MAÏS
MAÏS
Céréale vivrière traditionnelle du continent américain, le maïs est longtemps resté une curiosité botanique. On ne lui connaît pas d’espèce sauvage comme les autres plantes cultivées: Parmentier remarquait déjà, en 1784, que le «maïs ne croît spontanément en aucun endroit, pas même dans son pays natal». Des fouilles effectuées au Mexique ainsi qu’au Nouveau-Mexique ont permis de reconstituer son histoire botanique sur plusieurs millénaires. Alors que le maïs que nous connaissons, avec ses graines fortement encastrées sur un support cellulosique, le rafle, entouré d’une gaine épaisse de feuilles, est incapable de se reproduire sans l’aide de l’homme, le maïs primitif présentait ces caractères de façon très atténuée. Les Indiens, en choisissant vraisemblablement les épis les mieux protégés et ceux dont les graines étaient les mieux encastrées, ont ainsi sélectionné les caractères actuels des espèces. Son long compagnonnage avec l’homme a fait du maïs une des plantes les plus anciennement domestiquées, le fondement vivrier des grandes civilisations indiennes des Amériques.
Christophe Colomb rapporte la graine en Espagne à l’issue de son premier voyage. Le maïs se répand en Italie, puis dans les Balkans. L’hégémonie turque lui donne son nom le plus répandu en Europe, celui de blé de Turquie; dans le Québec, il prend le nom de blé d’Inde, en souvenir de son origine.
En France, la culture du maïs se développe notamment dans le Sud-Ouest, où il est utilisé directement dans l’alimentation humaine (la cruchade), et surtout dans l’alimentation des volailles; on tire profit de sa valeur alimentaire pour provoquer l’hypertrophie du foie des oies et favoriser la production de foie gras. Jusqu’en 1950, il constitue dans sa zone de culture un des piliers de la polyculture traditionnelle.
L’aide Marshall, après la guerre, familiarise la France et les pays européens avec les techniques de production et d’utilisation du maïs. L’Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.) met au point, dans les années 1950, les variétés hybrides à hauts rendements. Ces hybrides, dans le cadre d’une transformation de l’ensemble du système de production (mécanisation, engrais, vente du maïs et non plus utilisation à la ferme), seront une arme pour bouleverser l’économie du maïs. En France, le maïs, culture traditionnelle, devient un produit essentiel de la nouvelle agriculture. La superficie consacrée au maïs, qui avait diminué jusqu’à la Seconde Guerre mondiale (630 000 hectares en 1840, 320 000 en 1938), va croître rapidement (près de 2 millions d’hectares en 1972, 3,3 millions en 1992), faisant de la France un des grands producteurs mondiaux. Quant à la production, de 450 000 tonnes en moyenne de 1948 à 1952, elle passe à 5,4 millions en 1968, pour atteindre quelque 15 millions en 1993. La récolte est dans sa plus grande partie maintenant commercialisée: les quatre cinquièmes environ de la collecte sont utilisés par les industries de l’alimentation animale (en grains ou après ensilage de la plante entière), le reste allant aux usages industriels qui se sont diversifiés (féculerie, maïserie, etc.). En élargissant la base de l’alimentation animale par sa valeur énergétique et ses hauts rendements, le maïs a permis une révolution dans les techniques de l’élevage, qui sont passées à une échelle industrielle, sous le contrôle direct ou indirect des grandes firmes alimentaires.
C’est aux États-Unis que cette évolution a été poussée le plus loin: la surface cultivée en maïs y occupait, en 1992, 32 millions d’hectares, pour une production de 190 millions de tonnes, soit 40 p. 100 du tonnage mondial; dominant ainsi le marché international, les États-Unis exportent une large part de cette production, principalement à destination de l’Europe. Les jours sont loin où les Indiens apprenaient aux pèlerins du Mayflower à cultiver et à utiliser le maïs pour leur propre survie. Une fraction infime du maïs américain, qui est aujourd’hui, en tonnage et en valeur, la première production agricole du pays, va maintenant directement dans l’alimentation humaine; sur place, plus de 90 p. 100 du tonnage utilisé sert à l’industrie de l’alimentation animale, en particulier à l’engraissement des bovins, dans des unités qui atteignent des dimensions colossales: plus de 100 000 têtes deux fois par an.
À l’échelle mondiale, on constate que les surfaces plantées se sont beaucoup étendues dans les pays en développement; la Chine, le Brésil, le Mexique, l’Argentine figurent aujourd’hui parmi les grands producteurs mondiaux.
Avec le développement économique, la nature du maïs a progressivement changé: s’il reste une céréale vivrière dans de vastes zones sous-développées du monde (Amérique latine, Afrique, etc.), dans les pays industriels, il est devenu une matière première de l’alimentation animale.
mais [ mɛ ] adv. et conj. I ♦ Adv.
2 ♦ (Renforçant ce qui vient d'être exprimé) Oui, vraiment. « on ne lui donna plus rien à faire, mais ce qui s'appelle rien » (Montherlant). Tu viens ? — Mais oui, mais bien sûr, mais certainement. Mais non; mais si.
II ♦ Conj. (Xe)
1 ♦ Marquant une transition, en tête de phrase ⇒ et. Mais, dites-moi. Mais c'est de la folie ! Mais encore ? Mais enfin ! (pop. m'enfin ! ). « Mais enfin, comment la chose s'est-elle passée ? » (A. Daudet).
2 ♦ Introduit une idée contraire à celle qui a été exprimée. « Les privilèges finiront, mais le peuple est éternel » (Mirabeau). Après une négation Ce n'est pas ma faute, mais la tienne ! Je n'en veux pas un, mais deux. Ce n'est pas un accident, mais bien un crime. Mais au contraire.
3 ♦ Introduit une restriction, une correction, une addition, une précision indispensable. Elle n'est pas belle, mais elle a du charme (cf. En compensation, par contre, en revanche). Incroyable, mais vrai. ⇒ cependant, néanmoins, pourtant, toutefois. « J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer » (Racine). « Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre » (Musset). C'est mon avis, mais tu fais ce que tu veux. ⇒ maintenant . Non seulement..., mais, mais encore, mais aussi, mais même, mais en outre.
4 ♦ Introduit une objection (notamment sous forme interrog.). Mais n'étiez-vous pas au courant ? — Je ne dis pas, mais... Oui, mais...
♢ N. m. Le mot mais. Que signifie ce mais ? Il n'y a pas de mais qui tienne ! vos objections ne comptent pas. Il y a toujours avec lui des si et des mais, des conditions et des objections. — Des oui mais : des réponses positives accompagnées de restrictions.
III ♦ MAIS exclamatif, joint à une interj.— (Surprise.) Eh mais ! c'est ma foi vrai ! Ah ! ça, mais, je ne me trompe pas, c'est bien lui.
♢ (Défi, menace.) Je vais lui fermer le bec, ah mais ! Fam. (Indignation.) Non, mais ! pour qui tu te prends ! Pop. Non mais, des fois !
⊗ HOM. Mai, maie, maye, mets.
● mais conjonction (latin magis, plus) Indique : une opposition, une précision, une correction par rapport à ce qui a été énoncé : Il est intelligent, mais paresseux. une objection : Mais pourtant vous m'aviez promis de venir. le renforcement d'une réponse : Mais naturellement ! dans une phrase exclamative ou interrogative, l'insistance, la surprise, l'impatience, etc. : Mais je vous en prie ! Mais où est-il donc passé ? Familier. Non mais (des fois) !, exprime une vive réprobation : Non mais des fois, où vous croyez-vous ? En tête de phrase, sert d'élément de transition : Mais, j'y pense, avez-vous déjeuné ? ● mais (difficultés) conjonction (latin magis, plus) Construction Mais est généralement précédé d'une virgule, sauf s'il joint deux mots de même nature ou deux membres de phrase sans verbe. J'ai à sortir, mais j'attends que la pluie cesse. Sa conduite est imprévisible mais sensée. C'est un garçon impulsif et plein de fougue mais intelligent et généreux. Emploi Mais bien, mais au contraire s'emploient après une proposition négative pour souligner l'opposition. Nous n'arriverons pas le dimanche 7, mais bien le mardi suivant. Ils ne sont pas paresseux, mais au contraire courageux et travailleurs. Recommandation Éviter les pléonasmes mais pourtant, mais cependant. ● mais (homonymes) conjonction (latin magis, plus) mai nom masculin maie nom féminin mée nom féminin mes adjectif possessif pluriel met forme conjuguée du verbe mettre mets nom masculin mets forme conjuguée du verbe mettre ● mais adverbe Littéraire. N'en pouvoir mais, ne pouvoir rien y faire, être à bout de ressources. ● mais nom masculin Objection, critique : Avec des mais et des si, on ne fait jamais rien. ● mais (difficultés) adverbe Emploi N'en pouvoir mais. L'emploi adverbial de mais (latin magis, plus) ne subsiste que dans cette expression qui signifie « n'y rien pouvoir, n'être pour rien dans qqch » : « Hellouin écarta les bras du corps, comme s'il n'en pouvait mais »(G. Duhamel). Registre soutenu. ● mais (expressions) adverbe Littéraire. N'en pouvoir mais, ne pouvoir rien y faire, être à bout de ressources. ● mais (homonymes) adverbe mai nom masculin maie nom féminin mée nom féminin mes adjectif possessif pluriel met forme conjuguée du verbe mettre mets nom masculin mets forme conjuguée du verbe mettre
mais
adv., conj.
rI./r adv.
d1./d Litt., dans la loc. n'en pouvoir mais: n'y pouvoir rien. Je n'en peux mais.
d2./d Assurément, sûrement. Acceptez-vous cette offre?
— Mais bien évidemment!
rII./r conj. de coord.
d1./d (Marquant une restriction, une différence.) Elle est riche mais avare.
d2./d (Donnant une explication.) Il a été puni mais il l'avait mérité.
d3./d (En opposition avec l'idée précédemment exposée.) Néanmoins, malgré cela. "Mais cependant, ce jour, il épouse Andromaque" (Racine).
d4./d (En début de phrase, marquant une transition.) Mais qu'ai-je dit?
d5./d (Employé avec une interjection, et marquant la surprise ou le mécontentement.) Ah mais!
rIII/r Loc. conj. de temps (Québec) Fam. Mais que (suivi du subj.): quand, lorsque. Elle va revenir mais que tu sois parti.
I.
⇒MAIS1, conj. de coordination
I. —[Mais coordonne des termes; précédé d'une prop. comportant une négation explicite qui porte sur un élément ayant la même catégorie syntaxique (ou à défaut la même fonction sém.) que celui qui suit mais.En employant mais le locuteur refuse ce qui est dit dans la prop. précédant mais et le remplace par ce qui suit]
A. —[Mais est employé pour rectifier une prédication réellement exprimée]
1. [Avec la négation ne...pas/plus/guère, etc.] Ce n'était pas chez nous, mais à Chaillot, chez ma tante (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 169). Il ne venait pas lui demander de l'argent, mais justice pour ses administrés (GONCOURT, Journal, 1864, p. 111). Ce n'est pas seulement agréable, mais c'est beau, parfois, d'être offensé (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 27).
2. [Avec la négation non (pas/point, etc.)] Je revins, non pas réconcilié, mais dissimulé avec mon rival (RESTIF DELA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 208). Et parfois tu tombais à genoux, non pour prier, mais pour appuyer ton front contre les dures petites mains glacées (MAURIAC, Noeud vip., 1932, p. 139). Il avait (...) des joues non point molles, mais pareilles à la chair des bêtes frigorifiées (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 200).
3. [Avec un autre adv. négatif] Je serrais de plus en plus fort, nullement inquiet, mais intrigué par ce frénétique réveil d'un objet apparemment si calme (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 8).
B. —[Mais est employé pour rectifier une prédication que l'on ne fait qu'envisager] Il vous serait assuré, je vous le jure... M'en jurerez-vous autant; je ne dis pas avant, mais après le danger? (SCRIBE, Bertrand, 1833, I, 6, p. 131). Quel homme, je ne dirai pas d'un certain talent, mais d'un vrai éclat, d'une grande célébrité s'annonce? (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1858, p. 297). Serez-vous plus forte en 1862 qu'en 1861? Je vous souhaite de l'être, parce que ce serait le moyen d'avoir un peu plus (je ne dis pas de bonheur) mais de tranquillité (FLAUB., Corresp., 1862, p. 9).
— [La prédication est reprise par non] J'arrivais à lui tout sourire. Je ne puis pas: il est trop laid. Je ne parle pas de sa disgrâce superficielle; non, mais d'une laideur profonde (GIDE, Journal, 1904, p. 139).
II. —[Mais s'emploie en tête d'un énoncé en réaction à une situation dont le locuteur refuse telle ou telle conséquence ou telle ou telle conclusion qu'on pourrait en tirer]
A. —[Coordonnant des énoncés]
1. [Sert à contester le contenu de ce qui est dit]
a) [La contestation porte sur la conclusion elle-même]
) [L'énoncé du locuteur se présente comme appuyant une conclusion opposée à celle qu'on peut tirer de l'énoncé de l'interlocuteur (réel ou fictif)].
Rem. Dans p, mais q, p est présenté comme un argument en faveur d'une certaine conclusion et q comme un argument plus fort en faveur de la conclusion adverse. P. ex. Le camion est très chargé, mais il roule lentement: la phrase le camion est très chargé peut donner à croire qu'il y a du danger; la seconde phrase (il roule lentement) entraîne plus fortement la conclusion contraire (il n'y a pas de danger).
— [Dans le dialogue]
♦[Le locuteur reprend l'énoncé de l'interlocuteur (en tout ou en partie, ou au moyen d'un mot à valeur anaphorique)] «Alors, on t'a souvent embrassée?» Elle répondit avec un air de mépris souverain pour l'homme qui en pouvait douter: «Parbleu... Mais toutes les femmes ont été embrassées souvent...» (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Cri d'al., 1886, p. 1064). De Berville: Je crois, en tout cas, monsieur, être un homme bien élevé... Brotonneau: Oui, oui... Vous êtes bien élevé, mais malgré ça vous avez certains mérites: vous êtes exact, appliqué... (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, I, 13, p. 9). —Alexis, ce n'est pas le moment de te couper les ongles de pied. — Oui, mais je troue toutes mes chaussettes (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 148).
♦[Le locuteur enchaîne directement sur l'énoncé de l'interlocuteur]
[L'énoncé du locuteur est de forme assertive] L'avocat devint rêveur. — «C'est drôle! Il faudrait pour cette place quelqu'un d'assez fort en droit!» — «Mais tu pourras m'aider,» reprit Frédéric (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 52). — Ce départ était projeté depuis longtemps, et je n'ai fait que l'avancer de quelques semaines. — Mais vous êtes partie... compromise (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p. 212). Trois mille cinq cents drachmes pour une négresse! — Elle est fille de blanc. — Mais sa mère est noire (LOUYS, Aphrodite, 1896, p. 28).
[Son énoncé est de forme exclam.] Claudin, sais-tu qu'il y a un infini matériel? — Je le sais, je le sais... — Mais c'est une découverte toute récente! (GONCOURT, Journal, 1860, p. 785):
• 1.
ÉVA, vivement: Attendez! — Quoi, vous me ferez responsable? LE PRINCE: De tout! ÉVA: Mais, voyons... Une femme! LE PRINCE: Oui, mais quelle femme!
SARDOU, Rabagas, 1872, I, 14, p. 45.
[Son énoncé a la forme d'une interr. totale] Voudriez-vous que la première cantatrice de San-Carlo acceptât les hommages du premier venu sans plus d'informations? Fabio: Mais l'oserai-je aborder seulement? (NERVAL, Filles feu, Corilla, 1854, p. 663):
• 2. Il nous donnait quarante-huit heures pour réfléchir une dernière fois (...). Après quoi, insinuait-il, un ordre de Vichy pourrait bien venir qui nous obligerait à mettre les pouces. — Mais la convention de Genève? dit quelqu'un.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 285.
[Son énoncé a la forme d'une interr. partielle] «... Hier je ne t'ai pas parlé très gentiment d'Albertine; ce que je t'ai dit était injuste. — Mais qu'est-ce que cela peut faire?» me dit ma mère (PROUST, Sodome, 1922, p. 1129).
— [Hors du dialogue]
♦[L'énoncé introd. par mais est de forme assertive] Son père (...) lui dit: — «On a entendu les témoins... J'ai déposé... Mais ce qui a été dur, ç'a été de me trouver dans la petite salle, avant l'audience, avec la mère de Greslou (...)» (BOURGET, Disciple, 1889, p. 233):
• 3. Avouez tout de même que reprendre comme ça, en plein jour, avec une créature de chair et d'os, la conversation commencée la nuit précédente avec un personnage imaginaire, un fantôme — rien — c'est plus qu'il n'en faut pour vous mettre la cervelle à l'envers, hein? Mais il y a la photo.
BERNANOS, Crime, 1935, p. 839.
[Le locuteur est le narrateur] D'abord, de quel droit qu'vous m'tutoyez? Ensuite, il me semble que j'vous cause pas... Êtes-vous l'juteux? Non? Ben alors?... Mais le «juteux» accourait (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 127). P. ell. Oh! sois tranquille! Aucun homme ne sera assez con pour m'épouser. Ils aiment bien coucher avec moi mais après ça bonsoir (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 201).
[Par anticipation des objections à la conclusion] Il a beaucoup, mais beaucoup plu. Il fut reçu bien, mais très bien (Ac. 1878-1935):
• 4. Je ne disconviens pas que, par le temps qui court, un inconnu ne soit, en effet, un oiseau rare: Toutefois... — j'ajouterai, monsieur, — interrompt, d'un ton dégagé, l'aspirant écrivain, — que je suis, oh! mais sans l'ombre de talent, d'une absence de talent... magistrale!
VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 47.
♦[L'énoncé est de forme exclam.] Vous êtes bien changé; vous étiez maigre déjà alors, mais quelle différence aujourd'hui! (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 162). C'est ta faute! clamait la femme. Ta faute! Mais tu vas me le payer! (VANDER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 267).
♦[L'énoncé est de forme interr.] L'avenir est plus obscur que jamais. Tout semble impossible à tout le monde. Il faudra bien cependant que ceci se dénoue. Mais quand et comment, qui le sait? (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1850, p. 103). La route de Saint-Valéry est toujours là, mais est-elle sûre? (FLAUB., Corresp., 1871, p. 197). J'ai beaucoup crié: vive l'armée. Et je continuerai. Mais est-ce l'armée telle qu'elle est que nous acclamons. C'est un certain idéal (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 69).
♦[L'énoncé est de forme impér.] Viens quand même le plus tôt possible, mais préviens pour que je puisse déblayer mon temps (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1898, p. 322).
) En partic. [L'énoncé du locuteur se présente comme récusant la vérité de ce que dit l'interlocuteur ou comme exprimant son désaccord avec ce dernier].
Rem. Dans p, mais q, q équivaut à la négation de p. P. ex. dans le dialogue: — Il est ici. — Mais il n'y a personne!
— [Le locuteur récuse la vérité de ce qu'a dit l'interlocuteur] — Moi je ne pourrai pas. Je n'aurai pas la force, répéta Kate cependant. — Mais si, mais si. Ce n'est qu'une question de repos (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 93):
• 5. — Il paraît que c'est quelqu'un qui s'occupait de la Résistance, (...) qu'il est resté trois mois à Fresnes et puis... — ... Il a été fusillé... — Mais non idiot puisqu'il était au Honeymoon. Il vient d'être relâché.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 77.
♦[Il récuse la mise en cause possible d'une relation hypothétique] Si je n'avais pas fait revenir ces dossiers, mais... mais... je sautais (Ch. MAURRAS, La Politique ds l'Action française du 29 mai 1930, p. 1, col. 5 cité par DAM.-PICH. t. 5, §1740, p. 229).
♦[Il récuse une présupposition contenue dans l'énoncé de l'interlocuteur] — Ils sont déjà installés dans la Tour Carrée, dans la chambre d'entrée, à gauche; ils serviront de concierges à la Tour Carrée!...répondit Rouletabille. — Mais la Tour Carrée n'a pas besoin de concierges! s'écria Mrs Édith, dont l'ahurissement était sans bornes (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 51).
♦[Il récuse une hypothèse que lui-même formule] Quand on m'annonce une bibliothèque de culture générale, je cours aux volumes, croyant bien y trouver de beaux textes, de précieuses traductions, tout le trésor des poètes, des politiques, des moralistes, des penseurs. Mais point du tout; ce sont des hommes fort instruits, et vraisemblablement cultivés, qui me font part de leur culture (ALAIN, Propos, 1921, p. 220).
— [Le locuteur exprime son désaccord avec l'interlocuteur] Petypon: (...) Ah! bien, v'là tout! On se battra une autre fois! Il redescend. Le Général: Hein! mais pas du tout! mais tu en as de bonnes! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, III, 17, p. 69).
) [L'énoncé du locuteur se présente comme la conclusion inverse de celle que l'énoncé de l'interlocuteur appuyait]
Rem. Dans p, mais q, la phrase p est un argument en faveur d'une certaine conclusion r et q équivaut à non-r. P. ex. dans: Le camion est très chargé, mais il roule vite, le fait que le camion soit très chargé pouvait donner à penser qu'il roulerait lentement (r), alors que dans q on dit qu'il roule vite (non-r).
— [Le locuteur reprend l'énoncé de l'interlocuteur] D'où à l'égard du péché même, une attitude double: haïssable, oui certes, mais peut-être indispensable aussi pour que s'opère le saut (DU BOS, Journal, 1927, p. 140). — C'est leur journal, comprenez-vous, dit Robert; ils l'ont créé, ils tiennent à être les maîtres chez eux. — C'est regrettable, dit Trarieux. — Peut-être; mais personne n'y peut rien (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 209).
— [Le locuteur enchaîne directement sur l'énoncé de l'interlocuteur] — Alors, vraiment, demanda Jacques (...), tu me donneras un carnet de trois mille francs dans quinze jours? — Mais bien avant, si l'affaire est finie, répondit Monsieur de Meillan (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 190).
— [L'énoncé du locuteur est de forme interr.] Ce n'est pas comme électeurs que nous pesons lourd. — Et qu'est-ce qu'en dit S.? — Qu'il faut essayer. (...) — Par persuasion? — Je ne vois pas ce qu'on pourrait faire d'autre. — Mais le monsieur est abordable... de ce biais-là? (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 50).
) [Le premier énoncé met en cause l'énonciation même du second; en énonçant le second, le locuteur outrepasse cette mise en cause] Pardonnez-moi ma curiosité, dis-je alors; mais c'est donc vous qui l'avez donné à Marguerite Gautier? (DUMAS fils, Dame Camélias, 1848, p. 31). Folcoche se tord toujours, inconsciente, les deux mains sur le foie. Sa respiration siffle. Dois-je le dire, mais nous respirons mieux depuis qu'elle étouffe (H.BAZIN, Vipère, 1948, p. 84).
b) [Le locuteur, tout en acceptant la conclusion pour laquelle l'énoncé de l'interlocuteur est argument, refuse la manière dont ce dernier y est parvenu]
) [L'énoncé du locuteur présente un argument plus fort que l'énoncé de l'interlocuteur en faveur de la même conclusion]
— [La parole de l'interlocuteur est reprise dans l'énoncé du locuteur] Tartarin, débarquant à Marseille, y était déjà illustre sans le savoir, et un télégramme enthousiaste l'avait devancé de deux heures dans sa ville natale. Mais ce qui mit le comble à la joie populaire, ce fut quand on vit un animal fantastique, couvert de poussière et de sueur, apparaître derrière le héros (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 133).
) [L'énoncé du locuteur présente un argument différent de celui de l'interlocuteur en faveur de la même conclusion ou récuse cet argument]:
• 6. D'ordinaire, les hommes sont si peu capables de donner une solution à notre haut problème de méthode (concilier la complexité des sentiments et leur unité) qu'ils n'entendent même pas que l'ardeur des sens et l'amour sont des passions distinctes, fort séparables. Elles sont réunies au plus bas de la série des êtres; d'accord! mais c'est que chez les plantes et chez les pauvres animaux des premières étapes toutes les fonctions sont mal différenciées.
BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 111.
2. [Sert à contester, non pas ce qui est dit, mais le fait de le dire, met en cause la légitimité du dire ou sa pertinence]
a) [L'énoncé du locuteur sert à contester la légitimité du dire]
— [L'énoncé a la forme interr.] Et sans consulter M. de Charlus, en maître: «Voyons, Léontine, ne reste donc pas debout, assieds-toi. — Mais est-ce que je ne vous dérange pas?» (PROUST, Sodome, 1922, p. 1073).
— [L'énoncé a la forme impér.] Il me semble qu'il serait bon de profiter de cette brise et d'appareiller avant la nuit. (...) — Tu as peut-être raison, dit-il, mais mêle-toi de ce qui te regarde. Tu es marin? (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 172).
b) [L'énoncé du locuteur sert à contester la pertinence du dire, la raison, le motif ayant amené l'interlocuteur à énoncer ce qu'il dit]
) [L'énoncé de l'interlocuteur est de forme assertive]
— [L'énoncé du locuteur reprend celui de l'interlocuteur] Ah! nous sommes un grand peuple. — Mais oui, dit Aurelle, ému; vous êtes un grand peuple (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 12).
— [Le locuteur enchaîne sur l'énoncé de l'interlocuteur] Fanny, au facteur.: Vous n'avez rien pour moi? Fanny Cabanis? Le Facteur: Oh! mais je vous connais, mademoiselle! Non, je n'ai rien pour vous (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 10, p. 42):
• 7. M. BRUN, perplexe: Le moteur me paraît bien petit. PANISSE: Mais c'est bien ce qu'on vous a dit: ce n'est pas un canot à moteur: c'est un bateau à voiles avec un moteur auxiliaire.
PAGNOL, Fanny, 1932II, 2, p. 112.
) [L'énoncé de l'interlocuteur est de forme interr.]:
• 8. Les valeurs que je tirai de mon portefeuille consistaient en mes simples engagements, échelonnés à diverses échéances (...). À cette vue le petit homme recula de deux pas en arrière en jetant les billets sur son bureau: — Qu'est-ce que c'est donc que ça? me dit-il. — Mais, monsieur, ce sont les valeurs que vous m'avez demandées.
REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 395.
• 9. Il me mit dans les mains le code militaire commenté, (...) je me laissai aller à examiner curieusement, dans le détail, les rouages de la redoutable machine. Au bout d'une demi-heure, je me détournai: — Mais dites donc, c'est effrayant! — Quoi? — Mais le rôle que vous m'offrez!...
VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 94.
— En partic. [Le locuteur est le narrateur] — Vous avez changé, dit-il gentiment. Autrefois vous étiez satisfaite de votre sort d'une manière presque insolente. — Pourquoi est-ce que je serais la seule à ne pas avoir changé?» dis-je. Mais lui non plus il ne lâchait pas prise :«Il m'a semblé...» (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 192).
B. —[L'énoncé introd. par mais est mis en relation avec la situation extra-linguistique et non avec un énoncé qui le précède]
1. [Sert à contester l'attitude de l'interlocuteur]
a) [Le locuteur demande à l'interlocuteur de justifier son attitude] J'ai dit à maman que je venais chez vous... Elle m'a chargée de vous exprimer tous ses bons souvenirs!... Alors, n'est-ce pas...? Mais qu'est-ce que vous regardez comme ça?... (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, III, 14, p. 66). Comme il continuait de s'habiller, Mme de Séryeuse demanda timidement: — Mais tu comptes dîner chez les Orgel? (RADIGUET, Bal, 1923, p. 176).
b) [Le locuteur exige de l'interlocuteur qu'il modifie son attitude] Comment! Vous êtes là! cria Madame Boche en l'apercevant. Mais aidez-nous donc à les séparer!... Vous pouvez bien les séparer, vous! (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 399). Pauline voudrait rester penchée sur eux. Elle est comme toutes les mères. Je lui dis parfois: «Mais tu les embêtes, tes fils. Laisse-les donc tranquilles...» (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1114):
• 10. Vous savez bien que je le ferai, avec ou sans conditions. — J'aime mieux une condition. — C'est promis. — Vous ne savez pas quoi. — Cela m'est égal, c'est promis. Tout ce que vous voudrez. — Mais écoutez d'abord, entêté! — Dites.
ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1508.
c) [Le locuteur manifeste son refus de l'attitude de l'interlocuteur] Puisque ça te plaît, va la rejoindre! — «C'est ce que j'attendais! Merci! «Rosanette demeura immobile, stupéfiée par ces façons extraordinaires. Elle laissa même la porte se refermer; puis, d'un bond, elle le rattrapa dans l'antichambre, et, l'entourant de ses bras: — «Mais tu es fou! Tu es fou! C'est absurde! Je t'aime!» (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 267). — Vous vous plaisez, à Constantinople? (...) Le Bosphore est un peu monotone; mais nous autres Anglais, aimons la campagne, vous savez. Nous demeurons toute l'année à Canlidja, dans notre cottage. Oh, mais elle m'agace. «Nous autres Anglais... notre cottage...» (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 110).
— En partic. (Ah) Non, mais... Seulement, tu t'es dit: «Voilà un homme sérieux! un savant! abusons de son ignorance!» Mongicourt: Ah! Non, mais, tu en as de bonnes! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 2, p. 6).
d) En partic. [Le locuteur refuse la situation impliquée par la continuation du discours précédent et introd. une rupture dans ce discours (changement de thème, de point de vue, etc.)] Après être revenu encore à une foule de petits détails d'exécution tous admirables (...), il s'est interrompu assez brusquement, disant: «Mais sortons, allons faire un tour» (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 394). Tous les après-midi je lis du Virgile, et je me pâme devant le style et la précision des mots. Telle est mon existence, — mais parlons de la tienne, qui va changer (FLAUB., Corresp., 1861, p. 419):
• 11. — Oh! dit la jeune femme (...), vous savez bien, monseigneur, que les baisers de théâtre n'engagent pas une seule fibre de la chair. Mais dites-moi, sérieusement: qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de jouer lady Percy?
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 38.
2. [Introd. ce qui n'est pas prévisible dans la situation où l'on est; indique que la situation ne permet pas de comprendre ce qui a lieu et à quoi l'énoncé introd. par mais réfère] La duchesse et Roger entrent. Madame de Céran, à part, en les voyant: Hein? Avec la duchesse. Mais que se passe-t-il donc? (PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, II, 1, p. 84). On ne comprit pas tout de suite, on confondait les casaques. Des exclamations partaient. — Mais c'est Nana!... Allons donc, Nana! (ZOLA, Nana, 1880, p. 1402).
— En partic. [L'énoncé du locuteur s'oppose à une conclusion dont il pense que, dans la situation où l'on est, elle pourrait lui être prêtée] Je me suis entendu avec le colleur (...) afin que si quelques-uns de mes voyageurs désirent assister à l'exécution, ils soient prévenus. — Ah! mais c'est une attention tout à fait délicate, s'écria Franz (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 487):
• 12. — Tenez, mon cher monsieur, dit Nanon en apportant les oeufs, nous vous donnerons les poulets à la coque. — Oh! Des oeufs frais, dit Charles, qui, semblable aux gens habitués au luxe, ne pensait déjà plus à son perdreau. Mais c'est délicieux...
BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 101.
III. —Emploi subst. Objection. Il n'y a pas de mais qui tienne. La commission a trouvé des mais et des si au sujet de l'envoi de M. Durand à Cazeaux, et il n'y a pas encore de décision prise (MÉRIMÉE, Lettres Fr. Michel, 1849, p. 9). — Jamais de la vie. On vous laissera pas partir. Ça se peut pas. — Mais... — Y a pas d'mais, que je réponds pendant qu'elle boucle la lourde (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 117).
Prononc. et Orth.: [] ou [me]. Homon. mai, maie, mets, maye et formes du verbe mettre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adv. A. Temporel 1. 2e moitié Xe s. ja non... mais «jamais plus ... ne»; ca 1130 ja mais «à partir de maintenant et dans l'avenir», v. jamais; 2. a) fin Xe s. magis [+ imparfait du subj.]«à un moment, un jour (dans le passé)» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 88); ca 1100 mais [+ fut.] «à l'avenir, désormais» (Roland, éd. J. Bédier, 543); b) ca 1050 mais ... ne, ne ... mais «ne plus jamais, ne plus» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 36: Quant veit li pedre que mais n'avrat amfant; 187: ,,Certes`` dist il, ,,n'i ai mais ad ester``); 3. ca 1100 unkes mais ne [+ parfait] «jamais, jamais encore (durée indéfinie dans le passé)» (Roland, 2223); 4. 1130-40 desormais (WACE, Conception N.-D., éd. W.R. Ashford, 1302, v. aussi désormais); 5. ca 1165 hui mais, mais hui «à partir de maintenant, désormais» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 2108 [+ fut.], 2275 [+ ind. prés.] ds T.-L.); id. ne ... hui mais [+ fut.] «ne ... plus» (id. 7943, ibid.); 6. id. toz jorz ... mais [+ fut.] «toujours (durée indéfinie)» (id., 2269, ibid.). B. Quantitatif fin Xe s. mais «davantage» (Passion, 498); ca 1160 ne poöir mais «ne rien y pouvoir» (Eneas, 4390 ds T.-L., s.v. poöir); ca 1165 n'en poöir mais (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 13164, ibid.). II. Conj. A. Adversative 1. marque une opposition a) 2e moitié Xe s. introduit une idée contraire à celle déjà exprimée (St Léger, éd. J.Linskill, 58 apr. une phrase négative; 113 apr. une phrase positive); b) ca 1200 marque une préférence (JEAN BODEL, St Nicolas, éd. A. Henry, 801: Pinchedé, hocherons as crois? — Mais a le mine, entre nous trois); c) ca 1160 marque une précision, une rectification, un renchérissement apr. une interr. dir. (Eneas, 1754 ds T.-L.); ca 1200 (JEAN BODEL, op. cit., 294: Soit pour un parti: a pais faire — Pour un? Mais pour canques tu dois); 2. marque une transition ca 1050 dans un récit «et voici que ...» (St Alexis, 213); ca 1100 (Roland, 1154); 3. dans un entretien assez vif, renforce une affirmation, une interr., un doute précédemment exprimés a) ca 1135 précède le verbe d'une prop. impér. (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 2120: De quei le dotez vos? Mais chevalchiez et poignez tresqu'al pont); b) 1176-84 [ms. fin XIIIe s.] introduit une intervention répondant à une mise en doute, un étonnement (GAUTIER D'ARRAS, Ille et Galeron, éd. A. G. Cowper, 3797, var. ms. P: Oïstes me vos ainc requerre se vostre pere ot rice tere U s'il ert besogneus d'avoir? — Mais voel je vostre pere avoir U vos amer por vostre pere?); c) 1178 introduit la réponse à une interr. précise (Renart, éd. M. Roques, 13257: ,,Avroie ge poisons assez Tant que seroie respassez De cest mal qui m'a confondu?`` Et Renart li [Ysengrin] a respondu ,,Mais tant con vos porrez mangier``). B. Restrictive 1. mais que «à l'exception de» fin Xe s. apr. une phrase positive (Passion, 99); ca 1050 apr. une phrase négative (St Alexis, 37); 2. ne mais que «id.» ca 1100 apr. une phrase négative (Roland, 1934); apr. une phrase positive (ibid., 217). C. Hypothétique, exprimant la supposition , la condition ca 1100 mais que + subj. «pourvu que, à condition que» (ibid., 234). D. Concessive ca 1165 mais bien + subj. «bien que, même si» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 8621 ds T.-L.); ca 1170 mes que bien + subj. (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 4684). De l'adv. lat. magis «plus, davantage» employé notamment pour exprimer le compar. (en remplacement des formes synthétiques pour les adj. en -eus, -ius, -uus; dès l'époque pré-class. pour marquer une oppos., une mise en relief de l'adj. [cf. disertus magis quam sapiens, CIC., Att., 10, 1, 4], le tour périphrastique devenant de plus en plus fréquent à basse époque sans valeur expressive particulière), d'où mais adv. quantitatif (I A), et, appliqué à une quantité de temps, adv. temporel, le plus souvent combiné à d'autres adv. de temps (I B). Du sens secondaire «plutôt», notamment dans les tours non ... sed magis, ac magis, magis autem (TLL, s.v., 68, 1 sqq.), est issu l'emploi adversatif [cf., d'abord dans la langue poétique CATULLE, 68, 30: id. ... non est turpe magis miserum est; en prose dep. SALLUSTE, Jug., 96, 2: ab nullo repetere [sc. beneficia] magis id laborare ut...] (II A), ses représentants rom. (FEW t. 6, 1, p. 31b) montrant que magis avait dès l'époque prérom. assumé les emplois de sed (oppos. forte) et de autem (oppos. faible); pour sa part, à partir du m.fr., mais empiétera de plus en plus sur ainz (employé surtout dans les antithèses dont le premier terme est négatif, pour énoncer le second sous une forme positive, Ph. MÉNARD, Synt. de l'a.fr., § 309, 3° rem.; G. MOIGNET, Gramm. de l'a. fr., p. 335) qu'il finit par supplanter. L'emploi restrictif (II B) semble issu du tour compar. «pas plus ... que» [non magis ... quam], d'où «seulement; rien, si ce n'est que» [ne ... mais que; mais que], v. Lat. Gramm. t. 2, Syntax und Stilistik, p. 497, § 268 Zusatz 2. De l'emploi restrictif seraient issus l'emploi hypothétique (II C): «seulement, excepté, mis à part» d'où «sous la réserve que, à condition que, pourvu que» — et l'emploi concessif: «mis à part le fait que», d'où «sans tenir compte du fait que, bien que», v. Ph. MÉNARD, op. cit., §§ 263 C, 270 c, 273; v. aussi FEW, loc. cit., p. 32a et b. Fréq. abs. littér.: 317849. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 409807, b) 408310; XXe s.: a) 443101, b) 516854. Bbg. ANDERSSON (S.). L'Oppos. mais/ainz (ainçois). St. neophilol. 1965, t. 37, pp. 40-44. — ANSCOMBRE (J.-C.), DUCROT (O.). Deux mais en fr.? Lingua. 1977, t. 43, pp. 23-40. — AUCHLIN (A.). Mais heu, pis bon, etc. Cah. Ling. Fr. Genève. 1981, n° 2, pp. 141-160. — BLUMENTHAL (P.). La Synt. du message. Tübingen, 1980, pp. 113-120; p. 132, 153. — CADIOT (A.), CHEVALIER (J.-C.), [et al.]. Oui mais, non mais ... Lang. fr. 1979, n° 42, pp. 94-101. — COSTE (D.). Sur qq. emplois de la conj. mais. Ét. Ling. appl. 1971, n° 2, pp. 15-27. — DUCROT (O.). Analyses pragmatiques. Communications. 1980, n° 32, pp. 11-60; Les Échelles argumentatives. 1980, pp. 72-76; Les Mots du discours. Paris, 1980, pp. 93-130; Pragmatique ling. In: Le Lang. en contexte. Amsterdam, 1980, pp. 489-575. — DUCROT (O.), VOGT (C.). De magis à mais. R. Ling. rom. 1979, n° 171-172, pp. 317-341. — IBRAHIM (A. H.). Coordonner pour argumenter. Semantikos. 1978, t. 2, pp.21-42. — KAIL (M.). Ét. génétique des présupposés de certains morphèmes gramm.: un ex.: mais. In: Colloque interdisciplinaire. 1978. Paris, 1980, pp. 53-62. —Mais occupe-toi d'Amélie. Par S. Bruxelles, O. Ducrot, E.Fouquier, J. Gouazé,... In: Les Mots du discours. Paris, 1980, pp. 93-130. — MOREL (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concession en fr. contemp. Thèse, Paris III, 1980, 2 vol., passim. — PLANTIN (Ch.). Deux mais. Semantikos. 1978, t.2, n°2/3, pp.89-93.
II.
⇒MAIS2, adv.
Vx. Plus. Le châtelain: «Faut-il que telle putain Ce soit ma châtelaine! — Châtelaine ne suis mais,» Fit-elle (...) La dame est Bohémienne (RICHEPIN, Bombarde, 1899, p. 60).
— Loc. N'en pouvoir mais. Ne rien pouvoir à quelque chose. Je n'en puis mais (Ac. 1798-1878). Je vise à mon niveau, que cela porte ou non; je n'en peux mais (CHATEAUBR., Corresp., t. 2, 1821, p. 150). C'était injuste, en somme, de faire payer à ce malheureux garçon qui n'en pouvait mais, les ennuis causés par un autre que lui (GYP, Passionn., 1891, pp. 238-239).
Prononc. et Orth. V. mais1. Étymol. et Hist. V. mais1. Bbg. V. mais1.
mais [mɛ] adv. et conj.
ÉTYM. Xe; du lat. magis « plus ».
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I Adv.
1 Vx. Plus. Soit dans le sens positif de plus (→ Désormais), soit dans son sens négatif (→ Jamais).
1 Amants je ne suivrai jamais;
Si jadis je fus de leur rang,
Je déclare que n'en suis mais.
Villon, le Grand Testament, LXX (Vers 718, 720).
2 On le dit encore en Lyonnais et autrefois à Paris. Vous dites qu'il n'y a là que quatre aunes de ruban, il y en a mais, pour dire, il y en a davantage.
Furetière, Dict., art. Mais.
♦ Vieilli ou littér. ☑ Loc. N'en pouvoir mais (proprt « n'en pouvoir pas plus ») : n'y pouvoir rien. || Le malheureux lion bat (cit. 32) l'air qui n'en peut mais.
REM. 1. L'expression ne signifie pas « n'en pouvoir plus », sens dans lequel pourtant Musset semble la prendre dans le poème À Julie (→ Imprimeur, cit. 1).
2. Gide (Nouveaux prétextes, p. 15) écrit aussi n'y pouvoir mais.
3 (…) que voulez-vous ? la faute en est aux dieux, et non à moi, pauvre diable qui n'en peux mais.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, XI.
4 (…) on n'en peut mais; chacun est forcé de s'asseoir du côté du rouge ou du blanc.
Gide, Nouveaux prétextes, p. 50.
♦ Vx. (Forme interrogative). || Puis-je mais si…, de… ? Suis-je responsable si…, de… ?
5 Et puis-je mais, chétif, si le cœur leur en dit ?
Molière, le Dépit amoureux, V, 3.
6 Et puis-je mais des soins qu'on ne va pas vous rendre ?
Molière, le Misanthrope, III, 4.
2 (XIIe). (Soulignant, renforçant le mot qui vient d'être exprimé). Oui, vraiment. || « Par une extension naturelle de sens, mais sert à insister (en ajoutant quelque chose à ce qui précède) : il m'a trompé, mais trompé de manière indigne = et qui plus est, trompé… » (Le Bidois, Syntaxe du franç. mod., II, 239).
7 (…) je trouve le petit-fils fort joli, mais fort joli (…)
Mme de Sévigné, 795, 3 avril 1680.
8 Hassan était donc nu, — mais nu comme la main, — (…)
A. de Musset, Premières poésies, « Namouna », II.
9 (…) on ne lui donna plus rien à faire, mais ce qui s'appelle rien.
Montherlant, les Célibataires, I, II.
10 (…) il m'est venu une sueur, mais une sueur ! … Je ruisselais de tout le corps.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXI, IX, p. 170.
♦ (1867). Spécialt. Dans une réponse, une conversation où l'on intervient (cit. 4) vivement, comme si l'on voulait écarter une supposition inexacte. || Tu viens avec moi ? — Mais oui [mɛwi], mais bien sûr, mais certainement. || Voyons, tu le connais. — Mais non, pas du tout ! || Ce n'était pas lui. — Mais si !
11 « À quoi penses-tu, maman ? » Élisabeth tressaillit, et, comme prise en faute, se leva : — Mais à rien, mon chéri… À ce que tu me disais.
F. Mauriac, Destins, p. 220.
♦ (1594). || Mais voyons !, réponse par laquelle on approuve (→ Mais, comment donc !, bien sûr !, ben voyons !). — Iron. || Vous voulez que je double votre salaire ? Mais voyons ! c'est tout naturel, après les bêtises que vous venez de faire.
11.1 Mais voyons ! Vous abondez dans le sens du parleur, vous embrassez sa pensée, vous applaudissez d'enthousiasme à sa suggestion.
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 236.
———
II Conj. (Xe; à valeur adversative, plus ou moins marquée).
12 Du fait seul qu'il met en regard l'une de l'autre deux propositions d'un sens tout différent, il (mais) a beau ne signifier proprement que quelque chose comme plus (ou de plus), il donne à penser une autre idée, une idée, selon les cas, de restriction ou de complète opposition (…)
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, §1136.
1 (1594). Marquant une transition, en tête de phrase (→ Et), mais traduit l'intention de prendre un contact plus direct avec l'interlocuteur. (→ Apparence, cit. 39; ligne, cit. 4). || Mais, dites-moi… || Mais, j'y pense… || Mais où avez-vous pris une chose pareille ? || Mais je serais ravi de vous voir. || Mais voyons, c'est tout naturel. || Mais c'est de la folie !
13 — Vicomte, que dis-tu de ces yeux ? — Mais toi-même, Marquis, que t'en semble ?
Molière, les Précieuses ridicules, XI.
14 Narcisse a fait le coup, vous l'avez ordonné.
— Madame, mais qui peut vous tenir ce langage ?
Racine, Britannicus, V, 6.
15 Tout à coup le vieux se dresse sur son fauteuil : — Mais j'y pense, Mamette…, il n'a peut-être pas déjeuné !
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Les vieux ».
♦ (1735). Renforcé par enfin [mɛzɑ̃fɛ̃], marque une certaine impatience. || Mais enfin qu'est-ce que tout cela signifie ! (→ Appesantir, cit. 4). Fam. || M'enfin.
16 Mais enfin, comment la chose s'est-elle passée ? demandai-je au patron (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « L'agonie de la Sémillante ».
♦ ☑ Mais, renforcé par encore [mɛzɑ̃kɔʀ] marque l'insistance, le désir d'en savoir davantage. || « Mais encore quel parti prenez-vous ? » (Littré). || « Rien… peu de chose… — Mais encor ? » (→ Encore, cit. 18, La Fontaine).
17 Mais encor dites-moi quelle bizarrerie (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
♦ (Dans un récit, un exposé). || Mais, marquant qu'on revient à son sujet, ou qu'on en aborde un nouveau. || Mais assez là-dessus. || Mais n'anticipons (cit. 6) pas. || Mais quoi ! laissons cela (→ Brodequin, cit. 2).
18 Mais venons au sujet qui m'amène en ces lieux.
Molière, les Femmes savantes, II, 2.
2 (Xe). Introduit une idée contraire à celle qui a été exprimée. || Demain, oui, mais aujourd'hui, non. || « Les privilèges finiront (cit. 14), mais le peuple est éternel » (Mirabeau). || Si tu acceptes, tant mieux; mais si tu refuses, tant pis (→ aussi Après, cit. 69; inclination, cit. 6).
19 (…) Emma éprouvait une satisfaction de vengeance. N'avait-elle pas assez souffert ! Mais elle triomphait maintenant (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, IX.
♦ (Après une négation). || Ce n'est pas ma faute, mais la tienne ! || Non la crainte de la guerre, mais l'amour de la paix (→ Abstention, cit. 1). || Je n'en veux pas un, mais deux. || Mais au contraire (→ Attendre, cit. 73). || Mais bien… ⇒ Contre (par). — REM. Mais peut être répété (→ ci-dessous, cit. 20, Racine) pour donner plus de force à l'opposition.
20 Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers,
Volage adorateur de mille objets divers (…)
Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche (…)
Racine, Phèdre, II, 5.
3 Introduit une restriction, une correction, une addition, une précision indispensable. ⇒ Compensation, revanche (en). — REM. Dans ce cas, l'affirmation qui précède mais apparaît comme une chose que l'on concède, que l'on reconnaît et que l'affirmation suivante va dépasser sans l'annuler. || Il est pauvre, mais d'une bonne famille. || « J'embrasse (cit. 2) mon rival, mais c'est pour l'étouffer » (Racine). || « Il y a de bons (cit. 24) mariages, mais il n'y en a point de délicieux ». || Il travaille, bien sûr, mais il a peu de moyens (→ aussi Apprendre, cit. 32; cadence, cit. 8; cultiver, cit. 3). || Un vilain jour, il est vrai,… mais enfin c'était le jour (cit. 7). || Un soleil pas bien chaud, c'est vrai, mais tout de même… (→ Blême, cit. 6). || Mais en réalité… (→ Aptitude, cit. 11). || Mais aussi… (→ Cabotinage, cit. 2). || Il faut un arbitre (cit. 9), mais un arbitre à poigne. || Doré, mais d'un vieil or… (→ Cage, cit. 4). — Nous pouvions nous taire, mais non les oublier (→ Irréparable, cit. 2). || « Ton bras est invaincu, mais non pas invincible (cit. 1) » (Corneille). — Ellipt. || On pensait que cela s'arrangerait, mais non.
21 Il y avait bien là quelque galimatias, mais enfin c'était quelque chose.
A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1re lettre.
22 J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et Idéal », LVI, II.
23 Les hommes qui font constamment abus du mot « mais » trahissent ainsi, le plus souvent, une certaine inaptitude à l'affirmation franche et paisible, un besoin de restriction et de compensation, un manque de confiance et de générosité.
G. Duhamel, Discours aux nuages, p. 16.
♦ (Après une négation). || « Mon verre n'est pas grand, mais je bois (cit. 9) dans mon verre » (Musset). || Il n'avait aucun don oratoire, mais beaucoup d'à-propos (cit. 4).
♦ (En corrélation avec non seulement). || Non seulement…, mais… (→ Impraticable, cit. 1), mais encore… (→ Assez, cit. 2; cœur, cit. 162), mais aussi…, mais même…, mais en outre…
24 Elle trouva dans sa famille, non pas seulement résistance, mais tentation.
Michelet, Hist. de France, X, III.
4 (1080). Introduit une objection (notamment sous forme interrogative). || Mais, dans ces conditions, pourquoi pensez-vous…, comment se fait-il que… (→ Libéral, cit. 5). || Mais la chose a pu avoir lieu (cit. 27) beaucoup plus tôt. || Mais pourtant vous connaissez ce texte ?
25 — Cette nuit je vous sers, cette nuit je l'attaque.
— Mais cependant ce jour il épouse Andromaque.
Racine, Andromaque, IV, 3.
26 — Mais, dit Zadig, s'il n'y avait que du bien, et point de mal ?
Voltaire, Zadig, XX.
27 — Mais tu l'aimes encore : je l'ai vu tout à l'heure dans tes yeux.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Vengeance d'une femme », p. 389.
♦ (Suivi de points de suspension, l'objection restant informulée). || Je ne dis pas, mais… || Oui, mais… — Mais quoi ?
5 N. m. (Déb. XVe). || Que signifie ce mais ? || Apprenez qu'un mais est une offense (→ Impertinence, cit. 6). ☑ Il n'y a pas de mais qui tienne ! : vos objections ne comptent pas, me laissent indifférent. ☑ Il y a un mais : des objections, des difficultés se présentent. || « Il y a toujours avec lui des si et des mais » (Académie). || Le chapitre des mais dans Zadig.
28 Mais… — Achevez, Seigneur; ce mais, que veut-il dire ?
Corneille, Nicomède, III, 8.
29 Tout cela est vrai; mais… Ma vie est libre et occupée; mais… mais… opéra, comédies, carrousels (…) lectures; mais… mais… Je suis en train de dire des mais (…)
Voltaire, Correspondance, 990, 6 nov. 1750.
30 Mais…. mais… — voilà une particule qui n'annonce rien de bon, et ce diable de petit mot restrictif est malheureusement celui de toutes les langues humaines qui est le plus employé (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, III.
31 Oh ! le prince n'est pas prisonnier, mais… — J'admire
Ce mais ! Sentez-vous tout ce que ce mais veut dire ?
Mon Dieu, je ne suis pas prisonnier, mais… Voilà…
… Un prisonnier !… Je suis un pas-prisonnier-mais.
Edmond Rostand, l'Aiglon, II, 2.
———
III (Avec une valeur exclamative, dans certaines interjections). — (Surprise). || Eh mais ! c'est ma foi vrai ! || Ah ! ça, mais, je ne me trompe pas, c'est bien lui. — (Défi, menace). || Je vais lui fermer le bec, ah mais ! — ☑ Fam. Non mais !, marquant l'indignation. || Non mais ! pour qui tu te prends ! — Pop. || Non mais, des fois ! non mais sans blague !
32 — J'la fermerai si j'veux, saleté ! — Un trois kilos te la fermerait vite ! — Non, mais chez qui ? — Viens-y voir, mais viens-y donc !
H. Barbusse, le Feu, t. I, II.
33 Non mais, t'as tout d'la vache !
René Benjamin, Gaspard, p. 77.
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HOM. Mai, maie, maye, mets. — Formes du v. mettre.
Encyclopédie Universelle. 2012.