moquer [ mɔke ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1180; o. i., p.-ê. onomat
I ♦ Littér. Tourner en ridicule, traiter comme un objet de dérision ou de plaisanterie (surtout p. p.).⇒ railler, ridiculiser. « Il se vit bafoué, Berné, sifflé, moqué, joué » (La Fontaine). « Mais il ne me déplaît pas d'être moqué » (A. Gide).
II ♦ SE MOQUER v. pron.
A ♦
1 ♦ Se moquer de qqn, de qqch. Tourner en ridicule. ⇒ bafouer, blaguer, fam. charrier, 2. chiner, vx 1. dauber, se gausser, gouailler, narguer, persifler, railler, ridiculiser, 1. rire (de) [cf. fam. et pop. Mettre en boîte, se fiche(r), se foutre, se payer la tête de]. Il se moque de son professeur en l'imitant. ⇒ contrefaire, parodier. On s'est moqué de lui. Se moquer de soi-même (⇒ autodérision) . « Je n'ai pas envie de me faire moquer de moi » ( Romains). Je me moquai de sa frayeur.
2 ♦ Ne pas se soucier, ne pas faire cas de (qqn, qqch.). ⇒ dédaigner, se désintéresser, mépriser. Je m'en moque (cf. Ça m'indiffère, ça m'est égal; fam. je m'en balance, je m'en bats l'œil, je m'en fiche, je m'en fous, je m'en tape; je n'en ai rien à cirer, à foutre, à secouer; vulg. je m'en torche, je m'en branle, je n'en ai rien à branler). Se moquer du qu'en-dira-t-on. ⇒ braver. Loc. Se moquer d'une chose comme de l'an quarante, comme de sa première chemise, comme de sa première culotte. Se moquer du tiers comme du quart. « Léon se moquait pas mal des souvenirs de M. Octave » (Montherlant). — Se moquer de (et l'inf.) :s'abstenir, refuser de faire une chose. Prêcher « que l'État doit être fort et se moquer d'être juste » (Benda). — (Choses) « La vraie éloquence se moque de l'éloquence » (Pascal).
3 ♦ Tromper ou essayer de tromper (qqn) avec désinvolture. Il s'est bien moqué de vous. ⇒ 1. avoir, berner, duper, rouler. Vous vous moquez du monde !
B ♦ Vieilli ou littér. Ne pas agir, ne pas parler sérieusement. ⇒ plaisanter. Vous vous moquez, je pense.
⊗ CONTR. Admirer, flatter, respecter. Intéresser (s').
● moquer verbe transitif (radical expressif mokk-, indiquant le mépris) Littéraire. Railler quelqu'un, quelque chose, le tourner en ridicule. ● moquer (expressions) verbe transitif (radical expressif mokk-, indiquant le mépris) Se faire moquer de soi, être l'objet de railleries.
moquer (se)
v. Pron. Se moquer de.
d1./d Railler, tourner en ridicule.
d2./d Mépriser, braver, ne faire aucun cas de (qqn, qqch). Se moquer du danger.
|| Traiter avec une trop grande légèreté; abuser (qqn). Il se moque du monde.
⇒MOQUER, verbe trans.
I. — Emploi trans., vx ou littér. [Surtout employé au passif] Tourner en dérision, railler (quelqu'un ou quelque chose). Elle était seule, (...) montrée au doigt, criée par les rues, battue des sergents, moquée des petits garçons en guenilles (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.248). Nous prêtons à rire... Mais il ne me déplaît pas d'être moqué (GIDE, Journal, 1918, p.646):
• 1. Les petites compositions ingénues de Puvis de Chavannes touchent tellement à la caricature qu'on les croirait l'oeuvre d'un caricaturiste moquant les primitifs, comme Daumier moquait l'histoire ancienne dans Le Charivari.
GONCOURT, Journal, 1888, p.775.
II. — Emploi pronom.
A. — Se moquer de (qqn/qqc.)
1. Tourner en dérision, en ridicule, prendre comme objet de plaisanterie (quelqu'un ou quelque chose).
a) [Le compl. désigne une pers.] Synon. brocarder, rire de; (vulg.) se foutre de, se ficher de qqn; (fam.) chiner, mettre en boîte, se payer la tête (de). D'autres fois, quand il était de belle humeur, il se moquait d'elle, il la blaguait (ZOLA, Assommoir, 1877, p.723). Comme mari tout-puissant et taquin, il était enchanté de se moquer de sa femme (PROUST, Sodome, 1922, p.960):
• 2. Croyez-vous que je ne me sois pas aperçu qu'ils se moquaient de vous et de moi? Ah, je veux me moquer d'eux à mon tour...
FIÉVÉE, Dot Suzette, 1798, p.121.
♦Se faire moquer (de soi). Être l'objet de plaisanteries, de railleries. Mon père est désolé de ces articles de l'Universel qui me font moquer de moi (LAMART., Corresp., 1830, p.39).
b) [Le compl. désigne une chose] Synon. s'amuser (de), railler, ridiculiser, rire (de). Euphrasie riait beaucoup et se moquait presque de mon éclat de joie lorsque j'ai ouvert la fenêtre (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1837, p.123). Voulez-vous donc que les Parisiens, qui sont railleurs, se moquent de la mauvaise diction d'une d'Este? (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.13):
• 3. J'avais (...) entendu deux de mes camarades bafouer (...) une vieille dame (...). J'avais ri de leurs propos au lieu de les relever. La vieille dame allait à la messe; s'en moquer, c'était donc se moquer d'une action pieuse.
BOURGET, Disciple, 1889, p.86.
2. [Souvent renforcé par un adv. à sa suite, notamment bien ou fort] Mettre en évidence par son attitude que l'on ne fait pas cas de quelqu'un ou de quelque chose, que l'on y est indifférent, qu'on l'ignore. Synon. se balancer (de) (pop.), dédaigner, se désintéresser (de), se ficher (de) (pop.), se foutre (de) (vulg.).
a) [Le compl. désigne une pers.] Il y va de la vie de mon frère. — Je me moque pas mal de votre frère (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p.300). Si ta soeur n'est pas contente, elle me le dira, à moi! Je m'en moque bien de ta soeur (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.355). Que sont ces fléchettes d'écolier à côté de ce grand mépris, solennellement distribué en une séance mémorable? L'Académie se moque des moqueurs (ALAIN, Propos, 1927, p.727).
b) [Le compl. désigne un fait ou une chose] Se moquer de la morale, de l'opinion publique, des usages; se moquer de la chaleur, du froid; se moquer de ses affaires, de ses malheurs, de la patrie. Le capitaine Branciforte se moquait fort de l'avenir de son fils (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p.161). Si elle se moquait de la bagatelle, elle tenait aux égards (ZOLA, Assommoir, 1877, p.676):
• 4. Ma conscience! fit l'enfant avec un emportement farouche. Il ne s'agit pas de ma conscience! Je me moque bien de ma conscience! Ce n'est pas ma conscience qui...
BERNANOS, Crime, 1935, p.859.
— S'en moquer (+ adv.). Synon. s'en foutre (vulg.). C'est partie remise, et je m'en moque profondément (FLAUB. Corresp., 1866, p.235). Je m'en moque absolument. Elle sera autre: voilà ce que je veux dire (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p.322). Ils s'en moquent bien! Ils sont naturellement prodigues et insouciants (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p.51).
— Se moquer (de + verbe à l'inf./que + phrase au subj.). Michelet veut trop poétiser la nature. Elle n'a pas besoin de ça. Elle se moque d'être surfaite (RENARD, Journal, 1898, p.492). Oh! Je me moque bien qu'il soit célèbre ou non, dit-elle (...). C'est autre chose qui est en jeu (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.176). Cyril se moquait d'aller ou non à Saint-Raphaël. Le principal pour lui était d'être où j'étais (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p.142).
— Loc. fam. Se moquer de qqc. comme (de l'an quarante/de sa première chemise/de colin-tampon); se moquer du tiers comme du quart.
— Loc. pop., vieilli. J't'en moque! Synon. pop. et fam. je t'en fiche! Azor! j't'en moque! — Tu vas m'la payer, aie pas peur! (MONNIER, Scènes pop., 1830, p.5). Je t'en moque. Qu'est-ce qu'il aurait fait, mon mari, s'il ne m'avait pas eue? (BECQUE, Parisienne, 1885, II, 8, p.311).
3. Traiter quelqu'un de manière désinvolte, méprisante, avec impudence. Synon. bafouer, se jouer de. Il ne redoute personne, mais il respecte tout le monde; à couvert sous l'opinion il se moque de chacun (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p.276). Vous m'ôtez mes enfants, et vous vous moquez de moi me posant seule au milieu de ces biens que j'ai conquis (CLAUDEL, Otage, 1911, I, 1, p.228):
• 5. — Le Crochard prendra votre argent et se moquera de vous, dit Leuwen (...). — Oh! que non! On ne se moque [it. ds le texte] pas d'un préfet, dit en ricanant M. de Riquebourg, choqué du mot.
STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1836, p.82.
— Loc. Se moquer des gens, du monde. Avoir un langage ou un comportement peu sérieux et désinvolte, et parfois insolent. Cette petite madame Séguin se moque du monde lorsqu'elle prend des airs de désolation, en disant qu'elle aurait tant voulu nourrir, mais (...) qu'elle n'avait pas de lait. Elle n'a jamais essayé (ZOLA, Fécondité, 1899, p.274). Si Swann avait trente ans de plus et une maladie de la vessie, on l'excuserait de filer ainsi. Mais tout de même il se moque du monde (PROUST, Swann, 1913, p.270).
B. — Se moquer (vieilli ou littér.). Ne pas agir, ne pas parler sérieusement. Synon. charrier (pop.)., plaisanter, rigoler (fam.). Halte-là! monsieur l'auteur. Vous moquez-vous avec votre titre qui ne tient pas ses promesses (VERLAINE, Œuvres compl., t.4, Mém. veuf, 1886, p.218). Hélas! je vais avoir trente ans. Trente ans! Vous moquez-vous? C'est la grâce des arbres, Le soleil de midi qui tombe sur les arbres (COCTEAU, Poèmes, 1916-23, p.177).
Prononc. et Orth.:[], (il) moque []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1174-77 trans. «railler, plaisanter» (Renart, éd. M. Roques, VIIa, 6038); d'apr. FUR. 1690 moquer ,,ne se dit qu'avec le pronom personnel``; ca 1350 m. de (qqc.) (GILLES LI MUISIS, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t.2, p.288); fin XIIIe s. absol. (Sone de Nansai, 829 ds T.-L.); XIIIe s. soi moquer de (qqn) (Isopet de Lyon, éd. J. Bastin, XXXVI, 29); 1539 se faire mocquer de soi (EST.); 2. 1267 soi m. de «ne faire aucun cas de, dédaigner» (RUTEBEUF, Voie de Tunes, éd. Ed. Faral et J. Bastin, 117); 1509 estre mocqué «être trompé, leurré» (Arch. Nord, LM 26336); ca 1590 se moquer de + inf. «s'abstenir de» (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey, livre I, chap.20, t.1, p.92). Orig. obsc.; prob., formation expr. à partir d'un rad. mokk- marquant le mépris, cf. les correspondants du fr.: vénit. mocar «moquer; dire des paroles inutiles», piémontais moca «grimace» (FEW t.6, 3, p.22b, v. aussi REW3 n°5637). L'hyp. d'un rattachement au gr. «railler» (Jud. ds Vox romanica t.5, p.304) présente des difficultés d'ordre phonét., et celle d'un rattachement à l'a. nord. moka «remuer du fumier» (J. ORR ds Archivum Linguisticum t.9, pp.31-33) n'est pas suffisamment étayée quant à son évolution sém. et à son orig. normande. Fréq. abs. littér.:3447. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4424, b) 4889; XXe s.: a) 5278, b) 5091.
DÉR. Moquable, adj., rare, vieilli. [Correspond à moquer II A 1] Susceptible ou digne d'être moqué, raillé. Synon. risible. C'était sur votre grave et silencieux ami (...) que se répandait votre malice en moqueuses allusions. Il est vrai que j'étais justement moquable dans votre pensée (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p.280). Pour être moins moqué le gouvernement n'en sera que plus moquable (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.101). — []. — 1res attest. av. 1544 mocquable (DES PÉRIERS, trad. du Lysis de Platon ds Œuvres, éd. L. Lacour, t.1, p.11), att. au XVIe s., voir HUG., à nouveau 1819 (BOISTE qui cite Marivaux: moquable); de moquer, suff. -able.
moquer [mɔke] v.
ÉTYM. V. 1180, pron.; trans., Renart, déb. XIIIe; d'un rad. expressif moll- (germanique ?).
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♦ V. tr. Littér. Agir, parler de manière à tourner en ridicule, faire un objet de dérision ou de plaisanterie de (qqn, qqch.). ⇒ Railler, ridiculiser (→ Dénoncer, cit. 11). || « Il se vit bafoué (cit. 1), berné, sifflé, moqué, joué » (La Fontaine). → Chrétien, cit. 1; fâcher, cit. 8; gorge, cit. 27.
REM. Cet emploi transitif n'est pas signalé par l'Académie (8e éd., 1935). Littré notait, au siècle dernier : « On ne dit pas moquer qqn; mais on dit être moqué par qqn. L'ancienne langue employait régulièrement l'actif ». De nos jours, on constate, dans la langue littéraire du moins, un retour à l'ancien usage.
1 (…) je fus moqué, hué, sifflé de tous les savants (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, XI.
2 (…) ce petit livre (…) qui ne sera pas lu par les intéressés, ou qui sera moqué par ceux qu'il voudrait avertir.
Ch. Maurras, l'Avenir de l'intelligence, p. 9.
3 Autour de nous on se gausse… Nous prêtons à rire… Mais il ne me déplaît pas d'être moqué.
Gide, Journal, 15 févr. 1918.
4 Ceux mêmes qui le moquaient (Mallarmé) travaillaient à le tirer de l'ombre (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XII, XII, p. 119.
5 Je n'ai rien à faire dans un temps où l'honneur est puni, — où la générosité est punie, — où la charité est punie, — où tout ce qui est grand est rabaissé et moqué (…)
Montherlant, le Maître de Santiago, I, 4.
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se moquer v. pron.
ÉTYM. (V. 1180).
A (suivi d'un compl.)
1 Cour. || Se moquer de qqn, de qqch., le tourner en ridicule. ⇒ Amuser (s'), bafouer, berner, blaguer (fam.), brocarder, chambrer (fam.), chansonner, charrier (fam.), chiner (fam.), contrefaire, dauber, divertir (se), gaudir (se), gausser (se), jouer (se), narguer, nasarder, parodier, persifler, railler, ridiculiser, rire, satiriser. → les loc. et emplois fam. Être après qqn; tourner en dérision, mettre en boîte; emboîter; se ficher, se foutre de qqn; faire la figue, la nique; s'offrir, se payer la fiole, la tête de qqn; faire des gorges chaudes; prendre qqn comme jouet, comme tête de Turc, pour plastron; montrer du doigt, rire au nez, tirer la langue, tourner en ridicule (→ Bon, cit. 57; bras, cit. 40; bureaucrate, cit.; effiler, cit. 7). || Se moquer de soi-même (→ Grâce, cit. 95; humour, cit. 9). || Je me moquai de sa frayeur (cit. 5). Se moquer des vieilles croyances (→ Malencontre, cit. 2), des choses saintes. ⇒ Blasphémer.
6 Il avait ourdi une trame pour se moquer des Parisiens, pour les tordre, les rouler, les pétrir, les faire aller, venir, suer, espérer, pâlir; pour s'amuser d'eux, lui, ancien tonnelier au fond de sa salle grise (…)
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 557.
7 Il (Béranger) parlait de l'homme du destin, des trois couleurs, du vieux sergent, et il donnait en outre aux Français les moyens de se moquer de leurs vainqueurs, service que n'oublie jamais ce peuple brave, fier et spirituel, content de tout s'il peut rendre son ennemi ridicule.
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Béranger ».
8 Marie voulait tout faire elle-même, se moquait gentiment de l'aide que lui offrait Sammécaud, lui adressait des taquineries de jeune fille.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, IV, p. 30.
REM. Littré notait déjà, au siècle dernier, que la tournure vous vous ferez moquer de vous, « tout opposée à la grammaire et même toute barbare qu'elle est, a pour elle l'usage, l'autorité de l'Académie et celle des exemples ». L'Académie, 8e éd., admet aussi bien vous vous ferez moquer de vous, et, absolt, vous vous ferez moquer (→ Indiscipliné, cit. 1, Bossuet, et de nombreux exemples dans Grevisse, le Bon usage, §611, 4).
9 René nous racontait l'autre jour qu'il passe toutes ses journées à se faire moquer de lui par cette petite Colette Rigaud (…)
Paul Bourget, Mensonges, II.
10 Je n'ai pas envie de me faire moquer de moi.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VI, XXIX, p. 255.
♦ Absolt. || Elle aime se moquer. ⇒ Goguenarder, gouailler (fam.), ironiser, rire (→ Arriver, cit. 62; garer, cit. 6; hilarité, cit. 5).
11 (…) Madame de Verdelin était spirituelle, et (…) Rousseau, comme tous les lyriques et les passionnés, n'a jamais supporté l'esprit. Il croyait toujours qu'on se moquait, quand seulement on était gai.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 192.
2 (XIIIe). Ne pas se soucier, ne pas faire cas de (qqn, qqch.), ne porter aucune attention à, être indifférent à l'égard de (qqn, qqch.). ⇒ Dédaigner, désintéresser (se), mépriser. || Je m'en moque complètement. → les loc. fam. ou vulg. Je m'assois dessus, je m'en balance, je m'en bats l'œil, je m'en branle, je m'en contrefiche, je m'en fiche, je m'en fous, je m'en tape, je m'en tamponne le coquillard; ça m'est égal. || « La vraie éloquence se moque de l'éloquence » (cit. 1, Pascal; → aussi Morale, cit. 9). || La nature se moque des individus (→ Importer, cit. 2). || Se moquer du qu'en-dira-t-on. ⇒ Braver. ☑ Se moquer d'une chose comme de l'an quarante, comme de colin-tampon, comme de sa première culotte, de sa première chemise, comme de quatre sous, comme de ses vieux souliers. ☑ Se moquer du tiers comme du quart. — Fam. || Je m'en moque pas mal !
12 (…) les petits se vengent des puissants par de vains souhaits, et les puissants s'en moquent.
Voltaire, Dialogues, XIV.
13 Léon se moquait pas mal des souvenirs de M. Octave, mais il l'écoutait avec une grande expression d'attention (…)
Montherlant, les Célibataires, I, V.
♦ Se moquer de (et l'inf.) : s'abstenir, dédaigner, refuser, ne pas se soucier de faire une chose. || Moquez-vous d'affecter cet orgueil indomptable (→ Enflammer, cit. 12). || Se moquer d'être juste (→ Enseignement, cit. 2).
REM. Sans être littéraire, le verbe, dans cet emploi, est supplanté dans l'usage courant par ses synonymes familiers (se ficher, se foutre de…) ou non (ça m'est égal).
3 (1549). Tromper ou essayer de tromper (qqn) avec désinvolture. ⇒ Leurrer (→ Camarade, cit. 7; hypocrite, cit. 13). || Se moquer des gens (→ Aller, cit. 79), du monde. || Il s'est moqué de nous en nous payant de bonnes paroles (→ Payer en monnaie de singe).
14 — Traître, te moques-tu de moi ?
— Non, je te parle avec franchise.
Molière, Amphitryon, II, 3.
15 L'ange Ituriel se moque du monde de vouloir détruire une ville si charmante.
Voltaire, le Monde comme il va, « Vision de Babouc ».
REM. Le verbe semble vieilli ou littéraire, notamment avec un complément personnel : tu te moques de moi est pris au sens 1.
B (Sans compl.). Vieilli ou littér. || Se moquer : ne pas agir, ne pas parler sérieusement. ⇒ Plaisanter. || Vous vous moquez, je pense (Académie). || Vous moquez-vous ? (→ Arrêter, cit. 68). — (Avec un infinitif présenté par de). || Vous vous moquez, de me raconter une histoire pareille (→ Vous me la baillez, vous me la donnez belle).
16 (…) lui sied-il bien d'être encore amoureux ? et ne devrait-il pas laisser cette occupation aux jeunes gens ? — Vous avez raison, il se moque.
Molière, l'Avare, IV, 4.
17 Bagatelles, bagatelles. C'est pour me faire peur. — Hé bien ! puisqu'il le faut, voici qui nous contentera tous deux, et montrera si je me moque.
Molière, George Dandin, III, 6.
18 On crut qu'il se moquait, on sourit, mais à tort.
La Fontaine, Fables, IV, 18.
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DÉR. Moquable, moquerie, 1. moquette, moqueur.
Encyclopédie Universelle. 2012.