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prétendre

prétendre [ pretɑ̃dr ] v. tr. <conjug. : 41>
• 1320; lat. prætendere « tendre en avant, présenter »
1Vx ou littér. demander, revendiquer. « Sans vous demander rien, sans oser rien prétendre » (Racine).
2(déb. XVe ) Vx Poursuivre (ce que l'on réclame comme un droit). Mod. et littér.PRÉTENDRE À : aspirer ouvertement à (ce que l'on considère comme un droit, un dû). « Personne ne peut mieux prétendre aux grandes places que ceux qui ont les talents » (Vauvenargues). Prétendre à un titre, à une responsabilité, à un salaire supérieur, les revendiquer. — (Avec l'inf.) Vieilli « Sans prétendre à vous obtenir, je m'occupai de vous mériter » (Laclos).
3Cour. Avoir la ferme intention de (avec la conscience d'en avoir le droit, le pouvoir). (Avec l'inf.) 1. vouloir. Je prétends être obéi (cf. Se flatter de). Que prétendez-vous faire ? « Je prétendais courir une aventure qu'aucun autre encore n'eût courue » (A. Gide). Je ne prétends pas avoir raison à tout prix, je n'en ai pas la prétention. « Je ne prétends point me défendre » (Molière). Vieilli Prétendre que. « Tu prétends [...] que j'endure éternellement tes insolences ? » (Molière).
4(1380) Affirmer avec force; oser donner pour certain (sans nécessairement convaincre autrui). déclarer, soutenir. Il prétend m'avoir prévenu, qu'il m'a prévenu. « Tu prétends être fort habile » (La Fontaine). « Vous venez prétendre ensuite que vous ne m'avez pas questionné ! » (Courteline). En prétendant que (cf. Sous prétexte que). Est-ce vrai, ce qu'on prétend ? À ce qu'il prétend... : à ce qu'il dit (mais je n'en crois rien). ⇒ soi-disant. (Suivi du subj. avec négation ou interrog.) Je ne prétends pas qu'il l'ait dit. « Sera-t-on fondé à prétendre que Racine n'ait pas su caractériser les hommes ? » (Vauvenargues).
5Pronom. SE PRÉTENDRE : affirmer que l'on est. Il se prétend lésé dans ce partage. Ma fille « qui s'est faite abbesse et qui se prétend l'épouse de Jésus-Christ » (J. Aurenche et B. Tavernier, « Que la fête commence », film).

prétendre verbe transitif (latin praetendere, mettre en avant) Affirmer quelque chose, le donner pour vrai : Je ne prétends pas qu'il ait (ou qu'il a) dit cela. Il prétend être le seul à savoir. Affirmer être capable de faire telle chose : Vous prétendez le convaincre. Vouloir quelque chose, en avoir la ferme intention : Il prétend qu'on lui obéisse en tout.prétendre (difficultés) verbe transitif (latin praetendere, mettre en avant) Conjugaison Comme tendre. Construction et sens 1. Prétendre à (+ nom) = aspirer à, rechercher. Tous les hommes prétendent au bonheur. 2. Prétendre (+ infinitif) = chercher à ; affirmer. Tous les hommes prétendent être heureux. Je prétends avoir raison. 3. Prétendreque (+ indicatif ou subjonctif) = affirmer. Je prétends que j'ai raison. Je ne prétends pas qu'il l'a dit en ces termes mêmes. Prétendez-vous qu'il ait raison ? Le subjonctif ne s'emploie qu'après la forme interrogative ou négative, pour souligner l'idée de doute ou de faible probabilité. 4. Prétendre (+infinitif) ou prétendre que (+ subjonctif) = avoir l'intention de. Je prétends réussir, et je m'en donnerai les moyens. « Je prétends que ce livre soit écrit froidement, délibérément »(A. Gide). Remarque : Prétendre est ici assimilé à un verbe de volonté. Mais la construction prétendre que (+ subjonctif) est littéraire et assez rare. ● prétendre (synonymes) verbe transitif (latin praetendere, mettre en avant) Affirmer quelque chose, le donner pour vrai
Synonymes :
- alléguer
- avancer
- déclarer
- raconter
- soutenir
Affirmer être capable de faire telle chose
Synonymes :
- se piquer de
Vouloir quelque chose, en avoir la ferme intention
Synonymes :
- entendre
- se flatter de
- tenir à
- vouloir
prétendre verbe transitif indirect Demander quelque chose, le revendiquer pour soi : Vous pouvez prétendre à une indemnité.prétendre (synonymes) verbe transitif indirect Demander quelque chose, le revendiquer pour soi
Synonymes :
- briguer
- viser
- vouloir

prétendre
v.
rI./r v. tr.
d1./d Revendiquer de. Il prétend commander ici.
d2./d Affirmer, soutenir (qqch de contestable). Il prétend que j'ai menti.
rII./r v. tr. indir. Prétendre à: aspirer à (ce à quoi l'on estime avoir droit). Il prétend aux honneurs.
rIII/r v. Pron. Se faire passer pour. Il se prétend malade.

⇒PRÉTENDRE, verbe trans.
I. A. —Revendiquer, poursuivre quelque chose comme un dû, comme la rétribution nécessaire d'une certaine activité, position ou qualité. Synon. briguer, exiger, postuler, réclamer; anton. abdiquer, se désister, renoncer, résigner.
1. Vx. Prétendre + subst. ou pron. Cet amour (...) d'un dévouement à tout péril, osant tout mériter et n'osant rien prétendre (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p.299). L'Église ne saurait prétendre suzeraineté sur l'Empire: elle n'eut aucune part à son établissement; aucun titre légal ne l'autorise à en revendiquer l'hommage (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.183).
2. Prétendre à + subst. ou pron. Le peuple ne demande que le nécessaire, il ne veut que justice et tranquillité; les riches prétendent à tout, ils veulent tout envahir et tout dominer (ROBESP., Discours, Marc d'argent, t.7, 1791, p.166). Ses droits à pension au regard du régime général recommencent à courir à compter de ladite réintégration. Toutefois, dans le cas où il ne pourrait prétendre à pension au titre du régime de retraite auquel il a été affilié pendant sa mise hors cadre, il pourra (...) solliciter la prise en compte dans le régime général (Encyclop. éduc., 1960, p.297).
3. Absol. N'avoir rien à prétendre. Vous êtes un homme de la justice; vous êtes bien pressé de venir mettre les scellés chez nous. On n'a pas besoin de vous; la fille est majeure; et puisque je n'ai rien à prétendre (...) je n'en veux rien détourner (SAND, Jeanne, 1844, p.63).
B. —1. Vouloir fermement, se proposer de faire telle chose (avec la conviction d'en avoir le droit, le pouvoir). Synon. entendre, tenir à.
a) Vx. Prétendre + subst. ou pron. (de/sur qqn.). Il vient un moment triste dans la vie, c'est lorsqu'on sent qu'on est arrivé à tout ce qu'on pouvait espérer, qu'on a acquis tout ce qu'on pouvait raisonnablement prétendre (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t.5, 1846, p.465). Ce que je prétends de vous, c'est de m'aider à démêler quel genre de vie religieuse me peut convenir davantage (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.178). Je dis à Amour, mon ennemi: Toi qui oses, page Menu, prétendre sur moi quelque avantage (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p.75).
b) Vieilli, littér. Prétendre + inf. Un cocher qu'on paie, et qui doit nous mener, non où il veut, ni comme il veut, mais où nous prétendons aller (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. «Censeur», 1820, p.36).
Prétendre ne pas + inf. Refuser nettement de. Il ne voyageait pas seul et bien plus il prétendait ne pas être invité sans sa compagne (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.475).
c) Vieilli, littér. Prétendre que + prop. au subj.:
♦ Au Théâtre-Français, elle [une pièce intitulée L'Intérêt général] garderait, je pense, l'aspect d'une comédie «de caractères», ce que je prétends qu'elle soit, ce qu'elle est, réussie ou non; plutôt que d'une satire sociale (ce qu'elle prétendait être d'abord, et qui reste son point faible, car je n'ai pu faire disparaître complètement toutes les traces de cette première intention, désastreuse).
GIDE, Journal, 1943, p.252.
2. Prétendre à. Aspirer à telle chose (à juste titre). Synon. ambitionner, convoiter, désirer, rêver, souhaiter, soupirer après, viser.
a) Prétendre à + subst. ou pron. Il reste pour moi quelque chose de surnaturel dans les circonstances d'un effacement humain aussi complet. Il serait par trop vain d'y prétendre et je me persuade aisément que cette ambition (...) ne témoigne de rien que de peu honorable (BRETON, Nadja, 1928, p.18). Tout désirer, tout deviner, prétendre à tout au fond de soi-même, c'est un grand malheur pour un garçon qui est obligé de vivre médiocrement (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.54).
En partic., vieilli. Prétendre à (la main de) telle personne. Souhaiter l'épouser. Je touchais cet anneau qui me séparait d'elle à jamais (...). —Quoi! me disais-je, j'aurais pu prétendre aussi à elle! (...) mon nom, mon âge, ma fortune, tout me rapprochait d'elle (KRÜDENER, Valérie, 1803, p.80). [La demoiselle de compagnie] n'avait pas tardé à reconnaître que tous ces prétendants dont elle était assiégée prétendaient à tout excepté à sa main (FEUILLET, Honn. d'artiste, 1890, p.22).
b) Prétendre à + inf. Il est vraiment, dans ce Paris admirable, bien des maisons qui, chacune, peuvent prétendre à être la première, et toutes le sont (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.728). Pour avoir prétendu à tout expliquer, il n'a rien expliqué (MASSIS, Jugements, 1923, p.127).
Rare, vx. Prétendre de + inf. L'homme peut aspirer à la vertu: il ne peut raisonnablement prétendre de trouver la vérité (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p.59).
C.Péj. Avoir des ambitions exagérées, des visées hors de proportion avec ses capacités ou avec les possibilités réelles. Synon. se flatter, se piquer, se targuer, se vanter de.
1. a) Prétendre + inf. Prétendre connaître, démontrer, expliquer, faire, imposer, juger, posséder, savoir, trouver. Rien de plus périlleux et de moins justifié que de prétendre établir une exacte proportion entre le châtiment et la faute morale (BLONDEL, Action, 1893, p.270). Les hommes qui ont la triste audace de prétendre conserver l'unité nationale dans la honte de l'armistice sont les mêmes qui, déjà, passent leur temps à calculer quelle police, (...) quel système de menaces, de censure, de délation leur sont nécessaires pour maintenir autour d'eux quelque apparence d'ordre public (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.675).
Sans prétendre + inf. V. âme ex. 25.
Ne pas prétendre + inf. N'avoir pas la prétention de. Je ne prétends pas être infaillible (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.177).
b) Rare. Prétendre que + prop. au subj. Quand une chose me plaira, je ne prétends pas qu'elle te plaise, encore moins qu'elle plaise aux autres. Le ciel nous préserve des législateurs en matière de beauté, de plaisir et d'émotion! (TAINE, Voy. Ital., t.1, 1866, p.4).
2. Prétendre à + subst. ou inf. Elle prétendait à une finesse sans bornes, et toujours souriait avec malice; (...) elle voulait, par un sourire malin, faire entendre autre chose que ce que disaient ses paroles (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.109). Non qu'elle eût le ridicule de prétendre à le diriger dans l'art: elle (...) connaissait ses limites (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1549).
II. —Affirmer catégoriquement (généralement quelque chose de contestable), soutenir une hypothèse peu crédible avec une assurance exagérée, sans preuve à l'appui. Synon. assurer, avancer, déclarer, garantir.
A. —1. Prétendre + subst. ou pron. Vous allez prétendre que j'ai accepté en paiement des tissus mités? —Je ne prétends rien. Je dis seulement que le marché a été conclu (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.317).
2. Prétendre + subst. + attribut. Assurer fermement que telle chose ou personne est pourvue de telle qualité. V. appareillage ex. 3.
Empl. pronom. réfl. Se prétendre + attribut. Se présenter (généralement à tort) comme pourvu de certaine qualité, se faire passer pour. Vous vous prétendez sans talent littéraire, jeune présomptueux! (...) Vous vous vantez! (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.48). Rapaces qui se prétendent leurs bienfaiteurs (MARAN, Batouala, 1921, p.10). Il prétend qu'il descend en droite ligne de Scipion l'Africain. Ce sont des choses auxquelles il ne croit pas (...). Nombre de hauts personnages, à notre époque, se prétendent issus d'un héros antique (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 5, p.502).
B. Prétendre + inf. Prétendre tenir de. Un interminable monologue, où elle prétendait confusément en avoir assez de tout, et se libérer, (...) enfin des exagérations (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.263). Descartes prétendait être le maître de ses rêves: la médecine contemporaine nous affirme que ce n'est pas impossible (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.61).
C. —1. Prétendre que + adv. d'affirm. ou de nég. Je ne suis plus qu'un honnête bourgeois (...) encore, honnête, c'est moi qui le dis, mais il y en a qui prétendent que non (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1917, p.234).
2. Prétendre que + prop. à l'ind. ou au subj. après nég., interr. ou au cond. si le fait est considéré comme éventuel. Oser prétendre que. Ma femme prétendait que vous tomberiez amoureux de la jeune lady et moi j'affirmais que les philosophes sceptiques ne s'enflamment pas si aisément (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1844, p.75). J'ai reçu une lettre de reproches de la jeune Bosquet, qui prétend que je l'oublie. Cela est parfaitement vrai; mais s'il fallait fréquenter tous ses amis, on ne rentrerait pas chez soi (FLAUB., Corresp., 1865, p.174). Je ne prétends pas que je fusse coupable: c'était ainsi, voilà tout (SARTRE, Mots, 1964, p.54). V. dieu 1re Section III B ex. de Ponchon.
Rem. Le subj. n'est pas nécessairement utilisé après une prop. avec prétendre à la tournure nég. ou interr.: Manente: Prétendez-vous que votre Silvio a posé ses pieds dans le feu? (...) Bartholomeo: Pas un honnête homme ne prétendra que Silvio a eu peur (SALACROU, Terre ronde, 1938, III, 2, p.237).
D.Rare, empl. abs. On avait beau (...) jurer! prétendre! même exagérer si possible!... Elle hochait quand même incrédule! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.492).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.I. A. 1. 1320 pretendre de suivi d'un subst. désignant une chose «demander, réclamer (un droit)» (ds ISAMBERT, Rec. gén. des anc. lois fr., t.3, p.252); 2. 1587 pretendre de suivi d'un inf. «avoir l'intention de, espérer pouvoir faire» (LANOUE, [Discours pol. et milit.] 632 ds LITTRÉ). B. Pretendre a 1. a) suivi d'un subst. désignant une chose [empl. att. au sens de «réclamer (un droit)» ds N. DE WAILLY, Elém. de paloégr., Paris, t.1, 1838, p.160: copie de 1665 d'un vidimus en date de juin 1313 par Renaud, évêque de Metz, d'un acte de Renaud, comte de Bar, de mars 1118, Arch. nat. T 201, n° 70, cf. GDF. Compl.] ) 1409 «aspirer à, rechercher» pretendre a union (BOUCICAUT, Mém., III, V ds Nouv. coll. de mém. rel. à l'Hist. de France, éd. Michaud et Poujoulat, t.2, p.295b); 1re moit. XVes. [ms. XVIes.] pretendre a la bonne foi (St Eustache, éd. H. Petersen, 176, Mém. Sté neo-philol. de Helsingfors, t.7, 1924, p.196); ) 1559 spéc. (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Comp. de Timoléon avec Paul-Emile, II, éd. G. Walter, t.1, p.615: Il [Dion] aspirait et pretendait a ne sais quelle seigneurie et principauté); b) 1668 suivi d'un subst. désignant une pers. pretendre a [une femme] (MOLIÈRE, Avare, IV, 4); 2. Ca 1470 suivi d'un inf. «chercher à, tenter de» (GEORGES CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.323: ceux qui ont pretendu à moy desfaire). C. Pretendre 1. suivi de l'inf. a) 1459 «chercher à, aspirer à, tenter de» pretendre avoir vain pasturage (Coutumes de Bourgogne, XIII, V ds Nouv. coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t.2, p.1180); ca 1590 (MONTAIGNE, Essais, III, IX, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p.949); b) 1531 [éd.] «vouloir fermement» (J. DE VIGNAY, Mir. hist., II, fol. 10b ds GDF. Compl.); c) 1670 «avoir la prétention de, se flatter de» (PASCAL, Pensées, 84 ds OEuvres, éd. J. Chevalier, p.1108: il est arrivé à peu de prétendre connaître toute chose); 2. suivi d'un subst. désignant une pers. 1638, 8 janv. prétendre [une femme] (VOITURE, Lettres, LXXXVI ds OEuvres, éd. Paris, J. Clousier, t.1, 1734, p.200: de tant de belles il n'y en a pas une seule que je prétende). D. 1669 prétendre que suivi du subj. je ne prétends pas que «je n'admets pas, je ne veux pas que...» (MOLIÈRE, Pourceaugnac, I, 4). II. 1. Ca 1380 «affirmer fermement, soutenir, alléguer» (JEAN LEFÈVRE, Vieille, 6 ds T.-L.); fin XVes. empl. avec attribut (COMMYNES, Mém., V, 11, éd. J. Calmette, t.2, p.164: disant que le roi la pretendoit sienne [la ville d'Arras)]; 1759 réfl. empl. avec attribut (VOLTAIRE, Candide, XXII, éd. R. Pomeau, 1979, p.188: jugea que la dame qui se prétendait Cunégonde était une friponne); 2. 1661 prétendre que suivi du subj. (MOLIÈRE, École des maris, II, 8). Empr. au lat. praetendere prop. «tendre en avant; être situé devant» fig. «alléguer, invoquer, prétexter» à l'époque class.; «réclamer (une dette)» à basse époque (Digeste de Justinien); «affirmer fermement» au Moy. Âge (1310 ds DU CANGE). Fréq. abs. littér.:6710. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 9981, b) 6803; XXes.: a) 8813, b) 11074. Bbg. BERRENDONNER (A.). Le Fantôme de la vérité. Ling. Sémiol. 1977, n° 4, pp.130-160.

prétendre [pʀetɑ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. tendre (→ Rendre).]
ÉTYM. 1320; empr. au lat. prætendere « tendre en avant, présenter ».
1 Vx ou littér. Poursuivre (ce que l'on réclame comme un droit). Demander, exiger, réclamer, revendiquer (→ Attendre, cit. 66; exemption, cit. 4; grâce, cit. 91; jour, cit. 15). || Prétendre une chose de qqn. || Ne rien prétendre à qqch., dans qqch.REM. Cet emploi, vieux avec un nom déterminé, se rencontre encore (littér.) avec un pronom neutre ou indéfini.
1 Sans vous demander rien, sans oser rien prétendre (…)
Racine, Mithridate, I, 2.
2 Il crut que sans prétendre une plus haute gloire,
Elle lui céderait une indigne victoire.
Racine, Mithridate, I, 1.
3 (…) il faut songer que tes nouveaux enfants, n'ayant rien à prétendre dans l'héritage de ceux du premier lit, se trouveraient dans la misère si tu venais à mourir (…)
G. Sand, la Mare au diable, IV.
4 Les patriotes allemands (…) n'ont rien négligé pour alarmer les nations, les avertir qu'ils prétendent un empire universel.
Michelet, la France devant l'Europe, in Œ. choisies, p. 397.
(XIVe). Vx. Poursuivre (une chose que l'on désire). Désirer, vouloir. || Prétendre la main de qqn; prétendre qqn (pour l'épouser). → ci-dessous, prétendu.
5 (…) il faut (…) cesser toutes vos poursuites auprès d'une personne que je prétends pour moi (…)
Molière, l'Avare, IV, 3.
2 (Déb. XVe). Mod. Littér. (ou style soutenu). || Prétendre à : aspirer ouvertement à (ce que l'on considère comme un droit, un dû). Aspirer, tendre (→ Baptême, cit. 7). || Prétendre à un état (cit. 86), à un parti (→ Haut, cit. 40), à un rang (→ Éterniser, cit. 4). Ambitionner. || Prétendre à un héritage, à une succession. Lorgner (cf. Se mettre sur les rangs). || Les mystiques fascistes (cit. 4) n'ont jamais prétendu à un empire universel. || La musique (cit. 17) ne prétend plus à la consonance et à l'harmonie.
6 Personne ne peut mieux prétendre aux grandes places que ceux qui ont les talents.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 440.
7 (…) le petit Médard et Lahrier ne pouvaient, eux non plus, prétendre à l'avancement, étant, l'un un gamin et l'autre un amateur (…)
Courteline, Messieurs les ronds de cuir, 6e tableau, I.
8 N'était-ce pas de son devoir de montrer à ces militaires aimables certes, mais bornés, ce à quoi peut prétendre, dans les domaines de l'action et de la pensée, un aristocrate qui a suivi les cours de Victor Cousin et tutoyé Michel de Bourges ?
Pierre Benoit, Mlle de La Ferté, I, p. 11.
Vx. || Prétendre à une femme (pour l'épouser).
Prétendre à un titre, à une responsabilité ( Endosser), les revendiquer. || L'amabilité à laquelle vos Français prétendent à tort ou à droit (→ Maturité, cit. 6).
9 Ma bohémienne ne pouvait prétendre à tant de perfections.
Mérimée, Carmen, II.
10 L'idée d'être un homme infatue tous les hommes : comble de ridicule en presque tous. Comme s'il était permis à leur indigence d'y prétendre; et comme s'il n'en coûtait pas toute leur fortune, même aux héros.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VIII.
Prétendre à… (suivi de l'inf.). || Je prétendais à gagner le ciel (cit. 49). → aussi Durer, cit. 14; 1. lever, cit. 10.
11 Sans prétendre à vous obtenir, je m'occupai de vous mériter.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXVI.
12 Jamais il n'eût osé prétendre à épouser la pythonisse, la vierge sacrée.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 145.
13 (…) l'audacieux qui prétend à écrire, après tant d'autres, une « Vie de Jésus » se sent retenu par le scrupule (…)
Daniel-Rops, Jésus en son temps, Introd., p. 69.
Vx. || Prétendre de…
14 C'est en vain que tu prétendrais de le déguiser : l'affaire est découverte (…)
Molière, l'Avare, V, 3.
3 (V. 1460). Cour. Avoir la ferme intention, la volonté de… (avec la conscience d'en avoir le droit, le pouvoir). Entendre, 1. vouloir.(Suivi de l'inf.). || Je prétends être obéi. Flatter (se flatter de). → aussi Gourmander, cit. 1; gratuitement, cit. 8. || « Qui prétend contenter (cit. 3) tout le monde et son père ». || Que prétendez-vous faire ? (→ Hormis, cit. 6). || Cette liberté que nous prétendons représenter et défendre (→ Insubordination, cit. 1). || Chacun prétend dire ce qu'il veut (→ Ombrageux, cit. 3).(En parlant d'une prétention injustifiée ou démentie par les faits). || Perrette « prétendait arriver sans encombre à la ville » (→ Coussinet, cit. 1). || Ce qu'on prétendait lui cacher (cit. 24). || L'enfant qui prétend donner des leçons à ses parents (→ Monde, cit. 33).(La prétention étant injuste, condamnable). → Asservir, cit. 7; attenter, cit. 9.
15 C'est en vain (…) qu'on prétend donner aux choses humaines une solidité qui n'est pas dans la nature (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, II.
16 (…) avec un énorme aplomb, et un tout petit dictionnaire de poche, (il) prétendait servir d'interprète à la délégation (…)
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, IX.
17 J'avais fait tirer un nombre mortifiant d'exemplaires de mon premier livre (…) Je prétendais trier désormais mes lecteurs; je prétendais, excité par Albert, me passer de cornacs; je prétendais (…) je prétendais courir une aventure qu'aucun autre encore n'eût courue.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX, p. 250.
Je prétends ne pas… (→ Esclave, cit. 9) : je considère, j'estime fermement ne pas…Je prétends ne pas obéir : je refuse d'obéir.Je ne prétends pas… : je n'ai pas la prétention de… (→ Champi, cit. 1; gouverner, cit. 13).
18 Non : mon intention n'est pas de vous rien déguiser. Je ne prétends point me défendre, ni vous nier les choses, puisque vous les savez.
Molière, George Dandin, III, 6.
19 (…) je n'ai point prétendu empêcher (…) Je l'aurais prétendu inutilement.
Racine, Britannicus, 1re préface.
Par antiphr. || Je ne prétends pas… : je prétends ne pas… || Je ne prétends pas l'en tenir quitte (→ Marché, cit. 11).
20 (…) mais je ne prétends pas, moi, les avoir faites pour rien (mes écritures).
Molière, l'Avare, V, 6.
Prétendre que… (suivi du subj.). → Fouler, cit. 9; garder, cit. 39. || Il prétend qu'on lui obéisse. || Tu prétends que j'endure tes insolences ? (→ Éternellement, cit. 8).Je ne prétends pas que… (→ Acquitter, cit. 3).
21 (…) Mais au moins je prétends
Que monsieur Chicanneau, puisqu'il est là-dedans,
N'en sorte d'aujourd'hui (…)
Racine, les Plaideurs, II, 11.
22 (…) pour être assuré qu'elle (la bénédiction du ciel) porterait ses fruits, il prétendit qu'elle vînt d'un haut personnage de l'Église.
Maurice Bedel, Molinoff, Indre-et-Loire, I.
4 (1380). Cour. Affirmer avec force; oser donner pour certain (sans nécessairement convaincre). Affirmer, alléguer, avancer, déclarer, 1. dire, garantir, soutenir.
(Suivi de l'inf.). || Il prétend avoir fait… (→ Cache, cit. 1), être… (→ Papier, cit. 26). Présumer. || Elle prétendait se connaître en musique (→ Différence, cit. 15). || « Tu prétends être fort habile » (cit. 8).Je ne prétends pas être avare, je prétends ne pas l'être (→ Épargnant, cit. 1).
23 D'autant plus qu'il prétend nous avoir créés à son image : on déteste les mauvais miroirs.
Giraudoux, Amphitryon 38, III, 1.
Prétendre que… (suivi de l'indicatif). || Il prétend que… (suivi du présent). → 3. Droit, cit. 54; espèce, cit. 2; laid, cit. 12. — Il prétendait, il prétendit que… (suivi de l'imparfait). → Mourir, cit. 18; pied, cit. 19; pli, cit. 12. — (Suivi du présent, en parlant d'une vérité générale). → Caractère, cit. 16; garder, cit. 75; nier, cit. 4. || On a bien tort de prétendre que… (→ Approfondir, cit. 14).En prétendant que… (→ Sous prétexte que…).(Suivi du futur, du conditionnel). || Prétendre qu'une chose sera, se fera… (→ aussi Honnête, cit. 3).On prétendait, on a prétendu qu'il serait possible de… (→ aussi Héréditaire, cit. 3).Est-ce vrai, ce qu'on prétend ? (→ Indicateur, cit. 2). || À ce qu'il prétend… : à ce qu'il dit (mais je n'en crois rien). Soi-disant. || Si ces pauvres sauvages sont aussi malheureux qu'on le prétend… (→ Policier, cit. 1).
24 Vous me demandez : « Ce petit somme vous a-t-il été profitable ? » et vous venez prétendre ensuite que vous ne m'avez pas questionné ! (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 5e tableau, II.
REM. Comme pour les autres verbes d'opinion, la négation et l'interrogation entraînent normalement le subjonctif : je ne prétends pas qu'il l'ait dit; prétendez-vous qu'elle ait raison ? (→ Caractériser, cit. 1; ligne, cit. 17). On n'osait pas prétendre qu'un excommunié dût… (→ Excommunication, cit. 2). Mais l'indicatif semble s'imposer au cas où l'emploi du subjonctif créerait une confusion avec le sens 3. Je ne prétends pas qu'il le fasse sera interprété : « je ne désire pas, je n'exige pas qu'il le fasse ». Si l'on veut dire : « je n'affirme pas », on emploiera l'indicatif : « je ne prétends pas qu'il le fera » (Hanse).
25 Mais de prétendre que je me sois donné tant de soins pour n'en pas retirer les fruits (…) Non, Vicomte, jamais.
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXI.
26 Qui oserait cependant prétendre que la pratique des vertus héroïques soit le privilège des moines (…)
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 80.
(Avec un attribut). || Un lit qu'on prétend d'époque (cit. 13).
27 (…) elle voulut être affable, on la prétendit fausse (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 565.
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se prétendre v. pron.
ÉTYM. (1759).
(Suivi d'un attribut). Prétendre, affirmer que l'on est… || La dame qui se prétendait Cunégonde (→ Fripon, cit. 4). || Se prétendre logé à… (→ Impécuniosité, cit. 1). || Se prétendre amoureux de l'ordre (→ Pensant, cit. 8).
28 Depuis le règlement définitif des comptes, chez M. Baillehache, elle se prétendait volée, elle ne tarissait pas en accusations abominables, lancées d'une cour à l'autre.
Zola, la Terre, V, I.
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prétendu, ue p. p. adj. et n.
1 (1611). Vx. Que l'on revendique, à quoi l'on aspire. || Exclu « d'un rang vainement prétendu » (Racine, Britannicus, III, 3).(1665). Spécialt. || Hymen prétendu (→ Honneur, cit. 17). || Mari, gendre prétendu : futur mari, futur gendre (→ Molière, in Littré).
29 (…) votre prétendu gendre n'aura plus de cœur à donner à Mademoiselle votre fille (…)
Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, II, 1.
2 N. (1762). Régional. || Le prétendu, la prétendue de qqn, celui, celle qui doit l'épouser. Fiancé, promis; mariage. || Sa prétendue (→ Beau-père, cit. 2).
30 (…) les soins de son mariage avec mademoiselle de Troisville, conclu dans les premiers jours de l'année 1819, le retinrent (…) au château de son beau-père, à faire la cour à sa prétendue.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 114.
31 C'était le comte Serlon de Savigny, le prétendu (disait la ville de V… dans son langage de petite ville) de Mlle Delphine de Cantor.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « le Bonheur dans le crime ».
3 Adj. (1611). Que l'on prétend à tort être, être tel; qui passe pour ce qu'il n'est pas. Apparent, 1. faux, soi-disant, supposé. || Un prétendu crime (→ Appréhender, cit. 9). || Cette prétendue franchise (→ Blessant, cit. 1). || Mes prétendues contradictions (→ Avarice, cit. 8), ma prétendue force (→ Humblement, cit. 5). || La prétendue légèreté (cit. 9) des femmes (→ aussi Fanatique, cit. 3; garantir, cit. 8; inexorable, cit. 4; infidèle, cit. 15; malice, cit. 9).Leur scepticisme prétendu (→ Affirmatif, cit. 4). || Son Dieu prétendu (de Voltaire) n'est qu'un être malfaisant (cit. 1).(Modifiant un adj.). || Éducation prétendue humaniste (cit. 4). || Le prétendu « tendre » Racine (Faguet).(1671). || La religion prétendue réformée, nom donné par les catholiques au protestantisme, au XVIIe siècle. Abrév. : la R. P. R.
32 (…) l'injustice de la Fronde, qui élève sa prétendue justice contre la force. Il n'en est pas de même dans l'Église, car il y a une justice véritable, et nulle violence.
Pascal, Pensées, XIV, 878.
33 (…) le véritable marquis Caraccioli, fort différent du prétendu marquis Caraccioli, natif d'auprès de Tours, auteur d'une prétendue Vie de madame de Pompadour, et imprimeur des prétendues Lettres de ce pauvre pape Ganganelli.
Voltaire, Correspondance, 4363, 18 oct. 1776.
34 C'est une chose avérée qu'au moment où M. de Guibert fut nommé gouverneur des Invalides, il se trouva aux Invalides six cents prétendus soldats qui n'étaient point blessés et qui, presque tous, n'avaient jamais assisté à aucun siège, à aucune bataille (…)
Chamfort, Maximes, Sur la noblesse, XXIX.
CONTR. (Du p. p.) Authentique, rare.
DÉR. Prétendant, prétendument.
HOM. (Du p. p.) Prétendu.

Encyclopédie Universelle. 2012.