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abeille

abeille [ abɛj ] n. f.
XIIIe; provenç. abelha, lat. apicula
1Insecte social hyménoptère (apidés), dit mouche à miel, vivant en colonie ( essaim) et produisant la cire et le miel. Les trois castes des abeilles : abeille femelle travailleuse ( butineuse, ouvrière) , reproductrice ( reine ) ; abeille mâle (cf. Faux bourdon). Œufs d'abeille. couvain. Élevage d'abeilles. apiculture, ruche. Abeille solitaire. andrène, xylocope . Piqûre d'abeille (d'ouvrière),avec un aiguillon à venin. L'abeille bourdonne. Loc. fam. Avoir les abeilles : être agité, énervé (comme si on était tourmenté par un essaim). « J'ai les abeilles là hein ! Là ça va être ta fête ! » (Coluche).
2 ♦ NID(S) D'ABEILLES. nid.
3Insigne d'armoiries représentant cet insecte. Les abeilles impériales. « Filles de la lumière, abeilles, Envolez-vous de ce manteau ! » (Hugo).

abeille nom féminin (ancien provençal abelha, du latin apicula) Insecte hyménoptère social (apidé) dont certaines espèces sont l'objet d'un élevage (apiculture) pour la récolte du miel et de la cire élaborée par une colonie hébergée dans une ruche. Figure d'armoiries représentant cet insecte, qui tient la place des fleurs de lis dans l'héraldique impériale. ● abeille (citations) nom féminin (ancien provençal abelha, du latin apicula) Henri Michaux Namur 1899-Paris 1984 Le matin, quand on est abeille, pas d'histoires, faut aller butiner. Tranches de savoir Cercle des Arts Hippolyte Adolphe Taine Vouziers 1828-Paris 1893 Académie française, 1878 On peut considérer l'homme comme un animal d'espèce supérieure qui produit des philosophies et des poèmes à peu près comme les vers à soie font leurs cocons et comme les abeilles font leurs ruches. La Fontaine et ses Fables, Préface Isocrate Athènes 436-Athènes 338 avant J.-C. Nous voyons l'abeille se poser sur toutes les plantes et tirer de chacune le meilleur. À Démonicos, 52 (traduction Mathieu et Brémond)

abeille
n. f. Insecte hyménoptère aculéate qui vit en société et produit le miel et la cire. L'abeille symbolise le travail. Syn. (Acadie, France rég., Guad., Louisiane) mouche à miel.
|| Nid d'abeilles: V. nid.
|| Abeille tueuse: abeille née, en Amérique du Sud, du croisement entre abeilles indigènes et abeilles africaines (elle tue les autres abeilles et se montre dangereuse pour l'homme).
Encycl. La principale espèce sociale est l'abeille mellifique ou domestique. La société des abeilles comprend plusieurs castes: la reine (long.: 20 mm), dont l'unique fonction est de pondre; les mâles (faux-bourdons), qui assurent la reproduction lors du vol nuptial de la reine; les ouvrières (long.: 15 mm), chargées de nourrir les larves, de nettoyer la ruche, de collecter le pollen et le nectar des fleurs pour en faire le miel, et dont l'abdomen est terminé par un aiguillon venimeux. La piqûre d'abeille est en général sans gravité, sauf au niveau de la bouche et du pharynx, un oedème de la glotte pouvant provoquer l'asphyxie.

⇒ABEILLE, subst. fém.
Insecte hyménoptère vivant en colonie et produisant la cire et le miel.
A.— ENTOMOL. et lang. commune :
1. Dans le calice d'une fleur
La guêpe un jour voyant l'abeille,
S'approche en l'appelant sa sœur.
J.-P.-C. DE FLORIAN, Fables, La Guêpe et l'abeille, 1792, p. 190.
2. C'est parmi les hyménoptères que se trouvent les insectes les plus industrieux, et notamment les abeilles.
G. CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, 1805, p. 87.
3. La raison est abeille, et l'on n'exige d'elle que son produit; son utilité lui tient lieu de beauté. Mais l'esprit n'est qu'un papillon, et un esprit sans agrément est comme un papillon sans couleurs : il ne cause aucun plaisir.
J. JOUBERT, Pensées, 1824, p. 165.
4. Lorsque sous la colline, au creux de la prairie,
Je puis errer enfin, tout à ma rêverie,
Comme loin des frelons une abeille à son miel,
Et que je suis bien seul en face d'un beau ciel;
Alors...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Poésies, Promenade, 1829, p. 78.
5. Chaque flot du temps superpose son alluvion, chaque race dépose sa couche sur le monument, chaque individu apporte sa pierre. Ainsi font les castors, ainsi font les abeilles, ainsi font les hommes. Le grand symbole de l'architecture, Babel, est une ruche.
V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 132.
6. Ces animaux apprivoisés avaient l'air de lui faire cortège et de comprendre son amitié pour eux. Je n'aurais pas été étonné de le voir suivre par les abeilles et par les insectes de l'enclos.
A. DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, p. 443.
7. Ni l'araignée, hydre étoilée,
Au centre du mal se tenant,
Ni l'abeille, lumière ailée,
Ni la fleur, parfum rayonnant;
Ni l'arbre où sur l'écorce dure
L'amant grave un chiffre d'un jour,
Que les ans font croître à mesure
Qu'ils font décroître son amour.
V. HUGO, Les Contemplations, Magnitudo parvi, 1856, p. 317.
8. La solidarité profonde, merveilleuse, qui existe dans les insectes supérieurs (abeilles, fourmis, etc.), ne se trouve point chez les oiseaux. Les bandes y sont communes, mais les vraies républiques, rares.
J. MICHELET, L'Oiseau, 1856, p. 291.
9. Puis comme elle avait fait la veille,
Au joug du labeur se mettant,
Cigale en même temps qu'abeille,
Elle travaillait en chantant.
H. MURGER, Les Nuits d'hiver, Marguerite, 1861, p. 84.
10. Le fait est que les anglaises sont d'adorables filles. Cette blondeur douce (...); cette taille si harmonieusement grecque : non pas une taille d'abeille prétentieuse, mais une taille d'ange qui reploierait ses ailes sous son corsage!
S. MALLARMÉ, Correspondance, 1862, p. 27.
11. Dans l'exemple qui nous occupe, la nature veut donc, en vue de la fécondation croisée, que l'accouplement du faux bourdon et de la reine abeille ne soit possible qu'en plein ciel.
M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 225.
12. Les bourdons, ces grosses abeilles velues, sonores, effrayantes mais pacifiques et que nous connaissons tous, sont d'abord solitaires.
M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901 p. 287.
13. Mais que ne devrait pas savoir le petit scarabée dont on a si souvent raconté l'histoire, le sitaris? Ce coléoptère dépose ses œufs à l'entrée des galeries souterraines que creuse une espèce d'abeille, l'antophore.
H. BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, p. 147.
14. Ainsi, l'étude comparative qu'on a faite, dans ces dernières années, de l'instinct social chez les diverses apides établit que l'instinct des méliponines est intermédiaire, quant à la complexité, entre la tendance encore rudimentaire des bombines et la science consommée de nos abeilles :pourtant entre les abeilles et les méliponines il ne peut pas y avoir un rapport de filiation.
H. BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907 p. 172.
15. La meilleure abeille ed' not' jardin, ça n'est plus rien qu'un' mouche sitôt qu'elle a perdu sa ruche ...
R. MARTIN DU GARD, La Gonfle, 1928, III, 1, p. 1217.
16. Des avions ronflent dans le ciel, comme des abeilles.
P. MORAND, Londres, 1933, p. 137.
17. Si « l'architecte le plus malhabile se distingue de l'abeille la plus experte en ce qu'il porte d'abord la maison dans sa tête », tandis que l'abeille ne construit sa ruche que dans une suite de moments extérieurs les uns aux autres, c'est que la présence de la triple extériorité du temps dans le projet humain du travail en fait une extase ...
J. VUILLEMIN, L'Être et le travail, 1949, p. 22.
Rem. 1. Le mot abeille fonctionne gén. en oppos. avec des noms d'anim. (cf. ex. 5), des noms d'insectes (cf. ex. 1, 3, 4, 9, 11, 12, 15) ou encore avec des termes gén. (ex. 2, 6, 8) et des noms sc. (ex. 13, 14), abeille étant un terme intermédiaire entre hyménoptère (plus gén.) et anthophore (plus part.). 2. Abeille est en oppos. avec les noms d'êtres ou de choses avec lesquels elle présente des points communs : petitesse, bruit, mode de vie, supériorité, etc.; d'où des compar. fréquentes chez de nombreux aut. entre l'abeille, l'homme et l'univers. 3. Aucune attest., dans la docum., des synon. traditionnels relevés par les dict. des synon. et appartenant à des niveaux de lang. différents : mouche à miel (cour. et pop.), avette (vieilli et dial.), apis (sc.). 4. Dans l'ex. 3 abeille, sans art., prend une valeur de qualificatif.
— Assoc. syntagm.
Syntagmes les plus fréquents
a) Verbes dont abeilles(s) est le suj. :
bourdonner (É. ZOLA, Une page d'amour, 1878, p. 1077)
butiner (A. GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, p. 189)
travailler (H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 96) cf. aussi ex. 9
voler (M. DESBORDES-VALMORE, Œuvres poétiques, 1833, p. 6)
chanter (R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1565)
ronfler (H. POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 148); cf. aussi ex. 30
b) Adj. constr. avec abeille :
domestique (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 139)
petite (J. GREEN, Journal, Les Pays lointains, 1928-1930, p. 294)
sauvage (J.-R. BLOCH, Destin du siècle, Seconds essais pour mieux comprendre mon temps, 1931, p. 35)
prompte (Ch.-M. LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1874, p. 169)
travailleuse (P. REIDER, Mademoiselle Vallantin, 1862, p. 45)
laborieuse (F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 586)
infatigable (L.-C. DE SAINT-MARTIN, L'Homme de désir, 1790, p. 315)
experte (J. VUILLEMIN, L'Être et le travail, 1949, p. 22)
matinale (A. DE LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 990)
joyeuse (V. HUGO, Les Feuilles d'automne, 1831, p. 792)
blonde (Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 162)
c) Subst. associés à abeille :
ruche (P. VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, p. 205)
miel (A. DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 38); cf. aussi ex. 4
nectar (A. CHÉNIER, , 1794, p. 257)
bourdonnement (H. BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 89)
murmure (A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 174)
bruit (Ch. GUÉRIN, Le Cœur solitaire, 1904, p. 70)
activité (J. MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 300)
essaim (R. MARAN, Batouala, 1921, p. 176); cf. aussi ex. 31
cellule (E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 428)
rayon (A. DE LAMARTINE, Harmonies poétiques et religieuses, 1830, p. 385)
colonie (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 117)
élevage (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 1)
éleveur (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 30)
2. Il a paru intéressant de relever qq. syntagmes rares rencontrés dans la docum.
a) Sexe :
la mère-abeille (J. MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 320)
l'abeille-mère (J. DE PESQUIDOUX, Chez nous, t. 2, 1923, p. 38)
la reine abeille (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 156)
une abeille-reine (H. POURRAT, Gaspard des montagnes, A la belle bergère, 1925, p. 250)
roi des abeilles (J. BARBEY D'AUREVILLY, Premier mémorandum, 1838, p. 161)
jeune roi d'abeilles (P. CLAUDEL, La Ville, 1re version, 1893, p. 408)
b) Qualités phys. de l'abeille :
mielleuse abeille (A. CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 303)
cuivrer une abeille (J. BARBEY D'AUREVILLY, Premier mémorandum, 1838, p. 208)
couper une abeille en deux (Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Mes Poisons, 1869, p. 101)
abeille camuse (Ch.-M. LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1874, p. 231)
abeilles de phosphore (SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 292)
la taille d'une abeille (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 68)
abeilles jaunes,... (A. FRANCE, Sur la pierre blanche, 1905, p. 208)
c) Qualités mor. de l'abeille. — Le mot abeille est accompagné dans la plupart des textes d'épithètes à valeur laud. (gén. abeille laborieuse, active, rapide, prévoyante, etc.). Il a semblé intéressant de noter les ex. dans lesquels les qualificatifs attribués à l'insecte sont dépréc. :
perfide abeille (H. DE BALZAC, Correspondance, 1832, p. 144)
abeille prétentieuse (S. MALLARMÉ, Correspondance, 1871, p. 27)
abeilles ténébreuses (V. HUGO, Les Misérables, 1862, p. 410)
abeille importune, imprudente (R. DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, p. 291)
insensible abeille (COLETTE, L'Envers du Music-hall, 1913, p. 77)
d) Activité ou organ. :
l'abeille picore (Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Poésies, 1829, p. 104)
maîtresses-abeilles (J. MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 332)
abeilles qui taraudent leur nid (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 284)
les abeilles nidifient (J. DE GAULTIER, Le Bovarysme, 1902, p. 143)
des abeilles qui mellifient (M. BARRÈS, Colette Baudoche, 1909, p. 146)
vrombissement d'abeilles (M. GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 313)
zonzonnement des abeilles (F. FOCH, Mémoires, t. 1, 1929, p. 52)
unités abeilles (P.-J. PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété?, 1840, p. 319)
la monarchie des abeilles (L. MENARD, Rêveries d'un paien mystique, 1876, p. 142)
une république d'abeilles (A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 414)
e) L'abeille et ses relations :
En relation avec les plantes :
ophris-abeille (G. DUHAMEL, Chroniques des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 159)
arbres à abeilles (J. DE CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, 1801, p. 46)
Espèces d'abeilles :
abeille arcture (G. APOLLINAIRE, Alcools, 1913, p. 137)
abeilles coupeuses de feuilles (G. CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, 1805, p. 316)
En relation avec l'être humain :
femme abeille (V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 296)
charmeur d'abeilles (L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 218)
chasseur d'abeilles (Ch. GUÉRIN, Le Cœur solitaire, 1904, p. 177)
au magasin des abeilles (A. GIDE, Souvenirs de la Cour d'Assises, 1913, p. 649)
Espace et temps :
à vol d'abeille (J. VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 186)
en ligne d'abeille (A. FRANCE, Balthazar, 1889, p. 180)
une ligne d'abeille (J. GREEN, Journal, 1935, p. 141); ligne d'abeille est la trad. littérale et fautive de l'américanisme bee-line « route la plus courte pour se diriger d'un point à l'autre »; faute de Baudelaire dans ses trad. d'E. Poë
un temps d'abeilles (G. BATAILLE, Maman Colibri, 1904, p. 15) « très beau temps permettant aux abeilles de sortir de la ruche »
Astres :
abeilles-comètes (V. HUGO, La Légende des siècles, 1859, p. 908)
Rem. JOURNET-PETIT 1966 remarquent que abeille est ,,souvent empl. en vers et surtout dans la poésie descriptive, parce que les travaux et les mœurs des abeilles offrent des compar. gracieuses (cf. BESCH. 1845 qui donne de nombreux ex.)``.
B.— Au fig.
1. Écrivain au style pur comme le miel (cf. hist.) :
18. ... la Cyropédie me paraît être, à peu de chose près, le vrai modèle des romans historiques. Je dis à peu de chose près, parce que les endroits où la narration m'y semble déparée par des détails minutieux, ou par un badinage de mauvais goût, sont rares, et peut-être même ennoblis dans le texte par le choix exquis, la douceur, la pureté du style de celui que les Grecs appelaient l'abeille.
J.-F. MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, p. 351.
19. D'Andilly, par la façon heureuse dont il enchaîne et assortit ces simples histoires, en peut être dit le Rollin et enchante comme lui : c'est l'abeille des déserts.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 280.
20. C'est l'abeille de la France. Un tel éloge, dans la bouche de Montesquieu, à l'égard de Rollin, ressemble à une noble et bonne action, et mouille vraiment les yeux de larmes.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 545.
2. Terme d'affection, de tendresse pour désigner une pers. :
ma pauvre abeille (J.-P. SARTRE, Les Mains sales, 1948, p. 60)
ma petite abeille (J.-P. SARTRE, Les Mains sales, 1948, p. 116)
ma petite pauvre abeille (J.-P. SARTRE, Les Mains sales, 1948, p. 134)
C.— Emplois techn.
1. [Par réf. à la forme de l'insecte]
a) ASTRON. Constellation australe appelée aussi mouche indienne (Trév. et LITTRÉ).
b) BRODERIE. Point d'arrêt en forme d'abeille stylisée ,,Broderie plate, faite avec un cordonnet de soie. Sa forme et la disposition des brins de cordonnet lui donnent l'aspect schématique de l'abeille.`` (Vie Lang. 1966, n° 169, p. 226) :
21. Un autre [smoking] a ses découpes, le coin de ses poches marqué d'une « abeille » brodée [chez le couturier O' Rossen].
Art. Mode, L'Œuvre, 31 mars 1941.
c) HÉRALD. (cf. hist. B 2) :
22. En 1817, dans les contre-allées de ce même champ de Mars, on apercevait de gros cylindres de bois, gisant sous la pluie, pourrissant dans l'herbe, peints en bleu avec des traces d'aigles et d'abeilles dédorées. C'étaient les colonnes qui, deux ans auparavant, avaient soutenu l'estrade de l'empereur au champ de Mai.
V. HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 144.
d) JOAILL. Dans l'expr. épingle-abeille :
23. 25 samedi. Noël. Point d'Institut. Extrait Élie Benoit, rendu le manuscrit à M. Haag; puis, au Palais-Royal, cherché une épingle-abeille pour ma femme.
J. MICHELET, Journal, 1858, p. 449.
Assoc. syntagm. :
abeilles d'or (A. BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, p. 224; H. DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1848, p. 8; F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 547)
semé(e) d'abeilles (É. ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 275)
var. : parsemé d'abeilles (en or) (L.-F. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 161)
semis d'abeilles (Mme DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847, p. 120)
2. Nid d'abeilles [Par réf. à la forme des alvéoles construites par les abeilles et dont l'ensemble forme un nid d'abeilles]
a) AUTOM. et AVIAT. Radiateur en nids d'abeilles :
24. (les) Radiateurs en « nids d'abeilles » ... sont des radiateurs à tubes d'air accolés par soudure à leur extrémité, ...
J. GUILLEMIN, Précis de construction, et essais des avions et hydravions, 1929, p. 214.
b) COUTURE ou INDUSTR. DU TEXTILE. Pour désigner un ornement en forme de nids d'abeilles (appelé aussi smock) obtenu par le travail du tissu : tissu, serviettes en nids d'abeilles.
3. [Par réf. aux mouvements de l'abeille, et peut-être à la danse qu'elle effectue pour communiquer des inform. à ses compagnes] Nom d'une danse égyptienne, réputée lascive :
25. Un jour que le vent fraîchissant enflait les voiles et que les matelots chantaient en jouant du darabouk autour de l'un d'eux qui dansait l'abeille, j'entendis de grandes clameurs sortir des eaux.
M. DU CAMP, Le Nil, Égypte et Nubie, 1854, p. 105.
26. Nous obtenons la danse de l'abeille, purement inepte!
E. FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, p. 107.
4. [Par réf. au sifflement des ailes d'un essaim en vol. Dans le lang. pop.] Balle, éclat d'obus :
27. Plus perfides que les sifflements d'obus, les abeilles nous passent au-dessus de la tête, mais lui-même ne se presse nullement.
H. BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 63.
Rem. 1. Cf. le rapprochement abeilles et balles :
28. Aussi la laissa-t-il au fond du jardin, assise par terre en plein soleil, devant une ruche dont les abeilles ronflaient comme des balles d'or sur son cou, le long de ses bras nus, dans ses cheveux, sans la piquer.
É. ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1271.
29. Parfois les balles nous accompagnaient comme un essaim d'abeilles et l'eau semblait prolonger leur plainte.
H. BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 45.
(Emploi enregistré ds ESN. Poilu, 1919. Cf. hist. B 8 et 9).
2. Par réf. à l'activité de l'abeille, le mot est devenu nom propre de sociétés, de journaux, etc. :
30. 26 lundi. Remercié M. Chennevières de son article dans l'Abeille.
J. MICHELET, Journal, 1857, p. 362.
31. De cet instant la guerre fut déclarée, Bar prenant partie pour l'Abeille, Commercy se rangeant tout entier sous les étendards de la Mouche; les deux journaux semaient la haine et l'incendie aux quatre coins du département, ...
G. COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 226.
Cf. en outre, comme noms de journaux :
l'Abeille de la Nouvelle-Orléans (V. Hugo, Correspondance, 1866, p. 256).
l'Abeille d'Étampes (H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 190).
Stylistique — Le commentaire styl. le plus pertinent est fourni par le tabl., except. riche des assosc. syntagm., qui révèlent notamment l'utilisation fréquemment symbolique du n. de l'abeille, gén. en bonne part, mais aussi, quoique plus rarement, en mauvaise part (manquent cependant des qualificatifs comme paresseuse).
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. Enq. :/ /. 2. Dér. et composés : abeillage subst. masc., abeillé(e) adj., abeiller subst. masc., abeillère adj. fém. 3. Hist. — FÉR. 1768, GATTEL 1841, NOD. 1847, FÉL. 1851 et LITTRÉ recommandent encore la prononc. de ce mot avec l mouillé, alors que LAND. dès 1834 et BESCH. 1845 acceptent le yod, la prononc. indiquée par BESCH. étant déjà la prononc. mod.
Étymol. — Corresp. rom. : a. prov., port. abelha; ital. pecchia; esp. abeja; cat. abella.
1re moitié XIVe s. « insecte qui produit le miel et la cire » (Établ. de St Louis, appendice, éd. P. Viollet, t. II, 488, n. 36, ms. I : de mouchees. I. [id est] abueilles pardues et de leur sorte, sete, sans perdre; local. : centre de la France); 1352 (Gloss. lat.-gall. ex. cod. reg. 4120 ds DU CANGE s.v. abeilla : alveolus [ruche] = abeles).
Empr. de l'a. prov. abelha « id. » dep. 1268 (Livre de Sydrac, fol. 117 ds RAYN.), du lat. apicula, cf. sup. ital. et lang. hisp. (lat. apicula « abeille », du domaine prov., continuation du lat. apicula, Plaute, ou, strate rom. superposée à un sous-sol apis, voir Meyer-L. ds Lit. Blatt, XL, n° 11-12, pp. 371-386 et Jud ds Arch. St. n. Spr., CXXVII, 1911, 419-421). La répartition des types dans le domaine gallo-rom., établie par Gilliéron (Généalogie des mots qui désignent l'abeille et Pathologie et thérapeutique verbales) reflète les réactions opposées aux collisions homon. subies par les représentants du lat. apis, du type a. fr. ef (puis é), plur. es (dep. début XIIe s. Ps. d'Oxford, éd. Fr. Michel, 117, 12 ds T.-L.) s.v. es :Avirunerent mei sicume es, [circumdederunt me sicut apes] (cf. vegl. guop, ital. ape, log. abe, frioul. af, gröd. eva). S'étendant d'abord à toute la France septentr., l'emploi de ef se limite à la Flandre fr. (CORBLET : ès « abeille ») et à une partie des îles anglo-norm. (plus l'estuaire de la Gironde dans domaine d'oc). Ef est remplacé en fr. par mouchette (demeuré en lorr. cf. ZÉLIQZON, Dict. pat. rom. Moselle, mohhate « abeille ouvrière », et en fr.-comtois, cf. MONNIER, Vocab. ... Séquanie, Mouchetè, s. f. « Abeilles, petites mouches » Montagnes du Doubs et CONTEJEAN, Gloss. Montbéliard, Môtchotte « abeille »), attesté en Lorraine dep. févr. 1291 (Coll. de Lorr., Not. des mss., XXVIII, 224 ds GDF. s.v. troigh : troigh de mouxates « essaim d'abeilles »). Mouchette serait issu de mouche-ep (Gilliéron) (ep par influence de guêpe sur é, FEW; par latinisation de é d'apr. apis, E. Gamillscheg, Z. rom. Philol., XLIII, 529), hyp. controversée par Jaberg (Rom. 46, 121 : mouchette, dimin. de mouche). Mouchette aurait eu ensuite pour successeurs mouche à miel (attesté dep. 1422, dans la lang. litt. : ALAIN CHARTIER, Quadrilogue invectif ds LITTRÉ s.v. essaim :Les mouches à miel, qui chascune en leur exain ... et dominant encore dans les dial. septentr., cf. CORBLET : mouches « mouches à miel ») puis abeille par l'intermédiaire de mouche-abeille (Gilliéron; contesté par Meyer-L., op cit.). — Abeille l'emporte sur son concurrent momentané avette (dimin. de af, ef), formé en Anjou. (Cf. RONSARD, Odes, II, 7 ds HUG. : Et du miel tel qu'en Hymette, La desrobe-fleur avette Remplit ses douces maisons). Forme rég. représentée par fr.-prov. aveille (dep. XIVe s. ds DU CANGE s.v. avillarium; voir Terracher ds Mél. Thomas, 1927, pp. 445-446). Répartition types apis, apiarium, apicula dans la Romania, voir JUD., Op. cit.
HISTORIQUE
I.— Pas de sens disparus av. 1789.
II.— Hist. des sens attestés apr. 1789. — A.— Sém. A I — 1. Accept. 1, grande stab. dep. la 1re moitié du XIVe s. cf. étymol. et aussi : 2e moitié du XIVe s. : Que toutes les aboilles qui seront trouvees en la forest de Nichier seront a madame. Tit. de la mais. de Sully [1369], (Gdf.). XVe s. : Le suppliant et Colin Vallee trouverent une bezanne d'abeulles, la leverent, et en prirent tout le couppeau et miel de dedans. A. N. JJ 190, pièce 69 [1460], (Gdf.). XVIe s. : Dessus cest arbre par moult grandes merveilles se posa lors une turbe d'abeilles. OCT. DE SAINCT-GELAYS, VIIe liv. de l'Énéide [1540], 60 v°., (Quem). XVIIe s. : Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille? BOIL., Sat., Le départ du poète, 1966, (Rob.). XVIIIe s. : Qu'importe au genre humain que quelques frelons pillent le miel de quelques abeilles VOLT., Lett. 30/8/1755, (DG). 2. Accept. 2, le 1er sens fig., ,,par allusion à la douceur du miel``, est mentionné pour la 1re fois ds FUR. 1701 : Abeille, se dit quelquefois figurément de ceux qui parlent, ou qui écrivent élégamment. Xénophon a été la Muse et l'Abeille Athénienne, à cause de la douceur de son stile. MLE SC. Les ex. de l'art. sém. montrent que le mot d'abord devenu nom propre qualificatif (« surnom ») est devenu ensuite chez qq. auteurs un nom commun à valeur symbolique désignant une catégorie d'écrivains. Le sens fig., terme d'affection, n'est apparu qu'au XXe s. (cf. sém. B 2). B.— Sém. B (technol.). — A partir du XVIIIe s. apparaît une série de sens techn. (les uns p. anal. avec la forme de l'insecte ou de son alvéole, les autres par référence aux diverses qualités de l'abeille); ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur apparition. 1. Astronomie : Abeille est l'une des douze constellations australes qui ont été observées par les modernes depuis les grandes navigations. Oz. FUR. 1701. 2. Héraldique : Abeille, symbole de l'autorité impériale. Ac. Compl. 1842. — Rem. On sait que l'abeille, symbole du travail, fut adoptée comme emblème par Napoléon Ier (qui voulait aussi rattacher par là la dynastie qu'il venait de fonder à la première qui eut régné sur la France, l'abeille ayant déjà été l'emblème des Mérovingiens). 3. Titre de sociétés et de périodiques : MICH., Journal, 1857, (cf. sém.). 4. Joaillerie : épingle-abeille, attesté en 1858 (cf. sém.); abeille continue à s'employer au XXe s. (Ph. HÉRIAT, Les enfants gâtés, 1939, IV, 3). 5. Danse : Pas de l'abeille, danse lascive de l'Égypte. LA CHÂTRE 1865. 6. Text. dans l'expr. tissu ou serviette nid(s)-d'abeilles que le DG définit ainsi : ,,Travail d'un tissu qui ressemble aux cellules d'une ruche.`` 7. Autom., aviat., abeille appliqué à ces techniques (début du XXe s.?) n'est empl. que dans l'expr. radiateur en nids d'abeilles (cf. sém.). 8. Arg., « fille galante » (BRUANT 1901). 9. Milit. « petit éclat d'obus », ESN. Poilu 1919. 11. Ébénisterie, apparaît ds Lar. 20e : Bois d'abeille, nom donné à un bois dur, très apprécié en ébénisterie, et qui provient de la Guyane, des Indes et des Iles de la Sonde. — Rem. Pour la répartition géogr. des appellations de l'abeille, cf. les travaux de Gilliéron et FEW s.v. apicula et musca.
STAT. — Fréq. abs. litt. :1 513. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 1 524, b) 2 421; XXe s. : a) 3 590, b) 1 676.
BBG. — ALEX. 1768. — BOUILLET 1859. — BRARD 1838. — Comm. 1837-92. — GILLIÉRON (J.). Généalogie des mots qui désignent l'abeille d'après l'Atlas linguistique de la France. Paris, 1918 [Cr. JABERG (K.). Romania. 1920, t. 46, p. 121-135; MEYER-LÜBKE (W.). Literaturblatt fur germanische und romanische Philologie. 1919, t. 40, n° 11/12, p. 371-380]. — GILLIÉRON (J.). Pathologie et thérapeutique verbales. Paris, 1921. — Gramm. 1789. — GRANDM. 1852. — LAFON 1963. — LAVEDAN 1964. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — NYSTEN 1814-20. — PIÉRON 1963. — POKORNY (J.). Zum Keltischen Bienenwort. Z. rom. Philol. 1963, t. 79, p. 526-527. — PRIVAT-FOC. 1870. — RÉAU-ROND. 1951. — TERRACHER (A.). Aveille (apicula à Paris?) In :[Mélanges Thomas (A.)]. Paris, 1927, p. 345-458.

abeille [abɛj] n. f.
ÉTYM. 1500; abueille, déb. XIVe; anc. provençal abelha, du lat. apicula, dimin. de apis.
A Cour.
1 Insecte hyménoptère social (Apidés ou Apiaires) vivant en colonie ( Essaim; ruche), produisant la cire et le miel; spécialt, l'abeille dite mellifique (Apis mellifica). Syn. (vx ou régional) : Avette, mouche (à miel). || Abeille femelle stérile ( Ouvrière), reproductrice ( Reine); abeille mâle (ou faux bourdon). || Antennes, labre, trompe d'une abeille. || Thorax à 3 paires de pattes et 2 paires d'ailes des abeilles. || Brosses, corbeilles d'une patte d'abeille. || Dard, aiguillon d'une abeille. || L'abeille, insecte aculé.Cellule d'abeille. Alvéole, cellule; opercule. || Œufs d'abeille. Couvain. || Élevage des abeilles. Apiculture, ruche (cit. 1). || Production des abeilles. Cire, miel; gâteau, gaufre.La loque, maladie des abeilles.Abeille sauvage. || Pain d'abeille : pollen mêlé de miel, nourriture des larves et des nymphes, des futurs mâles et des ouvrières.Peloton d'abeilles : essaim accroché à une branche d'arbre.Les abeilles bourdonnent, butinent (cit. 1.1, 1.2), travaillent, volent. || Se faire piquer par une abeille. || Piqûre d'abeille (ouvrière), avec l'aiguillon à venin.La danse frétillante des abeilles : ensemble de mouvements exécutés sur un rayon par une butineuse de retour à la ruche pour renseigner les autres abeilles sur la direction et la distance du butin. || Le langage des abeilles, ce mode de communication. Collectivement : || l'abeille mellifique, l'abeille commune (cet emploi appartient plutôt au langage scientifique).
1 Les colonies de l'abeille commune comprennent une femelle pondeuse ou reine, quelques centaines de mâles ou faux bourdons et des milliers d'ouvrières ou femelles stériles.
Omnium agricole, p. 3.
2 (L'abeille) se rend à la ruche, y dégorge son butin dans l'une des cellules du grenier.
Maeterlinck, la Vie des abeilles, p. 122.
3 Les abeilles donnent le miel et la cire odorante à l'homme qui les soigne.
Maeterlinck, la Vie des abeilles, p. 58.
4 (…) les grands épisodes de la vie des abeilles, à savoir : la formation et le départ de l'essaim, la fondation de la cité nouvelle, la naissance, les combats et le vol nuptial des jeunes reines, le massacre des mâles et le retour du sommeil de l'hiver.
Maeterlinck, la Vie des abeilles, p. 24.
5 (L'esprit de la ruche) règle le travail de chacune des ouvrières. Selon leur âge, il distribue leur besogne aux nourrices qui soignent les larves et les nymphes, aux dames d'honneur qui pourvoient à l'entretien de la reine et ne la perdent pas de vue, aux ventileuses qui du battement de leurs ailes aèrent, rafraîchissent ou réchauffent la ruche, et hâtent l'évaporation du miel trop chargé d'eau, aux architectes, aux maçons, aux cirières, aux sculpteuses qui font la chaîne et bâtissent les rayons, aux butineuses qui vont chercher dans la campagne le nectar des fleurs qui deviendra le miel, le pollen qui est la nourriture des larves et des nymphes, la propolis qui sert à calfeutrer et à consolider les édifices de la cité, l'eau et le sel nécessaires à la jeunesse de la nation. Il impose leur tâche aux chimistes, qui assurent la conservation du miel en y instillant à l'aide de leur dard une goutte d'acide formique, aux operculeuses qui scellent les alvéoles dont le trésor est mûr, aux balayeuses qui maintiennent la propreté méticuleuse des rues et des places publiques, aux nécrophores qui emportent au loin les cadavres, aux amazones du corps de garde qui veillent nuit et jour à la sécurité du seuil (…)
Maeterlinck, la Vie des abeilles, p. 37.
6 Ninon, quand vous riez, vous savez qu'une abeille
Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille.
A. de Musset, Poésies, « À Ninon ».
tableau Classification des insectes.
(Collectif). || L'abeille, emblème de l'activité.Industrieux, laborieux comme une abeille. || Léger, actif comme une abeille.REM. Le nom de l'abeille est associé à de nombreux adjectifs à valeur laudative qui en font le symbole de l'activité ordonnée et féconde (→ Ruche, cit. 2, Hugo). Ces valeurs sont exploitées dans les comparaisons et les métaphores :
7 Je trouvai un petit vieux frétillant, sec, tout en nerfs, alerte et gai comme une abeille.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, III, p. 189.
8 C'étaient des abeilles au corselet brillant, ces précieuses (du XVIIe siècle) qui fécondaient les fleurs du savoir.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, p. 167.
9 Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile,
Aller piller le miel que l'abeille distille ?
Boileau, Satires, I, « Le départ du poète ».
10 (…) Je soutiens
Qu'il faut de tout aux entretiens : (…)
Sur différentes fleurs l'abeille s'y repose,
Et fait du miel de toute chose.
La Fontaine, Fables, IX, 20.
11 Et, semblable à l'abeille en nos jardins éclose,
De différentes fleurs j'assemble et je compose
Le miel que je produis.
J.-B. Rousseau, Ode au C. de Luc, in Littré.
12 (…) C'était toutefois sans s'arrêter trop longtemps à une même matière, voltigeant de propos en autre, comme des abeilles qui rencontreraient en leur chemin diverses sortes de fleurs.
La Fontaine, Psyché, I.
13 Je suis chose légère et semblable aux abeilles,
À qui le bon Platon compara nos merveilles.
La Fontaine, Épître à Huet, in Littré.
14 Le plus chétif objet suffit pour me changer en abeille et me faire voltiger çà et là avec un plaisir toujours nouveau.
A. de Musset, Fantasio, I, 2.
15 Je ne suis pas comme l'abeille butineuse qui s'en va sucer le miel d'une fleur, puis d'une autre fleur.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 73.
Mythol. || Les abeilles, filles d'Aristée.
Loc. (d'après l'angl.). À vol, en ligne d'abeille : en ligne droite, à vol d'oiseau.
16 La distance qui sépare le fort Kearney d'Omaha est, en droite ligne — à vol d'abeille, comme disent les Américains —, de deux cents milles au plus.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 282 (1873).
Loc. fam. Avoir les abeilles : être agité, énervé (comme si on était tourmenté par un essaim).
2 Représentation de cet insecte en héraldique. || Les abeilles impériales. || Abeilles d'or. || Semis d'abeilles.
17 Filles de la lumière, abeilles,
Envolez-vous de ce manteau !
Hugo, les Châtiments, V, III.
REM. Il s'agit ici des abeilles emblématiques du manteau impérial que « Napoléon le Petit » (Napoléon III) n'est pas digne de revêtir.
tableau Termes de blason.
3 Fig. || Nid(s) d'abeilles. Nid.
B N. f. pl. Didact. (zool.). || Les abeilles : super-famille d'insectes hyménoptères apocrites (appelée aussi Apoïdés ou Apoïdes) récoltant le pollen et le nectar. || Abeilles inférieures, solitaires (bien que certaines espèces manifestent des tendances sociales). || Abeilles supérieures, pour la plupart sociales, parmi lesquelles les Apidés supérieurs (bourdon, mélipone et abeille proprement dite) sont tous sociaux et producteurs de cire; seules les espèces du genre Apis construisent des rayons verticaux en cire pure.Au sing. || Une abeille : un individu ou un ensemble d'individus appartenant à cette super-famille. || Observer la danse d'une abeille. || Le bourdon est une abeille (ou : les bourdons sont des abeilles).
DÉR. Abeillage, abeiller.

Encyclopédie Universelle. 2012.