lorsqu'il s'est tiré avec habilité, avec dextérité, d'un sujet épineux.
Voltaire, Dict. philosophique, Habile.
13 Les observations de La Bruyère, comme il est naturel de la part d'un habile observateur qui n'était point un grand esprit, sont intéressantes et piquantes, à proportion qu'elles portent sur de plus petits objets.
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., La Bruyère, IV.
14 Un intellectuel habile est un prestidigitateur de la pensée.
R. Rolland, Au-dessus de la mêlée, p. 87.
15 Les médiocres esprits deviennent toujours plus habiles, ne cessant de parcourir leur médiocre lieu (…)
Valéry, Rhumbs, p. 275.
N. m. pl. (Déb. XVe). || Les habiles : les malins, les ingénieux (souvent péjoratif).
16 Les habiles en littérature sont ceux qui, comme les Jésuites de Pascal, ne lisent point, écrivent peu et intriguent beaucoup.
P.-L. Courier, Lettre à M. Renouard, in Littré.
17 Aussi les habiles s'enferment dans leur cabinet, ne fût-ce que pour dormir, placent une lampe allumée près de leurs carreaux et disent avoir passé trois mois à l'œuvre enlevée en trois jours.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Tony Johannot, p. 226.
18 Les habiles, dans notre siècle, se sont décerné à eux-mêmes la qualification d'hommes d'état; si bien que ce mot, homme d'état, a fini par être un peu un mot d'argot. Qu'on ne l'oublie pas en effet, là où il n'y a qu'habileté, il y a nécessairement petitesse. Dire : « les habiles », cela revient à dire : « les médiocres ».
Hugo, les Misérables, IV, I, II.
3 (1636). || Habile à…, suivi d'un verbe à l'inf. Apte (cit. 7), entendu (vieilli), propre, rompu (à). || Être habile à faire (cit. 190) qqch. Exceller (à), savoir. || Homme habile à ruser, à tromper (→ Adresser, cit. 13; expérience, cit. 11).Habile à (qqch.). || Expert habile aux estimations (cit. 3). || Être habile à un jeu d'adresse. Bon, expert.
19 C'est Saint-Donat qui la traite (Mme de Coulanges); je ne sais s'il est bien habile à ces sortes de maux.
Mme de Sévigné, 1374, 21 avril 1694.
20 On ne trouvait pas étrange que ces grands hommmes fussent aussi habiles à rendre la beauté sur la toile que dans le marbre.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Vente Jollivet, p. 282.
4 (1687, Bossuet). Qui est fait avec adresse et intelligence. || Un habile tour (→ Anse, cit. 3). || Manœuvre, opération, démarche habile. Diplomatique. || Une intervention habile. || Ce que vous avez fait là n'est pas très habile. || Ce qu'il a répondu était très habile. || Dissimulation, camouflage (cit. 3) habile. || Ils ont jugé plus habile de ne se démasquer (cit. 6) qu'au dernier moment. || Raisonnement, argument trop habile. Captieux, subtil. || Formule (cit. 14) habile. || D'habiles jongleries verbales (→ Discursif, cit. 1).
21 (…) ce qu'il y a de plus fatal à la vie humaine, c'est-à-dire l'art militaire, est en même temps ce qu'elle a de plus ingénieux et de plus habile (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Louis de Bourbon.
(En parlant d'une œuvre d'art, d'une œuvre littéraire). Fait avec habileté, avec une maîtrise technique. Artificieux (vx), ingénieux, astucieux. || Un film habile. || Une intrigue habile. || C'est habile sans être génial, c'est plus habile qu'inspiré. || C'est une œuvre originale mais pas très habile.
CONTR. Gauche, inhabile, maladroit, malhabile, mauvais, naïf, niais, sot. — Apprenti.
DÉR. et COMP. Habilement, habiliter, inhabile.

Encyclopédie Universelle. 2012.