parasite [ parazit ] n. m. et adj.
• v. 1500; lat. parasitus, gr. parasitos, de sitos « nourriture »
I ♦ N. m.
1 ♦ Antiq. Commensal attaché à la table d'un riche, et qui devait le divertir.
♢ Mod. Personne qui se nourrit en sachant se faire inviter chez les autres. ⇒ écornifleur, pique-assiette.
2 ♦ (1680) Personne qui vit dans l'oisiveté, aux dépens de la société. « Nous sommes tous [les capitalistes] des parasites » (Aragon).
II ♦ N. m. et adj. (1721 adj.) Biol. Organisme animal ou végétal qui vit aux dépens d'un autre (appelé hôte), lui portant préjudice, mais sans le détruire (à la différence du prédateur). Parasite externe (⇒ ectoparasite) , interne (⇒ endoparasite) . Parasites animaux d'espèces animales : vers parasites (ténia, ascaride, 2. douve, filaire, oxyure, etc.) et parasites corporels (pou, puce, punaise, tique). Animaux parasites d'espèces végétales : chenille, doryphore, puceron, phylloxéra. Végétaux parasites d'espèces végétales : bactéries, champignons. Destruction des parasites (⇒ parasiticide, pesticide; antiparasitaire) .
♢ Cour. et abusivt Se dit d'un organisme qui détériore le milieu où il vit. Fleurs parasites des murs.
III ♦ Fig.
1 ♦ Adj. Superflu et gênant. ⇒ encombrant, importun. « Humilité : vertu parasite, qui rapetisse » (Martin du Gard).
2 ♦ N. m. pl. (1923) Perturbations dans la réception des signaux radioélectriques. ⇒fam. friture. Parasites qui empêchent d'écouter une émission (⇒ brouillage) . Élimination des parasites (⇒ antiparasite) .
● parasite nom masculin (latin parasitus, du grec parasitos, de sitos, nourriture) Organisme animal ou végétal qui se nourrit strictement aux dépens d'un organisme hôte d'une espèce différente, de façon permanente ou pendant une phase de son cycle vital. Personne qui vit dans l'oisiveté, aux dépens d'autrui ou de la société. Dans l'Antiquité, individu qui était admis à la table d'un riche, en échange de sa clientèle ou de ses mots d'esprit. Perturbation ou bruit électromagnétique qui trouble le fonctionnement d'un appareil ou superpose un bruit à un signal utile. ● parasite (synonymes) nom masculin (latin parasitus, du grec parasitos, de sitos, nourriture) Personne qui vit dans l'oisiveté, aux dépens d'autrui ou de...
Synonymes :
- écornifleur (vieux)
- pique-assiette (familier)
● parasite
adjectif
Qui se développe aux dépens d'un corps vivant : Excroissance parasite.
Qui se développe de façon gênante et inutile : Bruits parasites.
parasite
n. m. et adj.
rI./r n. m. Personne qui vit aux dépens d'autrui. Vivre en parasite.
rII./r n. m. et adj. BIOL être vivant qui puise les substances qui lui sont nécessaires dans l'organisme d'un autre (hôte), auquel il cause un dommage. Le ténia est un parasite du tube digestif des vertébrés.
— adj. Un animal parasite.
rIII/r
d1./d n. m. Perturbation dans la réception des signaux radioélectriques.
d2./d adj. Fig. Superflu, qui alourdit. Mots parasites.
⇒PARASITE, subst. masc. et adj.
I. —Subst. masc. et adj.
A. —1. ANTIQ. GR. ET ROM.
a) Assistant d'un prêtre, qui prenait soin des provisions des dieux et qui était invité à prendre part aux repas communs. Les citoyens qui s'asseyaient à la table sacrée, étaient revêtus momentanément d'un caractère sacerdotal; on les appelait parasites (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p.195).
b) P. ext., péj. Personne qui recherchait les repas publics au Prytanée et, par la suite, les tables bien servies chez les riches, payant son écot en empressements, en complaisances, en bassesses. Dans la suite on vit à Athènes des essaims de convives qui s'introduisirent dans les maisons des grands, et en devinrent les commensaux; on les appela parasites, et ce mot se prit alors en mauvaise part (NYSTEN 1814).
2. THÉÂTRE. Type de personnage de la comédie gréco-latine. Le rôle si comique du parasite, si bien peint par Térence, est encore dans toute sa gloire en Lombardie (STENDHAL, Rossini, 1823, p.130). Le parasite fut un des types de prédilection de la comédie attique. Une pratique analogue se développa grandement à Rome par suite de l'institution de la clientèle (LAVEDAN 1964).
3. P. anal., péj.
a) Synon. de pique-assiette, écornifleur. Une tribu de parasites; être entouré de parasites. Dans les dernières années, il devint un commensal, un favori, et comme un hôte indispensable de la maison de Condé. Les grands et les princes ont toujours ainsi aimé avoir à leur table des fous spirituels, des parasites amusants, de facétieux conteurs (SAINTE-BEUVE, Caus. lundis, t.12, 1855, p.45):
• 1. ... tandis que le modeste artisan (...) va retrouver sa famille et manger avec appétit (...) le morceau de petit lard apprêté par sa ménagère, les heureux du jour courant en voiture à ces dîners priés, où l'ennui corrompt tous les mets que l'art des plus habiles cuisiniers assaisonne: les parasites, en bas noirs, gagnent sur la pointe du pied la maison où ils se persuadent que leur couvert est mis...
JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.138.
— [Empl. comme insulte] Tu appelles-ça des visites (...) après avoir déjeuné deux fois et dîné trois! Parasite! (...) pique-assiette! (LABICHE, Point de mire, 1864, III, 6, p.441).
b) P. ext. Personne qui vit, prospère aux dépens d'une autre personne ou d'un groupe de personnes. Un franc, vrai, vulgaire parasite; vivre en parasite; parasites sociaux. Le fainéant, le débauché, qui, sans accomplir aucune tâche sociale, jouit comme un autre, et souvent plus qu'un autre, des produits de la société, doit être poursuivi comme voleur et parasite (PROUDHON, Propriété, 1840, p.306). Il croyait qu'il lui suffisait, pour n'être pas un parasite, de payer l'impôt, d'avoir été soldat (MORAND, Lewis, 1924, p.204):
• 2. ... en appelant tous les citoyens, tous les travailleurs à la propriété collective des instruments de travail, nous affranchissons les travailleurs de la dîme des parasites, du tribut levé par la paresse de l'actionnaire sur le labeur du prolétaire...
JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.191.
♦P. métaph.:
• 3. Mais partout je ne trouve, en l'absence du maître
Que d'impuissants pasteurs qui règnent en son lieu
Parasites sacrés du troupeau qu'ils font paître.
SULLY PRUDH., Justice, 1878, p.186.
— Parasite de + déterm. + subst. (désignant la chose ou la pers. dont le parasite tire profit). Parasite du budget, du pouvoir. Je vis aux dépens de ma fille (...). Vieux fou! (...) voilà donc où aboutissent tes rêves de gloire! (...) à être le parasite de ton enfant! (AUGIER, M. Guérin, 1865, p.289). [Le prolétariat] n'est pas réduit à être le parasite aventureux et violent des révolutions bourgeoises (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.XXXI). [Géraud:] Oui, j'hésitais [à augmenter son chauffeur]. Non pas pour la question d'argent qui ne compte plus maintenant, mais par répugnance devant ces salaires disproportionnés au travail (...). Ces gaillards-là sont des parasites avisés de la frivolité des gens riches (BOURGET, Drame, 1921, p.89).
— Empl. adj. Qui vit en parasite; de parasite. Attitude, mentalité parasite. On ne se rend pas très bien compte de ce que vaut un moraliste, à quoi il sert depuis le temps que cette secte parasite s'est présentée dans le monde (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p.5):
• 4. Le bel avantage, vraiment, que celui d'avoir une foule inquiète de postulants pour des places déjà prises: écrivains sans éditeurs, avocats sans clients, médecins sans malades, ingénieurs sans emploi, artistes sans commandes, population improductive, presque parasite, que les atteintes de la misère ne guérissent pas toujours des inspirations de l'orgueil!
REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.45.
♦[P. méton. du subst.] Considéré comme un homme à l'aise, du Bousquier menait la vie parasite du chevalier (BALZAC, Vieille fille, 1836, p.280). Le même cachot qu'avait occupé Jouellanos sous le règne parasite du prince de la Paix, reçut bientôt après une autre illustration scientifique et politique (SAND, Hiver à Majorque, 1842, p.66).
♦Qui coûte plus qu'il ne rapporte, qui exploite, tire profit sans rien rapporter, qui se pratique au détriment de la société. Commerce, industrie parasite. Le ménage combiné, qui n'occupe que six femmes et six feux là où nous employons trois cents femmes et trois cents feux, réduira prodigieusement la consommation de bois et le travail parasite des ménagères (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p.19).
Rem. On relève un empl. fém.: Merci, dit-elle en l'embrassant (...). Ici [chez la baronne] du moins (...) je gagne mon pain (...) chez toi, je serai tout à fait une parasite! (FEUILLET, Honn. d'artiste, 1890, 63-64).
B. —BIOL. ANIMALE ET VÉGÉT. Organisme animal ou végétal qui, pendant une partie ou la totalité de son existence, se nourrit de substances produites par un autre être vivant sur lequel ou dans les tissus duquel il vit, lui causant un dommage.
1. BIOL. ANIMALE. Parasite animal; parasites des animaux; parasites spécifiques du chien; infesté de parasites; parasites de la vigne; maladies engendrées par les parasites; la vie des parasites; étudier les parasites. Les parasites de l'homme appartiennent à des espèces très différentes: protozoaires, vers, arthropodes ou champignons microscopiques. Leur pénétration dans l'organisme se fait par ingestion ou à travers la peau, de façon active ou passive (Lar. Méd. t.3 1972).
— Empl. adj. Qui vit en parasite. Ver(s) parasite(s); poissons, bactéries parasites. Les différents stades du cycle évolutif d'un organisme parasite (adulte, oeuf, larve) peuvent évoluer à l'intérieur d'un seul hôte ou, au contraire, nécessiter la présence d'hôtes différents (Lar. Méd. t.3 1972):
• 5. Il serait ridicule de dire qu'un animal a été organisé pour servir de pâture à l'insecte parasite, tandis qu'on ne peut douter que l'organisation de l'insecte parasite n'ait été accommodée à la nature des tissus et des humeurs de l'animal aux dépens duquel il vit.
COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p.96.
— P. métaph. Je crois que le mensonge est un parasite, le menteur un parasité, qui se gratte où cela le démange (BERNANOS, Enfants humil., 1948, p.120):
• 6. ... à de certaines époques climatériques, les sauterelles envahissent l'Égypte et les virgules envahissent la ponctuation. L'imprimerie belge est particulièrement atteinte de ce fléau. Sous cet excès de virgules, l'incise factice devient le parasite de la phrase, et toute largeur de vers et toute ampleur de style disparaît.
HUGO, Corresp., 1859, p.310.
2. BIOL. VÉGÉT. Parasite végétal. Avant de commencer la coupe d'un taillis, on nettoie le terrain au croissant. Mille parasites l'encombrent, ronces (...), genêts et houx, brins de toute essence, inutilisables pour quoi que ce soit (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p.4).
— Empl. adj. Végétaux, plantes parasites; herbe, ronce parasite. Robert Meyer, chargé d'arracher les mousses et les champignons parasites sur les troncs d'une vingtaine d'arbres fruitiers (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.189).
♦P. métaph. Les fréquens passages dogmatiques qui s'y rencontrent [chez Dante] ne sont guère que la végétation parasite d'un esprit trop fécond, et comme la mauvaise herbe de la science contemporaine qui jetait partout ses racines (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.II)
Rem. On relève un empl. fém.: [Les taupes] débouchent dans une clairière, où la cuscute rongeuse, parasite méchante, choléra des bonnes luzernes, étend sa barbe de filaments roux (RENARD, Poil carotte, 1894, p.52).
3. P. anal.
a) MÉD. [En parlant des tumeurs qui se développent chez un être vivant] Une excroissance parasite (LITTRÉ).
b) MINÉRALOGIE
)Variété de boracite. (Ds Lar. 20e, Lar. encyclop.).
c) TÉRATOL. ,,Monstre constitué de façon rudimentaire par un amas de tissus, organes, éléments isolés, insérés directement (sans cordon ombilical) sur l'utérus de la mère`` (Méd. Biol. t.3 1972). Les parasites constituent le troisième ordre des monstres unitaires dans la classification d'I. Geoffroy Saint-Hilaire (Méd. Biol. t.3 1972).
— En partic. ,,Celui des deux éléments d'un monstre double parasitaire qui est le moins développé et qui dépend, pour son développement et son existence, de l'autre élément`` (Méd. Biol. t.3 1972).
C. —Au plur., autres domaines techn.
1. TÉLÉCOMM. Signaux imprévisibles se superposant à un message et le perturbant. Parasites d'antenne; parasites d'origine naturelle, tellurique, cosmique; causer, provoquer des parasites; éliminer les parasites. Koryek, dit le Hutin, terreur de la radio, emberlificoteur des ondes, qui les tresse comme des queues de chevaux, y sème à poignées la friture et les parasites (ARNOUX, Paris, 1939, p.132). Les bruits d'origine radioélectrique, à qui on réserve généralement le nom de parasites: ils sont dus à la production d'oscillations radioélectriques causées, soit par un phénomène météorique (parasite atmosphérique), soit par un montage technique (parasite industriel) (MATRAS, Radiodiff. et télév., 1958, p.32).
♦P. métaph. Je connais maintes âmes très charitables qui cessent de l'être à distance. (...) elles oseraient dire: que voulez-vous?... C'est trop loin (...). On entend le S.O.S. lancé de la maison voisine; mais, passé le premier carrefour, l'appel court risque de ne plus nous parvenir; et des parasites trop nombreux s'interposent (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p.1235).
— En compos. Dans une zone perturbée, l'amplificateur doit être relié à une excellente prise de terre et les câbles de liaison (...) placés sous gaîne métallique à la terre. Même dans ces conditions, des signaux parasites peuvent encore être transmis par le secteur; leurs effets peuvent être très atténués par le branchement d'un filtre anti-parasites (PIR. 1964).
— Empl. adj. Signaux (radio-électriques) parasites. Les signaux radio-électriques parasites proviennent tantôt de sources locales (...) soit de l'ensemble du canal hertzien lui-même (Commun. 1971).
2. P. anal., dans le domaine des commun. soc. On distinguera, par exemple, les parasites, perturbations extrinsèques (...) du bruit de fond qui provient des perturbations inhérentes à l'utilisation même du circuit de communication (Commun. 1971).
— Empl. adj. Signaux parasites. Le terme de «parasite», avec ses connotations défavorables, a été introduit dans les communications sociales. Ainsi parlera-t-on de signaux parasites dans les communications établies entre deux personnes réunies dans une salle (Commun. 1971).
♦ACOUST. [En parlant de bruits gênants] Résonances parasites. Vidame insistait volontiers sur l'insonorité. «L'essentiel, disait-il, est de supprimer les bruits parasites (...)» (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.60).
♦PHYS. [En parlant de rayonnement] En 1910, Gockel emporta un électroscope en ballon jusqu'à une altitude de 4000 m, sans observer de diminution de l'intensité du rayonnement parasite (Hist. gén. sc. t.3, vol. 2, 1964, p.372).
II. —Adj., au fig.
A. —Gênant, perturbateur ou nuisible. Incidents parasites; vertu(s) factice(s) et parasite(s); activité parasite; sentiments parasites d'infériorité. Il se forme (...) au sein même du moi fondamental, un moi parasite qui empiétera continuellement sur l'autre. Beaucoup vivent ainsi, et meurent sans avoir connu la vraie liberté (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p.132). Indépendamment de l'effort qui consiste à ruiner cette tendance parasite et «française» qui voudrait qu'à son tour le surréalisme finisse par des chansons (BRETON, Manif. surréal., 2e manif., 1930, p.166):
• 7. La représentation préalable du geste joue un rôle très épisodique dans cette régulation du mouvement, souvent même elle a sur l'exécution correcte une action parasite et perturbatrice...
RICOEUR, Philos. volonté, 1949, p.232.
— En partic. [Au plan de l'orth. des mots, de leur prononc., en parlant notamment d'une lettre, d'une syll., de tout élément superflu ou étranger] Qui gêne la lecture, la compréhension. Il prononçait «au mouain», et le mot revenait dans toutes ses phrases avec quelques autres vocables parasites «hé, qué, té, zou, vé, vaï, allons...» (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p.13). Premier remède (...) rejeter tous les principes de l'orthographe étymologique et (...) soulager les mots empruntés au grec de leurs vaines lettres parasites. Un mot étranger ne peut devenir entièrement français que si rien ne rappelle plus son origine (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p.60). Une de ses formes ancienne [de l'argot] et la plus connue, le javanais, perd son temps à interposer, entre chaque syllabe, la syllabe parasite av (COLETTE, Jumelle, 1938, p.22).
♦LING. Son parasite. Élément phonique non étymologique qui apparaît à l'intérieur d'un mot pour raison d'euphonie ou de difficulté articulatoire. Synon. adventice, épenthétique. Dans la prononciation populaire [] pour [] le [] est un son parasite (Ling. 1972).
B. —Encombrant, superflu. Détails, développements, ornements parasites; arabesques, expressions, notes, scènes parasites; accords parasites; pensée parasite; notions parasites. L'empereur s'est amusé à rayer au crayon les phrases parasites qu'il condamnait dans Vertot: il est sûr qu'avec ses suppressions, l'ouvrage présenterait, en effet, bien autrement de force, d'énergie et de chaleur (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.317). Ainsi, tiraillé entre les instincts de sa race et ceux de son génie, alourdi par le fardeau d'un passé parasite qui s'incrustait à lui et dont il ne parvenait pas à se défaire, il avançait en trébuchant (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.397).
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, rare. Le paysan traditionnel chez nous, comme le cultivateur hindou, cambodgien ou chinois, sont des personnages scrupuleux, fervents observateurs de pratiques telles que l'essentiel ne s'y distingue plus du parasite (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.204).
REM. Parasiticide, adj. et subst., hyg. et pharm. (Substance) qui détruit les parasites. Médicament, pouvoir parasiticide; agents, moyens parasiticides; lotions, pommades parasiticides; avoir une action parasiticide; les vermifuges sont des parasiticides. Le traitement médical parasiticide reste encore à découvrir (BRUMPT, Parasitol., 1910, p.448). La qualité majeure demandée à un parasiticide est d'avoir une toxicité maximale pour le parasite et minimale pour l'hôte (Lar. encyclop. 1963, p.160).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. Ca 1500 subst. «commensal attaché à la table d'un riche, et qui devait le divertir» (Thérence en français, f° 100 v°, Verard ds GDF. Compl.); 2. 1680 «celui qui fait métier de manger à la table d'autrui» (RICH.); 3. 1817 adj. «qui vit dans l'oisiveté, aux dépens de la société» (H. DE SAINT-SIMON, L'Industrie ..., OEuvres, II, 130 ds DUB. Pol.: il circule dans son sein [de la société] une foule d'hommes parasites). B. Sc. nat.1. bot.a) 1721 plante parasite (Trév., s.v. guy); 1764 subst. (BONNET, Contemplation de la nature, p.84); b) 1771 fausses parasites (i.e. mousses, lichens, agarics, etc.) (Trév., citant Guettard); 2. zool. a) 1742 subst. conchyliol. (DEZALLIER D'ARGENVILLE, Hist. nat. Conchyliol., p.232); 1765 adj. coquillages parasites (Encyclop.); b) 1798 insectes parasites (ricins, poux) (CUVIER, Hist. nat. des animaux, pp.472 et 622); 1804 subst. (DUMÉRIL, Hist. nat., p.117); c) 1845-46 lestride parasite «oiseau qui poursuit les mouettes pour les obliger à lâcher leur proie» (BESCH.); 3. 1749 minér. pierres parasites (BUFFON, Hist. nat., t.1, p.277: pierres parasites qui se forment aux dépens des autres); C. 1. 1723 «superflu, gênant» (J.B. ROUSSEAU Ép. I, 1 Aux Muses, 218 ds OEuvres, Londres 1723, t.1, p.318: Bannis enfin tous ces mots parasites); 1798 (Ac.: un style plein d'ornemens parasites); 2. 1907 signaux parasites «perturbations électromagnétiques» (Nouv. Lar. ill. Suppl.); 1924 subst. (COUSTET, T.S.F., p.113); 3. 1933 ling. (MAR. Lex.). Empr. au lat. parasitus «invité, convive; en mauvaise part: parasite, écornifleur, pique-assiette», lui-même empr. au gr. «qui mange auprès de, avec; commensal: citoyen nourri au Prytanée, aux frais de l'État; prêtre adjoint aux prêtres ordinaires dans certains sacrifices et qui prenait part au repas; parasite payant son repas de flatteries et de bouffonneries», comp. de - (cf. élém. para-1) et d'un élém. - «qui se nourrit» (cf. CHANTRAINE, s.v. et COTTEZ, s.v. -site). Fréq. abs. littér.:389. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 363, b) 674; XXes.: a) 473, b) 697.
DÉR. Parasitose, subst. fém. a) Méd. Maladie et manifestations pathologiques dues à la présence de parasites dans l'organisme. Parasitose du foie, de l'intestin; parasitoses cutanées. Un cas fréquent (...) est la colite qui s'installe après une parasitose intestinale (QUILLET Méd. 1965, p.164). b) Psychol. pathol. Parasitose hallucinatoire. Perception hallucinatoire de grouillements d'insectes, de piqûres à la surface de la peau. Parasitose hallucinatoire, (...) se rencontre au cours des intoxications par l'alcool ou par la cocaïne (Lar. encyclop. Suppl. 1968). — [] — 1res attest. a) 1932 méd. (Lar. 20e), b) 1968 psychol. parasitose hallucinatoire (Lar. encyclop. Suppl.); de parasite, suff. -ose.
BBG. —GOHIN 1903, p.233. —VARDAR Soc. pol. 1973 [1970] p.280.
parasite [paʀazit] n. m. et adj.
ÉTYM. V. 1500, n. m. au sens I; lat. parasitus, grec parasitos « commensal », de para (→ 1. Para-), et sitos « nourriture », devenu très tôt péjoratif.
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I N. m.
1 Antiq. Commensal attaché à la table d'un riche, et qui devait le divertir. || Les parasites, personnages de comédie (→ Bouffon, cit. 3).
1 (…) on nomma parasites les flatteurs et les complaisants, qui pour se procurer une subsistance agréable, y sacrifiaient sans honte la délicatesse et la probité. Les Romains, en les recevant à leurs tables, usaient du droit de les ridiculiser, de les bafouer, et même de les battre.
♦ Mod. Personne qui se nourrit chez les autres en se faisant inviter (généralement au prix de quelques flatteries ou menus services). ⇒ Écornifleur, écumeur (de table), pique-assiette. || L'homme riche a des commensaux ou des parasites (→ Courtisan, cit. 5). || Convive indélicat, encombrant, qui s'installe en parasite chez son hôte. || « Le Neveu de Rameau », de Diderot, peinture d'un parasite.
2 Pour peu que j'eusse eu d'expérience, je n'aurais pas été la dupe de ses démonstrations ni de ses hyperboles; j'aurais bien connu, à ses flatteries outrées, que c'était un de ces parasites que l'on trouve dans toutes les villes, et qui, dès qu'un étranger arrive, s'introduisent auprès de lui pour remplir leur ventre à ses dépens (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, I, II.
3 Et toi, roi des valets sans livrée, parasite effronté, laisse ton caractère à la maison; digère comme digère ton amphitryon, pleure de ses pleurs, ris de son rire, tiens ses épigrammes pour agréables; si tu veux en médire, attends sa chute.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 221.
4 « Madame Peloux en a là pour de l'argent », redisaient dévotement les vieilles parasites qui venaient, en échange d'un dîner et d'un verre de fine, tenir en face d'elle les cartes du bézigue et du poker.
Colette, Chéri, p. 20.
♦ Par métaphore. || « Ce parasite ailé que nous avons mouche appelé », La Fontaine, VIII, 10 (cf. La Fontaine, IV, 3, « Nomme-t-on pas aussi mouches les parasites ? »).
2 (1680). Par ext. (ou par métaphore de II.). Personne qui vit dans l'oisiveté, aux dépens des autres, de la société, alors qu'elle pourrait subvenir à ses besoins. || Vivre en parasite. || C'est un parasite, une bouche inutile. ⇒ Inutile (subst.). || Société qui ne tolère pas les parasites. Adj. || Individu parasite.
5 Vivre oisif de la substance sociale ! être inutile, c'est-à-dire nuisible ! cela mène droit au fond de la misère. Malheur à qui veut être parasite ! il sera vermine.
Hugo, les Misérables, IV, IV, II.
6 Nous sommes tous (les capitalistes) des parasites. Pourquoi ne pas l'avouer ? Il n'y a là rien qui me choque. En quoi est-il mieux d'être la bête qui a des parasites, que le parasite sur le dos du bétail ? Pour moi, je pense tout au contraire que c'est là ce qui s'appelle la civilisation.
Aragon, les Cloches de Bâle, I, IX.
7 (…) la faiblesse organique des groupes y favorisait le pullulement d'individualités parasites (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVI, p. 178.
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II N. m. et adj.
1 Biol. et cour. (1721, adj.; 1765, bot., au sens où l'on emploie aujourd'hui « épiphyte »). Organisme animal ou végétal vivant en association durable avec un autre (appelé hôte) dont il se nourrit, sans le détruire (à la différence des prédateurs) ni lui apporter aucun avantage (à la différence des commensaux, des plantes épiphytes). ⇒ Parasitisme. — REM. En général le terme de parasite ne s'étend pas aux animaux qui ne demeurent pas sur leur hôte (moustique, taon, par ex.). || Parasite animal, végétal. || Parasite nécessaire, parasite occasionnel (qui peut vivre libre). || Parasites externes (⇒ Ectoparasite), internes (⇒ Endoparasite), qui vivent sur l'hôte, à l'intérieur de l'hôte. || Parasite permanent, momentané (quant à la durée de l'association); temporaire (quant à la durée de sa vie); à transmigration (qui a des hôtes successifs d'espèce différente). || La vie des parasites se borne généralement aux fonctions de nutrition et de reproduction. || Action spoliatrice, toxique… des parasites (→ Infectieux, cit.). || Parasites des végétaux (⇒ Phytoparasite), des animaux (⇒ Zooparasite). — Parasites animaux d'espèces animales. ⇒ Anguillule, ascaride, bilharzie, bothriocéphale, cénure, colibacille, douve, filaire, grégarine, helminthe, hémamibe, hypoderme, mélophage, morpion, œstre, oxyure, pou, puce, punaise, sacculine, sarcopte, spirochète, strongle, ténia, tique, trichine, trichocéphale, trichomonas, trombidion, trypanosome. || Les sporozoaires, les vers cestodes, trématodes et la plupart des nématodes sont des parasites. — Adj. || Insecte, ver parasite. || Larve parasite d'insecte, parasite d'une autre larve (⇒ Pupivore). || Microbe pathogène parasite. || Forme parasite et forme libre d'une espèce.
7.1 L'une et l'autre de ces classes sont à la société, comme ces excroissances de chair qui, se nourrissant du suc des membres sains, les dégradent et les affaiblissent; ou, si vous l'aimez mieux, comme ces végétaux parasites qui, se liant aux bonnes plantes, les détériorent et les rongent en s'adaptant leur semence nourricière.
Sade, Justine…, t. I, p. 23.
♦ Animaux parasites d'espèces végétales. ⇒ Carpocapse, chenille, cynips, doryphore, eumolpe, hylésine, hyponomeute, machaon, puceron, phylloxéra, pyrale, tigre (du poirier), zabre. — Végétaux parasites d'espèces végétales. ⇒ Bactérie, champignon (parasite), moisissure, urédinales, ustilaginales, et aussi cuscute, gui, mélampyre, orobanche. || Plante parasite sur le tronc des arbres (→ Fouillis, cit. 3). || Le trichophyton, champignon parasite de l'homme.
8 Le Peltogaster nous semble parfaitement illustrer une définition du parasitisme. Peltogaster et Pagure réalisent une association continue ou en tout cas de longue durée, association qui a un caractère unilatéral. Elle est normale et nécessaire pour le Peltogaster qui se nourrit aux dépens du Pagure. Elle n'est pas indispensable à l'hôte. Celui-ci cependant supporte le parasite. Ainsi nous saisissons la différence entre parasite et prédateur.
L. Gallien, le Parasitisme, p. 14.
2 Cour. (abusif en sc.). Se dit d'un être vivant qui, dans une association avec un autre, semble vivre à ses dépens (mutualisme, symbiose; plantes épiphytes…; on disait parfois en ce sens faux parasite), ou d'un être vivant à demeure dans un milieu qu'il détériore (vermine, tarets, mites, cafards… etc.). || Fleurs parasites des murs (→ Enraciner, cit. 1).
9 Dans quelques pieds carrés de la forêt, il y a non seulement les racines de ce gros arbre, qui se tordent hors de terre, cette touffe de lierre qui vit en parasite de l'eau qu'elle lui dérobe (…)
M. Constantin-Weyer, Source de joie, p. 14.
♦ Par compar. et par métaphore :
10 (…) une personne n'est jamais ridicule que par une disposition qui ressemble à une distraction, par quelque chose qui vit sur elle sans s'organiser avec elle, à la manière d'un parasite (…)
H. Bergson, le Rire, III, II.
11 (…) Françoise, plante rustique et parasite, est décrite comme vivant en symbiose avec ses maîtres (…)
A. Maurois, Études littéraires, Proust, IV.
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III Fig.
1 Adj. Se dit de ce qui est superflu et gênant. ⇒ Encombrant, importun. || Envahissement (cit. 3) d'un chemin par des végétations parasites, de mauvaises herbes. || Construction parasite qui défigure un monument. || Un passé parasite dont on ne peut se défaire (→ Incruster, cit. 9). || Tumeur, excroissance parasite chez un être vivant. || Phénomènes économiques parasites.
12 Cette église parasite, monstrueux champignon de pierre, verrue architecturale poussée au dos de l'édifice arabe (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 239.
13 Le verdict fulgurant qu'il avait saisi dans le regard de Philip, habitait son esprit, et non seulement son esprit, mais son corps, pareil à une chose énorme, parasite, une dévorante tumeur qui aurait refoulé tout le reste pour s'épanouir monstrueusement et occuper l'être entier.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 132.
14 Sois orgueilleux, délibérément. Humilité : vertu parasite, qui rapetisse (…) Parasites aussi, le goût du renoncement, le désir de se soumettre, l'aspiration à recevoir des ordres, la fierté d'obéir, etc. Principes de faiblesse et d'inaction.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 226-227.
♦ Littér. || Mots, ornements parasites (→ Bannir, cit. 20). ⇒ Superflu. || Conjonctions (cit. 8) parasites. || Bruits parasites en radio (→ ci-dessous, n. m.).
2 N. m. (1923). Perturbation apportée dans la réception des signaux radio-électriques par les variations de l'état électrique de l'atmosphère (parasites atmosphériques, ou, subst., atmosphériques) ou la présence d'appareils électriques (parasites industriels). || Crépitement des parasites. || Parasites qui empêchent d'écouter une émission (⇒ Brouillage). || Élimination des parasites. ⇒ Antiparasite.
15 San Antonio entend très mal à cause des parasites. J'entends mal aussi. Je crois être obligé de remonter bientôt l'antenne à cause des décharges.
Saint-Exupéry, Vol de nuit, XII.
16 Avec une modulation en fréquence, l'amplitude de l'onde porteuse émise étant maintenue constante, on peut utiliser, à la réception, des filtres exactement réglés sur cette amplitude, ce qui permet d'éliminer la plupart des parasites, atmosphériques ou industriels, qui deviennent surtout gênants lorsque leur amplitude est supérieure à celle du signal.
Jean Brun, Dict. de la radio, Modulation en fréquence.
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DÉR. et COMP. Parasitaire, parasitémie, parasiter, parasiticide, parasitique, parasitisme, parasitologie, parasitose. Phytoparasite, pseudo-parasite, zooparasite. Antiparasitage. Antiparasite. Déparasiter.
Encyclopédie Universelle. 2012.