révolte [ revɔlt ] n. f.
• v. 1500; de révolter
1 ♦ Action collective, généralement accompagnée de violences, par laquelle un groupe refuse l'autorité politique existante, la règle sociale établie (⇒ désobéissance, insoumission, insubordination), et s'apprête ou commence à les attaquer pour les détruire (⇒ émeute, guerre [civile], insurrection, rébellion, sédition, soulèvement). Allus. hist. « C'est donc une révolte, dit le roi [Louis XVI]. — Sire, répondit le duc [de Liancourt], c'est une révolution » (Taine). La révolte d'une province (⇒ dissidence, sécession) , d'une armée. Révolte armée, sanglante. Les révoltes de serfs (⇒ jacquerie) , de soldats, de marins ⇒ mutinerie . Inciter, pousser à la révolte. Fomenter une révolte. Réprimer, écraser une révolte. Arborer, brandir l'étendard de la révolte.
2 ♦ (XVIIe) Résistance, opposition violente et indignée; attitude de refus et d'hostilité devant une autorité, une contrainte. Il est en révolte contre ses parents, contre la société. « L'habitude qu'il a prise de la révolte et de l'opposition le pousse à se révolter contre sa révolte même » (A. Gide). — Esprit de révolte. Cri, mouvement, sursaut de révolte. ⇒ indignation. « La révolte métaphysique » (Camus) .
♢ Par ext. La révolte de l'instinct, d'un désir (contre la raison).
⊗ CONTR. Résignation, soumission; conformisme.
● révolte nom féminin (de révolter) Action menée par un groupe de personnes qui s'opposent ouvertement à l'autorité établie et tentent de la renverser : Fomenter une révolte. Attitude de quelqu'un qui refuse d'obéir, de se soumettre à une autorité, à une contrainte : Être en révolte contre ses parents. Sentiment violent d'indignation, de réprobation : Exprimer sa révolte contre la guerre. Manifestation collective de refus d'obéissance menée par quatre militaires au moins. ● révolte (citations) nom féminin (de révolter) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Les nations étant inévitablement plus bêtes que les individus, toute pensée a le devoir de se sentir en révolte. Correspondance avec Romain Rolland, « Salut et Fraternité » Albin Michel Marcel Arland Varennes-sur-Amance 1899-Saint-Sauveur-sur-École, Seine-et-Marne, 1986 Académie française, 1968 Ma sympathie tend toujours vers la révolte, de quelque parti qu'elle s'élève. Étapes Gallimard Georges Bataille Billom 1897-Paris 1962 La souveraineté est révolte, ce n'est pas l'exercice du pouvoir. L'authentique souveraineté refuse… Méthode de méditation Gallimard Georges Bataille Billom 1897-Paris 1962 Le cœur est humain dans la mesure où il se révolte. L'Orestie Éditions des Quatre-Vents André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 En matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d'ancêtres. Second manifeste du surréalisme Pauvert Roger Caillois Reims 1913-Paris 1978 Académie française, 1971 La soumission implique la possibilité de l'arrogance et de la révolte : de la stabilité sort le mouvement. L'Homme et le sacré Gallimard Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Je me révolte, donc je suis. L'Été Gallimard Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 La révolte est une ascèse, quoique aveugle. Si le révolté blasphème alors, c'est dans l'espoir d'un nouveau Dieu. L'Homme révolté Gallimard Robert Garnier La Ferté-Bernard 1545 ?-Le Mans 1590 Mais la jeunesse ardente et prompte aux changements Toujours mit sous le pied nos admonestements. Les Juives Stéphane Mallarmé Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898 Où fuir dans la révolte inutile et perverse ? Je suis hanté. L'Azur ! l'Azur ! l'Azur ! l'Azur ! Poésies, l'Azur Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 À tout peuple conquis il faut une révolte. Lettres, à Joseph, 17 août 1806 Victor Segalen Brest 1878-Huelgoat 1919 Point de révolte : honorons les âges dans leurs chutes successives et le temps dans sa voracité. Stèles Plon Louis XVI, roi de France Versailles 1754-Paris 1793 — C'est une révolte ? — Non, Sire, c'est une révolution. Commentaire Ce dialogue eut lieu le matin du 15 juillet 1789 à Versailles, dans la chambre du roi, entre Louis XVI et son grand-maître de la garde-robe, La Rochefoucauld-Liancourt, qui lui apportait la nouvelle de la prise de la Bastille. Thomas Moore Dublin 1779-Sloperton, Wiltshire, 1852 Parfois des soldats s'avisent de penser ; on a vu jusqu'à des colonels raisonner — et les raisonneurs, qu'ils soient vêtus de rose, de rouge ou de bleu, sont sur la pente de la révolte (du moins neuf sur dix). For even soldiers sometimes think Nay, Colonels have been known to reason And reasoners, whether clad in pink, Or red, or blue are on the brink (Nine case, out of ten) of treason. Rimes faites sur les grandes routes, VI ● révolte (synonymes) nom féminin (de révolter) Action menée par un groupe de personnes qui s'opposent ouvertement...
Synonymes :
- émeute
- révolution
Attitude de quelqu'un qui refuse d'obéir, de se soumettre à...
Synonymes :
- désobéissance
- rébellion
Contraires :
Sentiment violent d'indignation, de réprobation
Synonymes :
révolte
n. f.
d1./d Soulèvement contre l'autorité établie.
d2./d Opposition violente à une contrainte; refus indigné de ce qui est éprouvé comme intolérable. Un sentiment de révolte.
⇒RÉVOLTE, subst. fém.
A. — 1. Action de (se) révolter; soulèvement, mouvement collectif de rébellion contre une autorité établie (gouvernement, ordre social, institutions). Révolte générale, ouverte, sourde; la révolte éclate. Malgré tout le mal que lui faisaient les Flamands, il fallait que le Duc dissimulât, et les traitât avec de grands égards. Ce n'était pas le moment de recommencer les révoltes de Gand (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 232). Bientôt le prolétariat se révoltera. Et sa révolte sera nécessairement victorieuse, car il devient sans cesse plus nombreux (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 22).
♦ Lever, brandir l'étendard de la révolte. Encourager la révolte; en donner le départ. Je pars à l'instant pour Césarée (...) on dit que le prince qui la défend est disposé à nous seconder (...) déjà au Caire il a levé l'étendard de la révolte contre Saladin (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 64).
— P. métaph. Les révoltes du vaisseau tirant l'ancre (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 114). Marcel (...) en mangeait héroïquement tous les soirs, quoiqu'il eût fini par avoir ce plat en horreur. Les révoltes de son estomac achevèrent de le décider (VERNE, 500 millions, 1879, p. 116).
2. Refus d'obéir à quelqu'un, d'accepter son autorité. Geste, mouvement de révolte. Chez ce fils respectueux, courbé jusqu'alors par la crainte, la révolte débordait, longtemps étouffée (ZOLA, Rêve, 1888, p. 185).
B. — Domaine métaphys., mor.
1. Agitation intérieure traduisant une opposition violente, un refus d'accepter quelque chose qui heurte ou blesse les sentiments profonds de l'individu. Accès, sentiment de révolte; esprit de révolte; révolte de la chair, de l'instinct. Elle venait d'étouffer, par un effort immense, la révolte de son cœur (BERNANOS, Joie, 1929, p. 593). V. chair ex. 29, demander ex. 4.
2. Refus d'accepter un événement, une situation, quelque chose d'inévitable, d'inéluctable. Une docilité et ensemble une révolte constante à l'événement (PÉGUY, Notre jeun., 1910, p. 116).
3. Absol. Il faut une noire servitude pour arriver à détourner l'homme de bien faire ce qu'il fait. Paresse n'est peut-être jamais que révolte diffuse (ALAIN, Propos, 1923, p. 463):
• C'est au dieu personnel que la révolte peut demander personnellement des comptes. Dès qu'il règne, elle se dresse (...) et prononce le non définitif. Avec Caïn, la première révolte coïncide avec le premier crime. L'histoire de la révolte, telle que nous la vivons aujourd'hui, est bien plus celle des enfants de Caïn que des disciples de Prométhée.
CAMUS, Homme rév., 1951, p. 50.
— En révolte. En état de révolte. Synon. révolté. Il semble que l'artiste [Raphaël dans son Saint Michel] ait voulu figurer l'éternelle beauté repoussant dans l'abîme la laideur en révolte contre l'harmonie suprême (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 31). Voilà donc où peut mener l'hérésie chez un moine [Luther] en révolte... Mais il a dit bien d'autres choses et très belles, et qui auront marqué toute une partie de la chrétienté, témoin sa profession de foi qui est une merveille de simplicité et de grandeur (GREEN, Journal, 1954, p. 307).
C. — Domaine esthét., intellectuel. Refus du conformisme, bouleversement des règles établies. Puisque j'ai une fois levé l'étendard de la révolte contre les anciens systèmes historiques, j'irai certainement jusqu'au bout (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p. 261). [Mme Roland] eut un sursaut de colère, de révolte, choquée du mot (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 391).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694-1740: re-; dep. 1762: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1501 « action de se révolter contre l'autorité établie » (Ord. ds J. D'AUTON, Chron., éd. Maulde la Clavière, t. 2, p. 76); 2. 1642 p. ext. « réaction violente, affective ou spirituelle » révolte des sens (CORNEILLE, Polyeucte, I, 4, éd. P. Michel, p. 49); 1656 (ID., Imit. de Jésus-Christ, L. III, chap. 12 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 8, p. 324: Tu sens une révolte en ton cœur mutiné Contre la patience où tu l'as condamné). Déverbal de révolter. Fréq. abs. littér.: 2 649. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 1 928, b) 2 905; XXe s.: a) 4 587, b) 5 305. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 406. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], pp. 302-303.
révolte [ʀevɔlt] n. f.
ÉTYM. V. 1500; « défection, apostasie », XVIe; de révolter.
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1 Action collective, généralement accompagnée de violences, par laquelle un groupe refuse l'autorité politique existante, la règle sociale établie (⇒ Désobéissance, insoumission, insubordination), et s'apprête ou commence à les attaquer pour les détruire. ⇒ Dissidence, émeute (cit. 5.1), émotion (vx), guerre (civile), insurrection, mutinerie, rébellion, sédition, soulèvement. || Révolte générale, populaire; révolte d'une faction. ⇒ aussi Factieux. || Révolte spontanée; organisée, préparée. || La révolte d'une province (⇒ Dissidence, sécession), d'une armée. || Les grandes révoltes (→ 2. Geste, cit. 3). || Révolte armée, sanglante… ⇒ Lutte. || Les révoltes d'esclaves, dans l'antiquité; de serfs, au moyen âge (⇒ Jacquerie). || Les révoltes serviles (→ Libération, cit. 1). || Fomenter une révolte. ⇒ Résister, révolter (se). || Arborer, brandir l'étendard de la révolte. || La révolte gronde. || Apaiser, calmer; étouffer, réprimer une révolte. || Révolte étouffée dans l'œuf; écrasée dans le sang. — En révolte : révolté. — Révolte et révolution. — Allus. historique :
1 Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1789, le duc de la Rochefoucauld-Liancourt fit réveiller Louis XVI pour lui annoncer la prise de la Bastille. « C'est donc une révolte, dit le roi. — Sire, répondit le duc, c'est une révolution ». L'événement était bien plus grave encore.
Taine, les Origines de la France contemporaine, III, t. I, p. 3.
♦ Dr. « Acte de résistance, avec violences et voies de fait, aux prescriptions de l'autorité publique ou d'un supérieur hiérarchique » (Capitant).
♦ Fig. || La révolte des anges.
2 (1643). Résistance, opposition violente et indignée; attitude de refus et d'hostilité (collective ou individuelle) devant une autorité, une contrainte (→ Incroyable, cit. 15). ⇒ Indignation. || Une révolte subite (→ Dureté, cit. 12). || Des révoltes de mouton (cit. 14) enragé. || Pousser à la révolte (→ Cabrer, cit. 2). || Une brusque révolte de toute l'assemblée. ⇒ Bouclier (levée de boucliers). — Révoltes contre la froide raison (→ Folie, cit. 18), contre la condition humaine (→ Création, cit. 15). — La lutte et la révolte impliquent (cit. 3) l'espérance.
2 Il se raidit de tout son être, dans une révolte désespérée. Il tapa des poings, des pieds, de la tête, contre le mur, hurla, fut pris de convulsions, et, se meurtrissant aux meubles, tomba par terre.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, II, p. 39.
3 À partir de quoi il a vécu en réaction et comme en protestation de ce geste. L'habitude qu'il a prise de la révolte et de l'opposition le pousse à se révolter contre sa révolte même.
Gide, les Faux-monnayeurs, II, VII.
♦ Esprit (cit. 164) de révolte (→ Inégalité, cit. 9). || Cri (→ Désespoir, cit. 17), geste (→ Libérer, cit. 4), mouvement, murmure, sursaut de révolte ⇒ Haut-le-cœur. || Être ivre de révolte (→ Pont, cit. 12). — Être en révolte contre tout (→ Intolérance, cit. 7). || Être en révolte contre ses parents.
♦ Absolt. || La révolte, en tant que position philosophique, attitude morale. ⇒ Révolter (→ Individu, cit. 21; perpétuel, cit. 1; préalable, cit. 3, Camus). || « La révolte métaphysique » (Camus, l'Homme révolté, 2e partie), « La révolte historique » (l'Homme révolté, 3e partie), « Révolte et art » (l'Homme révolté, 4e partie).
4 Cette folle générosité est celle de la révolte, qui donne sans tarder sa force d'amour et refuse sans délai l'injustice.
Son honneur est de ne rien calculer (…)
La révolte prouve par là qu'elle est le mouvement même de la vie (…)
Camus, l'Homme révolté, p. 375.
3 (1640). Mouvement violent des instincts, des passions, etc., contre la raison. ⇒ Agitation. || La révolte des sens (→ Désobéissant, cit. 1), de l'instinct. || « La révolte de la chair contre l'esprit » (Académie).
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CONTR. Apaisement, conformisme, conformité, obéissance, résignation, soumission.
Encyclopédie Universelle. 2012.