magistrat, ate [ maʒistra, at ] n.
• 1470; « magistrature » 1354; lat. magistratus
1 ♦ N. m. Vx L'administration publique; les pouvoirs politiques. « plus le magistrat est nombreux » (Rousseau).
2 ♦ (XVIe) Fonctionnaire public ou officier civil investi d'une autorité juridictionnelle, administrative ou politique. Le président de la République, premier magistrat de France. Le préfet, premier magistrat du département. Magistrats municipaux en France (⇒ maire) . Outrage à magistrat.
3 ♦ Membre du personnel de l'ordre judiciaire ayant pour fonction de rendre la justice (⇒ juge) ou de requérir, au nom de l'État, l'application de la loi (⇒ ministère [public]). Magistrat du siège, du parquet. Magistrat supérieur d'un parquet. ⇒ procureur (général), substitut. La magistrate qui instruit l'affaire. ⇒ juge (d'instruction). Épitoge, hermine, mortier, toge du magistrat. — REM. On dit parfois magistrat en parlant d'une femme. — (1956) Magistrat militaire : officier de justice militaire.
● magistrat nom masculin (latin magistratus) Tout fonctionnaire ou officier civil investi d'une autorité juridictionnelle (membre des tribunaux et des cours, etc.), administrative (maire, préfet, etc.) ou politique (ministre, président de la République, etc.). Fonctionnaire exerçant ses fonctions au sein d'une juridiction de l'ordre judiciaire ou administratif et, en particulier, membre de la magistrature du siège ou du parquet. Dans l'Antiquité, personnage investi de fonctions publiques importantes. ● magistrat (citations) nom masculin (latin magistratus) Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 La vertu est la faiblesse des militaires forts et la cuirasse des magistrats faibles. Pour Lucrèce, I, 7, Armand Grasset Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 D'un magistrat ignorant C'est la robe qu'on salue. Fables, l'Âne portant des reliques ● magistrat (expressions) nom masculin (latin magistratus) Magistrat militaire, magistrat chargé de l'exercice de la justice militaire. (On distingue les magistrats du corps judiciaire détachés auprès du ministère de la Défense et les magistrats militaires proprement dits, corps créé en 1956 et aujourd'hui éteint.) Magistrat municipal, membre d'un conseil municipal.
magistrat
n. m.
d1./d Fonctionnaire ou officier civil investi d'une autorité juridictionnelle, politique ou administrative. Le président de la République, premier magistrat de l'état.
d2./d Spécial. Membre de l'ordre judiciaire. Magistrat du siège, qui rend la justice.
— Magistrats du parquet, qui requièrent, au nom de l'état, l'application de la loi.
⇒MAGISTRAT, subst. masc.
A. — Personne investie d'un pouvoir politique, administratif ou judiciaire. Le roi (...) avait toutes les vertus nécessaires pour être un monarque constitutionnel, car un tel monarque est plutôt le magistrat suprême que le chef militaire de son pays (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 180). Le maire, premier magistrat de la commune, pourra d'autant mieux exercer sa fonction s'il reste chef de son équipe municipale et s'il incarne, sans cesse, dans ses actes, les volontés de son conseil (FONTENEAU, Conseil munic., 1965, p. 122):
• 1. Quand on examine avec un peu d'attention le caractère du magistrat chez les Anciens, on voit combien il ressemble peu aux chefs d'État des sociétés modernes. Sacerdoce, justice et commandement se confondent en sa personne. Il représente la cité qui est une association religieuse au moins autant que politique.
FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 230.
SYNT. Haut, grand magistrat; magistrat absolu; magistrats municipaux; magistrats parlementaires; le premier magistrat du département, de l'État, de la République.
— P. métaph. Celui qui a la charge d'administrer, de diriger quelque chose. L'instituteur lucide et grave, magistrat Du progrès, médecin de l'ignorance (HUGO, Contempl., t. 1, 1856, p. 100). Il nous faut voir (...) dans nos tourmenteurs des agents providentiels, des magistrats de la souffrance (AMIEL, Journal, 1866, p. 156).
B. — En partic. ,,Personne ayant pour fonction de rendre la justice ou de la requérir au nom de l'État`` (CAP. 1936). Magistrats d'un tribunal, d'une cour d'appel, de la Cour de cassation; magistrat instructeur (v. instructeur ex. 3). Jamais magistrat ou procureur, traînant la pourpre ou l'hermine, n'était entré dans le prétoire, où l'accusé l'attendait, avec plus de menaçante et tranquille majesté. Mais je crois bien aussi que jamais juge n'avait été aussi pâle (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 144):
• 2. Gamelin ne put se défendre de remarquer avec quelque déplaisir combien ces magistrats de l'ordre nouveau ressemblaient d'esprit et de façons aux magistrats de l'ancien régime. Et c'en étaient: Herman avait exercé les fonctions d'avocat général au conseil d'Artois; Fouquier était un ancien procureur au Châtelet.
A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 111.
♦Magistrat assis ou magistrat du siège. Membre de la magistrature assise. Magistrat debout ou magistrat du parquet. Membre de la magistrature debout. Cf. magistrature B. Comme le rôle du Parquet est de requérir, jamais de juger, il n'est pas à craindre que l'indépendance de la justice se trouve compromise de ce chef. Il est donc normal que les garanties constitutionnelles soient réservées aux magistrats du siège, les membres du Parquet étant, par nature, sous l'autorité hiérarchique du Garde des Sceaux et, par son intermédiaire, du Gouvernement (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 558).
♦Magistrat consulaire. Membre d'un tribunal de commerce. Il était alors Adjoint au Maire du Deuxième Arrondissement et venait de recevoir la décoration de la Légion-d'Honneur accordée autant au dévouement du royaliste (...) qu'au magistrat consulaire estimé pour ses lumières, aimé pour son esprit conciliateur (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 409).
♦Magistrat militaire. Magistrat faisant partie d'un tribunal militaire. [Des généraux] ont été successivement cités par le magistrat militaire et ont comparu devant lui (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 309).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1352-56 «fonction publique» (BERSUIRE, Tite-Live, Richel. 20312 ter, f° 2b ds GDF.); 2. 1538 «officier civil» (R. ESTIENNE, Dictionarium Latinogallicum d'apr. FEW VI1, 44b); 3. 1548 «membre de l'ordre judiciaire» (MARGUERITE DE NAVARRE, La Comédie joüee au Mont de Marsan, 420 ds IGLF). Empr. au lat. magistratus «fonction publique», «fonctionnaire public». Fréq. abs. littér.: 1690. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 3961, b) 2707; XXe s.: a) 2459, b) 876.
magistrat, ate [maʒistʀa, at] n.
ÉTYM. 1354; lat. magistratus.
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1 Vx. N. m. Charge de magistrat. ⇒ Magistrature.
1 Les honneurs sont vendus au plus ambitieux,
Les magistrats donnés aux plus séditieux.
Corneille, Cinna, II, 1, variante.
♦ (1470). Par ext. (sing. collectif). Vx. L'administration publique; les pouvoirs politiques. « Ceux qui ont le soin de la police, ou du gouvernement de la ville, ou de la République » (Furetière). — → Attention, cit. 38; décharger, cit. 8; libertinage, cit. 4.
2 (…) plus le magistrat est nombreux, plus la volonté de corps se rapproche de la volonté générale (…)
Rousseau, Du contrat social, III, II.
2 a (1538). Dr. Mod. (au sens large). « Tout fonctionnaire public ou officier civil investi d'une autorité juridictionnelle, administrative ou politique » (Capitant, Vocabulaire juridique). || Rapport entre le nombre des magistrats et la forme du gouvernement (cit. 39). || Le président de la République, premier magistrat de France. || Le préfet, premier magistrat du département. || Magistrats municipaux. ⇒ Édile, maire; municipal (membres du conseil). || Les conseillers d'État, les commissaires de police, les prud'hommes…, magistrats de l'ordre juridictionnel et administratif. || Être poursuivi pour outrages à magistrat. — Dr. anc. || Magistrats municipaux des villes du Midi (⇒ Consul), de l'Ouest (⇒ Jurat), de Toulouse (⇒ Capitoul), de Paris. ⇒ Échevin, prévôt (des marchands). || Magistrats chargés de veiller à l'ordre public. ⇒ Lieutenant (cit. 3). || Le Roi, premier magistrat politique (→ Employé, cit. 2). || Michel Le Tellier, ce sage magistrat (→ Calmer, cit. 18; écouter, cit. 17).
3 Rien ne donne plus de force aux lois que la subordination extrême des citoyens aux magistrats.
Montesquieu, l'Esprit des lois, V, VII.
4 J'aurais fui surtout, comme nécessairement mal gouvernée, une république où le peuple, croyant pouvoir se passer de ses magistrats, ou ne leur laisser qu'une autorité précaire, aurait imprudemment gardé l'administration des affaires civiles et l'exécution de ses propres lois (…)
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, À la République de Genève.
5 (…) magistrats de père en fils, de cette vieille race parlementaire française, qui avait une haute idée de la loi, du devoir, des convenances sociales, de la dignité personnelle et, surtout, professionnelle, fortifiée par une honnêteté parfaite, avec une nuance prud'hommesque.
R. Rolland, Jean-Christophe, Antoinette, p. 832.
♦ Magistrat municipal en Allemagne (⇒ Bourgmestre), en Angleterre (⇒ Alderman), en Belgique (⇒ Bourgmestre, maïeur), en Espagne (⇒ Alcade; anciennt corrégidor), en Italie (⇒ Podestat), en Suisse (⇒ Avoyer). || Anciens magistrats de Venise. ⇒ Inquisiteur (cit. 2), procurateur.
♦ (Dans l'Antiquité). || Magistrats de Carthage. ⇒ Suffète. || Magistrats des villes grecques (→ Association, cit. 9), de la Grèce antique (⇒ Aréopage; archonte, astynome, athlothète, éphore, prytane, sophroniste, thesmothète). Antiq. rom. ⇒ Censeur, consul, duumvir, édile, gouverneur, interroi, préteur, proconsul, propréteur, questeur, quindécemvir, tribun, triumvir. || Magistrats curules. || Magistrat en charge (→ Auspice, cit. 1).
6 Le peuple au champ de Mars nomme ses magistrats (…)
Racine, Britannicus, I, 2.
b (1549). Dr. et cour. (sens étroit). Magistrat de l'ordre judiciaire ayant pour fonction de rendre la justice (⇒ Juge) ou de requérir, au nom de l'État, l'application de la loi. ⇒ Procureur (de la République); ministère (public). || Une femme magistrat, une magistrate (→ Une juge). || Inamovibilité (cit. 2 et 3) des magistrats assis (ou du siège). ⇒ Magistrature (assise). || Magistrats amovibles du ministère public. ⇒ Magistrature (debout), parquet. || Magistrat supérieur d'un Parquet. ⇒ Procureur (général de la République), substitut. || Magistrats de la Haute (cit. 38) Cour de justice. || Nomination des magistrats par le président de la République. || Installation d'un magistrat. — Magistrat qui exerce sa juridiction, siège au tribunal (→ Conciliation, cit. 2). || Enquête (cit. 4) d'un magistrat. ⇒ Juge (d'instruction). || « Deux mandats d'arrêt délivrés par les magistrates françaises » (le Monde, 15 mars 2000, p. 36). — Épitoge, hermine (cit. 6), mortier, toque du magistrat. || Robe noire ou rouge du magistrat. ⇒ Toge (→ Apparat, cit. 2). || Une famille de magistrats. ⇒ Homme (de robe), gens (de justice, de robe), robin. || Magistrat à l'air gourmé (cit. 3).
7 Magistrat, signifiait anciennement tout officier qui était revêtu de quelque portion de la puissance publique; mais présentement par ce terme, on n'entend que les officiers qui tiennent un rang distingué dans l'administration de la justice.
Encycl. (Diderot), art. Magistrat.
8 Le premier devoir d'un magistrat est d'être juste avant d'être formaliste (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Conscience, II.
9 (…) Dans notre ancien droit, les offices de judicature étaient devenus vénaux et héréditaires. La suppression de cet état de choses fut votée dans la nuit célèbre du 4 août (…) La Constituante établit pour le recrutement des magistrats le système de l'élection (…) Aujourd'hui (…) le Président de la République nomme tous les magistrats, sauf les membres de deux juridictions d'exception, à savoir les tribunaux de commerce et les conseils de prud'hommes.
Paul Cuche, Précis de procédure civile et commerciale, Nomination, no 78.
♦ (1956). || Magistrat militaire, titre donné aux officiers de justice militaire.
➪ tableau Noms de métiers.
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DÉR. Magistrature.
Encyclopédie Universelle. 2012.