1. parti [ parti ] n. m. I ♦ Ce qu'une personne a pour sa part.
1 ♦ Vx Salaire d'un employé; bénéfice.
♢ Mod. TIRER PARTI DE : exploiter, utiliser. ⇒ profit. Savoir tirer parti de tout. Il en a tiré le meilleur parti. « On n'imagine pas le parti qu'on peut tirer d'un simple morceau de bois » (R. Rolland).
2 ♦ Situation qui échoit. Faire un mauvais parti à qqn. ⇒ malmener, maltraiter.
3 ♦ (1538) Personne à marier, considérée du point de vue de sa situation sociale. « Je songerai à marier ma fille quand il se présentera un parti pour elle » (Molière). Cour. Un beau parti.
II ♦
1 ♦ (1360) Littér. Solution proposée ou choisie pour résoudre une situation. « Lorsqu'il hésitait entre deux partis [...] il choisissait en général celui qui exigeait la plus grande somme de volonté » (Martin du Gard).— Arts Conception d'ensemble (d'une œuvre architecturale ou picturale).
2 ♦ Loc. cour. PRENDRE LE PARTI DE. ⇒ décision, résolution. Hésiter sur le parti à prendre. Prendre le parti d'en rire. « Les hommes prennent le parti d'aimer ceux qu'ils craignent, afin d'en être protégés » (Joubert).— PRENDRE PARTI. ⇒ choisir, décider, opter (cf. Prendre position). Prendre parti pour, contre qqn, lui donner raison ou tort. Il ne veut pas prendre parti. ⇒ s'engager; fam. se mouiller. — PRENDRE SON PARTI : se déterminer. « Mon sentiment est ferme et mon parti bien pris » (Duhamel). Prendre son parti de qqch., en prendre son parti : accepter raisonnablement ce qu'on ne peut éviter ni changer (cf. Se faire une raison). ⇒ s'accommoder, se résigner. Il en a pris son parti.
♢ (1798) PARTI PRIS. Littér. Décision inflexible. « Ce qui apparaît le plus nettement dans une œuvre de maître, c'est la “volonté”, le parti pris » (Valéry).— Cour. (en mauvaise part) Opinion préconçue, choix arbitraire. ⇒ a priori, préjugé, prévention. « Balzac est de tous les auteurs contemporains celui auquel Sainte-Beuve témoigna le plus d'antipathie naturelle et de parti-pris » (Billy). Le parti pris : attitude qui pousse à tel choix. Être de parti pris, partial. Je vous le dis sans parti pris, sans aucun parti pris, honnêtement, avec objectivité.
III ♦
1 ♦ Vx Détachement de soldats.
♢ (déb. XVe) Mod. Groupe de personnes défendant la même opinion. ⇒ camp, clan. Être du même parti (cf. Du même bord). Se mettre, se ranger du parti de qqn : défendre la même opinion (⇒ partisan) . Prendre le parti de qqn, le soutenir, le défendre (cf. Prendre fait et cause pour, être de son côté).
2 ♦ Association de personnes unies pour défendre des intérêts, des buts communs; faction, ligue. Le parti janséniste. — Spécialt Organisation dont les membres mènent une action commune à des fins politiques. ⇒ formation, mouvement, rassemblement, 1. union. Les partis politiques. Régimes de parti unique. Coexistence des partis. ⇒ multipartisme, pluripartisme. Parti monarchiste, républicain, démocrate, ouvrier. Parti fasciste, conservateur, travailliste, radical, socialiste, communiste. Partis de droite, de gauche. Les partis de l'opposition. Le régime des partis. Alliance de partis (⇒ front; cartel) . Adhérer à un parti. Adhérent, membre, militant, responsable, secrétaire, président, leader d'un parti. Programme électoral d'un parti. Voter pour un parti. — Absolt Le parti (celui dont il est question; spécialt le parti communiste). Il est inscrit au parti. Carte du parti.
⊗ HOM. Partie.
parti 2. parti, ie [ parti ] adj.
I ♦ (de 1. partir)
1 ♦ Absent, disparu.
2 ♦ Fam. Un peu ivre; éméché. ⇒ gai, gris. « La comtesse, les jambes en l'air sur le dossier d'une chaise, était plus partie encore que son amie » (Maupassant).
II ♦ (de 2. partir) Blas. Parti, partie ou vx partite . Partagé en deux. Une « casaque partie de blanc et de vert » (Aymé). ⇒ mi-parti.
● parti Participe passé de partir. ● parti nom masculin (ancien français partir, partager) Groupe de personnes réunies par une communauté d'opinions, d'intérêts : En fait, ils sont du même parti ; ils ont les mêmes idées. Organisation structurée dont les membres mènent une action collective dans la société aux fins de réaliser un programme politique : Les partis représentés au Parlement. Un régime de parti unique. Choix à faire, résolution à prendre pour agir : Hésiter entre deux partis. Vieux. Personne à marier considérée par rapport aux avantages de sa situation : Un riche parti. Ensemble des choix faits par l'artiste quant aux caractères essentiels d'une œuvre. En héraldique, partition divisant l'écu en deux parties égales par une ligne verticale. ● parti (citations) nom masculin (ancien français partir, partager) Louis Blanc Madrid 1811-Cannes 1882 Ce qui effraie le plus dans les partis, ce n'est pas ce qu'ils disent, c'est ce qu'ils négligent ou refusent de dire. Organisation du travail Léon Bourgeois Paris 1851-château d'Oger, Marne, 1925 Les partis sont toujours en retard sur les idées. Solidarité Armand Colin Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 L'esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusques aux petitesses du peuple. Les Caractères, De l'homme Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Je suivrai le bon parti jusqu'au feu, mais exclusivement si je puis. Essais, III, 1 Commentaire Boutade reprise de Rabelais. Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Quand ma volonté me donne à un parti, ce n'est pas d'une si violente obligation que mon entendement s'en infecte. Essais, III, 10 Charles Péguy Orléans 1873-Villeroy, Seine-et-Marne, 1914 Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique. Notre jeunesse Gallimard Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 […] Ceux qui sont à la tête des grandes affaires ne trouvent pas moins d'embarras dans leur parti que dans celui de leurs ennemis. Mémoires Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 […] Les vices d'un archevêque peuvent être, dans une infinité de rencontres, les vertus d'un chef de parti. Mémoires Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Un bon partisan doit savoir prendre les nécessités de la manœuvre pour les exigences de la justice. Pensées d'un biologiste Stock Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 Dans tous les partis, plus un homme a d'esprit, moins il est de son parti. Vie de Napoléon, Préface Mao Zedong, Mao Tsö-tong ou Mao Tsé-toung Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976 Le Parti commande aux fusils, et il est inadmissible que les fusils commandent au Parti. Citations du président Mao Tsé-Toung, IX ● parti (difficultés) nom masculin (ancien français partir, partager) Orthographe 1. Au singulier, pas de s final, malgré le dérivé partisan. 2. Parti pris. Sans trait d'union : juger avec des partis pris ; la perspective est déformée, c'est un parti pris de l'artiste. 3. Partis politiques. Dans les noms de partis politiques, parti prend une majuscule initiale : le Parti socialiste, le Parti communiste français. Les noms de membres ou d'adhérents prennent toujours une minuscule : les socialistes. Emploi Ne pas confondre avec partie, les deux mots étant employés dans plusieurs expressions → partie. 1. Faire un mauvais parti à qqn = le mettre à mal, lui faire subir des violences. Remarque Au XVIIe s., parti voulait dire entre autres « condition, état » ; faire un mauvais parti à qqn, c'est, littéralement, « le mettre en mauvais état ». 2. Prendre parti contre (ou pour) qqn = se déclarer opposé à (ou partisan de) qqn. ● parti (expressions) nom masculin (ancien français partir, partager) Esprit de parti, aveuglement partial, sectaire, en ce qui concerne les idées, les orientations de son parti. Faire un mauvais parti à quelqu'un, le maltraiter ou le tuer. Homme de parti, homme passionné par ses convictions, qui ne voit en tout que l'intérêt de son parti. Parti pris, opinion préconçue, position arrêtée une fois pour toutes. Prendre le parti de, opter pour telle ou telle solution : Prendre le parti d'abandonner la lutte. Prendre, épouser le parti de quelqu'un, adopter ses idées, lui accorder son soutien, prendre sa défense. Prendre parti, prendre position au sujet de quelque chose, s'engager. Prendre parti pour ou contre, se déclarer pour ou contre quelqu'un, être partisan de quelque chose, opposé à quelque chose. Prendre son parti de quelque chose, accepter ce qu'on ne peut empêcher, s'y résigner. Tirer parti de quelque chose, de quelqu'un, en profiter, l'utiliser au mieux : Il n'a pas tiré parti de la situation. ● parti (homonymes) nom masculin (ancien français partir, partager) parti adjectif partie nom féminin partis forme conjuguée du verbe partir partit forme conjuguée du verbe partir partît forme conjuguée du verbe partir ● parti (synonymes) nom masculin (ancien français partir, partager) Organisation structurée dont les membres mènent une action collective dans...
Synonymes :
- groupe
- union
Choix à faire, résolution à prendre pour agir
Synonymes :
- choix
- décision
- solution
Homme de parti
Synonymes :
- détermination
Parti pris
Synonymes :
- partialité
parti
n. m.
rI./r
d1./d Groupe de personnes ayant les mêmes opinions, les mêmes intérêts.
d2./d Association de personnes organisée en vue d'une action politique. Le parti socialiste.
— Esprit de parti: partialité en faveur de son parti.
— Parti unique: seul parti officiellement reconnu dans un régime de type présidentiel.
rII./r Résolution; solution.
|| Prendre un parti: arrêter une décision.
|| Prendre son parti de qqch, s'y résigner.
|| Prendre parti: prendre position. Il a pris parti sur cette question. Il a pris parti contre son père.
|| Parti pris: opinion préconçue, préjugé.
— être de parti pris: montrer de la partialité.
rIII/r
d1./d Faire un mauvais parti à qqn, lui infliger de mauvais traitements.
d2./d Vieilli Personne à marier, considérée par rapport à sa fortune, à sa situation. Un beau parti.
d3./d Tirer parti de qqch, l'utiliser au mieux.
I.
⇒PARTI, subst. masc.
A. —Profit qu'une personne reçoit pour sa part.
1. a) Vx. Salaire d'un employé; part de profit; bénéfice. (Dict. XIXe et XXes.).
b) Tirer parti de (qqn, qqc.). Tirer profit de, faire tourner à son avantage. Synon. exploiter, utiliser. Savoir tirer parti de tout. Un peintre de l'école de Léopold Robert tirerait grand parti de ces scènes d'une simplicité biblique et primitive [scènes de la moisson] (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.183):
• 1. Pour ces hommes-là [les courtisans], il n'y a qu'une manière de tirer parti de ses amis: c'est d'abord de les avoir puissants et ensuite de les faire intriguer pour soi ou de s'accrocher à leur fortune.
DELACROIX, Journal, 1854, p.264.
— [Avec un déterm.] Tirer le meilleur parti, tout le parti possible de. Voyez le parti que le tendre Racine a tiré de l'amitié héroïque, et si consacrée dans l'antiquité, d'Oreste et de Pylade (STENDHAL, Amour, 1822, p.291). Madame la comtesse Chabert avait su tirer un si bon parti de la succession de son mari, qu'après dix-huit mois de veuvage elle possédait environ quarante mille livres de rente (BALZAC, Chabert, 1832, p.84).
2. Situation qui échoit à quelqu'un.
a) Vx. Profession, état, condition. Le parti du barreau, de la robe, de l'Église, de l'épée (Ac.). La Révolution lui fit prendre le parti des armes; il servit à l'armée d'Italie et y fut fait général de brigade (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.1072).
b) Faire un mauvais parti à qqn. Faire subir un mauvais traitement; tuer. Synon. malmener, maltraiter, rudoyer. Le marabout (...) a appelé à son aide de peur que Bou-Amama vînt lui faire un mauvais parti (JAURÈS, Paix menacée, 1914, p.138).
3. Personne à marier, envisagée du point de vue de sa situation sociale et financière. Un beau, bon parti; repousser un riche parti. La Genevoise vit en Mlle Châtelus, qu'elle savait très riche, un parti pour son fils et prépara fort habilement le mariage (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p.79):
• 2. ... (il y avait bien plusieurs «riches partis» en vue, mais enfin le nombre des fortes dots était beaucoup moindre que le nombre des aspirants)...
PROUST, Guermantes 2, 1921, p.401.
♦Un parti avantageux. Un beau mariage. Mademoiselle de Liniers (...) avait consenti enfin à accepter ce qu'on appelle un parti avantageux; elle avait épousé une personne plus âgée qu'elle, mais de naissance et dans des fonctions élevées (SAINTE-BEUVE, Volupté, t.2, 1834, p.229).
B. —Conduite (adoptée ou à adopter).
1. a) Littér. Solution proposée ou choisie afin de résoudre une situation. Hésiter entre deux partis; choisir, refuser un parti; le parti le meilleur, le plus sûr, le plus avantageux. Pas de bateau! pas d'issue! —Il n'y avait qu'un parti, se faire tuer au seuil de Notre-Dame (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.466):
• 3. ... il dit que la guerre étant devenue inévitable, il fallait choisir entre deux partis: attaquer l'ennemi sans délai, ou bien se fortifier en attendant l'invasion.
MÉRIMÉE, Cosaques d'autrefois, 1865, p.167.
b) BEAUX-ARTS. Conception d'ensemble d'une oeuvre d'art; solution choisie pour l'appliquer. Je vous demande un peu d'attention pour le mot idéaliser. L'antique altère la nature en diminuant la saillie des muscles, Michel-Ange en l'augmentant. Ce sont deux partis opposés (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t.2, 1817, p.223).
2. Loc. div.
a) Loc. verb.
♦Prendre un parti. Faire un choix. Enfin (...) je n'hésitai pas à prendre un parti héroïque, celui de venir m'installer définitivement faubourg Saint-Jacques (LÉAUTAUD, Amours, 1906, 249).
♦Prendre un parti, prendre le parti de + inf. Décider (de). Hésiter sur le parti à prendre:
• 4. Donc, j'en étais arrivé à ne plus pouvoir dormir dans mon appartement, à ne plus pouvoir même l'habiter et, en ayant encore pour une année de bail, j'avais pris le parti d'aller loger à l'hôtel...
LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p.132.
♦Prendre parti. Choisir une opinion, se décider pour un point de vue. Synon. choisir, décider, s'engager, opter, prendre position, trancher; (fam.) se jeter à l'eau, se mouiller. Ne pas vouloir prendre parti. Tant que son père vécut, il n'osa déclarer sa volonté. Peut-être n'était-il point fâché de devoir attendre encore, avant de prendre parti (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1481):
• 5. Nous ne pouvons, en effet, prendre parti qu'en cédant à ce qu'il y a de plus particulier dans notre nature, et de plus accidentel dans le présent. L'esprit libre se sent inaliénable.
VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p.65.
♦Prendre parti pour, contre qqn. Se prononcer en faveur de quelqu'un ou non, lui donner raison ou tort. Le roi: On m'assure que mon cousin Louis XIV a pris parti pour les Hollandais contre l'évêque de Munster (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, III, 3, p.69). Cela dura jusqu'au jour où je pris parti pour grand-père. Alors ce fut la brouille avec mon père et l'éloignement de maman (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.218).
♦Prendre son parti. Se déterminer fermement. Je pris sur-le-champ mon parti; je quittai le vaisseau avec elle (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.339):
• 6. —Mon parti est irrévocablement pris, me dit le comte. Préparez les actes nécessaires pour transporter à Gobseck la propriété de mes biens.
BALZAC, Gobseck, 1830, p.420.
♦Prendre son parti de qqc., en prendre son parti. Accepter (ce qu'on ne peut éviter, quelque chose de pénible, de déplaisant). Synon. s'accommoder; se résigner. La déception de mon corps, j'en prenais mon parti; mais ce vide, j'avais de la peine à le supporter (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.309):
• 7. ... on restera jusqu'à la fin sans savoir à quoi s'en tenir; en attendant, la vie continue, tout comme si de rien n'était. Et de cela aussi on prend son parti! Comme de tout le reste... comme de tout.
GIDE, Faux-monn., 1925, p.1189.
♦Absol. Prendre son parti. Se faire une raison. Je crains (...) qu'il ne me reste plus (...) qu'à prendre mon parti en brave et honnête homme bafoué (VERLAINE, Corresp., t.1, 1872, p.83).
b) Parti(-)pris, subst. masc.
— Vieilli ou Littér. Décision irrévocable, idée arrêtée. Il n'y a que les hommes forts (...) pour avoir ces partis pris de confiance, cette générosité pour la faiblesse, cette constante protection, cet amour sans jalousie, cette bonhomie avec la femme (BALZAC, Paysans, 1844, p.20). Paul, au lycée (...) se distingua surtout par une cancrerie volontaire, entêtée (...) devant le parti-pris de paresse, le père avait voulu sévir brutalement, à l'auvergnate (A. DAUDET, Immortel, 1888, p.32).
♦De parti pris. Après avoir pris position, avoir réfléchi. S'il doit vous chercher querelle, que ce soit du moins de parti pris et après avoir dormi sur sa colère (SAND, M. Sylvestre, 1866, p.294).
— Péj. Opinion préconçue, choix arbitraire. Synon. partialité, préjugé, prévention. Le mode de publication d'un livre par feuilletons (...). Je n'ai là-dessus aucun parti-pris ni aucun préjugé; des noms illustres ont consacré ce procédé excellent de publication (HUGO, Corresp., 1866, p.531):
• 8. ... la décision de ne retrouver aucun élément connu me paraît arbitraire, et de plus inhumaine. J'y vois une trace de snobisme ou plus exactement d'un préjugé bien moderne, d'un parti pris d'inouï qui n'est pas le mien.
SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.132.
♦Être de parti pris. Être partial, exclusif. (Dict.XIXes.).
♦Sans parti pris. Honnêtement, de façon impartiale. J'ai laissé mon civisme en friche; ma justice se forme donc sans parti pris (COCTEAU, Poés. crit.II, 1960, p.47).
3. [Surtout dans des loc. verb.] Opinion défendue par quelqu'un, par plusieurs personnes; cause d'une personne ou d'un groupe:
• 9. ... il est vain de louer comme un saint, de réprouver comme un pécheur, un philosophe, selon qu'il embrasse le parti des hommes, ou qu'il le déserte.
NIZAN, Chiens garde, 1932, p.128.
♦Être, se ranger, se mettre du parti de qqn. Défendre la même opinion que quelqu'un. Je suis toujours du parti des amoureux persécutés contre les tuteurs et les pères (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p.136). La soeur et le frère étaient du parti de Segrais et de Benserade. Ils regardaient Boileau comme un ennemi (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p.153).
♦Prendre le parti de qqn. Défendre (la cause de), protéger. Synon. prendre fait et cause pour:
• 10. Mon grand-père saisissait au bond l'occasion de montrer sa faiblesse: il prenait mon parti contre sa femme qui se levait, outragée, pour aller s'enfermer dans sa chambre.
SARTRE, Mots, 1964, p.25.
C. —Groupe plus ou moins organisé de personnes.
1. a) Vx. Détachement de soldats armés. Je suis un fourrageur. J'ai perdu mon parti dans l'orage et je me suis égaré (GIONO, Bonh. fou, 1957, p.248).
♦Parti bleu. V. bleu I B 4.
b) Ensemble de personnes ayant des opinions, des positions communes ou une même ligne d'action. Synon. camp, clan, clique, coterie. Richemont voulut reprendre de force sa place auprès du roi (...). La belle-mère du roi, Yolande d'Aragon (...) entra dans le parti des mécontents (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.170).
♦Du même parti. Synon. fam. du même bord. Nous sommes du même parti des opprimés, ce n'est pas à vous que j'en ai (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.99).
♦Homme de parti. Homme qu'un attachement déplacé aux idées de son parti rend intolérant. Si les journalistes de ce temps-ci (...) étaient autre chose que des hommes de parti (...) ils ne demanderaient pas des immunités dans la servitude, mais plutôt des responsabilités dans la liberté (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p.30).
♦Esprit de parti. Intolérance de ceux qui sont trop attachés aux idées de leur parti et qui jugent avec partialité. Synon. esprit de système, partialité. Dès le premier coup de canon tiré (...) l'esprit national n'est plus qu'un esprit de parti (BERNANOS, Enf. humil., 1948, p.40).
2. a) Vx. [Au XIXes.] ,,Union de plusieurs personnes contre d'autres qui ont un intérêt, une opinion contraire`` (Ac. 1835):
• 11. Élisabeth Cazotte, fiancée depuis longtemps par son père au chevalier de Plas (...) épousa, huit ans après [la mort de Cazotte], ce jeune homme, qui avait suivi le parti de l'émigration.
NERVAL, Illuminés, 1852, p.371.
b) En partic. Parti (politique). Organisation dont les membres, animés de convictions politiques communes, les font connaître à l'opinion publique et mènent une action en vue de les faire triompher. Synon. formation, mouvement, rassemblement, union. Nous avons vu comment on assassine moralement un adversaire sous le règne des partis (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p.367).
SYNT. Parti militaire, monarchiste, républicain, démocrate, ouvrier, fasciste, conservateur, travailliste, radical, modéré, socialiste, communiste; partis de droite, de gauche, de la majorité, de l'opposition; gouvernement, république des partis; régime des partis; alliance de partis (synon. cartel, front); adhérer à un parti; adhérent, membre, chef, dirigeant, militant, responsable, (premier, second) secrétaire d'un parti; cellules, sections, fédérations d'un parti; programme, scission d'un parti; système du parti unique.
— Absol. Le parti. [Souvent avec une majuscule] Le parti dont il est question, auquel on adhère; en partic. le parti communiste. Candidats, réunions du parti; être inscrit au parti; prendre sa carte du parti. Mais le plus grave, c'est que Léopold a été dénoncé par un communiste, autant dire par le parti et qu'il n'a pas été arrêté (AYMÉ, Uranus, 1948, p.80). V. communiste ex. 6.
REM. 1. Parti-niais, subst. masc. comp., vx. Nous sommes Ronquerolles, Montriveau, les Grandlieu (...), tous alliés contre le parti-prêtre, comme dit ingénieusement le parti-niais représenté par le Constitutionnel (BALZAC, Contrat mariage, 1835, p.350). 2. Parti-prêtre, subst. masc. comp., vx. Parti des prêtres au XIXes. Le parti libéral se réjouissait de voir échouer dans une scène publique (...) le parti-Prêtre, expression inventée par Montlosier, royaliste passé aux constitutionnels et entraîné par eux au-delà de ses intentions (BALZAC, Curé vill., 1839, p.72).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.I. 1. Ca 1200 numism. «monnaie de compte valant une demi-maille» (JEAN BODEL, Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 281 et 294, v. note, p.189 et N. Dupire ds Romania t.68, 1944-45, p.204); 1320, 1350 Flandre (doc. ds DU CANGE, s.v. partitus); 2. 1680 hérald. (RICH.). II. Part revenant à quelqu'un 1. fin XIIIes. «partie, portion» (MATHIEU LE VILAIN, Météores d'Aristote, éd. R. Edgren, I, 1, p.5, 12: Et a chascunne planete parti de son ciel); 2. 4e quart XIVes. «situation, état, conjoncture» soi metre en dur parti; soi veoir en un parti (FROISSART, Chron., II, § 319, éd. S. Luce, t.11, p.17; III, § 7, t.12, p.30); id. estre en dur parti d'armes «en situation militaire difficile» (ID., op. cit., I, § 233, t.3, p.183); spéc. a) 1639 faire un fort mauvais parti à (quelqu'un) (TRISTAN L'HERMITE, Panthée, III, 3 ds LITTRÉ); b) 1646 prendre parti «s'engager dans une situation, un état» (N. PERROT D'ABLANCOURT, Les Guerres d'Alexandre par Arrian, 1. 1 ds RICH. 1680); 1679 «profession, état» (FLÉCHIER, Hist. Théodose, II, 39 ds LITTRÉ); 3. a) fin XVes. «traitement, condition avantageuse offerts à quelqu'un» offrir de beaulx et grandz partiz (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t.2, p.264); spéc. 1580 en parlant d'un mariage (MONTAIGNE, Essais, I, XXXIII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.219); b) 1538 «personne à marier considérée par rapport à sa naissance, sa fortune» (EST. d'apr. FEW t.7, p.680a); 1606 (NICOT); c) 1734 tirer parti de (MONTESQUIEU, Causes de la grandeur des Romains, XV ds OEuvres, éd. R. Caillois, t.2, p.151); 4. 1616-20 «part de profit attribuée pour la levée de certains impôts; ferme d'un impôt» (D'AUBIGNÉ, Hist. universelle, IX, 1 ds HUG.: Ces marchands s'advisèrent de le mettre dans le parti du sel); 1623 (Ch. Sorel, Francion, VII, éd. E. Roy, t.3, p.57: Son père... un des plus grands Usuriers de la France... ne s'addonnoit qu'a... prendre quelques partis); 5. av. 1658 math. règle des partis [ainsi dite parce qu'on partageait les chances] (PASCAL, Le Triangle arithmétique ds OEuvres, éd. J. Chevalier, p.115). III. Détermination, solution choisie pour résoudre une situation 1. 4e quart .IV entrer en un parti; prendre un parti (FROISSART, op. cit., I, § 232, t.3, p.89; III, § 7, t.12, p.30); 2. fin XVes. prendre parti «adopter résolument une décision» (COMMYNES, op. cit., t.3, p.215); ca 1590 prendre parti de + inf. (PASCAL, Pensées, 333 ds OEuvres, éd. citée, p.1171); 1664 prendre son parti «se résigner» (MOLIÈRE, Princesse d'Elide, V, 3); 1667 prendre le bon parti (BOILEAU, Satires, VIII ds OEuvres, éd. F. Escal, p.45); 1798 c'est un parti pris (Ac.). IV. Groupe à part. 1. Groupe de personnes unies contre d'autres en raison de leurs opinions communes 1415 (Procès de Jean Fusoris, éd. L. Mirot ds Mém. Société hist. Paris t.27, 1900, p.175: dit... que... au Roy, a nul Angloys, ne à aultres de leur parti ou aliance il n'a point rescript); 1465, 21 oct. tenir le parti de (quelqu'un) (Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t.3, p.2) ; 1606 suyvre le parti d'aucun (NICOT); 1636 prendre le parti de (quelqu'un) (CORNEILLE, Cid, II, 7); 1640 se mettre du parti de (quelqu'un) (ID., Cinna, III, 4); 1688 esprit de parti (LA BRUYÈRE, Caractères, De l'homme, § 63 ds OEuvres, éd. J. Benda, p.311); 1798 homme de parti (Ac.); 2. 1606 «ensemble de personnes ayant des aspirations communes» estre du parti des gens de bien (NICOT); 3. 1619 «groupe organisé de citoyens ayant les mêmes convictions politiques» (F. BACON, Les Essais politiques et moraux, trad. de I. Baudoin, p.149 ds MACK. t.1, p.69); 4. «groupe de soldats détachés pour accomplir une mission» [cf. POMEY 1671]; de là 1655 faire parti «faire un coup de main» (MOLIÈRE, Étourdi, III, 6). Part. passé masc. subst. de partir1; a servi à traduire le lat. pars, plur. partes «parti politique». Le sens I 2 parce que le blason ainsi nommé portait des armes parties. Pour la formation de sens III, spéc. III 2, v. L. Foulet ds Romania t.69, 1946-47, pp.145-73. Fréq. abs. littér.:11546. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 18234, b) 13574; XXes.: a) 12764, b) 14349. Bbg. Archit. 1972, p.22. —BÄCKER 1975, p.245. —DUB. Pol. 1962, pp.366-367. —GREIVE (A.). Frz. part, partie, parti. Bonn, 1961, pp.146-173. —QUEM. DDL t.11 (Comp.); 19. —RABOTIN (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris, 1975, p.58, 59, 63, 64. —VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], pp.280-282.
II.
⇒PARTI, -IE, part. passé et adj.
I. —Part. passé de partir1 et 2.
II. —Adjectif
A. —[Corresp. à partir1]
1. HÉRALDIQUE
a) [En parlant de l'écu] Divisé perpendiculairement en deux parties égales. Il porte parti d'or et de gueules (Ac.).
b) [En parlant d'un aigle à deux têtes] Il porte de sable à l'aigle d'or au chef parti (Ac. 1835-1935).
Rem. V. aussi mi-parti et charte-partie.
2. Jeu parti.
B. —[Corresp. à partir2] Fam. Excité par le vin, pris de boisson. Synon. enivré, gris, saoûl. Être un peu parti. Ce jour là, un peu gai, peut-être un peu parti, l'idée me prit de découcher (VALLÈS, Réfract., 1865, p.60). Après les glaces et le dessert, vinrent le café puis le cognac (...). La comtesse Jenny, complètement partie, dormaillait d'un air béat (L. DAUDET, Phryné, 1937, p.11).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. V. partir1 et 2. Fréq. abs. littér.:6636. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 12149, b) 8279; XXes.: a) 7732, b) 8772.
1. parti [paʀti] n. m.
ÉTYM. V. 1270; XIVe, « partie, portion » et « situation d'une personne »; subst. verb. de 2. partir « partager ».
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1 (Vx au sens général). Ce qu'une personne a pour sa part. — (1655). Spécialt. Vx. Salaire d'un employé. — Anciennt. Part attribuée à celui qui affermait certains impôts (⇒ Partisan). — Vx. Part du profit. ⇒ Avantage (I., 3.), bénéfice.
♦ Mod. ☑ Tirer parti (de)… : exploiter, utiliser. || Tirer parti de son expérience (cit. 27), d'un événement (→ Direct, cit. 3). || Nous ne savons pas tirer parti de nos ressources (→ Enrageant, cit. 2). || C'est un sol dont on peut tirer parti (→ Exploitation, cit. 3). || Tirer parti de la laideur (cit. 5) elle-même. (Avec l'article). || Tirer le meilleur parti de l'événement, tout le parti possible de son effort (→ 1. Écoute, cit. 1). || Ils virent le parti qu'on pouvait tirer de la situation (→ Diffuser, cit. 2), d'un aveu (→ Fécond, cit. 8). || Il ne tire pas le moindre parti de ses vertus (→ Infériorité, cit. 2). || Tirer un parti personnel d'un service (→ Désintéressé, cit. 3). || Savoir tirer parti de tout.
1 (…) de ma vie il ne m'est arrivé de songer à ma figure que lorsqu'il n'était plus temps d'en tirer parti.
Rousseau, les Confessions, II.
2 Les Allemands s'occupent de la vérité pour elle-même, sans penser au parti que les hommes peuvent en tirer.
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, II.
3 Le hasard était fertile en ressources. On n'imagine pas le parti qu'on peut tirer d'un simple morceau de bois, d'une branche cassée, comme on en trouve le long des haies.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, I, p. 17.
4 La source a été exploitée avant vous ?
Un peu, autrefois, et très localement. Depuis c'est tombé à rien. On n'a jamais essayé d'en tirer parti.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XIV, p. 101.
♦ Vx. Estimation relative des chances de gain. || Le problème des partis, posé par Méré à Pascal. || La règle des partis (→ Incertain, cit. 8). ⇒ Probabilité (calcul des probabilités).
2 Vx. Situation qui est le lot de quelqu'un.
♦ ☑ Loc. fig. Mod. Faire un mauvais parti à quelqu'un, le mettre à mal, lui faire subir un mauvais traitement. ⇒ Malmener, maltraiter (→ Régler son compte à…).
5 (…) soyez averti
Qu'il vous cherche, et vous peut faire un mauvais parti.
Molière, le Dépit amoureux, V, 3.
♦ Vx (langue class.). Situation professionnelle, sociale. ⇒ Profession. ☑ Prendre le parti des armes, le métier de soldat.
6 (…) vous êtes un homme de très bonne famille, et même au-dessus du parti que vous prenez ? « Je ne sens rien qui m'humilie dans le parti que je prends, madame. L'honneur de servir une dame comme vous (…) »
Marivaux, les Fausses Confidences, I, 7.
3 (1538). Personne à marier, considérée du point de vue de sa situation sociale. || C'est un parti pour elle, pour lui (→ Mûrir, cit. 11). || Un riche, un beau parti. || « Mademoiselle (cit. 1), le seul parti de France qui fût digne de Monsieur ». || « À des partis plus hauts (cit. 40) ce beau fils doit prétendre » (Corneille). || Des partis s'étaient présentés (→ Impossible, cit. 21), elle ne manquait pas de partis à choisir (→ Cotret, cit.). || Dédaigner les plus brillants (cit. 11) partis. || Accepter un bon parti (→ Faire un beau mariage).
7 Je songerai à marier ma fille quand il se présentera un parti pour elle (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
8 La mariée (…) avait été fort courtisée par tous les partis des environs, car on la trouvait avenante, et on la savait bien dotée (…)
Maupassant, les Contes de la Bécasse, « Farce normande ».
———
II
1 (1360). Littér. Solution proposée ou choisie pour résoudre une situation. ⇒ Solution. || Le parti que ma conscience me conseillait (→ Abîme, cit. 29). || Le parti de X fut d'attendre (→ Bombe, cit. 5). || Il n'y a pas d'autre parti que de… (→ Approuver, cit. 21). || Hésiter entre deux partis, choisir un parti. || Offrir le parti de… || Je refusai l'un et l'autre parti (→ Entrer, cit. 24).
9 J'en vais alléguer un qui, s'étant repenti,
Ne put trouver d'autre parti
Que de renvoyer son épouse,
Querelleuse, avare et jalouse.
La Fontaine, Fables, VII, 2.
10 La monarchie est perdue, si l'on ne dissout les États. Parti dangereux, déjà impossible à suivre.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, III.
11 La charité peut être le pis aller d'une âme sèche et lente à qui la raison persuade le beau parti de s'émouvoir.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », III.
12 Lorsqu'il hésitait entre deux partis, sans trouver, à la réflexion, plus de raisons d'adopter l'un que l'autre, il choisissait en général celui qui exigeait la plus grande somme de volonté : il prétendait, après expérience, que c'était presque toujours le meilleur.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 215.
♦ Spécialt. Arts. Didact. Conception d'ensemble d'une œuvre architecturale ou picturale.
2 Cour. (Avec le verbe prendre). ⇒ Décision, résolution. || Savoir choisir et prendre un parti (→ Artiste, cit. 11). || Prendre le bon parti (→ Instinct, cit. 22). || Hésiter sur le parti à prendre. || Dans cette alternative (cit. 4), je n'avais qu'un parti à prendre. || Ne pas savoir quel parti prendre. || Quelque parti que tu prennes tu t'en repentiras (→ Célibat, cit. 6). — ☑ Prendre le parti de (avec l'inf.). || Prendre le parti de laisser aller (cit. 85) les choses, de couper court à la discussion (cit. 5). || « Ceux qui prennent le parti de louer l'homme » (→ Blâmer, cit. 4, Pascal). || Il a pris le parti d'en rire. || « Prends-moi le bon parti… » (→ 1. Livre, cit. 27, Boileau). — Prendre le même parti que quelqu'un, un autre parti.
13 Les hommes prennent le parti d'aimer ceux qu'ils craignent, afin d'en être protégés.
Joseph Joubert, Pensées, V, 50.
♦ ☑ Prendre parti. ⇒ Choisir, décider, opter; position (prendre). || Il faut prendre parti. || Il ne veut pas prendre parti (→ S'engager; fam. se mouiller). || Nous ne pouvons rester neutres, nous devons prendre parti. — Prendre parti sur (quelque chose). || L'Église prend parti sur des points de dogme (→ Désobéir, cit. 3). — Prendre parti pour, contre : choisir d'être pour, d'être contre. || Prendre parti pour quelqu'un, prendre le parti de quelqu'un, lui donner raison (⇒ Défendre, soutenir); contre quelqu'un, lui donner tort (⇒ Attaquer; → Se tourner contre). || Elle a pris parti pour son fils contre son mari.
14 Je sais prendre parti sur cette préférence,
Et ce n'est pas mon cœur maintenant qui balance (…)
Molière, le Misanthrope, V, 2.
15 (…) il n'y avait là que ce besoin inné du Français de prendre parti, d'être d'un parti, qui se retrouve à tous les âges et du haut en bas de la société française.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 108.
16 Le Christ oblige tous les hommes à prendre parti. Quiconque n'est pas pour lui est contre lui.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 84.
17 Mais l'objectivité n'est pas la neutralité. L'effort de compréhension n'a de sens que s'il risque d'éclairer une prise de parti. Je prendrai donc parti pour finir.
Camus, Actuelles III, p. 138.
♦ ☑ Prendre son parti : se déterminer à. || Il prit son parti sur-le-champ (→ Hardi, cit. 2). || Mon parti est pris (cf. Mon siège est fait). ⇒ Détermination. || Je ne pus la détourner (cit. 10) de son dessein, elle avait pris son parti.
18 Ah ! la voici, Seigneur : prenez votre parti.
Racine, Bérénice, III, 2.
19 Mon sentiment est ferme et mon parti bien pris.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, X.
♦ Prendre son parti de (et l'inf.) : se décider à (faire quelque chose).
♦ Spécialt. ☑ Prendre son parti de (quelque chose), en prendre son parti : accepter raisonnablement quelque chose de désagréable, de pénible, faute de pouvoir ou de vouloir faire autrement. ⇒ Accommoder (s'accommoder de), résigner (se), résoudre (se); raison (se faire une raison). || Prendre son parti d'un échec. || Il faudra pourtant que vous en preniez votre parti (→ Inadmissible, cit.). || Tant pis, j'en prendrai mon parti (→ Infranchissable, cit. 2). || Il n'y a qu'à en prendre son parti. || Il ne prend pas son parti d'avoir dû renoncer (→ Existence, cit. 26). — Prendre son parti de (et l'inf.). — Absolt. || Prendre bravement (cit. 1) son parti. || Elle prenait son parti beaucoup moins facilement qu'elle ne le disait (→ Agressivité, cit. 1).
20 Je m'agite, parce que je ne trouve point d'activité; je parle, afin de ne point penser; je m'anime, par stupeur. Je crois même que je plaisante : je ris de douleur, et l'on me trouve gai. Voilà qui va bien, disent-ils, il prend son parti. il faut que je le prenne, car je n'y pourrai plus tenir.
É. de Senancour, Oberman, XLVI.
21 Je trouve qu'en toutes ces décadences physiques les moindres sont les dissimulées. Aussi la perte de mes cheveux m'a-t-elle réellement embêté. Mon parti en est pris maintenant, Dieu merci, et je fais bien ! car d'ici à deux ans je ne sais s'il m'en restera de quoi même avoir un crâne.
Flaubert, Correspondance, 424, 7 septembre 1853.
♦ Littér. ☑ Parti pris : décision inflexible. || Il y eut hésitation (cit. 2), fluctuation…, personne n'avait de parti pris, d'idée arrêtée. || Le parti pris de faire du bien (→ Encontre, cit. 2), de n'attaquer personne (→ Inattaquable, cit. 5). || Agir de parti pris, par système.
22 C'était un parti pris, chez elle, de ne regarder jamais les vieillards et tous les êtres reconnus pour dire des choses tristes.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, VIII.
23 Ce qui apparaît le plus nettement dans une œuvre de maître, c'est la « volonté », le parti pris. Pas de flottement entre les modes d'exécution. Pas d'incertitude sur le but.
Valéry, Mélange, p. 163.
♦ Cour. Opinion préconçue, choix arbitraire. ⇒ Préjugé, prévention. || Un parti pris qui fausse la discussion. — Par ext. || Le parti pris, du parti pris : attitude d'esprit de celui qui a des opinions préconçues. || Sans parti pris politique (→ Français, cit. 10). || L'aveuglement et le parti pris (→ Anicroche, cit. 1). || Il y a trop de parti pris dans ses jugements. || Être de parti pris. ⇒ Exclusif, partial. Fam. || Avoir du parti pris, trop de parti pris. Par anal. || Le Parti pris des choses, œuvre de Francis Ponge.
24 Les écrivains des deux pays sont injustes les uns envers les autres : les Français cependant se rendent plus coupables à cet égard que les Allemands; ils jugent sans connaître ou n'examinent qu'avec un parti pris; les Allemands sont plus impartiaux.
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, I.
25 Balzac est de tous les auteurs contemporains celui auquel Sainte-Beuve témoigna le plus d'antipathie naturelle et de parti pris.
A. Billy, Sainte-Beuve, p. 233.
♦ Intention délibérée (dans un projet, une œuvre); disposition qui en résulte.
25.1 Comme l'appartement est bas de plafond, j'ai adopté un parti pris horizontal. — Vous avez bien fait. — Des lignes géométriques, des meubles en longueur.
H. Troyat, la Malandre, p. 278.
———
III
1 Vx. Détachement de soldats. ⇒ Bande (armée), corps (de troupes). || Partis de soldats rôdant pour piller (→ Logement, cit. 8). || Un parti d'Indiens (→ Hacienda, cit.).
26 (…) un parti des nôtres a été attiré dans une embuscade (…)
La Bruyère, les Caractères, X, 11.
27 Mon inexpérience m'égara dans les bois, et je fus pris par un parti de Muscogulges et de Siminoles (…)
Chateaubriand, Atala, Les chasseurs, p. 49.
28 Or Ney, dans le repli qui lui avait été ordonné, s'étant (…) heurté à un fort parti russe en marche vers l'Ouest, n'eut pas de peine à se rendre compte qu'il s'agissait là de l'avant-garde d'une considérable armée (…)
Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers Empire Occid., XX.
♦ (Déb. XVe). Mod. Groupe de personnes défendant la même opinion. ⇒ Camp, clan. || Ils étaient divisés en deux partis; le premier voulait que… (→ Équiper, cit. 2). || Les partis d'une petite ville (→ Apparence, cit. 45). || Le parti des honnêtes gens (→ Impliquer, cit. 7).
♦ ☑ Fig. Se mettre, se ranger du parti de quelqu'un, défendre à ses côtés la même opinion. ⇒ Côté (→ Suivre quelqu'un, se ranger sous le drapeau, l'étendard de…). — Par anal. || Se mettre du parti du cœur (→ Dépraver, cit. 6). || La Fortune est du parti des crimes (→ 1. Forfait, cit. 4).
♦ Cause (d'une ou de plusieurs personnes). ⇒ Cause. || Épouser, embrasser le parti de quelqu'un. || Prendre le parti de quelqu'un (→ 1. Balle, cit. 4). || Il a pris le parti des opprimés contre les oppresseurs (→ Prendre fait et cause pour). || Vous pouvez bien penser quel parti je sus prendre (→ Excuser, cit. 1; avertir, cit. 5). — Par ext. || Prendre le parti de la liberté. || Le bon parti (vx) : la bonne cause.
29 Je suivrai le bon parti jusqu'au feu, mais exclusivement si je puis.
Montaigne, Essais, III, I.
30 (…) quel parti prenez-vous dans la querelle des deux médecins Théophraste et Artémius ?
Molière, l'Amour médecin, II, 3.
2 Groupe organisé, association de personnes unies pour la défense d'intérêts, de buts communs. ⇒ (péj.) Brigue, cabale, chapelle, coterie, faction (cit. 2), ligue, secte… || Former un parti. || Entrer dans un parti. || Être du même parti. ⇒ Bord (du même). || Enrôler, admettre (cit. 3) quelqu'un dans un parti. || Se rallier à un parti. || Changer de parti (→ Retourner sa veste, tourner casaque). || Transfuge d'un parti. || La tête d'un parti. ⇒ Chef, coryphée, état-major. || Un homme de parti, qui pense, agit dans le seul intérêt de son parti. || Esprit de parti. ⇒ Esprit (cit. 180 et 181). || Intrigues (cit. 4) des partis et des ligues. || Partis en lutte, déchaînés l'un contre l'autre (→ 2. Entre, cit. 8). || Parti politique (→ ci-dessous, spécialt), parti religieux (→ Brûler, cit. 56; état, cit. 132), philosophique (→ Arracher, cit. 37).
31 L'homme de parti a besoin de croire qu'il a absolument raison, qu'il combat pour la sainte cause, que ceux qu'il a en face de lui sont des scélérats et des pervers.
Renan, l'Avenir de la science, Œ. compl., t. III, p. 1026.
32 Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.
Ch. Péguy, Notre jeunesse, p. 55.
33 (…) dans tous les pays, — dans tous les partis — les intellectuels ont le goût des dissidents. Adler contre Freud, Sorel contre Marx. Seulement, en politique, les dissidents, ce sont les exclus.
Malraux, l'Espoir, II, I, II, XII.
♦ Spécialt. Organisation politique dont les membres mènent une action commune pour donner (ou conserver) le pouvoir à une personne, à un groupe, pour faire triompher une idéologie. || Le parti des Armagnacs et celui des Bourguignons. || Le parti de la Fronde (3. Fronde, cit. 3). || Le parti des Girondins (→ Équilibrer, cit. 6). || Le parti boulangiste. || Parti carliste espagnol, nihiliste (cit. 2) russe. — Noms de partis. ⇒ Formation, mouvement, rassemblement, union… || Parti désigné par la personne, le groupe social qui doit exercer le pouvoir : parti monarchiste, royaliste, légitimiste (→ Influence, cit. 15). || Parti républicain, démocrate, populaire, ouvrier; parti national, patriotique (1789). || Parti militaire (→ 2. Mèche, cit. 1)… || Parti qualifié par sa politique : parti socialiste, communiste (cit. 3 et 4), travailliste, radical, social-démocrate, libéral, progressiste, révolutionnaire, conservateur, modéré (cit. 6), national, nationaliste; parti fasciste (→ Chef, cit. 18), nazi. Absolt. || Le parti : celui dont il est question, et (cour.), le parti communiste. || Il est au parti. || Bureau politique du parti.
33.1 Tous les partis, convenons-en, et même celui qu'on appelle le Parti, comme s'il demeurait le seul, paraissent avoir le nerf coupé.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 320.
33.2 Avait-il été inscrit au Parti ? Quelles années ? Quel était son répondant ?
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 93.
♦ Le parti du mouvement du progrès, de l'ordre… || Parti de droite, de gauche (cit. 16), du centre… || Partis extrêmes, extrémistes (→ Fumier, cit. 9; gage, cit. 15). || Parti considéré par rapport au Gouvernement : parti gouvernemental, de la majorité; parti d'opposition, les partis de l'opposition.
♦ Spécialt. (Qualifié). Se dit d'un parti spécifique, à l'époque et dans le pays du locuteur. || En France : le parti communiste (P. C.), socialiste (P. S.); les partis de la majorité, de l'opposition…
♦ Régime de parti unique. || Dictature d'un parti (→ Asservissement, cit. 3). || Système anglais, américain des deux partis (→ Exécutif, cit. 3). || Représentation des partis au parlement, à l'assemblée. ⇒ Groupe. || Liste (cit. 4) électorale d'un parti, présentée par un parti. || Voter pour tel parti. || Encadrement des électeurs et des élus par les partis (→ Opposition, cit. 12). || Triomphe, défaite, gains, pertes d'un parti aux élections. || Alliance, coalition de partis. ⇒ Front (cit. 34), cartel. || Parti international (→ Leurre, cit. 6). || Arbitre (cit. 9) entre les partis. || Le gouvernement au-dessus des partis (→ 1. Balance, cit. 17).
♦ Étiquette, couleur, insigne d'un parti. || Doctrine (→ Libertaire, cit. 2), ligne, slogan (→ Formule, cit. 14), déclaration (→ Führer, cit. 2), mots d'ordre, consignes d'un parti (→ Journal, cit. 12). || Publication qui est l'organe d'un parti. || Siège d'un parti. || S'inscrire, s'affilier (cit. 2), adhérer à un parti, entrer dans un parti, appartenir à un parti (→ Mêler, cit. 25), militer dans un parti. ⇒ Adhérent, membre, militant. || Cadre du parti. || Chef de parti. ⇒ Leader (cit. 1). → Gouvernant, cit. 1; humeur, cit. 6. || Les dirigeants, le secrétaire, l'appareil (les organes directeurs, administratifs) du parti. || Cellules, sections, fédérations (cit. 8) d'un parti. || Organisation, discipline d'un parti. || Congrès du parti. || Parti démocratique, autocratique. || Parti monolithique. || Être inféodé (cit. 3) à son parti. || Majorité, minorité, modérés (cit. 8), extrémistes d'un parti. || Orthodoxes, dissidents, séparatistes d'un parti. || Épuration (cit. 1) d'un parti. || Il a été exclu du parti. || Quitter son parti. ⇒ Défection. || Scission d'un parti.
34 Qu'est-ce que le gouvernement de la République ? Le gouvernement des partis, ou rien. Qu'est-ce qu'un parti ? Une division, un partage. Les « mots de la tribu » offrent souvent une contexture sacrée qui en contient, en conserve, en préserve le sens. Ici, il est limpide (…) Les idées des partis, les idées diviseuses ont, en République, des agents passionnés; mais l'idée unitaire, l'idée de la patrie n'y possède ni serviteur dévoué ni gardien armé.
Ch. Maurras, Mes idées politiques, Les partis, p. 188 et 190.
35 (…) elle ignorait ce que représentaient les étiquettes des partis : Républicain progressif, Socialiste indépendant, Gauche démocratique, qu'est-ce que tout cela voulait dire ?
Aragon, les Cloches de Bâle, II, XV.
36 (Dans les régimes de parti unique) le véritable centre d'impulsion politique est moins le gouvernement proprement dit que le comité directeur du parti. L'exemple de l'U. R. S. S. est ici très frappant, où le Politburo du parti communiste a beaucoup plus d'importance que le Conseil des ministres, et où Staline a dirigé pendant longtemps l'État sans autre titre officiel que celui de secrétaire général du parti.
Maurice Duverger, Manuel de droit constitutionnel, p. 160.
37 Parce que les partis sont nombreux, il n'est pas possible, en effet, que l'un deux possède la majorité dans le pays et au Parlement; force est donc de constituer des cabinets hétérogènes s'appuyant sur des majorités de coalition. Mais la discipline de chaque parti s'oppose alors à toute solidité véritable de coalition, à toute unité de vues réelle dans le gouvernement.
Maurice Duverger, Manuel de droit constitutionnel, p. 168.
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COMP. Antiparti, multipartisme, pluripartisme.
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3. parti, ie ou ite [paʀti, it] adj.
ÉTYM. V. 1210; de 2. partir.
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♦ Blason. || Écu parti : divisé de haut en bas en deux parties égales. Ellipt. || Parti d'or et de gueules. — Chausses parties, ou, n. m., partis.
0 Le jockey qui montait Théocrate VI portait une émouvante casaque partie de blanc et de vert (…)
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 35.
➪ tableau Termes de blason.
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COMP. Charte-partie, mi-parti, palmiparti.
Encyclopédie Universelle. 2012.