impossible [ ɛ̃pɔsibl ] adj. et n. m.
• 1227; lat. impossibilis
♦ Qui ne peut être, exister; qui n'est pas possible.
I ♦ Adj.
1 ♦ Qui ne peut se produire, être atteint ou réalisé. Cette éventualité lui paraît impossible. ⇒ inenvisageable. Solution impossible. C'est impossible, presque impossible. Un amour impossible. « des choses qui ne paraissent impossibles que tant qu'on ne les a pas tentées » (A. Gide). Une mission impossible. ⇒ infaisable, irréalisable. — Impossible à (et l'inf.) :qu'on ne peut... Des conditions impossibles à remplir. Un nom impossible à prononcer. — Il est impossible de (et l'inf.). « il m'est impossible sur ce point d'être de leur avis » (Renan). Ellipt Impossible de le joindre. — Absolt Impossible ! cela ne se peut. — Il est, il semble impossible que... (et le subj.). Il n'est pas impossible que je vienne : il se peut que je vienne. — Loc. prov. À cœur vaillant rien d'impossible (devise de J. Cœur) :le courage peut venir à bout des pires difficultés. Impossible n'est pas français (attribué à Napoléon).
♢ Math. Événement impossible (noté ø),dont la probabilité est nulle. Équation impossible, qui n'admet pas de solution. ⇒ insoluble.
2 ♦ Très difficile, très pénible (à faire, imaginer, supporter). Il nous rend l'existence impossible. ⇒ insupportable. Une situation impossible.
3 ♦ Qui semble ne pas pouvoir exister. ⇒ fantastique, irréel. « les feuillages verts impossibles » (Balzac).
4 ♦ Fam. Absurde, extravagant, invraisemblable. Il lui arrive toujours des histoires impossibles. Cette pièce « qui a un titre impossible » (Colette). Rentrer à des heures impossibles. ⇒ invraisemblable (cf. À pas d'heure).
5 ♦ (1838) (Personnes) Insupportable. ⇒ invivable. Ces enfants sont impossibles. Avoir un caractère impossible.
II ♦ N. m. (XVIe)
1 ♦ Ce qui n'est pas possible. Espérer, tenter l'impossible. Demander l'impossible. — Par exagér. Faire l'impossible, tout son possible. Tâche de faire l'impossible pour te libérer. PROV. À l'impossible nul n'est tenu : on ne peut exiger de personne des choses infaisables.
2 ♦ Loc. adv. PAR IMPOSSIBLE : en supposant que se réalise une chose que l'on tient pour impossible. « Si, par impossible, le cœur lui défaille » (Bernanos).
⊗ CONTR. Possible, réalisable. Acceptable, supportable.
● impossible adjectif (latin impossibilis) Qui ne peut exister, qui est hautement improbable : Dans ces conditions, un incendie est impossible. Qui n'est pas réalisable, qu'il est très difficile de faire, de résoudre : Ce problème est impossible à résoudre. Qui est très pénible, insupportable : Il nous rend la vie impossible. Il nous a mis dans une situation impossible. Familier. Avec qui les relations sont très difficiles ; insupportable : Des enfants impossibles. Familier. Qui sort des limites du bon sens, du raisonnable : Il a un nom impossible. ● impossible (citations) adjectif (latin impossibilis) René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 Après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible. Discours de la méthode Charles Alexandre de Calonne Douai 1734-Paris 1802 Madame, si c'est possible, c'est fait ; impossible, cela se fera. Commentaire Réponse du ministre des Finances à une demande de la reine Marie-Antoinette. ● impossible (expressions) adjectif (latin impossibilis) Événement impossible, dans un univers de possibles E, événement, noté , ne contenant aucune éventualité de E et, ainsi, ne se réalisant jamais. (La probabilité de l'événement impossible est nulle.) ● impossible (synonymes) adjectif (latin impossibilis) Qui ne peut exister, qui est hautement improbable
Synonymes :
- chimérique
- vain
Contraires :
- possible
Qui n'est pas réalisable, qu'il est très difficile de faire...
Synonymes :
- inexécutable
- irréalisable
Contraires :
- exécutable
- faisable
- réalisable
Qui est très pénible, insupportable
Synonymes :
Contraires :
- simple
- soluble
Familier. Avec qui les relations sont très difficiles ; insupportable
Synonymes :
- acariâtre
- invivable (familier)
- revêche
Contraires :
- agréable
- aimable
- gentil
Familier. Qui sort des limites du bon sens, du raisonnable
Synonymes :
- inouï
Contraires :
● impossible
nom masculin
Ce qui ne saurait exister, se produire, être réalisé : Ne me demandez pas l'impossible.
● impossible (citations)
nom masculin
Georges Bataille
Billom 1897-Paris 1962
Nous n'avons d'autre possibilité que l'impossible.
L'Alleluiah
Gallimard
Maurice Bedel
Paris 1883-Thuré, Vienne, 1954
Il y a des moments où l'on croit que l'impossible est la base même de l'espérance.
Le Laurier d'Apollon
Gallimard
Jean Cocteau
Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963
Académie française, 1955
À l'impossible je suis tenu.
Orphée
Stock
Eugène Fromentin
La Rochelle 1820-Saint-Maurice, commune de La Rochelle, 1876
Je me suis mis d'accord avec moi-même, ce qui est bien la plus grande victoire que nous puissions remporter sur l'impossible.
Dominique
Panait Istrati
Brăila 1884-Bucarest 1935
C'est faire confiance à la vie, que se mesurer avec l'impossible.
Pour avoir aimé la terre
Denoël
Jean de La Fontaine
Château-Thierry 1621-Paris 1695
Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus.
Fables, le Lion, le Loup et le Renard
Robert Mallet
1915
Ce n'est pas l'impossible qui désespère le plus, mais le possible non atteint.
Apostilles
Gallimard
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Les maîtres sont ceux qui nous montrent ce qui est possible dans l'ordre de l'impossible.
Mélange
Gallimard
sir Arthur Conan Doyle
Édimbourg 1859-Crowborough, Sussex, 1930
Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.
When you have eliminated the impossible, whatever remains however improbable must be the truth.
Le Signe des quatre, 6
Johann Wolfgang von Goethe
Francfort-sur-le-Main 1749-Weimar 1832
J'aime celui qui rêve l'impossible.
Den lieb'ich, der Unmögliches begehrt.
Second Faust, le bas Pénéios
● impossible (expressions)
nom masculin
Faire, tenter l'impossible, mettre en œuvre tous les moyens pour parvenir à un résultat.
Si, par impossible, en envisageant une éventualité des plus improbables.
impossible
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui ne peut exister, qui ne peut se faire. Changement impossible.
|| Très difficile à faire. Accomplir une mission impossible.
d2./d Insupportable. Un caractère impossible.
d3./d Fam. Bizarre. Des goûts impossibles.
rII./r n. m.
d1./d Ce qui est à la limite du possible. Tenter l'impossible.
d2./d Loc. adv. Par impossible: en supposant réalisée une chose très improbable.
⇒IMPOSSIBLE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — [En parlant de choses]
1. [D'un point de vue objectif] Qui ne peut être ou ne peut se produire; dont l'existence est exclue. Événement impossible. Que deux soit à la fois pair et impair est impossible (PIGUET 1960) :
• 1. Elle [une intelligence supérieure] reconnaîtrait peut-être que, pour certains individus et dans certaines circonstances, l'erreur devient physiquement impossible...
COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 107.
— Loc. impers.
♦ (Il est, c'est) impossible à, (il est) impossible de + inf. Impossible à faire; impossible de le dire. Il serait impossible de rencontrer un philosophe qui déclare : j'étudie la psychologie des grands singes parce que je n'aime pas les hommes (NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 69) :
• 2. Il ne savait pas, le malheur est impossible à prévoir. Mais il n'aurait pas été étonné qu'un tremblement de terre fît l'affaire. J'ai reconnu que c'était possible et il m'a demandé si ça ne m'inquiétait pas.
CAMUS, Peste, 1947, p. 1236.
♦ (Il est, il semble) impossible que; rien d'impossible à ce que + subj. Vieil océan! Vieil océan, il n'y aurait rien d'impossible à ce que tu caches dans ton sein de futures utilités pour l'homme (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 137) :
• 3. Très nettement, très rapidement, je compris qu'il était impossible que, dans l'état de nudité, dans l'état de désordre, dans l'état d'amour où nous étions, Georges, moi, et la chambre... Je compris qu'il était impossible que quelqu'un entrât en cet instant, dans la chambre...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 150.
— [Constr. prép. + verbe pronom.]
♦ Impossible à (rare). Un ouvrage de ce genre est presque impossible à se faire lire à cause des notes qui coupent perpétuellement le texte (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 131).
♦ Impossible de. Impossible de se faire entendre. Impossible de s'en faire écouter, le trait caractéristique du crétin étant de parler sans relâche en admirant les lieux communs qu'il éjacule (BLOY, Journal, 1904, p. 238).
— Pris absol. Impossible! — Vous rendre Alfred, Monsieur Paturot! Mais vous n'y songez pas. Impossible monsieur, impossible. Jamais, monsieur, jamais. — Mais, monsieur, c'est mon fils (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 420).
— [Phrases hist.] Si c'est possible, c'est fait; si c'est impossible, cela se fera. Mot de Calonne à Marie-Antoinette. Impossible n'est pas français. Mot attribué à Napoléon. Et voilà comme, au régiment plus qu'en nul autre lieu du monde, « impossible » n'est pas français (COURTELINE, Gaîtés esc., Je m'en fous, 1886, I, p. 201). À cœur vaillant, rien d'impossible. Devise de Jacques Cœur.
— P. hyperb. Dont la réalité ou le déroulement sont difficilement supportables. Synon. intolérable. Mais en moins de trois jours la vie devint impossible! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 88).
♦ Sans issue, très difficile. On lui parle de la situation impossible qui lui sera faite, quand même il gagnerait son procès, s'il veut se maintenir de force contre les actionnaires (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1045).
2. [D'un point de vue subjectif] Qui ne peut être réalisé ni imaginé. Synon. incroyable. Luxe, mariage, projet, tâche, rêve impossible; impossible amour. Que ce qui serait vraiment d'un prix inestimable, une langue parfaite, ne fût-elle pas universelle, est une chose absolument impossible, parce que la difficulté ne tient pas aux signes, mais à la nature de notre esprit (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 407) :
• 4. La Princesse Aurore, de Tchaïkovsky présente l'image d'un monde impossible, à la fois enfantin et sensuel, alors que la musique d'Apollon Musagète est si noblement voluptueuse qu'elle en paraît chaste.
GREEN, Journal, 1945, p. 30.
— P. hyperb. Invraisemblable, extravagant. Synon. absurde, insensé. C'est au Palais-Royal qu'on trouve (...) des femmes dont les visages s'abritent sous des chapeaux impossibles, que surmontent des fleurs fanées ou des plumes fabuleuses (RABAN, Myst. Palais-Royal, t. 1, 1845, p. 6) :
• 5. ... Marianne était occupée à tricoter dans une grande pièce très-propre (...) tapissée d'un papier fond bleu, avec des fleurs impossibles et des oiseaux invraisemblables.
NERVAL, Fayolle, 1855, p. 80.
Rem. L'emploi de impossible au compar. ou au superl. n'est pas rare dans la docum. : Et que créer une science, n'est autre chose qu'en bien faire la langue. C'est-là, je crois, la partie la plus impossible du projet impossible, dont nous nous amusons actuellement à tracer le plan (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 412).
B. — [En parlant de pers.]
1. Dont le caractère, le comportement, les pratiques sont difficilement supportables. Comme on mangeait (...) très simplement, madame Hugon se lamenta (...) racontant que les bouchers devenaient impossibles (ZOLA, Nana, 1880, p. 1228) :
• 6. Daudet : Ma seconde maringote serait amusante. Elle contiendrait une collection de domestiques impossibles, terribles, dont les brouilles amèneraient une interruption dans le voyage.
GONCOURT, Journal, 1888, p. 832.
2. Inaccessible, ingouvernable, indomptable. Non seulement vierges, mais filles impossibles, si sveltes, longues, délicates! Elles peuvent rêver, plaire, être aimées, mais concevoir? Non (MICHELET, Journal, 1857, p. 360).
3. Dont l'existence n'est pas concevable. Pourquoi M. Teste est-il impossible? — C'est son âme que cette question. Elle vous change en M. Teste. Car il n'est point autre que le démon même de la possibilité (VALÉRY, Soirée avec M. Teste, 1895, p. 11).
II. — Substantif
A. — masc. sing. à valeur de neutre
1. Ce qui ne peut être, se produire ou être réalisé; dont l'existence pour la réalisation est exclue. Synon. l'inconnu, le néant. L'homme crie vers l'impossible, la femme souffre tout ce qui est possible (CAMUS, État de siège, 1948, 3e part., p. 286) :
• 7. C'est pourquoi le peintre est toujours plus près du vrai, s'il sait peindre, que le moraliste ou le romancier, toujours conduit, ou presque toujours, à l'instable ou à l'impossible, parce qu'il ne peint point les passions avec les couleurs de la vie.
ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 259.
• 8. Toute chose change de couleur et de valeur. Il y a de l'impossible et de l'incroyable dans l'air. Nul ne peut fixement et solitairement considérer ce qui existe, et l'avenir immédiat s'est altéré comme par magie.
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 69.
♦ Ne pas demander l'impossible. Rester dans les limites du raisonnable :
• 9. ... mais jamais il ne faisait la moindre allusion, il affectait d'ignorer, avec son fin sourire de viveur sceptique, qui ne demande pas l'impossible, pourvu qu'il ait son heure et que Paris le sache.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1351.
♦ Faire, tenter l'impossible pour. Aller à la limite de ce qui est possible pour. Ces derniers mois, quel cauchemar! J'ai tenté l'impossible pour vous ouvrir les yeux. Vous ne vouliez rien voir, rien entendre (COCTEAU, Par. terr., 1938, II, 9, p. 251).
♦ Proverbe. À l'impossible nul n'est tenu :
• 10. Z. et moi savons parfaitement que nous ferons tous deux pour le mieux, et c'est le cas où jamais de nous répéter le proverbe « à l'impossible, nul n'est tenu ».
DU BOS, Journal, 1927, p. 262.
2. Vx. Nom d'une couleur à la mode à la fin du XVIIIe siècle :
• 11. ... chaque femme était obligée de (...) vêtir une lévite blanche avec une ceinture de couleur. Il y en avait six en noir, six en bleu, six en coquelicot, (...) six en impossible.
NERVAL, Illuminés, 1852, p. 384.
3. Loc. adv. Par impossible. En supposant réalisable ce que l'on tient pour impossible ou improbable :
• 12. Que si, par impossible, on arrivait à donner un sens raisonnable aux écrits des mystiques, il n'y aurait pas lieu de faire grand cas de ces livres, qui se bornent à célébrer la grandeur, la beauté, la bonté de Dieu.
BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 545.
B. — fém. plur. Impossibles ou inconcevables. ,,Nom donné aux femmes légèrement vêtues de l'époque Directoire`` (LELOIR 1961).
REM. Impossiblement, adv. D'une façon impossible. Oh! l'île, dans le soir qui tombe, lui apparaît extraordinairement, impossiblement perdue! (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 240).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. Ca 1227 « qui ne peut être, qui ne peut se faire » chose impossible (G. LE CLERC, Besant, éd. P. Ruelle, 948); 1798 impossible! impossible! (FIÉVÉE, Dot Suzette, p. 93); 2. 4e quart XIVe s. « très difficile » (J. FROISSART, Chron., éd. G. Raynaud, IX, 97 : lieu impossible pour assiéger); 3. a) 1784 « qui dépasse les limites de l'ordinaire, extravagant » (BEAUMARCHAIS, Mar. Figaro, préf. : [l'auteur] est-il obligé de tourniller dans des incidents impossibles); b) 1843 « qui semble ne pas pouvoir exister, fantastique, irréel » (GAUTIER, Tra los montes, p. 118 : On se sent transporté dans un monde inouï, impossible et cependant réel); c) 1862, mars « qui ne peut pas avoir d'issue, de solution » situation impossible (GONCOURT, loc. cit.); 4. a) 1828 « qui ne convient pas; qui ne correspond plus à la situation donnée » (GUIZOT, Hist. civilisation, 3e leçon, p. 20); b) 1857 « insupportable [en parlant d'une personne] » (RENAN, Lamennais et ses œuvres posthumes, in R. des deux mondes, 15 août, 781 ds QUEM. DDL t. 5). B. Subst. 1. 1553 [date de composition] « ce qui n'est pas possible » (Cl. MAROT, Élégies, éd. C. A. Mayer, XIII, 63); 2. 1852 « nom d'une couleur » (NERVAL, loc. cit.). Empr. au lat. impossibilis « qui ne peut pas être, qui ne peut pas se faire », en b. lat. au sens actif de « qui ne peut agir », dér. avec le préf. in- à valeur négative de possibilis (possible). Fréq. abs. littér. : 11 301. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 17 172, b) 17 305; XXe s. : a) 14 277, b) 15 549. Bbg. GOHIN 1903, p. 296.
impossible [ɛ̃pɔsibl] adj. et n. m.
❖
♦ Qui ne peut être, exister; qui n'est pas possible.
———
I Adj.
1 Qui ne peut se produire, être atteint ou réalisé, dont l'existence est exclue ou très improbable. || Événement impossible. || La guerre lui paraît impossible (→ Crier, cit. 18). || Lieu d'accès impossible. ⇒ Inabordable, inaccessible. || Solution, résultat impossible. || Projet d'exécution, de réalisation impossible. ⇒ Irréalisable. || Conditions (cit. 29) impossibles dans un contrat. || Hypothèse, croyance, supposition, espoir impossible. ⇒ Absurde, chimérique, insensé, utopique, vain (→ C'est un défi à la raison, au bon sens…). || Cela est impossible, c'est impossible (→ Frein, cit. 6). || Rendre impossible, devenir impossible (→ Arbitraire, cit. 11; culture, cit. 18; exterminer, cit. 6). || Presque impossible (→ Fragilité, cit. 3). || Difficile, pénible ou même impossible (→ Croisement, cit. 1; étonnamment, cit.). — Ça n'est pas impossible : c'est possible. || Une autre solution n'est pas impossible (→ Couler, cit. 30). || Ce n'est pas impossible, mais c'est improbable. || Minute où rien n'est impossible, ne paraît impossible (→ Exaltant, cit. 3). — Qui ne peut avoir de résultat, de solution. || Problème impossible. ⇒ Insoluble; → La quadrature du cercle. || Recherche impossible. ⇒ Infaisable, irréalisable.
1 Tout ce qui n'est pas aisé, ils (les lâches conseillers) le nomment impossible.
Guez de Balzac, De la cour, 5e disc.
2 Une hardiesse sage et réglée (…) qui entreprend les choses difficiles et ne tente pas les impossibles.
Fléchier, Oraison funèbre de Turenne.
3 (…) c'est souvent pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles.
La Rochefoucauld, Réflexions morales, 30.
4 Il y a peu de choses impossibles d'elles-mêmes, et l'application pour les faire réussir nous manque plus que les moyens.
La Rochefoucauld, Réflexions morales, 243.
5 Du coup, je me persuadai qu'il est bien des choses qui ne paraissent impossibles que tant qu'on ne les a pas tentées.
Gide, Si le grain ne meurt, I, III, p. 93.
6 (…) elle croyait impossible, ou déraisonnable, de contrarier la volonté des siens.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, III, XXIII, p. 307.
7 Le héros byronien, incapable d'amour, ou capable seulement d'un amour impossible, souffre de spleen.
Camus, l'Homme révolté, p. 70.
♦ REM. Le sens strict du mot « dont l'existence est exclue » est didactique et rare. || Absolument, logiquement impossible. ⇒ Contradictoire, impensable, inconcevable. || Physiquement impossible; moralement impossible. — Dans cet emploi, impossible s'applique aussi aux personnes.
7.1 Pourquoi M. Teste est-il impossible ? — C'est son âme que cette question. Elle vous change en M. Teste. Car il n'est point autre que le démon même de la possibilité.
Valéry, la Soirée avec M. Teste, p. 11.
♦ Chose impossible à qqn, pour qqn. || Ce qui est impossible à l'un est aisé pour l'autre.
8 (…) si vous aviez de la foi (…) rien ne vous serait impossible.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, XVII, 19 (→ Foi, cit. 28).
9 À qui sait bien aimer, il n'est rien d'impossible.
Corneille, Médée, V, 7.
10 Ce qui est impossible à ma nature si faible, si bornée (…), est-il impossible dans d'autres globes, dans d'autres espèces d'êtres ?
Voltaire, le Philosophe ignorant, XII.
♦ (Fin XVIIe). || Impossible à (suivi de l'inf.). || Impossible à admettre (⇒ Inadmissible), à excuser (⇒ Inexcusable), à croire (⇒ Incroyable), etc. → les adj. formés du préf. In- (ou im-, ir-) et d'un suff. exprimant la possibilité (→ -able, -ible). || Impossible à conserver (→ Agir, cit. 38), à imaginer (→ Corps, cit. 15; homme, cit. 87), à penser, à confondre (→ Finalité, cit. 1). || Impossible à guérir (cit. 20). || Heures (cit. 66) impossibles à vivre. || Innocence impossible à prouver (→ Apparaître, cit. 18); conditions impossibles à remplir (→ Fixité, cit. 1). || Impossible à concilier. — REM. Impossible à construit avec un pronominal, tournure condamnée par la plupart des grammairiens, manque d'élégance, mais ne présente rien d'illogique (→ Facile, rem. 1, infra cit. 21). || Ce produit est impossible à se procurer, à obtenir.
♦ (Mil. XVIIe). || Il est impossible de…, suivi de l'inf. (→ Confusion, cit. 2; ensevelir, cit. 11; foi, cit. 27; grand, cit. 71; homogène, cit. 6). || Il m'est impossible, il lui est impossible de… (→ Étroit, cit. 16; familiarité, cit. 5; feinte, cit. 3; frapper, cit. 34). || Il paraît, il lui paraît, il lui apparaît, il lui semble impossible de… (→ Acte, cit. 4; espèce, cit. 20; grand-mère, cit. 1; harmonie, cit. 31).
♦ Ellipt. || Impossible de le dire, de le savoir (→ 2. Air, cit. 25; amorcer, cit. 4; attention, cit. 36; avalanche, cit. 6; 1. garde, cit. 88). — (1798). Absolt. || Impossible ! : cela ne se peut pas (→ fam. C'est midi; il n'y a pas mèche).
11 Et ces raisons, me les direz-vous ? reprit Oswald. — Impossible ! s'écria Corinne, impossible !
Mme de Staël, Corinne, VI, IV.
12 (…) malgré mon respect pour l'opinion des gens du monde, il m'est impossible, sur ce point, d'être de leur avis.
Renan, Essais de morale…, Œ. compl., t. II, p. 116.
♦ C'est impossible (même sens). Spécialt. Ce n'est pas acceptable. || On peut pardonner (cit. 7), mais oublier, c'est impossible.
♦ (Mil. XVIe). || Il est, il semble impossible que, suivi du subj. (→ Absolument, cit. 3; âme, cit. 20; arrérages, cit. 1; esprit, cit. 125; excuse, cit. 8; exiger, cit. 22). || Il n'est pas impossible que… (→ Devoir, cit. 39). || Il semble impossible que… (→ Élasticité, cit. 1; fantaisie, cit. 20). || Il n'est pas impossible que… (→ Devoir, cit. 39). || « Il n'y a rien d'impossible à ce qu'il réussisse » (Hanse).
13 (…) des particuliers avaient des richesses immenses, et (…) il est impossible que les richesses ne donnent du pouvoir (…)
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, VIII.
♦ ☑ Allus. hist. Si c'est possible, c'est fait; si c'est impossible, cela se fera : mot de Calonne à Marie-Antoinette. — ☑ Impossible n'est pas français, phrase attribuée à Napoléon. — ☑ À cœur vaillant rien d'impossible, devise de Jacques Cœur.
14 Un chef russe n'admet pas le mot impossible; tout ce qu'il commande, on doit le tenter.
Mérimée, le Règne de Pierre le Grand, p. 79.
15 Croyait-il vraiment la fameuse descente possible avant que le continent eût passé aux gestes décisifs ? On sait qu'il avait rayé le mot impossible de son dictionnaire.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, p. 243.
16 On lui a prêté le mot : « Impossible n'est pas un mot français ». Ce qui est sûr, c'est qu'il ne s'est jamais opposé à lui-même le mot « impossible ». « L'impossible, dira-t-il à Molé, est un mot dont la signification est toute relative… C'est le fantôme des humbles et le refuge des poltrons. Dans la bouche du pouvoir, ce mot, croyez-moi, n'est qu'une déclaration d'impuissance ! »
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, p. 78.
REM. Impossible est parfois employé au comparatif et au superlatif, malgré sa signification absolue. Selon Hanse, le sens 2 (« très difficile ») suffit à justifier ces emplois.|| « Rien n'est plus impossible que cela » (Pascal). || « Il n'y a rien de plus impossible »; « Il m'est impossible, très impossible de… » (Mme de Sévigné). || « Cela est plus impossible que vous ne l'imaginez » (d'Alembert). || « Un attendrissement (cit. 5)… impossible à motiver, plus impossible encore à contenir » (Fromentin).
2 (Fin XIVe, Froissart). Par exagér. a Très difficile (à faire, à imaginer…). || Il m'est impossible, absolument impossible de venir, de vous recevoir. || C'est un travail, un problème impossible, qu'on lui a donné à faire. || C'est vraiment impossible de travailler dans ces conditions.
3 (1843, Gautier). Qui semble ne pas pouvoir exister; fantastique, irréel. || Chapiteau orné de feuillages, d'animaux, de monstres impossibles. || Les Mondes impossibles, ouvrage d'André Maurois.
17 Sur des fonds noirs encadrés d'or, brillent les oiseaux multicolores, les feuillages verts impossibles, les fantastiques dessins des Chinois.
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 365 (→ aussi Enroulement, cit. 2, Bloy).
18 (…) et Charles lui semblait aussi détaché de sa vie, aussi absent pour toujours, aussi impossible et anéanti, que s'il allait mourir et qu'il eût agonisé sous ses yeux.
Flaubert, Mme Bovary, III, XI.
4 (1867). Fam. Absurde, bizarre. ⇒ Extravagant, inimaginable, invraisemblable, ridicule, possible (pas possible). || Des goûts impossibles. || Il lui arrive toujours des aventures impossibles. || Se mettre dans des états impossibles. || Faire des scènes impossibles. → ci-dessous 6., b, pour les personnes. || « ce farfadet aux cheveux longs et ébouriffés, accoutré de façon impossible » (le Nouvel Obs., no 997, 16-22 déc. 1983, p. 12).
19 Quand passe cette pièce anglaise, chez Pitoëff ? Cette pièce, voyons, qui a un titre impossible ?
Colette, Belles saisons, p. 41.
5 (1838). Personnes. Qui ne peut être employé dans telle ou telle position. — REM. Littré, qui signale ce sens, ne le donne que comme terme de politique. Un candidat impossible.
20 L'ambition vulgaire, qui préfère à la gloire solide les honneurs officiels, et qui fait consentir celui qui en est possédé à ne pas vivre pour ne pas se rendre impossible, ainsi que l'on dit aujourd'hui, n'entra jamais dans son cœur (il s'agit de Lamennais).
Renan, Essais de morale, Œ. compl., t. II, p. 129.
21 Des partis s'étaient présentés (…) mais ces hommes (…) fils de notaires ou de commerçants, avaient paru impossibles et leurs demandes étranges comme des demandes de fous.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 22.
6 (1857, Renan). Insupportable. ⇒ Invivable. || Il est devenu impossible. || Ces enfants sont impossibles. || C'est un garçon pittoresque, mais absolument impossible. — Il a un caractère impossible; des manières impossibles.
22 (…) Mlle de Plémeur (…) était (…) profondément artiste du sport, inégale, fantasque, prompte au découragement comme à la griserie, et si excentrique de manières que, n'eût été sa valeur, on l'eût écartée du club comme « impossible ».
Montherlant, les Olympiques, p. 89.
22.1 Le monde qu'il (le philosophe) voulait voir à sa façon, tragique ou plate, s'est révélé « impossible » comme on dit d'un enfant qu'il est « impossible » (…)
R. Queneau, Bâtons, Chiffres et Lettres, p. 166.
♦ Très pénible. || Il nous rend la vie, l'existence impossible, très désagréable. — Il a fait un temps impossible la semaine dernière.
———
II N. m. (1553).
1 Ce qui n'est pas possible. || Alléguer (cit. 5), croire l'impossible (→ Agir, cit. 9). || Espérer (cit. 3), vouloir l'impossible (→ Extravaguer, cit. 2). || « Utopistes, amis de l'impossible » (→ Absolu, cit. 9, Renan). || La frontière (cit. 8) du possible et de l'impossible. || L'impossible et l'imprévu (→ Imminent, cit. 2). || Demander, promettre l'impossible (→ Demander, promettre la lune).
23 (…) elle enchérit en leur faveur au-dessus des forces de la Nature, elle fait pour eux l'impossible (…)
Cyrano de Bergerac, Lettres diverses, La fontaine d'Arcueil.
24 L'impossible qui, par manière de parler, à deux degrés de néant, puisque ni il n'est ni il ne peut être (…)
25 Dieu vous ordonne-t-il de tenter l'impossible ?
Racine, Athalie, V, 4.
26 Le beau feu dont pour vous ce cœur est embraséTrouvera tout possible, et l'impossible aisé.
Rotrou, Venceslas, V, 2.
27 (…) vous leur demandez l'impossible (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 8.
28 L'impossible est une frontière toujours reculante.
Hugo, les Travailleurs de la mer, Appendice, éd. Ollendorf, p. 191.
29 (Une jeune fille) en cherchant l'impossible, passe bien souvent à côté du bonheur.
A. de Musset, Carmosine, III, 8.
29.1 Il possédait la logique de tous les bons sentiments et la science de toutes les roueries, et néanmoins n'a jamais réussi à rien, parce qu'il croyait trop à l'impossible. — Quoi d'étonnant ? il était toujours en train de le concevoir.
Baudelaire, la Fanfarlo.
2 (1636, faire l'impossible). Par exagér. || Nous tenterons, nous ferons l'impossible, tout le possible.
30 Si vous m'aimez, ma fille, et si vous croyez vos amis, vous ferez l'impossible pour venir cet hiver (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 350, 24 nov. 1673.
♦ ☑ Prov. À l'impossible nul n'est tenu.
3 ☑ (1694). Loc. adv. Par impossible : en supposant que se réalise une chose que l'on tient pour impossible. || Si, par impossible, cette affaire réussissait, vous en auriez tout le mérite (Académie).
31 Si, par impossible, le cœur lui défaille, tant pis, elle fera ce qu'elle n'a jamais fait devant personne, elle pleurera.
Bernanos, Monsieur Ouine, Œ. roman., Pl., p. 142.
4 (1852, Nerval). Vx. Nom d'une couleur à la mode à la fin du XVIIIe siècle.
❖
CONTR. Aisé, exécutable, facile, faisable (cit. 2), possible, réalisable. — Acceptable, convenable, supportable, tolérable.
DÉR. V. Impossibilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.