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cheveu

cheveu [ ʃ(ə)vø ] n. m.
chevel 1080; lat. capillus « chevelure »
1Poil qui recouvre le crâne de l'homme (cuir chevelu). Fam. tif. Surtout au plur. Les cheveux. chevelure. Plantation, naissance des cheveux. Les cheveux croissent, poussent par la racine, le bulbe. Touffe, mèche de cheveux. Cheveux fins, secs, gras ( séborrhée) , ternes, brillants. Cheveux plats, raides, raides comme des baguettes de tambour. Cheveux souples, frisés, bouclés, crépus, ondulés. Cheveux laineux. « de gros cheveux gris vigoureux » (Colette). « Le vent agitait ses cheveux rebelles » (F. Mauriac). Cheveux noirs, d'ébène, aile de corbeau, bruns, châtains, roux, auburn, blonds. Cheveux gris, poivre et sel. grisonnant. Le premier cheveu blanc. Cheveux blancs, argentés ( canitie; chenu) . Respecter les cheveux blancs, la vieillesse. « la gloire de mes cheveux blancs » (Péguy). Cheveux qui foncent, blondissent, grisonnent, blanchissent. Se décolorer, se teindre les cheveux ( balayage, coloration, teinture) . Avoir beaucoup de cheveux. Cheveux abondants, drus, épais. crinière, toison. Avoir peu de cheveux. Cheveux rares, clairsemés. Chute des cheveux. alopécie, pelade. Perdre ses cheveux. Fam. se déplumer. Ne plus avoir de cheveux. calvitie; chauve. Cheveux en désordre, en bataille, en broussaille, emmêlés, hirsutes. décoiffé, dépeigné, ébouriffé; échevelé. Cheveux en coup de vent. Démêler, peigner, brosser les, ses cheveux avec un peigne, un démêloir, une brosse. Brosse à cheveux. Cheveux qui tombent lorsqu'on les peigne. démêlure, peignures. Avoir, porter les cheveux courts, longs. Séparation des cheveux. 1. raie. Arranger les cheveux de qqn. coiffer. Cheveux nattés, torsadés. Disposition des cheveux. coiffure; épi, frange, houppe, houppette, 1. mèche. Objets qui tiennent les cheveux (barrette, épingle, pince à cheveux, peigne). Nœud, ruban dans les cheveux ( serre-tête) . Filet à cheveux ( résille) . Laver, se laver les cheveux. shampoing. Couper, désépaissir, effiler, rafraîchir, tailler, tondre les cheveux. Une coupe de cheveux ( coiffeur) . Cheveux en brosse, plaqués, laqués, gominés. Friser, mettre en forme les cheveux ( bigoudi, fer [à friser], rouleau, sèche-cheveux; gel, laque; brushing, indéfrisable, mise [en plis], ondulation, permanente) . Lustrer les cheveux ( brillantine, pommade) . Parasite des cheveux. pou. Faux cheveux. moumoute, perruque, postiche.
Collect. Le cheveu : les cheveux. Avoir le cheveu rare, fin. Soins du cheveu. capilliculture.
2Loc. Fin comme un cheveu. Cheveux au vent : cheveux libres de toute attache. Vieilli Sortir en cheveux, nu-tête. « parmi la foule plus rare, couraient des femmes en cheveux » (Zola).
Loc. fig. Se prendre aux cheveux : se quereller, se battre. S' arracher les cheveux. Faire dresser les cheveux sur la tête (à qqn) : inspirer un sentiment d'horreur. — Avoir mal aux cheveux : avoir mal à la tête pour avoir trop bu (cf. Avoir la gueule de bois). Se faire des cheveux (blancs) : se faire du souci. Tiré par les cheveux : amené d'une manière forcée et peu logique. — Avoir un cheveu sur la langue : zézayer. À un cheveu près : à très peu de choses près. Cela a tenu à un cheveu, il s'en est fallu d'un cheveu : cela a failli arriver, se réaliser. Ne pas toucher à un cheveu (d'une personne) :ne pas porter la main sur elle. — Fam. Il y a un cheveu !, une difficulté, un ennui. ⇒ os. Arriver, tomber, venir comme un cheveu sur la soupe, à contretemps, mal à propos (cf. Comme un chien dans un jeu de quilles). Couper les cheveux en quatre : subtiliser à l'excès ( pinailler) . C'est un coupeur de cheveux en quatre !
3Par anal. Cheveu d'ange : guirlande d'arbre de Noël; vermicelle très fin. « des guirlandes, des boules de verre et des cheveux d'ange » (Tournier). Bot. Cheveu-de-la-Vierge : fleur de la viorne. Cheveu-de-Vénus : adiante ou capillaire.

cheveu nom masculin (latin capillus) Chacun des poils qui poussent sur la tête, chez les humains ; ensemble de ces poils (au pluriel) : Une mèche de cheveux. Familier. Obstacle, difficulté : Il y a un cheveu. Céramique Fissure de surface dans une céramique, une faïence ou une porcelaine. ● cheveu (citations) nom masculin (latin capillus) Rose Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard Paris 1871-Paris 1953 Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille, Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs. Les Pipeaux Fasquelle François Maynard Toulouse 1582-Aurillac 1646 Académie française, 1634 Et j'ai fidèlement aimé ta belle tête Sous des cheveux châtains et sous des cheveux gris. Stances, la Belle Vieille Homère IXe s. avant J.-C. Elle déroulait de son front des boucles de cheveux aux reflets d'hyacinthe. L'Odyssée, VI, 230-231 (traduction V. Bérard) Athéna William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Je ne te connais pas, vieil homme. Mets-toi à tes prières ! Que les cheveux blancs siéent mal à un fou et à un bouffon ! I know thee not, old man : fall to thy prayers ; How ill white hairs become a fool and jester ! Henry IV, seconde partie V, 5, le roicheveu (difficultés) nom masculin (latin capillus) Orthographe 1. Cheveux d'ange (= vermicelles très fins), sans trait d'union. 2. Cheveu-de-Vénus et cheveu-de-la-Vierge (= plantes) avec deux traits d'union. 3. En cheveux (= nu-tête, expression vieillie) toujours au pluriel : sortir en cheveux. ● cheveu (expressions) nom masculin (latin capillus) À un cheveu, tout près de faire quelque chose, à un poil de quelque chose. Avoir un cheveu sur la langue, zozoter. Familier. Avoir mal aux cheveux, avoir mal à la tête à la suite d'un excès de boisson. Cheveu d'ange, guirlande très fine d'arbre de Noël. Familier. Comme un cheveu sur la soupe, à contretemps, d'une manière inopportune. Il s'en faut d'un cheveu, cela ne tient qu'à un cheveu, il s'en faut de très peu. Familier. Se faire des cheveux (blancs), se faire du tracas, s'inquiéter. Ne pas toucher un cheveu à la tête de quelqu'un, ne pas lui causer le moindre dommage. Se prendre aux cheveux, se prendre de querelle, se battre. Saisir l'occasion aux cheveux, la saisir avec empressement. Tiré par les cheveux, qui n'est pas naturel ou qui est peu logique. Cheveux d'ange, vermicelles fins. Cheveux de Pélé, fils de lave formés lors de la projection de magma fluide et solidifiés lors de leur chute. Cheveux de Vénus, aiguilles de rutile dans le quartz hyalin. ● cheveu (synonymes) nom masculin (latin capillus) Chacun des poils qui poussent sur la tête, chez les...
Synonymes :
- crins (familier)
- tifs (populaire)

cheveu
n. m.
d1./d Poil du crâne, dans l'espèce humaine. Cheveux frisés, crépus.
Perdre ses cheveux: devenir chauve.
(Afr. subsah., Madag.) Faire les cheveux de: coiffer (une femme), en partic. en lui tressant les cheveux.
|| Les cheveux blancs, en tant que signe de vieillesse. Par égard pour vos cheveux blancs: par égard pour votre grand âge.
|| (Collectif) Le cheveu: les cheveux. Avoir le cheveu terne.
d2./d Loc. fig. Faire dresser les cheveux sur la tête: épouvanter.
S'arracher les cheveux, de désespoir.
Tiré par les cheveux, amené d'une manière forcée, présenté de façon peu naturelle.
Loc. Fam. Comme un cheveu sur la soupe: au mauvais moment, hors de propos.
d3./d Loc. fig. Ne tenir qu'à un cheveu, s'en falloir d'un cheveu: dépendre de très peu de chose. Il s'en est fallu d'un cheveu que nous ne rations le train.
Fam. Couper les cheveux en quatre: user de subtilités à l'excès.
|| CUIS Cheveux d'ange: vermicelles longs très fins.

⇒CHEVEU, subst. masc.
I.— A.— Gén. au plur. Poil qui pousse sur le crâne de l'homme. Une poignée, une touffe de cheveux; la racine du cheveu; perdre ses cheveux (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 36); une mèche de cheveux (SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 628) :
1. On a désigné par des noms divers toutes les variations que présentent les poils, par rapport à la partie qu'ils recouvrent; et c'est de là que sont venus les noms de cheveux, de cils, de sourcils, de moustaches, de barbe, etc.
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 599.
Rem. Le mot s'emploie parfois au sing. pour désigner la chevelure : le cheveu en broussailles (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1870, p. 693), le cheveu rare (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1874, p. 1029) :
2. « ... il n'a pas l'air âgé, regardez, le cheveu est resté jeune. » (Car depuis trois ou quatre ans le mot cheveu avait été employé au singulier par un de ces inconnus qui sont les lanceurs des modes littéraires (...) À l'heure actuelle on dit encore « le cheveu », mais de l'excès du singulier, renaîtra le pluriel.)
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 929.
En cheveux. Se dit d'une femme qui ne porte pas d'autre coiffure que ses cheveux. Des femmes en cheveux (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 307).
Cheveux d'Absalon, cheveux de Samson. Cheveux célèbres pour leur longueur; cheveux dans lesquels résidait la force du héros. Dalila coupant les cheveux de Samson (MICHELET, Journal, 1838, p. 286).
B.— Combinaisons syntagmatiques de cheveu
1. [Aspect physique des cheveux : longueur, épaisseur, forme, etc.] Cheveux très longs dans le cou, cheveux courts, plats et rares, épais, fins et légers, souples, brillants, éclatants, frisés, bouclés, ondulés, frisottés, rebelles, fourchus, cassants, poisseux et ternes. Cheveux en baguette de tambour plaqués sur le front (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1896, p. 503). Cheveux secs et emmêlés (G. DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, p. 82). Cheveux drus et crespelés (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 26). Les cheveux soyeux de l'enfant (ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 283). Cheveux ternes, peu abondants (R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 16). Cheveux crépus et ras (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 432). Avoir les cheveux gras (cf. A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 21) :
3. Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, (...). Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux! (...) Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, Un Hémisphère dans une chevelure, 1867, pp. 83-85.
2. [Aspect physique des cheveux : leur teinte naturelle] Cheveux blonds, bruns, châtains; cheveux couleur de paille, de chanvre, de lin; cheveux roux, d'acajou; cheveux gris, argentés, poivre et sel. Cheveux rouges (LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, p. 463). Noir de cheveux (BARRÈS, Mes cahiers, t. 12, 1919-20, p. 171). Une couleur de cheveux exceptionnelle (ANOUILH, La Répétition, 1950, I, p. 24). Cheveux de jais (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 77). Beaux cheveux couleur de soleil (HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 154). Cheveux d'or (ZOLA, Nana, 1880, p. 1351). Cheveux couleur de nuit (FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, p. 255) :
4. Penchée sur le miroir ovale, Angelina examinait scrupuleusement le long visage distingué qu'elle affectait de haïr et dont elle parlait sur un ton moqueur mais elle brossait avec amour de magnifiques cheveux noirs dont les tresses luisantes, ramassées en chignon au-dessus de la nuque, semblaient vivre et se tordre comme un nœud de serpents, tant la lumière y jouait d'étrange façon.
GREEN, Journal, 1928-34, p. 280.
Spéc. [En parlant d'une pers. âgée] Cheveux blancs. Avoir des cheveux blancs avant l'âge (FLAUBERT, Smarh, 1839, p. 111). Dès que le premier cheveu blanc paraît sur les tempes (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 57).
P. méton. [Pour désigner la pers. âgée] Respecter les cheveux blancs (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 1, 1855, p. 51).
Rare. Devenir « cheveux blancs ». Vieillir (cf. G. D'ESPARBÈS, Printemps, 1906, p. 10).
3. [Autres qualités physiques]
a) [En considération de la faible épaisseur du cheveu] Mince, fin comme un cheveu. Étroit comme un cheveu (VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 148). Ténu comme un cheveu (MALLARMÉ, Correspondance, 1871, p. 29). De la grosseur d'un cheveu (Voyage de La Pérouse, t. 4, 1797, p. 65).
b) [En considération de l'aptitude du cheveu à s'allonger suivant l'humidité du temps] Hygromètre à cheveu. Instrument servant à mesurer le degré hygrométrique de l'air (Voyage de La Pérouse, t. 4, 1797, p. 259).
4. [En parlant du mouvement donné naturellement aux cheveux] Cheveux rejetés en arrière, défaits, dénoués, ébouriffés, en désordre, hirsutes, en bataille. Cheveux ondoyants (NODIER, Smarra, 1821, p. 97). Cheveux fous retombant sur les oreilles (MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 51) :
5. C'était une voisine que j'avais; une petite ouvrière sans doute, avec une grâce toute parisienne, une mignonne tête blonde sous des cheveux bouclés aux tempes; des cheveux qui semblaient une lumière frisée, descendaient à l'oreille, couraient jusqu'à la nuque, dansaient au vent, puis devenaient, plus bas, un duvet si fin, si léger, si blond, qu'on le voyait à peine, mais qu'on éprouvait une irrésistible envie de mettre là une foule de baisers.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Au printemps, 1881, p. 385.
Expr. Cheveux au vent. Le jeune Shelley, cheveux au vent et chemise ouverte (MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, p. 38). Avoir le cheveu désordre (ARAGON, Le Roman inachevé, La Beauté du diable, 1956, p. 17).
5. [En parlant du soin des cheveux] Une coupe de cheveux; défaire, friser, lustrer, se brosser, se peigner les cheveux; l'arrangement des cheveux; cheveux plaqués, roulés et poudrés, brillantinés; un shampoing pour cheveux secs, une laque pour cheveux; se passer les cheveux à la camomille, à la feuille de noyer; rafraîchir ses cheveux. Se laver les cheveux à grande eau (RENARD, Journal, 1901, p. 685). Cheveux teints (MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1280). Passer ses cheveux au henné (E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 32). Cheveux implantés et décolorés (QUILLET Méd. 1965) :
6. Il s'est rasé depuis ce matin. Il a les yeux gris. Le nez est rond au bout, et plutôt retroussé. Il se met du cosmétique sur les cheveux. Peut-être n'en avait-il pas ce matin. La ligne des cheveux sur le front est toute droite.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 219.
Faux cheveux. Cheveux artificiels, postiches. Une perruque en faux cheveux. Cette mode des faux cheveux (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 151).
6. [En parlant du mode de coiffure adopté, des accessoires divers servant à maintenir les cheveux] Cheveux en chignon, en torsade, en tortillon; une queue de cheveux, un peigne, une pince à cheveux; un tour de cheveux; un ruban, une fleur dans les cheveux; cheveux coupés « à la Jeanne d'Arc », « à la garçonne ». Nattes de cheveux disposées en rond au-dessus des oreilles (LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 254). Cheveux en tresses (BANVILLE, Les Cariatides, L'Auréole, 1842, p. 159). Une grande épingle à cheveux de femme (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1893, p. 409). Bandeaux de cheveux (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 288). Une raie divisant les cheveux (ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 116) :
7. — « C'est lui! Le voilà! Sénécal! » Ce garçon déplut à Frédéric. Son front était rehaussé par la coupe de ses cheveux taillés en brosse. Quelque chose de dur et de froid perçait dans ses yeux gris; ...
FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 1, 1869, p. 66.
C.— Loc. fig. et fam.
Se prendre aux cheveux, se tirer les cheveux, s'empoigner par les cheveux. Se prendre de querelle et en venir aux mains. Ils ont failli se prendre aux cheveux et le juge a eu beaucoup de peine à les séparer (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 214).
S'arracher les cheveux. Manifester un profond désespoir; être dans l'impossibilité de se sortir d'une situation difficile. Quelques femmes, entre autres une nourrice d'Orlanduccio, s'arrachaient les cheveux et poussaient des hurlemens sauvages (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 147).
Avoir mal aux cheveux. ,,Se dit du malaise extrême et de l'hébétement qui suivent d'ordinaire l'ivresse`` (L. LARCHEY, Les Excentricités de la lang. fr. en 1860, 1859, p. 447).
Faire dresser les cheveux sur la tête. Provoquer la stupéfaction, saisir quelqu'un d'épouvante ou de colère. Ça fait dresser les cheveux sur la tête! La terreur qui fait dresser les cheveux à la tête (POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 293) :
8. Elle lui faisait horreur. Quoi! C'était pour elle, pour ça, pour cette femelle sans âme, cette chienne en rut qu'il avait commis ce fratricide, cette chose épouvantable dont la pensée, la nuit, lui dressait les cheveux d'horreur sur la tête?
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 183.
Se faire des cheveux, se faire des cheveux blancs. Avoir des soucis pour quelqu'un ou pour quelque chose. C'était plus fort qu'elle [Lola], elle se faisait des cheveux sans raison (SARTRE, L'Âge de raison, 1945, p. 29).
Saisir l'occasion aux cheveux, par les cheveux. En profiter dès qu'elle se présente, rapidement, sans trop réfléchir. Une occasion s'est présentée; ma foi, je l'ai saisie aux cheveux (COURTELINE, Femmes d'amis, 1888, p. 68).
Plus rarement. Les cheveux de l'occasion (BALZAC, Œuvres diverses, t. 1, 1850, p. 89). Saisir tout plaisir aux cheveux (NERVAL, Le Second Faust, 1840, p. 276).
À un cheveu près. À très peu de chose près. Mesurer à un cheveu près la distance de la terre au soleil (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1859, p. 634).
Être à un cheveu de. Être à un cheveu de l'apoplexie (BALZAC, Lettres à l'Étrangère, t. 1, 1850, p. 449).
Il s'en est fallu d'un cheveu que, il s'en est fallu de l'épaisseur d'un cheveu. Il s'en est à peine fallu d'un petit cheveu que je giflasse éperdument l'administrateur Albiot (BLOY, Journal, 1895, p. 69).
Ne tenir qu'à un cheveu. Ça n'a tenu qu'à un cheveu (RENARD, Journal, 1898, p. 470). Bourget est nommé, mais il n'a tenu qu'à un cheveu que Deschanel fût nommé à sa place (E. et J. DE GONCOURT Journal, 1894, p. 581).
Ne pas vieillir d'un cheveu (cf. E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1894, p. 536).
Manquer, rater d'un cheveu (cf. BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1416). Une roue de la voiture renversée tournait encore à toute vitesse au-dessus de lui (...) Manqué d'un cheveu, pensa-t-il (BERNANOS Monsieur Ouine, 1943 p. 1410).
Toucher, ne pas toucher un (seul) cheveu de la tête de qqn. Lui causer ou non le moindre petit dommage :
9. — Enfin, expliquez-moi!...
— Rien du tout! Me promettez-vous que vous garderez le silence sur le cas de cet homme, ce qui, du reste, peut vous servir, et que l'on ne touchera pas à un cheveu de sa tête?...
G. LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, p. 79.
Il y a un cheveu. Il y a un ennui, une difficulté de dernière minute. Je suis ici très bien (...) Il y a un cheveu, six francs par jour à payer (VERLAINE, Correspondance, t. 3, 1869-96, p. 126).
Venir, arriver, tomber comme un cheveu sur la soupe. Arriver à contretemps ou sans aucun propos. Ça vient comme un cheveu sur la soupe :
10. Le chef militaire, que l'on appelle, pour la conspiration, Renaud, et M. Noiret, l'ex-garagiste, ont mangé avec nous, et j'en ai profité pour leur poser quelques questions sur les maquis, pour ne pas y arriver comme un cheveu sur la soupe, ne pas paraître trop gourde...
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 359.
Passer la main dans les cheveux de qqn. Le flatter. Cette façon de procéder (...) me séduit (...) Et croyez bien que je n'ai pas l'intention de vous passer la main dans les cheveux (COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, p. 18).
Couper les cheveux en quatre. Subtiliser à l'excès. Les énervants coupages de cheveux en quatre (N. SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, p. 11) :
11. Mme de Staël coupait, disséquait un cheveu en quatre. Elle anatomisait et colorait tout.
CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1824, p. 128.
Un raisonnement, une interprétation tiré(e) par les cheveux. Une argumentation qui manque de solidité ou de naturel :
12. Une manie des nouveaux venus ici est de chercher l'étymologie du nom de Plombières. On leur en donne plusieurs (...) toutes plus tirées par les cheveux les unes que les autres.
H. BERLIOZ, Les Grotesques de la musique, 1869, p. 135.
Proverbialement. On ne peut faire pousser des cheveux à des chauves (BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 141). On ne peut pas peigner un diable qui n'a pas de cheveux (F. VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, t. 4, 1828-29, p. 167).
II.— [P. anal. de forme ou de finesse]
A.— Domaine de l'hist. nat.
1. BOTANIQUE
a) Branches retombantes de certains arbres; filaments de certaines plantes qui imitent une chevelure. Cheveux des saules, de l'algue, du sainfoin. Blonds cheveux de la clématite en fruits (BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 121).
b) Plus spéc. Végétaux de diverses sortes affectant la forme capillaire. Cheveux de la Vierge, cheveux de Vénus. Fleur de la viorne; nom donné à plusieurs espèces de byssus :
13. Les nombreuses familles des pariétaires, la camomille, les cheveux de Vénus sortaient par touffes abondantes et variées entre les barbacanes de la muraille, lézardée malgré son épaisseur.
BALZAC, Le Curé de village, 1839, p. 89.
SYNT. Cheveux du diable (synon. cuscute). Cheveux d'évêque (synon. raiponce) (A. FRANCE, Pierre Nozière, 1899, p. 172). Cheveux de mer (synon. varechs filamenteux), cheveux de paysan (synon. chicorée sauvage, barbe de capucin).
2. ENTOMOL. Cheveux de la Vierge. Nom donné parfois aux fils de la Vierge, fils d'araignée des champs (cf. M. ROLLINAT, Les Névroses, Refuges, 1883, p. 151).
3. MINÉR. Cheveux de Vénus. Nom donné aux filaments dorés que forme le rutile dans le quartz hyalin (cf. A. et N. METTA, Les Pierres précieuses, 1960, p. 89).
B.— Techn. diverses
1. ART CULIN. Cheveu d'ange. Vermicelle très fin. Tranches d'orange, de cédrat ou de citron, confites et coupées en lanières minces.
2. CÉRAMIQUE
a) Fêlure d'une faïence ou d'une porcelaine. Assiette, tasse ayant un cheveu. Sans un « cheveu » (F. CARCO, Nostalgie de Paris, 1941, p. 24).
b) Cheveu d'or. Filet d'or encadrant une pièce de porcelaine.
3. DÉCORATION. Cheveux d'ange. Guirlande d'arbre de Noël (Catal. de jouets [Magasins du Louvre], 1936).
Prononc. et Orth. :[()vø]. [] muet noté ds les dict. hist. ainsi que ds PASSY 1914, DUB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. [] muet noté entre parenthèses ds BARBEAU-RODHE 1930 (qui transcrit également [] ou [] par assourdissement de [v] sous l'infl. de []), Pt ROB. et WARN. 1968. Au sujet de [] muet cf. chemin. FÉR. 1768 : ,,Ceux qui affectent prononcent jeveu``. À ce sujet cf. cheval. Attesté ds Ac. 1694-1932. Au plur. des cheveux. Étymol. et Hist. 1. Mil. XIe s. chevels cas régime plur. (Alexis, 87a ds T.-L.); XVe s. en cheveux « sans bonnet ni coiffe » (LOUIS XI, Nouv., XXXVII ds LITTRÉ); d'où les expr. fig. a) 1558 empoigner (l'occasion) aux cheveux (JOACHIM DU BELLAY, Au roi, s. la trêve ds GDF. Compl.); 1584 tenir l'occasion par les cheveux (O. DE TURNEBE, Les Contens, I, 3, ibid.); b) av. 1630 faire dresser les cheveux à la teste de (quelqu'un) (AUBIGNÉ, Vie, XXI ds LITTRÉ); c) 1671 prendre quelqu'un aux cheveux (LA FONTAINE, Contes, éd. H. Régnier, t. 5, p. 12); 1690 fendre un cheveu en deux (FUR.); 2. p. anal. lang. poétique av. 1560 les verds cheveux du boccage (J. DU BELLAY, III, 77 r° ds LITTRÉ); 1556 bot. cheveux de Venus (BERNARD DESSEN, Compositione medicamentorum, p. 197 cité ds R. Lang. rom., t. 5, p. 77). Du lat. class. capillus « cheveu ». Fréq. abs. littér. :11 714. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 14 446, b) 21 807; XXe s. : a) 20 249; b) 13 626.
DÉR. Chevil(l)ière,(Chevilière, Chevillière) subst. fém. 1. Ruban grossier ou tresse plate en coton ou en fil écru. Attesté sous la forme chevilière ds BESCH. 1845, sous la forme chevillière ds BESCH. Suppl. 1845-46, LITTRÉ, GUÉRIN 1892 et QUILLET 1965, et sous les 2 formes ds Lar. 19e-20e et Lar. encyclop. 2. Région. (franco-prov. et suisse romand). Ruban métrique. Ils déroulaient à cet effet (pour prendre les mesures) leur chevillière de toile gommée, où les toises étaient indiquées par un trait noir (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 117). Seule transcr. ds LITTRÉ : che-vi-llè-r' (avec [] mouillé). 1re attest. XVIe s., cheveliere ds HUG., XVIe s. « cordon, ruban » (Presentation des joyaux, 59, Picot et Nyrop, Nouv. rec. de farces, p. 184, ibid.); de l'a. fr. chevel (v. cheveu), suff. -ière. Fréq. abs. littér. Chevillière : 1.
BBG. — BRÜCH (J.). Die Wörter für « Haar » im Latein und ihr Fortleben im Romanischen. Wiener Studien. 1957, t. 70, pp. 51-53. — GOTTSCH. Redens. 1930, pp. 136-137. — MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 48. — ROG. 1965, p. 19, 125, 180. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 363. — STEFENELLI (A.). Der Synonymenreichtum der altfranzösischen Dichtersprache. Wien, 1967.

cheveu [ʃ(ə)vø] n. m.
ÉTYM. 1080, chevel; du lat. capill-, proprt « chevelure ».
1 Poil qui recouvre le crâne de l'homme. Chevelure; capill-, trich-. (S'emploie surtout au pluriel : les cheveux. fam. Cresson, crins, douilles, mousse, persil, plumes, poil, tifs…). || Les cheveux sont des phanères. || Partie de la peau où poussent les cheveux. Cuir (chevelu). || Ses cheveux sont plantés bas. Plantation. || Naissance des cheveux. || Les cheveux croissent par la racine. Bulbe. || Cheveux fins, gros, vigoureux, secs, gras, ternes, brillants. || Cheveux plats, lisses. || Cheveux raides (comme des cordes, comme des baguettes de tambour). || Cheveux drus, rebelles. || Cheveux souples. || Cheveux frisés. Bouclé, crépelé, crépu, ondé, ondulé. || Cheveux soyeux. || Cheveux laineux ( Lanugineux) comme de l'étoupe. || Cheveux vaporeux.
1 Il (le duc de Bourgogne) avait des cheveux châtains si crépus et une telle quantité qu'ils bouffaient à l'excès.
Saint-Simon, Mémoires, 822, 211.
2 Dans l'espèce humaine, les cheveux ne deviennent laineux que sur les nègres (…)
Buffon, Hist. nat. des hommes, Suppl., XI.
3 Ô Corse à cheveux plats, que ta France était belle
Au grand soleil de Messidor !
A. Barbier, Iambes et poésie, « L'Idole ».
4 (…) ces cheveux ondulés comme la mer et noués négligemment derrière la tête (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, IV, p. 56.
5 Chéri distingua un large dos, le bourrelet grenu de la nuque au-dessous de gros cheveux gris vigoureux (…)
Colette, la Fin de Chéri, p. 78.
6 Elle penchait, sur des papiers, ses cheveux crépelés à reflet roux, son joli front d'institutrice.
Colette, la Fin de Chéri, p. 10.
7 Le vent agitait ses cheveux rebelles.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, p. 85.
Couleur des cheveux. Pigment. || Cheveux noirs, d'ébène. || Cheveux aile de corbeau, qui ont des reflets bleus. || Avoir des cheveux bruns ( Brunet, brunette). || Cheveux châtains. || Cheveux roux ( Carotte, rouge). || Cheveux blonds. || Cheveux d'or. || La Fille aux cheveux de lin, prélude de Debussy. || Cheveux gris ( Grison; grisonnant). || Cheveux poivre et sel. || Le premier cheveu blanc. || Cheveux blancs ( Chenu; canitie), argentés. || Cheveux de neige. Fig. || Respectez les cheveux blancs : respectez la vieillesse.
8 Tes cheveux qui d'un or non pareil
Surmontent la blondeur des rayons du soleil.
Amadis Jamyn, Poésies, II, 80.
9 (…) d'admirables cheveux noirs vernis et brillants comme l'aile du corbeau (…)
Th. Gautier, la Toison d'or, I.
10 Les cheveux blancs, drus et courts, avivaient son œil sous d'épais sourcils gris.
Maupassant, Fort comme la mort, I, 1.
11 (…) ses cheveux châtains, massés sous un chapeau de feutre noir, luisaient dans la lumière avec des reflets fauves.
Paul Bourget, le Disciple, IV, p. 228.
12 Vous serez l'honneur de ma vieillesse, admirable élève, la gloire de mes cheveux blancs.
Ch. Péguy, Œ., t. I, p. 379.
13 (…) ses cheveux roux, durs et broussailleux, plantés comme de l'herbe sur son front bas (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 82.
14 (…) la brosse hirsute des cheveux poivre et sel (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 239.
Changements dans la couleur des cheveux. || Cheveux qui deviennent bruns ( Brunir, brunissage, brunissement; foncer), blonds ( Blondir; décolorer), gris ( Grisonner), blancs ( Blanchir). || Se décolorer les cheveux. Oxygéner. || Se faire éclaircir des mèches de cheveux ( Balayage). || Se teindre les cheveux. Teinture. || Se passer les cheveux à la camomille, à la feuille de noyer, au henné.
15 Son crâne aride nourrissait à peine quelques cheveux teints en noir.
France, le Lys rouge, VI, p. 74.
16 Des yeux au henneh, des cheveux au henneh, un trop joli visage, avec un mauvais sourire.
Loti, les Désenchantées, IV, p. 62.
17 (…) le rouge mal réussi de ses cheveux et leurs racines blanchissantes.
Colette, Chéri, p. 137.
Avoir beaucoup de cheveux. || Cheveux abondants, drus, épais. Chevelure; crinière, tignasse, toison. || Avoir peu de cheveux. || Avoir le cheveu rare. Clairsemé, maigre. || Ne pas avoir de cheveux. Atrichie, calvitie; chauve. || Un flot, une forêt, une masse de cheveux. || Une mèche, une touffe de cheveux. Épi, houppe, toupet.
18 (…) il était si chauve, qu'il ne lui restait qu'un toupet de cheveux par derrière (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, 2.
19 Elle avait une forêt de grands cheveux noirs, naturellement bouclés, qui lui tombaient au jarret (…)
Rousseau, les Confessions, IX.
20 (…) il avait rougi jusqu'à l'épi qui étoilait la naissance des cheveux (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 264.
Avoir les cheveux en désordre, en bataille, en broussaille, emmêlés, hirsutes. Décoiffé, dépeigné, ébouriffé, échevelé. || Cheveux en coup de vent.
21 La plaintive élégie, en longs habits de deuil
Sait, les cheveux épars, gémir sur un cercueil.
Boileau, l'Art poétique, II.
22 Une petite aux cheveux ébouriffés en nuage d'or (…)
Loti, Ramuntcho, I, I, p. 16.
23 (…) des saules laissant tomber leurs feuillages sur l'eau comme une femme aux cheveux dépeignés.
A. Maurois, Climats, I, V, p. 45.
Démêler, coiffer, peigner les, ses cheveux ( Brosse; peigne). || Cheveux qui tombent lorsqu'on les peigne. Démêlure, peignure.Porter les cheveux courts, longs, dans le dos. || Cheveux flottants, tombant sur les épaules. || Le pli des cheveux, leur mouvement naturel. || Séparation des cheveux. Raie.Arranger les cheveux. Coiffer; coiffeur; et aussi ajuster, attacher, cordeler, cordonner, crêper, natter, relever, retrousser, tirer, tordre, torsader, tortiller, tresser. || Disposition des cheveux. Coiffure; bandeau (cit. 3), chignon, coque, favori, frange, frison, guiche, mèche, natte, queue, rouleau, torsade, tortillon, toupet, tresse. || Objets qui tiennent les cheveux. Barrette, épingle, nœud, peigne (de cheveux), pince, ruban, serre-tête. || Filet à cheveux. Résille, réticule.
24 Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun d'un seul morceau, tant ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tête par une raie fine, qui s'enfonçait légèrement selon la courbe du crâne et, laissant voir à peine le bout de l'oreille, ils allaient se confondre par derrière en un chignon abondant, avec un mouvement ondé vers les tempes (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, p. 15.
25 Elle avait des cheveux superbes; plantés rudes et droits sur le front, ils se rejetaient puissamment en arrière, ainsi qu'une vague jaillissante, puis coulaient le long de son crâne et de sa nuque, pareils à une mer crépue, pleine de bouillonnements et de caprices, d'un noir d'encre. Ils étaient si épais qu'elle ne savait qu'en faire. Ils la gênaient. Elle les tordait en plusieurs brins, de la grosseur d'un poignet d'enfant, le plus fortement qu'elle pouvait, pour qu'ils tinssent moins de place, puis elle les massait derrière sa tête. Elle n'avait guère le temps de songer à sa coiffure, et il arrivait que ce chignon énorme, fait sans glace et à la hâte, prenait sous ses doigts une grâce puissante. À la voir coiffée de ce casque vivant, de ce tas de cheveux frisés qui débordaient sur ses tempes et sur son cou comme une peau de bête, on comprenait pourquoi elle allait tête nue, sans jamais se soucier des pluies ni des gelées.
Zola, la Fortune des Rougon, I, p. 16.
Défaire les, ses cheveux. Dénatter, dénouer, dérouler, détresser.
Couper les cheveux de qqn, à qqn. Désépaissir, effiler, rafraîchir, tailler, tondre, tonsurer. || Se couper, se faire couper les cheveux.(1822, in D. D. L.). || Une coupe de cheveux.Cheveux coupés court, taillés en brosse… ( Coiffure).
26 Son visage dormant, qu'allongeait un reste de cheveux dressés en brosse autour de la calvitie, accusait la cinquantaine.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 38.
Friser les cheveux de qqn, ses cheveux ( Bichonner, boucler, calamistrer, frisotter, onduler, rouler, roulotter). || Mèche de cheveux frisés. Boucle, frisette, frison, ondulation. || Procédés pour friser, mettre en forme les cheveux. Bigoudi, brushing (anglic.), fer (à friser), indéfrisable, mise (en plis), ondulation, papillote, permanente (permanent, 3. et cit. 6). || Lavage des cheveux. Shampooing. || Lustrer les cheveux ( Brillantine, cosmétique, gel, pommade). || Cheveux plaqués, gominés. || Poudrer ses cheveux. || Brosse à cheveux.
27 Il se fait mettre des papillotes et fait poudrer ses cheveux en attendant qu'on batte la générale (…)
Vauvenargues, Thersite.
28 Miss Bell, n'est-ce pas cette jeune personne qui a l'air, avec ses cheveux jaunes frisottés, d'un petit chien d'appartement ?
France, le Lys rouge, I, p. 10.
Maladies, affections des cheveux. Pelade, pellicule, plique ou trichome, séborrhée, teigne, trichophytie. || Décoloration congénitale des cheveux. Albinisme, leucotrichie. || Chute des cheveux. || Perdre ses cheveux. || Cheveux cassants, cheveux fourchus. || Parasite des cheveux. Pou. || Soin des cheveux. Capilliculture; brûlage, épointage, lotion (capillaire).
Faux cheveux. Chichi (II.), moumoute, perruque, postiche.
Cheveux d'Absalon, célèbres pour leur longueur. || Cheveux de Samson : cheveux dans lesquels résidait la force merveilleuse de Samson, et qui furent coupés à son insu par Dalila.
Collectivt. || Le cheveu : les cheveux. || Avoir le cheveu rare, fin, épais.
2 Loc. Cheveux au vent : cheveux libres de toute attache. || En cheveux : tête nue, sans chapeau (s'est dit au XIXe s. des femmes du peuple, lorsque les bourgeoises comme les aristocrates ne sortaient jamais sans chapeau). || Sortir en cheveux. || Femme en cheveux.
28.1 Cependant, parmi la foule plus rare, couraient des femmes en cheveux, redescendues après avoir allumé le feu, et se hâtant pour le dîner; elles bousculaient le monde, se jetaient chez les boulangers et les charcutiers, repartaient sans traîner (…)
Zola, l'Assommoir, t. II, p. 234.
29 Elle avait noué sur sa tête un foulard qui cachait ses cheveux, ses oreilles, ses joues. Un foulard gris. Pourquoi ? D'habitude, elle venait en cheveux.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 41.
29.1 Ainsi, par exemple, dit maman, tu as un chapeau sur la tête (…) — Eh bien, je vais enlever mon chapeau; je rêve de ne plus porter de chapeau. — Je déteste les filles en cheveux, dit papa. Ça fait mauvais genre.
Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains, p. 114.
Loc. fig. Se prendre aux cheveux : se quereller, se battre.S'arracher les cheveux : être furieux et désespéré (→ Arracher, cit. 50).
Faire dresser les cheveux sur la tête à qqn, lui inspirer un sentiment d'horreur.
30 Je ne sentis point cette horreur qui fait dresser les cheveux sur la tête et qui glace le sang dans les veines (…)
Fénelon, Télémaque, II.
(1875, in D. D. L.). Avoir mal aux cheveux : avoir mal à la tête pour avoir trop bu. || Avoir mal aux cheveux et la gueule de bois.
30.1 — J'ai mal aux cheveux, fils… Tu n'aurais pas un flacon de raide dans ta voiture ?
San-Antonio, le Secret de Polichinelle, p. 93.
Se faire des cheveux, des cheveux blancs : se faire du souci. → Poing, cit. 10. — ☑ Tiré par les cheveux : amené d'une manière forcée et peu logique. — ☑ Saisir l'occasion aux cheveux, par les cheveux, la saisir rapidement.
31 C'est une occasion qu'il faut prendre vite aux cheveux.
Molière, l'Avare, I, 5.
32 Il y a des figures claires et démonstratives, mais il y en a d'autres qui semblent un peu tirées par les cheveux, et qui ne prouvent qu'à ceux qui sont persuadés d'ailleurs.
Pascal, Pensées, X, 650.
Au sing. || Un cheveu.Fin comme un cheveu : extrêmement fin (→ Capillacé, capillaire).
Avoir un cheveu sur la langue : zézayer.
À un cheveu près : à très peu de chose près.Cela a tenu à un cheveu, il s'en est fallu d'un cheveu : cela a failli arriver, se réaliser.Ne pas toucher à un cheveu (d'une personne), ne pas porter la main sur elle.Ne pas ôter un cheveu (à une personne), ne rien lui ôter de son mérite.
33 Ce que je viens de dire sur les affinités d'imagination et de destinée entre le chroniqueur de René et le chantre de Childe-Harold n'ôte pas un seul cheveu à la tête du barde immortel (Byron).
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, 9.
33.1 Il faut savoir qu'un seul des cheveux de ces hommes (les internés politiques dans les camps allemands) a plus d'importance pour la France et l'univers entier qu'une vingtaine de ces hommes politiques dont des nuées de photographes enregistrent les sourires. Eux, et eux seuls, ont été les gardiens de l'honneur et les témoins du courage.
Camus, Actuelles I, La chair, mai 1945, Pl., p. 304.
(1866). Fam. Il y a un cheveu ! : il y a un ennui.
33.2 (…) tout semblait me destiner à la carrière métropolitaine la plus régulière. Pourtant, il y avait un cheveu, j'avais naguère publié dans une revue un article qui n'avait pas eu l'heur de plaire à certains des grands chefs dont dépendait ma destinée.
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 460.
Arriver, venir comme un cheveu, des cheveux sur la soupe : arriver à contretemps, mal à propos.
(Idée de finesse).Couper les cheveux en quatre : subtiliser à l'excès. || C'est un coupeur de cheveux en quatre !
34 Vous allez dire que je donne dans le rigorisme, que je coupe les cheveux en quatre.
J. Romains, Knock, p. 95.
Prov. On ne peut peigner un diable qui n'a pas de cheveux : on ne peut tirer quelque chose de quelqu'un qui n'a rien.
3 Fêlure très fine (dans la faïence, la porcelaine).
35 Des étrangers, des provinciaux peuvent — de bonne foi — prétendre que Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, les tours de Saint-Louis, le Louvre, Saint-Julien-le-Pauvre, le dôme des Invalides, le Panthéon, l'Arc de Triomphe demeurent tels qu'ils étaient, sans « un cheveu », comme disent les antiquaires, sans une fêlure (…)
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 21.
Cheveux d'ange a Guirlandes d'arbre de Noël.
b Vermicelles très fin.
c Tranches de cédrat, d'orange ou de citron, confites et coupées en lanières très minces.
Bot. || Cheveu-de-la-Vierge : fleur de la viorne. || Cheveu-de-Vénus : adiante ou capillaire.
36 — Mais non, répondit Mme de Villeparisis tout en disposant plus près d'elle le verre où trempaient les cheveux de Vénus que tout à l'heure elle recommencerait à peindre, c'était une habitude à M. Molé, tout simplement.
Proust, le Côté de Guermantes, éd. Folio, p. 231.
DÉR. Chevelé, chevelu, chevelure.
COMP. Décheveler, écheveler.

Encyclopédie Universelle. 2012.