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affection

affection [ afɛksjɔ̃ ] n. f.
• 1190; lat. affectio
I
1Psychol. État affectif, état psychique accompagné de plaisir ou de douleur. affect, émotion, passion, sentiment. « Je nommerai affection tout ce qui nous intéresse par quelque degré de plaisir ou de peine » (Alain).
2(1539) Vx Processus morbide considéré dans ses manifestations actuelles plutôt que dans ses causes. Mod. Tout processus morbide organique ou fonctionnel. anomalie, dysfonctionnement, lésion, maladie, syndrome. Affection aiguë, chronique.
II(1546) Sentiment tendre qui attache une personne à une autre. amitié, attachement, tendresse. Affection maternelle, filiale. amour, piété. Prendre qqn en affection, se prendre d'affection pour qqn. Avoir, éprouver de l'affection pour qqn. « Il y a place pour toutes les affections dans le cœur » (Hugo). Avoir besoin d'affection. Marques d'affection. câlin, caresse. Termes d'affection. hypocoristique. ⊗ CONTR. Aversion, désaffection, hostilité, indifférence, inimitié.

affection nom féminin (latin affectio, action d'affecter) Modification pathologique de l'organisme. ● affection (difficultés) nom féminin (latin affectio, action d'affecter) Sens Ne pas confondre les sens médicaux de ces deux mots. 1. Affection = trouble, maladie. Cette affection n'est pas due à un microbe, mais à un manque de vitamines. 2. Infection = développement de microbes dans l'organisme. Combattre une infection au moyen d'antibiotiques. ● affection (homonymes) nom féminin (latin affectio, action d'affecter) affections forme conjuguée du verbe affecteraffection nom féminin (latin affectio, inclination, goût) Sentiment d'amitié, de tendresse d'attachement pour quelqu'un : Gagner l'affection de quelqu'un. Chez Aristote, qualité qui est une modification transitoire d'un sujet, provenant d'une cause externe ou interne. ● affection (citations) nom féminin (latin affectio, inclination, goût) Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Où est le droit il n'y a plus d'affection. L'Otage, I, 2, Coûfontaine Gallimard Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Les affections profondes ressemblent aux honnêtes femmes ; elles ont peur d'être découvertes, et passent dans la vie les yeux baissés. L'Éducation sentimentale André Maurois Elbeuf 1885-Neuilly 1967 Académie française, 1938 Le mélange de l'admiration et de la pitié est une des plus sûres recettes de l'affection. Ariel ou la Vie de Shelley Grasset Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 L'affection ou la haine changent la justice de face. Pensées, 82 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Bible Mieux vaut une portion de légumes avec l'affection qu'un bœuf gras avec la haine. Ancien Testament, Livre des Proverbes XV, 17 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● affection (homonymes) nom féminin (latin affectio, inclination, goût) affections forme conjuguée du verbe affecteraffection (synonymes) nom féminin (latin affectio, inclination, goût) Sentiment d'amitié, de tendresse d'attachement pour quelqu'un
Synonymes :
- amitié
- amour
- attachement
- dévotion
- inclination
- penchant
- sentiment
- tendresse
Contraires :
- antipathie
- aversion
- désaffection
- détachement
- éloignement
- exécration
- froideur
- haine
- indifférence
- inimitié

affection
n. f.
d1./d Attachement pour un être que l'on aime. Affection paternelle. Syn. inclination, tendresse. Ant. antipathie, aversion, haine.
d2./d MED état morbide, maladie. Affection cutanée.

I.
⇒AFFECTION1, subst. fém.
Vx. Action (ou fait) d'étaler une attitude ostentatoire (cf. affecter1). Synon. affectation :
Tout est simple dans ce roman, hormis le caractère atroce et monstrueux, mais malheureusement encore trop naturel, de Lovelace : nulle affection d'éloquence, nul épisode tiré de loin et artistement enchâssé, nul détail curieusement travaillé, nulle ostentation d'esprit ni de philosophie.
J.-F. MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, p. 338.
II.
⇒AFFECTION2, subst. fém.
I.— Manière (particulière ou accidentelle) dont un être, une chose sont affectés ou modifiés (cf. affecter2; le compl. introd. par la prép. de indique ce qui est affecté).
A.— Vieux
GÉOM. Modification, propriété d'une ligne, d'une figure. Affection d'une courbe :
1. Les points singuliers imaginaires ou à l'infini font partie des affections particulières des courbes, ...
M. CHASLES, Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en géométrie, 1837, p. 250.
Rem. LAND. 1834 signale ce sens avec l'ex. : ,,cette courbe a telle affection``; il ajoute : ,,il a vieilli en ce sens``; Ac. Compl. 1842 précise que l'expr. était empl. ,,par les anciens géomètres``; Lar. 19e et LITTRÉ notent que cet emploi est ,,vieux``.
LINGUISTIQUE :
2. Affection. Toute modification subie par un phénomène en vertu d'une loi phonétique : assimilation, dissimilation, apophonie, etc.
MAR. Lex. 1933, p. 19.
PSYCHOL. (anc.)
♦ État modificatif du corps, sensation :
3. En philosophie, on nomme affections les différentes qualités et les différens changemens qui surviennent à quelque corps, et dont on dit qu'il est affecté.
C.-M. GATTEL, Nouveau dict. portatif de la langue française, 1797.
4. Une odeur, comme une saveur, est une affection du sujet sentant, qui ne donne aucune représentation, qui n'implique ni ne détermine par elle-même aucune connaissance de l'objet senti.
A. COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 146.
♦ État modificatif de l'âme :
5. ... nous considérons ici les affections de l'âme, non point en tant qu'elles produisent des changemens dans l'état des organes, ce qu'en effet elles sont capables de faire, mais en tant qu'elles résultent elles-mêmes de ceux qu'ont déjà déterminés les habitudes physiques.
P. CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 4.
6. La morale est la connaissance des règles auxquelles il nous importe de conformer non-seulement nos actions, mais encore nos affections. Celles-ci sont une portion si importante de notre manière d'être, que je m'étonne qu'aucun philosophe ne les ait comprises encore dans la définition de l'objet essentiel de la morale. Nos affections, en effet, sont à nos actions ce que les idées sont aux mots. Le point essentiel, en morale comme en logique, est que les premières soient bonnes.
J. JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 266.
B.— PSYCHOL. (mod.). Modification qui affecte la sensibilité, sentiment, passion, etc. :
7. Comme les affections d'amour, de haine, de jalousie, d'enthousiasme, d'espérance, de regret, de joie et de tristesse sont les mêmes par les causes et le développement en tout homme, qu'il soit noir, blanc ou jaune, comme les lois de l'action, coutume, habitude, savoir-faire, travail, persévérance, sont les mêmes en tout homme, qu'il soit jaune, noir, ou blanc, ainsi l'intelligence est la même en tous, ...
ALAIN, Propos, 1921, p. 295.
8. Il n'y a pas de nom pour désigner le sentiment que nous avons d'une substance de notre présence, de nos actions et affections, non seulement actuelles, mais à l'état imminent, ou différé, ou purement possible, — quelque chose de plus reculé, et pourtant de moins intime que nos arrière-pensées : nous nous trouvons une capacité de modifications presque aussi variées que les circonstances environnantes.
P. VALÉRY, Variété 5, 1944, p. 70.
9. Affection :tout ce qui, dans nos pensées, dans nos projets, dans nos résolutions est marqué d'un degré quelconque d'amour ou de haine, de joie ou de tristesse. La mélancolie est une affection, l'envie est une affection, la déception est une affection.
ALAIN, Définitions, [Les Arts et les dieux], Paris, Gallimard, 1961 [1951].
C.— Péj., MÉD. Modification qui affecte le corps en altérant la santé, maladie (considérée dans ses symptômes douloureux). ,,Affection nerveuse, hystérique, aiguë, chronique`` (Ac. 1835-1932) :
10. En ma qualité de beau-frère de la défunte (elle est la sœur de ma femme), je me permettrai de vous demander (ne pensant pas commettre d'indiscrétion), le nom de la maladie, de l'affection, du cas, si vous aimez mieux, qui vient de nous l'enlever si malheureusement?
P. REIDER, Mademoiselle Vallantin, 1862, p. 189.
11. Il y a, murmura Laurent, des affections qui partent d'un petit furoncle ou d'une écorchure. Et elles s'étendent, elles s'étendent et on oublie le petit bouton qui se trouvait à l'origine.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 222.
12. Sont considérées comme affections de longue durée la tuberculose, les maladies mentales, les affections cancéreuses, la poliomyélite et les affections entraînant une interruption de travail ou des soins supérieurs à six mois.
Liaisons sociales, 18 nov. 1955, n° 1613, p. 23.
II.— Manifestation du sentiment d'attachement d'un être (gén. hum.) pour un autre être (le compl. introd. par la prép. de indique l'être qui éprouve une affection).
A.— [L'obj. désigne une pers.] Attachement intime et durable qu'une personne éprouve pour une autre personne (sans considération d'âge ni de sexe) :
13. Que faites-vous donc, toute la journée, Madame? Quelle affaire si importante vous ôte le temps d'écrire à votre bien bon amant? Quelle affection étouffe et met de côté l'amour, le tendre et constant amour que vous lui avez promis? Quel peut être ce merveilleux, ce nouvel amant qui absorbe tous vos instants, tyrannise vos journées et vous empêche de vous occuper de votre mari?
NAPOLÉON Ier, Lettres à Joséphine, 1796, p. 60.
14. ... Malek Adhel, en se voyant l'objet d'un zèle si ardent et si pur, verse des larmes plus tranquilles, et la douce affection que l'amitié répand dans son âme, y calme un moment les dévorantes ardeurs de la passion : depuis le départ de Mathilde, il goûte quelques instans d'un sommeil tranquille, et c'est à la bienfaisante amitié qu'il le doit.
Mme COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 16.
15. Affection. Sentiment désintéressé, moins vif que l'amour, et plus tendre que l'amitié.
Dict. des gens du monde, 1818.
16. Un vieux malicieux domestique, très fort en l'art vétérinaire, servait les chevaux et pansait Godefroid, car il avait été à feu Monsieur Beaudenord, et portait à Godefroid une affection invétérée, cette maladie du cœur que les caisses d'épargne ont fini par guérir chez les domestiques.
H. DE BALZAC, La Maison Nucingen, 1838, p. 609.
17. ... le sentiment national devient un véritable intermédiaire entre l'affection domestique et l'amour universel.
A. COMTE, Catéchisme positiviste, 1852, p. 306.
18. Il était lui-même d'ailleurs composé de deux éléments en apparence incompatibles. Il était ironique et cordial. Son indifférence aimait. Son esprit se passait de croyance et son cœur ne pouvait se passer d'amitié. Contradiction profonde; car une affection est une conviction. Sa nature était ainsi.
V. HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 784.
19. Une même affection féminine peut-elle cumuler les caractères des diverses affections filiale, fraternelle, conjugale et maternelle? Je le crois.
H.-F. AMIEL, Journal intime, 20 avr. 1866, p. 253.
20. MONSIEUR. — Mais ma reconnaissance pour vous...
JEAN. — Mais je n'en veux pas.
MONSIEUR. — Pourquoi?
JEAN. — Mais parce que votre reconnaissance deviendrait vite de l'amitié... et, de l'amitié à l'affection, il n'y a qu'un pas.
MONSIEUR. — Nous le franchirons.
JEAN. — Non, Monsieur! Jamais! ... Je ne veux pas devenir votre ami.
S. GUITRY, Le Veilleur de nuit, 1911, III, p. 23.
21. Renée, écoutez-moi. Écoutez-moi, mon petit. Nous avons repris notre... notre intimité, c'est cela, le mot est bon, nous avons repris notre intimité au point où nous l'avions laissée il y a trois ans. Mais aujourd'hui vous êtes mariée. Et notre... affection ne peut pas être la même qu'alors, ne doit pas... c'est cette pensée qui nous gêne, n'est-ce pas?
M. ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 298.
22. Il avait en outre une authentique peine du cœur, l'amour intéressé qu'il professait pour son oncle comportant une part d'affection véritable. On ne comprend rien à la vie, tant qu'on n'a pas compris que tout y est confusion.
H. DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 895.
23. De l'attachement. Dès le second jour, de la confiance (elle vagabondait seule dans l'appartement, tous tiroirs ouverts). Dès le troisième jour, de l'estime. Puis de la sympathie. Puis quelque chose entre l'attachement et l'affection, où il s'était stabilisé. Pas d'amour, bien entendu, et pas la moindre jalousie pour ses nombreux usagers.
H. DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1438.
24. La plupart des affections ne sont que des habitudes ou des devoirs qu'on n'a pas le courage de briser.
H. DE MONTHERLANT, La Reine morte, 1942, II, 3, p. 185.
25. Il pensait à moi, à mon « amour » qui, à son gré, durait trop; il me disait même que la chose la plus grave qui pût m'arriver serait que cet amour se transformât en affection, et se trouvât ainsi tisser entre Gina et moi des liens moraux. « On a assez de choses à trancher dans la vie sans se créer encore des devoirs d'affection ou des scrupules de morale. L'amour, au moins, ne se crée pas de devoirs. »
R. ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 141.
P. méton. La personne objet de l'affection :
26. Je t'aime par toutes les racines qu'il y a dans mon cœur. Je t'aime par nos quatre enfants. Écoute bien ceci, c'est la vérité devant Dieu, mon Adèle. Tu as été la première et tu seras la dernière affection de ma vie.
V. HUGO, Correspondance, 1836, p. 548.
27. — Ma maman, ma protection, mon admiration et mon affection, ma maman à moi, tout petit, elle est absente pour cause de démêlés avec la police...
L. FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 298.
THÉOL., au plur. Élans de l'âme vers Dieu dans la prière. ,,L'oraison consiste plus dans les affections que dans la connaissance.`` (Ac. Compl. 1842) :
28. Mais toutes ces croyances et toutes ces tendres affections qui s'élançaient du cœur de l'homme de ces temps-là vers le ciel, se rencontraient et se fixaient toutes sur une image suprême. Toutes ces pieuses traditions, les unes locales, les autres personnelles, s'éclipsaient et se confondaient dans celles que le monde entier répétait sur Marie.
Ch. DE MONTALEMBERT, Hist. de sainte Élisabeth de Hongrie, introd., 1836, p. CI.
B.— [L'obj. désigne une chose] Prédilection manifestée pour une chose :
29. Gavarni nous emmène tous trois dîner à son restaurant d'affection et d'habitude, la poissonnerie anglaise, où l'on est si mal et où il se trouve si bien, parce que le maître lui raconte toutes les ruses des voleurs de plats d'argent et lui sert un dîner sans qu'il le demande.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, juin 1857, p. 361.
30. — Écoutez-moi, Ski, attendez, je vais vous dire « une bonne chose », dit Cottard qui avait pris en affection cette expression usitée dans certains milieux médicaux.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 892.
Rem. 1. Lorsque la pers. qui éprouve l'affection est explicitée, elle s'exprime par un adj. poss. (ex. 21; cf. aussi L.-E. DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 228), ou par un compl. déterminatif (prép. de). L'obj. de l'affection s'exprime le plus souvent par un compl. prép. (prép. pour, rarement à) notamment dans les loc. verbales : avoir de l'affection pour qqn, porter de l'affection à qqn, se prendre d'affection pour qqn ou qqc. Ac. 1798-1932 : Il n'a d'affection pour (ou à) rien. Avec obj. dir. : prendre qqn (ou qqc.) en affection (ex. 30) :
31. Quand je jette les yeux autour de moi, dans cette chambre où j'ai dévoré ma tristesse pendant les mortelles semaines de l'hiver dernier, je me sens pris d'une sorte d'affection pour ces murs qui m'ont abrité et qui ont vu ma peine.
J. GREEN, Journal, 1942, pp. 188-189.
Rem. 2. La double constr. affection de... à est vieillie (cf. affectionner I B 2, s'affectionner à qqn ou à qqc.) :
32. ... tu sais si je t'aime et si jamais affection plus grande a réuni deux âmes. Pour moi, je n'en crois rien; l'affection de mon cœur au vôtre est incomparable.
J.-A. DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, L'Illustre magicien, 1876, p. 98.
Rem. 3. Les dict. signalent l'expr. d'affection au sens « avec chaleur, avec intérêt » : Il en parle d'affection (Ac. 1798-1932). Cet emploi est vieilli, de même que celui qu'illustre l'ex. 29. En revanche est vivant l'emploi aimer d'affection (sincère), où le compl. sert à particulariser la compréhension trop pauvre (et donc l'ext. trop large) du verbe aimer.
Prononc. :[]. Pour la prononc. de t dans -tion, cf. le suff. — Rem. BESCH. 1845 transcrit la 2e syllabe avec [e] fermé. Enq. :/afeksiõ/.
Étymol. ET HIST. — 1. Fin XIIe s. « mouvement qui porte l'âme vers qqn » (S. BERNARD, Serm., p. 563 ds GDF. Compl. : Oyng donkes ton chief, retornanz a celuy ki desor ti est, tot ceu k'en ti est de devotion, de deleyt et d'affection); d'où 1609 « attachement, amitié pour un être humain » (SAINT FRANÇOIS DE SALES, Introd. à la vie dévote, texte de l'éd. princeps, II, 36 ds Œuvres, publ. par les religieuses de la Visitation d'Annecy, t. 3, Annecy, Nierat, 1893, p. 127 ds Fr. mod., 21, p. 217 : Et S. Paul reprochant le detraquement des Gentils, les accuse qu'ils estoient gens sans affection :c'est-à-dire qui n'affectionnoient personne, ny n'avoient nulle sorte d'amitié); 2. 1539 méd. « modification physique, état maladif » (CANAPPE, 5e livre de la méthode thérap. ds QUEM. t. 1 1959).
Empr. au lat. affectio (attesté dep. CICÉRON, Inv., 1, 36 ds TLL, 1177, 3 au sens de « modification, disposition de l'âme résultant d'une influence subie »), au sens 1 en lat. impérial, Pline, Tacite, Quintilien (TLL, loc. cit., 1178, 28) très fréq. en lat. chrét. (BLAISE 1954).
STAT. — Fréq. abs. litt. :5 243. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 11 063, b) 8 756; XXe s. : a) 5 435, b) 4 900.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BONNAIRE 1835. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — DAIRE 1759. — DARM. Vie 1932, p. 71. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 16, 18. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — FRANCK 1875. — FROMH.-KING 1968. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — GOBLOT 1920. — GUIZOT 1864. — LACR. 1963. — LAF. 1878. — LAFON 1963. — LAL. 1968. — Lar. méd. 1970. — LAV. Diffic. 1846. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MIQ. 1967. — NYSTEN 1814-20. — POPE 1961, § 647, 745. — PRÉV. 1755. — SOMMER 1882. — SPRINGH. 1962. — Synon. 1818.

affection [afɛksjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1190; du lat. affectio, du supin de afficere. → 1. Affecter.
A
1 Littér. État affectif, état psychique accompagné de plaisir ou de douleur. Affect, émotion, sentiment. || Les affections d'amour, de jalousie, de tristesse. || Des passions et des affections de l'âme, titre V des Pensées, de Joubert. || Opposer les actions et les affections. Passion. || « Les affections d'amour, de haine, de jalousie (…) de regret, de joie et de tristesse » (Alain, Propos, Pl., p. 295).
1 La haine même peut être une affection louable, quand elle n'est causée en nous que par le vif amour du bien.
Joseph Joubert, Pensées, V, 2.
1.1 (…) elle lui dit avec une philosophie très-au dessus de son âge (…) qu'il était possible de trouver en soi-même des sensations physiques d'une assez piquante volupté pour éteindre toutes les affections morales dont le choc pourrait être douloureux (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 9.
2 (1546, Rabelais, in Arveiller). a Cour. Sentiment tendre qui attache, lie une personne à une autre; sentiment positif, qui affecte une personne vis-à-vis d'une autre. Amitié, attachement, tendresse. || L'affection de qqn pour qqn. || Tendre affection. || Affection intense, vive, touchante. || La chaleur de votre affection m'a réconforté. || Affection maternelle, paternelle, filiale, fraternelle, conjugale, de la mère, du père, etc. Amour, piété. || Sentiment d'affection. || Un baiser, une caresse, un sourire, un ton d'affection. || Avoir, éprouver, ressentir de l'affection pour, à l'égard de qqn. — ☑ Loc. Prendre qqn en affection (→ ci-dessous, cit. 8, Rousseau).Se prendre d'affection pour qqn.Une affection réciproque nous lie, nous unit, l'un à l'autre. Penchant. || Avoir de la constance dans ses affections.
2 Je donnai par devoir à son affection (de Polyeucte)
Tout ce que l'autre (Sévère) avait par inclination.
Corneille, Polyeucte, I, 3.
3 L'affection ou la haine changent la justice de face.
Pascal, Pensées, II, 82.
4 Cinq ou six coups de bâton (…) ne font que ragaillardir l'affection (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 2.
5 L'affection maternelle est un sentiment plus fort que celui de la crainte, et plus profond que celui de l'amour, puisque cette affection l'emporte sur les deux dans le cœur d'une mère.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux.
6 On aime sa mère presque sans le savoir, sans le sentir, car cela est naturel comme de vivre; et on ne s'aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière. Aucune autre affection n'est comparable à celle-là, car toutes les autres sont de rencontre, et celle-là est de naissance; toutes les autres nous sont apportées plus tard par les hasards de l'existence, et celle-là vit depuis notre premier jour dans notre sang même.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 156-157.
7 Quand l'affection est mutuelle à un même degré, c'est l'union la plus étroite, c'est le plus parfait accord qui puisse régner entre deux êtres sensibles; c'est enfin, s'il est permis de le dire, la transfusion et la coexistence de deux âmes.
Marmontel, Œ. compl., t. XVI, p. 448.
8 Il n'y a point d'âme si vile et de cœur si barbare qui ne soit susceptible de quelque sorte d'attachement. L'un de ces deux bandits (…) me prit en affection.
Rousseau, les Confessions, II.
9 On éprouve pour ceux qui l'inspirent (le respect) une espèce d'affection tendre (…)
Joseph Joubert, Pensées, V.
10 Toutes les affections de celle-ci s'étaient concentrées dans son fils aîné.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, I.
11 (Il) s'aperçut (…) que l'homme avait besoin d'affections, que la vie sans tendresse et sans amour n'était qu'un rouage sec, criard et déchirant.
Hugo, Notre-Dame de Paris, IV, II.
12 Il y a place pour toutes les affections dans le cœur comme pour toutes les étoiles dans le ciel.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, Tas de pierres, VI.
13 (…) il faut absolument que j'aime quelqu'un; j'ai soif d'affection.
Loti, les Désenchantées, IV, 28.
14 Affection plus touchante encore quand l'âge est venu (…) sans refroidir la jeunesse du cœur.
Rolland, Vie de Beethoven, p. 7.
15 Le langage de l'affection chérit des formes qui expriment la tendresse. Comme elle dit à son enfant : ma petite chérie,la mère dit aussi : donne ta menotte, tends-moi ton peton, etc…
F. Brunot, la Pensée et la Langue, XVI, 2, p. 657.
Par métonymie. Personne objet de l'affection :
15.1 Élevée d'abord à Paris chez ses parents, Annette était devenue l'affection dernière et passionnée de sa grand'mère (…)
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 12.
Termes d'affection. Hypocoristique.REM. Les termes d'affection, très nombreux, sont très souvent précédés des possessifs mon, ma, mes. Petit, petiot; agneau, aimé, âme, ami, amour, ange; beau, belle, bellot, biche, bichette, bichon, bien-aimé, bijou, biquet, bon, bon ami, bonhomme (petit), branche (vieille branche), caille, charmante, chat, chatte, cher, chéri, chevrette, chou, coco, cocotte, cœur, crotte, enfant, fille, fils, gros, joli, joujou, lapin, m'amie, m'amour, mie, mignon, mimi, minet, moineau, oiseau, poule, poulet, poulette, poulot, poupée, poupoule, prince, princesse, puce, rat, raton, roi, reine, tourterelle, trésor, vieux…
b Vx ou littér. Attachement à quelque chose. || Il a son art en affection. || Il se porte à cette étude par affection (Académie). Goût, prédilection.
3 Méd. a (1539). Vx. Processus morbide considéré dans ses manifestations actuelles (plutôt que dans ses causes).
b Mod. Processus morbide organique ou fonctionnel. Anomalie, dysfonctionnement, lésion, maladie, syndrome. || Affection aiguë, chronique; bénigne, grave. || Affection idiopathique, symptomatique. || Affection hystérique.
16 Des oppressions, de la toux, une fièvre continuelle et des marbrures aux pommettes décelaient quelque affection profonde.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple ».
B Vx. Manière dont une chose, une personne est affectée, modifiée. || « Les affections particulières des courbes » (Chasles, 1837, in T. L. F.).Modification de nature phonétique.Le fait d'être affecté, pour un organisme. || « Une odeur, comme une saveur, est une affection du sujet sentant » (Cournot, 1851, in T. L. F.).
CONTR. Antipathie, aversion, désaffection, détachement, éloignement, exécration, froideur, haine, hostilité, indifférence, inimitié, refroidissement.
DÉR. Affectionner. — V. Affectueux.

Encyclopédie Universelle. 2012.