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attendre

attendre [ atɑ̃dr ] v. tr. <conjug. : 41>
atendre fin XIe; aussi « s'appliquer, aspirer à, s'occuper de », en a. fr.; lat. attendere « faire attention », de tendere
I V. tr.
1Attendre qqn, qqch. : se tenir en un lieu où une personne doit venir, une chose arriver ou se produire et y rester jusqu'à cet événement. Je vous attendrai chez moi jusqu'à midi. Attendez-moi à la gare, dans le hall. Attendre qqn à son passage. guetter. Attendre qqn de pied ferme. Attendez-moi sous l'orme ! Attendre un bus, un taxi. Attendre sous un abri la fin de l'orage. Faire la queue en attendant son tour. « Un asile d'un jour pour attendre la mort » (Lamartine).
2 ♦ ATTENDRE (qqch., qqn) POUR : rester dans la même attitude, ne rien faire avant (que qqch. ou qqn arrive). Attendre le moment, l'occasion favorable (pour agir). « Qu'attendons-nous pour nous convertir ? » (Bossuet). Attendre qqn pour faire qqch. On n'attend plus que vous pour partir. — ATTENDRE QUE... Nous attendons qu'il revienne pour nous en aller. J'attends que ça soit fini, que tu aies fini. — ATTENDRE DE, et l'inf. « Pour juger de ce qu'il est, attendez de savoir ce qu'il a fait » (Rousseau). Attendez d'être sorti pour fumer.
3Absolt ATTENDRE : rester dans un lieu pour attendre (1o) qqn ou qqch. Attendre longtemps. Perdre son temps à attendre. languir, se morfondre, patienter, fam. poireauter (cf. Croquer le marmot, faire antichambre, faire le pied de grue, prendre racine). Je suis resté deux heures à attendre; j'ai attendu (pendant) deux heures. Je ne peux pas attendre plus longtemps. demeurer, rester. Fam. J'ai failli attendre (attribué à Louis XIV). PROV. Tout vient à point à qui sait attendre : avec du temps et de la patience, on vient à bout de tout. — Faire attendre qqn, se faire attendre : tarder à venir, être en retard. « Le meilleur moyen de faire attendre patiemment le public, c'est de lui affirmer qu'on va commencer tout de suite » (Hugo).
Laisser passer du temps en restant dans la même attitude. Il vaut mieux attendre avant de vous décider, avant d'agir. 2. différer, patienter, remettre, surseoir, temporiser (cf. Voir venir). Répondez sans attendre (cf. Tout de suite). Attendons, on verra bien.
Interj. Attends ! Attendez ! Attendez un peu, je n'ai pas fini. Attendez un peu, que je vous y reprenne (menace). Attends, je vais t'expliquer (pour interrompre son interlocuteur).
4(Choses) Être prêt pour (qqn). Le dîner, la voiture vous attend ( 1. prêt; préparé) . Le sort qui nous attend, qui nous est destiné, promis, réservé. De cruelles déceptions l'attendent. menacer. Il ne se doute pas de ce qui l'attend ! Le repas se fait attendre. désirer. Absolt Le train n'attend pas, n'attendra pas (pour partir). Cela ne peut pas attendre. Ça attendra demain !
5Compter sur (qqn ou qqch. dont on souhaite ou redoute la venue); prévoir (un événement). escompter, prévoir. On attend un invité d'honneur. « En attendant Godot », pièce de S. Beckett. Vous êtes en retard : on ne vous attendait plus, on ne comptait plus sur vous. Attendre une visite. Attendre une lettre, un coup de fil. Le contraire de ce qu'on attendait. « Le temps passe, les choses que l'on attendait vous arrivent un jour » (Jaloux). Loc. Attendre qqn comme le Messie. Spécialt Attendre un enfant : être enceinte. « C'est ma femme. Elle attend un enfant. Et moi aussi, ajoute-t-il avec humour » (Vautrin).
♢ ATTENDRE QQCH. DE. compter (sur), espérer. Qu'attendez-vous de moi ? Il n'y a rien à attendre de lui. « Il ne faut attendre aucune justice de la part des hommes » (F. Mauriac). « J'attends tout de la vie. Mais je n'en espère rien » (J. Attali). Je n'attends rien de bon de ce changement.
6Attendre qqn à..., attendre qu'il s'engage dans une difficulté pour le juger ou pour le vaincre. Fam. Je l'attends au tournant, au moment difficile.
7Tr. ind. région. Attendre après qqn, l'attendre avec impatience. — Attendre après qqch., en avoir besoin. Je n'attends pas après votre aide. Rien ne presse, je n'attends pas après.
IILoc. adv. EN ATTENDANT : jusqu'à tel moment. ⇒ provisoirement. J'ai rendez-vous dans une heure; en attendant, prenons un verre. « Tous travaillaient comme s'ils travaillaient “en attendant”. Ça aussi [...] nous rapprochait : ce sentiment indéfinissable d'attendre ensemble » (Dabadie). Quoi qu'il en soit, toujours est-il. C'est peut-être nécessaire, mais, en attendant, c'est très désagréable. Loc. conj. En attendant que : jusqu'à ce que. L'enfant « enrichit continuellement sa mémoire, en attendant que son jugement puisse en profiter » (Rousseau). Loc. prép. En attendant de (et l'inf.). III ♦ S'ATTENDRE v. pron. (XIIe « compter sur » [qqn, qqch.])
1 ♦ S'ATTENDRE À qqch. :penser que cette chose arrivera. ⇒ escompter, imaginer, prévoir. De sa part, il ne faut s'étonner de rien, il faut s'attendre à tout. On s'attendait au pire. « Au moment où il s'y attend le moins (c'est toujours à ce moment précis que les malheurs arrivent) » (Renard). « On s'attend à trouver un dieu; on touche un homme » (A. Gide). Si je m'attendais à cela ! Je m'attendais un peu à vous rencontrer, je m'y attendais.
S'attendre de... (vx) « On s'attendait de voir un auteur et on trouve un homme » (Pascal).
2S'attendre que. Vx (avec l'indic.) Je m'attends que vous viendrez demain ( ACADÉMIE ). Mod. et littér. (avec le subj.) « Il faut s'attendre que de telles transformations deviennent la règle » (Valéry).
Cour. S'ATTENDRE À CE QUE (et le subj.). « On s'attend à ce qu'il soit élu au premier tour » (Brunot). « Elle s'attendait à ce qu'il vînt à Paris » (Maurois).
⊗ CONTR. 1. Aller (s'en aller), 1. partir. Agir, hâter, presser.

attendre verbe transitif (latin attendere, être attentif) Rester en un lieu jusqu'à ce que quelqu'un arrive, que quelque chose soit prêt ou se produise : Attendre un ami à la gare. Il attend qu'on le serve. Sans complément, rester longtemps jusqu'à ce que quelque chose se produise ; patienter : Il n'aime pas attendre. Différer d'agir jusqu'à ce que quelque chose se produise, jusqu'à une certaine date : Attendez que je revienne pour sortir. Sans complément, rester intact ou dans le même état, en parlant de quelque chose : Ce travail peut attendre. Compter sur la venue de quelqu'un, sur l'arrivée de quelque chose : Nous vous attendions pour huit heures. Compter sur une action de quelqu'un, sur le résultat de quelque chose : Qu'attendez-vous de moi ? Être préparé pour quelqu'un, lui être destiné : Il ne savait pas ce qui l'attendait à son retour.attendre (citations) verbe transitif (latin attendere, être attentif) Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t'attends. Alcools, l'Adieu Gallimard Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Qu'importe le soleil ? Je n'attends rien des jours. Premières Méditations poétiques, l'Isolement Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Qui aime, attend. Carnets Gallimard Joseph-Marie, dit Joséphin Soulary Lyon 1815-Lyon 1891 Ce qui peut venir le plus à point à qui sait attendre, c'est presque toujours le dégoût de la chose attendue. Promenade autour d'un tiroir Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine Simbirsk 1870-Gorki, près de Moscou, 1924 Le temps n'attend pas. Proclamation destinée au Comité de Pétrograd, 1918 Commentaire Dès sa prise de pouvoir, Lénine décida de briser la résistance des paysans riches. Il fit appel à la classe ouvrière pour mener cette lutte : « Camarades ouvriers, sachez que la révolution est dans une situation critique ; sachez que vous seuls pouvez la sauver et personne d'autre. Ce qu'il nous faut, ce sont des dizaines de milliers d'ouvriers d'élite, dévoués au socialisme, pour marcher contre les koulaks. Sans cela, c'est la famine, le chômage, la mort de la révolution. Camarades ouvriers, le sort de la révolution est dans vos mains. Le temps n'attend pas. » Louis XIV, roi de France Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715 J'ai failli attendre. Commentaire On a prêté ce mot à Louis XIV, mais sans aucune preuve. La duchesse d'Orléans, dans ses Mémoires, rapporte seulement qu'il ne pouvait souffrir que l'on le fît attendre. Anonyme De l'eau qui va, du temps qui passe, des fleurs qui se dispersent, lequel voudrait m'entendre si je lui disais d'attendre ? Récits de la province d'Isé Commentaire Citation japonaise, vers la fin du IXe siècle. ● attendre (difficultés) verbe transitif (latin attendere, être attentif) Conjugaison Comme tendre : le d est conservé dans toute la conjugaison. Construction 1. Attendre demain se dit aujourd'hui plus couramment qu'attendre à demain ou attendre jusqu'à demain, qui restent cependant corrects : il attend toujours (à) la dernière minute pour faire son travail. Attendre après qqn ou qqch est admis pour marquer le besoin ou l'impatience : on attend après lui depuis maintenant deux heures. → après. 2. Attendre de (+ infinitif) : j'attends de savoir ce que vous allez me dire ; ils attendent pour partir d'en avoir reçu l'ordre. 3. Attendre que (+ subjonctif) = rester jusqu'à ce que. J'attends qu'il ait fini pour partir. Attendre que (+ subjonctif) = espérer que, compter que. N'attendez pas qu'il vous réponde avant deux mois. 4. S'attendre que ou à ce que (+ subjonctif). Les deux constructions sont correctes. On emploie plus souvent à ce que dans la langue courante et que dans un registre soutenu : je m'attends à ce qu'il m'écrive ; il s'attend qu'on le choisisse. → à. Remarque S'attendre que (+ indicatif) est une construction de la langue classique qui ne s'emploie plus. 5. S'attendre à (+ nom ou + infinitif) : il ne s'attend pas à mon départ ; tu ne t'attendais sÛrement pas à réussir. Recommandation À l'impératif, on dit pour des raisons d'euphonie attends-toi à cela, attendez-vous à cela, de préférence à attends-t'y et attendez-vous-y, théoriquement corrects mais inusités. ● attendre (expressions) verbe transitif (latin attendere, être attentif) Familier. Attendre quelqu'un (au tournant, au passage, là), compter qu'il s'engage dans une difficulté pour prendre sur lui une revanche, pour obtenir de lui ce qu'on désire (se dit surtout par menace ou par défi). Attendre un enfant, être enceinte. Attendre famille, en Belgique, être enceinte. En attendant, provisoirement, jusqu'au moment où ce qu'on attend se produira ; quoi qu'il en soit, toutefois. En attendant de + infinitif, que + subjonctif, jusqu'au moment de, jusqu'à ce que. Se faire attendre, être en retard à un rendez-vous ; en parlant de quelque chose, tarder à se produire, à arriver. ● attendre (synonymes) verbe transitif (latin attendere, être attentif) Rester en un lieu jusqu'à ce que quelqu'un arrive, que...
Synonymes :
Contraires :
Sans complément, rester longtemps jusqu'à ce que quelque chose se produise ;...
Synonymes :
- moisir (familier)
Différer d'agir jusqu'à ce que quelque chose se produise, jusqu'à une...
Synonymes :
Compter sur la venue de quelqu'un, sur l'arrivée de quelque chose
Synonymes :
- espérer
- présumer
- prévoir
Compter sur une action de quelqu'un, sur le résultat de...
Synonymes :
attendre verbe transitif indirect Compter sur quelqu'un, sur quelque chose dont on a un besoin urgent : Vous pouvez garder ce livre, je n'attends pas après.attendre (difficultés) verbe transitif indirect Conjugaison Comme tendre : le d est conservé dans toute la conjugaison. Construction 1. Attendre demain se dit aujourd'hui plus couramment qu'attendre à demain ou attendre jusqu'à demain, qui restent cependant corrects : il attend toujours (à) la dernière minute pour faire son travail. Attendre après qqn ou qqch est admis pour marquer le besoin ou l'impatience : on attend après lui depuis maintenant deux heures. → après. 2. Attendre de (+ infinitif) : j'attends de savoir ce que vous allez me dire ; ils attendent pour partir d'en avoir reçu l'ordre. 3. Attendre que (+ subjonctif) = rester jusqu'à ce que. J'attends qu'il ait fini pour partir. Attendre que (+ subjonctif) = espérer que, compter que. N'attendez pas qu'il vous réponde avant deux mois. 4. S'attendre que ou à ce que (+ subjonctif). Les deux constructions sont correctes. On emploie plus souvent à ce que dans la langue courante et que dans un registre soutenu : je m'attends à ce qu'il m'écrive ; il s'attend qu'on le choisisse. → à. Remarque S'attendre que (+ indicatif) est une construction de la langue classique qui ne s'emploie plus. 5. S'attendre à (+ nom ou + infinitif) : il ne s'attend pas à mon départ ; tu ne t'attendais sÛrement pas à réussir. Recommandation À l'impératif, on dit pour des raisons d'euphonie attends-toi à cela, attendez-vous à cela, de préférence à attends-t'y et attendez-vous-y, théoriquement corrects mais inusités.

attendre
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rester en place pour la venue de qqn ou de qqch. Attendre un ami. Attendre l'autobus. J'attends qu'il vienne.
J'attends de vos nouvelles, j'espère en avoir bientôt.
|| Loc. Vous ne perdez rien pour attendre: vous aurez quand même le châtiment que vous méritez.
d2./d Différer d'agir jusqu'à un terme fixé. Nous attendons le beau temps pour partir.
d3./d être prêt, préparé pour. Un excellent repas nous attend.
d4./d être prévu ou prévisible; menacer. De graves ennuis vous attendent si vous persistez dans votre attitude.
d5./d v. tr. indir. Fam. Attendre après qqch, en avoir besoin. J'attends après cet argent.
d6./d (Afr. subsah., Belgique) Attendre famille: être enceinte.
Absol. (Belgique) Pop. Elle attend pour le mois de mai.
rII./r v. Pron. Compter sur, se tenir assuré de. Je m'attends à le voir d'un moment à l'autre. Je m'attends qu'il vienne (ou: à ce qu'il vienne).
|| On peut s'attendre à ce que...: il est fort possible que...
|| Loc. S'attendre à tout: estimer que tout, même le pire, peut arriver.
rIII/r Loc. adv. En attendant: jusqu'à ce qu'arrive ce qu'on attend.
|| Loc. conj. En attendant que: jusqu'à ce que.

⇒ATTENDRE, verbe trans.
I.— Emploi trans. dir.
A.— [L'idée suggérée est celle d'un simple écart temporel, à laquelle se joint habituellement l'idée implicite d'un lieu où se trouve le sujet] Rester en un lieu, l'attention étant fixée sur quelqu'un ou quelque chose qui doit venir ou survenir.
Rem. Attesté ds tous les dict. gén. à partir de Ac. 1798.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Attendre qqn. Attendre quelqu'un à la gare, attendre son amoureux :
1. Dans la grande salle, debout derrière les comptoirs, elles [les dames patronnesses] attendaient les clients.
ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 330.
2. Marat pria Annie de l'attendre, en flânant aux boutiques du boulevard, pendant qu'il parlerait en particulier à Rodrigue.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 213.
Autres expr., fam., à l'impér. Ne m'attendez pas pour partir (BOURDET, Le Sexe faible, 1931, p. 333); attends-moi, petit, je reviens (A. DAUDET, L'Arlésienne, 1872, II, 4, p. 396).
Proverbe vieilli. Il faut attendre le boiteux. ,,Pour être assuré de la vérité d'une nouvelle, il faut en attendre la confirmation`` (Ac. 1798).
Iron. Attendez-moi sous l'orme. (Ac. 1798) ,,Pour signifier à quelqu'un qu'on ne compte pas sur ce qu'il promet`` (Ac. 1798). Attendre qqn comme les Moines font l'Abbé. (Ac. 1798) ,,Ne l'attendre point et se mettre à table sans lui`` (Ac. 1798).
b) [L'obj. désigne une chose concr.] Attendre qqc. Attendre le train, un paquet :
3. Elle trouva Mme Raquin et Camille anxieux et empressés; elle répondit sèchement à leurs questions, en disant qu'elle avait fait une course inutile et qu'elle était restée une heure sur un trottoir à attendre un omnibus.
ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, p. 56.
c) [L'obj. désigne un événement] Attendre le sommeil, la rentrée des classes, son tour.
SYNT. Attendre du secours; attendre l'heure de la sortie, la livraison d'un colis, la relève, une réponse.
Rem. La distinction notamment entre les emplois b et c est dans les cas partic., délicate à établir : il s'agit pratiquement toujours d'événements où les choses sont mentionnées ou seulement suggérées. C'est pourquoi on n'a pas fait ci-dessus de distinction pour les syntagmes.
d) Au fig. et fam. Attendre qqn (que l'on aime plus ou moins) à qqc. (qui est de l'ordre du comportement).
Vieilli. [Avec une simple idée d'exploitation d'une surprise causée à qqn] Attendre qqn au passage. Surprendre quelqu'un et profiter de l'effet de surprise pour connaître sa réaction et ou lui demander quelque chose :
4. Les amis du plus habile candidat s'emparent des avenues, et attendent au passage l'académicien de leur connaissance, qu'ils ont l'air de rencontrer par hasard; il est si simple de parler de l'élection qui se prépare!
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 139.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. à partir de Nouv. Lar. ill.
[Avec une idée de revanche ou de menace] Attendre qqn au prochain tour, aux examens, aux élections.
C'est là que (où) je l'attends. Expression employée ,,soit pour marquer qu'on est en état de ne point craindre celui dont on parle, et qu'on est en état de lui faire plus de mal qu'il n'en peut faire, soit pour faire entendre qu'on saura tirer avantage contre lui des choses où il a le plus confiance`` (Ac. 1798 et attesté dans la plupart des dict. gén. à partir de cette date).
Rem. Une var. p. allus. à la liturg. de la messe est donnée à partir de Lar. 19e : C'est au Sanctus que je l'attends, c'est au cœur d'une difficulté que je l'attends (d'apr. Lar. 19e).
Attendre qqn au tournant, au virage (au passage). Patienter jusqu'à ce que quelqu'un soit dans une situation critique pour tirer avantage sur lui.
2. P. anal. ou méton. [Le suj. désigne une chose concr. qui doit faire l'obj. d'une utilisation normalement prévue]
a) Être à la disposition des personnes intéressées. Le bateau vous attend au quai; une lettre l'attend chez lui; le déjeuner nous attend :
5. Aussitôt, des instructions partirent du bureau du colonel pour chaque kommando, avec ordre aux Wachmann de détruire tous les exemplaires du journal [L'an quarante] qu'ils pourraient trouver. C'était trop tard, car nous avions prévu la chose, et par la même voie ignorée qui servait à rapatrier mes carnets, des collections de L'an quarante avaient pris le chemin de la France. Elles y attendirent notre retour en sécurité, et mériteront de prendre une place à part dans l'histoire de la presse des camps.
AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 117.
b) Être prêt pour une opération attendue :
6. ... une salle spéciale est réservée aux enfants, pour l'heure du conte, et, dans un hangar voisin, le bibliobus attend son chargement de caisses de livres pour les villes et villages de l'arrondissement.
La Civilisation écrite, 1939, p. 5212.
Rem. Comme on voit, une idée d'impatience peut facilement se mêler à l'emploi de ces syntagmes.
B.— [L'idée de lieu s'estompant, celle d'écart temporel se double d'un sentiment partic. variant selon la situation ou le contexte]
1. [Le suj. désigne gén. une pers.]
a) [Le sentiment est celui de la certitude ou de la confiance, gén. parce que le délai est rapproché et/ou fixé] Attendre du monde; attendre le médecin d'un moment à l'autre; attendre le dégel.
[Avec l'indication du délai ou du motif de l'attente] Attendre qqn à dîner, pour le dîner, pour une partie de bridge.
Spéc., par une sorte de pudeur. [Le suj. désigne une femme] Attendre un bébé, un enfant, un héritier, un heureux événement, Être enceinte.
Rem. Attesté ds les dict. gén. du XXe s. à partir de Lar. encyclop., toutefois on trouve déjà ds Ac. 1798. ,,Elle n'attend que l'heure d'accoucher.``
[Avec une idée de soumission au réel à venir] Attendre les événements :
7. Et pourtant, tandis que les forêts se réjouissent, en voyant leur nouvel hôte tenter son premier vol à travers les airs, un vieil oiseau, qui se sent abandonné de ses ailes, vient s'abattre auprès d'une onde : là, résigné et solitaire, il attend tranquillement la mort au bord du même fleuve où il chanta ses amours, et dont les arbres portent encore son nid et sa postérité harmonieuse.
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 176.
[Avec une idée de résistance opiniâtre ou d'agressivité] Loc. attendre qqn de pied ferme :
8. Vous parliez du Jugement dernier. Permettez-moi d'en rire respectueusement. Je l'attends de pied ferme : j'ai connu ce qu'il y a de pire, qui est le jugement des hommes.
CAMUS, La Chute, 1956, p. 1530.
b) [Avec un sentiment d'espoir mêlé d'appréhension, lorsque ce qui est attendu répond à un besoin, à une demande vivement ressentis, et que le délai n'est ni fixé ni parfois fixable] Espérer la venue de quelqu'un, la survenance de quelque chose. Attendre un libérateur, la libération; attendre un miracle :
9. MAXIMILLA et PRISCILLA reparaissent, pleurantes et désolées. Antoine, oh! doux Antoine! C'est toi que nous voulons, nous t'appelons, nous t'attendons, nous t'espérons. Nous entends-tu? Nous entends-tu?
FLAUBERT, La Tentation de st Antoine, 1849, p. 313.
10. — Va... moi aussi j'ai cru qu'il fallait passer des nuits blanches à attendre l'inspiration. C'est de la blague, tout ça... Le génie, tout le monde en a un peu! Ce qu'on n'a plus maintenant, parce que, ça, il faut l'acquérir, c'est de la conscience...
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 92.
11. Un jour de 1906 enfin, M. Justin rentra le visage plus éclairé que de coutume et gravit l'escalier en chantonnant, ce qui ne lui était jamais arrivé. Promu directeur, il n'attendait plus rien. À dater de là, il parut installé dans la vie, fit des économies, fut reçu au Volney, et présida l'association des châtaignes.
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 6.
12. Cette apparente désaffection, ce silence que le monde fait autour d'une destinée qui décline, heureux sont ceux qui ne le redoutent pas et qui même l'attendent avec une anxieuse espérance.
MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 40.
Loc. Attendre qqn comme le Messie.
[Avec parfois une idée d'impatience, lorsque la satisfaction de l'attente est ressentie comme un dû, un droit, comme l'exécution d'une promesse, etc.] Être attendu; fam. ma femme m'attend; attendre des explications (des éclaircissements).
c) Attendre qqc. (de bon) de qqn ou de qqc. Espérer un heureux résultat de l'action ou des capacités de quelqu'un, d'une action sur quelque chose. Attendre beaucoup de qqn; n'attendre son salut que de soi-même; attendre qqc. de l'étude d'un document; ce qu'on attend d'une invention :
13. Je n'attends rien de bon d'un homme qui n'a pas d'honneur à l'égard de sa femme.
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 23.
♦ Loc. Je n'en attendais pas tant. Le résultat a passé mon espérance.
[Avec personnification de l'obj. et/ou parfois du suj.] Attendre qqc. de l'avenir. ,,La médecine (...) n'a rien à attendre des radiesthésistes`` (A. MADON, La Parapsychologie, 1954, p. 62) :
14. L'art est le seul à ne rien attendre de la vie que la vie même, et à ne chercher sa récompense que dans son propre exercice...
É. FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 271.
2. [Le suj. désigne gén. une chose abstr.]
a) Rare. [En parlant d'une faveur normalement due] :
15. C'est à l'heure même où il entend la voix du Seigneur sur le chemin de Damas que Saul se donne à lui sans réserve, sacrifie la gloire mondaine qui l'attend, et de persécuteur devient apôtre.
H. MONOD, Sermons, 1911, p. 189.
b) [En parlant d'une tâche difficile ou longue, faisant appel aux capacités et au courage de qqn] :
16. Nul ne niera cependant qu'une meilleure orientation du goût musical ne soit une des tâches qui attendent aujourd'hui les dirigeants des nations cultivées.
La Civilisation écrite, 1939, p. 5001.
c) Fréq. [En parlant d'un événement pénible, d'une menace, etc., réclamant la fermeté de celui qui en sera affecté] Une horrible déception les attend :
17. Des difficultés insurmontables — la preuve en a été donnée — attendent celui qui voudrait voir la pensée dans son entier comme humaine et essayer ensuite d'établir le passage homme-matière au niveau pensée-corps machinal.
A. DAVID, La Cybernétique et l'humain, 1965, p. 157.
Loc., fam. Vous savez ce qui vous (nous) attend.
C.— [Avec l'idée que l'écart temporel est exploité pour suspendre une activité; le terme final de la suspension d'activité est exprimé par le compl. d'obj.; la nature de l'activité suspendue est d'ordinaire indiquée par un compl. circ. du type pour + inf.] Différer (une activité matérielle, intellectuelle, etc.) jusqu'à la survenance de (un événement, etc.).
1. [L'obj. est un subst. abstr.] Attendre les ordres de qqn, une occasion, l'expiration du loyer (pour) :
18. Le comte avait dû attendre la majorité de son fils pour pouvoir l'adopter et lui transmettre son nom; l'adoption entraînant la nécessité de léguer, il lui avait permis de traiter l'enfant naturel en enfant légitime.
ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 91.
SYNT. N'attendre qu'un prétexte, qu'un signal pour. Fam. Qu'est-ce qu'ils attendent? Je ne sais pas ce qu'on attend. [Dans le lang. littér. et hist.] Il faudra attendre (la fin du XVIIIe s.) pour (voir aboutir...).
Proverbes et expr. proverbiales
Attendre son heure. Synon. patienter jusqu'à ce que les événements soient favorables. Il fit confiance au temps, il attendit son heure (BAINVILLE, Histoire de France, t. 1, 1924, p. 131).
Fig. ,,Un coup n'attendait pas l'autre : les coups se succédaient rapidement, sans interruption`` De même : ,,Une question, une saillie n'attendait pas l'autre`` (Ac. 1835 et attesté dans la plupart des dict. gén. à partir de cette date, déjà signalé comme vieilli par DG).
P. allus. littér. CORNEILLE, Le Cid, II, 2, v. 405-6 (RODRIGUE à DON GOMES, comte de Gormas) : Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien-nées La valeur n'attend point le nombre des années. LA FONTAINE, Fables, I, 12, Le Chêne et le roseau (le roseau au chêne : Vous avez jusqu'ici Contre leurs (des vents) coups épouvantables Résisté sans courber le dos; Mais attendons la fin). Mais attendons la fin. ,,Il est imprudent de compter sur une constante prospérité tant qu'on n'a pas mené à terme une entreprise`` (Lar. 19e).
Rem. 1. Lorsque le terme final de la suspension d'activité est un moment du temps, une date, etc., trois constr. sont possibles : attendre à demain (vieilli), attendre demain, jusqu'à demain (usuel) pour... 2. Attendre à demain est plus fréq. à la forme négative, sans doute par réf. au célèbre vers de Ronsard (Amours, Sonnets à Hélène, Quand vous serez bien vieille...) : Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain.
2. [L'obj. est un inf. introduit par la prép. de; le verbe à l'inf. exprime un état ou l'achèvement d'un procès] Attendre d'être sûr de qqc., d'avoir vu qqc. pour... :
19. Enfin quand elles [les fillettes] possédaient le rôle principal auquel elles étaient destinées (rôle de prince, de princesse, de géant ou raksasa, de suivante, d'oiseau, etc.), elles attendaient pour s'exhiber en public d'avoir été consacrées au cours d'une cérémonie solennelle.
J. CUISINIER, La Danse sacrée en Indochine et en Indonésie, 1951, p. 52.
3. [L'obj. est une prop. complétive] Attendre que + subj. attendre que le jour se lève :
20. Car au jeu des échecs ton adversaire attend pour pousser sa pièce que tu aies daigné pousser la tienne.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 668.
Expr. proverbiale. Attendre que les alouettes tombent toutes rôties, cf. alouette (Nouv. Lar. ill., ROB.).
Rem. Pour le compl. circ. exprimant la nature de l'action différée, les dict. gén. donnent également la constr. attendre à + inf. : j'attends à partir qu'il fasse moins chaud (Ac. 1798). Ac. 1835 corrige déjà en signalant comme synon. cour. attendre pour + inf.
II.— Variations sur l'emploi trans.
A.— Emploi trans. indir. (cf. aussi supra I C). Attendre après qqn ou qqc.
1. Compter sur quelqu'un ou quelque chose de manière nécessaire et souvent avec impatience :
21. ... on ne pouvait pas s'empêcher d'aller chercher là de la monnaie, lorsqu'on attendait après un pain de quatre livres.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 645.
Fam. Je n'ai pas attendu après vous pour (faire qqc.).
2. Pop. Attendre après l'autobus. Attendre l'autobus (cf. supra I A 1). De même attendre un ami.
Rem. HANSE 1949, THOMAS 1956 et GREV. 1964, § 929, p. 925, signalent que attendre après ne s'emploie correctement qu'au sens de compter sur qqn ou qqc., et que l'emploi 2 où l'idée de lieu est implicite, est incorrect.
B.— Emploi abs.
1. [Pour tous les sens indiqués sous I, en parlant d'une pers. p. ex.]
a) [Avec une idée de lieu ou de temps] :
22. — Monsieur, me dit-elle [la comtesse de Restaud] en me présentant une chaise, auriez-vous la complaisance d'attendre?
— Jusqu'à demain midi, madame, répondis-je en repliant le billet que je lui avais présenté, je n'ai le droit de protester qu'à cette heure-là.
BALZAC, Gobseck, 1830, p. 394.
23. Je sais attendre. Je sais écouter l'ascenseur et courir cent fois à la porte. Je sais guetter le téléphone et les taxis qui ralentissent et qui passent...
COCTEAU, Théâtre de poche, 1949, p. 102.
P. métaph. [En parlant d'une chose] La maison voit, veille, surveille attend (BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, p. 48).
b) [Avec une idée d'impatience] L'Angleterre avait dû attendre et patienter (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, 123) :
24. ... le marquis n'était pas homme à se tenir longtemps dans une position si violente et qui répugnait à tous ses instincts. Il n'avait ni la patience ni la persévérance qui sont le ciment des âmes énergiques et des esprits forts. Inquiet, irrité, humilié, exaspéré, las d'attendre et de ne rien voir venir, acculé dans une impasse et n'apercevant point d'issue, il y avait cent à parier contre un que le marquis sortirait de là brusquement, par un coup de foudre; mais nul, pas même Madame de Vaubert, n'aurait pu prévoir quelle bombe allait éclater, si ce n'est pourtant M. des Tournelles, qui en avait allumé la mèche.
SANDEAU, Mlle de la Seiglière, 1848, p. 235.
25. Attendre doit être une chose si douloureuse! ...
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 159.
Expr. proverbiale, iron. Par allusion au mot prêté à Louis XIV, à l'arrivée de son carrosse légèrement en retard, j'ai failli attendre.
c) [Avec une idée d'espoir] :
26. Quand on a bu jusqu'à la lie
La coupe écumante de vie,
Ah! la briser serait un bien!
Espérer, attendre, c'est vivre!
Que sert de compter et de suivre
Des jours qui n'apportent plus rien?
LAMARTINE, Harmonies, 1830, p. 427.
Proverbes. Tout vient à point à qui peut (sait) attendre (Ac. 1798 et attesté ds la plupart des dict. gén. à partir de cette date). Vous ne perdez rien pour attendre (Ac. 1835 et attesté ds tous les dict. gén. à partir de cette date).
♦ Annonce d'un préjudice. Le retard apporté dans l'exécution d'une action ne fait qu'en augmenter la gravité. La punition est différée mais il ne perd rien pour attendre (Ac. 1932).
♦ Promesse d'un avantage. Le même retard se tournera en avantage pour la personne concernée. On tarde à vous placer mais vous ne perdez rien pour attendre (Ac. 1835-1932).
d) [Avec une idée d'arrêt de l'activité] :
27. Je m'arrête un instant, j'attends, je sens mon cœur battre; je fouille des yeux la place déserte.
SARTRE, La Nausée, 1938, p. 77.
2. Usages partic. à la lang. parlée.
a) Lang. de la courtoisie. [Pour faire prendre patience] Veuillez attendre un instant.
b) À l'impér., quelque peu fam. [Pour attirer l'attention de l'interlocuteur et pour exprimer diverses nuances de pensée qu'on souhaite que celui-ci fasse siennes, cf. supra] Attends, attendez.
c) [En parlant d'un plat, d'un fruit] Risquer de se gâter (s'il n'est pas consommé à temps). Un plat qui n'attend pas.
d) [En parlant d'une affaire peu urgente] :
28. LE SUBSTITUT. — Ça fera la quatrième remise.
LE PRÉSIDENT. — Je ne vous dis pas le contraire. De quoi s'agit-il?
LE SUBSTITUT, consultant le dossier. — C'est un espèce de farceur qui a été arrêté le dimanche des Rameaux devant Notre-Dame-de-Lorette, vendant du cresson, pour du buis.
LE PRÉSIDENT, dans un geste large. — Ça peut attendre.
COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, 1, p. 24.
e) [Pour exprimer une suspension, dans une conversation ou une action]
[Pour faire patienter qqn] Attends (seulement), j'en aurai le cœur net :
29. Gardez vos sales histoires pour un autre que moi. Mais attendez! Je n'en ai pas fini avec vous. S'il y a encore quelque chose là-dedans — il poussa son doigt si fort au creux de la poitrine encore haletante que le misérable ne put se retenir de geindre — je l'en tirerai.
BERNANOS, L'Imposture, 1927, p. 469.
[Pour interrompre la conversation et indiquer qu'une action imminente ou qu'un souvenir ou une information revient subitement à la mémoire] :
30. — Que vous a-t-elle dit, bon oncle? — Elle m'a dit, ... tiens, pose ma canne, ... qu'ils sont allés à un baptême chez un de leurs amis... — Mais autre chose encore, puisque vous y êtes resté dix-neuf minutes? — Oui, oui. Attends... Ça me reviendra.
TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 242.
31. — Où donc est le petit? demanda Mme Charbonnel impatiente.
— Pardi! On ne l'a pas mis sous une banquette, dit Gilquin en riant. Attendez, il va venir.
ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 96.
[Pour signifier une menace, un mouvement d'impatience ou de colère] :
32. Pierre se souvint du sang qui couvrait les mains de Silvère. Il eut un léger mouvement de recul, comme s'il eût craint que Rengade ne lui sautât à la gorge, en disant : « C'est ton neveu qui m'a éborgné; attends, tu vas payer pour lui! »
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 244.
C.— Emploi factitif. Faire attendre.
1. Emploi trans.
a) [L'obj. désigne une pers.] Faire attendre qqn. Tarder à venir à un rendez-vous, reculer une rencontre.
Lang. de la courtoisie. [En guise d'excuse] Je vous ai fait attendre.
Usages mondains. Faire attendre. Prier d'attendre dans une antichambre :
33. ... elle n'entend rien aux finesses de l'antichambre et du salon. Il n'est dans ses mœurs ni d'annoncer ni de faire attendre.
A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 662.
b) [L'obj. désigne une chose] Faire attendre (à qqn) sa réponse.
2. Emploi pronom., gén. avec une nuance d'impatience, de reproche :
34. Mme Deberle lui adressa vivement quelques mots en anglais, pour la gronder de s'être fait attendre.
ZOLA, Une Page d'amour, 1878, p. 819.
Fam. Tu te fais bien attendre!
P. méton. [En parlant d'une chose] N'être pas immédiat. Les satisfactions se font bien attendre; la réaction ne s'est guère fait attendre.
Spéc. Faire attendre ses créanciers. Retarder un paiement.
SYNT. (soulignant l'une des nuances du sens). a) Attendre stoïquement, tranquillement; attendre une minute, un peu, longtemps, quelques instants, jusqu'à demain; n'avoir déjà que trop attendu. b) Se morfondre à attendre; avoir la patience d'attendre; savoir attendre; faire signe d'attendre.
III.— Emploi pronom.
A.— Emploi réciproque. S'attendre (l'un l'autre) :
35. Elle [Emma] avait rapporté son journal de modes. Léon se mettait près d'elle; ils regardaient ensemble les gravures et s'attendaient au bas des pages.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 113.
B.— S'attendre, verbe pronom.
1. S'attendre à + subst.
a) Prévoir. Au moment où on s'y attend(ait) le moins; comme on devait, pouvait s'y attendre :
36. On pouvait s'attendre à des variations très marquées et à des oppositions selon l'appartenance aux divers groupes professionnels. Or, il n'en est pas ainsi la plupart du temps...
Traité de sociol., 1967, p. 512.
Proverbe. Qui s'attend à l'écuelle d'autrui a souvent mal dîné (Ac. 1798 et attesté ds la plupart des dict. gén. à partir de cette date).
b) [Avec une idée d'espoir] Compter sur.
c) Gén. [Avec une idée de crainte] S'attendre à un refus, à une réprimande; s'attendre au pire, à tout.
Fam. S'attendre à bien des choses, mais pas (à cela).
Iron. Attendez-vous-y.
d) Spéc., vieilli. S'attendre à qqn. Synon. de avoir confiance en qqn. Je m'attends à vous (Ac. 1798-1878 et attesté ds la plupart des dict. gén. à partir de Ac. 1798 avec la mention ,,vieilli`` ds ROB. et ,,langue class. et litt.`` ds Lar. encyclop.)
Proverbe Ne t'attends qu'à toi seul (Ac. 1798 et attesté ds la plupart des dict. gén. à partir de cette date, y compris ds Ac. 1932). Cf. supra B 1.
2. S'attendre à/de + inf.
a) S'attendre à + inf. :
37. Mais si les cellules thyroïdiennes sécrètent des hormones in vitro, on doit s'attendre à trouver dans le milieu de culture une quantité d'hormones beaucoup plus élevée que celle qui pouvait exister dans les fragments mis en culture.
Jean VERNE, La Vie cellulaire hors de l'organisme, 1937, p. 114.
b) S'attendre de + inf. (Attesté ds BESCH. 1845 et DG sans mention partic., Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., Ac. 1932 avec les mentions vieilli, moins usité, ou forme anc. de s'attendre à + inf.) :
38. On ne s'attendait guère de vous voir.
Ac. 1932.
Rem. La confusion entre s'attendre à et s'attendre de + inf. a été faite par Lar. 19e et Nouv. Lar. ill. qui donne l'allus. littér. à deux vers de La Fontaine : ,,On ne s'attendait guère de voir Ulysse en cette affaire``, l'emploi original est s'attendre de (ds DG et ROB.), l'emploi confus de Lar. est s'attendre à.
3. S'attendre + prop. sub.
a) S'attendre à ce que + subj. :
39. Chez une contrée en contact avec cinq ou six états différents, on pouvait s'attendre à ce que l'action humaine s'exerçât fortement dans un sens tout politique, à ce qu'elle tendit à l'excès les ressorts.
VIDAL DE LA BLACHE, Tabl. de la géogr. de la France, 1908, p. 382.
b) S'attendre que.
S'attendre que + ind. [L'obj. de l'attente est assuré, le suj. est certain que l'attente se réalisera] :
40. Le domaine des ultra-virus constitue vraisemblablement une des zones frontières entre la pathologie générale et la génétique. Leur étude directe échappe présentement aux pouvoirs du savant, mais on peut s'attendre que les mêmes perfectionnements techniques qui nous livreront le secret du gène nous livreront celui des ultra-virus.
L. CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. à la génét., 1936, p. 115.
S'attendre que + subj. [L'obj. de l'attente n'est pas assuré, le suj. doute que l'attente se réalise] Je ne m'attendais pas que les choses dussent tourner si mal (Ac. 1798-1932) :
41. Il faut donc s'attendre que l'effet des mouvements actuels de la France surpasse infiniment celui des troubles de la Grèce.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 52.
Rem. La plupart des dict. gén. ainsi que VINC. 1910, HANSE 1949, THOMAS 1956, J. TEPPE, Les Caprices du langage, Paris, Le Pavillon, R. Maria, 1970, COLIN 1971 discutent du degré d'inélégance de s'attendre que et s'attendre à ce que. L'un et l'autre sont corrects; le 1er est prôné par les puristes, le second s'emploie plus couramment.
PRONONC. ET ORTH. :[], j'attends []. Enq. :// (il) attend. CLÉDAT 1930, p. 73, rappelle que Bossuet écrivait atendre. Cf. FÉR. Crit. t. 1 1787 qui propose la graph. avec un seul t.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. XIe s. trans. atendre « demeurer jusqu'à l'arrivée de qqc. » (Alexis, str. 96d ds GDF. Compl. : Jo atendeie de tei bones noveles); XIe s. absol. « patienter » (Alexis, éd. G. Paris, str. 94 : Sire, dist ele, Com longe demorede! Atendut t'ai en la maison ton pedre); ca 1160 [le sujet est abstr.] « être prêt pour » (WACE, Rou, éd. H. Andresen, I, 1282, ibid. : Egal lei, egal peine, egals mals vus atent); 1552 proverbe (RABELAIS, Quart livre, chap. 48, éd. Marichal, 1947, p. 200 : Tout vient à poinct, qui peult attendre); 1601 loc. attendre de pied ferme (MONTCHRESTIEN, Reine d'Ecosse, p. 100 ds Tragédies, éd. Petit de Julleville, Paris, 1891); 2. ca 1160 trans. « compter sur l'arrivée de qqc. » (WACE, Rou, éd. H. Andresen, III, 4373 ds T.-L. : altretel loier atendent Se le chastel tost ne li rendent); ca 1165 pronom. « compter sur qqn » (G. D'ARRAS, Eracle, 1532 ds GDF. Compl. : Et fous est qui a toi s'atent) d'où 1560 attendre qqc. de qqn (J. GREVIN, Gelodacrye, p. 328 ds Théâtre Complet, éd. Pinvert, Paris, 1922 : Morlaye, le seul bien que l'on peut sainctement Attendre du grand Dieu qui les saisons tempere, [...] est vivre librement); 1601 pronom. emploi mod. s'attendre à qqc. « prévoir qqc. » (MONTCHRESTIEN, Hector, p. 22 ds IGLF Litt. : Le camp des ennemis s'attend à la bataille); 3. 1666 attendre qqn à qqc. « attendre que qqn s'engage dans une difficulté insurmontable » (MOLIÈRE, Le Médecin malgré lui, III 5 ds Dict. hist. Ac. fr., p. 277 : J'ai des remèdes qui se moquent de tout, et je l'attends à l'agonie).
Empr. au lat. attendere « tendre vers, être attentif à, porter son attention sur » (TÉRENCE, Hec., 267 ds TLL s.v., 1119, 80), d'où les sens de l'a. et m. fr. « aspirer à, prêter attention à, considérer que [conservés ds le part. passé attendu] », attestés du XIIIe au XVe s. (GDF.) et encore sous la forme pronom. au sens de « s'appliquer à » ds Montaigne (HUG.), le sens mod. « demeurer jusqu'à l'arrivée de qqn, qqc. » étant une ext. du sens lat. propre au fr. (cf. lat. médiév. 852-875 Chartae Lausannenses, 220, p. 212, 9 ds Mittellat. W. s.v., 1141, 18).
STAT. — Fréq. abs. littér. :32 039. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 36 463, b) 49 012; XXe s. : a) 48 924, b) 49 460.
BBG. — ALLMEN 1956. — BRUANT 1901. — Canada 1930. — CASSAGNAU (M.). Tout vient à point... Vie Lang. 1962, p. 108. — DUCH. 1967, § 19. — FRANCE 1907. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 12, 21, 94, 295, 296, 350, 391, 423. — LE ROUX 1752. — PIERREH. 1926. — PIERREH. Suppl. 1926. — POPE 1961 [1952], § 891, 1291. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1960, p. 596. — SPR. 1967. — VINC. 1910.

attendre [atɑ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. tendre.]
ÉTYM. 1552; atendre, XIe; lat. attendere, de ad, et tendere « tendre vers, tendre son esprit vers », d'où « être attentif, prêter attention », sens conservé par attendre et s'attendre jusqu'au XVIe.
———
I V. tr.
1 Attendre qqn, qqch., un événement : se tenir en un lieu où qqn doit venir, qqch. se produire, et y rester jusqu'à cet événement.Attendre qqn quelque part, en un lieu. || Je vous attendrai chez moi jusqu'à midi. || J'irai vous attendre à la gare. || Attendre qqn longtemps, quelques heures. || Attendre qqn à dîner. || Il m'attendit au rendez-vous fixé. || Attendre qqn impatiemment, s'ennuyer en l'attendant. || Attendre qqn à son passage. Guetter.Attendre qqch. || Attendre l'arrivée, la venue de qqn. || La foule attend l'arrivée des coureurs. || Attendre qqn sur la route. || N'attendons pas ces traînards !Attendre sous un abri la fin de l'orage.Attendre le bus, le train. || Qu'attendez-vous ici ? || Faire la queue en attendant son tour. || Attendre une lettre à telle ou telle adresse.Attendre un événement, le sommeil. || Attendre la mort.(Le compl. désigne un moment dans le temps). || Attendre le soir, le lendemain. || Attendre l'hiver. || J'attendrai la semaine prochaine (pour faire qqch.).(Le sujet désigne un animal). || Le fauve attend sa proie.(Le sujet désigne une chose humanisée). Littér. (→ ci-dessous, cit. 2).
1 J'en attends des nouvelles (de mes parents) avec impatience, et j'en irai chercher moi-même, si elles tardent à venir.
Molière, l'Avare, I, 1.
2 Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,
Et courent se livrer aux mains qui les attendent.
Corneille, le Cid, IV, 3.
3 Tous fuyaient, tous tombaient au piège inévitable
Où les attendait le lion.
La Fontaine, Fables, II, 19, 17.
4 Encor si la saison s'avançait davantage !
Attendez les zéphyrs; qui vous presse ?
La Fontaine, Fables, IX, 2.
5 Qu'attendez-vous, Seigneur ? La princesse n'est plus.
Racine, la Thébaïde, V, 5.
6 Au lieu de quatre amis qu'on attendait le soir,
Quelquefois de fâcheux arrivent trois volées.
Boileau, Épîtres, VI.
7 Mon antichambre n'est pas faite pour s'y ennuyer en m'attendant (…)
La Bruyère, les Caractères, VI, 12.
8 Adieu, il y a une dame de la cour qui m'attend.
Voltaire, Jeannot et Colin.
9 Les Russes ne l'attendirent pas, ils décampèrent (…)
Voltaire, Charles XII, 4.
10 Il y était (à Paris) et m'attendait quand j'y arrivai.
Rousseau, les Confessions, VII.
11 J'étais encore dans le salon voisin à attendre sa délivrance (…)
Marmontel, Mémoires, X (→ Délivrance).
11.1 Eh ! quoi, Monsieur, répondis-je, cette fortune sur laquelle vous ne comptiez pas, ne vous décide point à attendre patiemment la mort que vous voulez hâter ? — Attendre, reprit brusquement le Comte, je n'attendrais pas deux minutes, Thérèse, songes-tu que j'ai vingt-huit ans, et qu'il est dur d'attendre à mon âge ?
Sade, Justine…, t. I, p. 90-91.
12 (Louis-Philippe) attendit l'événement comme l'araignée attend le moucheron qui se prendra dans sa toile.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, 15.
13 Attendre trop longtemps un convive retardataire est un manque d'égards pour tous ceux qui sont présents.
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, 17.
14 Prêtez-moi seulement, vallons de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort (…)
Lamartine, Méditations, I, 6.
15 Le tigre attend sa proie et d'un seul bond l'accable.
Hugo, la Légende des siècles, II, « Les lions ».
16 Il attendait alors dans une anxiété visible une réponse à son envoi, réponse qui venait ou ne venait pas (…)
E. Fromentin, Dominique, III.
16.1 Il l'attendit avec cette impatience que le retard accroît de seconde en seconde. Elle était toujours exacte; donc, avant dix minutes, il la verrait entrer. Quand les dix minutes furent passées, il se sentit tourmenté comme à l'approche d'un chagrin, puis irrité qu'elle lui fît perdre du temps, puis il comprit brusquement que si elle ne venait pas, il allait beaucoup souffrir. Que ferait-il ? Il l'attendrait ! — Non —, il sortirait, afin que si, par hasard, elle arrivait fort en retard, elle trouvât l'atelier vide.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 33.
17 Ces pensées le torturaient, par cette fin d'après-midi obscure de février où, fiévreux, agité, il attendait Maud chez lui.
Marcel Prévost, les Demi-vierges, I, 4, 25.
18 Tu es de ceux qui ratent leur affaire parce qu'ils attendent le dernier train.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, XXVI.
19 M. Chasle (…) les épaules rondes, les mains aux genoux, semblait attendre le coup de grâce.
Martin du Gard, les Thibault, VI, 3.
20 Le courage, le vrai, ça n'est pas d'attendre avec calme l'événement (…)
Martin du Gard, les Thibault, III, 1 (→ Accepter, cit. 11).
20.1 Le camion ne suit plus. Il faut l'attendre.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 814.
20.2 J'attends une arrivée, un retour, un signe promis. Ce peut être futile ou énormément pathétique : dans Erwartung (Attente), une femme attend son amant, la nuit, dans la forêt; moi, je n'attends qu'un coup de téléphone, mais c'est la même angoisse. Tout est solennel : je n'ai pas le sens des proportions.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 47.
Prov. Attendre qqn comme les moines font l'abbé. Abbé.
Loc. Attendre qqn de pied ferme, sans quitter son poste, sa place.Fig. L'attendre tranquillement, sans crainte, prêt à soutenir ses attaques, à l'affronter (→ aussi ci-dessous, 9., attendre qqn au tournant).
21 Je m'étais rendu ici pour vous attendre de pied ferme.
Molière, l'Avare, II, 1.
(À l'impér.). || Attends-moi ! || Attendez-moi ici, je reviens dans une minute.
Loc. Attendez-moi sous l'orme : vous pouvez m'attendre, je ne viendrai pas (selon Littré et d'autres auteurs, ce dicton viendrait de l'époque médiévale où les assises judiciaires se tenaient sous un orme : « il arrivait souvent que les parties assignées manquaient aux rendez-vous et se faisaient attendre sous l'orme »).
22 Attendez-moi sous l'orme;
Vous m'attendrez longtemps.
J.-F. Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 22.
23 À d'autres ! Seigneur don Raphaël, m'écriai-je en riant; dites-nous plutôt de vous attendre sous l'orme !
A. R. Lesage, Gil Blas, VI, 2.
2 (En parlant d'une femme). || Attendre un bébé, un enfant, un heureux événement : être enceinte.
Régional. || Attendre famille (Belgique); attendre de la famille (Suisse) : être enceinte (→ Famille, cit. 26.1 et 26.2).
Absolt. (Régional). || Attendre.
23.1 — Il fréquente une jeune fille, dit-elle triste et fâchée.
Elle lève la tête :
— Tu ne sais pas qu'elle attend ?
— Qui ? La jeune fille ou Blanchette ?
— Blanchette !
Violette Leduc, la Folie en tête, p. 541.
3 Absolt. || Attendre : rester dans un lieu pour attendre (1.) qqn ou qqch. (→ Attente, cit. 15.1; 1. patience, cit. 13 et 14). || Languir, moisir, se morfondre en attendant. Poireauter (fam.). || Perdre son temps à attendre. || Attendre longuement, vainement.les loc. Compter les clous de la porte, croquer le marmot, faire le pied de grue, le poireau (fam.), faire une pause. || Depuis le temps qu'il attend, il a dû prendre racine. || Il ennuie à qui attend. || « Il est dur d'attendre » (→ ci-dessus, cit. 11.1). || Le temps lui dure depuis qu'il est là à attendre. Durer. || Attendez ! ne partez pas. Patienter. || Je suis resté deux heures à attendre; j'ai attendu (pendant) deux heures. || Je ne puis attendre plus longtemps. Demeurer, rester.|| « J'ai failli attendre », phrase prêtée à Louis XIV.
24 Je suis las d'attendre, je m'en vais faire un petit escampativos (…)
Charles Sorel, Francion, IV.
25 Attendez. Donnez-moi mon bâton.
Molière, le Malade imaginaire, I, 3.
26 Ce vent qui était contraire à Hasaël le contraignit d'attendre.
Fénelon, Télémaque, V.
27 J'ai une affaire de conséquence, qui ne me permet pas d'attendre.
Florent Dancourt, le Chevalier à la mode, II, 10.
28 Le supplice d'attendre est l'enfer des amants (…)
Louis de Boissy, l'Impatient, I, 1.
29 Il attend, tout frissonnant de la sueur froide et de l'angoisse du cauchemar.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Vision ».
30 Il va falloir attendre dans cette chambre, ou bien errer dans les rues.
Loti, Figures et choses…, 5 déc. 1894.
30.1 À quatre heures trente-cinq, Andrée n'était pas là. À cinq heures moins vingt, personne (…) En effet, insultes, déshonneur, abandon d'amour, perte de sa fortune, il eût supporté tout cela allègrement; mais il ne supportait pas d'attendre.
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 121.
Prov. Tout vient à point (à) qui sait attendre : avec du temps et de la patience, on vient à bout de tout.
Interj. || Attends ! || Attendez ! || Attendez un peu, je n'ai pas fini.
(Menace). || Attendez, petits chenapans, que j'aille vous frotter les oreilles ! || Attendez un peu, que je vous y reprenne !
Attendez !, exclamation que l'on emploie pour interrompre son interlocuteur. || Attendez, j'ai trouvé un moyen… || Attends, je vais t'expliquer.
Loc. (1748, in D. D. L.). Ne rien perdre pour attendre : trouver finalement un avantage au retard de qqch.Se dit aussi en manière de menace. || Vous y avez échappé cette fois, mais vous ne perdez rien pour attendre.
30.2 Ils attendent un peu (…) ils veulent le rassurer, lui laisser croire que c'est fini maintenant, que la punition a assez duré, qu'on a jugé là-haut qu'il a eu son compte… ils jouissent de son soulagement, le pauvre ne sait pas qu'il ne perd rien pour attendre, que le moment va venir bientôt où, il n'y a rien à faire, il faudra recommencer (…)
N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 19.
30.3 Mais ils ne perdent rien pour attendre, ils verront, on saura qui est le plus fort.
N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 97.
(Factitif). || Faire attendre qqn : tarder à venir, ou, encore, lui imposer une attente (cit. 15.2).(1625, in D. D. L.). || Se faire attendre : tarder à venir, être en retard. Tarder, retard (être en). || Il m'a fait attendre longtemps. Amuser, droguer (fam.), durer, languir, lanterner (fam.).Fig. || Faire attendre ses créanciers, tarder à les payer.
31 Le meilleur moyen de faire attendre patiemment le public, c'est de lui affirmer qu'on va commencer tout de suite.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, 2.
REM. Il ne faut pas confondre ce tour factitif (faire attendre qqn « faire que qqn attende », emploi absolu) avec les emplois factitif et transitif (faire attendre une chose à qqn « tarder à lui donner satisfaction »). Désirer (faire), différer, remettre, surseoir, suspendre, tirer (faire tirer la langue, fam.).
32 Une circonstance essentielle à la justice que l'on doit aux autres, c'est de la faire promptement et sans différer; la faire attendre, c'est injustice (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 81.
Se faire attendre (en parlant des choses). || Le beau temps se fait attendre. || Le châtiment ne s'est pas fait attendre. || Le repas se fait attendre.
33 On peut observer toutes les nuances de ces divers états dans tout salon où le dîner se fait attendre.
A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût, IV, 23 (→ Exactitude).
4 Attendre qqch. : rester dans la même attitude, ne rien faire avant que qqch. ne se produise, n'arrive. || Attendre le moment, l'heure, l'époque… || Attendre le commencement ou la fin d'une action. || Attendre le moment, l'occasion favorable, observer la situation avec attention pour agir au moment opportun. Saisir. || Attendre un moment plus favorable. || Attendre à demain, à plus tard. || Attendre un autre jour. || Attendre que le temps soit venu. || Attendre que la poire soit mûre.Absolt. || Il vaut mieux attendre avant de vous décider, avant d'agir (→ Laisser passer du temps; laisser, voir venir). Remettre (à plus tard), reporter (à), réserver (se), surseoir, temporiser; attentisme.
34 Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain1 :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Ronsard, Sonnets à Hélène, XLIII.
1. N'attendez pas jusqu'à…
35 Gardez-vous bien surtout de remettre à l'automne;
L'hiver vient aussitôt : rien n'arrête le temps,
Clymène, hâtez-vous; car il n'attend personne.
La Fontaine, Clymène, 421.
36 Le père mort, les trois femelles
Courent au testament sans attendre plus tard.
La Fontaine, Fables, II, 20.
37 Mais attendons la fin (…)
La Fontaine, Fables, I, 22.
38 Le lion aiguisait ses dents et ses griffes, attendant le moment favorable.
Fénelon, Télémaque, XVIII.
39 Elle attendait avec une impatience inexprimable l'expiration des trois mois de séjour qu'on était forcé de faire dans ce palais.
Mme de Genlis, Veillées du château, t. III, p. 400, in Pougens.
Attendre une chose, n'attendre qu'une chose pour (et l'inf.). — ☑ Loc. fam. Qu'est-ce que tu attends pour te décider, pour avancer… ?Attendre qqn pour faire qqch. || On n'attend plus que vous pour partir.Attendre le moment favorable pour agir. || J'attendrai la semaine prochaine pour me décider.
(Sujet n. de chose). Rare. (→ ci-dessous, cit. 48).
40 Déjà les deux armées
D'une égale chaleur au combat animées
Se menaçaient des yeux, et marchant fièrement,
N'attendaient, pour donner, que le commandement.
Corneille, Horace, I, 3.
41 Des vaisseaux dans Ostie armés en diligence
N'attendent pour partir que vos commandements.
Racine, Bérénice, I, 3.
42 La joie et le plaisir de tous les conviés
Attend pour éclater que vous vous embrassiez.
Racine, Britannicus, V, 2.
43 Et sans doute elle attend le moment favorable
Pour disparaître aux yeux d'une cour qui l'accable (…)
Racine, Bérénice, I, 3.
44 Qu'attendons-nous pour nous convertir ?
Bossuet, Oraison funèbre de la Duchesse d'Orléans.
45 Il faut attendre, pour faire le compliment d'entrée, que les petits chiens aient aboyé (…)
La Bruyère, les Caractères, XIII.
46 Nous attendons toujours, pour nous exécuter, l'instant où nous sommes forcés par les circonstances.
Mirabeau, Collection, t. IV, p. 70.
47 Debout ! les régiments sont là dans les casernes,
Sac au dos, abrutis de vin et de fureur,
N'attendant qu'un bandit pour faire un empereur.
Hugo, les Châtiments, « Nox ».
48 Telle pensée qui d'abord nous occupe et nous paraît éblouissante, n'attend que demain pour flétrir.
Gide, Corydon, p. 10.
49 Quand les chirurgiens ont décidé l'amputation, ils n'attendent pas un mois pour prendre le couteau.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, 8.
Attendre que… (et subj.). || Nous attendons qu'il revienne pour nous en aller. || J'attends que ça soit fini.
50 Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit.
La Fontaine, Fables, VII, 5.
51 Toutefois attendons que son sort s'éclaircisse (…)
Racine, Mithridate, II, 6.
52 On attendait que les chefs de l'armée se déclarassent.
Fénelon, Télémaque, XV.
53 Il se renferma seul dans une petite maison, où il attendit en philosophe que son âme délogeât de son corps pour passer dans un autre.
Diderot, Opinions des anciens philosophes, Sarrasins.
53.1 On attend que les barques soient pleines; on attend que le médecin de Grand-Bassam soit venu donner je ne sais quels certificats; on attend si longtemps (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 686.
Prov. Il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties.
5 Vx. || Attendre à (suivi de l'inf.) : attendre pour. || J'attends à partir qu'il fasse moins chaud (Académie, Huitième éd., 1932).
54 Qu'attendez-vous, chrétiens, à vous convertir, et pourquoi désespérez-vous de votre salut ?
Bossuet, Oraison funèbre de Anne de Gonzague.
6 Attendre de (suivi de l'inf.) : se réserver, différer jusqu'à… || Attendez d'être informé avant de vous prononcer (→ ci-dessous, 8., pour le sens de « compter, espérer »).
55 Si vous attendez de vous convertir à la mort, vous mourrez dans votre péché (…)
Massillon, Carême, Impénitence.
56 Ils attendent de n'être plus propres au monde pour être propres au royaume de Dieu (…)
Massillon, Étienne.
57 Pour juger de ce qu'il est, attendez de savoir ce qu'il a fait (…)
Rousseau, Émile, V.
7 Fig. (Le sujet désigne une chose). Être prêt pour qqn. || Le dîner, la voiture vous attend. Prêt, préparé. || Le sort qui nous attend, qui nous est destiné, promis, réservé. || De cruelles déceptions l'attendent. Menacer.Absolt. || Le train n'attend pas (pour partir). || L'amour n'attend pas (pour se déclarer, se manifester). || Le repas se fait attendre.
58 Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées,
La valeur n'attend pas le nombre des années.
Corneille, le Cid, II, 2.
REM. La construction en à est archaïque.
59 L'amour, toujours, n'attend pas la raison.
Racine, Britannicus, II, 1.
60 Voyons quelle fortune en ce jour peut m'attendre (…)
Molière, Amphitryon, III, 4.
61 De nouveaux outrages vous attendaient dans votre gloire (…)
Massillon, les Indigents.
62 (…) une chute de cheval m'attendait au début de ma route (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 366.
63 Les suprêmes archipels de ce Paris légendaire attendent encore, avec résignation, l'assaut d'un destin fantasque.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, I.
(En parlant de nourriture). Risquer de perdre ses qualités en n'étant pas consommé immédiatement. || Ce plat n'attend pas.
Vx. || Un coup n'attendait pas l'autre : les coups se succédaient sans interruption.
8 Compter sur (qqn, qqch. dont on souhaite ou redoute la venue), prévoir (un événement). Compter (sur), croire (à); escompter, imaginer, prévoir; espérer, promettre (se), souhaiter; craindre, redouter. || Tout le monde attendait la guerre. || Le contraire de ce qu'on attendait arriva.(Compl. n. de personne). || On attend un invité d'honneur. || Vous êtes en retard, on ne vous attendait plus : on ne comptait plus sur vous. || Il lui a fait attendre longtemps sa récompense. Désirer.
64 Monsieur, que j'ai de joie de vous voir converti ! il y a longtemps que j'attendais cela, et voilà grâce au ciel, tous mes souhaits accomplis.
Molière, Dom Juan, V, 2.
65 — Attendais-tu, Cléone, un courroux si modeste ?
— La douleur qui se tait n'en est que plus funeste (…)
Racine, Andromaque, III, 3.
66 Quel serait mon dessein ? Qu'aurais-je pu prétendre ?
Quels honneurs dans sa cour, quel rang pourrais-je attendre ?
Racine, Britannicus, IV, 2.
67 Tous n'attendent qu'un chef contre la tyrannie.
Racine, Mithridate, III, 1.
68 Du reste des humains je vivais séparée,
Et de mes tristes jours n'attendais que la fin.
Racine, Esther, I, 1.
69 Les iniquités n'étaient pas au comble où il les attendait.
Bossuet, Hist., II, 13, in Littré.
70 J'en suis frappé, Seigneur, et je n'attendais pas
Un courage aussi grand dans un rang aussi bas.
Voltaire, Mérope, IV, 1.
71 Le temps passe, les choses que l'on attendait vous arrivent un jour.
Edmond Jaloux, le Dernier Jour de la création, X.
Attendre le Messie. Messie.
(La chose attendue est ressentie comme un dû). || Attendre des explications, des excuses.
Attendre qqch. de qqn. || N'attendre son salut que de soi-même. Compter, espérer. || Je n'en attends rien de bon. || Qu'attendez-vous de moi ? Espérer, exiger, vouloir. || Attendre qqch. de l'avenir.
72 N'attendez rien de bon du peuple imitateur,
Qu'il soit singe, ou qu'il fasse un livre.
La Fontaine, Fables, XII, 19, 12.
73 Consolez-vous; ce n'est pas de vous que vous devez l'attendre (la grâce de Jésus-Christ), mais au contraire, en n'attendant rien de vous, que vous devez l'attendre.
Pascal, Pensées, VII, 517.
74 Je ne puis vous dire combien je suis surpris de trouver une chose que j'attendais si peu de vous (…)
Voiture, Lettres, 23.
75 Je n'attendais pas moins de cet amour de gloire.
Racine, Bérénice, II, 2.
76 N'attendez pas de cette princesse des discours étudiés et magnifiques (…)
Bossuet, Oraison funèbre de la Duchesse d'Orléans.
77 Ce service, Monseigneur, n'est pas le seul qu'on attend de vous (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre.
78 Mettre les terres en état de rendre tout ce qu'on en peut attendre, quand elles ont eu toutes les façons nécessaires (…)
Vauban, Projet d'une dîme royale, p. 58.
79 J'ai mal connu les dieux; j'ai mal connu les hommes,
J'en attendais justice, ils la refusent tous.
Voltaire, Mérope, II, 3.
80 Tu me diras qu'il ne faut attendre aucune justice de la part des hommes et que le témoignage de notre conscience doit nous suffire ?
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 189.
81 Il était par nature enclin (comme le fut Pascal) à attendre de Dieu des marques sensibles, un témoignage matériel.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 199.
82 (…) elle n'approchait point aussi souvent des sacrements qu'on eût pu l'attendre d'une personne dont la dévotion était à ce point affichée.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 232.
83 Un pays tombé dans l'anarchie, fruit d'épouvantables discordes et, par l'invasion imminente, menacé de mort, avait tout attendu de lui : le rétablissement de l'ordre (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, XV, 1.
Loc. Je n'en attendais pas tant (de…) : cela dépasse mes espérances.
Vx. || Attendre de (suivi de l'inf.) : compter (équivalent mod. : s'attendre à; → ci-dessous, III., 3.).
84 N'attendez pas de la trouver sans imperfection.
Fénelon, Télémaque, 12.
9 Fig. || Attendre qqn à…, attendre qu'il s'engage dans une difficulté pour le juger ou pour le vaincre. — ☑ Loc. C'est là que (où) je l'attends.
85 Il ne faut plus qu'un pas. Mais c'est où je l'attends.
Racine, Bajazet, I, 3.
86 Il est vrai, cette somme lui est due; mais je l'attends à cette petite formalité; s'il l'oublie, il n'y revient plus et il perd sa somme (…)
La Bruyère, les Caractères, 14.
Fam. Attendre qqn au tournant, au virage, attendre jusqu'au moment où on pourra le prendre en défaut, prendre sur lui un avantage décisif.
———
II Loc. adv. En attendant : jusqu'à tel moment. Provisoirement. || Le train part dans une heure; prenons un verre en attendant.
87 Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie;
Mais le lâcher en attendant
Je tiens, pour moi, que c'est folie.
La Fontaine, Fables, V, 3.
88 En attendant, je suis obligé de travailler à des additions que je prépare pour une édition de Charles XII.
Voltaire, Lettre à M. Formont, sept. 1732.
Loc. conj. En attendant que : jusqu'à ce que…
89 Il (l'enfant) enrichit continuellement sa mémoire, en attendant que son jugement puisse en profiter (…)
Rousseau, Émile, II.
90 Le but (…) et l'utilité de cette méthode (…) était de tenir les savants des divers pays au courant des écrits nouveaux (…) en attendant qu'ils pussent se procurer l'ouvrage même.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, VII, 309.
Absolument :
90.1 À l'atelier elle accomplissait sa tâche, régulièrement, silencieusement, sans la moindre pensée d'avenir ou d'aisance. Tout ce qu'elle faisait avait l'air d'être en attendant.
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, p. 49.
Loc. prép. En attendant de (suivi de l'inf.) : jusqu'au moment de. || En attendant de partir.
———
III Vx ou régional. Attendre après… || Attendre après une personne ou une chose, l'attendre avec impatience, avoir besoin d'elle. || Il y a longtemps qu'on attend après vous (→ Après, cit. 52 à 54).Attendre après qqch., en avoir besoin. || Je n'attends pas après votre aide. || Rien ne presse, je n'attends pas après.
Pop. || J'attends après l'autobus : j'attends l'autobus.
(Factitif). || Faire attendre après (cit. 52 et 53) soi. Désirer (faire).
——————
s'attendre v. pron.
1 (Récipr.). || Elles se sont attendues l'une l'autre, chacune de leur côté, et ne se sont pas rencontrées.
2 (Passif). Vx. (Choses). Être attendu.
91 Oh ! oh ! oh ! celui-là (ce trait) ne s'attend point du tout (…)
Molière, les Femmes savantes, III, 2.
3 (Réfl.). a S'attendre à : compter sur.
Vx (langue class.). || S'attendre à qqn, compter sur lui, se fier à lui.
92 Ne t'attends qu'à toi seul, c'est un commun proverbe.
(…) Notre erreur est extrême,
Dit-il, de nous attendre à d'autres gens que nous.
La Fontaine, Fables, IV, 22.
Prov. Ne t'attends qu'à toi seul : ne compte que sur toi seul.
Mod. || S'attendre à qqch., penser que cette chose arrivera. Compter (sur), croire, escompter, imaginer, prévoir, savoir; espérer, craindre. || De sa part, il ne faut s'étonner de rien, il faut s'attendre à tout.S'attendre à… (et l'inf.). || Je ne m'attendais pas à vous rencontrer ici.
93 Je ne m'attendais pas à cette repartie.
Molière, le Misanthrope, III, 4.
94 Il me le rendra… — Oui, attendez-vous à cela.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
95 Après ce coup, Narcisse, à quoi dois-je m'attendre ?
Racine, Britannicus, II, 6.
96 Tu ne t'attendais pas sans doute à ce discours.
Racine, Mithridate, I, 1.
97 Je sais ce qu'il faut croire de ce pays là; je ne m'attends pas du tout à m'y amuser (…)
Mme de Staël, Corinne, I, 3.
98 On me l'avait prédit. Je le savais. Je m'y attendais.
A. de Musset, les Caprices de Marianne, II, 3.
99 Moi qui m'attendais pour le moins à une verte semonce, cet accueil me surprit.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, p. 30.
100 (…) au moment où il s'y attend le moins (c'est toujours à ce moment précis que les malheurs arrivent).
J. Renard, Poil de carotte, p. 11.
101 On s'attend à trouver un dieu; on touche un homme… malade, pauvre (…)
Gide, Dostoïevsky, p. 8.
102 Attendez-vous, Monsieur le Président, à une amputation douloureuse, puisque vous parlez chirurgie.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, 8.
Si je m'attendais (à…), exprime l'étonnement.
102.1 Ah bien ! si je m'attendais… Qui êtes-vous ? que voulez-vous ?
Zola, l'Œuvre, p. 2.
b Vx. || S'attendre de…
103 (…) On ne s'attendait guère
De voir Ulysse en cette affaire.
La Fontaine, Fables, X, 2.
104 Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s'attendait de voir un auteur et on trouve un homme.
Pascal, Pensées, I, 29.
c S'attendre que…Vx (avec l'indic.). || Je m'attends qu'il me manquera de parole. || Je m'attends que vous viendrez demain (Académie).REM. Le subj. est de règle après la négation. Je ne m'attendais pas que les choses dussent tourner si mal (Académie).
105 Ne t'attends pas que je t'aide un seul brin (…)
La Fontaine, Contes, IV, 5, « Le diable de Papefiguière ».
106 Et ne s'attendaient pas, lorsqu'ils nous virent naître,
Qu'un jour Domitius me dût parler en maître.
Racine, Britannicus, III, 8.
107 L'erreur la plus pernicieuse est de nous attendre que Dieu nous attendra (…)
Bourdaloue, Carême, II, Grâce, 243.
108 Louis XIV s'attendait encore moins que son arrière-petit-fils (sur le trône d'Espagne) abandonnerait les Français pendant quatre ans aux déprédations de l'Angleterre, maîtresse de Gibraltar.
Voltaire, Lettre à Choiseul, 13 juil. 1761.
Mod. et littér. (avec le subj.) :
109 Il faut s'attendre que de telles transformations deviennent la règle.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 46.
110 Je m'attendais que M. Lancelot jetât les hauts cris.
A. Hermant, Xavier, p. 95, in Grevisse.
Mod. et cour. || S'attendre à ce que… (avec le subj.). || Il s'attend à ce que je revienne (Académie). || On s'attend à ce qu'il soit élu au premier tour (Brunot, la Pensée et la Langue, p. 544).
111 Je (…) m'attendais (…) à ce que mes fautes fussent découvertes.
France, la Vie en fleur, p. 24.
112 Elle s'attendait à ce qu'il vînt à Paris.
A. Maurois, Bernard Quesnay, in Grevisse, qui donne d'autres exemples, p. 815.
——————
attendu, ue p. p., prép., loc. conj., adj. et n.
A (Être) attendu (passif et p. p.).
113 Au brouet on le convie.
Il n'était pas attendu.
La Fontaine, Fables, V, 7.
B Adj.
1 Qu'on attend, qu'on a attendu. || Un hôte, un événement attendu. || « Après l'arrivée de l'être attendu » (Proust).
114 C'était le coup de folie de la foi, l'impatience d'une secte religieuse, qui, lasse d'espérer le miracle attendu, se décidait à le provoquer enfin.
Zola, Germinal, t. II, p. 46.
N. Rare. || « Le printemps est le grand attendu » (Alain).
N. m. || L'attendu : ce qui est attendu, doit se produire.
2 Prévu; auquel on s'attend.
115 Je souhaite toujours tracer la ligne la plus droite, la plus subite et la moins attendue.
Gide, Journal, 1er janv. 1930.
C Prép. || Attendu : étant considéré, donné; eu égard à, vu || Attendu les circonstances atténuantes, la Cour ne l'a condamné qu'à…
116 On les avait contraints de partir sans argent,
Attendu l'état indigent
De la république attaquée (…)
La Fontaine, Fables, VII, 3.
117 Attendu ses mœurs solitaires, il était à peine connu d'elles.
A. de Musset, Mimi Pinson, 2, in Grevisse.
117.1 Bonacieux cria longtemps; mais comme de pareils cris, attendu leur fréquence, n'attiraient personne dans la rue des Fossoyeurs (…)
Dumas, les Trois Mousquetaires, t. I, p. 228.
Loc. conj. Attendu que : étant donné que, vu que. Comme, parce que, puisque.
118 J'eus un maître autrefois que je regrette fort
Et que je ne sers plus, attendu qu'il est mort.
Destouches, le Glorieux, I, 3.
119 Les parents de sa femme s'étaient opposés au mariage, attendu qu'il n'était pas gentilhomme (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie.
Dr. Sert à introduire les motifs d'un jugement.
D N. m. (généralt au plur.). Dr. || Les attendus d'un jugement : les motifs. Considérant, motif.
CONTR. Aller (s'en), partir. — Agir, hâter, presser, précipiter. — (Du p. p.) Fortuit, inattendu, inopiné.
DÉR. Attendant. — V. Attente, attentif, attention.

Encyclopédie Universelle. 2012.