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quoique

quoique [ kwak(ə) ] conj.
XIIe; de quoi et 1. que
IIntroduisant une proposition circonstancielle d'opposition ou de concession (suivi normalement du subj.). 1. bien (que), encore (que). « Il suait à grosses gouttes quoique ce fût au mois de janvier » (Guez de Balzac).
(Avec ellipse du v.) « Il était, quoique riche, à la justice enclin » (Hugo). tout(sens concessif). « Ma mère s'émerveillait qu'il fût si exact quoique si occupé » (Proust).
(En propos. particip.) « espoir toujours renaissant, quoique toujours trompé » (Balzac). « Quoiqu'ayant rencontré le maître des maîtres » (Alain).
II
1Introduisant une objection provenant d'une réflexion qu'on fait après coup. (Suivi de l'indic.) « Peut-être on va m'emmener dans le Midi. Ce que ce serait chic ! quoique cela me fera manquer un arbre de Noël » (Proust). (Suivi du condit.) « J'ajoutai : Quoique je serais furieux que vous me réveilliez » (Proust).
2Fam. ou région. (en fonction de prép.) Quoique ça : malgré cela, pourtant. « Que tu es bête, mon pauvre petit ! [...] et quoique ça, tu es bien gentil » (Stendhal).
⊗ HOM. Couac.

quoique conjonction (de quoi et que) Indique la concession ; bien que, encore que : Quoique nous soyons à la fin juillet, il y a encore beaucoup de monde à Paris. Indique une réserve portant sur un qualificatif : Quoique riche, il n'était guère généreux. Introduit une objection après un temps de réflexion : J'irais bien jusqu'à la place, quoique ça me fera une trop longue marche.quoique (citations) conjonction (de quoi et que) Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 […] Les « quoique » sont toujours des « parce que » méconnus […]. À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs Gallimardquoique (difficultés) conjonction (de quoi et que) Orthographe Quoique ne s'élide que devant il(s), elle(s), on, un et une. Construction 1. Quoique (+ subjonctif) : « Tu te plains, quoiqu'on ne t'ait rien pris »(La Fontaine). « Il était généreux, quoiqu'il fÛt économe »(V. Hugo). La subordonnée introduite par quoique se met normalement au subjonctif. Cependant, on rencontre parfois l'indicatif ou le conditionnel, notamment dans des propositions présentant une objection à ce qui vient d'être énoncé. Quoique équivaut alors à cependant, mais : « Nous le savions bien, quoique cette amitié, avouez-le, était bougrement exigeante »(J. Giono). « ... Je ne peux pas le forcer à aller chez elle, quoique j'aimerais mieux qu'il lui fÛt un peu plus fidèle... »(M. Proust). 2. Quoique peut également introduire une subordonnée sans verbe conjugué : il obtenait des résultats satisfaisants, quoique légèrement en baisse. « Il était, quoique riche, à la justice enclin »(V. Hugo). Sens Quoique / quoi que. Ne pas confondre la conjonction quoique et le pronom relatif indéfini quoi que. 1. Quoique (= encore que, bien que) introduit une subordonnée conjonctive de concession : quoiqu'il soit malade, il sera présent à la réunion. 2. Quoi que = quelle que soit la chose que, la chose qui. Quoi que vous en pensiez, je ferai aboutir le projet ; quoi que vous deveniez, on ne vous oubliera pas ; quoi qu'il arrive, restez calme. On écrit quoi que en deux mots si on ne peut pas le remplacer par bien que. On écrit toujours quoi que en deux mots dans les expressions quoi qu'il en soit (= de toute façon, en tout état de cause) et quoi que ce soit (= n'importe quoi ou rien, selon le contexte) : s'il arrive quoi que ce soit, nous serons en fâcheuse posture ; je n'ai jamais pu obtenir de lui quoi que ce soit. ● quoique (homonymes) conjonction (de quoi et que) quoi que pronomquoique (synonymes) conjonction (de quoi et que) Indique la concession ; bien que, encore que
Synonymes :
- bien que
- encore que

quoique
conj. (Le e s'élide devant il, elle, on, un et une.) (Suivi du subj., exprimant l'opposition, la concession.) Quoiqu'il soit malade, il travaille durement.
|| (Avec ellipse du v. être.) Quoique pauvre, il est généreux. (Cf. aussi bien que, encore que, malgré que.)

⇒QUOIQUE, conj.
A. — [Conj. de sub. servant à marquer une rel. de concession ; signifie que l'on pouvait penser (ou espérer) que le fait évoqué en sub. empêcherait ce qui est évoqué en princ.; suivi du subj. (sauf cas partic.); antéposé ou postposé à la princ.] Synon. bien que, encore que, malgré que.
1. a) [Suivi du subj.] Castagné se laissa conduire par Albert au tennis des Quatrefage, quoiqu'il détestât prendre de l'exercice (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 80). Quoiqu'il n'y ait aucun danger grave, la panique s'empare de la foule (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, prol., p. 1567):
1. Rastignac fut forcé de le remercier, quoique depuis les mots aigrement échangés, le jour où il était revenu de chez Madame de Beauséant, cet homme lui fût insupportable.
BALZAC, Goriot, 1835, p. 113.
♦ [En relation avec la cause] M. Zola n'est pas un esprit critique, quoiqu'il ait écrit le Roman expérimental ou plutôt parce qu'il l'a écrit (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 250). Quoique rien ne l'obligeât plus à terminer son article — peut-être même à cause de cela — il se remit avec entrain au travail (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 20).
♦ [Dans le dialogue, enchaînant sur l'énoncé de l'interlocuteur] Wanda: Alors, vraiment, vous avez cru remarquer que... moi et... Joë... Thierry: Quoique je ne sois pas psychologue. On me le dit assez! (MARTIN DU G., Taciturne, 1932, II, 5, p. 1286).
Empl. subst. masc. Les « quoique » sont toujours des « parce que » méconnus (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 438).
Rem. Avec reprise par et que: Cette soudaine reprise de son mal, et Thérèse le veillant nuit et jour, quoiqu'elle parût à bout de forces et qu'elle fût incapable de rien avaler (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 240).
b) [Avec ell. du verbe être, suivi d'un adj., d'un part. passé adj. ou d'un compl. circ.] La présence des enfants, quoique gênante en apparence, dans le fait augmentait le bonheur commun (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 143). L'arrivée imprévue d'un ami de collège presque oublié, quoique toujours aimé dans un repli obscur du cœur (HUGO, Feuilles automne, 1831, p. 715). Il se trouva seul, tout seul, quoique au milieu d'un grouillement d'hommes (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 71).
c) [Avec un part. prés.] Quoique nous sachant seuls, nous fermions les rideaux (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 24).
2. Cas partic. (rejetés des puristes, le subj. étant préconisé dans la lang. soignée)
a) [Suivi du fut. de l'ind., pour insister sur la réalité du fait] Oui, à la rigueur, quoique ce sera un chagrin pour ma fille (GONCOURT, Journal, 1891, p. 82).
Rem. ,,L'ind. était loin d'être exclu en fr. class. Chez certains écrivains l'apparition de ce mode peut être considérée comme une réminiscence`` (HAASE 1914, § 83). Je vous pardonne le mal que vous m'avez fait, et quoique, en partant pour la France, j'aurai la triste certitude du soupçon qui me poursuit depuis six mois, c'est que vous avez souhaité que je mourusse (STAËL, Lettr. L. de Narbonne, 1794, p. 282).
b) [Suivi du cond. prés. ou passé, pour exprimer l'idée d'éventualité ou d'hyp. (à la place de l'imp. du subj. que réclamerait une langue châtiée)] Mais nous ne sommes pas obligés de nous fier à ce rapport, quoique déjà l'on saurait dans cette petite ville quelque chose des douze cent mille francs disparus pour payer la terre de Rubempré (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 313).
B. — Fam. [La prop. introd. par quoique sert à formuler un jugement rectificatif ou restr. sur la vérité ou la pertinence de l'énoncé; souvent suivi de l'ind. ou du cond. et marqué par une pause: points de suspension, ponctuation forte; toujours postposé] Synon. encore que (v. encore IV), bien que (rare dans cet empl.; v. bien1).
[Souvent renforcé par un adv. en appos. exprimant le point de vue sur la vérité de l'énoncé, sur sa pertinence, sur le thème évoqué] Quoique, à dire vrai; quoique, à vrai dire; quoique, avouons-le... Chère enfant — si je puis ainsi vous appeler, maintenant encore... quoique, en vérité, pour moi tout le monde soit un enfant... (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 156).
[Avec l'ind. ou le cond.] Bien sûr, il ne l'a prise que pour la donner à Zèphe. Quoique avec les gamins, on ne sait jamais (AYMÉ, Jument, 1933, p. 139). Tu pourrais balader des grenades ou n'importe quelle pétoire quoique j'ai dans l'idée que tu n'es pas doué pour le tir au pigeon (SARTRE, Mains sales, 1948, 3e tabl., 2, p. 87). Lachaume le regarda d'un air peiné: « Garde-moi rancune si tu y tiens. Quoique vraiment, tu devrais comprendre! dit-il avec un soupir (...) » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 547):
2. MONSIEUR DAMIENS: (...) À la mort de votre pauvre mère, vous avez voulu travailler pour être indépendante et cela partait d'un bon sentiment. Quoique, vous le saviez, vous n'y étiez pas obligée...
ANOUILH, Répét., 1950, II, p. 57.
[En phrase ell. ou suspendue, le locuteur hésitant à formuler la restr. ou jugeant inutile de le faire] Cette autre [perle] me plaît assez... quoique!... enfin!... le prix, Monsieur Carazoff? (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 169). Vous devez penser si je me réjouis. Non que je me félicite de cette catastrophe, quoique... Enfin, nous en reparlerons (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 139):
3. Quant à l'opération, je continue à rester en suspens. Un tel délabrement!... Quoique avec un gaillard de cette tranquillité... Ah! il n'a vraiment pas de nerfs.
BOURGET, Sens mort, 1915, p. 174.
C. — Quoique ça (pop.). Malgré cela, cependant, pourtant. Le docteur jura qu'il avait oublié que l'un des canons avait une balle, mais, quoique çà, le substitut l'a forcé à donner dix louis (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 50). Elle retarde d'au moins dix ans sur la mode (...) Quoique ça, elle ne serait pas mal, si elle voulait (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 27).
Rem. ,,Quoique ça disparaît actuellement du langage populaire`` (DUPRÉ 1972).
Prononc. et Orth.:[]. [] s'élide devant il, elle, on, un, en, à, avec, aussi, aucun, enfin: quoiqu'il fasse. Ac. 1694: quoyque; 1718: quoy que; dep. 1740: quoique. Étymol. et Hist. Ca 1200 quoi que (Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 1227); 1656 avec ell. du verbe être, quoique pieux (PASCAL, Provinciales, VII ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, Seuil, p. 399); 1790 quoique ça (Le Père Duchesne d'Hébert, éd. F. Braesch, I, 26 sept., p. 236). Comp. de quoi et de que1, supplantant que que (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 3827). Fréq. abs. littér.:9 313. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 25 539, b) 16 353; XXe s.: a) 5 887, b) 5 509. Bbg. KLEIN (H. W.). Konjunktiv oder Indikativ in Sätzen mit quoique. Arch. St. n. Spr. 1955, t. 192, pp. 60-62. — LETOUBLON (F.). Pourtant, cependant, quoique, bien que. Cah. Ling. fr. Genève. 1983, n ° 5, pp. 85-110. — LORIAN (A.). Aspects ling. et aspects styl. de la subordination. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13.1971. Québec, 1976, t. 2, pp. 1000-1001. — MOREL (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concess. en fr. contemp. Thèse, Paris, 1980, p. 277, 282, 291, 316, 393, 588, 877, 881. — ÖRTENBLAD (O.). Mél. gramm. Studier i modern Språkvetenskap. 1898, n ° 1, pp. 61-69. — POTT (H.). Der Ausdruck der Konzessivität im Frz. Bern-Frankfurt-München, 1976, pp. 39-41, 130-131, 299-302; p. 340. — TOBLER (A.). Vermischte Beiträge zur französischen Grammatik... Leipzig, 1899, pp. 1-11.

quoique [kwakə] (le e s'élide, comme dans lorsque) conj.
ÉTYM. XIIe, quoi que, et encore parfois au XVIIe; que que, 1080; de quoi, et que.
Conjonction introduisant une proposition circonstancielle d'opposition ou de concession (elle amène la circonstance défavorable, la difficulté malgré laquelle l'action principale s'accomplit).
REM. En dehors des cas d'ellipse du verbe et de propositions participiales, quoique se construit normalement avec le subjonctif. La construction avec l'indicatif est archaïque : || « quoique aux yeux elle n'est pas si forte » (Molière, l'École des femmes); || « quoique (…) elle n'avait pas mérité » (Bossuet, Hist. des variations, 1er disc.), ou correspond à des cas particuliers (lorsque le subordonnant se trouve loin du verbe et dans les cas mentionnés ci-dessous : 4.).
1 (Suivi du subjonctif). 1. Bien (que), encore (que), malgré (que).REM. Bien que est moins fréquent et appartient surtout à la langue littéraire. — Il suait à grosses gouttes (1. Goutte, cit. 18) quoique ce fût au mois de janvier. || Molière, quoiqu'il ait fait les Précieuses ridicules, fait parfois preuve de maniérisme (cit. 1). || Une pièce qui, quoiqu'elle ait réussi, n'en est pas moins mauvaise. Pour (pour avoir réussi).
1 Les ligatures d'opposition-concession (…) se font régulièrement suivre, en français moderne, du mode subjonctif. M. Brunot voit dans cet usage une « servitude grammaticale » (Pensée, 866). Mais si, d'une part, la concession implique toujours quelque effort de l'esprit ou une intervention de la sensibilité, — et si, d'autre part, l'opposition déclenche naturellement ce ressort de la volonté qui met en jeu le subjonctif, — l'emploi de ce mode (…) semble parfaitement justifié.
Il faut reconnaître, du reste, qu'il n'en a pas toujours été ainsi (…) Ce n'est qu'à la fin du XVIIe siècle que les grammairiens s'accordent à déclarer que quoique et bien que « gouvernent le subjonctif ».
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1562.
2 (Avec ellipse du verbe, surtout le verbe être). || Sa conversation, quoique assez agréable en cercle, était aride (cit. 5) en particulier. Tout (sens concessif). || « Un renard, jeune encor, quoique des plus madrés » (cit. 1, La Fontaine). || Maxime mise en pratique, quoiqu'un peu tard… (→ Imprimer, cit. 5). || Rêverie délicieuse, quoique souvent sans objet (→ Jeter, cit. 35). || Il se trouvait toujours, quoique indirectement, l'arbitre… (→ Patriarche, cit. 1).
2 Il était, quoique riche, à la justice enclin (…)
Hugo, la Légende des siècles, II, « Booz endormi ».
3 M. Swann, quoique beaucoup plus jeune que lui était très lié avec mon grand-père (…)
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 14.
4 Ma mère s'émerveillait qu'il fût si exact quoique si occupé, si aimable quoique si répandu, sans songer que les « quoique » sont toujours des « parce que » méconnus (…)
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 438.
4.1 (Le) croyant qui veut atteindre et imiter un Jésus adorable, quoique l'Inquisition, quoique la Croisade des Albigeois, quoique les trafics d'indulgence, quoique le dogme de l'Infaillibilité pontificale.
Claude Roy, Nous, p. 99.
3 (En proposition participiale, avec p. prés. ou p. p.). || Quoique sachant qu'elle n'était pas scrupuleuse… (→ Lascif, cit. 7). || La mousqueterie, quoique gênée (cit. 8), était meurtrière. || Quoique environné des ombres (1. Ombre, cit. 26) de la mort, il avait encore…
5 Elle était atteinte d'une maladie du cœur, causée par ses angoisses, par l'attente perpétuelle de mon retour, espoir toujours renaissant, quoique toujours trompé.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 484.
6 Or cela n'est pas arrivé à vous, quoique vous n'en fussiez pas si loin, je le reconnais. Non plus, quoiqu'ayant rencontré le maître des maîtres, vous n'avez pas su vous jeter dans le Timée (…)
Alain, Propos, 11 juin 1923, Mon esprit, je veux parler à vous…
6.1 Quoique participant à (et participant de) cette mêlée voluptueuse, multiplicité impudique, fornicante, transpirante, gémissante, et y prenant plaisir (…) quoique donc, Sabine restait inapaisée et l'âme appétente.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 55.
4 (Suivi de l'indicatif).
a Dans des emplois archaïques (→ ci-dessus, rem.).
b Avec une valeur adversative de conjonction de coordination.
7 Thérèse laissa entendre que c'était tout de même regrettable (que Marie ne sache pas jouer du piano pour Georges). — Pourquoi ? insista Marie, puisqu'il peut s'offrir toute la musique qui lui plaît ! — Bien sûr, ma chérie (…) Quoique, pour un musicien, c'est merveilleux d'avoir une femme capable de déchiffrer (…)
F. Mauriac, Fin de la nuit, IV.
REM. Quoique n'est pas, dans ce type de phrase, un véritable subordonnant (cf. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 27 et 864). Tandis que, dans le vers de Hugo : « Il était généreux quoiqu'il fût économe » (emploi 1.), les deux propositions opposées sont pensées simultanément et que l'ordre de leur énoncé ne modifie pas le sens, dans la phrase ci-dessus, quoique introduit une objection qui n'apparaît qu'après coup. Aussi la subordonnée doit-elle suivre la principale (et en être séparée par une ponctuation forte). Quoique prend alors la valeur d'une conjonction de coordination adversative (→ Cependant, mais, pourtant) employée avec l'indicatif. — Amenant une objection qui n'est pas formulée. || « Ça pourrait encore aller, quoique… » (= et pourtant…), Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXII, I, p. 12.
c Quoique, avec sa pleine valeur concessive, peut régir le futur de l'indicatif, faute d'un temps futur du subjonctif (cf. G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §§1563-1564), et là où le subjonctif présent fausserait la pensée.
8 Quoiqu'il n'y ait encore aucun de ceux qui composent en France le corps des Agriculteurs, qui ait exécuté cette nouvelle méthode, et quoiqu'il n'y en aura jamais (…)
La Salle de L'étang, Manuel d'agriculture, 1767, in Brunot, Hist. de la langue franç., t. VI, p. 1812.
9 Si Moreau ne s'y engage pas je mettrai monsieur de Troisville dans la chambre verte, quoique monsieur de Troisville sera là bien près de moi.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 291.
10 — Je ne crois pas qu'il se dérange, objecta Bovary. — Ni moi ! reprit vivement M. Homais, quoiqu'il lui faudra pourtant suivre les autres, au risque de passer pour un jésuite.
Flaubert, Mme Bovary, II, VI.
11 (…) et puis après, cela va être bientôt Noël et les vacances du jour de l'An. Peut-être on va m'emmener dans le Midi. Ce que ce serait chic ! quoique cela me fera manquer un arbre de Noël (…)
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 408.
5 (Suivi du conditionnel présent ou passé, lorsque « la concessive-oppositive énonce une éventualité, ou fait partie d'un système hypothétique », G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §1565).
12 Malgré tout mon amour, si je n'ai pu vous plaire,
Je n'en murmure point, quoiqu'à ne vous rien taire,
Ce même amour peut-être et ces mêmes bienfaits
Auraient dû suppléer à mes faibles attraits.
Racine, Bajazet, V, 4.
13 Mais tu ne vois pas dans la nature le citronnier produire des pommes, quoique, peut-être, cette année-là, elles lui coûteraient moins cher à former que des citrons.
Valéry, Eupalinos, p. 87.
14 Je me trouvais donc à l'intérieur de la salle appelée le billard, quoiqu'on aurait pu y chercher en vain ce meuble.
Ch. Géniaux, les Faucons, in Damourette et Pichon, no 1915.
REM. 1. La difficulté pourrait être tournée, dans les phrases de ce type, par l'emploi du subjonctif imparfait ou plus-que-parfait à valeur de conditionnel; mais le tour apparaîtrait comme recherché et légèrement inadéquat (cf. G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., §1566).
2. En dehors des véritables concessives, le conditionnel se rencontre après quoique dans des phrases analogues à celles où on trouve l'indicatif, et où la valeur de subordonnant de quoique n'apparaît plus.
15 Loin d'obscurcir la suite de l'histoire des rois de Perse, elle (cette supputation) l'éclaircit; quoiqu'il n'y aurait rien de fort surprenant, quand il se trouverait quelque incertitude dans les dates de ces princes (…)
Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, II, IX.
16 Et de peur qu'elle l'enfreignît jamais (cet ordre) j'ajoutai : « Quoique je serais furieux que vous me réveilliez ».
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 120.
6 Fam. ou régional. (En fonction de préposition). || Quoique ça : malgré cela, pourtant.
17 — Que tu es bête, mon pauvre petit ! dit la vivandière, souriant au milieu de ses larmes; et quoique ça, tu es bien gentil.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, I, IV.
18 Et l'odeur violente de tout cela, une odeur de peau humaine, mêlée à des parfums (…) à des parfums qui sentaient bon, quoique ça (…)
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 118.
7 N. m. || Les quoique et les parce que (→ ci-dessus, cit. 4, Proust).

Encyclopédie Universelle. 2012.