mé- ♦ Élément à valeur péjorative, du frq. °missi : mécompte, mépris; més- devant voyelle : se mésallier; mes- devant s : messoir.
mé-, més-
Préfixe péjoratif. (Ex. mépriser, mésalliance, mésestimer.)
⇒MÉ-, MES-, MÉS-, préf.
Préf. issu de la particule francique missi (ou moins vraisemblablement du lat. minus), servant à construire les formes négatives ou péj. de verbes et plus rarement de subst. et d'adj.
A.—[Le préf. a une valeur négative]
1. [La base est un verbe] V. méconnaître, mécroire, se méfier, messeoir et aussi:
méplaire, verbe intrans. Déplaire. Pour un Russe soviétisé il peut méplaire (il me déplaît à moi) de voir un homme de valeur risquer sa vie pour un tendron (GIDE, Journal, 1931, p.1054).
2. [La base est un adj.] V. mécontent, méplat.
B.—[Le préf. a une valeur péj.]
1. [La base est un verbe] V. mécompter, se méconduire, médire, méfaire, méjuger, se méprendre, mépriser, mésallier, mésarriver, mésavenant, mésentendre, mésestimer, mésinterpréter, mésoffrir, mésuser, mévendre et aussi:
méchoir, verbe trans. indir. Tourner mal, causer un dommage (d'apr. LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, Lar. 20e). Il vous mécherra de cette entreprise (LITTRÉ).
méconseiller, verbe trans. Mal conseiller (d'apr. LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. 20e).
médonner, verbe intrans. Mal distribuer les cartes (d'apr. LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, Lar. 20e). La main passe, vous avez médonné (LITTRÉ).
mésaimer, verbe trans. Mal aimer. Ô toi qui ne pouvais nous aimer, ô maison Qui ne pouvais aimer et que j'ai mésaimée (PÉGUY, Tapisserie Ste Geneviève et J. d'Arc, 1913, p.678).
mésadvenir, verbe intrans. Mésavenir (d'apr. DG, Lar. 20e).
mésinférer, verbe intrans. ,,Inférer à tort, se tromper dans les conclusions que l'on tire`` (Lar. 20e).
2. [La base est un subst.] V. mécompréhension, méforme, mégarde, mésaise, mésemploi, mésintelligence et aussi:
mécontemporain, subst. masc. Celui qui n'est pas contemporain, qui n'est pas de son époque. C'est le grand parti, ce n'est point encore ce grand parti des mécontemporains, dont Pesloüan fonda les premières assises, c'est un parti plus proprement politique (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p.840).
mécoupure, subst. fém., ling. Segmentation, non conforme à l'étymologie, du groupe formé par un substantif et son déterminant. Les termes «griotte», «lendemain», «mie» (au sens de «amie») et «lierre» sont issus, par mécoupure, des groupes «l'agriotte», «l'endemain», «m'amie» et «l'ierre» (Lar. Lang. fr.).
mélecture, subst. fém. Mauvaise lecture. C'est ordinairement une violence que l'hypothèse de fautes multipliées du lapicide, quelques raisons qu'on leur cherche et notamment la mélecture de la minute en cursive (L'Hist. et ses méth., 1961, p.487).
mémarchure, subst. fém. Entorse que se donne un cheval en posant le pied à faux (d'apr. dict. XIXe et XXe s.). Ce cheval est boiteux d'une mémarchure, a pris une mémarchure (Ac. 1798-1878).
méontologie, subst. fém. ,,Théorie de la non existence`` (Lar. 20e, Lar. encyclop.).
mésaudition, subst. fém. Mauvaise audition. Le malentendu ou mésaudition est la méprise bien fondée (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.141).
Vitalité. Ce préf. n'est plus productif auj. L'usage courant semble préférer l'emploi de périphrases avec «ne pas, mal» devant un verbe ou «mauvais» devant un subst. Le préf. est, par ailleurs, concurrencé par dé- (méplaire/déplaire) ou mal- (malaise/mésaise; malfaire/méfaire). Les mots apparus au XIXe s. et surtout au XXe s. doivent être considérés, à quelques ex. près (mécompréhension, méforme, mésemploi) comme des néol. ou des hapax. Prononc. et Orth.:[me-] devant consonne (méforme); [mez-] devant voyelle (mésalliance). Les mots constr. sont toujours soudés. Pas d'accent aigu dans le cas de ss double: messeoir. Bbg. MEIER (H.). Das frz. Präfix mé(s)- und seine romanischen Entsprechungen. Rom. Forsch. 1980, t.92, n°4, pp.333-349.
mé- ou més-
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♦ Préfixe péjoratif, du francique missi, même sens (all. miss-). → Mésalliance, mécompte, mépris, mésestimer…
Encyclopédie Universelle. 2012.