seul, seule [ sɶl ] adj.
• fin XIIe; sul 1080; lat. solus
I ♦ (Attribut)
1 ♦ Qui se trouve être sans compagnie, séparé des autres. ⇒ isolé, solitaire. Elle « ne désirait rien que se trouver seule, derrière une porte bien close, à l'abri » (Bernanos). Il a toujours vécu seul. Viendrez-vous seul ou accompagné ? Parler, rire tout seul, sans interlocuteur (⇒ soliloque) . — Par ext. Être seul avec qqn, sans autre compagnie. « Puis je fus seul avec une grosse dame » (Bosco). Fig. « Il évite de rester seul avec ses pensées » (Romains). Être seul contre tous. — Loc. SEUL À SEUL : en particulier. (Avec accord) « ce qu'elle t'a confié, hier, seule à seul » (Musset). Plus cour., inv. « Madame, il faut que je vous parle seul à seul » (A. Gide)(cf. En tête à tête).
2 ♦ Qui a peu de relations avec les autres hommes. ⇒ solitaire. « il n'y a que le méchant qui soit seul » (Diderot). — Qui n'a pas les amitiés, les liens familiaux habituels. ⇒ abandonné, esseulé. « L'exilé partout est seul » (Lamennais). « Il restait seul dans la vie » (Maurois). Un orphelin seul au monde.
3 ♦ Unique, singulier. « Il est seul de son espèce » (Sainte-Beuve). Seul dans son genre : sans égal.
II ♦ (Épithète)
1 ♦ (Placé après le nom) Qui n'est pas avec d'autres semblables. Il y avait à table deux femmes seules, non accompagnées. Faire cavalier seul.
2 ♦ (Placé avant le nom) Qui est unique de son espèce. ⇒ un. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (Lamartine). D'un seul coup. Loc. fam. D'un seul coup d'un seul. Une seule fois. D'une seule pièce, d'un seul tenant. Romain Gary et Émile Ajar sont un seul et même auteur. Ensemble à un seul élément. ⇒ singleton. — (Renforçant une négation) « Il n'y avait plus une seule baraque » (Hugo)(cf. Plus du tout). Pas un seul instant. « Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau » (La Fontaine).
♢ « Les premières, les seules bonnes années de ma vie » (A. Daudet). « Le seul portrait gravé que j'aie vu d'elle » (Sainte-Beuve). « Sommes-nous le seul jeune ménage à élever un chat ? » (Colette). Loc. Comme un seul homme : unanimement, ensemble. Ils se sont tous levés comme un seul homme.
III ♦ (Valeur adv.)
1 ♦ (En fonction d'appos.) Seulement. « Seuls doivent compter les faits positifs » (P. Hazard). — Dieu seul le sait.
2 ♦ Sans aide. Je pourrai le faire seul. — TOUT SEUL : absolument seul. Débrouillez-vous tout seul. « Le feu ne prend pas tout seul » (F. Mauriac),sans cause extérieure.
♢ (Renforçant un pron.) Ce tableau vaut à lui seul une fortune. « Que pouvait-il faire à lui seul ? » (Romains).
3 ♦ (Renforçant une loc. causale ou finale) « Du seul fait que j'admettais la possibilité » (Proust). À seule fin de... Dans la seule intention de...
IV ♦ Subst. Un seul, une seule : une seule personne. Par la volonté d'un seul. Un seul d'entre eux.
♢ Le seul, la seule : la seule personne. « j'étais le seul avec une blouse » (A. Daudet). Tu n'es pas la seule à qui cela arrive, à penser ainsi. Vous n'êtes pas le seul ! il y en a bien d'autres dans votre cas !
⊗ CONTR. 1. Ensemble.
● seul, seule adjectif (latin solus) Qui n'est pas en compagnie de quelqu'un d'autre, qui se tient à l'écart des autres ; peut être renforcé par tout : Laissez-moi (tout) seul. Qui est sans relation, ami, parent : Une personne seule. Qui est isolé des autres : Un village où l'on se sent un peu seul. Qui ne bénéficie d'aucune aide, d'aucune intervention extérieure : Il l'a fait tout seul. Unique de son espèce : C'est la seule personne qui puisse vous aider. Indique l'intensité, seulement, uniquement, rien ou personne d'autre que : Seul un miracle pourrait le sauver. ● seul, seule (citations) adjectif (latin solus) Bible Yahvé Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie. » Ancien Testament, Genèse II, 18 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● seul, seule (difficultés) adjectif (latin solus) Sens Place de seul. Une personne seule = une personne qui n'est pas en couple, ou une personne isolée, solitaire. C'est aujourd'hui un homme seul. Une seule personne = une personne seulement, une personne sans plus. Je ferai ce travail avec un seul homme. Emploi Un seul et unique, ... qu'un seul : ces pléonasmes sont couramment admis pour marquer l'insistance sur le caractère unique de qqch : c'est le seul et unique exemplaire que je possède ; il ne reste qu'un seul gâteau dans la boîte. Accord Seul à seul. L'usage est hésitant quant à l'accord en genre de seul à seul. Cet accord se fait souvent aujourd'hui selon le sens : Pierre et Jacques sont restés seul à seul ; Martine et Daniel sont restés seule à seul ; Anne et Dorine sont restées seule à seule ; mais seul à seul est parfois considéré comme invariable : Julie et Éric sont restés seul à seu ; Christine et Marie sont restées seul à seul. Recommandation Lorsque les deux noms ou les deux pronoms auxquels se rapporte la locution désignent respectivement un homme et une femme, garder seul à seul invariable : Julie et Éric sont restés seul à seul. Lorsque les deux noms ou les deux pronoms auxquels se rapporte la locution désignent respectivement deux hommes ou deux femmes, garder seul à seul invariable ou, au choix, faire l'accord en genre : Christine et Marie sont restées seul à seul ou seule à seul ; Jules et Éric sont restés seul à seul. Construction 1. À seule fin de (+ infinitif), à seule fin que (+ subjonctif) : il a fait ce voyage à seule fin de la voir ; il veut la voir à seule fin qu'elle lui dise la vérité. 2. Le seul, la seule à (+ infinitif) : vous n'êtes pas le seul à vouloir partir. 3. Le seul, la seule qui ou que. Suivi de l'indicatif pour marquer la réalité du fait : elle est la seule personne que nous avons rencontrée. Suivi du subjonctif pour nuancer, atténuer une affirmation : elle est la seule personne qui puisse garder un secret. Suivi du conditionnel pour exprimer un fait hypothétique : elle est la seule qui pourrait t'aider. ● seul, seule (expressions) adjectif (latin solus) Être (le) seul à, se distinguer de tous les autres dans un comportement, une action, etc. Pas un seul, aucun, pas le moindre. Seul à seul, hors la présence d'un tiers ; en tête à tête. Un seul et même, un individu, un objet unique sous des noms ou des aspects différents : Votre client et mon directeur sont une seule et même personne. ● seul, seule (synonymes) adjectif (latin solus) Qui est sans relation, ami, parent
Synonymes :
Qui est isolé des autres
Synonymes :
- esseulé
- isolé
seul, seule
adj. et n.
aA./a adj.
rI./r (Attribut ou épithète placée après le nom; souvent renforcé par tout.)
d1./d Qui est momentanément sans compagnie. Se promener seul, tout seul.
|| Loc. (Guyane) Ne pas être seul: voir double sous l'effet de l'alcool.
d2./d Qui est généralement isolé, qui vit sans amis. Il est seul au monde: il n'a pas de famille.
rII./r (épithète placée avant le nom.) Un, unique. Le seul bien qui lui reste.
rIII/r (Avec une valeur d'adverbe.)
d1./d Seulement.
— (En appos.) Spectacle que seuls les enfants apprécient.
d2./d Loc. Tout seul: facilement. Cela va tout seul.
aB./a n. Un seul, une seule: une personne unique. Le pouvoir d'un seul.
— Le seul, la seule: la seule personne.
⇒SEUL, SEULE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — [En fonction d'attribut]
1. [Souvent renforcé par tout]
a) [En parlant d'une pers.] Sans compagnie, séparé des autres momentanément ou durablement. Je voulais lire la lettre tout seul, c'est pourquoi, malgré mon impatience, je la mis dans ma poche (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 92). V. ermitage B 1 ex. de Delécluze:
• 1. AÏESCHA: Il faut le distraire... l'empêcher de penser... être toujours avec lui.
CLOTILDE: Mais s'il préfère être seul?
AÏESCHA: Justement: il ne faut pas qu'il soit seul. Il s'absorbe, il somnole: c'est très mauvais.
LENORMAND, Simoun, 1921, 9e tabl., p. 92.
SYNT. Dormir, déjeuner, dîner seul; passer la nuit tout seul; être souvent, toujours seul; laisser qqn seul; rester seul cinq minutes, un instant, un moment; désirer, vouloir, avoir besoin (d')être seul, (de) rester seul.
— En partic.
♦ Non accompagné. Sortir, se promener, voyager seul; partir tout seul. M. de Cambremer (...) vint, mais seul, en disant que la marquise était désolée, mais que son médecin lui avait ordonné de garder la chambre (PROUST, Sodome, 1922, p. 1094).
♦ [Insiste sur l'isolement matériel dans un espace, dans un lieu] Seul à l'hôtel, à (une) table, dans sa chambre, dans son coin, dans un/son compartiment, dans le désert, dans une grande maison, dans le noir, dans une rue déserte. L'intolérable, c'est d'être perpétuellement dans l'attente d'un danger sournois; à deux, on prendrait ça à la rigolade... mais toute la nuit seul dans le grand appartement de mes parents, toutes les nuits seul, les nuits ne finissent pas en hiver (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 95).
♦ Travailler, prier... seul (p. oppos. à avec qqn d'autre, en groupe, en équipe, en communauté). Les agents de maîtrise (...) surveillent et dirigent (...) des travaux effectués par des ouvriers (ou des ouvrières), travaillant seuls ou en équipe (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 127). Jouer seul. Jouer sans partenaire. Gabrielle (...) semble jouer toute seule à colin-maillard au milieu de la scène (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, II, 10, p. 53). Parler, rire (tout) seul. Parler, rire sans interlocuteur ou sans raison apparente. Une petite vieille aux joues roses, qui rit toute seule dès le matin (BERNANOS, Joie, 1929, p. 669). Un homme assis en face de moi parlait seul et semblait très excité (LARBAUD, Journal, 1934, p. 282). V. causer2 ex. 2. Disposer, jouir, profiter seul de + subst. En disposer, jouir, profiter sans partager. Elle avait honte de jouir seule de leurs petits-enfants, des gambades vives de la petite Geneviève qui maintenant se roulait sur le sable avec impudence (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 189).
b) [S'agissant de deux ou de plusieurs pers.] Sans témoin, sans d'autres personnes. Recevoir qqn seul; se voir seuls; seul en compagnie de qqn; seuls entre hommes; seuls face à face; seuls ensemble. Il n'était pas très facile de causer tranquillement. Ils étaient rarement seuls. Colette les gratifiait de sa présence, plus qu'ils n'auraient voulu (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1506). Une affaire finissait, et les juges devaient rester seuls dans la salle du conseil pour délibérer (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 80).
♦ Seul avec + subst. Dîner, sortir seul avec qqn; vivre seul avec sa mère; s'assurer qu'on est bien seul avec son visiteur; p. anal. seul avec soi-même, avec la nature, avec ses pensées, ses souvenirs, ses regrets, sa peine, sa peur, sa tristesse. Geneviève: Mon mari, lui qui m'a abandonnée... qui me laisse ici seule... Le chevalier: Seule... avec moi? Geneviève: Seule avec mon désespoir (DUMAS père, Chev. Maison-Rouge, 1847, III, 7e tabl., 5, p. 109). Lorsque ce dernier entra, la Maheude, qui était seule avec les enfants, remarqua tout de suite qu'il avait les mains vides (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1290).
— Loc. adv. inv. Seul à seul. Synon. de en particulier, en tête à tête. C'était la pensée de ce voyage seul à seul avec Vanessa qui m'avait décidé (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 88). [Peut varier en genre, le 1er seul se mettant gén. à la pers. de celui qui parle] Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 61). Sœur Perpetua et la novice devaient avoir chaque mois une heure d'entretien seule à seule (JOUVE, Paulina, 1925, p. 174). Empl. subst. masc. Le seul à seul de l'amour (BLONDEL, Action, 1893, p. 268).
c) P. anal. [En parlant des choses] À l'écart de ses semblables. Lorsqu'un arbre est seul, il est battu des vents, et dépouillé de ses feuilles (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 110).
— [En parlant d'une substance] Qui n'est pas associée, mélangée. Beaucoup d'oxydes et même des corps simples (sélénium, tellure, or) sont introduits en traces, seuls ou en mélanges, pour développer des colorations variées (Cl. DUVAL, Verre, 1966, p. 43).
— Au fig. Regarde dans l'œil de l'homme passer quelquefois l'intelligence, avec son cortège d'absurdités et de bêtes familières. Rarement elle est seule. Jamais longtemps (VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 190).
♦ Proverbe. Un malheur ne vient jamais seul.
2. a) [Souvent renforcé par un adv. d'intensité]
) Qui n'a pas ou n'a plus de famille, dont personne ne partage la vie quotidienne; p. ext., qui n'a de lien avec personne, qui n'a pas d'obligation vis-à-vis de qui que ce soit. Quinette vivait seul depuis quatre ou cinq ans; sa femme l'ayant abandonné (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 81). Il était merveilleusement seul depuis des mois, malgré les camarades de faculté, quelques liaisons rapides (...), une espèce d'amitié d'hôpital avec une étudiante qui n'était rien pour lui (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 248).
) Qui souffre d'isolement par manque d'amitié, d'affection, de relations. Son père est mort, plus seul, plus triste, plus abandonné qu'il n'avait vécu (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 126). Me voici seul, tout seul au monde! Ouvre-moi tes bras secourables! Toi, du moins, maraud du diable, tu ne m'auras pas trahi! Sais-tu ce que c'est qu'être seul, tout seul au monde? (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 200). V. abandonné ex. 4.
SYNT. Demeurer, se retrouver, vieillir (tout) seul; (se sentir) un peu, très, moins, de plus en plus, absolument, affreusement, bien, complètement, entièrement, fort, horriblement, si, tellement, terriblement seul; seul dans la vie, sur la terre; seul dans le malheur.
b) Dont les préoccupations sont éloignées de celles du plus grand nombre; qui se singularise par sa position, par ses choix, par ses actes. Les créateurs intellectuels (...) sont très seuls. Aucun parti, aucune instance politique ne s'emploie à les défendre (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 6, col. 2):
• 2. Degas s'est toujours senti seul, et l'a été dans tous les modes de la solitude. Seul par le caractère; seul par la distinction et par la particularité de sa nature; seul par la probité; seul par l'orgueil de sa rigueur, par l'inflexibilité de ses principes et de ses jugements...
VALÉRY, Degas, 1936, p. 176.
♦ Seul contre tous. L'esprit public était imprégné de l'idée (...) que chaque individu disposait comme d'« espaces réservés » de droits sacrés qu'il pouvait revendiquer, fût-il seul contre tous (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 185).
c) [Dans des cont. philos., métaphys., exprime la condition de l'homme dans son rapport avec Dieu, autrui ou le monde] Qu'il [Ponge] referme le monde sur lui-même avec tout ce qui s'y trouve, du même coup il se trouve dehors, hors du monde, en face des choses, seul (SARTRE, Sit. I, 1947, p. 288). [Dans l'Exil et le Royaume de Camus] L'homme est seul au sein d'un univers indifférent, seul au milieu des autres hommes, menant dès sa naissance, par le fait même d'exister, une existence séparée des autres existences (La Table Ronde, févr. 1960, p. 22).
a) [Le compl. indique la catégorie dont un individu se distingue] Seul dans son genre; seul de sa race, de sa génération, de ses contemporains; seul en son temps, entre tous. Leur maison avait ceci d'étrange, que (...) sa cour était claire et que les pavés en étaient non seulement balayés, mais même lavés. Elle était seule de son espèce dans ce quartier ancien où les maisons disparaissaient sous une couche de crasse séculaire (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 121).
b) [Le compl. est un inf.] Être seul à comprendre, à connaître qqc. Tout parvenu peut faire de son intérieur un musée, mais l'homme sensible est seul à savoir que la beauté n'est pas fonction de l'argent (Arts et litt., 1935, p. 84-4).
B. — [En fonction d'épith.]
1. [Placé après le n.]
a) [En parlant d'une pers.]
) Qui n'est pas accompagné de son conjoint ou d'un compagnon. Des danses du ventre, des déshabillés en lingerie et des french cancans, qui attiraient une clientèle de messieurs seuls (SADOUL, Cin., 1949, p. 18).
) Qui n'est pas ou n'est plus marié. Mesures susceptibles d'améliorer la situation de la femme dans les divers domaines de la vie sociale (amélioration des conditions de travail de la mère, aide aux femmes seules (...)) (MEYNAUD, Groupes pression en Fr., 1958, p. 77).
) Qui souffre d'isolement. Synon. isolé. Un regard d'une tristesse indescriptible, la tristesse des êtres seuls (GREEN, Journal, 1951, p. 109).
) Dont les préoccupations sont différentes de celles du plus grand nombre. Synon. isolé. Napoléon est le symbole de l'homme seul, affrontant le monde humain et en venant à bout (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 249).
) En partic. Cavalier seul. Au fig. Faire cavalier seul.
b) [En parlant d'une chose]
) [En parlant d'un lieu] Où l'on est séparé des autres. Isoler avec la plus grande rigueur de tout le monde extérieur ces malades [atteints d'anorexie mentale]; chambre seule, suppression des visites, du courrier, des lectures et de la TSF (QUILLET Méd. 1965, p. 492).
) Considéré isolément, sans qu'il soit besoin de considérer autre chose. Synon. à lui/elle tout(e) seul(e) (infra I C 1 b). Les journaux anglais donnent le menu du repas [d'une fête]. Il paraît que le banquet seul a coûté 6.000 francs (HUGO, Corresp., 1862, p. 412). La fièvre toute seule n'est rien, ce n'est qu'un signe (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 100).
) DANSE. Pas seul. V. pas2. MUS. Voix seule.
2. [Placé avant le n.] À l'exclusion de tout autre. Synon. unique.
a) [Sans déterminatif] Par moment, seul habitant de ces solitudes, un oiseau, espèce de héron indéterminé, s'enlevait et planait dans l'air, comme suspendu à un fil, pour se reposer sitôt que nous étions passés (BENOIT, Atlant., 1919, p. 62).
b) [Placé entre l'art. et le nom; renforce l'art.]
) Un/une seul(e) + subst. Il suffit du commandant, de quelques officiers et sous-officiers, de quelques soldats d'élite pour que subsistent, parmi ces souffrances, une seule pensée, un seul but: tenir (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 245). V. dépeuplé II A ex. de Lamartine.
SYNT. (Être l'homme, la femme) d'un seul amour, d'une seule passion, d'un seul rêve; (sans hésiter) un seul instant; (sans prononcer) un seul mot; (sans) un seul regard; d'un seul côté; une seule fois, un seul exemplaire, un seul volume; (vivre dans) une seule pièce; (peser sur) une seule tête; une seule voix (de différence).
— Dans des loc. adv. D'un seul bloc, d'un seul bond, d'un seul élan, d'un seul geste, d'un seul jet, d'un seul mot, d'une seule pièce, d'un seul tenant, d'une seule traite. Jean mesura d'un seul regard le désert de sa vie (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 151).
♦ Fam. Comme un seul homme. Synon. de unanimement. — Dans ta famille il y a probablement d'autres impérialistes?... — Pas du tout! Sauf l'oncle Adolphe, qui a été ambassadeur sous Louis-Philippe, y sont tous légitimistes, comme un seul homme (GYP, Souv. Pte fille, 1928, p. 42). D'un seul coup ou d'un seul coup d'un seul. En une fois. Le matador, avec sa grande épée, doit tuer d'un seul coup (MICHELET, Journal, 1831, p. 95). Alors c'est d'accord, décida Pierrot, on y va ce soir d'un seul coup d'un seul. Toi, dit-il à Martial, tu nous précéderas en éclaireur avec ta bagnolle... Nous, on suivra avec un bahut qu'on piquera à la nuit (A.D.G., Les Panadeux, 1971, p. 131 ds BERNET-RÉZEAU 1989). Synon. de brusquement, soudainement, tout d'un coup. Je vois tout drôle alors d'un seul coup!... Je peux plus voir (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 388). [Gabin:] L'angoisse, la trouille, le trac, appelez ça comme vous voudrez, m'a pris d'un seul coup d'un seul (A. BRUNELIN, Gabin, Paris, J'ai lu, t. 2, 1989 [1987], p. 67).
— [Renforcé par même ou par unique] Un seul et même; (un) seul et unique.
— [Renforce une nég.] Entre eux, du reste, pas un seul mot d'amour, pas même un grain de cette menue galanterie qui est devenue presque une monnaie banale dans les conversations mondaines (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 67). [Associé à ne... pas/plus/point] Dès qu'on quittait le port français [de Tunis], on ne voyait plus un seul arbre (GIDE, Journal, 1896, p. 69). [En tête de prop. ou de phrase] Pas un seul jour nous n'avons cessé de marcher vers le but que nous a fixé le devoir (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 422).
— [Renforce une restriction] N'avoir qu'une seule envie, ne faire qu'une seule remarque. Il n'y avait qu'une seule expression qui à tous leur fût commune: l'absence de fierté (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 837).
) Le, la, les (ou autre prédéterm.: poss., dém.) + seul + subst. Je suis une âme incomprise, la dernière des grisettes, le seul survivant de la vieille race des troubadours (FLAUB., Corresp., 1872, p. 336). Ma seule joie était de les voir, ma seule anxiété de les attendre (PROUST, Sodome, 1922, p. 1126).
SYNT. a) Le seul avantage, danger, défaut, ennui, inconvénient, indice, moyen, parti (possible), point commun, témoin; la seule cause, différence, difficulté, explication, indication, issue, occasion, ombre au tableau, parade, route, solution, vérité, victime, voie. b) Mon seul ami, crime, désir, espoir, luxe, mérite, plaisir, recours, refuge, regret, souci, soulagement, tort; ma seule ambition, aspiration, chance, consolation, distraction, force, passion, richesse, satisfaction.
— [Suivi d'un rel. entraînant le subj.] Les hommes de son genre s'accoutument à tout, même à la mort, et surtout à la mort des autres, dès qu'elle fait partie de cette seule vie qu'ils sachent vivre: la vie courante (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 92). [Parfois suivi de l'ind. pour insister sur la certitude, la réalité d'un fait] La grève, c'est le seul acte qui peut encore nous sauver tous (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 497).
C. — [Dans des constr. attributives ou avec la fonction d'épith. mais avec une valeur adv.]
1. En appos. [Seul exclut toute pers. ou toute chose autre que celle qu'il représente] Synon. de seulement, ne... que.
a) [En tête d'une phrase ou d'une prop. sub.; séparé ou non par une virgule] Seul, le bruit de mes pas sur la pavé résonne (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 50):
• 3. L'étoile Polaire jouit d'une certaine renommée, comme tous les personnages qui se distinguent du commun parce que, seule parmi tous les astres qui scintillent au sein de la nuit étoilée, elle reste immobile dans les cieux.
FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 771.
— [Avec inversion du suj.] Seule a abouti à la gloire la colonne du temple qui est née à travers vingt générations de son usure contre les hommes (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 636).
b) [Placé après un n., un pron. ou un verbe] Les canards plongeant leurs cols d'azur dans l'eau tranquille y faisaient seuls des rides (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 255). Au centre d'une place, un minuscule jet d'eau glougloutait pour moi tout seul. J'avais tout, pour moi tout seul, ce soir-là (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 48). N'est-ce pas la mer, la mer seule qui a fait les groupements politiques du monde phénicien, du monde carthaginois, du monde grec, et même (...) du monde romain? (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 298). V. anachorète ex. 1.
♦ À lui/elle, moi... tout(e) seul(e). Synon. en lui-même, par lui-même. On en a fait [de Rabelais] (...) un encyclopédiste ou plutôt toute une encyclopédie à lui tout seul (L. FEBVRE, Sur Rabelais, [1931] ds Combats, 1953, p. 259).
— Expr. Dieu seul le sait. [Exprime l'impuissance à savoir qqc., l'inquiétude face à une cause inconnue] Avant tout (...), il faut que je voie cette funeste créature. Quelle sorte de personne vais-je trouver? Dieu seul le sait (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 187).
c) [Placé avant un n.] Pour quels amateurs les quelque 60.000 manieurs de pinceaux, recensés dans la seule ville de Paris, peindraint-il des « tableaux »? (Arts et litt., 1936, p. 72-8). Il devait penser comme moi que les concessions ne seraient probablement pas réciproques, mais viendraient de ma seule personne (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 129).
— Littér. La seule Madame de Matefelon, qui ne perdait point la tête, s'avisa, le soir, de faire observer à Ninon que, en somme, on avait pris un parti bien promptement (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 60).
d) [Renforce une loc. causale, finale, cond.] Par le seul effort de l'imagination; dans le seul but, pour le seul dessein, à (la) seule fin de (faire qqc.); pour cette seule cause, par la raison seule, par le seul motif, sous le seul prétexte, sous la seule réserve; pour, par, en cela seul que. Qui peut, dans le disparate du monde, par la seule vertu de son génie, tailler un visage nouveau et les forcer [les hommes] de tourner les yeux en sa direction et de le connaître? (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 570). Du fait seul que le bonheur a glissé dans le passé, le souvenir du bonheur ne résonne qu'avec un accompagnement de regret de tristesse (DURRY, Nerval, 1956, p. 28). V. fin1 B 1 ex. de Zola et Gide, idée I A 1 d ex. de Hugo et ex. 7.
2. Sans aide.
a) [En parlant d'une pers.] Sans assistance physique ou morale; p. ext., sans avoir recours à d'autres personnes. J'ai appris, tout seul, à prononcer le latin à peu de chose près comme les anciens Romains le prononçaient (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 127). Mes jambes ne me soutiennent plus. Viens, aide-moi à me soulever, je ne peux plus me lever seul (MONTHERL., Malatesta, 1946, IV, 9, p. 535).
SYNT. Se déplacer, marcher (tout) seul; se tenir (tout) seul en équilibre; nager seul; comprendre, travailler (tout) seul; décider, s'occuper (tout) seul de qqc.; se lancer seul dans une expédition, tenter seul de faire qqc.; assumer, entreprendre qqc. (tout) seul; mener, soutenir seul un combat; lutter seul contre qqc.; supporter seul une douleur; subvenir seul à ses dépenses; régler seul ses comptes, tenir tête, se débrouiller (tout) seul; se sortir, se tirer seul d'affaire, d'un mauvais pas.
— Expr. fam., gén. dans la lang. parlée. Tout seul comme un grand. [À propos d'un enfant] Comme un enfant plus âgé, comme une grande personne. Tout seul, comme un grand, Nicolas est parti à la colo (J.-J. SEMPÉ, R. GOSCINNY, Les Vacances du petit Nicolas, 1985 [1962], p. 90 ds BERNET--RÉZEAU 1989). [À propos d'un adulte] Avec aisance, habileté, sans le secours de personne. — Et le juge, demandai-je, il était aussi dans la combine? — Oh non, se marra Abel, lui y est entré tout seul, comme un grand (A.D.G., Joujoux sur le caillou, 1987, p. 177, ds BERNET--RÉZEAU 1989). Il/elle s'est fait(e) tout(e) seul(e). [Expr. admirative à l'égard de qqn dont la réussite soc. est manifeste et construite sur son travail personnel] Je me suis faite toute seule, moi! À seize ans, en sortant du lycée, je commençais déjà mon apprentissage chez un grand couturier! Et depuis, je n'ai pas arrêté (BOURDET, Sexe faible, 1931, II, p. 397). Tu as trouvé (deviné) cela (ça) tout seul. [Moquerie à l'adresse de qqn qui vient de dire qqc. que l'on juge bête] Tu as l'air d'une effrontée coquine, et j'ai bien envie de te balafrer la figure devant ton galant. — Mon galant! dit-elle, tiens, tu as deviné cela tout seul? Et tu es jaloux de cet imbécile-là? (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 59).
— SPORTS (hipp., cycl.). Gagner tout seul. Gagner dans une course sans avoir à lutter. E. a gagné tout seul par plus de cent mètres (Le Sport vélocipédique, 14 mai 1886 ds PETIOT 1982).
b) [En parlant d'une chose] Sans intervention humaine. Je croyais déjà que le feu s'était éteint tout seul, ou qu'il l'avait éteint, lui, quand une des fenêtres d'en bas creva sous la poussée de l'incendie (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1122). À mon avis elle [une pierre qui lui est arrivée dessus] n'a pas roulé toute seule... L'endroit était trop bien choisi (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 88).
— Dans des loc. figées et gén. dans la lang. parlée. [Le plus souvent dans des tours nég.; exprime que qqc. ne se fait pas sans effort ou présente des difficultés, pose problème] Ça ne pousse pas tout seul; ça ne va pas se passer tout seul. [Les choses] ne se font pas toutes seules ; ça ne pousse pas tout seul. Oh! j'ai un tas de besogne, aujourd'hui! — Oui, n'est-ce pas? Les choses ne se font pas toutes seules (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 378). Dites donc, et vos parents? Ça n'avait pas l'air de marcher tout seul. Vous faisiez un bruit! (HERMANT, M. de Courpière, 1907, III, 11, p. 27). [Dans un énoncé affirmatif ; exprime que qqc. se fait sans difficulté] Mandolina va venir (...) c'est l'instant de lui couler mon petit speech (...). En l'accompagnant de quelques billets de mille (...) ça ira tout seul (LABICHE, Choix gendre, 1869, 5, p. 365).
II. — Substantif
A. — [Avec valeur de pron. indéf.] Un seul. Une seule personne, une seule chose. Un seul sur les deux enfants; un seul d'entre eux; un seul de vos regards; un seul à la fois; pour ne parler que d'un seul; à l'exception d'un seul. Il fallait qu'elle mourût pour tous, plutôt que de vivre pour un seul (NERVAL, Filles feu, Dédic. à A. Dumas, 1854, p. 497). Elle entrouvrit un œil, un seul comme si elle avait essayé de retenir dans l'autre son sommeil (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 277).
♦ Pas un seul. [Placé en tête ou en fin de phrase ou de prop., sert à insister sur le contenu d'une nég.] Synon. de aucun. Pas un seul ne vous écoutera; vous verrez la droite bâiller, le ministère se moucher, le centre aller à ses affaires (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1820, p. 41). Je ne prendrai pas un coup, Maria, pas un seul! (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 93).
♦ Gouvernement d'un seul. Synon. de monarchie. Monarchie ou gouvernement d'un seul, oligarchie ou gouvernement de quelques-uns, démocratie ou gouvernement de tous (Traité sociol., 1968, p. 5).
B. — Le, la, les + seul. [La pers. ou la chose représentée par le,... seul se distingue de toutes les autres] Quels embarras il fait avec ses qui, ses que, ses aussi bien et ses tout de même que! Est-il assez content de parler la bonne langue, la meilleure, la seule! (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 226).
— [Suivi d'un rel. entraînant le subj. et qqf. l'ind. ou le cond.] Vous êtes la seule qui m'ayez témoigné de l'intérêt (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 33). Tu es la seule qui me plaise (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 165). Gise est la seule qui pourrait vous comprendre (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 842).
Rem. En fonction d'attribut et avec un pron. pers. comme suj. dans la princ., l'usage préfère gén. l'accord en personne du verbe de la sub., avec le suj. de la princ. et non avec l'antécédent du rel. supra. ex. de Sue et de Martin du Gard.
— [Suivi d'un inf. compl. prép. à] Les Deux-Magots ont disparu et peut-être suis-je le seul au monde à me rappeler la grande peinture à l'huile qui servait d'enseigne et représentait une jeune Chinoise entre deux de ses compatriotes (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 50).
♦ [P. ell. du compl. prép., dans la lang. parlée; à l'adresse d'une pers. à qui il arrive qqc. de malheureux ou de désagréable, en manière de plainte ou d'iron.] Vous n'êtes pas le seul! Tu as faim, tu as faim? Le beau malheur. Tu n'es pas le seul, tu sais, en ce bas monde. Il y en a d'autres. Et qui te valent bien! (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 371).
— [Placé avant un adj. ou un part. adj.] La liberté morale est la seule importante, la seule nécessaire (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 356). [P. ell. de l'art. déf.] Être seul apte, habilité à; être seul capable, digne, susceptible, en état, à même, en mesure de. Non qu'il se méfiât de son père; mais il exigeait d'être seul responsable de sa vie (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 208).
Prononc. et Orth.:[sœl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. sols « qui ne reçoit pas d'aide, d'appui étranger » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 157); 1176 seul (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 1543); 2. ca 1050 « qui n'est pas avec d'autres » tut sul (Alexis, éd. Chr. Storey, 61); 1165 sol a sol (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 20364 ds T.-L.); 3. a) ca 1050 « unique, avec idée de restriction sur le nombre » un sul faitur (Alexis, prol.); 1687 comme un seul homme (BOSSUET, Oraison du Prince de Condé ds Oraisons funèbres, éd. J. Truchet, p. 391); b) ca 1100 « unique, irremplaçable, avec une idée de restriction portant sur l'identité, la nature d'une chose ou d'une personne » (Roland, éd. J. Bédier, 3154); 4. 1559 « (souvent en tête de phrase) personne d'autre que, rien d'autre que » (J. GRÉVIN, La Pastorale, éd. L. Pinvert, p. 200: Car seule tu le peux); cf. 1560 (ID., Olimpe, p. 247: Seule vous me causez ce douloureux martire); 5. a) 1580 « par lui-même, sans considération du reste » (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, livre I, XXI, p. 98: du seul coup de son imagination); b) 1657-62 lui seul « sans qu'il soit besoin d'un autre » (PASCAL, Pensées, éd. L. Lafuma, n ° 99-80, p. 511); 6. a) 1661 « qui a peu de relations, de partisans » seul contre tous (MOLIÈRE, École des maris, I, 1, 54); b) 1657-62 « qui n'a pas de préoccupations communes avec son entourage » c'est un homme seul qui en juge (PASCAL, op. cit., n ° 59, p. 507); c) 1680 être seul dans le monde (SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 965). Du lat. class. solus « seul, unique; isolé, délaissé; solitaire, désert ». Fréq. abs. littér.: 75 306. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 112 643, b) 91 158; XXe s.: a) 105 412, b) 111 910. Bbg. KELLER (L.). Solo e pensoso, seul et pensif... St. fr. 1973, t. 17, pp. 3-14.
seul, seule [sœl] adj. et n.
ÉTYM. V. 1175; sols, 980; sol, v. 1050; lat. solus.
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1 Qui est sans compagnie, qui est séparé des autres. ⇒ Isolé, solitaire; solitude. — REM. Sauf quand il s'agit d'un isolement matériel dans un espace limité, le mot est plus faible que ses synonymes. || Être seul, tout seul (→ Méchant, cit. 11; mouvement, cit. 19). — Elle tricotait, seule dans sa cuisine (→ Jeu, cit. 83). || Je me croyais seul dans l'église (cit. 16). || « J'étais seul, l'autre soir, au Théâtre Français » (→ Presque, cit. 2). — Seul comme un ermite (cit. 5), seul dans sa retraite. || Vivre seul (→ Calfeutrer, cit. 1; non, cit. 56) dans une maison isolée (→ 1. Garde, cit. 13). || Sortir (→ Promener, cit. 11), marcher, cheminer (cit. 4) seul. || « Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre » (→ Flot, cit. 2). || Le paysan (cit. 7) travaille seul. || Coucher seul (→ Linceul, cit. 3). — Parler seul, tout seul. ⇒ Monologue, soliloque (→ Diseur, cit. 4; franchir, cit. 17). || Jouer seul, sans partenaire. ⇒ Soliste; solo.
1 Vous bâillez, disait une femme à son mari. — Ma chère amie, lui dit celui-ci, le mari et la femme ne sont qu'un, et, quand je suis seul, je m'ennuie.
Chamfort, Caractères et anecdotes, « Ennui d'un mari ».
2 J'ai marché devant tous, triste et seul dans ma gloire.
A. de Vigny, Livre mystique, « Moïse ».
2.1 On ne connaissait à Phileas Fogg ni femme ni enfants —, ce qui peut arriver aux gens les plus honnêtes —, ni parents ni amis —, ce qui est plus rare en vérité. Phileas Fogg vivait seul dans sa maison de Saville-row, où personne ne pénétrait. De son intérieur, jamais il n'était question. Un seul domestique suffisait à le servir.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 5.
2.2 Elle était tellement seule, et chez elle, qu'elle faisait le vide en tout ce grand appartement, le vide absolu. Elle l'habitait, l'emplissait, l'animait seule; il y pouvait entrer beaucoup de monde, et tout ce monde pouvait parler, rire, même chanter; elle y serait toujours seule, avec un sourire solitaire, et, seule, elle le rendrait vivant, de son regard de portrait.
Maupassant, Un portrait, Pl., t. II, p. 1054.
3 Elle ne pensait clairement à rien, ne désirait rien que se trouver seule, derrière une porte bien close, à l'abri, seule.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, p. 213.
4 Rester seul, délibérément, dans une société où chaque jour davantage votre intérêt évident est de vous agréger, c'est cette forme d'héroïsme que je vous convie ici à saluer.
Montherlant, Solstice de juin.
♦ Seul avec… || Être seul avec qqn, être avec lui et sans autre compagnon ou sans témoin (→ Caramel, cit.; prémunir, cit. 1). || « Il vivait seul avec sa bonne et ses deux valets dans sa ferme » (→ Madré, cit. 2). — Par métaphore, fig. || Seul avec la nature (cit. 69), avec ses pensées (→ Recours, cit. 4), avec soi-même (→ Mouvement, cit. 36). — Seul contre… || Être, se trouver seul contre tous. || Se trouver seuls (à deux ou à plusieurs, sans personne d'autre). → Déclin, cit. 3; monstre, cit. 11. — (Au plur.). || Enfin seuls !, titre d'un tableau du Salon de 1881, devenu célèbre.
4.1 « Ma petite maman, je dîne ce soir tout seul chez Réveillon », voulant expliquer par là qu'il allait goûter non la fièvre malsaine d'un grand dîner, mais plutôt l'innocente félicité, les agréments vertueux d'une causerie sérieuse avec un bon ami. Mais Mme Santeuil (donnant) à ce même tout seul le sens de sans ses parents, avec des femmes, pour nous préparer à une nuit d'orgie, sentit la colère qu'elle se réservait de répandre à son heure sur Jean (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 414.
♦ (Choses). || Cette maison, seule dans la campagne. — ☑ Fig. Un malheur n'arrive jamais seul.
5 Triste fleur qui croît seule et n'a pas d'autre émoi
Que son ombre dans l'eau vue avec atonie.
Mallarmé, Poésies, « Hérodiade », II.
♦ ☑ Loc. Seul à seul : en tête à tête, en particulier. || Combat seul à seul. ⇒ Singulier.
REM. Ce tour, traditionnellement considéré comme invariable, s'écrit encore souvent seul à seul en parlant d'un masculin et d'un féminin (cf. Molière, Gide, Daniel-Rops, etc., in Grevisse), mais les auteurs modernes (depuis Beaumarchais : → 2. Quart, cit. 1) font généralement l'accord de chaque adjectif : seul à seule (→ Émouvant, cit. 1, Verlaine; gaver, cit. 5, Larbaud), seule à seul (→ ci-dessous, cit. 7, Richepin), seuls à seuls (Giraudoux, in Grevisse).
6 Pourquoi ne veux-tu pas me dire ce qu'elle t'a confié hier, seule à seul ?
A. de Musset, Carmosine, III, 3.
7 Je veux lui répéter, seule à seul, que je l'aime.
Jean Richepin, Par le glaive, III, 8.
8 — Je suis particulièrement heureuse de pouvoir vous parler (…) seul à seule.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, XVIII.
REM. 1. Seul, attribut, est parfois détaché en tête de phrase. Seul, en avant, il marchait (→ Herse, cit. 2).
2. L'inversion du sujet n'est possible que si seul n'est pas réellement attribut (→ ci-dessous rem., supra cit. 24).
2 Qui n'a pas ou qui a peu de relations avec les autres hommes (→ Indépendant, cit. 9). || « Il n'y a que le méchant qui soit seul » (→ Appeler, cit. 37). — Spécialt. Qui n'a pas les amitiés, les appuis, les liens familiaux habituels, normaux. ⇒ Abandonné, esseulé. || Me voici donc seul sur la terre (→ Raffinement, cit. 4). || Il restait seul dans la vie (→ Incohérent, cit. 4). || Se trouver seul au monde (→ Orphelin, cit. 5). || Laisser qqn seul. ⇒ Esseuler.
9 Britannicus est seul. Quelque ennui qui le presse,
Il ne voit dans son sort que moi qui s'intéresse (…)
Racine, Britannicus, II, 3.
10 Il n'y a d'amis, d'épouses, de pères et de frères que dans la patrie. L'exilé partout est seul.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, XLI (1834).
11 Égoïste par force, dit Toussaint. Seul. Seul dans le temps, seul sur la terre. Mourir demain sans laisser de vide en personne.
J. Giono, le Chant du monde, II, II.
♦ Psychol., philos. Qui n'a pas de relations, de communication réelle avec un autre être (→ Coudoiement, cit. 2). || L'homme est seul (→ Individuel, cit. 7). || Se sentir seul. || Être seul à deux (→ Monologuer, cit.). — REM. Dans ce sens, seul peut être modifié par un adverbe de comparaison : il est un peu seul, très seul, moins seul.
12 Rester seul avec sa responsabilité; être seul en face du destin.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 177.
13 J'étais seul. Hors de moi, en moi, j'étais seul. Et seul j'avais toujours été. Seul, ce soir, j'allais être. Et demain, seul; et ensuite, toute la vie. Devant la mort, dans la mort même, s'il devait m'y rester quelque sentiment de mon être, j'éprouverais cette amertume de n'avoir rien ni personne qui pût, même pour mon épouvante, pénétrer ma solitude (…)
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 217.
14 — Où sont les hommes ? reprit enfin le petit prince. On est un peu seul dans le désert (…)
Saint-Exupéry, le Petit Prince, XVII.
3 (Avec de ou dans, et un complément). Unique. || Il croit qu'il est seul de son espèce (→ Naïveté, cit. 6). ☑ Seul dans son genre : sans égal. ⇒ aussi Singulier.
15 Le luxe suprême, pour une femme de chez moi, c'est de porter un chapeau qui soit seul de son modèle dans toute la ville de Paris.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XV.
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II Épithète.
1 (Placé après le nom). Qui n'est pas avec d'autres semblables, qui est « seul de sa substance » (Damourette et Pichon). || Un homme seul (→ Compagnie, cit. 5). || La France seule, sans alliés. — ☑ Loc. (Anciennt). Compartiment pour dames seules, non accompagnées par des messieurs. — Une phrase (cit. 9) seule occupait toute une veille. || L'autorité (cit. 10) seule ne fait jamais bien. — REM. Dans ces exemples, seul a la valeur forte de « à lui, à elle seule » (→ ci-dessous, 2., rem.).
♦ (Danse). || Les pas de deux et les pas (1. Pas, cit. 42) seuls. — ☑ Cavalier seul. ⇒ Cavalier (cit. 9). — Mus. || Voix seule, qui se fait entendre seule. ⇒ Solo.
2 (Placé avant le nom, entre l'article ou un « présentatif » et le nom). Qui est unique, « seul de son espèce » (Damourette et Pichon). ⇒ Un, unique; mono-, uni- (→ Aimer, cit. 36).
♦ Un seul, une seule… || « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (cit. 11). || Nous ne voyons jamais qu'un seul côté (cit. 15) des choses. || Relatif à une seule personne ou catégorie. ⇒ Exclusif, singulier; individuel. — Une seule fois (→ Ouverture, cit. 9). || Maison à un seul étage (→ Logement, cit. 6). — ☑ Loc. Comme un seul homme (→ Armée, cit. 2; et aussi humanité, cit. 10). — ☑ D'une seule pièce (cit. 33). — ☑ D'un seul coup (cit. 71), et, fam., d'un seul coup d'un seul. — ☑ Un seul et même, marque l'identité (→ Bout, cit. 15; dureté, cit. 5; inconstant, cit. 2). — Ensemble à un seul élément. ⇒ Singleton. — (Renforçant une négation). || Pas un seul petit morceau (cit. 1)… || Ne… pas, ne… plus un seul. ⇒ 2. Pas. || Je vous prie de ne pas dire un seul gros mot (→ Blesser, cit. 22). — Ne… qu'un seul (condamné par les puristes comme pléonastique). — Cf. aussi avec seul épithète. || « Il n'y a pas que l'amour seul qui donne de la jalousie » (Musset, les Confessions d'un enfant du siècle, IV, 1). — Vx. || N'avoir pas pour un seul ennemi, en avoir plus d'un. Cf. N'avoir pas (2. Pas, cit. 20) qu'un ennemi (que Littré qualifie de « locution barbare »). — REM. Jusqu'au XVIIe siècle, seul, dans cette acception, pouvait parfois se placer après le nom. || « Tout le royaume pleure la mort de son défenseur, et la perte d'un homme seule est une calamité publique » (Fléchier, Oraison funèbre de Turenne).
16 Notre style est très bon, et je serais un sot,
Madame, de vouloir y changer un seul mot.
Molière, les Femmes savantes, V, 3.
17 Il aurait pu prononcer un mot, un seul. Il n'a pas prononcé ce mot, je ne lui en fais pas grief.
G. Duhamel, Salavin, I, I.
♦ Le seul, la seule… || Un chien est la seule garde du Prince (→ Cerbère, cit. 1). || À la seule idée de… (→ Fatal, cit. 8), à la seule pensée (→ Monter, cit. 18). — Le seul bien désirable (→ Déposséder, cit. 3). || Les seules bonnes années de ma vie (→ Impérissable, cit. 2). || « À ta façon (cit. 37), la seule bonne ».
♦ (Avec une forme verbale). || Entrée réservée aux seuls adhérents, aux adhérents seulement, exclusivement. ⇒ Privilège. || « Aux seuls enfants d'Aaron (Dieu) commit ses sacrifices » (→ Office, cit. 1).
♦ (Sans l'article). || Il était seul juge (→ Relever, cit. 24). || Il deviendrait seul et unique propriétaire (→ Libérer, cit. 5). || L'illusion (cit. 33), seul vrai bien des hommes.
♦ (Avec un possessif). || Sa seule joie (cit. 18) sur la terre. || Mon seul luxe (cit. 10), ma seule excuse (cit. 5). — (Démonstratif). || Avec cette seule différence que… ⇒ Simple.
REM. Le seul… (comme le premier, le dernier…) doit à sa valeur de superlatif d'entraîner dans la relative l'emploi du subjonctif. C'est la seule consolation que l'on puisse attendre (→ Abreuver, cit. 5). Le seul portrait (cit. 3) gravé que j'aie vu d'elle. Le seul bruit qu'on entendît (→ Frémissement, cit. 5; et aussi Générosité, cit. 8; géranium, cit. 3; lumière, cit. 9). On met parfois l'indicatif si l'on veut insister sur le caractère de certitude, de réalité de l'idée verbale.|| « Les Français furent les seuls qui réussirent dans ce genre d'éloquence » (Voltaire, le Siècle de Louis XIV, XXXII).
18 La mort est le seul dieu que j'osais implorer.
Racine, Phèdre, IV, 6.
19 (…) pour moi, je ne puis vous pardonner rien : je suis le seul qui vous connais et qui vous aime assez pour vous avertir de toutes vos fautes.
Fénelon, Télémaque, IV.
20 (…) le souvenir d'un rêve, le plus doux, le seul que j'aie fait, le seul que je ferai sur la terre.
A. de Musset, Carmosine, I, 8.
21 (…) le seul d'entre nous pour qui la venue de Swann devint l'objet d'une préoccupation douloureuse, ce fut moi.
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 23.
22 (…) Sommes-nous le seul jeune ménage à élever un chat, un chien ?
Colette, la Chatte, p. 164.
23 (…) cet homme supérieur (…) dont j'étais seul à connaître les exceptionnels mérites.
G. Duhamel, la Pierre d'Horeb, XII.
REM. Cette construction se rencontre aussi avec seul attribut.
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III Avec une construction apparente d'attribut (ou d'épithète) mais avec une valeur adverbiale.
1 « En fonction d'apposition (pour marquer) que l'idée verbale s'applique exclusivement au mot auquel il se rapporte » (G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, §951). a (En tête de phrase). || « Seuls dans leurs doctes vers ils pourront vous apprendre… » (cit. 39). || Seuls, une révolution, un chambardement (cit. 1) général peuvent… (→ aussi Féconder, cit. 7). || Seul de tous les animaux, l'homme sait… (→ Récipient, cit. 2). — REM. Dans cet emploi, seul peut entraîner l'inversion du sujet.
24 « Seuls doivent compter les faits positifs » (P. Hazard) … Dans ces phrases (avec inversion du sujet), l'adjectif seul, tout en se rapportant grammaticalement au sujet postposé avec lequel il s'accorde en genre et en nombre, prend en réalité la valeur d'un adverbe. Il marque que l'action verbale est faite exclusivement par le nom sujet, et équivaut donc à l'adverbe seulement, ou à la locution restrictive ne… que (…)
Que seul, dans ce genre de tour, n'est pas attribut, c'est ce que montrent les phrases où le verbe est une copule suivie elle-même d'un attribut authentique : « Quelquefois seul était rose dans sa figure blanche, le bout de son nez… » (Proust, V, 249); (…) seul est (ici) une apposition au sujet.
R. Le Bidois, l'Inversion du sujet, p. 189.
b (Après le nom). || Le résultat seul décide si… (→ Calculer, cit. 6). || C'est du mystère (cit. 9) seul qu'on a peur. || « Le vrai seul est aimable » (cit. 8). → aussi Art, cit. 51; oublier, cit. 7. || Dieu seul est grand, mes frères (cit. 20). — (Après un pronom). || Celui… à qui seul appartient (cit. 20) la gloire… || Lui (cit. 22) seul est Dieu. || Moi (cit. 48) seul connaissais… — (Après un verbe). || Le désir qui fait seul le charme de la vie (→ Illusion, cit. 33). || « On dirait qu'ils ont seuls l'oreille d'Apollon » (→ Audace, cit. 27). || L'égoïsme et la haine ont seuls une patrie (cit. 11).
25 Ce ne sont pas mes premiers souvenirs que je prétends écrire ici, mais ceux-là seuls qui se rapportent à cette histoire.
Gide, la Porte étroite, I.
26 Pas un bruit. Des mouches seules grésillaient.
Saint-Exupéry, Courrier Sud, III, IV.
c (Avant le nom). Littér. || Les seuls chrétiens ont été astreints (cit. 2) à… — REM. On dirait aujourd'hui : seuls, les chrétiens, ou les chrétiens seuls.
2 Sans aide. || Faire une chose seul, tout seul (→ Gant, cit. 15; mesure, cit. 31). — ☑ Fam. Tout seul comme un grand. || Coltiner (cit. 1) un paquet tout seul. || « J'ai lu, j'ai vu, je pense et j'écris seul » (→ Exempt, cit. 9). || Débrouillez-vous tout seul, par vos propres moyens.
♦ (1880). Sports (hippisme). || Gagner tout seul, sans avoir à lutter. — (1886). || Il a gagné tout seul l'étape (en cyclisme). — (Avec un sujet n. de chose). || Aucune récolte ne lève (1. Lever, cit. 25) toute seule. || Le feu ne prend pas tout seul (→ Pin, cit. 2), il y faut une intervention humaine. — Par ext. ☑ Cela va, cela ira tout seul, facilement, sans difficulté. ⇒ Facile.
27 Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, II, 8.
♦ (Renforçant un pronom personnel). || À lui seul, tout seul (→ Caqueter, cit. 2). || Il ne doit sa réussite qu'à lui seul (→ Fils de ses œuvres). ⇒ aussi Moi (cit. 49 et 50). — Fam. (Avec un pronominal). || Il s'est invité (cit. 6) tout seul : personne ne l'a invité.
28 (…) certaines âmes à elles seules valent un peuple (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, III, p. 549.
29 Eux seuls m'avaient empêché de recevoir le dernier adieu d'Isa (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, II, XVII.
30 Que pouvait-il faire à lui seul ? Que pouvaient-ils faire à deux ou à trois dans les décombres de leur tranchée ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XVI, VII, p. 56.
3 ☑ (Renforçant une loc. causale ou finale). Du seul fait (cit. 22) que…, de… ☑ Pour la seule raison (cit. 60) que… ⇒ Simple. || De cela seul (→ Dieu, cit. 11), par cela seul (→ Interroger, cit. 4; montrer, cit. 38; plaire, cit. 4). — ☑ À seule fin (altér. de à celle fin). ⇒ 1. Fin (cit. 36). — Par pléonasme. || À cette seule fin. — Dans la seule vue de… (→ Prédire, cit. 3). || Dans le seul but. || Pour cela seul que…
31 Je m'astreins pourtant à ce petit effort quotidien à seule fin de ne point laisser se rouiller ma plume.
Gide, Journal, 14 mai 1940.
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IV N. || Un seul, une seule : une seule personne (→ ci-dessus, II., 2.). || Le despotisme (cit. 2) d'un seul. || La folie (cit. 19) est le rêve d'un seul. || Un seul de…, d'entre eux (→ Haut, cit. 12; et aussi 1. palette, cit. 3). || Une seule entre les maisons royales (→ Fixité, cit. 5). — Vous n'êtes pas le seul ! : il y en a bien d'autres dans votre cas. || Le seul à faire, qui puisse faire qqch. || J'étais le seul avec une blouse (→ Frapper, cit. 43).
32 En ce temps de suffrage universel, de conduite des affaires et de gouvernement du pays par tous les citoyens, jamais, jamais, la volonté d'un seul, qu'il soit Favre ou Thiers, n'aura disposé plus despotiquement des destinées de la France, et dans une ignorance plus entière de tous ses citoyens, sur tout ce qui se passe, sur tout ce qui se fait en leur nom.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 27 févr. 1871, t. IV, p. 174.
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DÉR. Seulabre, seulement, seulet.
COMP. Esseulé.
Encyclopédie Universelle. 2012.