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répondre

répondre [ repɔ̃dr ] v. <conjug. : 41>
respondre 980; lat. respondere, d'ab. « s'engager en retour »
I V. tr. dir. et ind. A(Sans objet dir.)
1 ♦ RÉPONDRE À QQN : faire connaître en retour sa pensée, son sentiment (à la personne qui s'adresse à vous). — (Par le langage) Répondre oralement à un interlocuteur, à un journaliste, à un examinateur. Il ne répondait que par monosyllabes, par oui ou par non. Loc. Répondre en Normand, ni oui, ni non. Répondre sèchement, durement. Je vous répondrai par écrit. Répondre à qqn par retour du courrier. (Par d'autres moyens d'expression, gestes, mimiques, etc.) Répondre d'un signe de la tête, par un sourire. « Elle ne me répondit jamais que par de longues étreintes » (Barbey).
Spécialt Se défendre verbalement, s'opposer en retour. répliquer, riposter. Je saurai lui répondre. Par ext. Raisonner, se justifier lorsque le respect commande le silence. récriminer. Enfant qui répond à son père.
2 ♦ RÉPONDRE À QQCH. : faire une réponse verbale (à telle ou telle chose). Répondre à une question. « il alla répondre avec calme à l'interrogatoire du commandant » (Loti). Répondre à un compliment. Répondre à une lettre.
Spécialt Opposer une réponse, une défense. Répondre à des critiques. Répondre à des objections. réfuter.
Par anal. (sujet chose) Se faire entendre tout de suite après (en parlant d'un bruit, d'un son semblable à un autre qui le précède). « Leurs lamentations répondaient [...] aux miaulements des hyènes » (France). La flûte répond au violon. Pronom. « Des rimes qui se répondent comme des échos intelligents » (Mme de Staël).
(Personnes, animaux) Se manifester à l'appel de (qqn); réagir (à un appel, un stimulus). Nous avons sonné, personne ne nous a répondu. Répondre au téléphone. J'ai fait le numéro, ça ne répond pas. Répondre à une convocation, y aller.
Loc. Répondre au nom de, se dit d'un chien qui connaît son nom. — Fig. ou par plais. Avoir pour nom. « Le drôle qui répond au nom de Maxime Du Camp » (Flaubert).
Fig. Répondre à l'appel de qqn, faire ce qu'il attend de vous.
B(Avec objet dir. et ind.) RÉPONDRE QQCH. À QQN ou À QQCH.
1(1080) Dire ou écrire (sa pensée, son opinion à celui qui la sollicite ou s'adresse à vous), dire en réponse (à qqch.). « Que répondrez-vous à cette enfant, Perdican ? » (Musset). Ne rien trouver à répondre (cf. Rester coi, sec). Il n'y a rien à répondre à cela. objecter. Fam. Bien répondu. « De grâce, répondez oui ou non à ma demande » (Estaunié). (Discours direct) Il lui répondit : « C'est votre faute ». Le soldat ou l'élève répond présent à l'appel. (En incise) « Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère » (La Fontaine). — RÉPONDRE DE (et l'inf.). Il m'a répondu de rester où j'étais. — RÉPONDRE QUE (et l'indic.). 1. dire, 1. repartir, répliquer, rétorquer. Il « répondit que sa bienveillance m'était acquise » (A. Daudet). Impers. « Il me fut répondu que mon cas serait examiné » (Duhamel).
2(1549; seult dans quelques emplois) Donner une réponse à (qqch.). Dr. Répondre une requête, se dit du juge qui délivre une ordonnance au bas d'une requête. — Relig. Répondre la messe, se dit du servant qui prononce tout haut les réponses aux paroles du célébrant.
IIFig. (trans. ind.) A ♦ RÉPONDRE À.
1(fin XIIe) Être en accord avec, conforme à (une chose). « Sa voix répondait exactement à sa physionomie » ( Romains). correspondre. Politique qui ne répond pas à la volonté du pays. concorder (avec). Répondre à une attente, se dit d'une personne, d'une chose qui est conforme à ce qu'on voulait qu'elle fût, à ce qu'on attendait d'elle. « j'avoue que le succès ne répondit pas d'abord à mes espérances » (Racine). Répondre à une description. « Le bonhomme répond au signalement qu'on vous en avait donné ? » (Bernanos). « Ces crises de fraternité répondent à un besoin aussi violent que la faim, la soif et l'amour » (Maurois). satisfaire. Pronom. « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » (Baudelaire).
2(XVIIe) Dans les relations d'échange ou d'opposition, Se dit de la personne dont le comportement se règle sur le comportement de l'autre et lui succède. Répondre à la force par la force. opposer. Ne pas répondre à la provocation. Répondre par une gifle à une injure. (Sans compl. de manière) Payer de retour, par un comportement semblable, ou une attitude marquant la compréhension, l'accord. Répondre à un salut. rendre. « Une répugnance naturelle m'empêcha longtemps de répondre à ses avances » (Rousseau). Répondre à l'affection de ses parents.
3(Choses) Produire les effets attendus. réagir. L'organisme répond aux excitations du milieu extérieur. obéir. Des freins qui répondent bien.
4(1663; « être contigu » 1420; « aboutir à » 1234) (Concret) Correspondre symétriquement. Courbe qui répond à une autre. Pronom. Les deux ailes du bâtiment se répondent.
B ♦ RÉPONDRE DE... (1157 en provenç.)
1S'engager en faveur de (qqn) envers un tiers. « Je réponds de ma femme, et prends sur moi l'affaire » (Molière). Je réponds de lui auprès de ses créanciers. Répondre de soi : s'engager pour l'avenir auprès des autres ou de soi-même.
Se porter garant. Répondre de l'innocence de qqn. garantir. « Je ne pourrais répondre ni de l'ordre dans la rue ni de la discipline dans l'armée » (Mac-Mahon). « Si vous voulez suivre ses conseils, il répond de votre avenir » (Gobineau). Répondre de la vie d'un malade, et par ext. d'un malade, se dit du médecin qui affirme que le malade est hors de danger. — (Avec l'inf.) Vx « je vous réponds de renverser tout cet obstacle » (Molière). (Choses) Constituer une garantie. Mon intérêt vous répond de moi. « un sceau [les hiéroglyphes] mis sur les lèvres du désert et qui répondait de leur éternelle discrétion » (Chateaubriand).
2(XVIe; sens affaibli) S'engager en affirmant. assurer, garantir. Je ne réponds de rien : je ne vous garantis rien. — Loc. Ne plus répondre de rien : s'avouer incapable de maîtriser la suite des événements. Je vous en réponds (renforce une affirmation). « Tu ne languiras pas longtemps, je t'en réponds » (Molière). affirmer.
3Être garanti par un engagement volontaire ou responsable devant la loi, la société, la morale. Répondre de soi seul.
C ♦ RÉPONDRE POUR... : être responsable de. La justice « veut que chacun réponde pour ses œuvres » (Michelet). ⊗ CONTR. Demander, interroger, questionner.

répondre verbe transitif (latin respondere) Dire, énoncer quelque chose en retour à quelqu'un qui a parlé, posé une question : Il lui arrive de répondre des bêtises. Répondre présent à l'appel de son nom. Ordonner, recommander, en retour, de faire telle chose : Quand on l'interroge, il répond de patienter. Envoyer en retour une lettre. ● répondre (difficultés) verbe transitif (latin respondere) Conjugaison Construction 1. Répondre qqch, répondre que (+ indicatif) : répondre oui, non ; que voulez-vous répondre ? « Que répondez-vous à cela ? - Je réponds que je suis d'accord. » Remarque La tournure répondre une lettre, pour écrire une lettre en réponse à celle que l'on a reçue, est sortie de l'usage. En revanche, répondre une requête (= mettre au bas la décision prise) et répondre la messe (= répondre aux paroles prononcées par le célébrant) sont encore employés dans les domaines juridique et religieux. 2. Répondre de = se porter garant de. Je réponds de lui comme de moi-même. Le fabricant répond de la solidité de ses équipements. Mot du vocabulaire courant. 3. Répondre pour qqn = s'engager à payer ses dettes. Terme juridique. ● répondre (expressions) verbe transitif (latin respondere) Répondre la messe, répondre, pendant la messe, aux paroles prononcées par le prêtre. ● répondre (homonymes) verbe transitif (latin respondere)répondre (synonymes) verbe transitif (latin respondere) Dire, énoncer quelque chose en retour à quelqu'un qui a parlé...
Synonymes :
- répliquer
- rétorquer
répondre verbe transitif indirect Fournir la ou les réponses demandées : Répondre à un questionnaire. Être conforme à ce qui est demandé, attendu : Cela ne répond pas à notre question. Envoyer une lettre à quelqu'un faisant suite à celle qu'il a adressée : Écrivez-moi, je vous répondrai. Se manifester à quelqu'un qui vous a appelé, donner suite de telle façon à une demande : Répondre à un coup de téléphone. Faire des objections à quelqu'un, contester ses ordres : Un enfant qui répond à ses parents. Avoir tel comportement en retour : J'ai répondu par de l'indifférence à ses avances. Avoir le même sentiment que quelqu'un en retour, rendre la même action : Il a toujours répondu à ma gentillesse. En parlant d'un son, d'un élément décoratif, etc., correspondre à un autre avec une certaine symétrie : Au bleu du ciel répond le bleu de la mer. Réagir de façon normale à une action : Les freins ne répondent plus. Être conforme à ce qui est attendu, lui correspondre parfaitement : Une fabrication qui répond à un besoin.répondre (expressions) verbe transitif indirect Répondre de, se porter garant pour quelqu'un, cautionner ses actes : Je réponds de son honnêteté. Je vous en réponds, renforce une affirmation ; je vous assure. Ne plus répondre de rien, s'avouer incapable de maîtriser une situation dangereuse. Répondre aux aides, pour un cheval, obéir aux indications du cavalier. ● répondre (homonymes) verbe transitif indirectrépondre (synonymes) verbe transitif indirect Faire des objections à quelqu'un, contester ses ordres
Synonymes :
- récriminer
- répliquer
Avoir tel comportement en retour
Synonymes :
- payer de retour
Réagir de façon normale à une action
Synonymes :
- obéir
- réagir
Être conforme à ce qui est attendu, lui correspondre parfaitement
Synonymes :
Répondre de
Synonymes :

répondre
v. tr. dir. et indir.
d1./d Faire réponse à ce qui a été dit, demandé. On vous appelle, répondez vite. Répondre par écrit. Répondre une sottise.
d2./d Répondre à: correspondre à. La seconde partie du livre ne répond pas à la première.
d3./d Donner en retour. Répondre à l'affection des siens.
d4./d Répondre de, pour qqn, lui servir de garant, de caution.
d5./d Réagir à l'action des commandes (véhicules, machines, etc.). Les freins ne répondaient plus.

⇒RÉPONDRE, verbe trans.
I. — Empl. trans. dir.
A. — [Le compl. d'obj. dir. est explicitement formulé] Faire connaître, oralement ou par écrit, en retour à une question, à une demande, à une remarque, ce qu'on a à dire. Répondre oui ou non, répondre amen; n'avoir rien à répondre; ne savoir que répondre. Les coutumes les plus absurdes, les étiquettes les plus ridicules, sont en France et ailleurs sous la protection de ce mot:« C'est l'usage. » C'est précisément ce même mot que répondent les Hottentots, quand les Européens leur demandent pourquoi ils mangent des sauterelles (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 47). Elle lui avait souvent répété: « Paul, ton menton! » comme les mères: « Tiens-toi droit! » ou « Mets tes mains sur la table ». Il lui répondait quelque grossièreté, ce qui ne l'empêchait pas de travailler son profil devant la glace (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 68).
Répondre une lettre (à qqn). Écrire en retour. Tourgueneff m'a répondu une lettre fort gentille (FLAUB., Corresp., 1871, p. 236).
DR. Répondre une requête. Délivrer une ordonnance au bas d'une requête. (Dict. XIXe et XXe s.).
RELIG. CATH. Répondre la messe. Prononcer à haute voix les réponses aux paroles du célébrant. Il avait beau savoir répondre la messe, il était pêcheur, et non prêtre (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 72).
Répondre + inf. [Le suj. de l'inf. est celui de répondre] Frédéric (...) assura qu'il avait été chez Mme Arnoux plusieurs fois, inutilement. Arnoux en demeura convaincu, car souvent il s'extasiait devant elle sur l'absence de leur ami; et toujours elle répondait avoir manqué sa visite; de sorte que ces deux mensonges, au lieu de se couper, se corroboraient (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 144).
Répondre de + inf. [Le suj. de l'inf. est le compl. indir. de répondre] En présence de cette attaque, Maunoury avait demandé des ordres en cas d'échec; on lui avait répondu de se replier éventuellement sur l'Avre et ultérieurement sur Saint-Just-en-Chaussée en évitant tout contact qui pourrait être décisif (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 342).
Répondre que + ind. M. Churchill m'a écrit pour me demander l'engagement en Libye d'une grande unité française. Je lui ai répondu que je donnais volontiers les ordres nécessaires (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 640).
B. — Empl. abs. Formuler une réponse à une interrogation exprimée ou non. Répondre oralement; répondre franchement, sans détours. Pourquoi ne pas consentir que l'homme soit source, origine d'énigmes (...) quand notre existence, nos mouvements, nos sensations ne s'expliquent absolument pas, et que tout ce qu'on voit est indéchiffrable, à peine notre esprit se pose, et s'arrête de répondre pour demander? (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 18). Il n'est besoin de répondre que lorsque l'enfant questionne, et strictement à chaque question (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 148).
Répondre; répondre vertement, du tac au tac, etc.; mal répondre. Répliquer avec effronterie ou grossièreté. [La petite fille] m'avait si mal répondu, j'ai eu un mouvement de vivacité, je suis montée sur mes grands chevaux (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 189).
Rem. On peut rattacher à l'empl. trans. dir. l'usage très fréq. de l'incise. Elle est sans voix, lui répondis-je en soupirant, comme toutes les mandragores que j'ai cueillies de ma vie (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 64).
II. — Empl. trans. indir.
A. — Répondre à. [Corresp. à réponse]
1. [Le suj. désigne un animé]
a) Adresser une, des paroles, un écrit, un signe de compréhension en retour à ce qui a été écrit, demandé oralement ou non. Répondre par retour du courrier à; répondre en direct à. Il fallut passer plusieurs journées à l'apprivoiser quelque peu, lui décoller les bras de ses jupes, et lui ôter ces tremblantes révérences, par lesquelles l'enfant répondait aux moindres paroles, aux regards, et même aux histoires merveilleuses (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 81). Mr. Wayne me montrait un de ses tours, dit François, répondant à la muette interrogation de Mahaut (RADIGUET, Bal, 1923, p. 48).
Répondre à une lettre. Écrire en retour à une lettre reçue. Je commence à répondre à ta lettre (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 46).
b) Se justifier par la parole ou par écrit; réfuter, riposter. Je lui dis la nécessité de me donner des renseignements pour répondre aux attaques publiques ou secrètes contre l'armée et son chef (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1916, p. 154):
Le plus récent Cahier nous le montre, (...) appuyant sa défense du catholicisme sur diverses considérations dont aucune ne touche à l'essentiel de ce qu'a voulu signifier le Christ quand il a dit: « Je suis la vérité. » Et cela se conçoit, puisqu'il s'agissait pour Barrès de répondre aux objections des députés radicaux-socialistes.
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 188.
P. métaph., iron. [Le suj. inanimé considéré comme une pers.] On tira dessus; nos petits canons répondirent au feu de la place, qui fit une décharge générale de tous ses remparts (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 63).
c) Être présent à un appel; se manifester à l'appel de. Répondre à une convocation. Tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, n'ont pas répondu aux appels de l'Humanité ou de quelque autre organisation donnent à la chapelle une couleur bourgeoise, une atmosphère de considération que l'on ne trouve pas ailleurs (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 24).
Absol. Les morts répondent toujours quand on les appelle (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 36).
Répondre à une citation du tribunal. Se présenter devant un tribunal en tant que témoin ou en qualité de défenseur. (Dict. XIXe et XXe s.). Répondre à un coup de sonnette. Aller ouvrir la porte d'entrée (Dict. XIXe et XXe s.). Répondre au téléphone. Entrer en communication téléphonique. Ça ne répond pas (fam.). Si vous aimiez l'aventure, il suffisait d'aller répondre au téléphone, des voix étrangères vous y parlaient dans une langue inconnue (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 22).
Répondre à tel ou tel nom. Réagir à l'appel de ce nom. La pauvre bête même répond au nom par quoi on l'appelle (CLAUDEL, Gdes odes, 1910, p. 271).
Répondre au nom, au prénom de. Avoir pour nom, prénom tel ou tel nom ou prénom. Ce héros avait un frère, qui fut mon grand-père, et mon grand-père, comme tout le monde, avait une femme répondant au nom évangélique de Marie (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 19).
ÉQUIT. [En parlant d'un cheval] Répondre aux aides. Obéir aux ordres du cavalier. V. aide1 II B 6.
d) Adopter vis-à-vis d'un être vivant un comportement, une attitude en réponse aux siens. Répondre aux avances de qqn; répondre à un salut; répondre à la violence par la violence. Je lui ai ouvert le cœur par cette confidence, et je l'ai trouvé le plus délicat des hommes dans la manière de répondre à l'affectueuse confiance que je lui montrais (BARB. D'AUREV., Memor. pour l'A... B..., 1864, p. 434). Devant une bête qui ne répondait plus guère à la provocation, Jesus ne fit rien de saillant avec la muleta; mais ce qu'il fit fut fait dans le berceau des cornes, et inspiré par le sang torero (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 552).
Empl. abs. [Le compl. introd. par la prép. à est s.-ent.] [Ursule] me résista on ne peut mieux, et quand je voulus jouer des mains et des griffes, elle répondait des pieds et des dents (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 239).
2. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Ne pas décevoir, satisfaire une attente. Il n'y a qu'une seule littérature, celle des livres amusants. Nathan est entré dans une voie nouvelle, il a compris son époque et répond à ses besoins. Le besoin de l'époque est le drame (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 425). Dans la construction, le règne de la terre s'est généralisé sous forme de brique: unie au fer, celle-ci tend aujourd'hui à supplanter toute autre matière; elle répond au besoin tout moderne d'improviser, de faire vite, qu'il s'agisse de simili-palais ou d'usines (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 150).
3. [Le suj. désigne un inanimé]
a) Réagir à une sollicitation, à un stimulus en produisant l'effet attendu. La perception, c'est-à-dire cet état du sujet qui va répondre à l'incitation extérieure, suppose une action mécanique et une présence de l'objet comme dans le réalisme (HAMELIN, Élém. princ. représ., 1907, p. 385).
b) Être en conformité avec. La jeunesse répond au matin et au printemps, la maturité de l'âge à l'été et au milieu du jour, la vieillesse au soir et à l'automne (L. MÉNARD, Rêv. païen mystique, 1876, p. 130). Ce qui est le meilleur dans le nouveau est ce qui répond à un désir ancien (VALÉRY, Tel quel I, 1941, p. 166).
c) Correspondre par symétrie; être en rapport de ressemblance, en accord. Ces os répondent à des plaques osseuses, situées sous la base du crâne, au nombre de deux, de quatre, ou de six, et dans lesquelles sont implantées des dents semblables (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 294). Son pied était cambré et mignon comme celui d'une femme; sa main répondait à son pied (KOCK, Compagn. Truffe, 1861, p. 6).
Empl. pronom. réciproque. Les miracles de Pierre et ceux de Paul forment deux séries qui se répondent (RENAN, Apôtres, 1866, p. XXVIII). Il avait enfin ordonné le tout de telle manière que les formes et les couleurs se répondissent (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 106).
B. — Répondre de. [Corresp. à l'adj. responsable]
1. Être, se sentir responsable des actes, de la vie de quelqu'un; se porter garant de lui. Je réponds de lui sur ma tête. Ne comptez sur moi que si la sienne est épargnée (LEMERCIER, Pinto, 1800, I, 2, p. 37).
2. Se porter garant d'une chose. Répondre de la vie d'un malade. Ce qu'il écrira sera supérieur; je vous le garantis. Répondre du talent, c'est presque répondre du succès (HUGO, Corresp., 1866, p. 564). M. de Gennevilliers prétend que si vous voulez suivre ses conseils, il répond de votre avenir (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 146).
Répondre des dettes de qqn. S'engager à les payer. (Dict. XIXe et XXe s.).
En répondre. Donner l'assurance de. Robert: (...) À Maurice Et vous, si vous aimez la vie, respectez cette personne; malheur au misérable qui oserait lui faire le moindre outrage. À Forban Je te charge, Forban, de faire veiller sur elle (...). Forban: Comptez sur moi, j'en réponds sur ma tête (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, III, 9, p. 39).
Répondre de + inf.
a) Se faire fort de. Synon. garantir. Je réponds de la guérir (...). Seulement il faut la mettre dans une maison de santé de mon quartier (BALZAC, Initié, 1848, p. 432).
b) Se porter garant de. Faites en sorte que les bans se publient, et je vous réponds de mettre David en prison. Ma mission finit avec son écrou (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 645).
Rem. Dans ce dernier sens, on relève la constr. répondre (à qqn) que « garantir que ». Alors qui vous répondra que votre attaque, sans raison plausible, n'irritera pas les peuples chez qui vous porterez la guerre, quelque philosophiques que puissent être les motifs de cette conduite? (ROBESP., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 137).
C. — Répondre pour
1. Qqn répond pour qqn. V. répondre de (supra B 1). Et si, seule entre toutes les habitantes, la belle Madame Moser n'avait pas une très bonne renommée, un ambassadeur répondait pour elle, et elle se tenait parfaitement bien (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 108).
2. Qqc. répond pour qqn. Constituer une garantie, témoigner en faveur de. Mon histoire répondra pour moi (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 206). C'est le jeu des vertus qui répondra pour moi (BORNIER, Fille Rol., 1875, I, 1, p. 10).
REM. Responsif, -ive, adj., terme de chancellerie. Qui contient une réponse. Mémoire responsif, notice responsive (Ac. 1935).
Prononc. et Orth.:[], (il) répond [-]. Ac. 1694, 1718: respondre; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. Faire connaître son sentiment, en retour, à celui qui s'est adressé à vous 1. a) trans. ) fin Xe s. respondre suivi d'une prop. en style dir. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 181: « Tu eps l'as deit » respon Jesus; 289); id. respondre a aucun id. (ibid., 135); ca 1050 respondre que introduisant une complétive au style indir. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 325: Icil respondent que neüls d'els nel set); ca 1100 respundre un mot (Roland, éd. J. Bédier, 22); ) id. respundre aucun « à quelqu'un » (ibid., 216); b) fin Xe s. intrans. respondre a aucun (Passion, 216: Ad un respondre non denat); ca 1165 empl. abs. (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 6325 ds T.-L.: Conseille t'en e si respon); 2. 1130-40 respondre encontre « répliquer, protester » (WACE, Conception N.-D., éd. W. A. Ashford, 455); ca 1165 respondre « id. » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 3212); 3. 1535 trans. « fournir une réponse à » respondre [une requeste] (M. D'AMBOISE, Babilon, 55 r ° ds HUG.); 1538 dr. (EST., s.v. liber, libellus: respondre a une requeste et y apposer le sceau: libellos signare); 4. 1538 dr. respondre (à une assignation) (ibid., s.v. diluere). B. 1. Ca 1100 p. anal. intrans. « (en parlant d'un son) se propager, se répercuter » (Roland, 1756: e la voiz est mult lunge, Granz .XXX. liwes l'oïrent il respundre); id. id. « renvoyer l'écho » (ibid., 2112); 2. a) ca 1190 intrans. liturg. (Renart, éd. M. Roques, 12033: Si m'i estuet chanter demain Et ge n'ai clerc qui me respoingne); ca 1220 trans. respondre ,,Aleluia`` (Comte de Poitiers, 976 ds T.-L.); b) ca 1228 empl. abs. (GERBERT DE MONTREUIL, Violette, 718, ibid.: Gerars cante [...] Ceste chançon [...], Et chascuns d'iaus respondu a). C. Relations d'échange, d'opposition 1. 1176-81 trans. « opposer comme contraste ou défense » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 636: Bien set ancontre vilenie Respondre san et corteisie); 2. a) fin XIIe s. respondre aucun « payer de retour par un signe, un geste, une parole semblables » (Partonopeus de Blois, éd. J. G. Gildea, ms. A, 1210, p. 458: sis salüe, Et cil l'ont molt bel respondüe); b) fin XIIIe s. repondre aucune rien « ne pas décevoir, se conformer à (un souhait, une attente) » (Sone de Nansai, 12144 ds T.-L.: pour respondre son plaisir); 3. ca 1200 intrans. « (d'un cheval) obéir à une excitation » (Renaud de Montauban, 185, 34, ibid.); ca 1210 (HERBERT DE DAMMARTIN, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 55: Des [var. as] esperons ne li respont il mie). D. 1. 1180-1220 respondre a « être en rapport de conformité avec; correspondre à » (GACE BRULÉ, Chans., éd. H. Petersen Diggve, LXVIII, 42: c'Amors ne m'ait doneit pooir De conoistre s'ai cuer respont la chiere); 2. ca 1265 notion de coordination, de symétrie respondre a (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 186, 59, p. 164: que lor membre [des chevaux] soient bien ordenés, et les uns bien respondans as autres). E. Répondre de 1. 1174-76 « fournir des explications, justifier [un acte] devant une instance judiciaire » respundre del mesdit (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 801); 2. fin XIIe s. « garantir; promettre; se porter garant de » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 690: Du mesage ot Tristan parler, Au roi respont de lui porter); ca 1200 respondre de aucun (GUIOT DE PROVINS, Bible, 833 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 35); ca 1223 part. prés. subst. « garant » (GAUTIER DE COINCI, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 2 Mir 18, 127: Plege ne respondant n'aroye); 3. 1580 réfl. se respondre de « avoir la certitude [de quelque chose] » (MONTAIGNE, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 502); id. se respondre que « id. » (ID., ibid., I, 31, p. 203); de là 4. 1636 respondre que « affirmer hautement que » (MONET, p. 761b). Du lat. vulg. (fin IVe s., Peregr. Aetheriae, 24, 1: responduntur, d'apr. VÄÄN., § 314), class. [à l'orig. terme de la lang. relig.: « s'engager en retour; répondre à un engagement solennellement pris », de spondere « promettre solennellement »] « faire une réponse oralement ou par écrit; répliquer, réfuter; répondre à un son, répéter, retentir; répondre à un appel, une citation de justice [notamment pour se justifier] (à basse époque « répondre pour quelqu'un, le défendre » Itala, Romains ds BLAISE Lat. chrét.); « donner en retour, rendre l'équivalent; répondre à l'attente, aux efforts; être l'équivalent, conforme; cadrer avec, faire le pendant à ». Fréq. abs. littér.:42 343. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 59 202, b) 79 090; XXe s.: a) 61 766, b) 50 034. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 203-204. — QUEM. DDL t. 21.

répondre [ʀepɔ̃dʀ] v. [CONJUG. pondre; → Rendre.]
ÉTYM. 980, respondre; lat. respondere, d'abord « s'engager en retour ».
———
I V. tr. ind.
A (Sans objet direct).
1 Répondre à (qqn) : faire connaître en retour sa pensée, son sentiment (à celui qui s'est adressé à la personne représentée par le sujet).Par le langage. || Répondre oralement à qqn. || Il répond à tous ceux qui lui parlent, qui l'interrogent. || Répondre à un interlocuteur, à un orateur, à un examinateur, à un journaliste… || Je vous demande (cit. 27), je vous prie de me répondre. || Vous refusez toujours de me répondre ! (→ Fléchir, cit. 9). || Faut-il vous répondre net (cit. 31), franchement ? || Il me répondait avec une grande patience (→ Insistant, cit. 1). || « Voici comme ce Dieu vous répond par ma bouche » (cit. 14, Racine).Absolt. || Quand on vous parle il faut répondre (→ Obligation, cit. 5). || Le vieux ne répondit point (→ Lenteur, cit. 9). || Ouvrir la bouche pour répondre (→ 1. Court, cit. 24). || Il ne répondait que par monosyllabes (cit. 2), laconiquement. || Répondre par oui ou par non. || Le candidat a bien répondu.Répondre en Normand (cit. 3). || Répondre sèchement, durement, du bout des lèvres. || Répondre de travers. || Répondre par des lieux communs (→ Mesurer, cit. 15), par un flot d'ordures (cit. 10), par des plaisanteries, des pirouettes.
1 L'abbé avait pour principe de ne jamais diriger la conversation, c'était en répondant qu'il avait de l'esprit et arrivait à ses fins.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Le rose et le vert », VII.
(Par écrit). || Répondre par écrit. Récrire (vx). || Répondre à qqn par retour du courrier, par retour. || Il a tardé à lui répondre (→ Houspiller, cit. 4). || Répondez s'il vous plaît (abrév. : R. S. V. P.), mention portée sur une invitation.
(Par d'autres moyens d'expression, gestes, mimiques, etc.). || Répondre en hochant la tête; répondre de la tête (→ 1. Grave, cit. 10), par des signes (→ Muet, cit. 19), par un signe affirmatif (cit. 2), par un sourire, en levant les bras au ciel (→ Désemparer, cit. 5), en haussant les épaules… || Elle ne me répondit que par de longues étreintes (→ Pourquoi, cit. 28).Par ext. || « Après (cit. 71) ne me réponds qu'avecque cette épée » (Corneille).
Spécialt. Se défendre verbalement, s'opposer en retour ( Répliquer, riposter). || Je saurai lui répondre. || Avoir l'art de répondre vite et durement (→ Dialecticien, cit. 3). || Répondre du tac au tac, répondre vertement à qqn. Rembarrer, river (son clou). || Il faudrait répondre dans les journaux (→ Polémique, cit. 3). Par ext. Raisonner (cit. 5), se justifier lorsque le respect commande le silence. Récriminer. || Enfant qui répond à son père, à son professeur. || Vous répondez, petit insolent !
2 Répondre à (qqch.) : réponse verbale (à qqch.). || Répondre à une demande, à une question (cit. 4). → Figurer, cit. 3; grève, cit. 13. || Je répondais de mon mieux à toutes leurs questions (→ Effrontément, cit. 2). || Répondre à côté, de travers (à une question). || Répondre à des interrogatoires (→ Dossier, cit. 2). || Répondre à un éloge, un compliment. || Répondre à une lettre (→ Fissure, cit. 2; 2. poste, cit. 6).
2 Mes lettres mêmes sont le sujet d'une petite guerre : non contente de n'y pas répondre, elle refuse de les recevoir.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXIV.
3 Il (…) alla répondre avec calme à l'interrogatoire du commandant (…)
Loti, Mon frère Yves, XXXII.
4 L'un d'entre eux s'apprêtait à répondre au compliment qu'on lui faisait (…)
J. Green, Léviathan, I, VII.
5 (…) il s'était tu et n'avait plus répondu qu'évasivement aux questions de Grand.
Camus, la Peste, p. 209.
Spécialt. Opposer une réponse, une défense, contre-attaquer. || Répondre à des critiques (→ Impulsion, cit. 1), des attaques, des réprimandes (→ Ingrat, cit. 11), des accusations ( Récriminer, vx). || Répondre à des objections, des arguments. Réfuter (→ Manichéen, cit.).
3 (Sujet n. de chose). Se faire entendre tout de suite après, en parlant d'un bruit, d'un son semblable à un autre qui le précède. || Leurs lamentations répondaient aux miaulements des hyènes (→ Hurler, cit. 8). || La flûte répond au violon (à l'orchestre). || Bruit auquel l'écho répond, que l'écho répète (→ aussi le sens II, A, 2).
REM. Un emploi transitif direct (répondre un bruit) est attesté, ici au passif :
5.1 Frappait-il à la porte le coup de heurtoir était répondu par un cri de joie de toute la Maison.
Restif de La Bretonne, la Vie de mon père, p. 243.
4 (Personnes, animaux). Se manifester à l'appel de qqn; réagir (à un appel, un stimulus). || Nous avons sonné, personne ne nous a répondu. || Ils m'appelleront (cit. 5) et je ne répondrai pas. || Rien ne répondait plus (à la radio). → Indicatif, cit. 4. — Fam. || J'ai fait le numéro, ça ne répond pas (au téléphone). || Paris ne répond pas.Répondre à l'appel nominal (→ Député, cit. 3).Répondre au nom de, se dit d'un chien qui connaît son nom. Fig., parfois plais. Avoir pour nom, porter un nom. || Le drôle qui répond au nom de Maxime Du Camp (→ 1. Insigne, cit. 6, Flaubert). || Répondre à l'appel (fig.) de qqn, faire ce qu'il attend de vous (une action, une aide, un don, etc.). || Nous vous remercions d'avoir si généreusement répondu à notre appel.Absolt. Dr. || L'intimé (cit.) répondra dans la huitaine suivante. || Assigné (cit. 15 et 19) qui répond.
B (Avec un objet direct). || Répondre (qqch.) à (qqn), à (qqch.). (1080). Dire (sa pensée, son opinion) à celui qui la sollicite ou s'adresse à vous. || Répondre oui (→ 1. Point, cit. 63), non (→ Fatalité, cit. 14), ni oui ni non (cit. 22) à qqn. || Répondre non à une question. || Ne pouvoir répondre que oui ou non (→ Instruction, cit. 10). || Répondre amen (cit. 2). || Répondre d'accord (→ Minute, cit. 6). Fam. || Bien répondu ! : voilà une bonne réponse.(Suivi de deux points et d'une proposition). || Il répondit prudemment : qu'est-ce que c'est ? (→ Haut-le-corps, cit. 4; et aussi aimer, cit. 8). — Ne rien trouver, n'avoir rien à répondre (cf. Rester coi, être réduit au silence). || Nous ne savons que lui répondre (→ Insister, cit. 7).Écrire en retour. || Il m'a répondu une longue lettre. || Les lettres que je reçois et celles que je réponds (→ Intervalle, cit. 11, Voltaire).Dire ou écrire en réponse (à qqch.). || Que répondrais-je à ces critiques ? (→ Jusque, cit. 39). || Il n'y a rien à répondre à cela. Objecter. || Tout ce que je peux répondre à votre lettre, c'est que… (→ Intimider, cit. 2).Lors de l'appel nominal, le soldat ou l'élève répond présent (1. Présent, cit. 15).
6 Mais que répondra-t-on à ce que je vais dire ?
La Fontaine, Fables, IX, 20.
7 J'étais si troublée, que quand elle me demanda ce que c'était, je ne sus lui répondre autre chose, sinon que ce n'était rien (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXI.
8 Que répondrez-vous à cette enfant, Perdican, lorsqu'elle vous demandera compte de vos paroles ?
A. de Musset, On ne badine pas avec l'amour, III, 6.
9 De grâce, répondez oui ou non à ma demande.
É. Estaunié, l'Ascension de M. Baslèvre, II, 2.
(En incise). || « Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté ne se mette pas en colère » (→ Plutôt, cit. 14). || Ce n'est pas ma faute, répondit-elle un peu blessée (cit. 2).
10 « On ne prend que les orphelins », lui est-il répondu.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, p. 93.
Répondre de… (avec l'inf.). || Il m'a répondu de rester où j'étais.
Répondre que… (avec l'ind.). 1. Dire, 1. repartir, répliquer, rétorquer. || Il répondit que sa bienveillance m'était acquise (cit. 24). || Si vous demandez comment… je réponds que… (→ Analogie, cit. 1). || Répondez-lui que je ne peux le recevoir. || Si vous répondez que non (→ Négliger, cit. 8). || Je répondrai à votre remarque que…Impers. || Il me fut répondu que… (→ Militaire, cit. 8).
11 (…) il lui demandait si elle n'avait pas faim; — et, comme elle répondit qu'oui, il sortit pour donner des ordres.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, XIX, Œ., t. VIII, p. 230.
12 On répondit au télégramme de Rieux que le stock de sécurité était épuisé (…)
Camus, la Peste, p. 76.
13 Il répondit avec un peu d'aigreur que Mademoiselle de Plailly était d'âge à se défendre seule.
F. Mauriac, le Fleuve de feu, II, p. 113.
C V. tr. (Avec un compl. dir. autre que ceux du sens B).
1 (Fin XVIe). Donner une réponse à (qqch.).Vx. || Répondre une lettre : répondre à une lettre.
2 (1549; seulement dans quelques emplois). Dr. || Répondre une requête, se dit du juge qui délivre une ordonnance au bas d'une requête.
14 (…) les jésuites (…) avaient empêché toutes les requêtes d'être répondues.
Racine, Port-Royal, I.
3 (1718). Relig. || Répondre la messe, se dit du servant de la messe qui prononce tout haut les réponses aux paroles du célébrant.REM. Ne pas confondre avec répons. Répondant.
———
II V. tr. ind. (Sujet n. de chose ou de personne).
A Répondre à.
1 (Fin XIIe). Être en accord avec, conforme à (une chose). Correspondre. || Cette politique ne répond pas à la volonté du pays (→ Dissoudre, cit. 5). Concorder (avec). || Répondre à une attente, se dit d'une personne, d'une chose qui est conforme à ce qu'on voulait qu'elle fût (contr. : décevoir). || Répondre à un signalement, à une description. || Sa condition (cit. 12) répond mieux à la vôtre. Accorder (s'). || Le résultat ne répond pas à l'effort ( Proportion). || Sentiment qui répond à un besoin (→ Altruisme, cit. 3). Satisfaire. || Ni sa voix ni son regard ne répondaient à l'idée (cit. 55) qu'elle s'en faisait.
15 (…) j'avoue que le succès ne répondit pas d'abord à mes espérances.
Racine, Britannicus, 2e préface.
16 Ah ! si la partie technique de cette composition répondait à la partie idéale !
Diderot, Salon de 1765, « Casanove ».
17 Les auteurs qu'elle avait lus le matin répondaient à ses plus hauts sentiments, leur esprit lui plaisait (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 564.
18 — Je suis de votre avis (…) l'armée actuelle répond aux nécessités supérieures de la défense nationale.
France, le Lys rouge, XXXII.
19 — Enfin, dit le vieux prêtre impatient, de votre propre aveu, le bonhomme répond au signalement qu'on vous en avait donné ?
Bernanos, Sous le soleil de Satan, I, I.
20 Sa voix répondait exactement à sa physionomie. C'était la voix d'un homme de bonne éducation (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, VII, p. 72.
2 (XVIIe, Retz). Dans les relations d'échange ou d'opposition, se dit de la personne dont le comportement se règle sur le comportement de l'autre et lui succède. || Répondre par un crochet du gauche à un direct du droit. Riposter (→ Allonger, cit. 4). || Répondre à la violence par la violence, à la force par la force. Opposer. || « Il ne répond plus que par un froid (1. Froid, cit. 16) silence Au silence éternel de la divinité » (Vigny). || Rouerie à laquelle il faut répondre par de l'habileté (cit. 13). || Les patrons répondent à la grève par le lock-out (cit. 1). Face (faire face).
21 Avant de s'asseoir, le jeune étranger salua très gracieusement l'assemblée. Les hommes se levèrent pour répondre par une inclination polie (…)
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 507.
(Sans compl. de manière). Payer de retour, par un comportement semblable, ou une attitude marquant la compréhension, l'accord. || Répondre à un salut (→ Imperceptible, cit. 11). Rendre. || Répondre au sourire de qqn (→ Mi-chemin, cit.). || Répondre à des avances (cit. 34), à des œillades (cit. 4), des mines (1. Mine, cit. 25), des minauderies (→ Agacer, cit. 5), des agaceries. || Répondre à l'affection de quelqu'un.
22 (…) je pris sa main que je serrai dans une des miennes, pendant que de l'autre je parcourais son bras frais et potelé; la malicieuse personne ne répondit à rien, ce qui me fit dire, en me retirant : « Il n'y a pas même la plus légère émotion ».
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXV.
3 (Sujet n. de chose). Produire les effets attendus, en parlant d'un mécanisme actionné, d'un organisme excité. Réagir. || L'organisme répond aux excitations du milieu extérieur (→ Nerveux, cit. 4). || Le navire répond à l'action de la barre. Obéir. || Des freins qui répondent bien. || Les commandes ne répondent plus (→ Piquer, cit. 39).
23 Tout tissu est capable, à un moment quelconque de l'imprévisible futur, de répondre, comme il convient dans l'intérêt du corps, à des conditions physico-chimiques nouvelles de son milieu.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, VI, IV.
24 Impossible de remonter : le gouvernail de profondeur, sans doute déchiré par les balles explosives, ne répondait qu'à peine.
Malraux, l'Espoir, III, I.
Sports. Réagir de la manière attendue (personnes, choses).
4 (1663; « aboutir à », 1234; « être contigu », 1420). Concret. Correspondre symétriquement. || Courbe qui répond à une autre (→ Balancement, cit. 6). || Les deux ailes du bâtiment se répondent.
B (1157, en provençal). || Répondre de….
1 S'engager en faveur de (qqn; envers un tiers). → Se porter fort, garant, caution; prêter son crédit ( Responsabilité). || Vous pouvez avoir confiance en mon ami, je réponds de lui. || Je réponds des miens (→ Indiscrétion, cit. 12). || Les associés répondent les uns des autres, sont solidaires. || Répondre de soi : s'engager pour l'avenir auprès des autres ou de soi-même.Se porter garant. || Répondre de la bonne foi, de l'innocence de qqn. Garantir (→ Donner des gages de…). || Madame X, par contrat de mariage, ne répond pas des dettes de son mari, n'est pas engagée par ces dettes, à les payer. || Je ne pourrais répondre ni de l'ordre ni de la discipline (→ 1. Partir, cit. 27). || « Vous répondre d'un cœur si peu maître (cit. 38) de lui » (Racine).
Répondre pour (qqn) [même sens]. → cit. 26, 28 ci-dessous. || Je réponds pour lui auprès de ses créanciers.
25 Je réponds de ma femme, et prends sur moi l'affaire.
Molière, les Femmes savantes, II, 4.
26 Un importun est celui (…) qui voyant que quelqu'un vient d'être condamné en justice de payer pour un autre pour qui il s'est obligé, le prie néanmoins de répondre pour lui (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, XII.
27 On ne peut répondre de son courage quand on n'a jamais été dans le péril.
La Rochefoucauld, Maximes supprimées, 616.
28 Il faudra que vous répondiez pour monsieur, qui peut-être, qui sans doute est un honnête homme; que je réponde pour vous à Fourgeot, et que Fourgeot réponde pour moi à Merval (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 691.
29 M. Trouveau, cependant, raconta la vérité et demanda qu'on relâchât immédiatement Mlle Clarisse, dont il répondait sur sa tête.
Maupassant, Toine, « La chambre 11 ».
30 Très peu de femmes, je pense, peuvent, dans certaines circonstances, répondre d'elles, même si elles sont naturellement fidèles (…)
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, II.
Absolt.Prov. Qui répond paie : qui s'engage au nom de qqn doit payer pour lui.
Répondre de la vie d'un malade, et, par ext., d'un malade, se dit du médecin qui affirme que le malade est hors de danger.
31 Le neuvième jour, le soir où le médecin répondit enfin du malade, elle tomba sur une chaise, les jambes molles, l'échine brisée, tout en larmes.
Zola, l'Assommoir, IV, t. I, p. 148.
(Avec l'infinitif) :
32 (…) je vous réponds de renverser tout cet obstacle (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 1.
33 Depuis plusieurs années, Edmond, dans ses rapports du vendredi, leur disait : « Si nous persistons à ne pas fabriquer de fantaisie, je ne réponds plus de maintenir le chiffre (…) »
A. Maurois, Mémoires I, VIII.
(Sujet n. de chose). Constituer une garantie. || Mon intérêt vous répond de moi (→ Dévouement, cit. 5). || Mes soins vous répondront toujours de ma reconnaissance (→ Foi, cit. 3). || Son sang-froid répondait du salut de l'équipe (→ 1. Placer, cit. 5).Employé avec que… et l'indic. (vieilli) :
34 La Judée asservie, et ses remparts fumants (…)
Me répondaient assez que votre grand courage
Ne voudrait pas, Seigneur, détruire son ouvrage (…)
Racine, Bérénice, II, 2.
35 (…) jusque sur les granits de Mezraïm, Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblaient être un sceau mis sur les lèvres du désert, et qui répondait de leur éternelle discrétion.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 336.
36 Les Allemands ont cependant, il faut en convenir, plus d'imagination que de sensibilité; et leur loyauté seule répond de leur constance.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, IV.
2 (XVIe). S'engager en affirmant (qqch.). Assurer, garantir. || Je réponds du succès (→ Contre-temps, cit. 1); j'en réponds (→ J'en fais mon affaire).Je ne réponds de rien : je ne vous garantis rien, c'est sans garantie. || Je t'en réponds, je vous en réponds, s'emploie pour renforcer une affirmation. Affirmer (→ Languir, cit. 21). || Ce fut bien assené (cit. 2), je vous en réponds. || Je vous en réponds, c'est moi qui vous le dis (→ Assertion, cit. 6).(Avec que et l'indic.). || Je vous réponds que ça ne se passera pas comme cela !
37 Ce sera fait sans mentir et ça paraîtra en mars, je crois pouvoir vous en répondre.
Sainte-Beuve, Correspondance, 330, 17 nov. 1833.
38 — Je n'ai besoin de personne, dit Orso, et je te réponds que je ne me laisserai pas couper l'oreille.
Mérimée, Colomba, XVI.
39 Jan ne dormit pas, lui. Cadet a raconté depuis que toute la nuit il avait sangloté (…) Ah ! je vous réponds qu'il était bien mordu, celui-là (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « L'Arlésienne ».
3 Être garant par un engagement volontaire ou responsable devant la loi, la société, la morale. || Répondre de soi seul (→ Accablement, cit. 2). || Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus (cit. 3) de cette liberté. || Le mandataire répond du dol (→ Gestion, cit. 4).
40 Je n'épargnerai rien dans ma juste colère;
Le fils me répondra des mépris de la mère (…)
Racine, Andromaque, I, 4.
Répondre pour… : être responsable de. || La justice (cit. 14) veut que chacun réponde pour ses œuvres. Compte (rendre compte de…).
——————
se répondre v. pron.
1 (Réfl.). Se faire une réponse orale. || Non seulement elle parlait seule, mais aussi elle se répondait (→ Diseur, cit. 4).
2 (Récipr.). Faire entendre un bruit semblable alternativement. || Instruments qui se répondent à l'orchestre (→ Dialogue, dialoguer). || Les rossignols se répondaient de l'un à l'autre (→ Promenade, cit. 1). || Les sonneries de l'angélus (cit. 2) se répondant de paroisse en paroisse.
41 (…) des rimes qui se répondent comme des échos intelligents que la pensée modifie (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, XIII.
41.1 Mais tout à coup, sur la place ensoleillée, les cloches secouées répandaient un premier appel puis un second, puis peu à peu se répondaient rapidement, la première à la deuxième, la deuxième à la troisième, ou si l'on les entendait autrement, la troisième à la quatrième, la quatrième à la cinquième, la dernière ayant l'air de répondre à l'avant-dernière ou d'appeler la suivante selon le rythme selon lequel on les percevait et semblant abattre à immenses coups magnifiques et réguliers, portés de toutes leurs forces, les frémissantes cloisons du silence.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 346-347.
Par métaphore :
42 Qu'importe de quoi parlent les lèvres, lorsqu'on écoute les cœurs se répondre ?
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, VI.
3 (Récipr.; sujet n. de chose). Correspondre. Être dans un rapport de symétrie. || Les deux ailes du bâtiment se répondent. Être en accord. || Nos âmes se répondent. Spécialt. Correspondre d'un règne à l'autre. Correspondance.
43 Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », IV.
4 (1580, Montaigne). Vx. (Réfl.). Être assuré, se faire fort de. || Se répondre de qqch., de faire quelque chose.
44 Et sur des bruits si favorables
Je me répondais de l'aimer.
Corneille, Agésilas, I, 3.
CONTR. Demander, interroger, questionner; opposer (s'); désappointer, désavouer, désolidariser (se).
DÉR. Répondant, répondeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.