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rebours

rebours [ r(ə)bur ] n. m.
• 1220; a reburs XIIe; bas lat. reburrus « hérissé (cheveu) », altéré en rebursus
IVx Sens contraire du sens naturel des poils (d'une étoffe). Prendre le rebours d'une étoffe pour la mieux nettoyer ( ACADÉMIE ). IILoc. adv. À REBOURS.
1(1611) À rebrousse-poil. Caresser un animal à rebours. Brosser une étoffe à rebours.
2Dans le sens contraire au sens normal, habituel; à l'envers. Tourner les pages d'un livre à rebours. Adj. (v. 1960; adapt. angl. count-down) COMPTE À REBOURS : vérification successive des opérations de mise à feu d'un engin, d'une fusée, avec essai systématique des appareils, aboutissant au zéro du départ. Recyclage d'un compte à rebours : reprise du comptage à un stade antérieur, en cas d'incident.
3(fin XIIIe) Fig. D'une manière contraire à la nature, à la raison, à l'usage (cf. À contre-pied, à contresens). Faire tout à rebours. « Un instinct appliqué à rebours » (Taine). Adj. Un esprit à rebours.
4Loc. prép. (1465) À REBOURS DE; AU REBOURS DE : contrairement à. Aller à rebours de l'évolution générale (cf. À contre-courant). « Les sévérités de cette sorte [...] agissent toujours à rebours de l'effet qu'elles se proposent » (Duhamel).

rebours
n. m.
d1./d Litt. Contrepied, contraire.
d2./d Loc. adv. à rebours: en sens contraire, au contraire de ce qu'il faut. Comprendre à rebours. Caresser un chat à rebours, à rebrousse-poil.
Compte à rebours: V. compte (sens I, 7).
d3./d Loc. Prép. à ou au rebours de: contrairement à.

⇒REBOURS, -OURSE, adj. et subst. masc.
I. — Vieilli
A. — Adj. Revêche, désagréable, peu traitable. Esprit rebours, humeur rebourse. Il n'en peut plus de leçons (il devient rebours, et il y a de quoi) et ne veut plus en donner, mais comment vivra-t-il là-bas? (FLAUB., Corresp., 1852, p. 14).
Rem. ,,Moins usité au féminin qu'au masculin`` (Ac. 1798-1878).
BÂT., MENUIS. Bois rebours. ,,Bois dont les fibres ne sont pas parallèles à sa surface, mais sont ondulées, tordues, tressées et nouées les unes aux autres, de sorte qu'on ne peut le travailler que difficilement parce que le fil se présente souvent au rebours du mouvement de l'outil`` (CHABAT 1881).
MAN. Cheval rebours. Cheval difficile à manier, en dépit des menaces et des coups. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Subst. masc.
1. Contre-poil (d'une étoffe). Prendre le rebours d'une étoffe pour mieux la nettoyer (Ac.).
2. Au fig. Contre-pied, contraire. Je viens de lire l'Astrée, que je n'avais jamais lue; cela m'ennuya d'abord, et puis j'y pris plaisir. C'est le rebours des autres lectures et de tout ce qui m'amuse (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1813, p. 859). Ce qui réussit en ce monde est d'ordinaire le rebours de nos instincts (RENAN, Réf. intellect., 1871, p. 29).
II. — Courant
A. — Loc. adv. À rebours; au rebours (vieilli)
1. Dans le sens contraire au sens naturel, habituel. Marcher à rebours, épeler, lire à rebours; brosser du drap à rebours. Je continue lentement comme tu vois, chère amie, mon voyage du Rhin pris à rebours (HUGO, Corresp., 1840, p. 574). Empl. adj. [Vinci] se compose une écriture à rebours, de droite à gauche, qu'on ne peut lire que dans un miroir (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 201).
CIN. Projection à rebours. ,,Projection donnée dans l'ordre inverse de la prise de vue`` (GIRAUD 1956).
TECHNOL. Compte à rebours.
2. Au fig. D'une façon contraire à la raison, au bon sens ou à l'usage. Faire tout à rebours, au rebours. J'avais pris l'existence au rebours (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 212). Empl. adj. L'insecte nous paraît un être à rebours (MICHELET, Insecte, 1857, p. VII). Empl. subst. masc. Ils sont quand même surprenants ces Primitifs [allemands] (...). Ils sont l'à rebours de toutes les écoles (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 364).
Prendre tout à rebours. Prendre tout en mal. Comprendre à rebours. Comprendre à l'inverse, à l'opposé de ce qui doit être compris. (Dict. XXe s.).
B. — Loc. prép. À rebours de, au rebours de. Contrairement à; à l'inverse, à l'opposé de. Au rebours, à rebours du bon sens. [Balzac] parle assez bien de Montaigne; il le sentait néanmoins fort peu à l'endroit principal: en lui, au rebours de Montaigne, on a toujours l'auteur et jamais l'homme (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 79). Tout au rebours du pays sec, ce n'est pas le ciel, c'est la terre dont la valeur est prépondérante (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 272).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. BARBEAU-RODHE 1930: à rebours []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XIIe s. adj. poil rebors « ébouriffé » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 3845); b) ca 1225 rebours « revêche, peu aimable » (RECLUS DE MOLLIENS, Carité, 236, 3 ds T.-L.); c) ca XVe s. cheval rebours « rétif » (Valenciennes, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds GDF.); d) 1771 bois rebours « noueux » (Trév.); 2. ca 1275 subst. « le contraire » (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 5755); 1671 « le sens contraire du poil » (POMEY); 3. a) ca 1150 a rebors « en sens contraire du sens normal » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 2297); ca 1220 a rebours (Amadas et Ydoine, éd. J. R. Reinhard, 1853); b) 1960 compte à rebours (Le Figaro ds COLIN 1971); 1964 fig. (R. FALLET, Paris au mois d'août ds GILB. 1980); c) ca 1265 au rebours dou kalendier « en comptant en arrière dans le calendrier » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 104); ca 1465 au rebours de « contrairement à » (G. CHASTELLAIN, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 18). Du b. lat. reburrus « dont les cheveux sont rebroussés », altéré en rebursus par croisement avec reversus « renversé »; 3 b est une trad. de l'angl. count-down (1953-1959 au fig. ds NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.:388. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 289, b) 420; XXe s.: a) 763, b) 718. Bbg. QUEM. DDL t. 19.

rebours, ourse [ʀ(ə)buʀ, uʀs] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1220; a reburs, XIIe; rebors « ébouriffé », v. 1160; bas lat. reburrus « hérissé (cheveu) », devenu rebursus par croisement avec reversus « renversé ».
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I Adj. (Vx). Brusque, hargneux, revêche. || Humeur rebourse, intraitable.
T. de manège. || Cheval rebours, difficile à monter.Techn. (charpente, menuiserie). || Bois rebours, difficile à travailler, noueux.
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II N. m. (Vx). Contre-poil (d'une étoffe). || « Prendre le rebours d'une étoffe pour la mieux nettoyer » (Académie).Fig., rare. || « Tout ce qu'il fait est le rebours du bons sens » (Académie).
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III (XIIIe, au sens 2; a rebors, mil. XIIe). Loc. adv. À rebours, ou, vieilli, au rebours (→ Nettement, cit. 6; ostentation, cit. 1).
1 (1611). À rebrousse-poil. || Caresser un animal à rebours.
2 Dans le sens contraire au sens normal, habituel; à l'envers. aussi le préf. Contre-. || Marcher à rebours (cf. En arrière). || Tourner les pages d'un livre à rebours. || Travailler une pièce de bois à rebours (cf. À contre-fil). aussi Rebrousse-poil (à).
1 Tu ressembles au Lazare affolé par le jour
Les aiguilles de l'horloge du quartier juif vont à rebours
Et tu recules aussi dans ta vie lentement.
Apollinaire, Alcools, p. 12-13.
Adj.(V. 1960, adapt. de l'angl. count-down). Compte, ou, plus rare, comptage à rebours : vérification successive des opérations de mise à feu d'un engin, d'une fusée, avec essai systématique des appareils, aboutissant au zéro du départ. || Recyclage d'un compte à rebours : reprise du comptage à un stade antérieur, en cas d'incident.Fig. Vérification systématique des étapes d'une opération à terme fixe. || Nous allons faire le compte à rebours de cette fabrication.
3 (Fin XIIIe). Fig. D'une manière contraire à la nature, à la raison, à l'usage, etc. → À contre-pied, à contre-poil (fig., fam.), à contresens. || Faire tout à rebours. || Un instinct appliqué à rebours (→ Contrarier, cit. 8).Adj. || Un esprit à rebours.À rebours, roman de Huysmans.
4 (Mil. XIIIe). Loc. prép. À rebours de (→ Gourme, cit. 4), au rebours de : contrairement à (→ Au contraire de, à l'encontre de, à l'inverse de, à l'opposé de). || Aller à rebours de l'évolution générale. Opposer (s'); → Contre-courant (à). || Cela va à rebours du sens commun.
2 Les sévérités de cette sorte, quand elles frappent un peuple né pour la liberté, agissent toujours à rebours de l'effet qu'elles se proposent, et la représaille maladroite apporte un titre de gloire.
G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, III.
DÉR. Rebrousser.

Encyclopédie Universelle. 2012.