INVENTION
L’invention est l’acte de produire par ses propres moyens un élément, un objet ou un processus original; plus généralement, de produire ou de créer en utilisant son imagination: inventer une machine, inventer une histoire. Le terme a aussi un sens juridique: il signifie la conception d’une idée et les moyens ou les appareils par lesquels un résultat est obtenu à partir de cette idée. Par extension, il désigne plus spécialement l’acte d’inventer ou de créer un produit réel. Dès l’abord, on remarque que l’invention est liée à deux facteurs: 1. au caractère d’originalité d’un acte de l’esprit, 2. à une possibilité de réalisation , c’est-à-dire d’action sur le monde extérieur. Elle repose d’abord sur un acte individuel de l’imagination rationnelle, puis sur sa socialisation, c’est-à-dire sur son acceptation par le groupe social: une invention n’existe que diffusée , au moins auprès de quelques spécialistes. Dans les sociétés technicisées d’aujourd’hui, le processus d’invention met en jeu non seulement la créativité de certains chercheurs, mais aussi la complexité des firmes industrielles et de leurs laboratoires, à travers une série de mécanismes qui, dans l’avenir, pourraient relever, sinon de «machines à inventer», du moins d’une méthodologie de la découverte, d’une heuristique appliquée, où l’informatique serait de plus en plus largement au service des «équipes d’invention».
Découverte et société technique
L’invention est une activité fondamentale de la société technique, puisqu’elle est le processus par lequel idées nouvelles ou formes et créations originales s’insèrent dans le monde matériel pour le transformer. Une machine à vapeur ou une caméra cinématographique, c’est une idée, ou une somme d’idées, plus une réalisation. Le terme «invention» désigne donc, en bref, tantôt un processus de l’esprit, tantôt le résultat de ce processus, tantôt la description d’un objet. C’est cette description, dûment mise en forme et légalisée, qui deviendra un brevet d’invention, c’est-à-dire un texte enregistré par la puissance juridique, rendu public et dont, par là, la propriété est attribuée à un individu (ou à un groupe) qui peut en user à sa guise et en particulier en tirer profit ou le vendre. L’invention a donc dès l’abord un caractère social, c’est une idée incorporée dans une réalisation et acceptée en tant qu’idée nouvelle par la société. À cet égard, les différents systèmes sociaux adoptent des attitudes très diverses: les uns (la France par exemple) ne prononcent aucun jugement sur la nouveauté ou la valeur opératoire d’une idée, ils se bornent à admettre que toute formulation nouvelle est une idée nouvelle; ils ne garantissent que la nouveauté du texte, c’est-à-dire le fait que celui-ci n’existe pas encore dans les archives culturelles de la société en question (bureau des brevets). Les autres pays (l’Allemagne en particulier) vérifient soigneusement la nouvauté de l’idée et la réalisabilité des dispositifs qui permettront de l’appliquer. D’autres enfin (les États-Unis) contrôlent à la fois nouveauté, réalisabilité et valeur pratique (dans l’état actuel de la technique). Aussi la valeur d’une invention n’est-elle pas toujours liée à la valeur du brevet d’invention qui la traduit; Arnold Dubois-Reymond distingue à ce sujet das Inventat , l’inventé, et die Invention , l’idée réalisée.
De toute façon, les systèmes qui transforment l’invention en un objet de propriété se bornent toujours à garantir la réalisation de dispositifs d’application (machine, processus ou appareil nouveau), jamais l’idée, le principe, la forme mentale originale, qui sont, la plupart du temps, l’essentiel. Cette attitude inspirée par des raisons de facilité de contrôle constitue une sorte de prime à un pragmatisme qui paraît être une caractéristique de la civilisation occidentale technologique, liée à l’industrie et à la possibilité pour l’homme de transformer matériellement le monde par les machines ou les dispositifs qu’il crée. On considère couramment que les brevets d’invention commercialement les plus valables sont ceux qui ont donné lieu, de la part de la puissance publique, au maximum de garanties, tels les brevets américains et allemands dits «avec examen».
En fait, il y a bien peu de différence de signification, sur le plan psychologique, entre les trois mots: inventer, découvrir ou créer. Il s’agit toujours d’une création d’une forme nouvelle dans le champ de conscience d’un esprit et de sa traduction ou de sa diffusion dans un univers social. En pratique, on restreindra le terme d’invention à l’acceptation courante, par la société, du produit d’une création de l’être humain.
Le processus d’invention
Les nombreuses études concernant la création intellectuelle décrivent avec une assez remarquable constance le processus d’invention. On distinguera ici, après G. Wallas et en les complétant quelque peu, cinq stades dans ce processus.
Le premier, c’est l’assimilation du connu, l’information ou, plus spécifiquement, la documentation. L’inventeur s’efforce tout simplement de connaître de façon plus précise le monde dans lequel il est et d’en percevoir le détail dans le domaine particulier qui l’intéresse. Ce stade, qui peut coïncider avec une culture générale ou donner lieu à une recherche professionnelle en laboratoire, se caractérise par une sorte d’insatisfaction diffuse, un manque, une orientation, une inquiétude vis-à-vis de la partie du monde extérieur soumise à l’investigation qui se présente comme une forme lacunaire.
Dans le deuxième stade, celui de l’incubation , le chercheur vit avec son insatisfaction, porte son problème avec lui; il a tendance à considérer le monde comme un appendice à «son problème» et à le distordre en conséquence. L’incubation est un processus souvent très long; l’homme vit comme avec un remords, discrètement obsédant. «Comment l’avez-vous trouvé?» demandait-on à un inventeur, «En y pensant toujours», répondit-il. L’incubation est une sorte de mobilisation des ressources de l’esprit et du monde extérieur, au profit du problème. L’inventeur ne voit dans les phénomènes extérieurs que ce qui les rattache de près ou de loin à cet objet diffus de préoccupation qui est au centre de lui-même. C’est à ce stade que gît l’originalité essentielle de l’acte d’invention; c’est sur ce moment psychologique qu’on en sait le moins.
Le troisième stade, l’illumination , est souvent extrêmement bref; c’est un éclair dans la pensée, où subitement la forme «ouverte» trouve sa fermeture et son accomplissement, où la tension se relâche dans un schème original, la solution , qui est, en même temps, dissolution du problème posé, avec ce caractère de certitude, de satisfaction de l’esprit, souvent trompeuse d’ailleurs, qui définit l’idée nouvelle.
En quatrième lieu vient la vérification . La certitude acquise de tenir la vérité est provisoire, toute personnelle; l’imagination doit passer par le crible de la raison déductive, de l’agencement des éléments de pensée, du contrôle des ordres de grandeur, de la hiérarchisation des éléments. L’inventeur doit explorer point par point un champ de conscience recouvert par une forme saisie dans une illumination, retrouver dans le paysage obscur tous les points, tous les objets et tous les obstacles que l’éclair lui a fait entrevoir; s’il n’y arrive pas, il doit retourner à un stade antérieur pour retrouver une autre illumination qui le mènera plus loin, et ainsi de suite. Pour cela, il faut travailler, agencer, mettre en ordre, calculer, expérimenter; c’est long et laborieux; il y faut une énorme ténacité, 99 p. 100 de transpiration, disait Thomas Edison.
Le cinquième stade sera celui de la formulation «universelle», qui commence pour l’inventeur avec la maîtrise de son propre langage et se terminera, après de nombreuses étapes, par le brevet d’invention ou le modèle de laboratoire, établi avec l’aide de spécialistes divers et souvent de moyens considérables. C’est le début de la socialisation de l’invention , son passage au niveau de la société de masse.
Dans la société contemporaine, l’invention est un processus ardu et multiforme, utilisant des éléments de pensée ou des éléments matériels agencés de façon complexe; et l’idée brillante et simple, du type «pointe Bic» ou «fermeture Éclair», doit passer au stade d’une technologie, de la précision dans le gigantisme. L’inventeur isolé y a très peu de chances par rapport au laboratoire d’entreprise, équipé d’ingénieurs-conseils, de documentalistes, de spécialistes du développement, et – ce ne sont pas les moindres – de rédacteurs de brevets et d’avocats. Aussi est-il normal que sur cinq cents idées, cinquante parviennent au stade du laboratoire, cinq au stade du brevet, deux au stade du modèle industriel et, peut-être, une ou deux au «marché». En revanche, le délai nécessaire au déroulement de ce processus se raccourcit d’année en année dans les pays les plus évolués et c’est, semble-t-il, un des critères du développement industriel. «Nous inventons tout ce que nous pouvons, disait la firme Du Pont de Nemours, le problème est de l’inventer avant que ce soit déjà périmé sur le marché.» De cinquante ans, à l’époque de la machine de Marly, le délai est passé à vingt ans, à l’époque du four Héroult ou du phonographe, et à quelques années, à l’époque du transistor ou du laser.
La créativité et le développement technologique
L’invention repose donc sur la créativité de tel ou tel être, en théorie de tous, même s’il existe des caractères d’inventeur et des vies d’inventeur. Certains ont une productivité créatrice plus grande que les autres, mais personne n’en est totalement démuni. On appelle créativité l’aptitude qu’a l’esprit de réorganiser les éléments du champ de conscience , nourri par les perceptions et les connaissances, d’une façon originale et susceptible de donner lieu à des opérations dans un quelconque champ phénoménal . On retrouve bien ici les caractères fondamentaux de l’invention, mais celle-ci comporte en outre une réalisation matérielle, inscrivant ces opérations et ces processus dans le monde des choses, une réification des choses nouvelles. On appellera productivité créatrice le nombre de créations ou d’inventions divisé par la quantité de temps ou d’efforts, c’est-à-dire par le coût généralisé correspondant. Joseph Bethenod (1883-1944) a produit quatre cents brevets dans sa vie, tous utilisés, mais Paul-Louis Héroult (1863-1914) n’en a produit qu’un, le four alumino-thermique; et ce contraste montre qu’une autre grandeur entre en jeu: la prégnance ou le retentissement d’une invention. En fait, il s’agit de la quantité d’originalité qu’elle contient dans la réorganisation des éléments du champ de conscience; et des théories récentes révèlent qu’il est possible, en principe, d’évaluer la nouveauté d’une invention par rapport à un cadre culturel donné, possibilité qui reste jusqu’à présent assez théorique.
De la définition précédente de la créativité résulte un des problèmes majeurs qui régissent l’invention dans la société industrielle: ce n’est pas tout de créer, encore faut-il que le produit soit utilisable et, plus spécifiquement encore, qu’il soit adapté à la question posée. C’est le problème d’une «créativité en situation» par rapport à une ambiance intellectuelle donnée, d’une recherche orientée vers un but, par définition encore inconnu: si on le connaissait clairement, on y serait déjà parvenu.
Telle est la difficulté à laquelle se heurtent les firmes industrielles dans leurs rapports avec le développement technologique. Comment orienter efficacement l’inventeur sans le stériliser? Il faudrait soutenir celui-ci de manière spécifique: en lui fournissant des environnements culturels (littérature scientifique, contacts avec des collègues, etc.), qui polarisent son champ intellectuel, et en changeant son environnement immédiat, c’est-à-dire l’«ambiance» du laboratoire ou de l’expérimentation. À cet égard, deux facteurs jouent un rôle prépondérant: d’une part, les contraintes économiques, à savoir le coût (coût en temps, coût d’une action...), qui grève nécessairement et, par là, conditionne tout processus; et, d’autre part, la loyauté envers l’entreprise que l’on peut traduire comme la plus ou moins grande coïncidence entre l’image que l’inventeur a des buts de l’entreprise et l’image qu’il se fait de lui-même dans cette entreprise.
L’invention technique, qui se substitue ainsi à l’inventeur isolé, est de plus en plus le fait d’un laboratoire bien outillé, secondé ou relayé par des usines pilotes qui assurent le développement du produit ou de l’appareil et qui, représentant une très grande part des mises de fonds, se trouvent de plus en plus déterminées et, par là, déterminent à leur tour la nature de ce qu’elles développent, c’est-à-dire l’invention. À cet égard, Jacob Van Lennep distingue la créativité proprement dite, qui sert plutôt à poser des problèmes, de l’aptitude à résoudre des problèmes et de la simple ténacité: un grand service de recherche industrielle comportera une proportion optimale de ces trois formes d’ouverture à la nouveauté.
Dans la mesure où, comme le dit Valéry, «l’esprit souffle où il peut» et non pas où il veut, les firmes contemporaines, soumises à la pression du nouveau, sont conduites dès qu’elles en ont les moyens, non pas à stériliser l’inventeur par des contraintes trop étroites, mais à suivre elles-mêmes l’ensemble des produits de leur laboratoire, sans exiger de leur laboratoire qu’il fournisse des solutions à des problèmes de production; en d’autres termes, la firme est conduite par le laboratoire et se modèle sur les rapports entre ce qu’il produit et les besoins du marché plus ou moins réglés par la publicité. Cela exige évidemment une souplesse considérable des structures que seules certaines grosses firmes peuvent réaliser.
Conditions d’une heuristique appliquée
L’invention apparaît comme une sorte de cheminement du chercheur dans un labyrinthe dont il discerne mal les couloirs; il y est mû par une impulsion venant de son insatisfaction de voir le monde tel qu’il est et par la conscience d’une direction générale assez indécise. Il est permis de se demander si l’utilisation d’une psychologie de la forme ou de la création pourrait rendre quelques services à l’inventeur. Une heuristique appliquée est-elle possible, qui résulterait d’une étude statistique, phénoménologique, psychologique d’un grand nombre de processus d’invention (pour autant qu’on puisse accéder aux démarches intellectuelles effectives et profondes sans s’en tenir à l’image superficielle qu’en donne le produit fini passé au crible de la logique et de la pragmatique)? Il paraît bien établi qu’il y a des méthodes pour inventer, comme le notait déjà Leibniz, des démarches de l’esprit qui fassent mieux que le travail de l’esprit, et le but d’une méthodologie de la découverte est d’isoler, d’énoncer, de collectionner, d’apprécier un certain nombre de ces démarches, d’en montrer les similarités dans des circonstances différentes, puis de les généraliser et de proposer leur variété même à l’esprit qui réfléchit sur un «problème» ou un «manque» du monde environnant pour éventuellement susciter en lui ce décalage (shifting ), dans lequel les psychologues voient l’un des ressorts de la création de formes mentales nouvelles. Les méthodes de listes, de constellations d’attributs, de facteurs, au sujet d’un problème, le croisement de ces listes les unes avec les autres dans ce qu’on appelle «matrice de découverte» fournissent à ce propos des exemples de procédures déjà élaborées et susceptibles d’un traitement presque mécanique.
Dès lors si, comme l’affirme le théorème de Kurt Gödel, on ne peut concevoir des machines à inventer, car l’esprit humain est incapable de contenir l’ensemble de ses propres produits présents et à venir, il est possible pourtant de répondre à certains problèmes de l’invention: méthode des variations successives autour d’un thème; enrichissement des ressources de l’esprit par l’exploitation de la mémoire illimitée et instantanément présente des grands systèmes documentologiques sur ordinateur. Elle rend possible des procédés de combinatoire systématique d’éléments de pensée à partir de certaines règles restrictives suggérées par l’heuristique, c’est-à-dire par l’exploitation des combinaisons effectivement réalisées dans le passé par l’esprit humain sur des éléments restreints.
En ce domaine, les recherches de simulation faites sur ordinateur dans les laboratoires d’études de la pensée artificielle (G. Minsky, H. Simon, R. Raphaël, etc.) suggèrent un élargissement des traitements et des manipulations auxquelles on peut soumettre un certain nombre d’éléments plus ou moins connectés au «problème», dans la mesure où un esprit humain vient ultérieurement censurer, modifier, réviser des suggestions ou des rapprochements faits par le jeu combinatoire de l’ordinateur. À cet égard, les analyses des processus linguistiques ou littéraires, souvent pratiquées dans le champ poétique ou musical (M. Bense, H. Decampos, P. Barbaud, M. Philipot, etc.), peuvent s’avérer extrêmement précieuses pour l’étude des mécanismes d’invention dans le champ scientifique ou technique proprement dit.
Ce sont ces études qui ont révélé l’opposition entre lois d’ordre proche et lois d’ordre lointain dans la combinaison des éléments de pensée présents à l’esprit de l’inventeur. L’ensemble de ces associations, déjà entrevues par James à propos du matériau verbal, par Mozart, Henri Poincaré et Jacques Hadamard à propos des matériaux musicaux et abstraits, permet de discerner l’existence dans le cerveau humain de véritables infralogiques , c’est-à-dire de lois de contraintes dans la construction de propositions, qui ne sont ni rigoureuses, ni totalement cohérentes, mais susceptibles, au prix d’un effort critique supplémentaire, d’être assez souvent «promues» à une cohérence supérieure avec des chances de succès non négligeables.
La machine à inventer n’est donc pas pour demain, mais, vu les conditions de l’invention technique dans une société à la fois de plus en plus riche en éléments culturels et de mieux en mieux déterminée dans ses buts, on peut penser que les grandes équipes d’invention, remplaçant, au moins partiellement, les Léonard de Vinci d’autrefois, s’appuieront de plus en plus sur les mémoires artificielles, les machines à documenter, les processus combinatoires et les variations systématiques autour d’un thème, qui sont déjà du ressort de la «mentalité ordinatrice».
invention [ ɛ̃vɑ̃sjɔ̃ ] n. f.
• 1270; lat. inventio, de invenire « trouver »
I ♦ Didact. Action de trouver. Liturg. Invention de la sainte Croix. — Dr. Invention d'un trésor. ⇒ inventeur (II).
II ♦ (1431) Cour.
1 ♦ Action d'inventer (qqch.). ⇒ création, découverte. Invention d'une machine, d'une technique, d'un art, d'un jeu, d'un système.
2 ♦ Chose inventée, nouveauté scientifique ou technique. ⇒ découverte, trouvaille. Les « inventions pratiques, avion, téléphone, cinéma » (A. Gide). Brevet d'invention.
3 ♦ Faculté, don d'inventer. ⇒ créativité, imagination, inspiration, inventivité. « toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien » (Racine). Être à court, manquer d'invention.
4 ♦ Action d'imaginer (un moyen); moyen inventé. ⇒ combinaison, 2. expédient, ressource. Inventions diaboliques.
5 ♦ Chose imaginaire, inventée. ⇒ fable, mensonge. Ce témoignage est une pure invention. Ce n'est pas une invention, c'est vrai. — Loc. De l'invention de qqn, inventé, trouvé par lui. Il nous a préparé un plat de son invention (cf. De sa façon).
6 ♦ Arts Faculté de construire dans l'imaginaire. Invention et observation chez le romancier. — Construction de l'imagination. ⇒ fiction. Une invention romanesque.
7 ♦ Mus. Chez J. S. Bach, Petite pièce instrumentale composée dans le style fugué.
⊗ CONTR. Imitation. Réalité, vérité.
● invention nom féminin (latin inventio, -onis, de invenire, trouver) Action d'imaginer, d'inventer, de créer quelque chose de nouveau : L'invention de l'écriture. Ce qui est inventé, objet inventé : Les dernières inventions de la technique. Faculté de trouver quelque chose de nouveau, de créer par l'imagination : L'invention romanesque. Action de donner comme réel ce qui est de pure imagination ; fiction ainsi créée, mensonge : Cette histoire est une invention de Paul. Découverte d'un trésor, de reliques, d'un gisement archéologique, etc. ; les objets ainsi découverts. Œuvre purement inventive, hors des règles et conventions d'une forme ou d'un style. (Bach en fit un genre didactique : Inventions à deux voix pour clavier.) ● invention (citations) nom féminin (latin inventio, -onis, de invenire, trouver) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 La loi suprême de l'invention humaine est que l'on n'invente qu'en travaillant. Système des beaux-arts Gallimard Henri Bernardin de Saint-Pierre Le Havre 1737-Éragny-sur-Oise 1814 La nécessité donne de l'industrie, et souvent les inventions les plus utiles ont été dues aux hommes les plus misérables. Paul et Virginie Raymond Queneau Le Havre 1903-Paris 1976 La grande histoire véritable est celle des inventions… Bâtons, chiffres et lettres Gallimard ● invention (expressions) nom féminin (latin inventio, -onis, de invenire, trouver) Invention de la sainte Croix, fête religieuse qui se célébrait autrefois le 3 mai, en souvenir du retour de la croix du Christ à Jérusalem, quand l'empereur Heraclius l'eut reprise aux Perses (3 mai 629). ● invention (homonymes) nom féminin (latin inventio, -onis, de invenire, trouver) inventions forme conjuguée du verbe inventer ● invention (synonymes) nom féminin (latin inventio, -onis, de invenire, trouver) Action d'imaginer, d' inventer , de créer quelque chose de nouveau
Synonymes :
- création
Ce qui est inventé, objet inventé
Synonymes :
- découverte
- trouvaille (familier)
Faculté de trouver quelque chose de nouveau, de créer par l'imagination
Synonymes :
- fiction
Action de donner comme réel ce qui est de pure...
Synonymes :
- conte
- fable
- histoire
- mensonge
- roman
invention
n. f.
d1./d Didac. Découverte. Invention d'un trésor.
d2./d Action d'inventer; chose inventée.
d3./d Faculté d'inventer.
d4./d Chose imaginée; produit de l'imagination.
|| Mensonge, chimère. C'est une pure invention!
⇒INVENTION, subst. fém.
I. A. — [Correspond à inventer A]
1. Action d'inventer. L'invention de la boussole, de l'imprimerie. L'invention du baromètre a suivi naturellement la découverte de la pesanteur de l'air (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 330). L'établissement des troupes de ligne et l'invention de l'artillerie changèrent tout-à-fait l'ordre social (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 25) :
• 1. Pour vous donner une idée des dimensions de la terre je vous dirai qu'avant l'invention de l'électricité on y devait entretenir, sur l'ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères.
SAINT-EXUP.,Pt Prince, 1943, p. 460.
2. P. méton. Ce qui est inventé. Admirable, belle, grande invention. Son invention pour le concours « Perpétuel » ça consistait en un moulin du genre dynamo, à prise « faradique variable »... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 507). Papa fait des inventions, annonce Michon (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 222) :
• 2. La machine infernale (...) cette invention diabolique, qui causa tant de rumeur et fit tant de victimes, fut exécutée par les Royalistes, qui en reçurent l'idée des Jacobins.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 228.
♦ Brevet d'invention.
B. — P. ext. [Correspond à inventer B]
1. a) Action d'imaginer quelque chose de nouveau. Cette fine taille si visiblement prise, cette douce blancheur virginale, pour cacher et indiquer la poitrine, sont d'une invention savante (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 153) :
• 3. C'est une erreur contraire à la nature de la poésie, et qui lui serait même mortelle, que de prétendre qu'à tout poème correspond un sens véritable, unique, et conforme ou identique à quelque pensée de l'auteur. Une conséquence de cette erreur est l'invention de l'exercice scolaire absurde qui consiste à faire mettre des vers en prose.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 74.
b) P. méton. Ce qui est imaginé. Le désir de lui plaire lui donnait, à elle, mille inventions rusées et simples en même temps, pour le séduire et le conquérir (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 90) :
• 4. ... la garantie apportée par la société à la croyance individuelle, en matière religieuse, suffirait déjà à mettre hors de pair ces inventions de la faculté fabulatrice.
BERGSON, Deux sources, 1932, p. 210.
♦ P. iron. Idée saugrenue. Tu es fou, dit Gaigneux en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que c'est que ces inventions? (AYMÉ, Uranus, 1948, p. 73) :
• 5. Mais aussi, demandez-moi ce que c'est que cette invention à un homme sain de se brûler le dos pour s'ôter un tic douloureux qui ne le tourmente que tous les deux ans.
BALZAC, Ferragus, 1833, p. 111.
— En partic. Mystification, mensonge, fable. C'est une pure invention. La débilité intellectuelle des inventions du mythomane (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 383).
c) MUS. Courte pièce polyphonique caractérisée par des effets curieux et nouveaux. Les Inventions de J.S. Bach; les six inventions du dernier acte de Wozzeck de A. Berg. (Ds Mus. 1976).
2. a) Capacité, faculté d'imaginer quelque chose de nouveau, d'avoir des idées originales et intéressantes. En voilà un, là-bas, dans un coin, qui a trouvé une façon nouvelle d'envisager l'histoire; il la divise en faits nécessaires et faits transitoires; au lieu de dire, par exemple, que Jésus-Christ est venu après Platon, il vous dira : pour que Jésus-Christ vînt, il fallait que Platon eût existé; quelle invention et quelle érudition! (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p. 599) :
• 6. Si, pour se procurer l'argent nécessaire à son jeu, Rastignac savait acheter chez son bijoutier des montres et des chaînes d'or chèrement payées sur ses gains, et qu'il portait au Mont-de-Piété, ce sombre et discret ami de la jeunesse, il se trouvait sans invention comme sans audace quand il s'agissait de payer sa nourriture, son logement, ou d'acheter les outils indispensables à l'exploitation de la vie élégante.
BALZAC, Goriot, 1835, p. 173.
— Domaine de la litt., de la mus., des beaux-arts. Un écrivain, un artiste sans invention. Delille ne fut qu'un Ovide très fade, sans invention et sans verve (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 368). Elles [les messes de l'année 1776] trancheront sur les deux précédentes (celle de janvier 75, assez pauvre, celle d'avril ou mai 76, débordante d'invention) (GHÉON, Prom. Mozart, 1932, p. 108) :
• 7. Son caractère distinctif n'est pas l'invention, mais une savante interprétation de la nature et une étonnante magie dans les effets de la lumière.
MÉNARD, Hist. B.-A., 1882, p. 133.
♦ Invention + adj. Quelle richesse d'invention poétique dans ses tragédies [de Goethe] (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1822, p. 121). L'invention rythmique et mélodique est prodigieuse (et comme naïve) — Mais que dire de l'harmonique! (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 893) :
• 8. Une bonne part de l'invention romanesque dont la littérature italienne de la Renaissance a tiré profit est l'œuvre des conteurs français du moyen âge...
GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 103.
b) En partic. ,,Partie de la composition qui consiste à imaginer le sujet et à créer ses développements. L'invention est surtout essentielle au théâtre`` (BAILLY (R.) 1946).
II. — Action de trouver, de découvrir (une chose qui existe mais jusque là inconnue). Synon. découverte. L'invention d'un trésor. (Dict. XIXe et XXe s.).
— RELIG. CATH. Découverte d'une relique; fête qui en perpétue l'anniversaire. Invention de reliques. L'Invention (du corps) de S. Étienne (Foi t. 1 1968). Ces pauvres arbres en exil parmi cette nation gelée qui n'a pas une rose à Marie le jour de l'Invention de la Croix? (BLOY, Journal, 1899, p. 323) :
• 9. ... les hommes, à Fonteneilles, (...) ne se montraient plus guère aux offices (...), sauf à Pâques, à la Toussaint, aux jours d'enterrement, et quelquefois le 3 mai, jour de l'Invention de la Sainte-Croix, où le curé bénit les « croisettes » qui protègent les « héritages ».
R. BAZIN, Blé, 1907, p. 49.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. « trouvaille dans la façon d'agir, trouvaille merveilleuse, merveille » (Ps. Cambridge, éd. Fr. Michel, Canticum Ysaie, 5, p. 263 : faites cuneüdes en puples les sues invenciuns [adinventiones ejus]); 2. a) 1270 relig. le jor de l'invencion sainte Croix (Gondrec. I, 6, A. Meurthe ds GDF. Compl.); b) av. 1514 « action de découvrir quelque chose (en général) » (LEMAIRE DE BELGES, Couronne margaritique IV, 139 ds HUG. : linvention de ceste gemme); 3. « ce qui est inventé » a) 1431 péj. « fable, mensonge » (ds ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 8, p. 707 : inventions laidengeuses); b) ca 1501 « création, trouvaille littéraire » (Jardin de Plaisance, éd. de A. Vérard, f° 223 v°, reprod. S.A.T.F., t. 1); 4. « action d'inventer » a) 2e moitié XVe s. « action, fait d'inventer, d'imaginer » ici, en mauvaise part : substitution de Jacob à Esaü par Rebecca (Mistere du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 12863); b) 1530 « action de créer, de découvrir quelque chose de nouveau » (PALSGR., p. 220 a); 1588 l'invention de nostre artillerie (MONTAIGNE, Essais, III, VI, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 886); 5. 1595 « faculté de créer, d'imaginer » (ID., op. cit., I, XXVI, éd. citée, p. 174 : l'apprehension tardive, l'invention lasche). Empr. au lat. inventio « action de découvrir, de trouver, découverte (spéc. au Moy. Âge Inventio Sanctae Crucis [3 mai] « fête rappelant la découverte de la croix du Christ » ca 530 ds TLL s.v., 151, 70, v. aussi BLAISE Latin. Med. Aev.); faculté d'invention, invention, rhét.; action d'inventer ». 1 est la trad. du lat. chrét. adinventio ds Is., 12, 4 [5] (cf. l'a. fr. adinvencion « id. » 1re moitié XIIe s. Ps. Oxford, éd. Fr. Michel, 76, 12 [et adinventiones tuas loquar]), terme qui connaît aussi l'emploi péj. de « trouvaille mauvaise, machination, mensonge, ruse » (d'où le m. fr. adinvention 1350, G. LI MUISIS, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 275). Fréq. abs. littér. : 2 362. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 119, b) 2 834; XXe s. : a) 3 053, b) 4 028.
invention [ɛ̃vɑ̃sjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1270, invencion; invenciun « ruse », v. 1120; invention, 1431; lat. inventio « découverte », de inventum, supin de invenire « trouver »; en lat. chrét. Inventio Sanctæ Crucis (→ sens I, 1); le sens de « trouvaille, invention (II.) » proviendrait du lat. chrét. adinventio, cf. anc. franç. adinvencion.
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I Didact. Action de trouver.
1 (1270). Liturgie. || Invention de la Croix, de la sainte Croix. || L'invention de reliques.
2 Dr. || Invention d'un trésor (⇒ Inventeur, I., B.).
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II (1530). Cour.
1 Action, fait d'inventer (qqch.). ⇒ Création, découverte. || L'invention d'une machine, d'un instrument, d'une technique (par qqn). → Force, cit. 59; homme, cit. 142; imprimerie, cit. 2. || L'invention d'un art, d'un procédé artistique, d'un genre, d'un jeu (→ Gravure, cit. 3; harmonique, cit. 2). || L'invention d'un système, d'une notion, d'un type (→ Génie, cit. 39). — Une invention rapide, imprévue, progressive.
1 L'invention des autres arts fut donc nécessaire pour forcer le genre humain à s'appliquer à celui de l'agriculture. Dès qu'il fallut des hommes pour fondre et forger le fer, il fallut d'autres hommes pour nourrir ceux-là.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
2 Ni Newton ni Leibniz n'ont tiré aucun avantage pécuniaire de leur invention du calcul différentiel.
Renan, Questions contemporaines, Œ. compl., t. I, p. 74.
♦ Spécialt. Une des parties de la rhétorique qui consiste dans la recherche des arguments et des idées. — REM. On emploie aussi, dans ce sens, le lat. inventio.
2 (Déb. XVIe). || Une, des inventions. Chose inventée, nouveauté scientifique ou technique. ⇒ Découverte, trouvaille. || Différence entre les découvertes (cit. 5) et les inventions. || Une belle, une grande, une géniale invention (→ Abuser, cit. 15; graphique, cit. 4). || Les inventions humaines, modernes (→ Amélioration, cit. 3; artisanat, cit. 3; avancement, cit. 4). || Les inventions de la science (→ Fabulation, cit. 2). || Les inventions des savants, d'un grand homme (→ Esprit, cit. 110; géométrie, cit. 5). || Brevet (cit. 2) d'invention.
3 On trouva même dans ces siècles grossiers des inventions utiles, fruits de ce génie de mécanique que la nature donne à certains hommes (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, LXXXI.
4 Je crois que tu seras obligé de partager les bénéfices de ton invention avec un de nos fabricants (…) Il te faudra d'ailleurs prendre un brevet d'invention (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 928.
5 J'imagine donc volontiers l'intérêt extrême que Gœthe aurait pris aux récents progrès de la science; non point tant, sans doute, aux inventions pratiques, avion, téléphone, cinéma, qu'à ces trouvailles susceptibles de bouleverser notre conception du cosmos.
Gide, Attendu que…, p. 125.
6 Ce sont les principes de la plus grande commodité et du moindre effort, le plaisir que nous donnent la vitesse, le changement et le confort, et aussi le besoin de nous échapper de nous-mêmes, qui ont fait le succès des inventions nouvelles.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, I, V.
♦ Fam. Trouvaille, innovation (en général iron.). || Quelle belle invention ! (→ Enquiquinant, cit. 1). || Et toutes ces inventions du diable… (→ Glacer, cit. 17).
3 (1580, Montaigne). || L'invention. Faculté, don d'inventer. ⇒ Imagination, inspiration, inventivité. || Le génie (cit. 25 et 27) a cette invention, cette inspiration, qui paraissait un don des dieux. || Esprit (cit. 120) d'invention et esprit de méthode. || Artiste qui n'a point d'invention (→ Genre, cit. 36). || Être à court d'invention, manquer d'invention (→ Fréter, cit. 5). || Être plein d'invention. || Création (cit. 14) et invention dans l'art. || L'invention, poème de Chénier (contre l'imitation servile).
7 L'invention n'est autre chose que le bon naturel d'une imagination concevant les idées et formes de toutes choses qui se peuvent imaginer, tant célestes que terrestres, animées ou inanimées (…)
Ronsard, Œuvres en prose, Art poétique, De l'invention.
8 Il y en a qui pensent que cette simplicité est une marque de peu d'invention. Ils ne songent pas qu'au contraire toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien (…)
Racine, Bérénice, Préface.
9 M. Eugène Sue (…) est peut-être l'égal de M. de Balzac en invention, en fécondité et en composition. Il dresse à merveille de grandes charpentes; il a des caractères qui vivent aussi, et qui, bon gré mal gré, se retiennent (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 2 sept. 1850.
10 Nous voulons que l'œuvre d'art soit l'expression de celui qui l'a faite parce que le génie n'est, pour nous, ni fidélité à un spectacle, ni combinaison, et n'est originalité que parce qu'il est — classique ou non — invention.
Malraux, les Voix du silence, p. 372.
10.1 L'invention n'est qu'une manière de voir. Se saisit des incidents et des accidents, en fait des chances, des signes.
Valéry, Cahiers, t. II, Pl., p. 993.
♦ ☑ Loc. Être de l'invention de qqn, inventé, trouvé par lui. || Les formes de l'invention de cet architecte. || Elle nous a servi un plat de son invention. ⇒ Façon (de sa).
b (Une, des inventions). Moyen inventé. ⇒ Combinaison, 2. expédient, ressource. || Quelle invention trouver ? (→ Biais, cit. 4; forger, cit. 4, Molière). || Inventions cruelles, diaboliques (cit. 3). || Panurge était fertile en ingénieuses inventions. ⇒ Astuce (mod.). || Le chantage (cit. 1, Balzac) est une invention de la presse anglaise.
11 Trouve ruses, détours, fourbes (fourberies), inventions (…)
Molière, l'Étourdi, I, 2.
12 Nécessité l'ingénieuse
Leur fournit une invention.
La Fontaine, Fables, IX, « Les deux rats… ».
5 (1431). a (Une, des inventions). Chose imaginaire, inventée. ⇒ Calomnie, fable, mensonge, tromperie (→ Inventer, 3.). || Fausses nouvelles, fables (cit. 16) et inventions de toutes sortes (→ 1. Garde, cit. 72; inexorable, cit. 4). || Une invention de la malveillance. || « La fraternité (cit. 8) est une invention de l'hypocrisie sociale » (Flaubert). || Ce n'est pas une invention, c'est de l'histoire (cit. 29). || Sa maladie est une pure invention ! ⇒ Comédie.
13 J'imagine que ma femme me trompe et que toute cette fable est une invention pour me faire prendre le change et troubler entièrement mes idées.
A. de Musset, les Caprices de Marianne, I, 3.
14 Nous chercherons ensemble d'où viennent ces abominables inventions. Elle m'aidera à le découvrir, et moi je l'aiderai à y couper court aussitôt (…)
Paul Bourget, Un divorce, p. 98.
b Fait d'inventer (3.); don d'inventer, d'imaginer et de présenter pour vrai. || Encore une histoire de son invention. ⇒ Fabrication. || Est-ce une citation exacte ou un vers de votre invention ? (→ Farcir, cit. 5).
6 (V. 1501, en littérature). a Faculté de construire dans l'imaginaire. || Artiste qui témoigne de plus d'invention que d'observation. || L'invention poétique d'un écrivain. || L'invention mélodique, rythmique d'un compositeur. — ☑ Loc. Ce monde étrange est tout entier de l'invention du romancier, du peintre (→ Escamoter, cit. 5). — Recourir à l'invention (→ Idée, cit. 45).
15 Cette Aricie n'est point un personnage de mon invention. Virgile dit qu'Hippolyte l'épousa, et en eut un fils (…)
Racine, Phèdre, Préface.
♦ (Une, des inventions). Construction de l'imagination. ⇒ Fantaisie, fiction. || Une invention romanesque (→ Égaler, cit. 6), poétique (→ Égayer, cit. 13). || Les inventions de l'imaginaire. → Fantastique, cit. 12. — Collectivt. || La fable (cit. 14) est une forme d'invention inhérente à l'esprit humain.
16 (…) tout à côté des inventions pénibles, systématiques (…) nous retrouvons à chaque pas des beautés, des miracles d'imagination et d'harmonie, des surprises de talent (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 36.
b Caractères (d'une œuvre, d'un texte) témoignant de l'invention de son auteur. || Un récit charmant, plein d'invention. || Cela manque d'invention.
7 Mus. (chez J.-S. Bach). Petite pièce instrumentale composée dans le style fugué.
17 L'invention est une petite pièce instrumentale, sorte d'étude de style extrêmement concise et construite avec une grande rigueur. Tout au moins apparaît-elle ainsi chez J.-S. Bach, l'un des très rares maîtres qui aient traité cette forme. Ses Inventions à deux voix, ses Sinfonias à trois voix mettent en jeu un langage polyphonique où dominent l'art du contrepoint renversable et celui du canon. Au XXe siècle, Berg a élargi la forme, introduisant une série d'inventions dans son opéra Wozzek.
André Hodeir, les Formes de la musique, p. 59.
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CONTR. Imitation. — Réalité, vérité, vrai.
Encyclopédie Universelle. 2012.