nommer [ nɔme ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIIIe; nomner 980; lat. nominare
I ♦ Désigner par un nom. ⇒ appeler.
1 ♦ Distinguer (une personne) par un nom; donner un nom à (qqn). ⇒ dénommer. Ses parents l'ont nommé Paul. ⇒ prénommer. « la fille à Cognet, [...] la Cognette comme on la nommait » (Zola).
2 ♦ Distinguer (une chose, un concept) par un vocable particulier. ⇒ appeler, dénommer. Nommer un corps chimique nouvellement découvert.
3 ♦ Désigner, qualifier (qqn) par un vocable. « Ô mon fils, de ce nom j'ose encor vous nommer » (Racine). — Appliquer un nom à (une chose, une idée). Ce que les hommes ont nommé amitié. « Certaines règles que je nomme les lois de la nature » (Descartes). « Ce tas de cendres éteint qu'on nomme le passé » (Hugo).
4 ♦ Indiquer (une personne, une chose) en disant ou en écrivant son nom. ⇒ citer, désigner, indiquer, mentionner. Froisser qqn en ne le nommant pas. Nommer plusieurs personnes. ⇒ énumérer. Par plais. Un riche banquier, Rockefeller, pour ne pas le nommer. — L'accusé refuse de nommer ses complices. ⇒ dénoncer (cf. Donner des noms). — Nommer une ville. ⇒ baptiser. Les poètes « ne songent pas à nommer le monde » (Sartre).
5 ♦ Pronom. SE NOMMER : avoir pour nom. ⇒ s'appeler. Comment se nomme-t-elle ?
II ♦ (XIVe)
1 ♦ Vx Désigner (en nommant [2o] ou en élisant). « Le peuple au Champ de Mars nomme ses magistrats » (Racine).
2 ♦ Mod. Désigner, choisir (une personne) de sa propre autorité, pour remplir une fonction, une charge, être élevé à une dignité (opposé à élire).⇒ appeler, commettre, désigner; nomination. Nommer qqn à un emploi (⇒ pourvoir) . On l'a nommé, il a été nommé directeur. ⇒ 1. faire. Nommer brusquement à un poste. ⇒ bombarder, parachuter.
♢ Dr. Nommer qqn son héritier, le désigner, le reconnaître pour tel. ⇒ déclarer, instituer.
♢ Par ext. Donner, conférer à qqn le titre de. Nommer des magistrats. Nommer d'office un expert, un avocat. ⇒ commettre.
⊗ CONTR. (du II) 1. Déposer, destituer.
● nommer verbe transitif (latin nominare) Désigner quelqu'un ou quelque chose en disant ou en écrivant son nom : Être capable de nommer toutes les personnes présentes. Citer quelqu'un, quelque chose, donner son nom : Nomme-moi la capitale de la Bulgarie. Dénoncer quelqu'un : Il a refusé de nommer ses complices aux policiers. Donner un nom, un prénom à quelqu'un : Ses parents l'ont nommé Julien. Qualifier quelque chose d'un nom, le lui appliquer : Il travaille dans ce qu'il nomme son laboratoire. Désigner quelqu'un pour un emploi, une fonction : On l'a nommé chef de service. Nommer un avocat d'office. ● nommer (citations) verbe transitif (latin nominare) Roger Caillois Reims 1913-Paris 1978 Académie française, 1971 Nommer est toujours appeler, c'est déjà ordonner. L'Homme et le sacré Gallimard Maurice Chapelan 1906-1992 Le néant se nie s'il se nomme. Main courante Grasset Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Le reste ne vaut pas l'honneur d'être nommé. Cinna, V, 1, Auguste Jean Dubuffet Le Havre 1901-Paris 1985 On ne se méfie pas qu'une chose, quand on la nomme, ça la roussit comme un coup de soleil. Prospectus et tous Écrits suivants Gallimard Stéphane Mallarmé Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898 Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve. Réponse à des enquêtes, Sur l'évolution littéraire Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 ŒNONE — Hippolyte ? Grands Dieux ! PHÈDRE — C'est toi qui l'as nommé. Phèdre, I, 3 Confucius, en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong] 551-479 avant J.-C. Un prince sage donne aux choses les noms qui leur conviennent, et chaque chose doit être traitée d'après la signification du nom qu'il lui donne. Entretiens, VII, 13 (traduction S. Couvreur) Octavio Paz Mexico 1914-Mexico 1998 Nommer, c'est créer, et imaginer, c'est naître. Nombrar es crear, e imaginar, nacer. Libertad bajo palabra, II, ¿ Aguila o Sol ? ● nommer (difficultés) verbe transitif (latin nominare) Orthographe Avec deux m. ● nommer (expressions) verbe transitif (latin nominare) Nommer quelqu'un son héritier, en faire son héritier. ● nommer (synonymes) verbe transitif (latin nominare) Désigner quelqu'un ou quelque chose en disant ou en écrivant son...
Synonymes :
- dénommer
- énumérer
- indiquer
Citer quelqu'un, quelque chose, donner son nom
Synonymes :
- citer
Dénoncer quelqu'un
Synonymes :
- dénoncer
- donner (populaire)
- révéler
Donner un nom, un prénom à quelqu'un
Synonymes :
- appeler
- prénommer
Qualifier quelque chose d'un nom, le lui appliquer
Synonymes :
Désigner quelqu'un pour un emploi, une fonction
Synonymes :
- affecter
- bombarder (familier)
- élire
nommer
v. tr.
rI./r
d1./d Donner un nom à; désigner par un nom. Comment allez-vous nommer votre fils?
|| v. Pron. Il se nomme Paul.
d2./d Dire le nom d'une personne, d'une chose; la désigner par son nom. Refuser, par discrétion, de nommer qqn.
rII./r Désigner (qqn) pour remplir un office, l'investir d'une fonction, d'une charge, d'un titre. (Souvent opposé à élire.) Il a été nommé ministre de l'Intérieur. Il a été nommé à Port-au-Prince.
⇒NOMMER, verbe trans.
I. A. —Attribuer un nom à quelqu'un, à quelque chose. Synon. appeler (v. ce mot II), dénommer (v. ce mot B).
1. [Correspond à nom I]
a) ) [Sans attribut du compl. d'obj.] Qqn1 nomme qqn2, qqc.2 On peut défier tous les philosophes de l'univers de figurer, ou de nommer un être impossible. Car comment ce qui n'est ni ne peut être, pourroit-il être représenté ou rendu présent, par le nom ou par la figure? (BONALD, Législ. primit., t 1, 1802, p.238). Il est entrepris ici une aride et patiente tâche de découvrir, pour des objets insolites, les définitions convenables. Bref, de nommer les choses (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.29):
• 1. Disons que l'être suprême possède éminemment tout ce qui est perfection, disons qu'il y a en lui quelque chose d'analogue à l'intelligence, à la liberté; mais ne disons pas qu'il est intelligent, qu'il est libre: car c'est essayer de limiter l'infini, de nommer l'ineffable.
RENAN, Avenir sc., 1890, p.480.
— Absol. Distrait par ses vaines sciences de la seule science qui l'intéresse réellement, (...) [l'homme] a cru qu'il avait le pouvoir de créer, tandis qu'il n'a pas seulement celui de nommer (J. DE MAISTRE, Constit. pol., 1810, p.82).
— À la forme passive. Qqn2, qqc.2 est nommé. Recevoir un nom. Chaque fois qu'on me parle du Sang d'un Poète, on emploie le terme «surréaliste». Il est peut-être commode, mais il est faux. À cette époque, le surréalisme n'existait pas, ou bien il existait depuis toujours et n'était pas nommé encore (COCTEAU, Lettres Amér., 1949, p.40).
♦Au part. passé passif. La Grande Nanon, ainsi nommée à cause de sa taille haute de cinq pieds huit pouces (BALZAC, E.Grandet, 1834, p.29).
) [Avec attribut du compl. d'obj.] Qqn1 nomme qqn2 ou qqc.2 qqc.3 Cette terre (...) a été reconnue (...) par le capitaine Cook, qui l'a nommée les Nouvelles Hébrides (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.104). Elle nomma l'enfant Sarah, c'est-à-dire princesse, en hébreu (LOUYS, Aphrodite, 1896, p.14). Du beau blanc de blanc. Il nommait ainsi le vin blanc de raisin blanc (HAMP, Champagne, 1909, p.120).
— Tournure indéf. On nomme qqn2 ou qqc.2 qqc.3 Le nom de quelqu'un, de quelque chose est... Dans la clientèle élégante que nos articles de fantaisie avaient attirée, se trouvait une grande dame que l'on nommait la princesse palatine de Flibustofskoï (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.186). Au centre de Stamboul, il est un grand quartier qu'on nomme Aboul Véfa (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.78).
— À la forme passive Qqn2, qqc.2 est nommé qqc.3 Recevoir le nom de, être désigné sous le nom de. Les membres occidentaux de ce groupe ont été souvent nommés Cévenols ou Auvergnats; les membres orientaux sont communément nommés Slaves (HADDON, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p.50).
b) Emploi pronom. passif. Qqn2, qqc.2 se nomme. Avoir pour nom. Synon. appeler (v. ce mot III B 2). Vous vous nommez Charles? C'est un beau nom, s'écria Eugénie (BALZAC, E.Grandet, 1834, p.104). Il existe sur le Bosphore une ville qui se nomme Constantinople (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.359). La mère battait la campagne. (...) depuis que le père s'était noyé, cela ne se nommait plus de la bêtise, cela se nommait de la folie (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.183). La sève de l'hévéa se nomme latex (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p.210).
2. [Correspond à nom II]
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers.]
) [Avec attribut du compl. d'obj.] Nommer qqn son père, son frère, son époux, son fils; nommer qqn son cher petit, son gros, le grand maigre; nommer qqn la providence des artistes, le prophète de la science. Ô mon père! Se pourroit-il que Lusignan, que mon ami...? —Ne le nommez plus votre ami, interrompit l'archevêque, il n'est plus digne de l'être (COTTIN, Mathilde, t.2, 1805, p.343). Jean-Marc Bernard, qui se plaisait à signer Jean-Marc Bernard, Dauphinois, si détaché, si libre que ses amis le nommaient Ariel (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1917, p.231). Leur opinion (...) était que l'île n'existerait vraiment qu'à partir du jour où elle aurait un prêtre. Pouvait-on les nommer aujourd'hui des chrétiens, donc, des hommes? (QUEFFÉLEC,Recteur, 1944, p.39).
— Emploi pronom. réfl. Qqn2 se nomme qqc.3 Synon. appeler (v. ce mot III B 1). Les psychologues qui se nomment parfois scientifiques ne sont pas moins déconcertés [au moment où ils approchent du coeur de la vie psychique] (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.10).
) [Avec compl. prép.] Il s'efforça par artifice, de la rapetisser à ses yeux, en la nommant de surnoms mignards (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.238).
b) [Le compl. d'obj. désigne une chose; avec attribut du compl. d'obj.]
) [L'attribut est un subst.] Peut-on nommer l'existence un mystère, ou, si on la nomme ainsi, chercher à le pénétrer? (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p.46). Sa timidité prit le dessus, qu'il nommait scrupules (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.811).
— [Dans le tour ce que l'on nomme qqc.] Accomplir ce que l'on nomme un chef-d'oeuvre. Pourquoi les hommes se préoccupent d'une façon si étrange de la vie future et de ce qu'ils nomment l'autre monde (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.236). Il faut avouer que ce que nous nommons entre nous le bon usage, n'est guère, hélas, qu'une conception de notre Académie (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.170). Organiser le passé en fonction du présent: c'est ce qu'on pourrait nommer la fonction sociale de l'histoire (L. FEBVRE, Vers une autre hist., [1949] ds Combats, 1953, p.438).
) [L'attribut est un adj.] Cette foule de circonstances que nous nommons accidentelles (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.235). Peu importe ici l'orientation des intentions qu'on nomme bonnes ou mauvaises. Car, bon ou mauvais, l'acte se poursuit dans toute sa sincérité (BLONDEL, Action, 1893, p.195). Les satisfactions que nous avons nommées extra-littéraires (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p.151):
• 2. [De l'objet de la parapsychologie] nous avons volontairement gardé jusqu'à maintenant une notion vague et quelque peu confuse; nous nous sommes contentés de nommer les phénomènes en question extraordinaires, étranges, paranormaux, merveilleux, inexplicables par la science classique...
AMADOU, Parapsychol., 1954, p.30.
) [L'attribut est une loc.] Ce sourire de contentement que l'on nomme familièrement faire la bouche en coeur (BALZAC, Lys, 1836, p.69).
B. —1. Dire un nom, le nom de quelqu'un, de quelque chose.
a) Prononcer un nom. Celui qui a défendu la liberté, lorsque c'était un crime de la nommer (...) n'a rien de commun avec l'aristocratie (Le Moniteur, t.2, 1789, p.469).
b) ) Désigner quelqu'un, quelque chose par son nom. Les hommes s'avançaient (...). Le jeune homme les nommait à mesure : Lampoignant, Trépart, Dixneuf, Bélisaire, Paradis, Supiat, Gilbert Cloquet (R. BAZIN, Blé, 1907, p.21). On peut à la rigueur «nommer» les grandes symphonies de Beethoven (...). Il y a l'Héroïque et la Pastorale (...). Les grandes symphonies de Mozart sont sans nom (GHÉON, Prom. Mozart, 1932, p.326). Les mêmes malades qui ne peuvent pas nommer les couleurs qu'on leur présente sont également incapables de les classer selon une consigne donnée (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.204).
— Emploi pronom. réfl. à sens réciproque. À chaque nouveau colis, la foule frémissait. On se nommait les objets à haute voix. «Ça, c'est la tente-abri... ça, ce sont les conserves... la pharmacie... les caisses d'armes...» (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.46).
) P. ext.
— Désigner. Un homme (...) dont le cerveau, quoique embrumé comme le ciel charbonné de sa ville natale, contient une foule d'admirables choses. J'ai nommé M. Chenavard (BAUDEL., Curios. esthét., 1863, p.318).
♦Loc. [Gén. dans des tours de présentation équivalant à c'est-à-dire] Nommer qqn, qqc. par, de son nom. La barbarie de 1815, qu'il faut nommer de son petit nom, la contre-révolution, avait peu d'haleine, s'essouffla vite, et resta court (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.424). La douce enfant au clair visage, qui fait des jours sereins de mes jours les plus sombres, Perline puisqu'il faut la nommer par son nom (AMIEL, Journal, 1866, p.289):
• 3. Il ne faut point chercher ici tant de finesse. Nous nommons par leur nom les choses et les gens. Quand nous disons un chou, des citrouilles, un concombre, ce n'est point de la cour ni des grands que nous parlons.
COURIER, Pamphlets pol., Gaz. vill., 1823, p.176.
— Vieilli. Dire, énoncer. Rien n'est plaisant, selon moi, comme la physionomie d'un provincial nommant des sommes d'argent (STENDHAL, Mém. touriste, t.2, 1838, p.9). Sur la plaque du secrétaire, s'amoncelaient des missives de tous pays. Le bisaïeul nommait leur origine (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.56).
♦En partic. Nommer le nom de qqn. Le Canosse lui donna des leçons d'hébreu (...) Marguerite prit au moins quelque idée de cette langue antique qui seule, disaient les doctes, nommait le vrai nom de Dieu (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p.13).
c) ) Citer le nom de quelqu'un, de quelque chose. J'ai nommé Pascal, parce qu'aux fidèles des Pensées, cette idée que nous vivons surtout dans, par et pour l'opinion d'autrui, est une des plus familières (DU BOS, Journal, 1924, p.81). Bernard n'acheva pas sa phrase; sur le point de nommer un contemporain illustre, il hésitait entre trop de noms (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1150). Il faudrait nommer tous les poètes dramatiques du passé si l'on voulait rappeler tous ceux qui, au théâtre, resteront éternellement nos contemporains (VILAR, Tradition théâtr., 1963, p.101).
— À la forme passive. Le reste de l'oeuvre d'à partir des Châtiments ne vaut pas l'honneur d'être nommé (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, Mém. veuf, 1886, p.259):
• 4. Il y a (...), dans un des derniers volumes de Sainte-Beuve, une page exquise, où le Béranger que je conçois est admirablement décrit. J'y suis nommé en toutes lettres et cela m'a fait beaucoup rire tant c'est vrai!
FLAUB., Corresp., 1864, p.153.
♦Au part. passé passif. Les trois personnages nommés plus haut (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.321). L'article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse permet à toute personne nommée ou désignée clairement dans un journal d'exiger l'insertion d'une réponse dans les trois jours (Civilis. écr., 1939, p.44-10).
— P. ext. Indiquer. Où comptez-vous dîner? ajouta-t-il en s'adressant aux deux amis. Ils lui nommèrent un cabaret où ils dînaient souvent (RADIGUET, Bal, 1923, p.72).
) Révéler le nom de quelqu'un. Faire allusion à qqn sans le nommer. Ses assassins mourront de ma main... Nommez-les (DUMAS père, Charles VII, 1831, I, 6, p.248). Si cette femme veut vivre, il faut qu'elle nomme ses complices, il faut qu'elle désigne ces hommes à qui elle avait promis cinq millions (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.298). L'inconnue qu'il n'a jamais voulu nommer (ROLLAND, Beethoven, t.1, 1937, p.69):
• 5. Il est à remarquer d'ailleurs que certains romanciers et auteurs dramatiques —qu'on se rassure, je ne nommerai personne —qui passent à l'étranger pour être l'expression même, la personnification de Paris (...) ne sont pas parisiens pour un sou.
FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.173.
d) Mettre un nom sur quelqu'un, quelque chose ; le reconnaître. Elle tremblait, soupirait d'une angoisse qu'elle ne savait nommer, et qui se nomme tentation (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.14). Le plus jeune fils du maquignon n'était pas encore assez savant dans son art vétérinaire pour nommer le mal qui (...) emporta [la jument] (AYMÉ, Jument, 1933, p.16). À travers cette remémoration quelque chose que je ne pouvais encore nommer commençait de naître (JOUVE, Scène capit., 1935, p.260).
— Emploi pronom. réfl. Il lorgnait l'assemblée, jouant à se nommer tout bas les visages d'après les épaules (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.17).
2. Emploi pronom. réfl. Dire son nom, décliner son identité. Il se nomma; son nom était connu (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.222). Je trouve enfin le pont levis, que je passe sans contestation, et tout honteux de n'avoir pas un écuyer pour sonner du cor. Je me nomme à l'unique laquais du seigneur châtelain (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.254). Gaston: Nommez-vous, messieurs (...) Nommez-vous si vous tenez à la vie (DUMAS père, Fille du régent, 1846, prol. 2, p.139).
II. —Désigner quelqu'un à une charge, à une fonction, à un emploi; élever quelqu'un à une dignité.
A. —À la forme active
1. a) [Le suj. désigne une autorité] Nommer un fonctionnaire, un vicaire. Le président du GPRF [Gouvernement provisoire de la République française] (...) représente la République française, les ambassadeurs sont accrédités auprès de lui. Au point de vue intérieur, il nomme et révoque les ministres (VEDEL, Dr. constit., 1949, p.287).
— [Avec attribut du compl. d'obj.] J'ai décidé de nommer le général Leclerc commandant supérieur en Afrique française libre (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.661).
♦[Dans un tour factitif] J'avais eu le malheur de faire nommer M. de Polignac ambassadeur à Londres (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.294). Méla vint à Rome et se fit nommer administrateur des biens de Néron (A. FRANCE, Pierre bl., 1905, p.141).
— [Avec compl. prép.] Nommer à qqc. ou dans un lieu. Le premier ministre (...) exerce le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires (Doc. hist. contemp., Constitution, 1958, p.207):
• 6. ... après avoir passé une journée à Doullens où son fils était sous-préfet, [il] lui dit: «Fais-toi nommer à Bayonne ou à n'importe où, et aussi loin que tu voudras, j'irai te voir... mais ici, jamais je ne reviendrai, on mange trop mal!»
GONCOURT, Journal, 1894, p.635.
b) [P. méton. de l'obj.] Nommer une commission. Cet armistice de trois semaines, uniquement conclu pour permettre à la France de nommer une assemblée qui déciderait de la paix, lui semblait un piège, une trahison dernière (ZOLA, Débâcle, 1892, p.579).
c) En partic. [Avec une procédure d'élection ou non] La Convention (...) par acclamation, nomma Napoléon général en chef de cette armée (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.341):
• 7. À Amiens (...), les artisans se réunissaient tous les ans pour élire les maires de chaque corporation ou bannière; les maires élus nommaient ensuite douze échevins qui en nommaient douze autres et l'échevinage présentait à son tour aux maires des bannières trois personnes parmi lesquelles ils choisissaient le maire de la commune...
DURKHEIM, Divis. trav., 1902, p.XXIV.
d) P. ext. Déclarer. Autant vaut sur-le-champ nommer Cléon vainqueur! Le moyen que je lutte avec un épouseur? (AUGIER, Ciguë, 1844, p.52).
2. [Le suj. désigne un magistrat] Nommer d'office (un avocat, un expert). Désigner une personne qui ne l'a pas demandé comme avocat, comme expert dans une affaire. Synon. commettre. Je nomme d'office Ducat pour te défendre (ZOLA, Débâcle, 1892, p.535).
3. DR. CIVIL. [Le suj. désigne un particulier] Nommer qqn son héritier. Cet homme que j'avais nommé mon exécuteur testamentaire (GONCOURT, Journal, 1887, p.723).
B. —À la forme passive. Être légalement, nouvellement, régulièrement nommé. Éric: Eh bien! Monsieur le comte?... je sèche d'impatience. Rantzau, froidement: Vous êtes nommé, vous êtes lieutenant (SCRIBE, Bertrand, 1833, I, 10, p.145).
[Avec attribut du suj.] Être nommé directeur, préfet, procureur, rapporteur d'une commission; être nommé chevalier de la légion d'honneur. Sous prétexte d'avancement, M. Magogny fut nommé supérieur du séminaire universitaire de Lyon (BILLY, Introïbo, 1939, p.42). Le capitaine de vaisseau Moret est nommé commandant du Triomphant. Le capitaine de vaisseau Ortoli est nommé chef d'état-major de la marine (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.656).
♦Au part. passé passif. Les candidats nommés élèves de l'École normale supérieure et qui sont démissionnaires (...) sont remplacés, nombre pour nombre (Encyclop. éduc., 1960, p.383).
— [Avec compl. prép. désignant]
♦[l'agent de la nomination] Être nommé par le gouvernement, le pouvoir central, par une assemblée, un conseil, un préfet. Ces quatre professeurs sont nommés et renouvelés tous les ans par les artistes du Conservatoire (Enseign. mus., 1, 1950, p.8). Les pouvoirs administratifs normalement dévolus aux ministres sont exercés par des directeurs de service nommés par le Chef des Français Libres (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.304):
• 8. ... des Commissions présidées obligatoirement par le Directeur général des Arts et Lettres et composées de membres de droit ou nommés par le Ministre (membres de l'Institut, conservateurs, professeurs) fonctionnent dans le cadre de la Direction des Musées de France.
Musées Fr., 1950, p.10.
♦[l'objet de la nomination] Être nommé à une charge, à une fonction, à un commandement. Votre ami sera nommé au poste qu'il ambitionnait (NIZAN, Conspir., 1938, p.73). Les élèves (...) qui ont satisfait aux examens de sortie de l'école, et sont déclarés aptes au grade de sous-lieutenant, sont nommés à ce grade à leur incorporation (LUBRANO-LAVADERA, Législ. et admin. milit., 1954, p.63). Les agents sont nommés en qualité d'agents stagiaires. Ils peuvent être titularisés après un stage d'un an (Encyclop. éduc., 1960, p.329). Personnes nommées dans un emploi permanent de l'État (Encyclop. éduc., 1960, p.357).
P. anal. Ces lumières me font mal (...) et je ne reste que parce que j'ai été nommé pour la partie de whist du prince (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.445).
♦[le lieu d'exercice de la fonction] Être nommé dans l'administration préfectorale. J'ai appris que je puis être d'un moment à l'autre nommé au ministère (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1897, p.294). Le général Ambert est nommé à Versailles (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.81).
♦[les modalités de la nomination] Être nommé à l'ancienneté, au choix; être nommé à temps, à titre définitif, à vie; être nommé pour un, deux... ans, sans limite de temps; être nommé après, sans concours, par arrêté, par la voie administrative; être nommé sur proposition de qqn. Le Président est nommé en séance publique, à la majorité absolue. En cas de ballottage, après deux tours de scrutin, la majorité relative suffit (Règlement Ass. nat., 1849, p.8). Tous les jurys et comités d'examens sont nommés pour une seule session (Enseign. mus., 1, 1950, p.12). L'administrateur général de la Bibliothèque Nationale (...) est le représentant direct du ministre. Il est nommé et révoqué par décret (Encyclop. éduc., 1960, p.354):
• 9. Le Comité est composé de vingt membres, nommés par le Conseil après consultation de la Commission. Les membres du Comité sont nommés à titre personnel pour une durée de cinq ans.
Traité EURATOM, 1957, p.357.
REM. 1. Nommable, adj. Que l'on peut nommer; à qui l'on peut attribuer un nom. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'idée du nommable est une des plus originales créations de Lebesgue: «Un objet, écrit ce grand savant, est défini ou donné quand on a prononcé un nombre fini de mots s'appliquant à cet objet et à celui-là seulement; c'est-à-dire quand on a nommé une propriété caractéristique de l'objet» (Gds cour. pensée math., 1948, p.289). 2. Nommeur, subst. masc. Celui qui nomme. a) [Correspond à supra I A] Les poètes sont des nommeurs de choses subtiles. Ils apportent ainsi à la vie intellectuelle un élément de précision qui leur est particulier. Exprimer, c'est analyser (Arts et litt., 1935, p.50-12). b)[Correspond à supra II] La présence d'un chef surtout moral: Mao Tse-Toung, davantage incarnation de la nation, inspirateur d'une politique, garant d'une continuité, plutôt que lecteur de dossiers et nommeur aux places (B. FESSARD DE FOUCAULT, La Chine et nous in Le Monde, 6 sept. 1973, p.3 ds QUEM. DDL t.7).
Prononc. et Orth.:[], (il) nomme []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Fin Xe s. «donner, imposer un nom à quelqu'un» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 169); spéc. 1549 «tenir un enfant sur les fonds baptismaux» (EST.); 2. ca 1130 «mentionner une personne en citant son nom» humes numez «cités un à un» (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, 14, p.12); 3. ca 1150 «désigner par son nom une personne ou une chose» ici pronom. «se faire connaître, décliner son nom» (Le Conte de Floire et Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, 1297); 4. 1155 «donner un nom à quelque chose de nouvellement créé» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 92); 5. ca 1195 «désigner quelqu'un ou quelque chose par une appellation qui le qualifie» (AMBROISE, Guerre sainte, 2527); 6. fin XIIe s. «faire connaître quelqu'un en révélant son nom» (J. BODEL, Saxons, éd. F. Mengel et Stengel, 294). II. 1. ca 1225 «désigner par voie de nomination» (PEAN GATINEAU, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 4873); cf. 1306 (JOINVILLE, Vie st Louis, éd. N. L. Corbett, § 705); 2. 1636 «instituer en qualité de» nommer son héritier universel (MONET). III. XIIIe s. a jour nommey (Isopet de Lyon, éd.J.Bastin, XXXII, 14, t.2, p.134); 1559 a point nommé «exactement à l'endroit désigné» (AMYOT, Crass., 46); 1580 «au moment opportun» (MONTAIGNE, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, XIX, p.79). Du lat. class. «nommer, désigner par un nom; citer; proposer pour une fonction»; dér. de nomen, v. nom. Fréq. abs. littér.:6888. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 13030, b) 12169; XXe s.: a) 9273, b) 6074.
nommer [nɔme] v. tr.
ÉTYM. V. 980, nomner; du lat. nominare, de nomen → Nom.
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1 Distinguer (une personne) par un nom (I.); donner un nom à (qqn). ⇒ Dénommer. || Ses parents l'ont nommé Paul. ⇒ Prénommer. || « La fille à Cognet (…) la Cognette comme on la nommait » (→ Maître, cit. 101, Zola). — Par ext. || Nommer une ville de son nom (→ Fonder, cit. 4).
♦ (1549). Vx. || Nommer un enfant, être son parrain, sa marraine.
1 Retire-toi. Je voue à ta sœur la haine la mieux conditionnée; et toi, tu aurais cent enfants, que je n'en nommerais pas un. Adieu.
Diderot, le Père de famille, V, 12.
2 (V. 1155). Distinguer (une chose, un concept) par un vocable particulier. ⇒ Nom (II.); appeler, dénommer (→ Lorette, cit. 1). || Nommer un corps chimique nouvellement découvert, une espèce végétale, animale… || Cette particule hypothétique n'est pas encore nommée.
3 Désigner, qualifier (qqn) par un nom (II.), par une expression du langage. || On le nommait le faiseur (cit. 13) de rois. || Si elle vous nomme audacieux (cit. 7), vous l'appellerez cruelle.
2 Ô mon fils, de ce nom j'ose encor vous nommer.
Racine, Athalie, IV, 3.
3 Nommer un roi père du peuple est moins faire son éloge que l'appeler par son nom, ou faire sa définition.
La Bruyère les Caractères, X, 27.
♦ Appliquer un nom à (une chose, une idée). || « Ce que les hommes ont nommé amitié » (cit. 6); « ce que nous nommons mal » (3. Mal, cit. 30, 50), malheur (cit. 27). || « Ce je ne sais quoi d'immatériel (cit. 4) qu'il faut bien nommer âme ». || « Certaines règles que je nomme les lois (cit. 56) de la nature » (Descartes). — Spécialt. || Nommer les choses par leur nom, par une périphrase.
4 Voilà pourtant, Madame, voilà le récit fidèle de ce que vous nommez mes torts, et que peut-être il serait plus juste d'appeler mes malheurs.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXVI.
5 Ce tas de cendre éteint qu'on nomme le passé.
Hugo, les Chants du crépuscule, XXXVII.
6 Un jour (…) Comment oser nommer du nom de jour
Ce qui n'a pas de fuite et n'a pas de retour ? (…)
A. de Vigny, Livre mystique, « Éloa », I.
7 (…) ce style intolérable dont la fin du dernier siècle et le commencement de celui-ci ont été infestés, espèce de jargon (…) où l'on n'osait nommer une chose par son nom, où l'on désignait un canon par une périphrase, où la mer s'appelait Amphitrite (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 21.
♦ Par ext. Considérer comme… || « Ce que nous aurions droit de nommer attentat » (→ État, cit. 122).
4 (V. 1155). Indiquer (une personne, une chose) en disant ou en écrivant son nom (I.). ⇒ Désigner, dire, indiquer, mention (faire), mentionner (→ Empire, cit. 19, Musset; étoile, cit. 32). || Esclave romain qui nommait les citoyens à son maître. ⇒ 1. Nomenclateur. || Froisser (cit. 25) qqn en ne le nommant pas. || Il n'a pas été nommé une seule fois dans ce livre. || Nommer qqn dans un acte. ⇒ Dénommer. || Nommer plusieurs personnes. ⇒ Énumérer. || La personne que vous venez de nommer. ⇒ Citer. — Par antiphr. ☑ J'ai rencontré un ami en galante compagnie; c'était N… pour ne pas le nommer. — (1196). Spécialt. || L'accusé refuse de nommer ses complices. ⇒ Dénoncer. — Par ext. || Nommer Dieu (→ Atome, cit. 11).
8 De tous ces meurtriers te dirai-je les noms ?
Procule, Glabrion, Virginian, Rutile,
Marcel, Plaute, Lénas, Pompone, Albin, Icile,
Maxime, qu'après toi j'avais le plus aimé;
Le reste ne vaut pas l'honneur d'être nommé.
Corneille, Cinna, V, 1.
9 Hippolyte ? grands dieux ! — C'est toi qui l'as nommé.
Racine, Phèdre, I, 3.
10 (…) comme (…) l'on vint à tomber sur celui que l'on devait estimer le plus homme de bien (…), tous d'une commune voix vous nommèrent.
La Bruyère les Caractères de Théophraste, De la flatterie.
11 Quels sont donc ces amis officieux ? Sans doute ces gens si sévères, et d'une vertu si rigide, consentent à être nommés; sans doute ils ne voudraient pas se couvrir d'une obscurité qui les confondrait avec de vils calomniateurs, et je n'ignorerai ni leur nom, ni leurs reproches.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXV.
♦ Nommer une ville (→ 2. Exemplaire, cit. 7). || Cela ne vaut pas l'honneur d'être nommé (→ Journal, cit. 8). || Nommer les lettres (cit. 2) de l'alphabet. ⇒ Épeler. || Qui sert à nommer (⇒ Dénominatif). || Nommer des choses pour les décrire.
12 Forestier expliquait le pays. Il avait indiqué d'abord la villa du comte de Paris. Il en nommait d'autres.
Maupassant, Bel-Ami, I, VIII.
13 (Les poètes ne visent pas à) discerner le vrai ni à l'exposer. Ils ne songent pas non plus à nommer le monde et, par le fait, ils ne nomment rien du tout, car la nomination implique un perpétuel sacrifice du nom à l'objet nommé ou pour parler comme Hegel, le nom s'y révèle l'inessentiel, en face de la chose qui est essentielle.
Sartre, Situations II, p. 64.
5 Vx. || Nommer un nom, un mot, le dire ou l'écrire.
14 Elle (Mme Scarron) n'a (…) jamais ouï nommer votre nom en mauvaise part.
Mme de Sévigné, 359, 18 déc. 1673.
15 Le mot de peste, que vous nommez dans votre lettre, me fait frémir (…)
Mme de Sévigné, 539, 19 mai 1676.
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II (XIVe).
1 Désigner, choisir (une personne) pour remplir une fonction, une charge, être élevé à une dignité… (en parlant d'une autorité, individu ou groupe restreint, par oppos. à élire). ⇒ Appeler, commettre, désigner, établir; nomination. || Nommer qqn à un emploi (⇒ Pourvoir), pour un emploi (vx). || On l'a nommé directeur. ⇒ Faire. || Nommer tout d'un coup à un poste. ⇒ Bombarder, parachuter. || Nommer par acclamation. ⇒ Acclamer.
16 (…) voyez comme il est bon de se tourmenter un peu pour avoir des places; il est certain que celles qui avaient été nommées pour dames d'honneur de cette princesse avaient fait leurs diligences.
Mme de Sévigné, 772, 17 janv. 1680.
♦ Par ext. Donner, conférer à qqn le titre de. || Nommer des fonctionnaires (→ Casser, cit. 12), des magistrats (cit. 6 et 9). || Le chef de l'État nomme le Premier ministre (cit. 8). — Nommer les évêques, les titulaires d'un bénéfice… ⇒ Nomination, nominateur, nominataire (→ Instituer, cit. 1; investiture, cit.). — Nommer d'office un expert, un avocat… ⇒ Commettre.
2 Vx. Désigner par nomination, par voie de suffrage. ⇒ Élire. — REM. Au XVIIe s. nommer signifie aussi « donner sa voix en faveur de quelqu'un dans une élection » (Furetière, 1690).
17 Le peuple au champ de Mars nomme ses magistrats;
César nomme les chefs sur la foi des soldats (…)
Racine, Britannicus, I, 2.
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se nommer v. pron. (au sens I).
♦ Passif. (V. 1460). Être nommé, avoir pour nom. || Il se nommait Gaudissart (→ Illustre, cit. 5). || « Car le passé s'appelle haine et l'avenir se nomme amour » (→ Futur, cit. 1, Hugo).
♦ Réfl. (V. 1170). Se faire connaître en disant son nom (→ Aucun, cit. 11; gratter, cit. 17). || Se nommer misérable : se qualifier soi-même de misérable (→ Aspect, cit. 32).
18 Ainsi chacun, sans se nommer.
Clairement s'indiqua soi-même (…)
Florian, Fables, II, 15.
♦ (Récipr.). || Ils se nommèrent les uns aux autres. || On se nomme les objets à haute voix (→ Caisse, cit. 2).
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nommé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (Fin XIe, numez « cité »).
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1 Qui a pour nom. || Un homme nommé Un tel. || Un Anglais nommé Felton (→ Instigateur, cit. 4); un juge nommé Popinot (→ Exercer, cit. 25). || Bien, mal nommé. — N. (Fin XVe). || Le nommé, un nommé X (→ Cahier, cit. 4; feuillant, cit.). — REM. Cette manière de parler, en usage dans le style judiciaire, emporte ailleurs « l'idée que celui qu'on désigne ainsi est un individu sans notoriété, dont on ne connaît que le nom » (Académie). Le mot est parfois même méprisant (→ Un certain…).
19 Le soir, Sa Majesté fit jouer une comédie nommée Tartuffe,
Molière, la Princesse d'Élide, « Ballet d'Alcine », Dernières journées.
♦ (En parlant des choses). || Plante communément, vulgairement, scientifiquement nommée…
2 Indiqué, désigné par un nom (I.). || Les personnes nommées plus haut. ⇒ Susdénommé, susdit, susnommé.
3 ☑ Loc. (XIIIe). Vx. À jour, au jour nommé, convenu.
♦ ☑ (1580). À point nommé : exactement au moment voulu. ⇒ Opportunément, propos (à). → Bavardage, cit. 5; mesure, cit. 36.
20 Dès que l'aurore, dis-je, en son char remontait,
Un misérable coq à point nommé chantait (…)
La Fontaine, Fables, V, 6.
21 Le langage valorise les choses. Bien plus, elles n'ont d'existence sociale que nommées, désignées, systématisées (affirmation à double tranchant : bien entendu, une « chose » n'existe socialement que nommée, et pourtant celui qui transforme cet énoncé en loi et en règlement autoritaire accomplit l'opération la plus dangereuse, celle qui légitime le pouvoir absolu; ce pouvoir appartiendra à celui qui « nomme », Dieu hier et ses représentants, le Prince aujourd'hui ou demain, et sa cour).
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 227-228.
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II (1215). || Professeurs récemment nommés (→ Amphithéâtre, cit. 4). || Nommé ministre plénipotentiaire… (→ Archive, cit. 4). || Nommé d'office. ⇒ Commis. — Absolt. || Nommé s'emploie par oppos. à élu, au sens de « désigné par nomination ».
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CONTR. (Du sens II) Déposer, destituer.
COMP. Innommable, innommé, nommément, prénommer, susnommé. (V. Dénommer, renommer…).
Encyclopédie Universelle. 2012.