ASSOCIATION
Le terme «association» comporte deux acceptions d’ampleur différente. En un sens générique, il sert à désigner tout groupement volontaire et permanent formé entre plusieurs personnes, quels qu’en soient la forme, l’objet ou le but. En un sens spécifique, proprement juridique, il désigne «la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité, dans un but autre que de partager des bénéfices». Cette définition, empruntée à la loi française du 1er juillet 1901, charte fondamentale du droit de l’association en ce pays, diffère de la précédente en ce qu’elle exclut les groupements constitués en vue d’un enrichissement du patrimoine des associés, groupements désignés en droit français par le terme de «sociétés». L’association entendue au sens générique – «corporation» – comprend donc à la fois des sociétés et des associations stricto sensu .
La notion de corporation coïncide avec un phénomène sociologique universel: la propension des hommes à se grouper pour toutes sortes de motifs, la défense de leurs droits, la propagation de leurs idées, la réalisation commune d’un dessein collectif, la recherche d’un gain, etc. Aussi se retrouve-t-elle dans les divers droits nationaux, aussi bien anglo-saxons qu’héritiers du droit romain (allemand, italien, belge, etc.). Elle est cependant trop large pour pouvoir s’exprimer en un statut juridique unique. Chaque législation nationale est donc amenée à répartir l’ensemble des corporations en quelques grandes catégories. Or cette ventilation ne s’effectue pas partout selon des clivages identiques. Si les droits français, belge, italien, espagnol retiennent comme critère principal la distribution ou l’interdiction de la distribution des bénéfices entre les membres du groupement pour distinguer les sociétés des associations, le droit allemand, en revanche, ne prend qu’accessoirement en considération cet élément finaliste. Le législateur de ce pays se borne à établir quelques statuts juridiques polyvalents – essentiellement la Gesellschaft et le Verein – et abandonne aux créateurs de la corporation le choix de celui qui convient le mieux à la réalisation de leurs objectifs. La Grande-Bretagne n’impose pas davantage de statut uniforme à l’ensemble des associations: certaines relèvent de réglementations particulières, d’autres empruntent aux sociétés leur statut – notamment celui des companies – , d’autres encore ont recours à l’institution typiquement britannique du trustee. Les divers droits nationaux ne consacrent donc pas tous au même degré la spécificité de la corporation à but non lucratif, ni l’autonomie de son statut par rapport à celui de la société.
1. Régime de l’association
Le fait de ne pas être juridiquement qualifiée comme telle n’empêche pas l’association d’exister ou, tout au moins, dans l’hypothèse où elle se heurterait à une prohibition légale, de correspondre à une notion précise, qui soulève des problèmes spécifiques. Le premier d’entre eux est celui de la liberté de s’associer, consacrée aussi bien par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 que par la déclaration européenne de 1950, mais qui n’est pas pour autant reconnue dans tous les pays. Le principe selon lequel tout homme a le droit de se grouper avec ses semblables dans un but désintéressé est en effet le produit d’une société gouvernée selon un ordre politique libéral, conception qui est loin d’être uniformément partagée. Dans le passé, la France a hérité, tout à la fois de l’idéologie individualiste victorieuse à la suite de la Révolution française de 1789 et de l’autoritarisme napoléonien, une législation rigoureuse qui subordonnait la licéité de toute association de plus de vingt personnes à l’obtention d’une autorisation administrative; cette prohibition de principe a survécu pendant tout le XIXe siècle, à travers des phases alternées de rigueur et de tolérance, jusqu’à son abrogation en 1901. L’Italie fasciste tenait pour illégale toute association non déclarée; fondateurs et membres encouraient des poursuites pénales. Hier encore, aucune association ne pouvait être formée en Union soviétique sans autorisation des pouvoirs publics. La Pologne, en revanche, avait conservé dans ses grandes lignes la législation libérale de 1932. Si la liberté d’association est aujourd’hui généralement reconnue dans l’ensemble des démocraties de type occidental, elle se heurte ailleurs à de nombreux obstacles, soit dans des États autoritaires, soit dans certains pays parvenus à l’indépendance politique, où le pluralisme social est contesté comme facteur de désintégration nationale.
L’association, une fois créée conformément à la législation nationale dont elle relève, constitue un système social autonome, dont la cohésion est assurée par l’existence de normes qui gouvernent les relations internes au groupement. Ces normes sont énoncées dans des statuts adoptés par les fondateurs du groupement; elles se rapportent notamment à la structure des organes dirigeants de l’association, à leur mode de désignation, aux pouvoirs incombant à chacun d’entre eux, à la procédure et aux sanctions disciplinaires applicables aux membres qui commettraient des infractions à la loi du groupe, etc. La latitude d’action abandonnée par le législateur aux rédacteurs des statuts est cependant limitée par les dispositions d’ordre public qu’il édicte en ces matières. En France, la charte de 1901 se borne à réserver à tout membre d’une association créée pour une durée indéterminée le droit intangible de se retirer lorsqu’il le désire; c’est là une mesure protectrice de la liberté de l’individu, qui doit pouvoir à tout moment se soustraire aux obligations imposées par un groupement dont il n’approuverait plus l’orientation. En outre, la charte subordonne l’octroi de la reconnaissance d’utilité publique à l’adoption de statuts types édictés par le Conseil d’État, et dont certaines clauses s’inspirent d’un modèle de gouvernement démocratique.
Certaines législations se sont montrées plus exigeantes; ainsi en est-il des législations belge, italienne, polonaise. En Pologne, une association n’était valablement constituée que si elle réunissait au moins quinze personnes; elle était frappée de dissolution automatique si ce nombre tombait au-dessous de dix. L’autorité suprême dans l’association appartenait à l’assemblée générale, que la direction de l’association était tenue de convoquer à la demande du nombre de membres déterminé par les statuts ou, à défaut, à la demande d’un dixième de ceux qui ont droit de vote. En cas d’inaction de la part de la direction de l’association, l’autorité administrative pouvait se substituer à elle et désigner le président de l’assemblée. En cas de dissolution de l’association, la dévolution des biens de celle-ci faisait l’objet d’une approbation administrative. De son côté, le Code civil italien impose toujours diverses règles aux associations reconnues par décret; leur assemblée générale doit être réunie au moins une fois par an, et lorsqu’un dixième de ses membres en fait la demande motivée; le président du tribunal se substitue à l’inaction du conseil d’administration. Les décisions ne peuvent y être prises, lors d’une première réunion, qu’à certaines conditions de quorum et de majorité; la modification des statuts n’est valable, sauf disposition contraire des statuts, qu’en la présence des trois quarts des associés et si la majorité des présents lui donne son approbation. Le Code civil italien ajoute que les décisions de l’association qui seraient contraires à la loi ou aux statuts peuvent être portées devant le juge qui en prononce, s’il y a lieu, l’annulation ou la suspension. C’est là une faculté qui existe dans l’ensemble des droits nationaux, même lorsque aucune disposition ne l’exprime explicitement.
Cette intervention du juge marque à la fois l’étendue et les limites de l’autonomie de l’association: son étendue, car le juge est lié par les dispositions contenues dans les statuts, tout au moins en ce qu’elles ne sont pas contraires à l’ordre public étatique – le législateur se borne habituellement à un petit nombre de règles – elle marque aussi ses limites car l’association, une fois qu’elle s’est donné des statuts, se doit de les respecter; le recours au juge permet aux membres de l’association qui sont victimes d’irrégularités commises par les dirigeants de voir reconnaître leur droit. L’association est autonome, mais elle n’est pas souveraine. Le système social qu’elle incarne n’est pas isolé, il est en rapport avec l’État, comme avec d’autres personnes ou groupes sociaux.
2. Capacité de l’association
La nature de ces relations externes varie considérablement selon le statut légal de l’association et, plus précisément, selon qu’elle est ou non dotée de la personnalité morale, c’est-à-dire d’un ensemble de compétences juridiques d’ampleur variable selon les législations et selon les types de groupements, grâce auxquelles l’association apparaît aux yeux des tiers comme partiellement distincte des membres qui la composent, et se trouve titulaire de droits et d’obligations propres dans des domaines, tels que la propriété de son patrimoine, la capacité de contracter, celle d’ester en justice, ou la responsabilité qu’elle pourrait encourir à l’égard des tiers. Faute d’une telle personnalité, elle n’a aucun accès direct à la vie juridique, mais doit passer par l’intermédiaire de la totalité de ses membres qui, par exemple, posséderont les biens de l’association en indivision, devront figurer sur tous les actes juridiques accomplis au nom de l’association, etc. La personnalité juridique n’a d’autre objet que de faciliter le fonctionnement des groupements; ainsi l’association qui en est privée souffre-t-elle d’un sérieux handicap.
Or l’octroi de cette qualité ne va pas nécessairement de pair avec la reconnaissance de la liberté de s’associer. Tandis que la Belgique rompait, dès la conquête de son indépendance en 1830, avec le système de l’autorisation alors en vigueur en France et proclamait dans sa Constitution le principe de la liberté d’association, ce n’est qu’en 1921 qu’elle fixe le statut juridique de cette catégorie de groupements et qu’elle lui concède, moyennant une simple déclaration, la personnalité juridique. En France, durant tout le XIXe siècle, une association, même autorisée, devait obtenir des pouvoirs publics une reconnaissance d’utilité publique, c’està-dire une nouvelle autorisation, pour avoir le bénéfice de cette même personnalité. En Grande-Bretagne, l’octroi de celle-ci fut longtemps subordonné à la délivrance d’une charte royale ou d’un acte du Parlement. De nos jours, ces dispositions restrictives ont également disparu et la personnalité juridique est accessible à toutes les associations qui le désirent: il leur suffit de procéder à quelques formalités destinées à informer l’administration et les tiers de la création d’une nouvelle entité juridique; les pouvoirs publics ne peuvent y faire obstacle, de sorte que les associations qui s’y refusent ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes.
Sur ce canevas général, chaque législation nationale tisse sa propre trame et donne une physionomie particulière aux associations qu’elle régit. Mais tout n’est pas terminé lorsque la loi est intervenue. L’usage qui en est fait peut modifier substantiellement l’image qui ressort de la seule lecture des textes. De ce point de vue, l’exemple français est extrêmement révélateur.
3. Évolution de l’association
À la fin du XIXe siècle, le sort des associations se caractérise par trois traits essentiels, par rapport auxquels le législateur de 1901 devra prendre position. En premier lieu, la liberté d’association n’est pas reconnue par les textes, puisqu’il est nécessaire d’obtenir une autorisation administrative pour fonder légalement une association de plus de vingt personnes. En pratique, elle est entrée dans les mœurs, car le régime républicain restauré en 1871-1875 se veut libéral. En deuxième lieu, l’association n’est dotée de la personnalité juridique que si elle a obtenu des pouvoirs publics la reconnaissance d’utilité publique, accordée discrétionnairement par le gouvernement, qui ne la dispense qu’avec parcimonie. Enfin, à côté de ce régime général existent un certain nombre de statuts spéciaux propres à certaines catégories d’associations déterminées en fonction de leur objet: syndicats, associations internationales, clubs politiques, associations d’enseignement supérieur, cercles, etc. À ces trois points de vue, la loi du 1er juillet 1901 innove: elle rompt avec la réglementation antérieure et consacre juridiquement l’état de tolérance, qui prévalait durant les dernières décennies du siècle précédent, en instaurant une totale liberté de s’associer. Entre la pleine capacité juridique appartenant aux associations reconnues d’utilité publique et l’absence de personnalité qui demeure le lot des associations non déclarées, elle introduit un niveau intermédiaire, librement accessible à toutes celles qui le désirent par une simple formalité de déclaration, et ne se distinguant de la pleine capacité que par l’interdiction qui leur est faite de recevoir des dons et des legs. Enfin, elle supprime la quasi-totalité des statuts particuliers, ne laissant survivre que celui des syndicats, et en établissant un nouveau, particulièrement rigoureux, pour les seules congrégations religieuses.
Au lendemain de la promulgation de la loi de 1901 le régime des associations en France se présente donc sous la forme d’une architecture compacte, uniforme pour toutes sortes de groupements, quels qu’en soient le but et l’objet, pourvu qu’ils ne recherchent par un partage des bénéfices. Les seuls clivages retenus par le législateur ont trait à la capacité des associations, variable selon qu’elles sont non déclarées, déclarées ou reconnues. Or l’évolution survenue depuis lors modifie profondément cette physionomie première. Les clivages horizontaux s’estompent par rapport à l’importance croissante des clivages verticaux, fondés sur l’objet propre de chaque catégorie de groupements. Le texte de 1901 demeure inchangé; les associations continuent de s’y référer, mais ce n’est plus lui qui exprime le régime juridique effectif d’un nombre croissant d’associations. Progressivement, le législateur et le gouvernement ont édicté des statuts spéciaux à une association déterminée ou à une catégorie d’associations. Ces statuts se superposent à la loi de 1901, soit en la complétant, soit en lui apportant des dérogations manifestes. Dans tous les cas, ce sont eux qui décident du cadre juridique dans lequel s’insèrent les groupements concernés.
Cette évolution s’exprime parfois par des événements accidentels: la séparation des Églises et de l’État a pour conséquence l’édiction du statut des associations cultuelles. Dans l’ensemble, elle traduit un phénomène fondamental qui touche à la nature même de l’État moderne: ce dernier assume la responsabilité finale d’activités innombrables qui étaient autrefois l’apanage exclusif des initiatives privées; en même temps, il associe à ses nouvelles fonctions des organismes privés et noue avec eux des relations de collaboration aux modalités variables selon la mission qu’il confère à chacun, mais s’analysant toujours en un équilibre de privilèges et de sujétions. Du premier de ces points de vue, il dote certaines associations d’un monopole, contraint toute une catégorie de personnes à y adhérer ou donne à certaines de leurs décisions un caractère obligatoire, ou bien les charge de gérer un service public, etc. Il leur fournit les moyens financiers ou matériels nécessaires à l’accomplissement de ces missions. En sens inverse, il prend certaines précautions pour que ces pouvoirs s’exercent conformément à l’intérêt général et se trouve ainsi conduit à soumettre ces associations à des statuts types définissant avec précision leur organisation interne et leurs règles de fonctionnement. Parfois même, il intervient directement dans la vie de l’association en se réservant un certain nombre de sièges à l’assemblée générale et au conseil d’administration. Enfin, il exerce à leur égard une surveillance appropriée, grâce à des contrôles d’intensité variable qui réduisent parfois à sa plus simple expression l’autonomie de l’association. La multiplication des statuts spéciaux à certaines catégories d’associations, en même temps qu’elle réduit la portée de la loi de 1901, affecte la nature de ces associations, qui, essentiellement spontanées et privées à l’origine, sont de plus en plus marquées par les principes du droit public.
Également caractéristique est la tendance de l’administration à créer de toutes pièces des associations de 1901 pour échapper à certaines règles du droit public jugées trop rigides pour permettre un accomplissement correct des tâches qui lui incombent. Simple paravent destiné à dissimuler des pratiques irrégulières, l’association dépend totalement des services qui l’ont créée et dont elle ne se détache que de manière fictive. Ce phénomène témoigne de l’inadaptation de nombreuses règles administratives françaises aux nouvelles tâches de l’État. Il révèle également la dénaturation de l’association qui, déjà affectée par l’établissement de relations de collaboration avec les pouvoirs publics, en arrive, avec ces organismes fictifs, à détourner de leur sens tous les caractères essentiels définis par la loi de 1901. À la limite, celle-ci ne constitue plus qu’un cadre juridique polyvalent, dans lequel chacun trouve ce qu’il a apporté, mais qui ne correspond plus que de très loin à l’esprit initial de l’association.
association [ asɔsjasjɔ̃ ] n. f.
• 1751; associacion 1408; de associer
♦ Action d'associer, de s'associer; résultat de cette action. ⇒ assemblage, groupement, réunion, 1. union.
1 ♦ Action d'associer qqn à qqch. ⇒ participation; collaboration, coopération. L'association des travailleurs aux bénéfices de l'entreprise. ⇒ intéressement.
2 ♦ Action de se réunir d'une manière durable; état de ceux qui sont réunis. Association de personnes, vivant en société. ⇒ communauté, compagnie; colonie, groupe, peuple, société. L'association d'une personne et d'une autre, de deux personnes. ⇒ alliance, amitié, liaison, partenariat, relation. « La plupart des amitiés ne sont guère que des associations de complaisance mutuelle » (R. Rolland).
♢ Biol. Groupement de végétaux, d'animaux qui croissent dans des conditions écologiques spécifiques (⇒ commensalisme, parasitisme, symbiose).
♢ (1897) Pathol. Associations microbiennes, vivant en symbiose dans une infection. — Méd. Associations médicamenteuses. ⇒ synergie.
♢ Chim. Union de deux ou plusieurs molécules donnant une molécule plus grosse.
3 ♦ Groupement de personnes qui s'unissent en vue d'un but déterminé. Former une association. « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME , 1791). — Association internationale. ⇒ ligue, 1. union; coalition, communauté, confédération, organisation, société. — Association politique. ⇒ 1. parti; 1. club. — Association économique, commerciale, financière, professionnelle; association d'avocats, de médecins, de notaires. ⇒ cartel, chambre, compagnie, consortium , corporation, fédération, guilde; entente, entreprise, société, syndicat. Association d'entreprises. ⇒ joint venture. Association secrète d'intérêts. ⇒ coterie, mafia. Association de malfaiteurs.
♢ Dr. Mise en commun permanente des activités de plusieurs personnes dans un but non lucratif (loi du 1er juillet 1901) (opposé à société). Association déclarée. Association reconnue d'utilité publique. Créer une association. Le bureau, le président, le trésorier et le secrétaire d'une association. Les statuts d'une association. Association de consommateurs. Association religieuse, culturelle, diocésaine. ⇒ confrérie, congrégation, patronage. Association amicale (⇒ amicale) , mutualiste (⇒ mutuelle) , sportive (⇒ 1. club) . — Football association (fam. et vx l' assoce ).
4 ♦ (Choses) Action de réunir des éléments divers pour former un ensemble. ⇒ assemblage. Association de couleurs, de mots.
♢ (Abstrait) Fait psychologique par lequel les représentations et les concepts sont susceptibles de s'évoquer mutuellement. Association d'idées. ⇒ attraction, enchaînement, évocation, rapprochement, suggestion, synthèse ; analogie, rapport, similitude. « remonter la chaîne des associations d'idées » (Martin du Gard).
♢ Ensemble d'idées, de représentations évoquées ensemble. « Il était coutumier de ces étranges associations d'images » (Loti). La libre association, en psychanalyse. La règle de la libre association.
⊗ CONTR. Autonomie, isolement. Désunion, dissociation, dissolution, division, rupture, scission.
● association nom féminin (latin médiéval associatio) Action d'associer, de s'associer : Travailler en association avec un ami. Groupement, réunion en un tout de choses diverses : Association de couleurs. Groupement de personnes qui s'associent à une fin déterminée : Association sportive. Astronomie Groupe diffus d'étoiles jeunes ou en formation, plongées dans la matière interstellaire dont elles sont issues. Droit Convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices ; personne morale née d'une telle convention. Géologie Groupement spatial de différentes espèces minérales ou de différentes roches liées génétiquement. Psychologie Fait par lequel la présence d'une certaine unité psychologique (un mot, une représentation) suscite chez un sujet la production d'une unité déterminée du même type. (On distingue les associations d'idées et les associations verbales.) ● association (expressions) nom féminin (latin médiéval associatio) Association d'idées, ensemble, suite d'idées entre lesquelles existe un lien, une relation. Association microbienne, association, dans une même infection, de plusieurs espèces microbiennes, qui semblent vivre ainsi comme en symbiose (par exemple l'association fuso-spirillaire dans l'angine de Vincent). Association végétale, ensemble stable, mais non invariable, d'espèces végétales que l'on rencontre généralement associées dans les mêmes sites parce qu'elles ont d'une part des exigences écologiques semblables, d'autre part des relations de tolérance, voire d'entraide, permettant leur cohabitation. Association cultuelle, association créée à la suite de la séparation des Églises et de l'État et chargée de gérer les biens de l'État destinés à l'exercice du culte. Association intermédiaire, association à but non lucratif agréée par l'État, qui a pour objet l'embauche de personnes en difficulté d'insertion, pour les mettre à disposition, à titre onéreux, des personnes physiques ou morales. Association de malfaiteurs, groupe formé dans le but de préparer ou de commettre des crimes contre les personnes ou les propriétés. (La formation d'une association de malfaiteurs constitue en elle-même un crime contre la paix publique.) Association syndicale, association de propriétaires créée en vue de réaliser des travaux d'intérêt commun. Association de service aux personnes, association à but non lucratif agréée par l'État, dont l'objet réside dans la mise à disposition de salariés afin de rendre des services à domicile. Association médicamenteuse, administration simultanée de deux ou de plusieurs médicaments dans le traitement d'une maladie, sous forme séparée ou dans une seule préparation. (Cette association permet d'administrer chaque médicament à dose plus faible.) Méthode (ou règle) de libre association, méthode constitutive de la technique psychanalytique selon laquelle le patient doit exprimer, pendant la cure, tout ce qui lui vient à l'esprit sans aucune discrimination. Association volontaire, groupe existant indépendamment de l'État, organisé pour poursuivre un but ou un intérêt commun, auquel la majorité des membres ont adhéré librement. (Les associations volontaires se distinguent des groupements involontaires : famille, armée, classes sociales, etc.) Association animale, fait, pour deux ou plusieurs espèces animales, de vivre généralement dans le même milieu, ou dans des milieux proches, et d'entretenir des relations (symbiose, parasitisme, commensalisme, prédation, confinement, cohabitation, etc.). ● association (synonymes) nom féminin (latin médiéval associatio) Action d' associer , de s'associer
Synonymes :
- coopération
Contraires :
- division
- rupture
- scission
- séparation
Groupement, réunion en un tout de choses diverses
Synonymes :
- alliage
Groupement de personnes qui s'associent à une fin déterminée
Synonymes :
- amicale
- club
- comité
- ligue
- union
Botanique. Association végétale
Synonymes :
- phytocénose
association
n. f.
rI./r Union de personnes dans un intérêt commun. Une association sportive. Une association à trois. Association à but non lucratif.
rII./r
d1./d Action d'associer des choses; son résultat. Une association de couleurs inattendue. Association d'idées: processus par lequel les idées s'évoquent les unes les autres.
d2./d ASTRO Groupe diffus d'étoiles très jeunes ou en formation au sein de la matière interstellaire.
⇒ASSOCIATION, subst. fém.
Action d'associer, de s'associer; résultat de cette action.
A.— DR. [En parlant de pers.] Action de former un groupement de personnes réunies dans un but déterminé, pour la défense d'un intérêt commun. Acte d'association; p. ext. groupement ainsi constitué. ,,Groupement permanent de personnes mettant en commun leurs connaissances, leur activité et leurs ressources, en vue d'un but qui n'est pas exclusivement ou principalement patrimonial. Dans ce sens l'association s'oppose à la société. Certaines associations (syndicats professionnels, sociétés de secours mutuel, associations syndicales) étant soumises par la loi à un régime spécial, on réserve souvent le nom d'association aux groupements régis par les deux premiers titres de la loi du 1er juillet 1901, qui constituent le droit commun de l'association en France`` (CAP. 1936). Liberté d'association :
• 1. Ni les Grecs, ni les Italiens, ni les Romains même pendant fort longtemps n'ont eu la pensée que plusieurs villes pussent s'unir et vivre à titre égal sous un même gouvernement. Entre deux cités il pouvait bien y avoir alliance, association momentanée en vue d'un profit à faire ou d'un danger à repousser. Mais il n'y avait jamais union complète. Car la religion faisait de chaque ville un corps qui ne pouvait s'agréger à aucun autre.
FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, p. 258.
SYNT. Association professionnelle des banques, des entreprises et établissements financiers (Banque 1963); associations patronales, syndicales (Lar. comm. 1930); associations de pêche et de pisciculture (POLLET 1970).
— Spéc. Association en participation. ,,Société de personnes dont le caractère essentiel est d'être occulte, comme ne se révélant pas aux tiers et n'ayant d'effet qu'entre les associés. Le but lucratif d'une telle association en fait en réalité une véritable société occulte`` (BARR. 1967) :
• 2. L'association en participation ne se révélant pas aux tiers, il en résulte : — que chaque associé contracte avec les tiers en son nom personnel; — que les tiers n'ont aucune action directe contre les co-participants.
Banque 1963.
Rem. ,,Depuis la loi du 24 juillet 1966, l'association en participation a pris le nom de société en participation`` (LEMEUNIER 1969).
♦ Association déclarée. ,,Régie par les deux premiers titres de la loi du 1er juillet 1901`` (CAP. 1936) et ,,dotée de la personnalité civile par une déclaration faite à la préfecture`` (BARR. 1967).
♦ Association cultuelle. ,,Formée pour subvenir soit aux frais, à l'entretien et à l'exercice public d'un culte, soit à l'un de ces objets seulement`` (CAP. 1936).
♦ Association de malfaiteurs. ,,Réunion de plusieurs personnes en vue de préparer ou de commettre des infractions à la loi pénale`` (CAP. 1936).
♦ Association reconnue d'utilité publique. ,,Ayant fait l'objet d'un décret pris en Conseil d'État, la reconnaissant comme établissement d'utilité publique et lui donnant une capacité plus étendue que celle des associations déclarées, notamment le droit de recevoir des libéralités`` (CAP. 1936).
♦ Association religieuse. ,,Groupement à but religieux`` (CAP. 1936).
♦ Association syndicale. ,,Groupement de propriétaires s'unissant soit de leur plein gré, soit sur l'injonction de l'Administration, en vue d'effectuer certains travaux intéressant l'ensemble de leurs propriétés et ayant le caractère de travaux d'utilité générale`` (CAP. 1936).
B.— Au fig. [En parlant d'inanimés] Action de réunir en un tout des éléments divers (couleurs, sons, etc.) qui se complètent et produisent un effet unique :
• 3. Revenu dans ma solitude, rue d'Enfer, je m'étais couché plein de ces mélancoliques pensées qui naissent de l'association de la jeunesse, de la beauté et de la tombe.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 81.
• 4. ... [la vision idéaliste] a prévalu dans les paysages irréels, pures associations d'harmonies, ...
C. MAUCLAIR, Les Maîtres de l'impressionnisme, 1904, p. 129.
C.— Emplois techn.
1. BACTÉRIOL. Association microbienne. ,,Association, dans une même infection, de plusieurs espèces microbiennes, qui semblent vivre ainsi comme en symbiose (...)`` (Lar. encyclop.) :
• 5. L'analyse bactériologique du processus gangréneux nous apprend un fait important. C'est la fréquence des associations bactériennes.
A. VEILLON ds (F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., 1926, p. 369).
2. BIOL. Fibres, neurones d'association :
• 6. En général, l'arc réflexe est compliqué par la présence des neurones d'associations qui s'interposent entre les neurones sensitif et moteur.
CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 110.
3. BOT. Association végétale. ,,Groupement d'espèces de plantes qui poussent habituellement ensemble, soit par suite de similitudes d'exigences quant au sol et au climat général, soit pour certaines d'entre elles par suite d'interdépendances (microsol, microclimat)`` (PLAIS.-CAILL. 1958).
4. CHIM. Association moléculaire. ,,Véritable composé physique de molécules chimiquement identiques, dont la formation spontanée modifie profondément les constantes physiques de la molécule considérée`` (GRAND. 1962).
5. GÉOLOGIE
a) Association minérale. ,,Ensemble des minéraux présents (en des proportions qui varient dans d'assez grandes limites) dans une roche mère, ou dans un sol. Elle en est l'une des caractéristiques. La comparaison des associations minérales d'un sol et de la roche sous-jacente peut renseigner sur les altérations ou les apports éventuels (par le vent, etc.)`` (PLAIS.-CAILL. 1958) :
• 7. Ils [les cristaux de gypse écailleux] ne présentent d'analogie qu'avec l'acide borique, mais leur association et leur gisement les en distinguent aisément.
J. CAHEN, E. BRUET, Carrières, plâtrières, ardoisières, 1926, p. 187.
b) Association minéralogique lourde. ,,Ensemble des minéraux lourds (densité < 2,9) présents dans un sol`` (PLAIS.-CAILL. 1958).
6. LITT. ,,Figure par laquelle on s'applique en apparence à soi-même ce qui en réalité ne s'adresse qu'à d'autres; ou par laquelle on applique à d'autres ce qui ne peut s'adresser au fond qu'à celui qui parle`` (Ac. Compl. 1842).
7. PHARM. Association de médicaments. ,,On distingue les associations naturelles (extrait de plante, eau minérale) et les associations artificielles créées par le médecin. La prise de deux médicaments de même action principale permet la diminution de la dose de chacun d'eux et diminue les effets secondaires et toxiques (morphine + chloroforme). Elle permet l'étalement de l'action de deux produits de résorption différente (pénicilline simple et pénicilline retard)`` (Lar. méd. 1970).
8. PHYS. (électr.) ,,Mode d'association de générateurs, de récepteurs ou de résistances électriques. Action d'associer deux circuits électriques, parcourus par des courants variables, de façon que les modifications apparaissant dans l'un des circuits se répercutent dans l'autre (sous forme de courants induits)`` (Lar. encyclop., s.v. couplage).
9. PSYCHANAL. Méthode ou règle de libre association. ,,Méthode qui consiste à exprimer sans discrimination toutes les pensées qui viennent à l'esprit, soit à partir d'un élément donné (mot, nombre, image d'un rêve, représentation quelconque), soit de façon spontanée`` (LAPL.-PONT. 1967).
10. PSYCHOL. ,,Propriété qu'ont les phénomènes psychiques de s'attirer les uns les autres dans le champ de la conscience sans l'intervention de la volonté ou même malgré sa résistance`` (LAL. 1968).
♦ Association des/d'idées. ,,Aristote avait déjà formulé les trois lois de l'association des idées par contiguïté, ressemblance et contraste, qui ont suscité en psychologie de nombreux travaux et des discussions persistantes au sujet de leur irréductibilité fondamentale, ou de la possibilité de les ramener à une seule (contiguïté ou similarité)`` (PIÉRON 1963) :
• 8. Cette improvisation de la pensée s'exprime en particulier dans l'association des idées, et plus précisément dans l'association par ressemblance et par contraste (l'association par contiguïté, qui ressortit plus manifestement à l'automatisme et à la chose, sera mise en place dans le paragraphe suivant).
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 276.
— Spéc., PSYCH.
a) Association systématique. Phénomène consistant ,,dans la tendance des éléments psychiques à se grouper spontanément, non pas seulement suivant la contiguïté ou la ressemblance, mais en formant des synthèses organiques, ayant un caractère de finalité interne`` (LAL. 1968).
b) Troubles de l'association des idées. ,,Chez le schizophrène elles [les associations] amènent dans le discours des idées sans connexion apparente avec le motif principal de la phrase, donnant une impression de « pensée abrupte », de bizarrerie souvent impénétrable; elles sont également sujettes à de brusques interruptions, réalisant alors le phénomène caractéristique du « blocage »`` (POROT 1960).
11. SP. ,,Ancienne appellation du football`` (Lar. encyclop.).
12. STAT. ,,Degré de dépendance ou d'indépendance qui existe entre deux ou plusieurs variables mesurées quantitativement ou qualitativement. Relation entre variables qui sont opposées à travers une corrélation`` (Lar. encyclop.).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1408, 22 déc., association « fait d'être associé, uni à qqn » (Ord., IX, 403 ds GDF. Compl. : Pour icelle compagnie et associacion entretenir); 1751 psychol. (Encyclop. : Association d'idées, c'est quand deux ou plusieurs idées se suivent et s'accompagnent constamment et immédiatement dans l'esprit, de maniere que l'une fasse naître infailliblement l'autre, soit qu'il y ait entr'elles une relation naturelle, ou non); 1838 littér. (Ac. Compl. 1842).
Dér. de associer; suff. -(a)tion; à rapprocher du lat. médiév. associatio « action de réunir » attesté au XIIIe s. ds Mittellat. W. s.v.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 641. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 282, b) 2 357; XXe s. : a) 1 964, b) 2 586.
BBG. — AQUIST. 1966. — Archéol. chrét. 1924. — BAILLY-ROCHE 1967. — BACH.-DEZ. 1882. — BAL.-MAQ. 1968. — Banque 1963. — BARR. 1967. — BAUDHUIN 1968. — BEHRENS Engl. 1927, p. 219. — BIROU 1966. — BLANCHE 1857. — BOUD.-FRABOT 1970. — BOUCHER 1835. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — CAP. 1936. — COLAS-CAB. 1968. — Comm. t. 1 1837. — CRIQUI 1967 →. — CROS-GARDIN 1964. — DUB. Pol. 1962, p. 41, 48, 133, 134, 165, 169. — DUPIN-LAB. 1846. — DUVAL 1959. — Foi t. 1 1968. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — FRANCK 1875. — FROMH.-KING 1968. — GEORGE 1970. — GOBLOT 1920. — GRAND. 1962. — HUSSON 1970. — IREP 1966. — JULIA 1964. — KUHN 1931, p. 161. — LACR. 1963. — LAFON 1969. — LAL. 1968. — LAPL.-PONT. 1967. — Lar. comm. 1930. — Lar. méd. 1970. — LAUZEL-MUSS. 1970. — LAVEDAN 1964. — LE CLÈRE 1960. — LEMEUNIER 1969. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — MARCH. 1970. — Méd. Biol. t. 1 1970. — MIQ. 1967. — MOR. 1968. — MOOR 1966. — NOTER-LÉC. 1912. — OLMI-JULY 1970. — PIÉRON 1963. — PISSOT 1803. — PLAIS.-CAILL. 1958. — Pol. 1868. — POLLET 1970. — POROT 1960. — RÉAU-ROND 1951. — RÉAU-ROND Suppl. 1962. — ROLLAND-COUL. 1969. — ROMEUF t. 1 1956. — Sexol. 1970. — SILL. 1965. — ST-EDME t. 2 1825. — SUAVET 1970. — UV.-CHAPMAN 1956. — YAM.-KELL. 1970.
association [asɔsjɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1751; associacion, 1408; de associer.
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♦ Action d'associer, de s'associer; résultat de cette action. ⇒ Assemblage, assemblée, groupe, groupement, organisation, rapprochement, réunion, société, solidarité, union.
1 (L'association) est la plus générale probablement de toutes les lois qui gouvernent l'univers, puisqu'elle se manifeste non seulement dans les rapports des hommes vivant en société, mais aussi dans ceux qui unissent les mondes en systèmes solaires et les molécules ou les cellules en corps bruts ou organisés, et jusque dans les rapports qui nous permettent de penser. Les animaux eux-mêmes connaissent les lois de l'association (…)
Charles Gide, Cours d'économie politique, t. I, p. 233.
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I Action d'associer (des individus); groupement qui en résulte.
1 Association de (qqn) à (qqch.) : action d'associer (qqn) à (qqch.). ⇒ Collaboration, coopération, participation. || L'association du fils aîné au trône du roi de France a assuré l'hérédité de la couronne aux Capétiens.
2 Cette association à l'Empire qu'il lui avait fait obtenir (…)
Corneille, Pulchérie, Au lecteur.
2 Association de… (choses, personnes) : action de s'associer (⇒ Adhésion, admission, affiliation, participation), de se réunir d'une manière durable; fait d'être associé. || Association symbiotique de plantes. ⇒ Symbiose. || Association d'animaux, d'hommes vivant en société. ⇒ Agglomération, agrégation. — Par métonymie. Ensemble des éléments associés. || Les associations humaines. ⇒ Clan, colonie, communauté, compagnie, groupe, nation, ordre, peuple, société, tribu. — Association de personnes unies par le sang ou l'alliance. ⇒ Alliance, mariage. || La famille est une association. || L'association de deux amis. ⇒ Liaison; attelage. || Une association amicale, fraternelle. || Une association intéressée.
3 La famille antique est une association religieuse plus encore qu'une association de nature.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 41.
4 La plupart des amitiés ne sont guère que des associations de complaisance mutuelle, pour parler de soi avec un autre.
R. Rolland, Jean-Christophe, t. III, 1911, p. 24.
4.1 La femme, déclara nettement Charvet, est l'égale de l'homme; et, à ce titre, elle ne doit pas le gêner dans la vie. Le mariage est une association… Tout par moitié, n'est-ce pas, Clémence ?
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 169.
♦ Didact. || Association microbienne (1897, in D. D. L.) : réunion de plusieurs espèces qui vivent comme en symbiose dans une infection; ces espèces réunies. || Association végétale : groupement de diverses espèces de plantes qui poussent habituellement ensemble. || Association moléculaire : phénomène par lequel des molécules s'unissent pour former un ensemble unique et stable, sans que s'établisse de liaison de valence; cet ensemble. — Association minérale : ensemble des minéraux présents dans une roche mère ou dans un sol.
♦ Pharm. || Association de médicaments : groupement de deux médicaments de même action principale permettant de diminuer la dose de chacun d'eux. ⇒ Synergie (médicamenteuse). — Préparation comprenant plusieurs matières actives vendues dans un même emballage.
3 Groupement de personnes qui s'unissent en vue d'un but déterminé. || Former une association. || Quelle forme d'association ? || Association libre, contractuelle, ou association obligatoire ? || Acte d'association. || Adhérer, s'affilier, participer à une association. || Adhésion, admission, affiliation, participation à une association. || Rompre une association. || Dissoudre une association. || Association politique. ⇒ Parti; club. || Association secrète. ⇒ Coterie, société.
5 Que des hommes épars soient successivement asservis à un seul (…) c'est si l'on veut, une agrégation, mais non pas une association; il n'y a là ni bien public, ni corps politique.
Rousseau, Du contrat social, I, 5.
6 Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant. Tel est le problème fondamental dont le Contrat social donne la solution.
Rousseau, Du contrat social, I, 6.
7 À l'instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d'association produit un corps moral et collectif.
Rousseau, Du contrat social, I, 6.
8 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme.
Déclaration des droits de l'homme, 1791, art. 2.
♦ Associations internationales. || Associations de villes, de cités. ⇒ Amphictyonie, hanse, ligue. || Associations d'États. ⇒ Union, confédération, communauté (Commonwealth britannique); alliance, coalition, concert, entente, organisation, société.
9 Il y avait dans la Grèce trois peuples considérables : les Étoliens, les Achaïens et les Béotiens; c'étaient des associations de villes libres, qui avaient des assemblées générales et des magistrats communs.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, 5.
♦ Associations poursuivant des fins corporatives, économiques, commerciales, financières. || Association en participation (cit. 4). || Associations d'avocats, de médecins, de notaires…, associations syndicales. ⇒ Cartel, chambre, coalition, comice, compagnie, compagnonnage, consortium, coopération, corporation, entente, entreprise, guilde, participation, société, syndicat, tontine, trust. || La loi du 21 mars 1884 a abrogé la loi Le Chapelier des 14-17 juin 1791, qui prohibait la formation de toute association professionnelle.
10 Sans doute, les maîtrises et jurandes de l'ancien régime constituaient un véritable monopole et elles devaient disparaître; mais c'était tout à la fois une erreur et une faute de prohiber les associations professionnelles ouvertes à tous et dans lesquelles personne n'était tenu d'entrer, associations telles qu'a voulu, tout au moins théoriquement, les réaliser le législateur de 1884 et de 1920.
L. Duguit, Traité de droit constitutionnel, t. V, p. 195.
♦ Association philanthropique (cit.), sans but lucratif (→ ci-dessous, 4.).
4 Dr. Mise en commun permanente des activités de plusieurs personnes dans un but non lucratif (par opposition à société). || Contrat d'association. || Liberté d'association.
11 L'association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d'une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices (…)
Loi du 1er juil. 1901, relative au contrat d'association.
♦ Cour. L'ensemble des personnes ainsi associées; l'entité juridique ainsi formée.
♦ Association déclarée : association qui, moyennant une déclaration, jouit de la personnalité morale. || Association reconnue d'utilité publique : association dont les objectifs sont reconnus conformes à l'intérêt général et qui, à ce titre, bénéficie d'une capacité juridique plus étendue que celle d'une association déclarée. || Fonder une association de la loi de 1901. || Statuts d'une association. || Personnalité civile des associations. || Le président, le secrétaire, le trésorier d'une association. || Les membres d'une association. ⇒ Adhérent, membre, sociétaire. || Association amicale (⇒ Amicale), mutualiste (⇒ Mutuelle), sportive (⇒ Club). ⇒ aussi Bienfaisance, mutualité. || Association religieuse, culturelle, diocésaine… ⇒ Confrérie, congrégation, patronage.
REM. Au sens large, juridiquement, association englobe les sens 3 et 4 et inclut associations (4) et sociétés.
12 L'association implique un rapport de droit entre tous les associés, un but poursuivi en commun et un certain caractère de permanence, toutes choses qui n'existent pas dans la réunion.
L. Duguit, Traité de droit constitutionnel, t. V, p. 340.
13 Les associations formées en vue d'un but lucratif s'appellent dans la langue du droit, les sociétés civiles ou commerciales (…)
L. Duguit, Traité de droit constitutionnel, p. 617.
♦ Loc. || Football association (vx et fam. : l'assoce). ⇒ Football.
♦ (Dans l'intitulé de ces groupes). || Association française de…, pour… (souvent abrégé en AF…).
14 Toute association formée, quelle que soit sa durée ou le nombre de ses membres, toute entente établie dans le but de préparer ou de commettre des crimes contre les personnes ou les propriétés, constituent un crime contre la paix publique.
Code pénal, art. 265.
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II (En parlant des choses).
1 Fig. Action de réunir en un ensemble des éléments divers pour former un tout; cet ensemble. || Association de sons. || Une heureuse association de couleurs. ⇒ Accord, assortiment. || L'association des mots dans une phrase. ⇒ Agencement, assemblage, combinaison, liaison.
2 (Abstrait). Psychol. et cour. || Association des idées; association : propriété qu'ont les différents contenus du champ de conscience (représentations, concepts, sentiments, etc.) de s'appeler les uns les autres, sans intervention de la volonté ou même malgré elle.
REM. 1. « Il est d'usage d'employer (…) la formule Association des idées (…) bien que le mot idée présente dans le langage philosophique un sens purement intellectuel qui paraît restreindre arbitrairement la généralité de cette loi psychologique » (Lalande). ⇒ Psychagogie, cit. 2. Le terme s'oppose, en tant qu'il ne désigne pas un enchaînement volontaire d'idées, à jugement, raisonnement, réflexion.
♦ Rapports selon lesquels s'effectue l'association des idées. ⇒ Liaison (associative); attraction, enchaînement, évocation, rapprochement, suggestion, synthèse; inducteur, induit. || Causes de l'association des idées. ⇒ Affinité, analogie, contiguïté, contraste, ressemblance, similitude. || Lois de l'association des idées : loi d'intérêt, de rédintégration. || Loi d'association systématique (Paulhan) : loi selon laquelle les faits psychiques se groupent en systèmes en fonction d'une finalité interne. || Théorie de l'association des idées comme base de l'activité psychique. ⇒ Associationnisme. — Liaison effective (de deux ou plusieurs idées); groupe (d'idées, de représentations évoquées ensemble). || Une association d'images, d'idées. || Une association inattendue. || Discours qui procède par associations. || Association inconsciente d'idées, de sentiments… ⇒ Complexe.
15 Les animaux sont incapables de former cette association d'idées que seule peut produire la réflexion.
Buffon, Hist. nat. de l'homme.
16 (…) les célèbres lois qui régissent l'association des images et par suite celle des idées se ramènent à une loi plus simple. Ce qui suscite à tel moment telle image plutôt que telle autre, c'est un commencement de résurrection, et cette résurrection a commencé tantôt par similitude, parce que l'image ou la sensation antérieure contenait une portion de l'image ressuscitante, tantôt par contiguïté, parce que la terminaison de l'image antérieure se confondait avec le commencement de l'image ressuscitante.
Taine, De l'intelligence, I, II, 2, t. I, p. 144.
17 (…) les travaux modernes qui ont mis en relief la loi d'intérêt dans l'association (déjà remarquée par Hamilton, et placée à côté de la loi de rédintégration) et l'idée générale de l'association systématique ne permettent pas de s'en tenir à l'énumération ci-dessus rapportée (contiguïté, ressemblance, contraste).
A. Lalande, Voc. de la philosophie, p. 84.
18 Cette expression d'association des idées (…) est (…) assez mal choisie (…) il s'agit ici d'une évocation toute spontanée d'un ou de plusieurs états par un autre. Il ne s'agit nullement d'une liaison logique et réfléchie entre deux idées comme dans le jugement (…)
Le mot idées n'est guère moins critiquable (…) Ce ne sont pas seulement les concepts, mais, d'abord, toutes les représentations qui sont susceptibles de s'évoquer associativement.
A. Cuvillier, Introd. à la psychologie, p. 335.
19 Il faut opérer par la dissociation, et non par l'association des idées. Une association est presque toujours banale. La dissociation décompose et découvre des affinités latentes.
J. Renard, Journal, 24 janv. 1890.
20 Il était coutumier de ces étranges associations d'images, comme il s'en forme surtout au commencement de la vie, dans la tête des enfants (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, II, 9.
21 (…) curieux de s'interrompre au cours d'une rêverie pour remonter la chaîne des associations d'idées, suivre en sens inverse le chemin de la pensée, jusqu'au point de départ.
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 16.
♦ Psychan. || Méthode ou règle de libre association : « méthode qui consiste à exprimer sans discrimination toutes les pensées qui viennent à l'esprit, soit à partir d'un élément donné (mot, nombre, image d'un rêve, représentation quelconque), soit de façon spontanée » (Laplanche et Pontalis, 1967, in T. L. F.). || Association libre.
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CONTR. Autonomie, isolement. — Désunion, dissociation, dissolution, division, rupture, scission, séparation.
DÉR. Associatif, associationnisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.