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advenir

advenir [ advənir ] v. intr. <conjug. : 22, inf. et 3e pers. seult>
• 1209; réfect. a. fr. avenir (cf. avenu); lat. advenire
1Vx et littér. (sujet personne) Advenir à faire qqch., y réussir.
2Mod. (D'un événement) Arriver, survenir, se produire. Les graves événements (qui sont) advenus ces jours-ci, qui ont eu lieu, se sont produits. Loc. prov. Advienne que pourra : qu'il en résulte ceci ou cela, peu importe. ⇒ à-Dieu-va(t).
3 V. impers. avec que et indic.) Il advint que la reine se remaria. « Qu'était-il advenu ? Moins que rien, une idée » (Sandeau). Que va-t-il advenir de moi ? Qu'adviendra-t-il de ces enfants ?
Loc. Quoi qu'il advienne : quoi qu'il arrive, quelle que soit la suite des événements. « quoi qu'il advînt, elle partirait » (Martin du Gard).

advenir verbe intransitif et verbe impersonnel (latin advenire) Arriver par hasard, résulter : Qu'est-il advenu de votre projet ? Il advint qu'elle tomba malade.advenir (citations) verbe intransitif et verbe impersonnel (latin advenire) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Je dirai : j'étais là, telle chose m'avint ; Vous y croirez être vous-même. Fables, les Deux Pigeons advenir (difficultés) verbe intransitif et verbe impersonnel (latin advenire) Conjugaison Comme venir. Se conjugue avec l'auxiliaire être et n'est usité qu'à l'infinitif, au participe passé et aux 3es personnes : que va-t-il advenir de lui ? Quoi qu'il advienne ; il faudra faire face aux événements qui adviendront. Construction Il advient que. 1. Suivi du subjonctif pour exprimer une simple possibilité : il advient quelquefois qu'on se fasse agresser en rentrant chez soi. 2. Suivi de l'indicatif pour marquer la réalité d'un fait : il advint qu'il se fit agresser en rentrant chez lui. Registre Littéraire. Emploi Le participe présent advenant s'emploie surtout dans la langue juridique : le cas advenant que l'un des conjoints décède. Remarque Avenir, ancienne forme d'advenir, usuelle jusqu'au xvie s., se rencontrait encore au xviie s. Ses adjectifs dérivés avenant et avenu sont des survivances : des manières avenantes ; ces conclusions sont nulles et non avenues. ● advenir (expressions) verbe intransitif et verbe impersonnel (latin advenire) Advienne que pourra !, peu importe ce qui va arriver. ● advenir (synonymes) verbe intransitif et verbe impersonnel (latin advenire) Arriver par hasard, résulter
Synonymes :
- arriver
- avoir lieu
- se passer
- survenir

advenir
v. intr. défectif (n'est utilisé qu'à l'infinitif et à la 3e pers. du Sing.) Arriver, se produire. Il advint que...
(Prov.) Fais ce que dois, advienne que pourra: fais ton devoir sans t'inquiéter des conséquences.

⇒ADVENIR, AVENIR, verbe intrans.
Parvenir, arriver (à, vers), survenir.
A.— Vieilli, rare. Avenir, advenir. [À la forme pers. le plus souvent, en parlant d'une pers., ou d'une chose concr. ou abstr.]
1. Parvenir en un lieu déterminé ou à la personne intéressée.
Dans la lang. jur. :
1. La société de tous biens présens est celle par laquelle les parties mettent en commun tous les biens meubles et immeubles qu'elles possèdent actuellement, et les profits qu'elles pourront en tirer.
Elles peuvent aussi y comprendre toute autre espèce de gains; mais les biens qui pourraient leur avenir par succession, donation ou legs, n'entrent dans cette société que pour la jouissance...
Code civil, 1804, p. 332.
Par arch. littér. :
2. — (...) nous battons la campagne. Or, voilà long-temps que nous cheminons, n'adviendrons-nous pas bientôt? Par saint-Polycarpe! où diantre me conduisez-vous?
— À votre tour ne vous impatientez point, Chastelart, nous approchons fort, la Juiverie doit être peu éloignée maintenant.
P. BOREL, Champavert, Dina la belle juive, 1833, p. 117.
3. Il avouait ses tentations, cette envie de tout garder, de tout dévorer, quand il lui advenait un colis de bonnes choses.
M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 290.
2. Arch. littér. Advenir à + inf. Venir à bout de, réussir à :
4. Tellement qu'en plaine teneur de mes esprits animaux me remettray-je à la forge, dans ma librairie, jusques au lever du soleil, comme ung alquimiste, me pollicitant la palme du langaige françoys si ie adviens à couler la vraie nature des choses dans un moule ciceronian. (...) Cette page est pour ton époux, amateur de telles folastreries et idiomes antiques.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1876, p. 337.
3. Région. Avenir à qqn (3e pers. du sing., pers. ou impers.). Convenir, aller (bien), appartenir à :
5. Avenir. V. n. remplace le verbe seoir dans ce sens : — Cet habit vous avient bien. — Ce ruban avient à votre teint. — Cela n'avient qu'à vous, c.-à-d., vous seul pouvez dire ou faire cela. — Il vous avient bien de me faire des reproches.
H. COULABIN, Dict. des locutions populaires du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891.
B.— Lang. cour. Advenir. [Le plus souvent à la 3e pers. du sing. ou à l'inf., en parlant d'un événement] Se produire, comme une chose possible, mais de manière non absolument prévisible, quoique attendue.
1. En constr. pers. :
6. Mais il emporte au désert le passé, s'il y a un passé. Lui-même, au fond, n'en sait rien. Les faits qu'il voit peints par le doigt de Dieu et comme réfléchis au puits profond de son cœur, sont-ils advenus, ou adviendront-ils? Il les voit, moins comme faits que comme droit, comme Dieu les verrait, tous les temps étant finis, au jour du Jugement.
Nul temps :tout fait comme présent, rien de successif.
J. MICHELET, Journal, avr. 1842, p. 390.
7. Ces possibilités, rentrant dans le cercle de celles auxquelles il avait songé, ne lui auraient pas paru bien étranges si elles se fussent effectuées; en effet, ce sont là de ces choses que l'on voit, qu'il avait vues, auxquelles il s'était vaguement attendu les jours où, pensant à Henry et s'imaginant tout ce qui pourrait lui advenir de bien et de mal, il avait bâti ces hypothèses et ces aventures que nous édifions dans l'absence des personnes qui nous sont chères.
G. FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, pp. 184-185.
8. Madame de Vaubert le suivit longtemps des yeux, puis retomba dans sa rêverie. Elle en sortit souriante et radieuse. Que s'était-il passé? Qu'était-il advenu? Moins que rien, une idée. Mais une idée suffit à changer la face du monde.
J. SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, p. 42.
9. Mais je sens que la mort est proche! Vienne l'automne, advienne l'instant de profond silence, ...
P. CLAUDEL, La Ville, 2e version, 1901, III, p. 490.
10. Il ne fait qu'anatomiser l'événement et l'expliquer, analyser sa façon de se produire. Il traite l'événement comme si celui-ci ne contenait rien de plus que les causes matérielles qui permettaient de le prévoir. Or, tout événement doit parler au cœur en même temps qu'à la pensée. En même temps que nos sens le reçoivent, il doit tenir en nous toute la place du songe. La moindre chose qui nous advient est, évidemment, une image de ce que nous sommes et non une image de ce que nous pensons. Notre destinée s'y lit au grand jour.
J. BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-1936, p. 91.
11. ... je n'arrive pas à suprimer toute référence de ma vie à un monde, à chaque instant quelque intention jaillit à nouveau de moi, ne serait-ce que vers les objets qui m'entourent et tombent sous mes yeux ou vers les instants qui adviennent et repoussent au passé ce que je viens de vivre.
M. MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, pp. 192-193.
12. ... le temps n'est-il pas la dimension selon laquelle quelque chose advient en général? Le devenir n'est-il pas la façon qu'a le non-être d'advenir, et par suite de venir à l'être? Dans un monde d'alternative où l'être en acte s'annihile dialectiquement dans le rien, où venir à l'être est le seul être réel, c'est la continuation d'avènement qui est l'effectivité elle-même...
V. JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 93.
13. Le sophisme de Diodore Kronos, c'est d'appliquer au futur soi-disant nécessaire le principe d'identité et du tiers-exclu : les choses, quoi qu'il arrive, ne pouvaient être qu'ainsi, c'est-à-dire telles qu'elles ont été; quoi qu'il arrive, c'est ce qui devait advenir qui sera advenu; quoi qu'il arrive c'est, par définition même, le motif le plus fort qui aura prévalu. Certes tout prouve le destin...
V. JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957 p. 202.
Rem. Ainsi que le montrent les ex., le suj. représente fréquemment un mot très gén. ou très abstr. (ce qui, chose qui, quelque chose, rien, fait, instant).
2. En constr. impers.
a) Constr. impers. simple ou complexe :
14. Nourri dans la foi en une Providence qui agit sur nous par des volontés particulières, rien ne lui arrive qu'il n'y voie le signe de desseins adorables et terrifiants. Et il lui advint, en effet, une aventure faite pour impressionner de plus braves. Sans doute avait-il changé de vie depuis deux années déjà...
F. MAURIAC, La Vie de Jean Racine, 1928, p. 127.
15. ... le temps est l'effectivité toute pure, réduite au seul fait de devenir; en rapport avec la chronologie, l'inexprimable « il y a », dont nul ne peut rien dire, doit être interprété ainsi : « il devient », et par conséquent « il advient » ou « survient » — c'est-à-dire, en général, « il vient ». On montrera que l'événement ou avènement est le devenir sous l'aspect instantané, comme le devenir est le « il y a » sous la forme continuée. Qu'il s'agisse de devenir ou qu'il s'agisse d'advenir et de survenir, le temps dans les deux cas est une sorte d'évidence, mais une évidence fondante...
V. JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 69.
b) Il advient que + ind. ou subj.
16. Mais, dans Possession du monde, l'idéologue applique avec sérieux les principes de la « mind cure ». (...) « Quand tu parles de vertu, de bonheur, de courage, dit-il, à force d'exprimer ces idées, il advient qu'elles agissent sur toi en retour; un moment arrive où tu es moralement contraint à devenir l'œuvre de tes opinions. (...) ».
H. MASSIS, Jugements, t. 2, 1924, p. 179.
17. Calé dans le coin droit, côté face, du compartiment, je fume une cigarette en lisant, Dieu me pardonne! en lisant Le Populaire. Le coin droit, côté face, parce que c'est la place réservée à Folcoche, lorsqu'il advient d'aventure que nous prenions le tortillard d'Angers.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 201.
Rem. Avec l'ind., advenir signifie « se produire effectivement »; avec le subj., il signifie « se produire éventuellement » (ex. 17 : il advient d'aventure que...).
3. (En) advenir de qqn, plus rarement de qqc. [En parlant du destin incertain de la pers. ou de la chose désignée par le compl. prép.] Se produire, arriver dans la suite des événements à venir :
18. Qui sait ce qui peut advenir de la fragilité des femmes? Qui sait jusqu'où peut aller l'inconstance de ce sable mouvant, ...
A. DE MUSSET, Comédies et proverbes, André del Sarto, 1834, II, 1, p. 80.
19. Convenez des mouvements, à telle date, en France et en Allemagne, de vos troupes alliées. Mais si vous vous en remettez au hasard, que voulez-vous qu'il en advienne? Le hasard d'un côté, d'énormes forces organisées de l'autre, — le résultat est certain : vous serez écrasés.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 1065.
20. Nous roulons dans les probabilités. Qu'adviendra-t-il de nos fils? Que penseront-ils dans vingt ans? Enquêteurs et enquêtés l'ignorent. Cela dépend des âmes, qui vont continuer de s'échauffer et qui sont toutes inégales, et d'une certaine fermentation de la raison publique, sur laquelle d'ailleurs il est très possible d'agir.
M. BARRÈS, Mes cahiers, avr.-août 1913, p. 150.
21. Icare était, dès avant de naître et reste après sa mort, l'image de l'inquiétude humaine, de la recherche, de l'essor de la poésie, que durant sa courte vie il incarne. Il a joué son jeu, comme il se devait; mais il ne s'arrête pas à lui-même. Ainsi en advient-il des héros. Leur geste dure et, repris par la poésie, par les arts, devient un continu symbole.
A. GIDE, Thésée, 1946, p. 1436.
Rem. 1. La constr. est pers. dans l'ex. 18, impers. dans les 3 autres ex. Dans les 2 cas, un mot (suj. ce qui dans l'ex. 18, que interr. dans les ex. 19, 20, ainsi dans l'ex. 21) indique l'événement ou le destin attendu ou effectif. 2. En explétif ne se rencontre que dans la tournure affirmative (ex. 21); il est pronom. (de + nom) dans l'ex. 19. 3. La tournure s'emploie fréquemment en constr. interr. (ex. 18, 19, 20), parfois dans une réponse à une question réelle ou supposée (ex. 21); il est en effet de la nature de cette tournure fortement affective de supposer une inquiétude sur l'avenir.
4. Loc. figées
a) Quoi qu'il advienne, var. quoi qu'il en advienne :
22. Je passe mon temps à ranimer le passé. Quant à l'avenir, ce sont des ténèbres épouvantables. Quoi qu'il advienne, tout ce que nous avons aimé est fini! Nous pouvons devenir vertueux, mais nous serons bien bêtes! Dans quel monde de pignoufs on va entrer!
G. FLAUBERT, Correspondance, 1870, p. 166.
23. ... il faut rattacher cette déficience (car évidemment c'en est une) à ce que je disais plus haut : celle du sentiment du temps. Quoi que ce soit qu'il m'advienne, ou qu'il advienne à autrui, je le mets aussitôt au passé. De quoi fausser gravement le jugement sur les événements appelés à devenir historiques. J'enterre les gens et les choses, et moi-même, avec une facilité déconcertante...
A. GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1227.
Rem. Selon BESCH. 1845, il s'agit de la devise d'une famille du Dauphiné, dont le nom était Bocsoz-el-Montgontier.
b) Advienne que pourra :
24. J'ai pris de la vie tout ce que j'ai pu prendre, entendez-vous, à grandes lampées, la gorge pleine! Je l'ai bue à la régalade : advienne que pourra! Il faut en prendre son parti, l'Abbé. Qui jouit craint la mort.
G. BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 292.
25. Dès le XIIe siècle s'élèvent des voix singulières, et des adeptes de l'« ancienne philosophie », entichés de paganisme, s'en vont disant : « Qu'importe la mort? Prenons le bien qui nous vient à chaque jour. Après, advienne que pourra! La mort mettra fin à la bataille et, elle venue, il ne restera plus rien ni du corps ni de l'âme. »
E. FARAL, La Vie quotidienne au temps de saint Louis, 1942, p. 231.
c) Proverbe. Fais ce que dois, advienne que pourra. Il faut faire son devoir quoi qu'il puisse en résulter :
26. Le catholicisme, qui jadis eut ma foi, doit toujours conserver ma vénération. Pourtant, je ne pus jamais m'empêcher de lui préférer secrètement la chevalerie, dont j'entends encore retentir, au XVIe siècle, le noble résumé : Fais ce que dois, advienne que pourra.
A. COMTE, Catéchisme positiviste, 1852, p. 357.
27. Mais qu'importe, du reste. J'ai retourné la fière devise : Fais ce que dois, advienne que pourra, et de fière, je l'ai faite soumise : Fais ce qu'elle veut, advienne que pourra! — C'est écrit pour lui plaire; que me faut-il de plus?...
J. BARBEY D'AUREVILLY, Troisième Mémorandum, 1856, pp. 52-53.
28. Mauvaise fin de semaine et mauvais commencement d'année. — Mais foin de l'amour-propre! Fais ce que dois, advienne que pourra! Fais ton devoir et moque-toi du reste, ...
H.-F. AMIEL, Journal intime, 6 janv. 1866, p. 46.
Rem. 1. ,,(Montaigne) C'est la devise des Maréchaux de France.`` (L.-M.-E. GRANDJEAN, Dict. de locutions proverbiales, Toulon, Impr., rég., t. 1, 1899, p. 365, s.v. devoir). 2. Ces 3 loc. sont fortement affectives, en raison du verbe et de son mode empl. en prop. princ. : les 2 premières expriment un fatalisme gén. hédoniste ou épicurien, la troisième est l'expr. traditionnelle de l'attitude stoïque en face du destin.
Stylistique
1. Advenir, terme de fréq. moy., connaît en gén. un emploi plus important au XXe s. qu'au XIXe s. Cependant dans les accept. A, il est rare et plus usité au XIXe s. qu'au XXe s.; il caractérise un style archaïsant ou la lang. jur. ou région., avec, à l'occasion, un effet légèrement comique (ex. 2, et peut-être 3) ou parodique (ex. 4). Dans ses accept. B, nettement prépondérantes, advenir figure le plus souvent dans les genres sérieux : romans de mœurs ou à thèse, tableaux historiques, journaux intimes, ouvrages de philosophie, etc.
2. C'est sans doute parce qu'il s'appauvrit dans son contenu sém. et dans ses possibilités d'emploi au cours des siècles (jusqu'à atteindre une certaine banalité au XIXe s., mais prenant un regain d'intérêt au XXe s. en pénétrant dans le domaine philos.) que advenir s'emploie fréquemment sous forme de loc. figées (cf. la prédilection de Flaubert pour l'expr. quoi qu'il advienne, relevée 32 fois dans la docum. et pour l'expr. advienne que pourra, relevée 14 fois) et qu'il fonctionne non moins fréquemment en redondance avec des termes apparentés — manière d'équivalents explicatifs (avenir, aventure, événement, etc.).
3. Sur la valeur affective du verbe, cf. supra B 3, rem. 3.
4. Advenir s'emploie comme inf. substantivé dans la lang. philos. :
29. ... c'est dans l'advenir, autrement dit dans le présent du devenir que l'existence et la consistance coïncideraient : car l'advenir est du même coup la limite de l'avenir imminent et du souvenir récentissime; car l'événement est à la fois l'avènement en instance et le passé prochain; ici ce qui survient et ce qui « subvient », la plus immédiate aventure et la plus prochaine souvenance, le futur naissant et le passé naissant ne font plus qu'un...
V. JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 73.
5. À signaler en concl. que advenir, dans le discours, est associé synonymiquement ou antonymiquement aux verbes suiv. : s'actualiser, aller, apparaître, approcher, arriver, attendre, avoir lieu, changer, cheminer, commencer, continuer, devenir, disparaître, durer, échoir, s'effectuer, s'ensuivre, entrer, être, exister, se faire, finir, intervenir, se muer, parvenir, se passer, prendre (existence, forme), se produire, résulter, seoir, sortir, subsister, surgir, survenir, se transformer, venir. Associé fréquemment avec les verbes : devoir, pouvoir, savoir. Syntagmatiquement lié, de façon plus ou moins fréq., avec les subst. (apparentés ou de valeur temporelle) : avenir, aventure, chose, événement, jour, suite, temps.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], (il) advient []. Enq. :/, adv()n, advie2n, /, Conjug. tenir. 2. Dér. et composés : adventiste, adventitiel, avenant, avènement, avent, aventure (aventurer, etc.), avenu, avenue, mésadvenir, mésavenir. Cf. venir. 3. Hist. — Avenir, de formation pop., et advenir, doublet sav. de la forme précédente, se concurrencent ds les dict. de la fin du XVIIIe et du XIXe s. de la façon suiv. : a) avenir : cf. FÉR. Crit. t. 1 1787 : ,,plusieurs écrivent encore advenir avec un d. Quelques-uns même l'y prononcent. Il ne faut point l'écrire; encore moins le prononcer.`` Empl. comme vedette ds Ac. 1798 ainsi que ds Ac. 1835 avec la rem. : ,,quelques-uns disent advenir``; cf. aussi NOD. 1844 et LITTRÉ. b) Advenir : cf. BESCH. 1845, qui sous la vedette avenir note : ,,On dit mieux advenir``. Vedette unique ds Ac. 1878, advenir s'impose ds les dict. du XXe s. Seul QUILLET 1934 emploie encore la vedette double : advenir ou avenir. — Dans les textes, avenir ne se rencontre qu'au XIXe s. (lang. jur. ou région., cf. ex 1 et 5).
Étymol. ET HIST. — 1re moitié Xe s. fig. « arriver, se produire », Fragment de Valenciennes, v°, 1. 27 ds GDF. Compl. : E poro si vos avient; 1239 févr. « id. » forme mod., Arch. des Vosges, H. Flabémont ds GDF. : Si par aventure adveni.
Empr. au lat. advenire, même sens, dep. PLAUTE, Merc., 143, ds TLL s.v., 833, 26 : saluti quod tibi esse censeo, id consuadeo : apage istiusmodi salutem, [cum] cruciatu quae advenit; réfection étymol. dep. la 1re moitié du XIIIe s.; cf. aussi aveindre, XIIe s., du même étymon.
STAT. — Fréq. abs. litt. :713. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 578, b) 1 000; XXe s. : a) 932, b) 1 442.
BBG. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BRÉAL (M.). Notes d'étymologie. Mém. de la Soc. de Ling. de Paris. 1910/11, t. 16, p. 66. — DUP. 1961. — HANSE 1949. — THOMAS 1956.

advenir [advəniʀ] v. intr. [CONJUG. venir; employé à l'inf. et aux troisièmes personnes.]
ÉTYM. 1209; réfection de l'anc. franç. avenir, forme encore usuelle au XVIe et que l'on trouve encore dans le Code civil en 1804; du lat. advenire « arriver », de ad, et venire.
1 Archaïsme littér. || Advenir à faire qqch., réussir à.
2 Mod. (D'un événement). Arriver par accident, par surprise, se passer, se produire, survenir. Arriver. || Advenir à qqn, lui advenir. || Il advint, il est advenu que… || Quoi qu'il advienne, qu'il advînt.
1 Cependant il advint qu'au sortir des forêts
Ce lion fut pris dans des rets (…)
La Fontaine, Fables, II, 12.
2 Je dirai : « J'étais là; telle chose m'advint ».
La Fontaine, Fables, IX, 2.
2.1 Messieurs : je ne suis à Paris que depuis à peine deux heures. Rien encore n'a pu m'advenir — que votre inappréciable rencontre.
Gide, le Prométhée mal enchaîné, in Romans, Pl., p. 313.
2.2 Mais après, aussitôt après, quoi qu'il advînt, elle partirait !
Martin du Gard, les Thibault, III, 7.
REM. Il advint que est suivi de l'indicatif (réalité d'un fait) ou du subjonctif (possibilité d'un fait). Il advint qu'elle dut rester alitée.
3 Il advient le plus souvent que l'on ne prête à autrui que les sentiments dont l'on est soi-même capable (…)
Gide, Pages de journal, p. 113.
4 Calé dans le coin droit, côté face, du compartiment, je fume une cigarette en lisant, Dieu me pardonne ! en lisant le Populaire. Le coin droit, côté face, parce que c'est la place réservée à Folcoche, lorsqu'il advient d'aventure que nous prenions le tortillard d'Angers.
Hervé Bazin, Vipère au poing, p. 201.
Que va-t-il advenir de lui ?
5 Ce qu'il allait advenir de moi intéressait furieusement une part sans valeur de moi-même, comme la volonté d'échapper à l'eau lorsqu'on se noie.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 235.
Loc. prov. Advienne que pourra : qu'il en résulte ceci ou cela (j'en accepte toutes les conséquences). Cf. À-dieu-vat, à la grâce de Dieu. — ☑ Prov. Fais ce que dois, advienne que pourra : il faut faire son devoir quoi qu'il en résulte.
REM. Le p. prés. s'emploie encore dans la langue du droit. → Advenant.
——————
advenu, ue p. p. adj.
Didact., rare. Qui est arrivé, s'est produit. || « Un avenir déjà advenu » (Merleau-Ponty, in T. L. F.).
Spécialt (mystique). Entré dans le monde (âme, esprit) en s'unissant à un corps.
N. || « Le nouvel advenu » (Claudel) : Jésus.N. m. || L'advenu : ce qui advient.
aussi Avenu (non avenu).

Encyclopédie Universelle. 2012.