1. couvert [ kuvɛr ] n. m. I ♦ Ce qui couvre.
1 ♦ (XVIe) Techn. Couverture du toit. Réparer le couvert.
2 ♦ Vieilli Logement où l'on est protégé des intempéries. Il leur faut édifier « des cités de fortune, s'assurer à tout prix le couvert » (Duhamel). Loc. Le vivre et le couvert : la nourriture et l'abri.
3 ♦ (1285) Abri, ombre que donne le feuillage. ⇒ abri, ombrage. « Ils avaient pénétré sous le couvert des pins » (F. Mauriac).
4 ♦ Loc. prép. À COUVERT DE; loc. adv. À COUVERT : dans un lieu où l'on est couvert, protégé. ⇒ abri (à l'abri). À couvert de la pluie. À couvert de l'ennemi. Julien « fit à couvert une cinquantaine de pas, et se remit à fuir » (Stendhal). Se mettre à couvert. ⇒ s'abriter, se garantir, se protéger, se réfugier. « M. Poincaré tient surtout à mettre notre responsabilité à couvert » (Martin du Gard). ⇒ dégager. — Comm. Être à couvert : avoir des garanties sûres.
5 ♦ Loc. prép. (1669) SOUS LE COUVERT DE : sous l'adresse, le nom de qqn, en parlant d'un envoi; fig. sous la responsabilité ou la garantie de (qqn); sous l'apparence, le prétexte de (qqch.). « Chargé, sous le couvert d'une mission très restreinte, de surveiller les pourparlers » (Madelin ).
II ♦ (v. 1570) Tout ce dont on couvre la table, la nappe pour le repas. Mettre, dresser le couvert : disposer le couvert, la nappe, les assiettes, verres, serviettes, fourchettes, cuillères et couteaux (cf. Mettre la table). « Sur un tapis de Turquie Le couvert se trouva mis » (La Fontaine).
♢ Spécialt (1616 ) Les ustensiles de table à l'usage de chaque convive. Une table de douze couverts. Ajouter un couvert pour un arrivant. Retenir deux couverts au restaurant. ⇒ place. Avoir toujours son couvert mis chez qqn, être certain d'y être toujours reçu.
♢ La cuillère, la fourchette et le couteau. Couvert d'argent. Une douzaine de couverts. Couverts à poisson, à dessert. Couvert de camping. Écrin à couverts. ⇒ ménagère.
couvert 2. couvert, erte [ kuvɛr, ɛrt ] adj.
• de couvrir
♦ Qu'on a couvert.
1 ♦ Qui a un vêtement. Bien couvert; chaudement couvert. Elle était couverte d'un grand châle. « Le paysan est vieux, trapu, couvert de haillons » (Sand).
♢ Spécialt Qui a un chapeau sur la tête. Restez couvert : gardez votre chapeau.
2 ♦ Qui a sur lui (qqch.). « Je l'ai vu, tout couvert de sang et de poussière » (P. Corneille). Sol couvert de détritus. ⇒ jonché. Les bus « peinturlurés, couverts d'inscriptions comme un mur d'affiches » (Romains). Péj. ⇒ constellé, criblé. Jupe couverte de taches. Visage couvert de boutons, de cicatrices. ⇒ plein (de).
♢ Ciel couvert (de nuages). ⇒ bouché, nuageux. Allée couverte, taillée en berceau. Piscine couverte.
3 ♦ Caché. Visage couvert d'un masque. Fig. et vx Dissimulé, secret. Un « ennemi couvert » (Racine).
♢ Mod. Loc. adv. À MOTS COUVERTS, qui cachent un sens différent de celui qu'ils expriment. ⇒ allusif. Vous le lui direz à mots couverts, en termes voilés.
4 ♦ Fig. Abrité, protégé par qqn. Il est couvert par son ministre. Être couvert contre le vol. ⇒ assurer. De toute façon, vous êtes couvert par l'assurance.
⊗ CONTR. 1. Découvert, ouvert.
● couvert Participe passé de couvrir. ● couvert nom masculin (de couvert) Littéraire. Abri, voûte de feuillage : Se promener sous le couvert d'un bois. Architecture Synonyme de cornière. Chasse Cultures susceptibles de servir d'abri au gibier. Fortification Ensemble des dispositions d'une fortification, permettant au défenseur de combattre à l'abri des coups de l'assaillant. Militaire Protection naturelle ou artificielle dérobant une troupe à la vue de l'ennemi. (L'abri, au contraire, protège à la fois de la vue et des coups.) Sylviculture Ensemble des houppiers d'un peuplement forestier dont l'ombrage couvre le sol et le protège contre les intempéries. ● couvert nom masculin (de couvert) Ensemble des accessoires de table de chaque convive (assiettes, verres, cuillers, fourchettes, couteaux, etc.) : Ajouter un couvert pour un nouvel invité. Cuiller, fourchette et couteau. ● couvert (citations) nom masculin (de couvert) Isaac de Benserade Paris ?vers 1613-Gentilly 1691 Académie française, 1674 Plus on se tient couvert, plus on est recherché. Vingt sonnets sur la beauté et sur la laideur ● couvert (expressions) nom masculin (de couvert) À couvert, à l'abri : Être à couvert de la pluie. Il a mis sa fortune à couvert. Sous (le) couvert de, sous l'apparence de. Sous le couvert de quelqu'un, sous sa protection. Semis sous couvert, synonyme de semis de couverture. Tuile de couvert, chacune des tuiles creuses d'une couverture posées à cheval sur les bords de deux tuiles de courant, face convexe vers le haut, pour assurer l'étanchéité à l'eau de pluie. Couvert à gibier, plante susceptible de fournir au gibier la pâture et l'abri. À couvert, se dit d'une cuisson effectuée en vase clos. Être à couvert, avoir des garanties assurées pour le solde d'une créance à recouvrer. ● couvert (homonymes) nom masculin (de couvert) couvèrent forme conjuguée du verbe couver couvert adjectif couvert nom masculin ● couvert (synonymes) nom masculin (de couvert) Agriculture. Semis sous couvert
Synonymes :
Synonymes :
- Architecture. cornière
● couvert (expressions)
nom masculin
(de couvert)
Avoir son couvert (mis) chez quelqu'un, y être habituellement reçu à déjeuner, à dîner.
Mettre le couvert, disposer sur la table les objets nécessaires au repas.
Remettre le couvert, recommencer quelque chose.
Grand couvert, sous l'Ancien Régime, le dîner du roi en public.
Petit couvert, le dîner du roi en particulier.
couvert, erte
adj.
d1./d Muni d'un couvercle, d'un toit. Maison couverte en ardoises.
d2./d Habillé, vêtu. être bien, chaudement couvert.
— Qui porte une coiffure sur la tête. Je vous en prie, restez couvert.
d3./d Couvert de: qui a sur lui beaucoup de. Un arbre couvert de fruits. Un vêtement couvert de taches.
— Fig. être couvert de dettes: être très endetté.
d4./d Dissimulé, caché. Un ciel couvert, masqué par les nuages. Sa voix fut couverte par le brouhaha.
|| Parler à mots couverts, en termes voilés, par allusions.
d5./d Protégé, dégagé de toute responsabilité. Il est couvert par ses supérieurs.
————————
couvert
n. m.
rI./r
d1./d Ce qui couvre, toit.
— Loc. Le vivre et le couvert: de quoi manger et s'abriter.
|| (Québec) Fam. Couvercle. Dévisser le couvert d'un pot.
— (France rég., Québec) Fam. Couverture (d'un livre, d'un cahier). Lire un roman d'un couvert à l'autre, en entier.
d2./d Litt. Abri, ombrage formé par des feuillages. Se réfugier sous le couvert d'un bois.
d4./d Sous couvert de: sous prétexte de. Sous couvert de littérature, il ne fait que du commerce.
d5./d Sous le couvert de: dans une enveloppe portant l'adresse d'un autre; sous la responsabilité de. Sous le couvert du ministre.
rII./r
d1./d Ce dont on couvre une table avant de servir les mets. Mettre, dresser le couvert.
d2./d Ensemble des ustensiles destinés à chacun des convives. Ajouter un couvert.
I.
⇒COUVERT1, subst. masc.
A.— Voûte protectrice constituée par un arceau de feuillage; plafond constitué par les ramures et le feuillage des arbres d'une forêt. Le couvert épais, le couvert végétal. Un couvert de tilleuls (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 80). Sortir du couvert des grands arbres (cf. MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 122) :
• 1. Nous nous acheminons tous trois par des sentiers creux, très profonds, qui fuient devant nous sous le couvert des hêtres et qui sont tout pleins de fougères.
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 183.
— En partic., ART MILIT. Terrain feuillu servant à dissimuler des troupes ou des engins :
• 2. Elle [la guerre] a tout perverti (...) même les paysages innocents. Une plaine c'est la rase campagne; une forêt un couvert...
A. ARNOUX, Contacts allemands, 1950, p. 72.
— Spéc., fam., arg. Cabane misérable :
• 3. L'humble couvert de tôle qu'on a construit près de la rue Grégoire-de-Tours, sur l'emplacement d'une ancienne maison, n'existait pas [en 1911].
F. CARCO, Nostalgie de Paris, 1941, p. 206.
B.— [En parlant de pers.] Celui, celle qui endosse la responsabilité des actes accomplis par quelqu'un à qui il sert de garant. Être le couvert de qqn, servir de couvert à qqn :
• 4. Usez successivement des trois couverts suivants (...). Monsieur Guasco, avocat à Turin. Monsieur Giovani Plana, astronome à Turin. Monsieur Dominique Vismara, ingénieur à Novare.
STENDHAL, Corresp., t. 2, 1800-42, p. 54.
— P. ext. [En parlant d'une chose] Ce qui sert à masquer ou à atténuer un désagrément ou une impression pénible :
• 5. Le goût sucré [de la mélasse] plaît beaucoup aux animaux et, sous ce couvert, on peut leur faire manger plus de paille et même des aliments quelque peu altérés.
É. SAILLARD, Betterave et sucrerie de betterave, 1923, p. 544.
C.— Loc. adv. et prép.
1. Loc. adv. À couvert. Sous la protection matérielle de quelque chose qui couvre. Arriver à couvert, s'exercer à couvert, tirer à couvert. L'orangerie, que l'on trouvait au bout [de la serre], menait à couvert jusqu'aux communs du château (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 61). Mettez-vous vite à couvert, car ce sera bientôt une fusillade (MORAND, New York, 1930, p. 91).
— Au fig. Sous la garantie, sous la protection de. Agir à couvert, être à couvert, se mettre à couvert, mettre qqc. à couvert. De cette façon, dit Ninon, nous ne cesserons d'avoir la chère enfant sous les yeux, et nous aurons mis notre responsabilité à couvert (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 58) :
• 6. ... il [Arnauld] se déroba aussi par la retraite, non sans avoir écrit une belle lettre d'excuses à la reine, et il trouva successivement refuge chez plusieurs amis, à couvert, disait-il, sous l'ombre des ailes de Dieu.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 188.
2. Loc. prép.
a) À couvert de. À l'abri de. À couvert de la pluie, du vent, de l'orage. Se mettre à couvert du mauvais temps du dehors (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 191).
— Au fig. Sous la garantie de, à l'abri de :
• 7. ... il s'écoulera encore quatre mois avant la fin de votre deuil. Allons l'attendre dans une autre ville. Vous y passerez pour ma femme, et mon nom vous mettra à couvert de toute fâcheuse interprétation.
KARR, Sous les Tilleuls, 1832, p. 218.
b) Sous le couvert de (fig.).
— [Le compl. de la loc. désigne une pers. servant de garantie, qui assume officiellement une responsabilité à la place d'une autre] Sous la caution de. Sous le couvert du Directeur, du Ministre, d'un prête-nom. Sous le couvert de MM. Bontems et Mallet négociants (STAËL, Lettres jeun., 1790, p. 391) :
• 8. Tu sais bien que ce n'est pas volontairement que je me sépare de toi. Écris sous le couvert de ma femme de chambre, que l'adresse soit d'une main étrangère, moi je t'écrirai des volumes. Adieu! Fuis.
STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 437.
— [Le compl. de la loc. désigne ce qui sert à dissimuler une réalité, l'apparence trompeuse qui la masque] Sous la protection, l'égide de. Sous le couvert de phrases vagues, sous le couvert de propos vides :
• 9. Les directeurs de la maison pour laquelle je travaille, mes chefs, M. Mayer lui-même, que j'ai toujours jugé si loyal et si fin, poursuivent, sous le couvert du mensonge, un commerce déshonnête.
DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 121.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. Cf. couvrir1.
II.
⇒COUVERT2, subst. masc.
A.— Ensemble constitué par tout ce qu'on dispose sur la table en vue du repas : nappe, serviettes, vaisselle, verres, cuillers, couteaux, fourchettes, etc. Ajouter un couvert, dresser le couvert, ôter le couvert. Apprêter le dîner, le couvert et le salon (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 33). Un dîner de 48 couverts, disposé d'une manière charmante dans deux pièces (GONCOURT, Journal, 1895, p. 757) :
• 1. ... maintenant avec le plein de l'été les jours étaient devenus si longs que le soleil était encore haut dans le ciel, comme à une heure de goûter, quand on mettait le couvert pour le dîner au Grand-Hôtel de Balbec.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 799.
— Loc. Le vivre et le couvert. Un lieu pour dormir et de quoi manger. Réduire le vivre et le couvert au simple nécessaire (TAINE, Voyage en Italie, t. 1, 1866, p. 43). Le couvert et le gîte (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 277).
— Vieux
♦ Grand couvert. Repas d'apparat pris par un monarque. Assister au premier grand couvert (cf. BALZAC, Langeais, 1834, p. 323).
♦ P. oppos. Le couvert privé. Repas pris dans l'intimité (cf. L.-F. L'HÉRITIER, Suppl. aux Mémoires de Vidocq, t. 1, 1830, p. XCIII).
— Arg. Remettre le couvert. Recommencer. [Il] empoigna la seconde mitraillette et (...) remit le couvert (A. LE BRETON, Razzia sur la chnouf, 1954, p. 204).
B.— Ensemble des pièces qui, à table, servent à l'usage individuel de chaque convive. Bou-Djema déposait sur une grosse pierre plate notre couvert de campagne, gobelets, assiettes d'étain (BENOIT, Atlant., 1919, p. 102) :
• 2. Au XVIIIe siècle chaque convive eut son couvert individuel : assiette personnelle, serviette, cuiller, fourchette, couteau, verre à boire.
ALI-BAB, Gastr. pratique, 1907, p. 73.
— En partic. Les pièces de métal (cuiller, fourchette) du couvert individuel. Couvert de table; donner un couvert en argent (cf. RENARD, Journal, 1900, p. 577). Quant au maître du lieu (...) il va au buffet et en rapporte un verre et un couvert qu'il pose sur la table (HUGO, Ruy Blas, 1838, IV, 2, p. 417).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. Cf. couvrir1.
STAT. — Couvert1 et 2. Fréq. abs. littér. :903. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 480, b) 1 603; XXe s. : a) 1 251, b) 969.
BBG. — GOUG. Mots. t. 3 1975, p. 217.
III.
⇒COUVERT, ERTE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de couvrir1 et 2.
II.— Adjectif
A.— Dont l'ouverture ou l'orifice est obturé, bouché; muni d'un toit; protégé par-dessus. Bouche d'égout couverte, casserole couverte, pot couvert.
1. [En parlant d'un véhicule] Clos, tant au sommet que sur les côtés. Charrette couverte, wagon couvert :
• 1. Ils [Gonthramn et ses amis] marchaient près du chariot couvert qui portait les deux jeunes filles, armés de poignards et de courtes lances, équipage ordinaire des voyageurs les plus pacifiques.
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 130.
2. Muni d'un toit, d'une couverture, protégé par le dessus. Allée couverte, chemin(s) couvert(s), lieu couvert, piste couverte, stade couvert; temple couvert en tuiles. J'étais dans le pont couvert de Zurich (HUGO, Rhin, 1842, p. 387). Il grimpait l'escalier couvert, aux marches de bois rongées (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 70) :
• 2. Au fond de la cour, à l'ouest, un passage couvert, flanqué d'un auvent, s'étendait de la maison aux étables. Le passage permettait le service, à l'abri, des bêtes à corne et à laine...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 139.
3. Vx. Plat couvert. Plat dont les bords extérieurs sont obturés :
• 3. Le piquant périodique de la vie de Pons avait totalement disparu. Son dîner se passait sans l'inattendu de ce qui, jadis, dans les ménages de nos aïeux, se nommait le plat couvert!
BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, p. 56.
— P. anal.
a) Feu couvert. Feu maintenu en activité sous une couche de cendre qui en amortit l'éclat et la chaleur. Parfois aussi le feu couvert se dégage un peu. Un écroulement de cendres se fait entre les bûches (A. DAUDET, Contes lundi, 1873, p. 242).
b) [En parlant du temps, du ciel, etc.] Voilé, assombri. Soleil à demi couvert (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 233). Le temps couvert de Lorraine, un temps pour les mirabelliers (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902-1903, p. 35) :
• 4. Dans ce ciel très couvert, très épais, il y avait çà et là des déchirures, comme des percées dans un dôme, par où arrivaient de grands rayons couleur d'argent rose.
LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 14.
c) [En parlant de la voix et de son timbre] Enroué, rauque. Le timbre couvert produirait l'effet de l'enrouement (GARCIA, Art chant, 1840, p. 50).
B.— Protégé par un vêtement.
1. Vx. Habillé (en particulier d'une tenue convenable). Bien couvert; proprement couvert (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forçat, 1828-29, p. 72).
2. Protégé par un vêtement, chaudement habillé. Être chaudement, suffisamment couvert :
• 5. Sans cesse je devais prendre des précautions, m'inquiéter si je n'étais pas trop couvert, ou trop peu.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 556.
3. Coiffé d'un chapeau :
• 6. Assis un peu de travers dans le fond de la grosse Delaunay-Belleville, Simon ne savait s'il devait rester couvert ou non. Il finit par ôter son chapeau melon le plus naturellement qu'il put.
DRUON, Les Grandes familles, t. 1, 1948, p. 110.
— En partic. [En parlant des femmes en Orient] Coiffée d'un voile qui couvre la tête et une partie du visage. Femmes couvertes selon les règles que la religion prescrit (cf. NERVAL, Voy. Orient, t. 3, 1851, p. 278).
C.— Dissimulé par ce qui est placé dessus.
1. ART MILIT. Dissimulé, caché, protégé par un écran de défense. Convoi couvert, obstacle couvert. Contre des troupes couvertes mais dispersées, (...) les effets très localisés de très gros projectiles seront assurément disproportionnés à l'énormité de l'effort (PALOQUE, Artill., 1909, p. 208).
2. Au fig.
a) [En parlant d'une pers. du point de vue de son comportement, de ses sentiments] Dissimulé, en retrait, caché. Ambition couverte, air couvert, malice couverte. Mille aveux couverts (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 60).
b) [En parlant des yeux, du regard] Fuyant, voilé par dissimulation. Yeux couverts. Regard couvert (TOULET, Contrerimes, 1920, p. 17).
c) Loc. adv. À mots couverts. [Mots] qui cachent un sens qu'on n'ose pas dévoiler. Synon. en termes couverts (cf. BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1905-06, p. 128) :
• 7. Entre parents, grand'mères et tantes, commençaient, pour m'intriguer davantage, de continuelles conversations à mots couverts; des chuchotements, qu'on faisait mine d'étouffer dès que je paraissais...
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 231.
Rem. Ac. 1835 signale l'adv. couvertement. Secrètement et en cachette.
Étymol. et Hist. Cf. couvrir1. Fréq. abs. littér. :3 765. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 169, b) 6 715; XXe s. : a) 5 166, b) 4 037.
1. couvert [kuvɛʀ] n. m.
ÉTYM. XIIe, « logement, retraite »; p. p. subst. de couvrir.
❖
———
I Ce qui couvre.
1 (XVIe, « toit »). Vx. Logement où l'on est protégé des intempéries. || Donner le couvert à qqn. — ☑ Le vivre et le couvert (loc. encore employée, mais mal comprise, à cause du sens II).
1 Il fit tant, de pieds et de dents,
Qu'en peu de jours il eut au fond de l'hermitage
Le vivre et le couvert; que faut-il davantage ?
La Fontaine, Fables, VII, 3.
2 On donne le couvert à des passants embarrassés de leur gîte.
Rousseau, Émile, V.
3 Les populations de nos régions torturées travaillent : il leur faut bien, à défaut de reconstruction réelle, édifier, du moins, des cités de fortune, s'assurer à tout prix le couvert.
G. Duhamel, Manuel du protestataire, II, p. 71.
2 (1285). Vx ou littér. Abri, ombre que donne le feuillage. ⇒ Abri, ombrage. — Par ext. Massif d'arbres qui donnent de l'ombre. || Couvert végétal. || Un couvert de marronniers.
4 (…) il plante un jeune bois, et il espère qu'en moins de vingt années il lui donnera un beau couvert (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 124.
5 Par le beau matin de juin, nous descendons gaîment le sentier breton; au-dessus de nos têtes, le couvert des chênes et des hêtres tamise des petits ronds de lumière qui tombent par milliers à travers la verdure comme une pluie blanche.
Loti, Mon frère Yves, XLVII, p. 119.
5.1 Là-haut, les renards ont mangé. Lourds de viande, ils marchent pesamment, cherchent le couvert pour dormir.
J. Giono, les Vraies Richesses, p. 32.
♦ Mod. || Sous le, un couvert, sous les couverts. || Blindés dissimulés sous un couvert.
6 Ils avaient pénétré sous le couvert des pins que le voisinage de la rivière rend énormes.
F. Mauriac, le Sagouin, IV, p. 147.
♦ Littér. Abri. || « L'humble couvert de tôle qu'on a construit près de la rue Grégoire-de-Tours » (Carco, Nostalgie de Paris, 1941, in T. L. F.).
3 ☑ (1669). Sous le couvert de : sous l'adresse, le nom de (qqn), en parlant d'un envoi. || Cela est arrivé franc de port sous le couvert du ministre. || Écrire une lettre à qqn sous le couvert d'un tiers qui la lui remettra.
7 Je supplie V. A. R. d'adresser les ordres sous le couvert de M. du Breuil.
Voltaire, Lettre au roi de Prusse, 12.
8 On m'a déjà adressé quelques volumes sous le couvert du général Miollis.
P.-L. Courier, Lettre, II, 16.
♦ Fig. Sous la responsabilité ou la garantie de (qqn), par délégation de (qqn). || Il a agi sous le couvert de ses chefs. — Sous l'apparence, le prétexte de (qqch.). || Sous le couvert de l'amitié il lui a extorqué des sommes considérables. ⇒ Voile (sous le voile de). || Sous le couvert d'une visite à faire. ⇒ Couleur (sous couleur).
9 (…) il (le tsar) envoya à Paris un émissaire, le baron d'Oubril, chargé sous le couvert d'une mission très restreinte, de surveiller les pourparlers anglo-français.
Louis Madelin, Talleyrand, III, XVI, p. 170.
4 ☑ Loc. prép. À couvert de; loc. adv. || À couvert. Dans un lieu où l'on est couvert, garanti, protégé. ⇒ Abri (à l'abri de). — Protégé de (qqch.). || À couvert de la pluie. || À couvert du bombardement. || À couvert de l'ennemi. — Protégé par (qqch.). || Être à couvert d'un bois, d'un rempart. || « L'animation ne reprend qu'à couvert de la nuit » (P. Morand, Rien que la Terre, p. 213).
10 Enfin notre dernier recours, c'est que la fuite nous peut mettre à couvert de tout (…)
Molière, l'Avare, I, 5.
10.1 (…) on avait dressé des tentes alentour, afin que tout le monde fût à couvert pendant la cérémonie (…)
A. Galland, les Mille et Une Nuits, t. II, p. 352.
♦ Fuir à couvert, à l'abri des regards. || Se mettre à couvert. ⇒ Abriter (s'), garantir (se), protéger (se), réfugier (se), terrer (se).
11 Julien sauta le mur d'une terrasse, fit à couvert une cinquantaine de pas, et se remit à fuir dans une autre direction.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXX, p. 225.
♦ Fig. || Agir à couvert. ☑ Se mettre à couvert : dégager sa responsabilité.
12 M. Poincaré tient surtout à mettre notre responsabilité à couvert (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 92.
♦ Comm. || Être à couvert : avoir des garanties sûres, pour les avances faites à quelqu'un.
———
II (V. 1570). Ce que l'on dispose sur la table pour prendre un repas. || Mettre, dresser le couvert : disposer la nappe, les assiettes, les verres, les serviettes, les fourchettes, les cuillers, les couteaux. (Syn. : mettre la table). || Ôter le couvert. || Ranger le couvert.
13 Sur un tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
La Fontaine, Fables, I, 9.
14 Jusqu'à ce couvert de campagne, ces verres propres, cette fraîche assiettée de beurre demi-sel, cette cruche à cidre, qui aidaient à l'intimité de cette table éclairée par une lampe (…)
Huysmans, Là-bas, V, p. 57.
♦ Hist. || Grand couvert : repas qu'un prince prenait en public avec un certain cérémonial. || Petit couvert ou couvert privé : repas sans cérémonie.
♦ (1616). Les ustensiles de table à l'usage de chaque convive. || Une table de douze couverts. || Un banquet de cent couverts. ⇒ 2. Assiette (2., b). || Il manque un couvert. || Apporter, rajouter un couvert (→ Avidité, cit. 4). || Lave-vaisselle de douze couverts, qui lave les ustensiles de table à l'usage de douze personnes; qui a une capacité de douze couverts. || Avoir toujours son couvert mis (chez qqn), être certain d'y être toujours reçu.
♦ Réserver quatre couverts au restaurant, quatre places.
15 (…) jusqu'au second couvert que parfois je dispose, sur la table ombragée, en face du mien. Un second couvert… Cela tient peu de place, maintenant : une assiette verte, un gros verre ancien, un peu trouble… Ce couvert est celui de l'ami qui vient et s'en va (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 14.
15.1 Sur le pont, une vingtaine de convives à la table commune. Une autre table, parallèle à la première, où l'on a mis nos trois couverts.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 697.
♦ Spécialt. || Un couvert, l'ensemble des ustensiles de table dont on se sert avec la main, à l'usage d'une personne (couvert individuel).
a La cuiller et la fourchette. || Couvert d'argent massif. || Couvert de ruolz, de maillechort, d'alfénide. || Une douzaine de couverts. || Coffret à couverts. ⇒ Ménagère. || Offrir un couvert de baptême dans un écrin. || Ranger les couverts et les couteaux.
b La cuiller, la fourchette et le couteau. || Une ménagère de douze couverts, avec des couteaux à manche d'ébène.
c (Ustensiles destinés, par leur taille ou leur forme, à un usage spécifique). || Couvert à dessert; couvert à poisson.
♦ Les couverts, l'ensemble de ces ustensiles (cuillers, fourchettes, couteaux). || Panier à couverts.
16 (…) la grande table ovale où brillent sur la nappe damassée les couverts d'argent bien fourbis à la peau de chamois (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, III, p. 437.
❖
DÉR. Couverte, couverture.
HOM. Couvert, p. p. adj. du v. couvrir.
Encyclopédie Universelle. 2012.