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supposer

supposer [ sypoze ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1265; francis., d'apr. poser, du lat. supponere « mettre sous, substituer »; sens mod. d'apr. lat. scolast. suppositivus « hypothétique », calque du gr. hypothetikos
I
1Poser à titre d'hypothèse n'impliquant aucun jugement et servant seulement de point de départ ( imaginer). « On doit supposer [en géométrie] les idées abstraites de surface plane et de ligne droite » (d'Alembert). (Suivi d'un attribut du compl.) Supposer le problème résolu. La température étant supposée constante. — SUPPOSER QUE (et subj.). « Supposez qu'on ait un pépin » (Aymé). « Supposez que vous ayez une maladie grave » (Camus). En supposant qu'il y arrive, que ce soit possible. « Et à supposer même qu'elle m'eût permis » (Proust). (Avec indic.) Poser en principe (pour une démonstration). « Supposons donc maintenant que nous sommes endormis » (Descartes).
2Penser, admettre comme chose probable ou comme explication plausible, sans pouvoir affirmer de façon positive. conjecturer, présumer. « Il y a ce que l'on sait [et] ce que l'on ignore. Entre les deux, il y a ce que l'on suppose » (A. Gide). « Une classe d'hommes qui possèdent, à ce qu'on suppose, [...] cet art mystérieux » (Nerval). Supposer à qqn, chez qqn une qualité, une caractéristique, supposer en lui l'existence de cette qualité, etc. « Le goût que je suppose à mon élève pour la campagne » (Rousseau). (Suivi d'un attribut du compl.) croire. Pourquoi le supposer infidèle ? (Avec un part.) Les « élégances dont nous supposons doués les conquérants de cœurs féminins » (Maupassant). On la supposait menant joyeuse vie. Supposer que... et l'indic. (ou le subj. en phrase interrog. ou négative). Je suppose qu'il est, qu'il était présent. On peut supposer que. Cela laisse supposer que. Il est à supposer que. Churchill « ne supposait pas que la ligne Maginot eût cette force » (Dorgelès).
II(1361) (Sujet chose) Comporter comme condition nécessaire. réclamer. Tout achat suppose une vente préalable. Comporter comme nécessairement lié. impliquer. « Un message suppose un expéditeur, un messager et un destinataire » (Sartre ). Réussir suppose qu'on a essayé. Cette détermination suppose un grand courage. III(1539) Vx « Mettre une chose à la place d'une autre par fraude et tromperie » (Furetière). substituer; supposition (II). « On dira à l'audience qu'elle a supposé son enfant » (Mme de Sévigné).
Vén. Donner le change en lançant sur la voie.
Dr. Donner pour authentique, en trompant. Supposer un testament, une signature. supposé (2o).

supposer verbe transitif (latin supponere, mettre sous, d'après poser) Admettre quelque chose comme hypothèse, comme prémisse d'un raisonnement, d'une démonstration : Supposons un changement de situation. Croire, juger probable, vraisemblable que : Je suppose que tout va bien. Croire quelqu'un, quelque chose, les estimer tels ou les donner comme tels : Vous supposez le problème résolu. Avoir quelque chose pour corollaire, l'impliquer nécessairement comme condition : Ces droits supposent des devoirs.supposer (difficultés) verbe transitif (latin supponere, mettre sous, d'après poser) Construction 1. Supposer que (+ subjonctif) = faire une hypothèse. Supposons un instant que cette version soit la bonne. 2. Supposer que (+ indicatif) = présumer ; admettre comme un fait. Je suppose qu'elle viendra à la réunion. 3. À supposer que (+ subjonctif) : à supposer qu'il atteigne le sommet, il ne pourra pas redescendre par l'autre versant. Registre soutenu. ● supposer (expressions) verbe transitif (latin supponere, mettre sous, d'après poser) À supposer que, en admettant que, si tant est que. ● supposer (synonymes) verbe transitif (latin supponere, mettre sous, d'après poser) Admettre quelque chose comme hypothèse, comme prémisse d'un raisonnement, d'une démonstration
Synonymes :
- conjecturer
- imaginer
Croire, juger probable, vraisemblable que
Synonymes :
- croire
- penser
- présumer

supposer
v. tr.
rI./r
d1./d Poser, imaginer comme établi, pour servir de base à un raisonnement. Supposons deux droites parallèles...
d2./d Tenir pour probable. On suppose qu'il est mort.
d3./d (Sujet n. de chose.) Impliquer comme condition nécessaire ou préalable. La bonne entente suppose le respect mutuel.
rII./r DR Présenter comme authentique (qqch de faux).

⇒SUPPOSER, verbe trans.
A. — Empl. trans.
1. Poser comme vrai.
a) Supposer + subst.
— [Le compl. représente un point de départ] Poser, considérer quelque chose comme vrai, afin d'en déduire quelque chose, une conséquence. Supposer la connaissance, l'existence. Je n'aime pas les difficultés; je ne les suppose pas. De là les mécomptes, les tristesses, le découragement (DUPANLOUP, Journal, 1851-76, p. 88):
[Laplace] supposait l'attraction, l'invariabilité des lois de la mécanique, et s'assignait pour seule tâche d'expliquer le sens de rotation des planètes et de leurs satellites, le peu d'excentricité des orbes, et la faiblesse des inclinaisons.
VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 135.
— [Le compl. représente une explication] Poser quelque chose comme hypothèse servant de base à un raisonnement, à une argumentation.
♦ [Le compl. est un subst.] Ça consistait (...) à supposer deux adversaires, A et B (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Prisons, 1893, p. 399). Supposons, par exemple, une sphère dont un hémisphère soit bleu et l'autre rouge (...). Soit maintenant un vase sphérique contenant un liquide bleu qui devient rouge par suite d'une réaction chimique (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 84).
♦ [Le compl. est déterminé par un adj. en fonction d'attribut] Prêter une qualité à quelque chose. Supposer deux droites parallèles. Quelques puissants qu'on suppose les effets de la grève générale révolutionnaire, ils ne seront pas supérieurs à ceux des grandes guerres et des grandes invasions (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 112). Villages couleur du sol, du sable, de la roche; villages que je suppose coptes, habités par des apprentis stylites (GIDE, Journal, 1946, p. 291).
b) [Le compl. d'obj. est une complét. introd. par que] Considérer quelque chose comme probable; poser quelque chose comme hypothèse.
— [Le verbe de la sub. est à l'ind. indiquant la certitude de l'assertion] Admettre comme certain (ce qui va suivre). Je suppose que vous revenez par Dieppe (FLAUB., Corresp., 1871, p. 283). — (...) Vous savez sans doute qui je suis?Non, mais je suppose que vous appartenez à la police.Commissaire Maigret...Enchantée (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 158).
— [Le verbe de la sub. est au subj., empl. pour un tour hyp.] Émettre une hypothèse. Supposons que trahir devienne une devise (HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 1093). Monsieur: Vous me connaissez? Jean: Non, monsieur, du tout! Monsieur: Alors, qu'est-ce qui vous fait supposer que je sois l'homme que je suis. Jean: Heu... rien! ou plutôt, ce qui revient au même, tout! (GUITRY, Veilleur, 1911, II, p. 16).
À supposer que + subj. Mais il y a de grandes chances pour que l'œuvre s'écarte de ce plan initial, à supposer que je parvienne à le trouver a priori (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 89).
Supposons que + subj. Supposons encore qu'il s'agisse d'une série d'expériences ayant pour objet de déterminer comment la tension de la vapeur d'eau varie avec la température du liquide générateur (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 65).
En supposant que + ind. ou subj. (selon que le fait est envisagé comme réel ou comme hyp., éventuel). En supposant que le médecin le plus habile ne puisse prévoir les révolutions de la santé d'un homme bien portant, il peut prévoir tout le cours d'une maladie quand elle est déterminée (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 92). La souffrance est une punition du péché; or les bêtes n'ont pas péché; donc elles ne peuvent souffrir, donc elles sont de pures machines. Le P. Bougeant échappait à l'argument, en supposant que les bêtes étaient des démons (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 512).
c) [Le suj. désigne qqc.; le compl. d'obj. désigne qqc.] Exiger comme condition nécessaire, comme préalable; impliquer. L'attention, à son plus haut degré, est la même chose que la prière. Elle suppose la foi et l'amour. L'attention absolument sans mélange est prière. Si on tourne l'intelligence vers le bien, il est impossible que peu à peu toute l'âme n'y soit pas attirée malgré elle (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 119).
2. [Le suj. désigne une pers.; le compl. est un subst. (+ adj.) ou une complét.] Poser comme possible, probable.
a) Faire des conjectures à partir d'éléments réels; présumer. [Le compl. désigne qqc.] 42 îles Aleutiennes ou île des Renards, et autres îles, qu'on suppose être situées dans l'Ouest, l'Ouest-Sud-Ouest et l'Ouest-Nord-Ouest de celles-ci (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 145). [Le compl. désigne qqn] Lui demander dans quelles conditions sa mère lui avait remis le portrait de celui qu'elle supposait être son père (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Ermite, 1886, p. 1058). Il ne faut pas supposer les autres plus bêtes que nous (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 211).
b) Échafauder, en esprit, quelque chose de vraisemblable; imaginer.
— [Le compl. désigne qqc.] Je me plais à supposer des revenants et des fées. Je me ferais dresser les cheveux sur la tête en me racontant à moi-même des histoires de revenants (MÉRIMÉE, Lettres Mme de La Rochejacquelein, 1856, p. 56). En peinture (...) l'esprit ne peut supposer que ce que les yeux aperçoivent (DELACROIX, Journal, 1857, p. 22). [Le compl. désigne qqn] Supposer + compl. d'obj. + attribut du compl. L'auteur place son héros dans le beau siècle des arts, et le suppose écolier d'Albert Dürer, contemporain de Raphaël (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 267). Si vous craignez que l'on ne prodigue l'accusation elle-même, c'est que vous supposez l'assemblée factieuse (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 88).
Supposer qqc. à/chez qqn. Prêter, attribuer quelque chose (une qualité, un défaut) à quelqu'un. Son visage rassemble tous les trésors de la santé et de la jeunesse. Son teint n'est pas celui d'une habitante des villes, c'est le teint qu'on suppose aux bergères des romans (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1604). Voyez, je vous suppose l'âme assez haute pour qu'on n'ait rien à vous cacher (CUREL, Nouv. idole, 1899, II, 3, p. 197).
c) Absol., par affaiblissement. Je suppose. À mon avis, pour autant que je sache. (Henri de Régnier, je suppose): « Gide n'aime pas les vers » (GIDE, Journal, 1902, p. 121).
— [Pour marquer la réprobation ou la mise en garde] Chez qui vous croyez-vous? Pas chez vous, je suppose! (...) Alors, payez la casse et poliment, hein! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 221).
3. Poser comme vrai quelque chose de faux, avec intention de tromper.
a) Vieilli. Produire, alléguer pour vrai quelque chose de faux; prétendre. Je suis arrivée un peu avant l'heure du dîner à Loewenstein; on a été surpris de me voir; mais j'ai supposé une affaire qui avait avancé un voyage que je devais faire (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1651). Deux mois après le mariage, j'irai voyager avec mon mari, et il nous sera facile de supposer que mon fils est né à une époque convenable (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 437).
Supposer qqc. à qqn. Attribuer faussement quelque chose à quelqu'un. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Substituer quelque chose à autre chose; mettre une chose à la place d'une autre en la donnant pour authentique. Parut un ouvrage intitulé:Mémoires de M. de Vergennes, ministre des affaires étrangères. Je le lus d'abord rapidement; je le parcourus de nouveau, et je m'en voulais à moi-même de ne pas le trouver digne de son auteur. Enfin, après l'avoir bien examiné, je me décidai à croire que le nom de l'auteur était supposé (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 4). Il ne soupçonnait point les Barricini de meurtre (...) mais il les accusait d'avoir supposé la lettre du bandit Agostini; et cette lettre (...) avait causé la mort de son père (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 82).
Supposer un enfant. ,,Vouloir le faire passer, le faire reconnaître pour fils ou fille de ceux dont il n'est pas né`` (Ac. 1798-1935). On supposa un enfant pour frustrer les héritiers collatéraux (Ac. 1798-1935).
VÉN. Donner le change en lançant un autre animal sur la voie. Supposer revient à substituer et s'explique de soi-même, on dit que la bête donne le change quand elle parvient à supposer une autre bête en son lieu (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 84).
B. — Empl. pronom.
1. passif. Être supposé. La culpabilité ne se suppose pas, elle se prouve. En fait, l'inégalité des facultés existe; en droit, elle n'est point admise, elle ne compte pour rien, elle ne se suppose pas (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 278).
2. réfl. S'imaginer être. Virgile, pour ajouter à la mélancolie de son site, se suppose occupé à tisser une corbeille de branches de houx (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 121).
3. réciproque. Se faire présumer réciproquement, ne pouvoir exister l'un sans l'autre. L'autorité et l'obéissance se supposent mutuellement. Il n'y a pas plus d'idée de fini sans idée d'infini, qu'il n'y a d'idée d'infini sans l'idée préalable de fini; d'où il suit qu'à la rigueur ces idées se supposent et, si l'on veut, se limitent réciproquement (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., 2, 1829, p. 187).
Prononc. et Orth.:[sypoze], (il) suppose [-po:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. XIIe s. « placer dessous » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XXXVI, 25) — 1628, STŒR, Dictionaire françois-alleman-latin, Geneve; 2. a) 1280 « présumer, conjecturer » (Clef d'Amour, éd. A. Doutrepont, 281); b) ca 1330 supposé que (G. DE DIGULLEVILLE, Pélérinage de vie humaine, 1411 ds T.-L.); 3. 1370 « comporter comme condition nécessaire » (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 149); 4. a) 1520 « substituer, mettre à la place » (G. MICHEL, tr. SUÉTONE, II, 60 v° ds HUG.); b) 1538 « donner faussement comme authentique (p. ex. un testament) » (EST., s.v. subiico). Empr. au lat. supponere (francisé d'apr. poser) littéral. « placer dessous » d'où « placer sous l'autorité de », « substituer (une personne ou une chose à une autre, de manière frauduleuse) » et dans le domaine intellectuel « soumettre quelque chose à une opération de l'esprit »; les sens 2 et 3 se sont développés en français. Fréq. abs. littér.:7 625. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 12 632, b) 8 366; XXe s.: a) 9 866, b) 11 230.
DÉR. Supposable, adj, littér. Qui peut être supposé; en partic., qui peut être posé comme hypothèse de départ ou qui peut être présumé, conjecturé. Intention supposable; toutes les qualités supposables. L'étendue du corps suppose donc déjà l'espace (...); or, tout point réel quelconque est étendu, est dans l'espace; donc ôtez l'idée d'espace et d'étendue et nul corps réel n'est supposable (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., 1829, p. 156). []. 1res attest. [ca 1460, CHASTELLAIN d'apr. Lar. Lang. fr.] 1823 (BOISTE); de supposer, suff. -able. — Fréq. abs. littér.: 12.

supposer [sypoze] v. tr.
ÉTYM. XIIIe; v. 1120, « placer sous »; francisation, d'après poser, du lat. supponere « mettre sous, substituer », de sub, et ponere « poser »; le sens de « faire une hypothèse », en lat. médiéval, dérive du lat. des grammairiens suppositivus « hypothétique », calque du grec hypothetikos.
———
I Faire une hypothèse.
1 (Déb. XIVe). Poser à titre de pure hypothèse n'impliquant aucun jugement et servant seulement de point de départ à un raisonnement, une enquête ou une discussion ( Imaginer). || On doit supposer en géométrie certaines idées abstraites (→ 2. Plan, cit. 2). || L'expérimentateur demande à des contre-épreuves (cit. 2) la vérification de ce qu'il a supposé.(En incise). || Vous venez me voir pour l'annonce, je suppose ? (→ aussi Quidam, cit. 1).
Vieilli (au p. p., invar. en emploi prépositionnel). || « Supposé même sa conversion » (Bourdaloue) : en supposant même sa conversion.
(Suivi d'un attribut du compl.). || Pour petites qu'on suppose ces parties (→ Atome, cit. 3; et aussi conquérir, cit. 12; dépourvoir, cit. 7). || Si l'on suppose les joueurs inégaux (cit. 3; → aussi Oculaire, cit. 1; point, cit. 10; rencontrer, cit. 13). || Supposer le problème résolu.Au p. p. || Température supposée constante (→ Densité, cit. 2).
(Suivi d'une complétive introduite par que). || Supposer que… (avec le subjonctif) → Convention, cit. 6; couvrir, cit. 34; esthétique, cit. 1; grave, cit. 24; guillemet, cit. 3; hauteur, cit. 5; lot, cit. 5. || En supposant que… (→ Funèbre, cit. 6; indicateur, cit. 5). || À supposer que… (→ Irréalisable, cit.; passade, cit. 1). || Supposé que… (→ Divertissement, cit. 2; insurmontable, cit. 2). Si.
REM. On rencontre parfois l'indicatif après supposer que… Un mathématicien pourra dire : je suppose maintenant que x est égal à y; ce tour, tout en n'impliquant aucun jugement, semble enlever à l'hypothèse un peu de sa gratuité et la faire apparaître comme un « principe » ou une « base ».
1 Supposons donc maintenant que nous sommes endormis, et que toutes ces particularités-ci, à savoir, que nous ouvrons les yeux, que nous remuons la tête, que nous étendons les mains, et choses semblables, ne sont que de fausses illusions (…)
Descartes, Méditations, I.
2 Et à supposer même qu'elle m'eût permis (…)
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 412.
3 Et, même si c'était la maladie, à supposer même que ce soit ça, est-ce que ce serait la première fois qu'on l'aurait par chez nous ? (…)
C. F. Ramuz, la Grande Peur…, VIII.
3.1 L'application de la loi-cadre et les élections qui suivront la fin de la période transitoire, supposent que l'action rebelle soit mise en échec dans des régions de plus en plus étendues.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 34.
2 Penser, admettre comme probable ou comme plausible, sans pouvoir affirmer (cit. 4) de façon positive. Conjecturer, présumer. || Ce que l'on sait, ce que l'on ignore (cit. 10) et ce que l'on suppose. || Détails que chacun peut aisément supposer (→ Entremetteur, cit. 5). || À ce qu'on suppose (→ 1. Psylle, cit. 1), comme on le suppose (→ Détacher, cit. 29). || Plus longtemps qu'on ne supposait (→ Arrosement, cit. 3). || Cela fait supposer (→ Discerner, cit. 8; évolution, cit. 15), laisse supposer qqch. (→ Graine, cit. 4). Dénoter, indiquer.
Supposer à qqn, chez qqn qqch. (→ Habit, cit. 11; lilliputien, cit. 3), supposer en lui l'existence de qqch. (→ Requinquer, cit. 3; royal, cit. 1). || On lui suppose des vices. Attribuer, prêter (→ 1. Louche, cit. 12). || Plus d'honnêteté qu'on ne lui en suppose (→ Paraître, cit. 40).
(Suivi d'un attribut du complément). Croire. || Pourquoi le supposer scélérat ? (→ Matériellement, cit. 4). || Il les supposait rouées et niaises (cit. 2). || J'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être (→ Faux, cit. 6).(Avec un participe). || On la supposait menant joyeuse vie (→ Piédestal, cit. 4).(Avec une proposition infinitive). || Des figures (cit. 10) qu'elle supposait avoir été celles des chœurs antiques.Au p. p. Considéré comme probable. || Le nombre supposé des victimes. || L'auteur supposé de… : l'écrivain qui est censé être l'auteur de… Prétendu. || Le père supposé. Putatif.
4 Qui pourra se persuader qu'un premier ministre, qui suppose la paix faite avec l'Espagne, parle des Espagnols en ces termes (…)
Voltaire, Mélanges historiques, Des mensonges imprimés, Testament politique de Richelieu, IX.
5 Sachez donc que je ne suis pas venu ici dans la vue de demander votre fille en mariage, mais dans celle de vous acheter une paire de bœufs (…) que mon beau-père suppose lui convenir.
G. Sand, la Mare au diable, XIII.
6 Certes, il n'était pas beau. Il n'avait rien des élégances dont nous supposons doués les conquérants de cœurs féminins.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Un portrait ».
(Suivi d'une complétive). || Supposer que… suivi de l'indicatif ou du subjonctif en phrase interrogative ou négative. → Passer, cit. 21; patricien, cit. 4. || Je suppose qu'il est… (→ Monde, cit. 7). Devoir (il doit être). || Je suppose qu'il était (→ Maître, cit. 66), qu'il sera (→ Écrivain, cit. 15), qu'il a été… (→ Électoral, cit. 2). || « Je suppose qu'un moine est toujours charitable » (→ Secourable, cit. 1). || Je supposais qu'il ferait… (→ Enrichir, cit. 2). || Il faut supposer, il est à supposer que… (→ Étude, cit. 45; juron, cit. 2). || Il ne pouvait supposer que… Concevoir.(Suivi d'une interrogative indirecte). || Si vous pouviez supposer à quelle force de volonté je me retiens (→ Cramponner, cit. 7).
———
II (1361; sujet n. de chose). Comporter comme condition (II.) nécessaire. Réclamer (cit. 5). || Tout achat suppose une vente préalable (→ Échanger cit. 3). || La fécondation (cit. 1) suppose la rencontre de deux cellules sexuelles. || Tout classicisme suppose un romantisme (cit. 5) antérieur.
Comporter comme nécessairement lié. Impliquer. || Le chantage (cit. 2) suppose des menaces sous condition. || « La faveur des primes n'exclut (cit. 15) pas le mérite, elle ne le suppose pas aussi ». || La foi suppose l'acceptation du mystère (→ Immortel, cit. 8). || La malignité (cit. 3) suppose une méchanceté cachée. || Un message (cit. 2) suppose un expéditeur, un messager et un destinataire.
7 Une image peut être seule dans l'esprit qui se la représente; mais toute idée en suppose d'autres.
Rousseau, Émile, II.
Pron. (récipr.). || Des vices qui ne se supposent pas toujours l'un l'autre (→ Paraître, cit. 15).
(Suivi d'une complétive). || Augmenter (cit. 8) suppose que ce qu'on met en sus est de même nature (→ aussi Déroger, cit. 4; despotique, cit. 4). || Cela suppose que préalablement on aura fait… (→ Dividende, cit. 2).
———
III
1 (V. 1559). Vx. « Mettre une chose à la place d'une autre par fraude et tromperie » (Furetière). Substituer, supposition (II.). || « On dira à l'audience qu'elle a supposé son enfant » (→ Intimider, cit. 1, Mme de Sévigné).
2 (V. 1538). Vén. Donner le change en lançant sur la voie (La Fontaine, IX, Discours à Mme de la Sablière).
3 Dr. Donner pour authentique, en trompant. || Supposer un testament, une signature.Au p. p. Non authentique. || Testament supposé. Apocryphe. || Sous un nom supposé. Faux (→ Gens, cit. 26; libelliste, cit.).
4 Inventer, forger de toutes pièces. || J'ai supposé cette blessure (→ Nullité, cit. 2).
8 Raisons de croire que le livre intitulé Testament politique du cardinal de Richelieu est un ouvrage supposé.
Voltaire, Titre, in Mélanges historiques, Des mensonges imprimés.
——————
supposé, ée p. p. adj.
Voir à l'article.
CONTR. (Du III., au p. p.) Authentique.
DÉR. Supposable, suppositif.
COMP. Présupposer.

Encyclopédie Universelle. 2012.