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sûreté

sûreté [ syrte ] n. f.
• 1498; seurté, seürtéXIIe « gage, promesse; assurance, absence de crainte »; de seur, sûr d'apr. lat. securitas
I
1Ce par quoi une personne est rendue sûre (I, 1o) de qqn ou de qqch.; ce qui garantit qu'une chose est sûre (II). assurance, caution, garantie. Donner des sûretés à qqn. Dr. Garantie fournie à un créancier pour le recouvrement de sa créance. gage, hypothèque, nantissement, privilège, warrant. Sûreté conventionnelle, légale, prévue par les parties, par la loi. Sûreté réelle, lorsque les biens du débiteur sont apportés en garantie de paiement. Sûreté personnelle, qui résulte de l'engagement d'un tiers au côté du débiteur. Créance qui n'est assortie d'aucune sûreté ( chirographaire) .
2Vx Mesure de précaution. PROV. « Deux sûretés valent mieux qu'une » (La Fontaine). précaution.
II
1Vieilli État, situation d'une personne qui n'est pas en danger, qui ne risque rien. sécurité. Je te prie « de veiller à ta sûreté » (Laclos). PROV. Prudence est mère de sûreté. Pour plus de sûreté, ferme la porte à clé (cf. Par précaution). Dr. Sûreté individuelle, garantie contre les arrestations, les détentions arbitraires ( habeas corpus) .
Loc. mod. EN SÛRETÉ (cf. À l'abri, à couvert, en sécurité). « Si vous avez tué un homme, allez dans le maquis de Porto-Vecchio, et vous y vivrez en sûreté » (Mérimée). Mettre qqn en sûreté, à l'abri du danger. Par ext. Mettre qqch. en sûreté (cf. En lieu sûr). — DE SÛRETÉ : qui est destiné à assurer une protection, à éviter un danger. Serrure, verrou de sûreté. Chaîne, fermeture de sûreté. Soupape de sûreté. Épingle de sûreté.
Une sûreté : un dispositif de sûreté (chaîne, fermeture, cran d'arrêt). Ce collier a deux sûretés.
2Situation d'un groupe social qui est à l'abri du danger (ou des membres du groupe). sécurité; ordre. La sûreté publique. Dr. Attentat, complot contre la sûreté de l'État. Dr. pén. Maison de sûreté (vx) :prison. Chambre de sûreté, où sont maintenus les individus arrêtés avant leur transfert. Période, peine de sûreté, ne comportant aucune mesure de sortie ni de suspension de peine.
3(1867) (En France) Sûreté générale (jusqu'en 1934), nationale, et absolt la Sûreté : ancien service d'information et de surveillance policière. Services, agents de la Sûreté. 1. police, policier.
III
1Caractère de ce qui est sûr (II). La sûreté des routes.
Caractère de ce qui ne risque pas d'échouer, de décevoir. « La précision, la sûreté et l'aisance de ses coups [d'un matador] » (Gautier).
2Efficacité. Sûreté de main. précision. Sûreté du coup d'œil. justesse. « combien me plaît la façon d'écrire de Colette ! Quelle sûreté dans le choix des mots ! » (A. Gide).
IVLittér. Caractère d'une personne confiante, certaine. assurance, certitude. « Elle a acquis une sorte de force, de sûreté d'elle-même » (Maurois). ⊗ CONTR. Danger, détresse, péril.

sûreté nom féminin (de sûr, d'après latin securitas) Littéraire. État de quelqu'un ou de quelque chose qui est à l'abri, n'a rien à craindre : Prendre des précautions pour sa sûreté. Caractère précis, efficace de quelqu'un ou de quelque chose, sur lequel on peut compter d'une façon certaine : Mémoire d'une sûreté absolue. Dispositif de protection : Il a mis deux sûretés à sa porte, un verrou et une chaîne. Armement Agencement d'une arme en vue d'un fonctionnement sans incident. Droit Garantie fournie par l'engagement d'une caution (sûreté personnelle) ou par un bien du débiteur (sûreté réelle) pour l'exécution d'une obligation. Militaire Ensemble des mesures actives et passives permettant à une force militaire d'éviter la surprise. Serrurerie Plus ou moins grande aptitude d'une serrure à résister aux tentatives d'ouverture par un moyen autre que sa clef. ● sûreté (difficultés) nom féminin (de sûr, d'après latin securitas) Orthographe Sécurité. On écrit la Sécurité sociale (administration) avec une majuscule, mais assurer une sécurité sociale (situation) avec une minuscule. SÛreté. Avec un accent circonflexe sur le u. Sens et emploi Ces mots, tous deux apparentés au latin securus, sÛr, ont des sens très voisins. Sécurité (du latin securitas) est le doublet savant de sÛreté (issu de sÛr). Dans le sens de « situation dans laquelle on ne craint aucun danger », les deux mots sont des quasi-synonymes et s'emploient presque indifféremment. Toutefois, l'usage a fixé certains emplois ; ainsi l'on dit : la sécurité routière, la sécurité militaire, la sécurité publique ; mais dans un contexte judiciaire, on emploie plutôt sÛreté : la sÛreté nationale, la Cour de sÛreté de l'État. De sécurité ou de sÛreté = destiné à garantir la sécurité des personnes. Chaîne, verrou de sécurité, de sÛreté ; ceinture de sécurité. Remarque De sÛreté a également le sens de « qui est sÛr, fiable, infaillible » : dispositif de sÛreté. En sécurité ou en sÛreté = à l'abri d'un danger, d'une menace éventuels. Ses bijoux sont en sécurité (ou en sÛreté) dans un coffre à la banque ; vous êtes ici en sécurité (ou en sÛreté). ● sûreté (expressions) nom féminin (de sûr, d'après latin securitas) De sûreté, se dit d'un objet muni d'un dispositif propre à assurer une protection : Épingle de sûreté. En sûreté, à l'abri de toute atteinte, de tout péril. Allumette de sûreté, allumette qui ne s'enflamme que frottée sur une surface portant un produit spécial. Mesure de sûreté, mesure individuelle coercitive imposée à un individu dangereux pour l'ordre social afin de prévenir les infractions que son état rend probables (rééducation, probation, contrôle judiciaire, etc.). Période de sûreté, durée fixée par une juridiction, à titre facultatif ou obligatoire, pendant laquelle certains condamnés ne peuvent bénéficier de la suspension ou du fractionnement de la peine, du placement à l'extérieur, des permissions de sortir, de la semi-liberté et de la libération conditionnelle. (En cas de réclusion criminelle à perpétuité, elle peut s'étendre sur 18, 22, voire 30 ans.) Sûreté individuelle, élément de la liberté individuelle consistant en une garantie contre les arrestations, détentions et pénalités arbitraires. Place de sûreté, place de guerre donnée ou retenue pour garantir l'exécution d'un traité ; nom spécialement donné aux places de guerre où les protestants, aux termes de l'édit de Nantes, avaient le droit de tenir garnison. Sûreté éloignée, celle qui est fondée sur le renseignement qui intéresse le commandement des grandes unités. Sûreté immédiate, ensemble des mesures prises à l'intérieur des petites unités en vue de leur propre défense. Sûreté rapprochée, ensemble des mesures permettant à une force militaire de prendre, en temps utile, ses dispositions de combat et de manœuvre. Sûreté nucléaire, protection des personnes et de l'environnement naturel contre les risques présentés, du fait des rayonnements ionisants, par les installations où sont produites, transformées, mises en œuvre ou stockées des substances radioactives ; ensemble des dispositions qui permettent d'assurer cette protection. Explosif de sûreté, explosif qui ne peut exploser en masse soit dans l'incendie, soit sous l'effet des chocs les plus intenses qui puissent se produire au cours de son transport. ● sûreté (synonymes) nom féminin (de sûr, d'après latin securitas) Littéraire. État de quelqu'un ou de quelque chose qui est à l'abri...
Synonymes :
- sécurité
Caractère précis, efficace de quelqu'un ou de quelque chose, sur lequel...
Synonymes :
- acuité
- fidélité
- infaillibilité
- lucidité
- précision

sûreté
n. f.
d1./d Fait d'être sûr (sens I, 1). Sûreté d'une région.
d2./d Fermeté, précision (des gestes, des perceptions sensorielles, etc.). Sûreté de l'oreille d'un musicien.
|| Justesse dans l'exercice des facultés intellectuelles, dans les jugements esthétiques, etc. Je me fie à la sûreté de votre goût. Avoir une grande sûreté de jugement.
d3./d Assurance, garantie donnée à qqn. Je lui ai donné toutes les sûretés qu'il me demandait.
|| DR Sûreté personnelle: garantie résultant pour le créancier de l'adjonction à son débiteur d'autres débiteurs, répondant sur leur patrimoine de l'exécution de l'obligation.
Sûreté réelle: garantie résultant pour le créancier de l'affectation spéciale d'un bien de son débiteur au paiement de la dette.
Sûreté du Trésor: sûreté personnelle et réelle dont dispose le Trésor public.
d4./d Rare (Sauf dans certains emplois quasi figés et en loc.) Sécurité. Garantir la sûreté des personnes et des biens.
Attentat, crime contre la sûreté de l'état: infractions menées contre l'autorité de l'état ou l'intégrité du territoire.
|| En sûreté: en sécurité; à l'abri du vol.
|| De sûreté: spécialement conçu pour assurer la sûreté. épingles de sûreté. Serrure de sûreté. Soupape de sûreté.
|| Une sûreté: un dispositif de sûreté. Mettre une sûreté à sa porte.
Mettre une arme à la sûreté, en position de sûreté.
d5./d Fait d'être sûr de soi; caractère, état d'une personne sûre d'elle.
d6./d Anc. (Cour. Québec) Nom donné à divers corps policiers. La Sûreté du Québec.

⇒SÛRETÉ, subst. fém.
I. — Caractère de ce qui est sûr.
A. — [Avec un compl. désignant un événement ou un phénomène] Caractère de quelque chose dont il ne fait pas de doute qu'il aura lieu, qu'il se produira. Synon. certitude. Villes en ordre sur la carte roulée et qu'une terre lente porte à lui avec la sûreté d'une marée (SAINT-EXUP., Courr. Sud, 1928, p. 7).
B. — [En relation avec un subst. désignant une entité partic.]
1. [Le subst. désigne un animé] Capacité à agir d'une manière qui produise à tout coup l'effet recherché, qui atteigne le but visé. Synon. assurance. La sonate commença. Le petit homme la joua avec une sûreté imperturbable (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 103).
— [Avec un compl. indiquant le domaine d'action introd. par de ou dans + subst., par à ou pour + inf.] M. Théodore Rousseau unissant à une naïveté (...) une plus grande sûreté d'exécution (BAUDEL., Salon, 1845, p. 59). Jamais je n'ai mieux apprécié l'incomparable sûreté des chameaux à gravir les endroits les plus abrupts (BENOIT, Atlant., 1919, p. 81):
1. Quelle sûreté dans le choix des mots! Quelle audace! Mais mon admiration pour Bossuet, il me faut l'ajouter aussitôt, semblable à celle que je porte à Hugo, s'en tient à la forme.
GIDE, Journal, 1938, p. 1306.
2. [Le subst. désigne une entité abstr., un organe ou un objet]
a) Propriété de ce qui fonctionne de manière fiable et conforme à son type. Les femmes ont des instincts d'une sûreté infaillible (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 624). L'Inconscient a une sagesse, une sûreté, une beauté à quoi la conscience libre n'atteint jamais, même à son suprême degré (BÉGUIN, Ame romant., 1939, p. 137).
Sûreté de qqc. Il avait pris à ce métier la connaissance des lois, le goût des affaires, la sûreté de coup d'œil, l'habitude d'écrire, le don de bien parler (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 57). Je voyais rarement Massart, mais je savais, avec cette sûreté d'intuition qui survit quelquefois à l'enfance, qu'il avait été (...) le vieil amant de ma mère (NIZAN, Conspir., 1938, p. 234).
b) P. méton. Propriété de ce qui témoigne de la capacité de quelqu'un à œuvrer de manière sûre. L'écriture de votre dernière lettre était altérée! Cette fois, je retrouve la sûreté de votre belle écriture (SAND, Corresp., t. 4, 1862, p. 307). Dans l'Évangile d'Ebon et le Psautier d'Utrecht, on trouve beaucoup de mouvement, un papillotement, une sûreté de trait qui rappelle l'art japonais (MAILLET, Peint. relig., 1934, p. 32).
II. — Gén. au plur.
A. — Ce par quoi quelque chose est rendu sûr. Synon. assurance, garantie. L'homme fort ne prend aucune sûreté pour son avenir (SAND, Lélia, 1833, p. 281). Il ne tira ni argent ni sûreté d'avenir de cette femme (GONCOURT, Journal, 1861, p. 951).
DR. CIVIL
Garantie fournie pour l'exécution d'une obligation (d'apr. CAP. 1936). Le locataire qui ne garnit pas la maison de meubles suffisans, peut être expulsé, à moins qu'il ne donne des sûretés capables de répondre du loyer (Code civil, 1804, art. 1752, p. 318). Votre mari n'a pas de bon sens, disait Grandet en prêtant une somme à madame des Grassins, moyennant sûretés (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 183).
Sûreté (réelle). Droit réel du créancier portant sur un bien ou un ensemble de biens appartenant au débiteur, qui confère au créancier le privilège d'être payé sur ces biens de préférence aux autres (d'apr. CAP. 1936, ROMEUF t. 2 1958, CIDA 1973). Ma sœur, vous ferez cette affaire. Chesnel prendra ses sûretés sur nos biens pour le tout (BALZAC, Cabinet ant., 1839, p. 41).
Sûreté personnelle. Garantie donnée par une (ou plusieurs) personne(s) qui s'engage à payer à la place du débiteur si celui-ci fait défaut (d'apr. BAUDHUIN 1968).
ART MILIT. Places de sûreté. ,,Places qu'un prince, qu'un État donne ou retient pour la sûreté de l'exécution d'un traité`` (Ac.).
VÉN. Chasser en sûreté. [Le suj. désigne les chiens] Suivre la même trace (d'apr. DUCHARTRE 1973, BAUDR. Chasses 1834).
B. — Vieilli. Mesure de précaution. Il était reconnu que Louvois, en campagne, prenait toutes les sûretés pour ce qui regardait sa précieuse personne (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 74). Je prends mes sûretés en vue du pire, monsieur le vicomte, dit Jérôme, décidément hors de lui (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 385).
Proverbe. Deux sûretés valent mieux qu'une. Synon. vieilli de deux précautions valent mieux qu'une (v. précaution A 1).
III. — A. 1. État ou situation de ce qui n'est pas en danger, de ce qui ne court aucun risque. Synon. sécurité.
a) [Avec un compl. indiquant ce qui est préservé du danger]
) Sûreté de + subst.
— [Le subst. désigne un animé] Il manquait à la sûreté de Mme de Rênal de connaître les idées qu'on avait pu suggérer à l'homme duquel son sort dépendait (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 133).
— [Le subst. désigne une activité] L'objet le plus important pour la sûreté de la navigation, est de fixer avec précision les latitudes et les longitudes des lieux où il abordera, et de ceux à vue desquels il pourra passer (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 43):
2. Paris (...) vit (...) passer le cortège splendide qui accompagnait à leur dernière demeure deux des noms de cette vieille aristocratie, les plus célèbres pour l'esprit traditionnel, pour la sûreté du commerce et le dévouement obstiné aux principes.
DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 210.
— [Le subst. désigne un lieu] Le défaut de sûreté des chemins publics exigeoit cependant qu'il fût remis à un jour fixe (NODIER, J. Sbogar, 1818, p. 118). Le conseil de Bourgogne s'occupa aussitôt de pourvoir à la sûreté du duché (BARANTE, Hist. ducs. Bourg., t. 4, 1821-24, p. 418).
) [Sans compl.] Dans presque toutes les maisons de Paris, il y avait à la porte d'entrée une petite ouverture carrée, avec un grillage très serré, de manière que les habitants de la maison pussent par avance reconnaître s'il y aurait sûreté pour eux à ouvrir (MÉRIMÉE, Chron. règne Charles IX, 1829, p. 197). Pour plus de sûreté, les gardes envahirent même les jardins (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 178).
Proverbes. La méfiance est la mère de sûreté ou Méfiance est mère de sûreté (Ac. 1835, 1878). La prudence est la mère de sûreté ou Prudence est mère de sûreté (Ac. 1935). V. prudence A 1 a ex. de Adam.
b) Locutions
) (Subst. +) de sûreté. Qui assure ou présente une protection. Appareil, chaîne, cheville, cran, fermoir, interrupteur, lampe, serrure, soupape, vase, verrou de sûreté. Ma porte fermée avec une clef de sûreté et mes volets cadenassés n'avaient pu laisser pénétrer personne (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1090). La misère, la saleté et les maisons rouge-sang à deux ou trois étages, avec des courettes (...) et des escaliers de sûreté en fer qui servent surtout à étendre le linge (MORAND, New-York, 1930, p. 75). V. loquet1 ex. de Ledieu, Cadiat.
En partic. Épingle de sûreté.
) En sûreté. A l'abri du danger. Synon. à couvert, à l'abri. [John Mangles] entraîna Lady Helena et Mary Grant, qui furent bientôt en sûreté derrière les épaisses ridelles (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 220). Ils seraient plus en sûreté chez Alexis que chez lui (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 244).
Vx. En sûreté de conscience. Avec la conscience tranquille. Est-il beaucoup plus humain de massacrer une famille de paysans allemands que vous ne connaissez pas (...) dont vous déshonorez en sûreté de conscience les femmes et les filles, parce que c'est la guerre? (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 649).
2. En partic. Situation d'un groupe social caractérisée par le fait qu'il est à l'abri du danger. Synon. sécurité, ordre.
a) Sûreté de + subst. Le bourgeois s'inquiète de la sûreté de cette commune, il la trouve bien faible, bien mal garantie (GUIZOT, Hist. civilis., leçon 7, 1828, p. 6).
Sûreté de l'État. Complot contre la sûreté de l'État. Il faut prendre des mesures sévères et différentes de celles qu'on a adoptées jusque ici, pour qu'il ne dépende pas des ministres de négliger impunément ce qu'exige la sûreté de l'État (ROBESP., Discours, Guerre, t. 8, 1791, p. 63).
b) Sûreté + adj. Je crois que la sûreté publique est surtout compromise, quand les citoyens voient dans l'autorité un péril au lieu d'une sauvegarde (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 72).
DR. Sûreté individuelle. ,,Élément de la liberté individuelle consistant dans la garantie contre les arrestations, détentions et pénalités arbitraires`` (CAP. 1936). Elle comptera sur l'avenir pour retrouver les formes qui garantissent l'ordre et la sûreté individuelle (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 148).
c) [Sans compl.] Mais nulle part les Français eux-mêmes n'étaient en sûreté contre ces nouvelles vêpres siciliennes (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 196). La division légère, destinée à l'exploration et à la sûreté éloignée, serait dotée d'engins plus rapides(DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 8).
B. — P. méton.
1. Organisme de police chargé d'assurer l'information et la surveillance policière. L'ancien préfet d'Alger avait pris au même ministère la direction de la sûreté, et même l'on parlait de lui pour la préfecture de police (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 152). Ce qu'ils ont fait de mon pauvre ami, le chef de la Sûreté Boïchlikof, est-ce recommandable, en vérité? (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 19).
Vx. Police de sûreté. Victorin recevait dans son cabinet une vieille femme (...) qui, pour parvenir jusqu'à l'avocat célèbre, mit en avant le nom terrible du chef de la police de sûreté (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 350).
P. anal. Sûreté militaire. Organisme militaire chargé d'assurer la surveillance policière des personnels militaires. Synon. sécurité militaire. Ce que vous faites, vous, c'est du langage convenu pour dérouter la Sûreté Militaire (GHELDERODE, Pantagleize, 1934, III, tabl. 9, p. 125).
2. Ensemble des locaux où se trouve le siège de la sécurité. Les portes de la Sûreté étaient gardées par des mitrailleuses (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 545).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: seureté ; dep. 1740: sûre-. Étymol. et Hist. A. 1. 1135 « assurance » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 2561: Par dedenz Rome fu Guillelmes li ber, S'a Looïs son seignor coroné: De tot l'empire li a fait seürté); 1176-81 doner seürté que (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 1918); 1225-50 doner seürté de (Lancelot du Lac, éd. E. Kennedy, I, p. 3, 25); 1474 lectres de sceureté (Arch. Nord B 1695, fol. 63 v° ds IGLF); spéc. terme de dr. a) 1273-80 seurtet « dans les Flandres, engagement pris sous serment devant le magistrat de respecter les biens et la personne de gens dont on est l'ennemi » (Reg. des Faides, 217, f° 13 r°, Tournai ds GDF.); b) 1685, 28 janv. « garantie fournie pour l'exécution d'une obligation » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 173); 2. ca 1160 « disposition prise pour éviter un danger » seürté (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8025); a) 1662 prendre ses sûretés (MOLIÈRE, École des Femmes, I, 1); b) proverbes 1668 la méfiance est mère de sûreté (LA FONTAINE, Fables, éd. H. Regnier, t. 1, p. 258); id. deux sûretés valent mieux qu'une (ID., ibid., p. 328). B. 1. 1160-74 « situation de celui qui n'a rien à craindre » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, 2e part., 4223: chevalier ne vilain n'ont nulle seür(e)té Se ne fut en chastel ou en ferme cité); a) 2e moit. XIIIe s. [ms.] a seürté (1re Continuation de Perceval, éd. W. Roach, t. 1, 6769); b) 1422 en sceurté (ALAIN CHARTIER, Le Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 20: ilz me gardent bien de menger mon pain en sceurté); 1566 mener en seureté (L. LABÉ, I, 50 ds IGLF); 1579 estre en seureté (R. GARNIER, La Troade, 2412, III, 79, t. 2, p. 160, ibid.); 1689, 24 juill. être en sûreté de + subst. (Mme DE SÉVIGNÉ, op. cit., p. 648); c) ca 1485 lieu de seureté (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 4411); 1615 un port de seureté (E. PASQUIER, Recherches de la France, p. 127 ds IGLF); 1636 ville de seurté (MONET: ville de seurté, accordée à quelcun pour sa seurté, ville de refuge); d) 1659 place de sureté « place qu'un État donne ou retient pour la sureté de l'exécution d'un traité » (LA ROCHEFOUCAULD, Mémoires, éd. J. Gourdault, t. 2, p. 138); 2. 1561 « situation d'un groupe à l'abri du danger » (J. GREVIN, César, p. 16 ds IGLF); 1585 seureté publique (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, II, 162, ibid.); 1798 chambre de sûreté (Rapport de gendarme ds Disc. et rés. affaire Orgères, II, 1, 76); 3. fig. 1576 la seureté de la conscience (N. DU FAIL, Appendice, II, 380 ds IGLF); 1656, 10 avr. en sureté de conscience (PASCAL, Provinciales, VI, éd. L. Lafuma, p. 109). C. 1. Ca 1165 « confiance » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 24584: quel seürté Poons aveir en vos dès ore?); 2. ca 1225-50 « qualité d'une personne qui éprouve et manifeste la confiance » (Lancelot du Lac, p. 388: Mais tex estoit sa costume que tozjorz ampiroit sa force a ore de midi, et si tost comme midis tornoit, si revenoit a doble et cuers et seürtez et force); 3. ca 1225 « qualité d'une personne sur laquelle on peut compter » (GAUTIER DE COINCI, Miracles de Nostre Dame, D 82, 2572, éd. V.-F. Koenig, t. 4, p. 540: Nostre Dame est no seürtez); 4. dernier quart XVe s. « certitude » (Jean MOLINET, Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, p. 428: tu mourras, c'est ta seureté); 1675 avoir sûreté de + inf. (CORNEILLE, Suréna, III, 2). D. 1636 « efficacité » (MONET: seureté: certitude d'agir sans faillir); spéc. id. seureté de la main (ibid.). Dér. de sûr; suff. -(e)té; la forme mod. est une réfection, très rare av. le début du XVIe s., de l'a. et m. fr. seürté (v. supra, et aussi un empl. isolé ds FROISSART, Prison amoureuse, éd. A. Fournier, 26), dér. de seür sur le modèle du lat. securitas « exemption de soucis, tranquillité de l'âme » (v. sécurité). Fréq. abs. littér.:3 946. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 946, b) 1 754; XXe s.: a) 1 816, b) 1 654. Bbg. GALL. 1955, p. 40. — QUEM. DDL t. 13, 15, 21, 27.

sûreté [syʀte] n. f.
ÉTYM. 1498; seurté, seürté (XIIe) « gage, promesse; assurance, absence de crainte »; de seur, sûr, d'après lat. securitas.
———
I (V. 1130, seürté). || Une, des sûretés (surtout au plur.)
1 Ce par quoi une personne est rendue sûre (I., 1.) de qqn ou de qqch.; ce qui garantit qu'une chose est sûre (II.). Assurance, caution, garantie. || Donner des sûretés à qqn. || Demander des sûretés (Corneille, in Littré).
1 Mais pour peu qu'il m'aimât, du moins il aurait dit
Que je garde en son âme encor même crédit :
Il m'en aurait donné des sûretés nouvelles (…)
Corneille, Tite et Bérénice, II, 7.
Dr. Garantie fournie pour l'exécution d'une obligation. || Sûreté personnelle, par l'engagement d'une caution ou engagement solidaire (solidarité). || Sûreté réelle : droit réel du créancier sur des biens du débiteur (hypothèque, nantissement, privilège). aussi Gage (I.), garant (infra cit. 8). || Sûretés en matière de crédit.
2 Vieilli. Mesure de précaution. || Prendre ses sûretés. — ☑ Prov. Deux sûretés (ou deux précautions) valent mieux qu'une.
2 Deux sûretés valent mieux qu'une,
Et le trop en cela ne fut jamais perdu.
La Fontaine, Fables, IV, 16.
———
II
1 (V. 1155, seürté). Vieilli. État, situation de celui qui n'est pas en danger, qui ne risque rien. Sécurité (mod.). || La sûreté de qqn (→ Imagination, cit. 11). || Ce qui menace la sûreté. Danger, péril. || Pour la sûreté des voyageurs (→ Flagrant, cit. 2). — ☑ Prov. Méfiance, prudence est mère de sûreté (→ Expérimenter, cit. 3).Vx. || Un lieu de sûreté. Sûr (II., A., 1.); → Bois, cit. 17. — Par ext. || La sûreté de la vie (→ Patrie, cit. 1).
3 (…) meilleure connaissance de notre vieux domicile et de ses habitants; plus de sûreté sur des mers qu'il a parcourues la sonde à la main, et plus de correction dans nos cartes géographiques.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, I.
4 Sur l'article des dangers, tu dois juger seule (…) Je m'en tiens à te prier de veiller à ta sûreté, car je ne puis être tranquille quand tu seras inquiète.
Laclos, les Liaisons dangereuses, CL.
Dr. || Sûreté individuelle : élément de la liberté, garantie contre les arrestations, les détentions arbitraires ( Habeas corpus). → 3. Droit, cit. 7.
5 La liberté politique consiste dans la sûreté, ou du moins dans l'opinion que l'on a de sa sûreté.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XII, II.
6 Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Déclaration universelle des droits de l'homme, art. 3.
Loc. mod. (1640; on a dit à sûreté, XIIe). En sûreté. Abri (à l'), couvert (à), sécurité (en). || Être, vivre en sûreté (→ Maquis, cit. 1). || Mettre qqn en sûreté, à l'abri du danger. Protéger, sauver.Vx. || En, dans la sûreté des voleurs (Mme de Sévigné), à l'abri de…Par ext. || Mettre qqch. en sûreté. Assurer, cacher, garantir (→ Dépôt, cit. 1; patrimoine, cit. 2). || Tenir en sûreté, sous bonne garde.
7 — Il n'y a pas d'intérêt pour un sage à voyager dans les pays européens, répondit le Sèyd d'un air convaincu. D'abord, on n'y est pas en sûreté. On rencontre à chaque pas des soldats qui marchent d'un air rébarbatif; les hommes de police remplissent les rues et demandent à chaque instant où l'on va, ce qu'on fait et qui l'on est.
A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 302.
(1835). || De sûreté : de sécurité, qui est destiné à assurer une protection, à éviter un danger (peut aussi être compris au sens III.). || Serrure, verrou de sûreté. || Cran (cit. 4) de sûreté d'un couteau. || Chaîne, fermeture de sûreté. || Soupape de sûreté. Soupape (au fig. : supra cit. 3). || Allumettes de sûreté. || Épingle de sûreté (syn. : épingle de nourrice).
8 Ayant fermé sa porte à clef et poussé le verrou de sûreté qu'elle y avait fait appliquer, elle se mit au lit (…)
Maupassant, l'Inutile Beauté, II.
Par métononymie. || Une sûreté : un dispositif de sûreté (chaîne, fermeture, cran d'arrêt). || Mettre, enlever la sûreté.Mettre un pistolet à la sûreté, à la position de sûreté (→ aussi Libérer, cit. 2).
Loc. Pour plus de sûreté : par un surcroît de précautions (→ Persienne, cit. 2).
2 (XVIe). Situation à l'abri du danger d'un groupe social (ou des membres du groupe). Sécurité; ordre. || La sûreté publique (→ Quartenier, cit.), civile. || Loi de sûreté générale de 1858.Dr. publ. || Attentat, complot (→ Impliquer, cit. 2), crime (cit. 18) contre la sûreté de l'État. || Attenter à la sûreté de l'État.Cour de sûreté de l'État : tribunal d'exception créé en France en 1963 et aboli en 1981, jugeant les crimes et délits commis contre l'autorité de l'État et l'intégrité du territoire national.
Milit. || La sûreté immédiate d'une troupe (protection d'artillerie, etc.).Dr. pén., vx. || Maison de sûreté : prison. Mod. || Chambre de sûreté, où sont maintenus les individus arrêtés avant leur transfert.
Hist. || Place de sûreté. Place (cit. 8 et supra).
(1867). || Sûreté générale (jusqu'en 1934), nationale, et absolt. Sûreté : direction du ministère de l'Intérieur, service d'information et de la surveillance policière. || Services, agents de la Sûreté. Police, policier. Bâtiments où se tiennent les services de la Sûreté. || Se rendre à la Sûreté (→ Passeport, cit. 3).
8.1 Mes collègues de la rue des Saussaies doivent le connaître mieux que moi.
Il faisait allusion à la Sûreté Nationale qui, dépendant directement du ministère de l'Intérieur, est souvent chargée de missions touchant de près ou de loin à la politique.
G. Simenon, Maigret chez le ministre, p. 16-17.
REM. L'argot présente des altérations du mot, comme sûrepige (M. Aymé, le Passe-muraille, p. 18).
3 Fig. Sûreté de conscience (→ Rechercher, cit. 3, Pascal). || En sûreté de conscience : en ayant la conscience tranquille (→ Guerre, cit. 8; index, cit. 8).
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III (XVIe). Caractère de ce qui est sûr (II.).
1 La sûreté des routes.De sûreté. → ci-dessus II., 1.
2 ( Sûr, II., A., 3.). Caractère de ce qui ne risque pas d'échouer, de décevoir. || La sûreté des moyens. || La précision (cit. 5), la sûreté des coups.
3 ( Sûr, II., A., 4.). Efficacité. || Sûreté de main. Précision; fermeté. || Sûreté du coup d'œil (→ Promptitude, cit. 5). || Sûreté de pinceau (→ Ruine, cit. 10).Sûreté de jugement (→ Couloir, cit. 3), de vues (→ Jeter, cit. 26).Vx. || Attaquer avec sûreté (→ Assurer, cit. 50).
9 L'action du Roman comique se passe aux environs du Mans, que Scarron avait visités, et qu'il décrit avec la sûreté et la facilité de touche d'un homme qui peint d'après nature.
Th. Gautier, les Grotesques, X, p. 396.
10 (La guitare) jase, elle chante, elle déclame avec une verve effrayante, et une sûreté, une pureté inouïes de diction.
Baudelaire, Du vin et du haschisch, II.
11 (…) ah ! combien me plaît la façon d'écrire de Colette ! Quelle sûreté dans le choix des mots ! Quel délicat sentiment de la nuance !
Gide, Journal, 11 févr. 1941.
(V. 1636). Vx. (Personnes). Fermeté, loyauté indiscutable.
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IV (V. 1160, seürté). Vieilli ou littér. Caractère d'une personne certaine, confiante. Certitude. || Une sorte de sûreté d'elle-même (→ Acquérir, cit. 15). || Affirmer avec sûreté (→ Niais, cit. 5). || « Il parlait avec une sûreté étonnante » (Saint-Exupéry, in G. L. L. F.).
Loc., vx. En toute sûreté (de conscience) : avec une totale assurance morale.
Vx (langue class.). || Avoir sûreté de (et inf.) : être certain de…
CONTR. Danger, détresse, péril.

Encyclopédie Universelle. 2012.