acide [ asid ] adj. et n. m.
• 1545; lat. acidus
I ♦ Adj.
1 ♦ Qui est piquant au goût. ⇒ aigre. Une saveur un peu acide. ⇒ acidulé. L'oseille est acide. Fruit encore vert et acide. ⇒ 2. sur.
♢ Fig. Acerbe, désagréable. Des propos, des réflexions acides. ⇒ acrimonieux, 1. caustique. « Ces petits souvenirs-là, comme ils sont acides, irritants » (Colette). — Piquant. Grâce, charme acide.
2 ♦ (XVIIe) Qui possède les propriétés des acides, est propre aux acides. Solution acide. Fermentation acide. La fonction acide. Réactions en milieu acide (opposé à basique) .
♢ (1847) Roches acides, abondantes en silice (plus de 65%).
♢ Qui contient de l'acide. Pluies acides.
II ♦ N. m.
1 ♦ (XVIIe; lat. sc. acidum) Anciennt Constituant chimique universel, antagoniste de l'alcali; selon Lavoisier, Corps oxygéné rougissant le papier de tournesol.
2 ♦ Mod. (Chim. génér. ) Tout corps capable de libérer des ions hydrogène (H+), qui donne un sel avec une base et, en solution aqueuse, colore en rouge le papier de tournesol (pH inférieur à 7). Acides forts (acide chlorhydrique, nitrique), acides faibles (acide acétique, borique), selon leur degré de dissociation dans l'eau. Acides ne renfermant pas d'oxygène ou hydracides (acide chlorhydrique, bromhydrique). Acides dont l'hydrogène est lié à un atome d'oxygène ou oxacides (acide acétique, phosphorique), classés en monoacides, diacides, etc., selon le nombre d'ions hydrogène qu'ils contiennent.
♢ Chim. organ. Acides organiques, qui possèdent dans leur molécule un ou plusieurs groupements carboxyle (COOH). Acides gras : acides organiques qui entrent dans la composition des graisses naturelles (⇒ lipide) . Acides gras saturés, non saturés. Acides aminés, qui renferment une fonction acide et une fonction amine, constituants importants des protéines. Acides nucléiques : acides organiques constituants des noyaux cellulaires dont dépendent les caractères géniques des chromosomes (⇒ A. D. N., A. R. N.) . Acides aromatiques. — Les acides, corrosifs, attaquent certains corps. Acide nitrique (⇒ eau-forte) , chlorhydrique (esprit-de-sel ⇒ esprit, II, 2o ), sulfurique (⇒ vitriol) .
♢ (1966) Acide lysergique diéthylamide, et absolt acide : drogue hallucinogène. ⇒ L. S. D. Prendre de l'acide.
● acide adjectif (latin acidus) Dont la saveur est aigre, piquante : Le prunellier a des fruits acides. Se dit de paroles qui blessent, qui ont un caractère agressif : Échanger des propos acides. Se dit d'une couleur vive, éclatante et un peu dure : Des tons acides. Un vert acide. Chimie Qui possède les propriétés des acides. Écologie Se dit de précipitations provoquées par les fumées riches en anhydride sulfureux et en oxyde d'azote rejetées par les installations industrielles. Géologie Se dit d'une roche éruptive ou d'un magma contenant plus de 65 % de silice. Pédologie Se dit d'un sol dont le pH est inférieur à 6,5. ● acide (expressions) adjectif (latin acidus) Charme, beauté acide, dont la fraîcheur et le piquant évoquent un fruit acide. Fermentation acide, fermentation sous l'influence de laquelle une substance devient acide. ● acide (synonymes) adjectif (latin acidus) Dont la saveur est aigre, piquante
Synonymes :
- acidulé
- aigre
- aigrelet
- sur
- vert
Contraires :
- doux
- sucré
Se dit de paroles qui blessent, qui ont un caractère...
Synonymes :
- acerbe
- âcre
- blessant
- incisif
- mordant
- piquant
Contraires :
- agréable
- aimable
- mielleux
- paterne
Se dit d'une couleur vive, éclatante et un peu dure
Contraires :
- doux
Chimie. Qui possède les propriétés des acides.
Contraires :
- alcalin
● acide
nom masculin
(latin acidus)
Nom générique des corps capables de donner des protons.
Familier. Nom donné au L.S.D. 25 (acide lysergique).
acide
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d De saveur aigre, piquante. Une orange acide.
|| Fig. Propos acides, désagréables ou blessants.
d2./d CHIM Qui a les propriétés des acides.
d3./d GEOL Roche acide, à forte teneur en silice.
d4./d PEDOL Sol acide: sol peu propice à la végétation, son pH étant très inférieur à 7.
rII./r n. m.
d1./d Composé hydrogéné de saveur piquante, qui fait virer au rouge la teinture de tournesol, réagit sur les bases et attaque les métaux (V. encycl. ci-après).
d2./d Arg. L.S.D. (acide lysergique diéthylamide).
Encycl. Chim. - Les propriétés que possèdent tous les acides proviennent de leur capacité de fournir un (ou plusieurs) proton H + (noyau de l'atome d'hydrogène) à une base qui l'accepte. L'acidité d'une solution aqueuse, qui dépend de sa concentration en ions H +, est mesurée par son pH (potentiel hydrogène). Un litre d'eau pure contient 10 -7 mole d'ions H + et 10 -7 mole d'ions OH -. Son pH est égal à 7 et permet de définir la neutralité du point de vue acide/base. Une solution dont le pH est inf. à 7 est dite acide; une solution basique aura un pH sup. à 7. Les solutions acides agissent sur les solutions basiques en donnant un sel, de l'eau et un dégagement de chaleur.
I.
⇒ACIDE1, adj. et subst.
A.— Au propre
1. [Gén. en parlant d'un fruit, d'une liqueur, d'une boisson] Qui a une saveur aigre, piquante et plus ou moins désagréable, comme les fruits encore verts, le citron, l'oseille, le vinaigre, le verjus :
• 1. ... jusqu'ici il ne s'est encore présenté aucune circonstance où quelque saveur ait dû être appréciée avec une exactitude rigoureuse, on a été forcé de s'en tenir à un petit nombre d'expressions générales, telles que doux, sucré, acide, acerbe, et autres pareilles, qui s'expriment, en dernière analyse, par les deux suivantes : agréable ou désagréable au goût, ...
J.-A. BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût, 1825, p. 41.
• 2. ... il plaça d'un côté le gobelet, de l'autre le pot de grès plein d'une piquette acide...
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 457.
Rem. Pour un emploi laud., cf. inf. ex. 3.
— Emploi subst. masc. [P. ell. d'un subst. comme corps, substance, etc.] :
• 3. Il circule parmi les femmes une doctrine funeste, et qui fait périr chaque année bien des jeunes personnes, savoir : que les acides, et surtout le vinaigre, sont des préservatifs contre l'obésité. Sans doute l'usage continu des acides fait maigrir, mais c'est en détruisant la fraîcheur, la santé et la vie;...
J.-A. BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût, 1825, p. 233.
— En partic., arg. Absinthe :
• 4. [Le Demi Solde :] Viens boire un « acide » au café Soumet.
G. D'ESPARBÈS, Le Demi-Solde, 1899, p. 138.
• 5. « de la bonne acide », 81e territ., 1914-1917.
ESN. Poilu 1919, p. 558.
2. P. ext. Piquant, excitant aux sens (autres que le goût) :
• 6. ... du vent acide comme citron; ...
J. BARBEY D'AUREVILLY, Troisième memorandum, 1856, p. 46.
• 7. Où est l'acide printemps frileux, tendre, hésitant...
COLETTE, La Jumelle noire, t. 2, 1938, p. 37.
— En partic., dans la lang. de la crit. musicale. Où dominent, de façon quelque peu agaçante, les notes très aiguës :
• 8. ... il s'ensuit une instrumentation un peu acide, un peu piquante.
L. DE LA LAURENCIE, L'École française de violon, 1922, p. 223.
B.— Au fig. Aigre et désagréable.
1. Péj. [Pour qualifier des paroles, un écrit, une humeur, etc.] :
• 9. Il y a des pages de Talmeyr, dures et acides, veloutées de noir, dont l'eau-forte ne passera point.
L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 146.
• 10. Sa célébrité croissante lui valut, évidemment, un courrier toujours plus massif, d'autres visites, d'autres importuns plus tenaces, des corvées nouvelles, des polémiques plus acides... Bien peu de joies!
L.-F. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 406.
• 11. Mes trop grandes oreilles, mes cheveux secs, ma galoche de menton, le mépris des faibles, la méfiance envers la bonté, l'horreur du mièvre, l'esprit de contradiction, le goût de la bagarre, de la viande, des fruits et des phrases acides, l'opiniâtreté, l'avarice, le culte de ma force et la force de mon culte... Salut, Folcoche! Je suis bien ton fils si je ne suis pas ton enfant.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 256.
2. [En parlant d'une pers. (notamment d'une femme) ou de son comportement] Piquant, voire excitant, mais non sans produire quelque agacement :
• 12. « Elle est d'une beauté acide et mordante, dont je sens moi-même quelque peu l'atteinte... »
A. FRANCE, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 292.
• 13. J'aime son esprit contradicteur, sa présence doucement acide, ses rébellions de branche printanière [d'une jeune fille].
COLETTE, Fanal bleu, 1949, p. 116.
— Sans idée d'agacement :
• 14. Elle ne peut retenir un éclat de rire, qui gicle, acide et frais comme du cidre d'auberge.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 48.
Stylistique — Acide, en dehors de son emploi sc. et techn., appartient à une série d'adj. notant des impressions sensorielles que distingue p. ex. l'intensité (acide est plus fort que acidulé) ou la référence (une humeur aigre renvoie plutôt à l'agent, des propos acides renvoient plutôt à la pers. visée). Les mots de cette série peuvent d'autre part recevoir, selon leur cont. distributionnel, une connotation péj. ou méliorative (cf. plus haut sous A 1, rem. et B 2), et donc entrer dans 2 sous-séries styl. Pour ces différenciations, cf. aigre, styl.
II.
⇒ACIDE2, adj. et subst. masc.
I.— Emploi adj., CHIM. [En parlant d'une substance]
A.— Qui a une certaine concentration en ions H+.
— Solution acide :
• 1. Le pH est le logarithme changé de signe de la concentration ionique d'un milieu liquide. Il mesure la force d'une solution acide :plus le pH est haut, plus on va vers l'alcalinité.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 177.
B.— Qui a les propriétés d'un acide :
• 2. ... comme la silice joue dans les combinaisons minérales le rôle d'un acide, on peut aussi les qualifier de roches acides.
A. DE LAPPARENT, Abrégé de géologie, 1886, p. 110.
II.— Emploi subst.
A.— CHIM. Nom générique des corps composés susceptibles de libérer des ions H+ en solution. Anton. base :
• 3. Les chimistes connaissent des acides et des bases, doués en général de propriétés contrastantes, et dont les propriétés se neutralisent respectivement lorsque ces corps s'unissent pour donner naissance à des composés que l'on nomme sels. Dans l'origine, la dénomination d'acide a été tirée de la propriété qu'ont certains corps de la première catégorie, et les plus remarquables, de nous procurer des saveurs analogues à celle du vin aigri par la fermentation; mais ce n'est là qu'une propriété secondaire, d'une énergie variable, qui n'appartient pas à des corps dont l'analogie chimique avec les principaux acides est évidente.
A. COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 345.
• 4. Un acide c'est un corps dont l'ionisation donne naissance à des ions H en excès.
A. POLICARD, Précis d'histologie physiologique, 1922, p. 56.
• 5. Les acides, les bases et les sels donnent avec l'eau et l'alcool des solutions conduisant le courant et possédant, (...) des pressions osmotiques anormales.
M. GASNIER, Dépôts métalliques directs et indirects, 1927, p. 170.
Rem. 1. Syntagmes fréq. On distingue des acides minéraux : acide azotique, carbonique, chlorhydrique, sulfurique, etc., et des acides organiques : acides aminés, gras, etc. (cf. ces mots). 2. En chim. mod., acide désigne aussi des corps susceptibles de libérer des particules électrophiles.
— Autres domaines
♦ GRAVURE :
• 6. La gravure à l'eau-forte est un dessin fixé sur le métal par la morsure d'un acide.
M. LALANNE, Traité de la gravure à l'eau forte, 1866, p. 5.
♦ INDUSTR. SUCRIÈRE :
• 7. L'acide sulfureux employé dans les [sucreries] pour la sulfitation des jus, des sirops ou des égouts s'obtient généralement en brûlant du soufre.
E. SAILLARD, Betterave et sucrerie de betterave, 1923, p. 35.
♦ MÉTALL. Noir d'acide :
• 8. Les pièces, [de métaux ferreux], sortant du bain acide, [de décapage], sont souvent couvertes d'une boue noire adhérente connue sous le nom de noir d'acide et sur laquelle le lavage n'a pas d'action.
M. GASNIER, Dépôts métalliques directs et indirects, 1927, p. 40.
♦ VITRERIE :
• 9. Le déplissage [du verre] au grès ou à l'acide fait partie des travaux de vitrerie.
E. ROBINOT, Vérification pratique et métrie des travaux du bâtiment, t. 6, 1930, p. 57.
♦ PHARMACIE :
• 10. Les baumes contiennent, mélangés à des essences, des acides aromatiques, tels que l'acide benzoïque.
PLANTEFOL, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 1, 1931, p. 384.
B.— P. compar., péj. [En parlant notamment de la pensée, de l'ironie... dont on veut marquer le caractère corrosif, mordant, désagréable] :
• 11. Malgré la plate adoration qu'on a pour l'esprit, pour cette eau-forte, cet acide de vitriol qui ronge tout, vous n'admettez point l'esprit comme compensation des bonnes manières.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 394.
• 12. ... l'ironie a la violence des acides les plus promps, ...
H. MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 13.
• 13. C'est donc la pensée qui joue ici le rôle d'élément néfaste, d'acide corrosif, et qui condamne l'homme à un malheur assuré; ...
P. BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, p. 116.
• 14. ... cela nous fait penser au travail intime et subtil de la grâce sur l'âme préalablement décapée et nettoyée, quelque chose d'onctueux comme l'huile et de mordant comme l'acide.
P. CLAUDEL, Un Poète regarde la croix, 1938, p. 135.
Prononc. — 1. Forme phon. :[asid]. PASSY 1914 transcrit [] mi-long. Enq. :/asid/. 2. Dér. et composés : acidage, acidé, acidi-alcalimètre, acidifère, acidifiable, acidifiant, acidification, acidifier, acidimètre, acidimétrie, acidimétrique, acidité, acido- (butyrométrie, etc., cf. Lar. encyclop.), acidoïde, acidose, acidosique, acidyle (cf. Lar. encyclop.).
Étymol. ET HIST.
I.— Adj. 1. 1545 « qui a une saveur piquante et déplaisante », sens propre (Guillaume GUÉROULT, Hist. des plantes, 283 ds QUEM. t. 1 1959, p. 49 : Ce fruict rude, acide ou mal plaisant au goust); 2. 1690 chim. « qui possède les propriétés des acides » (FUR. 1960 : ... les liqueurs acides rougissent la teinture du tournesol); 3. 1842 au fig. (V. HUGO, Le Rhin, Lettres à un ami, p. 28 : Une lieue plus loin, nous traversions un village dont c'était la fête et qui célébrait cette fête avec une musique des plus acides).
Empr. au lat. acidus, attesté dep. Plaute (Pseud., 739 ds TLL, I, 398, 76-77 s.v. acidus :ecquid is homo habet aceti in pectore? atque acidissumi; cf. CELS., 2, 20, p. 67, ibid., 398, 78-79 : ex pomis quodcunque neque acerbum neque acidum est); emploi fig. « désagréable, pénible » dep. Ier s. av. J.-C. : — d'un homme (SÉN., Dial. 5, 43, 1 ds TLL s.v., 399, 34); — d'un inanimé (APUL., Met. 5, 30, ibid., 399, 35), cf. cognomen Acidus (TLL s.v.).
II.— Subst. 1690 chim. « composé hydrogéné de saveur âcre, qui a une action corrosive et dissolvante et qui forme les sels en se combinant avec les bases » (FUR. 1690 : Acide... terme de chymie est un sel picquant, un peu potentiel et disolvant qui est en tous les mixtes et qui leur a donné l'être. Il est en ce sens opposé à l'alkali). Au XIXe s., le mot passe dans la lang. commune avec des emplois fig.
Empr. au lat. acidus (cf. sup. acide, adj.), subst. au plur. en lat. médiév. comme terme d'(al)chimie. « substance de saveur piquante », ainsi : IXe s., Tract. de causis mulierum, 44 ds Mittellat. W. s.v. : pocionis constringunt azida.
STAT. — Fréq. abs. litt. :661. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 747, b) 1595; XXe s. : a) 579, b) 969.
BBG. — BADER-TH. 1962. — BAILLY (R.) 1969. — BAR 1960. — BAULIG 1956. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOUILLET 1859. — BRARD 1838. — CHESN. 1857. — Comm. t. 1 1837. — CRIQUI 1967. — DELORME 1962. — DODIN 1968. — Électron. 1963-64. — FÉR. 1768. — FROMH.-KING 1968. — GALIANA Astronaut. 1963. — GALIANA Déc. sc. 1968. — GRAND. 1962. — LAF. 1878. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — Mét. 1955. — MONT. 1967. — NYSTEN 1814-20. — PAMART (P.). De l'alchimie à la chimie. Vie Lang. 1969, n° 204, p. 134-143. — Pétrol. 1964. — PIÉRON 1963. — PLAIS.-CAILL. 1958. — PRIVAT-FOC. 1870. — UV.-CHAPMAN 1956.
acide [asid] adj. et n. m.
ÉTYM. 1545; lat. acidus.
❖
———
I Adj.
1 Qui a une saveur piquante (comme les fruits verts, les verjus, le vinaigre, etc.). ⇒ 2. Sur, vert. || Un vin acide, une piquette acide. ⇒ Aigre. || Une boisson légèrement acide. ⇒ Acidule (vx), acidulé, aigrelet, suret. || Un fruit acide. || Le citron est acide. — Un goût légèrement acide.
1 (…) la sélection, mal qui nous vint de l'Amérique avec ses deux pommes, la rouge et la blanche, la rouge et son vigoureux cramoisi, son insipidité saine de légume cru — la blanche et son eau douce-acide, un peu plus personnelle.
Colette, Gigi, « Flore et Pomone », p. 172.
2 (1842, Hugo, in P. Larousse). Vif, piquant. || Un froid acide. ⇒ Mordant. || Une couleur acide. — (Mus.). || Un son acide. || Une instrumentation acide, où dominent les notes aiguës.
2 Cette couleur irritante et maladive, aux splendeurs fictives, aux fièvres acides : l'orangé.
Huysmans, À rebours, p. 26.
3 Quelle lumière, quelle jeunesse impatiente exaltait toute cette journée ! (…) Une brise acide et pressée jetait sur le soleil une fumée de nuages rapides (…)
Colette, les Vrilles de la vigne, p. 36.
♦ Par métonymie (en parlant de la sensation) :
4 Car le poète pareil à un instrument où l'on souffle
Entre sa cervelle et ses narines pour une conception pareille à l'acide conscience de l'odeur (…)
Claudel, Cinq grandes odes, I, Les muses.
♦ Abstrait. || Grâce, charme acide. ⇒ Piquant.
3 (Lamartine, in P. Larousse). Fig. Aigre et désagréable (en parlant du discours). ⇒ Acerbe, acrimonieux, aigre. || Des pages acides. || Une polémique acide. || Une réflexion acide. ⇒ 1. Caustique, incisif. || Des phrases un peu acides.
5 Ces petits souvenirs-là, comme ils sont acides, irritants (…)
Leur vivacité d'évocation nous fait un peu lâches.
Colette, Gigi, « Flore et Pomone », p. 160.
♦ (Personnes). || C'est un homme spirituel, mais un peu acide.
♦ (En parlant de la voix). || Une voix acide et désagréable. || Un ton acide. — REM. Ce sens réunit les valeurs du sens 1. et du sens 2.
6 (…) fallait-il qu'on la méprisât pour la traiter de la sorte ! Elle ne pouvait plus se taire maintenant. Elle n'en avait plus la force, elle n'en voyait plus le besoin ! Elle commença d'une voix acide, sifflante (…)
H. Troyat, le Vivier, p. 97.
4 N. m. Par métaphore ou fig. || L'acide de son ironie, le caractère désagréable de son ironie.
7 Vous excellez à distiller à la fois le suc et l'acide, à lécher et à mordre en même temps, comme les fauves.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 240.
♦ À l'acide. || Tourner à l'acide, devenir aigre. || Le vin tourne à l'acide. — ☑ Fig. (paroles, ton, etc.). Le ton montait et tournait à l'acide, devenait désagréable, mordant.
8 Il circule parmi les femmes une doctrine funeste, et qui fait périr chaque année bien des jeunes personnes, savoir : que les acides, et surtout le vinaigre, sont des préservatifs contre l'obésité. Sans doute, l'usage continu des acides fait maigrir, mais c'est en détruisant la fraîcheur, la santé et la vie (…)
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, Danger des acides, t. II, p. 52.
———
II
1 Adj. (Av. 1690). Qui possède les propriétés des acides, est propre aux acides (au sens chimique ci-dessous). || Solution acide. || Fermentation acide. || La fonction acide. || Réactions en milieu acide (opposé à basique). || Roches acides, abondantes en silice (plus de 65%).
2 N. m. (1680 « substance qui a le goût de vinaigre »). a Anciennt (hist. des sc.). Constituant chimique universel, antagoniste de l'alcali; selon Lavoisier, Corps oxygéné rougissant le tournesol.
b Mod. Tout corps capable de libérer des ions hydrogène (H+), qui donne un sel avec une base et, en solution aqueuse, colore en rouge le papier de tournesol (pH inférieur à 7). || Acides forts (acide chlorhydrique, nitrique); acides faibles (acide acétique, borique). || Acides ne renfermant pas d'oxygène ou hydracides (acide chlorhydrique, bromhydrique). || Acides dont l'hydrogène est lié à un atome d'oxygène ou oxacides (acide acétique, phosphorique), classés en monoacides, diacides (ou biacides), etc., selon le nombre d'ions hydrogène qu'ils contiennent. || Acide azotique monohydraté (cit.). — Chimie organ. || Acides organiques, qui possèdent dans leur molécule un ou plusieurs groupements carboxyles (COOH). || Acides gras, acides organiques qui entrent dans la composition des graisses naturelles. ⇒ Lipide. || Acides aminés, composés organiques comportant une fonction acide et une fonction amine, et qui forment par association les peptides et les protéines (syn. : amino-acides). — Biol. || Acides nucléiques, acides organiques, constituants des noyaux cellulaires dont dépendent les caractères géniques des chromosomes. ⇒ Désoxyribonucléique, ribonucléique.
9 Les acides nucléiques sont des macromolécules résultant de la polymérisation linéaire de corps appelés « nucléotides ». Ceux-ci sont constitués par l'association d'un sucre avec une base azotée d'une part, un radical phosphoryle d'autre part. La polymérisation a lieu par l'intermédiaire des groupements phosphoryles qui associent chaque résidu de sucre au précédent et au suivant, formant ainsi une chaîne « polynucléotidique ».
Jacques Monod, le Hasard et la Nécessité, p. 234.
♦ Acides aromatiques, éthyléniques. — Les acides, corrosifs, attaquent certains corps. || On appelle eau-forte l'acide nitrique, esprit de sel l'acide chlorhydrique, vitriol l'acide sulfurique.
♦ (Formant des composés). || Acide-alcool (n. m.) : composé organique renfermant une ou plusieurs fonctions acide et une ou plusieurs fonctions alcool (ex. : acide lactique, acide glycérique, acide citrique). — || Acide aldéhyde (n. m.) : composé organique renfermant une ou des fonctions acide et aldéhyde. — || Acide cétone (n. m.) : composé organique renfermant une ou des fonctions acide et cétone. — || Acide phénol (n. m.) : composé organique renfermant une ou des fonctions acide et phénol (ex. : acide coumarique). — REM. Ces mots prennent la marque du pluriel à chacun des deux éléments : des acides cétones.
———
III N. m. (V. 1965; d'après l'angl. acid « drogue »). Absolt. Argot. || L'acide, l'acide lysergique diéthylamide (L. S. D.), hallucinogène. || Prendre de l'acide. — (En composé). || Acide-partie (d'après l'angl. acid party) : réunion où l'on prend du L. S. D.
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CONTR. (Du I.) Doux, sucré. — Aimable, mielleux, paterne. — (Du II.) Alcalin.
DÉR. et COMP. Acidage, acidifère, acidifier, acidimètre, acidimétrie, acidogène, acido-alcalinité, acido-basique, acidograveur, acidophile, acido-résistance, acido-résistant, acidose. — V. Acidité, acidule.
Encyclopédie Universelle. 2012.