préoccuper [ preɔkype ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1352 ; « saisir prématurément » XIIIe; lat. præoccupare « occuper avant un autre »
1 ♦ Inquiéter fortement. ⇒ tourmenter, tracasser, travailler. Son avenir me préoccupe. « Il faut croire que ces questions me préoccupent depuis longtemps » (Martin du Gard). Il est préoccupé par la santé de sa femme.
2 ♦ (XVIIe) Vieilli Occuper exclusivement (l'esprit, l'attention). ⇒ absorber, obséder. Cette idée le préoccupe.
3 ♦ V. pron. SE PRÉOCCUPER : s'occuper (de qqch.) en y attachant un vif intérêt mêlé d'inquiétude. ⇒ s'inquiéter, s'intéresser (à), 1. penser (à), se soucier. Il ne s'en préoccupait guère. ⇒ s'embarrasser. Se préoccuper de faire qqch. Les amis véritables « flairent les chagrins de leurs amis, ils en devinent les causes, ils s'en préoccupent » (Balzac).
⊗ CONTR. Désintéresser (se), moquer (se).
● préoccuper verbe transitif (latin praeoccupare) Être pour quelqu'un une cause de grand souci, d'inquiétude : Cet enfant nous préoccupe, sa santé est fragile. ● préoccuper (synonymes) verbe transitif (latin praeoccupare) Être pour quelqu'un une cause de grand souci, d'inquiétude
Synonymes :
- alarmer
- ennuyer
- troubler
préoccuper
v.
rI./r v. tr.
d1./d Inquiéter. Sa santé me préoccupe.
d2./d Occuper fortement l'esprit de (qqn). Cette affaire le préoccupe.
rII./r v. Pron. Se préoccuper de: se soucier de.
⇒PRÉOCCUPER, verbe trans.
A. —1. Occuper fortement l'esprit, l'absorber tout entier. Le soin de sa fille le préoccupait tout entier (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.352). L'heure du dévouement arrivée, on reconnaît à l'impuissance du sacrifice la vanité du sentiment qui nous préoccupait sans nous posséder (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p.171). Ces êtres innombrables dont la destinée préoccupe le penseur (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p.174):
• ♦ ... comment Dieu le Père a-t-il pu seulement nous apercevoir? Et nous ayant découverts, il nous donne son fils... Une autre question me préoccupait encore plus. Pourquoi Dieu a-t-il créé le monde?
GREEN, Journal, 1939, p.166.
2. Empl. pronom.
a) Vx. S'absorber tout entier dans quelque chose. Je suis souvent dans ces dispositions externes et opposées; il n'y a pas d'équilibre dans mon être. Je suis absorbé par le moindre travail, je me tends, je fais effort, je me préoccupe pour une lettre d'affaires, une simple note, comme s'il s'agissait des choses les plus graves (MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p.106).
b) Se préoccuper de/pour (qqn ou qqc.). S'occuper de quelqu'un ou de quelque chose en y attachant un vif intérêt, une attention particulière. Synon. s'inquiéter de, s'intéresser à, se soucier de.
— [Le compl. désigne une pers.] Il reconnut le fiacre, se préoccupa peu du cocher et monta (PONSON DU TERR., Rocambole, t.4, 1859, p.213). À quoi bon tant se préoccuper de l'auteur, si l'auteur n'a pas été maître de ce qu'il faisait (Arts et litt., 1936, p.40-5). La linguistique (...) aurait dû, d'autant plus, se préoccuper de Freud que toute la cure chez ce dernier (...) repose sur la communication verbale (Traité sociol., 1968, p.413).
— [Le compl. désigne une chose] J'avais eu à me préoccuper de la menace qui se préparait dans la région de Rocroi (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.335). Je n'en prétendrai pas moins que Nerval ne se préoccupe pas de mythologie! (DURRY, Nerval, 1956, p.81).
♦Se préoccuper de faire qqc. Je m'étais préoccupé de préparer l'intervention en zone britannique de la réserve française (FOCH, Mém., t.2, 1929, p.51). Les tenants de chaque discipline se préoccupent de délimiter et de défendre leur domaine (Gds cour. pensée math., 1948, p.339).
B. —Causer du souci à quelqu'un, inquiéter fortement quelqu'un. Synon. tourmenter, tracasser. Sa santé le préoccupe; l'avenir me préoccupe. On se plaint de votre paresse... Vous préoccupez votre famille (CHARDONNE, Épithal., 1921, p.354).
— Empl. pronom. réfl. Se faire du souci. Synon. se soucier. Tu sais, Pierre... il ne faut pas que tu te préoccupes à mon sujet (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p.146).
Prononc. et Orth.:[], (il) préoccupe [-kyp]. Ac. 1694: pré-; 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. 1. XIIIes. «saisir prématurément» (Bible, ms. B.N., fr. 901, f° 13a ds GDF.); 2. ca 1355 «occuper fortement (l'esprit de quelqu'un)» (BERSUIRE, Tite-Live, ms. Ste-Gen., f° 296a ds GDF. Compl.); 1797 préoccupé «(air) qui laisse paraître la préoccupation de quelqu'un» (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, p.1794); 3. 1560 «prévenir quelqu'un, occuper complètement et d'avance son esprit» (CALVIN, Institution, III, XXI, 7, éd. J.-D. Benoit, p.416, empl. pronom.); 4. 1818 se préoccuper de «être absorbé par le souci de» (MAINE DE BIRAN, op. cit., p.105); 1846 trans. «donner du souci (à quelqu'un)» (FLAUB., Corresp., p.284); 1860 préoccupant «qui préoccupe, inquiète» (GONCOURT, Journal, p.862); 5. 1834 se préoccuper de qqc. «s'occuper de quelque chose en y attachant un vif intérêt» (BALZAC, Langeais, p.227). Empr. au lat. praeoccupare «occuper le premier», également «gagner par avance l'esprit de quelqu'un, prévenir». Fréq. abs. littér.:1001. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 692, b) 1667; XXes.: a) 1986, b) 1578.
préoccuper [pʀeɔkype] v. tr.
ÉTYM. 1352; lat. præoccupare, « occuper avant un autre, gagner d'avance, prévenir », de præ et occupare → Occuper.
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1 (1642). Inquiéter fortement, donner beaucoup de souci à (qqn). ⇒ Tourmenter, tracasser, travailler. || Sa santé me préoccupe. || Préoccuper qqn… (→ Fantoche, cit. 3).
1 Il faut croire que ces questions me préoccupent depuis longtemps (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 192.
2 Vx. (Av. 1525). S'emparer de l'esprit, du cœur de (qqn) par préoccupation (2.). ⇒ Prévenir. || « Il ne faut pas qu'un juge se laisse préoccuper » (Académie, 1694).
3 (1352). Sujet n. de chose. Occuper exclusivement l'esprit, l'attention… de (qqn). ⇒ Absorber, obséder. || Amuser (cit. 9) l'esprit au lieu de le préoccuper. || Bruit étrange (cit. 9) qui préoccupe l'oreille. || Cette idée le préoccupe. ⇒ Trotter (dans la tête).
2 D'où vient que les noms de certaines villes vous préoccupent invinciblement l'imagination et bourdonnent pendant des années à vos oreilles avec une mystérieuse harmonie, comme ces phrases musicales retenues par hasard et qu'on ne peut chasser ?
Th. Gautier, Voyage en Russie, II, Le Volga.
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se préoccuper v. pron.
ÉTYM. (1844).
♦ S'occuper (de qqch.) en y attachant un vif intérêt (mêlé parfois de quelque inquiétude). ⇒ Considérer, inquiéter (s'), intéresser (s'), penser (à).
♦ REM. Selon Littré, cet emploi pronominal n'a d'autre sens que « avoir l'esprit saisi par une opinion préconçue », et ce serait « une faute fort commune aujourd'hui d'employer se préoccuper pour s'occuper ». Cette prétendue « mauvaise locution » est pourtant employée par les meilleurs auteurs depuis le début du XIXe siècle. || Se préoccuper de « vils intérêts matériels » (→ Écheniller, cit. 1, Balzac), de l'effet à produire (→ Interloquer, cit. 3, Balzac; et aussi confiner, cit. 3, Hugo). || Se préoccuper d'une chose (→ Concerner, cit. 5; effort, cit. 11; épidémie, cit. 3; figure, cit. 14.3), de faire qqch. (→ But, cit. 18; engager, cit. 48; noble, cit. 13). || Il ne s'en préoccupait guère. ⇒ Embarrasser (s'). || Ne se préoccuper que de son plaisir. ⇒ Connaître.
3 (…) les amis véritables jouissent dans l'ordre moral, de la perfection dont est doué l'odorat des chiens : ils flairent les chagrins de leurs amis, ils en devinent les causes, ils s'en préoccupent.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 544.
4 Mais M. de Lommérie est un catholique sincère, qui se préoccupe de la condition du peuple, et ne voudrait commettre ni le péché de dureté, ni celui d'injustice.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVIII, p. 294.
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préoccupé, ée p. p. adj.
1 (1580). Vx. Prévenu, persuadé par quelque idée préconçue. || Détromper (cit. 2) un homme préoccupé de son mérite.
5 (…) je veux croire qu'à moins que d'avoir l'esprit fort préoccupé d'un sentiment contraire, ils (les curieux) demeureront d'accord de ce que je dis.
Corneille, la Galerie du Palais, Examen.
6 Rome de ma faveur est trop préoccupée (…)
Racine, Britannicus, I, 2.
2 (V. 1355). Qui est sous l'empire d'une préoccupation. ⇒ Absorbé, anxieux, inquiet. || Constamment préoccupé et abstrait (cit. 9). || Préoccupé, tendu et irritable (cit. 3). — Préoccupé de quelque chose (→ Conseiller, cit. 5; médiocrité, cit. 4; occulte, cit. 9), de faire quelque chose (→ Lésiner, cit.). ⇒ Attentif (à), soucieux.
7 Il arrivait, l'esprit plein de petits soucis nouveaux, préoccupé de la coupe d'une jaquette, de la forme d'un chapeau de feutre, de la grandeur convenable pour des cartes de visite.
Maupassant, Pierre et Jean, VI.
♦ (1824). || Un air préoccupé, qui manifeste la préoccupation de l'esprit. ⇒ aussi Pensif, songeur.
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DÉR. Préoccupant.
Encyclopédie Universelle. 2012.