TALMUD
Pour le judaïsme, l’authentique interprétation de la Bible hébraïque a été déposée dans la Tora orale, qui constitue le complément et l’achèvement incontestable de la Tora écrite. Véritable «mystère» divin, elle n’a été confiée par le Verbe qu’à la seule communauté d’Israël, puis transmise par la bouche, de maître à élève, de génération en génération. Mais, dans une saisissante vision marquée de ce caractère paradoxal si courant dans la pensée talmudique, le Talmud montre le plus grand de tous les prophètes, Moïse, assistant à un cours de l’illustre Rabbi Aqiba et étonné de voir celui-ci énoncer, sous son nom, des commentaires que lui-même, le Maître par excellence, ne connaissait pas. On ne pouvait mieux illustrer l’idée que le Talmud est, en même temps qu’une tradition, l’incessante relecture et la constante réactualisation de l’insondable Tora de Moïse par des docteurs qualifiés. «Tout ce qu’un disciple fervent est destiné à apporter de neuf , lit-on encore dans le Talmud, a été déjà dit à Moïse sur le mont Sinaï.»
1. La loi orale
À côté de la Loi écrite, les pharisiens postulaient l’existence d’une Loi orale, que les sadducéens se sont toujours obstinément refusés à admettre, tout comme les karaïtes au Moyen Âge. On en faisait remonter l’origine à Moïse, qui l’aurait reçue pendant ses différentes retraites sur le mont Sinaï. Elle aurait consisté en interprétations détaillées des préceptes souvent laconiques du Pentateuque, interprétations qui en auraient fixé avec précision les modalités d’application. De Moïse à la destruction du Temple, la chaîne de la transmission était établie de la manière suivante: Moïse, Josué, les Anciens, les Prophètes, la Grande Synagogue, qui comprenait les trois derniers d’entre eux: Aggée, Zacharie, Malachie – Simon le Juste, qu’on identifie soit avec les grands prêtres Simon I (env. 300 av. J.-C.) ou Simon II (env. 200), soit avec l’ethnarque Simon l’Hasmonéen (142 av. J.-C.-135 apr. J.-C.) –, Antigone de Sokho, une suite de duumvirats jusqu’à Hillel et Shammay sous le règne d’Hérode I, puis Gamliel l’Ancien et Yohanan ben Zakkay. Cette chaîne pose de multiples problèmes toujours débattus, les deux plus importants portant sur la nature même de cette Grande Synagogue (fut-elle réelle ou fictive? était-ce une institution fixe ou une assemblée réunie quand certaines graves circonstances l’exigeaient?), ainsi que sur l’autorité véritable dont pouvaient être investis ces duumvirs pharisiens dans une société que d’autres sources (Flavius Josèphe et le Nouveau Testament) montrent essentiellement dirigée par de grands prêtres aux pouvoirs les plus amples.
Quoi qu’il en soit, après la destruction du Temple en 70 après J.-C., toutes les autres sectes s’étant éteintes, les rabbins, successeurs des pharisiens, prennent en main les destinées d’une nation meurtrie par la catastrophe. Ils créent un judaïsme sans Temple, mettent en ordre des traditions transmises depuis des temps immémoriaux, et, d’abord en Judée puis en Galilée, ouvrent de nombreuses académies et se livrent à un travail d’interprétation de l’Écriture suivant des canons herméneutiques qui se précisent et s’affinent et dont les démarches seront consignées dans le Midrash Halakha [Midraš Halakha] (commentaires des textes législatifs du Pentateuque). L’existence d’un patriarcat particulièrement soucieux d’unifier le judaïsme ne réussit pas toujours à brider l’individualisme des docteurs et de leurs écoles. Interprétations et décisions, discussions et confrontations prolifèrent.
2. Halakha et Haggada
Les rabbins tirent de l’Écriture des règles qui, régissant toute l’existence du juif, visent à le faire vivre, ici et maintenant, dès ce monde-ci, dans le «royaume des cieux». Ils proclament avec force que les paroles des scribes sont plus chères que les paroles de la Tora elle-même, voulant signifier par là que c’est l’interprétation vivante qui vivifie la lettre. On sait mieux aujourd’hui que, pour les besoins d’une propagande, pharisiens et rabbins ont été atrocement calomniés. Pendant des siècles et jusqu’à l’époque actuelle encore, on a stigmatisé dans certains milieux leur «formalisme», leur «juridisme», leur «légalisme», et nul n’ignore le sens que le mot «pharisien» a pris dans les langues occidentales. Mais l’intention profonde des rabbins a été de prendre totalement au sérieux la parole du Dieu vivant, laquelle ne peut être, suivant leur expression, «comparable au creux bavardage» d’êtres humains, et de considérer que rien dans l’Écriture, non plus que dans le comportement humain, n’est insignifiant. La notion de «détail futile» leur était totalement étrangère. Vivre intensément la Tora, seul lien entre Israël et son Dieu, manifestation de son amour, cause finale de la création du monde qui, sans elle, n’aurait aucun sens, était leur plus profonde préoccupation. Ils aspiraient à sanctifier la vie de l’homme, depuis son lever jusqu’à son coucher, voire durant son sommeil (n’ont-ils pas tenté d’orienter jusqu’à ses rêves?), et de sa naissance jusqu’à sa mort; ils cherchaient également à tirer de la prédication prophétique des lois destinées à créer la société la plus juste possible.
La règle, aussi bien celle que les rabbins ont édictée que celle que la tradition leur a transmise, s’appelle halakha (littéralement, «voie dans laquelle on doit marcher», du verbe halokh , «marcher»). Une fois définie, elle est souverainement contraignante pour tout enfant d’Israël majeur et sain d’esprit, sauf en cas de péril mortel. Cette dernière excuse ne compte que trois exceptions; il vaut mieux se faire tuer que d’enfreindre les trois interdictions suivantes: l’idolâtrie, l’homicide et la dépravation sexuelle.
Mais les docteurs de la Loi ne se sont pas bornés à légiférer en matière civile, pénale et religieuse. Prédicateurs, ils se sont appliqués à former le caractère et à soutenir le moral de leur peuple accablé par les épreuves et les persécutions. Ils lui rappellent continuellement l’indéfectibilité de l’Alliance et l’amour ardent qui unit Dieu à Israël; il leur arrive de pousser l’audace jusqu’à stigmatiser les anciens prophètes pour avoir mal parlé de leur peuple; ils tentent de donner un sens à la souffrance humaine et, en accusant très fortement des traits qu’on rencontre déjà épars dans la Bible, ils tracent le portrait poignant d’un Dieu désarmé devant les effets nocifs de la liberté absolue qu’il a octroyée à l’homme et souffrant avec les malheureux, les opprimés et même les scélérats que la justice humaine a châtiés. L’homme a été créé à l’image de Dieu, enseigne l’Écriture; les rabbins en concluent qu’ils sont «jumeaux», et ce thème est largement exploité dans le sens du plus large universalisme, pour qui tous les humains: hommes, femmes, Israélites et Gentils, sont égaux aux yeux de Dieu. L’on ne s’étonnera cependant pas que, dans une œuvre qui couvre plusieurs siècles et dans laquelle sont rapportées les vues de plusieurs centaines de docteurs, l’on ne trouve pas que des perles d’un bel orient. Elles voisinent parfois avec l’expression de préjugés et avec des exemples d’étroitesse d’esprit, avec des anecdotes biscornues et des interprétations saugrenues, des recettes magiques et des croyances astrologiques, etc., qui ont tourmenté l’esprit des philosophes et commentateurs médiévaux et qui, complaisamment recueillis, ont servi à maintes reprises la propagande antisémitique.
Toutes ces sentences, maximes, apophtegmes, enjolivements de récits bibliques, contes, légendes forment la Haggada (le mot ’aggada , formé sur la racine higgid , ou «raconter», signifie littéralement «narration»). Les ge‘onim , dont on reparlera, ont formellement posé le principe que la Haggada ne représente jamais qu’une opinion personnelle et ne jouit pas de la même autorité que la Halakha.
Choix de sentences de la Haggada
Quelques textes tirés de l’ensemble de la littérature talmudique seront ici plus éclairants que de longs développements.
L’homme
Un homme est allé chez Raba et lui a dit: «Le seigneur de mon village [variante: mon maître] m’a ordonné: «Va tuer un tel, sinon je te tuerai.» Raba lui répondit: «Qu’on te tue, mais, toi, ne tue pas.
Quoi? T’imaginerais-tu que ton sang est plus rouge que le sien? Peut-être que le sien est plus rouge.»
Talmud de Babylone, «Pesahim», 25 b.
La Loi selon l’esprit
Des portefaix employés par Rabba, petit-fils de Hanna, avaient brisé des fûts de vin; Rabba prit leur manteau. Ils allèrent se plaindre à Rab. [Rab à Rabba:] «Rends-leur leur manteau.» [Rabba:] «Est-ce la loi?» [Rab:] «Oui [car il est écrit:] afin que tu marches dans la voie des hommes bons » (Prov., II, 20). Rabba leur restitua leur manteau. [Les portefaix dirent alors à Rab:] «Nous sommes pauvres, toute la journée nous avons travaillé durement, nous avons faim et ne possédons rien.» [Rab à Rabba:] «Va et paie-leur leur salaire.» [Rabba:] «Est-ce là la loi?» [Rab:] «Oui [car il est écrit:] et tu garderas les sentiers des justes » (Prov., ibid. ).
Talmud de Babylone, «Baba Mesi‘a», 83 b.
À cette sentence du rabbin-juge Rab correspond cette autre déclaration (ibid. , 30 b):
Jérusalem n’a été détruite que parce qu’on y réglait les procès en se fondant sur la loi de la Tora et qu’on n’y pratiquait pas l’«intériorité de la ligne de la loi» (expression usuelle pour désigner la loi selon l’esprit, opposée à la lettre rigoureuse de la loi).
Le Gentil
Rabbi Yirmeya disait: «D’où savons-nous que même un Gentil qui observe la Tora est égal au grand prêtre lui-même? D’une étude attentive de versets. Il est écrit: «Mes préceptes que l’homme accomplira et par lesquels il vivra» (Lév., XVIII, 5). «C’est la Tora [...]» (II Sam., VII, 19), il n’est pas dit: «la Tora des prêtres, des lévites, des Israélites», mais «c’est la Tora de l’homme » (ibid. ). «Ouvrez les portes et qu’entre [...]» (Is., XXVI, 2), il n’est pas dit: «qu’entre le prêtre, le lévite, l’Israélite», mais «qu’entre un Gentil [en hébreu, goy ] juste, qui garde la fidélité» (ibid. ). «Exultez en le Seigneur» [...] (Ps. XXXIII, 1), il n’est pas dit «Exultez, prêtres, lévites, Israélites», mais «Exultez en le Seigneur, ô justes» (ibid. ). De même: «Fais du bien, ô Seigneur» [...] (Ps. CXXV, 4), il n’est pas dit: «Fais du bien aux prêtres, aux lévites, aux Israélites», mais: «Fais du bien, ô Seigneur, aux bons et à ceux qui ont au cœur la droiture» (ibid. ).
«Sifra», éd. Weiss, 86 a, col. b.
Réhabilitation d’Israël contre le prophète Isaïe
Le Saint, béni soit-il, a dit à Isaïe: «Sur toi-même, tu as le droit de dire: «Je suis un homme aux lèvres impures» (Is., VI, 5). Soit! mais: «Au milieu d’un peuple aux lèvres impures je réside» (ibid. ), voilà qui est surprenant!» Voyez donc ce qui est écrit ensuite: «Et l’un des séraphins vola vers moi avec dans la main une braise (RiSPaH)» (ibid. , 6). Rabbi Samuel dit: «RSPH signifie RoS PeH, fends-lui la bouche [les quatre consonnes non vocalisées peuvent se lire des deux façons], puisqu’il a calomnié Mes enfants.»
«Shir ha-Shirim, Rabba», sur I,6.
La gémellité de l’homme et de Dieu
Rabbi Méir disait: «Quel est le sens exact de: «C’est malédiction de Dieu un pendu [traduction littérale]» (Deut., XXI, 23). Il était une fois deux frères jumeaux se ressemblant. L’un devint roi de tout l’univers, l’autre se livra au banditisme. Au bout de quelque temps, le bandit fut arrêté et crucifié. Tous les passants s’écriaient: «On dirait que le roi est crucifié!» C’est pourquoi il est écrit: «Car c’est une malédiction pour Dieu qu’un homme qu’on a pendu.»
Tosefta, «Sanhedrin», IX.
La souffrance de Dieu
[Rabbi Yosé disait:] «J’ai entendu un Écho qui gémissait comme une colombe et s’exclamait: «Malheur à Moi [dans les éditions ordinaires censurées: «Malheur aux enfants!»] pour avoir détruit Ma maison, brûlé Mon sanctuaire à cause des péchés des enfants d’Israël et pour les avoir exilés parmi les nations!» [...] Mais, lorsque les enfants d’Israël rentrent dans les synagogues et dans les maisons d’étude et répondent: «Que Son grand Nom soit béni!», Dieu hoche la tête et dit: «Bienheureux celui qu’on loue ainsi dans Sa maison! Que reste-t-il à un père qui a exilé ses enfants? Et malheur aux enfants qui ont été écartés de la table paternelle.»
Talmud de Babylone, «Berakhot», 3 a.
3. La Mishna et la Barayta
Redoutant la disparition de la Loi orale, les rabbins, qu’on appelle alors tanna‘im («enseignants»), commencèrent à mettre en ordre la masse des traditions reçues, dans le courant de la deuxième décennie qui suivit la destruction du Temple. Une compilation systématique fut entreprise par l’un des plus fameux docteurs, Aqiba (mort vers 135), et poursuivie par ses disciples, en particulier Rabbi Méir, qui opéra une première recension. Sur cette base et en tenant également compte d’autres recueils dus à d’autres maîtres, le patriarche Juda Ier publia la Mishna vers l’an 200.
La Mishna, terme qui signifie «enseignement» – certains pourtant préfèrent, s’appuyant sur la transcription grecque deuterôsis , la lecture «mishné» («répétition», ou «double») [de la Tora] –, a été rédigée en hébreu, mais cet hébreu a déjà subi une longue évolution. Dans un style sec, concis et précis, qui a toujours fait l’admiration des connaisseurs, elle formule la Halakha, accompagnée parfois des discussions dont elle est l’aboutissement, plus rarement des textes bibliques à laquelle elle est rattachée. Elle fait relativement peu de place à la Haggada.
Deux graves problèmes divisent toujours les savants à son sujet: Le rédacteur a-t-il prétendu fixer la règle impérative ou s’est-il assigné pour tâche de constituer un manuel de base pour les études dans les académies? La Mishna, expression par excellence de la Loi orale, a-t-elle été, dès sa publication, couchée par écrit ou simplement confiée à la mémoire de ces «récitants» dont il est question dans le Talmud et qui la connaissaient par cœur?
Malgré un effort appréciable pour classer les matériaux dans un ordre logique, des blocs entiers de la Mishna ne sont reliés que par des associations de mots ou de chiffres, et l’on y rencontre des doublets.
La Mishna est divisée en six sections, comprenant chacune un certain nombre de traités dont le total atteint 63 dans le découpage actuellement reçu. L’abréviation «ShaS» pour Shisha Sedarim (Six Sections) sert couramment à désigner aussi bien la Mishna que son commentaire, le Talmud. Voici le nom et le contenu de ces sections:
1. Zera‘im (Semences) comporte des réglementations concernant les prélèvements sur les produits agricoles destinés aux prêtres, aux lévites, aux indigents, la mise en jachère des terres pendant l’année sabbatique, etc. Le traité introductif Berakhot (Bénédictions) traite des eulogies à prononcer lors de la consommation des produits du sol et, par extension, de la liturgie.
2. Mo‘ed (Fêtes) concerne toutes les festivités.
3. Nashim (Femmes) a trait au mariage, au douaire, au divorce, au lévirat, etc.
4. Neziqin (Dommages) se rapporte au droit civil, au droit pénal et à la procédure judiciaire. Un traité de cette section, Abot (Pères), a une particulière importance: il rapporte les maximes morales et religieuses des «pères» de la Synagogue.
5. Qodashim (Objets consacrés) a principalement pour objet le culte du Temple.
6. Tahorot (Puretés) concerne les états de pureté et d’impureté des hommes et des choses.
Parmi les nombreuses traditions des diverses écoles, le compilateur de la Mishna a opéré un choix. Celles qui ont été omises sont appelées barayta (pluriel baraytot ), mot araméen qui signifie «extérieur». Le terme s’applique aussi bien aux enseignements conservés dans des ouvrages qui forment un commentaire continu des parties législatives du Pentateuque (Mekhilta sur l’Exode, Sifra sur le Lévitique, Sifré sur le livre des Nombres et le Deutéronome), dans les Additions à la Mishna (Tosefta), qu’à ceux qui ne sont connus que par leur citation dans les deux Talmuds (classés méthodiquement en 1938 seulement par M. Higger).
Contrairement à la Mishna, les Baraytot montrent généralement comment la Halakha a été déduite du texte biblique, rapportent les discussions qui ont opposé les docteurs et font une assez large place à la Haggada. Elles n’appartiennent pas toutes à l’époque prétannaïtique et tannaïtique; certaines semblent postérieures, et l’historien ne doit pas l’oublier. Si une grande partie d’entre elles complètent et éclairent la Mishna, il en est cependant qui livrent un état archaïque de la Halakha que la Mishna ne connaît déjà plus.
4. Le Talmud
La Mishna de Rabbi Juda Ier fut adoptée comme autorité suprême dans les académies de Palestine et de Babylonie et devint l’objet principal de l’étude et de l’enseignement des rabbins qui portent maintenant le titre d’amora (pluriel amora‘im , qui signifie celui qui expose, celui qui interprète. Ces docteurs se donnent pour tâche, du IIIe au Ve siècle, d’élucider les textes de Mishna, d’en rechercher et les sources et la paternité, de concilier les contradictions, de confronter Mishna et Barayta, enfin de tirer des principes généraux permettant de résoudre des problèmes nouveaux. Mais les discussions des amora‘im ne portent pas seulement sur les matériaux d’origine tannaïtique. Les décisions prises par des amora‘im eux-mêmes, leurs opinions personnelles, leur comportement font aussi l’objet de commentaires de la part des générations postérieures. Les discussions des docteurs, extrêmement subtiles et labyrinthiques, sont reproduites dans un style très elliptique et leurs articulations sont marquées dans une terminologie fixe mais dont l’apprentissage est ardu, ce qui fait la difficulté proverbiale du Talmud. Ces discussions ne répondent pas tant au souci pragmatique de déterminer aussi précisément que possible la règle à suivre qu’à celui d’atteindre à la cohérence absolue, idéal toujours poursuivi mais évidemment jamais atteint que s’assigneront cependant tous les commentateurs ultérieurs. Cela explique que le Talmud reste toujours inachevé.
Le Talmud de Jérusalem
La compilation improprement appelée «Talmud de Jérusalem» (le mot talmud signifiant «enseignement» et «étude») a porté autrefois les titres plus exacts de «Talmud des habitants d’Israël», ou «Talmud des Occidentaux» (par opposition aux Babyloniens). Elle est rédigée en hébreu et dans le dialecte judéo-araméen de Palestine. Elle ne comporte aucune indication sur les étapes de sa formation. Mais certains faits sont bien établis.
Vers le milieu du IVe siècle, la plus ancienne partie de ce Talmud, qui ne portait que sur les trois premiers traités de la section «Neziqin» («Dommages»), fut rédigée à Césarée. Elle était probablement destinée à des maîtres – ou, pour être encore plus précis, à des rabbins-juges – plutôt qu’à des étudiants. Peu après, une série de calamités s’abattit sur les Juifs de la Terre sainte. En 351, par mesure de représailles, le général romain Ursicinus mit à sac les villes de Tibériade, de Sepphoris et de Lydda, sièges des plus fameuses académies, et des rabbins palestiniens émigrèrent en Babylonie. Vers la même époque, la religion chrétienne reconnue par l’Empire romain engage une lutte ouverte contre le judaïsme et les Juifs. Enfin en 415, un décret des empereurs Honorius et Théodose II prive de son titre et des honneurs attachés à son rang le patriarche Gamliel VI. C’est le déclin pour le judaïsme de Palestine, pour ses maîtres et ses écoles. Vers la fin du IVe siècle, à une date qu’on ne peut préciser, le Talmud de Jérusalem est hâtivement compilé à Tibériade, et l’œuvre se ressent de la rapidité avec laquelle elle a été accomplie. Les traditions de chaque académie sont comme amalgamées et les disparates ne sont pas accordées; trop nombreux doublets, mauvais enchaînements des idées, contradictions déparent le Talmud de Jérusalem, qui, de plus, est parvenu jusqu’à l’époque actuelle dans un déplorable état textuel, amputé d’ailleurs de portions disparues assez tôt. À cela s’ajoute le fait que son étude a été assez négligée pour des raisons qu’on verra plus loin. Il n’en existe aujourd’hui qu’un manuscrit complet, à l’université de Leyde, datant de 1289, et reproduit en fac-similés; il est d’usage de le citer d’après la foliotation de l’impression de Krotoschin [Krotoszyn], en Posnanie (1866).
Le Talmud de Babylone
Il semble que le Talmud de Babylone ait été constitué de diverses strates déjà mises en forme et superposées avant que Rab Ashi (352-427) en eût entrepris une rédaction définitive. Recteur de l’académie de Sura, celui-ci consacra une grande partie de sa vie à classer et à harmoniser les débats et les enseignements de sa propre école et des autres écoles illustres de la Babylonie comme celles de Neharde‘a, de Pumbedita et de Mahoza (toutes situées près de l’actuelle Bagdad). Le Talmud fait état de deux «éditions», ce qui laisse supposer qu’il y eut des révisions complètes et particulièrement soignées. L’œuvre de Rab Ashi fut poursuivie encore pendant deux générations et achevée par Rabbina II, lui aussi recteur de Sura. Pour le Talmud, Rab Ashi et Rabbina II représentent la fin de la hora‘a , c’est-à-dire de l’autorité suprême en matière de législation rabbinique. Avec la mort du second, en 499, se termine la période des amora‘im. À leurs successeurs, qui portent le nom de sabora‘im («ceux qui raisonnent», «opinent») et dont l’activité s’étendra jusqu’au milieu du VIIe siècle, le Talmud doit encore quelques additions, conclusions et phrases de liaison, ce qui ne signifie pas que des interpolations ou des gloses n’y furent pas introduites par la suite. La critique textuelle a essayé généralement avec succès de les déceler.
Le Talmud de Babylone ne porte pas sur la totalité de la Mishna; non qu’elle n’ait pas été commentée entièrement, mais on n’a pas relié en un tout continu les discussions se rapportant à certains traités qui n’avaient plus d’actualité en Babylonie.
Du milieu du VIIe au XIe siècle, les recteurs des deux académies, celles de Sura et de Pumbedita, appelées ge‘onim («Excellences»), exercèrent sur une grande partie de la Diaspora une influence considérable. En relations épistolaires avec les communautés lointaines d’Afrique du Nord et d’Espagne, puis avec le centre franco-rhénan, ils élucidaient les points obscurs du Talmud, prenaient des décisions et donnaient des directives. Grâce à leur action, le Talmud finit par s’imposer à tout le judaïsme. Ils posèrent également comme principe la suprématie du Talmud de Babylone sur celui de Jérusalem; l’argument qui finira par prévaloir un peu plus tard, développé par Rabbi Isaac Alfassi (1013-1103), est le suivant: les rédacteurs du Talmud de Babylone avaient sous les yeux le Talmud de Jérusalem; s’ils ont rejeté une de ses opinions, c’est en pleine connaissance de cause.
Le Talmud de Babylone est toujours cité d’après la foliotation de l’impression de Daniel Bomberg, Venise, 1520. L’on ne possède encore aucune édition critique de la Mishna et des deux Talmuds. Cependant, les variantes des manuscrits et en particulier du fameux manuscrit complet de Munich (1342), les leçons qu’on trouve chez les anciens commentateurs et codificateurs ont été collationnées dans les Variae lectiones in Mischnam et in Talmud Babylonicum par Raphael Nathan Rabbinovicz (16 vol., 1868-1897), ouvrage indispensable pour une étude scientifique du Talmud de Babylone.
5. Petits traités et Midrashim
À la littérature talmudique entendue dans un sens très large se rattachent encore un certain nombre de petits traités, ébauches de codification méthodique, qui datent pour la plupart de l’époque des ge‘onim. Les plus importants sont les suivants: Soferim (Scribes), Kalla (Jeune Mariée), Derekh Eres (Bonnes Manières), Semahot (Joies, euphémisme pour Deuil). Ils traitent, le premier, des procédés et des méthodes réglementaires pour écrire les rouleaux sacrés et des textes bibliques lus dans les synagogues; le deuxième, de l’éthique sexuelle et du mariage; le troisième, des règles de bienséance pour diverses circonstances; le quatrième, des devoirs envers les morts, de l’inhumation, des oraisons funèbres, de la semaine de deuil, etc.
En outre, d’innombrables matériaux haggadiques de provenances et de dates très diverses ont été comme mis bout à bout pour former un commentaire suivi – mais dont le lien avec le texte biblique est plus ou moins lâche – du Pentateuque (Midrash Rabba et Midrash Tan ムuma), des Cinq Rouleaux: Cantique des cantiques, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther (on compte trois midrashim pour le premier), des Psaumes, etc. La rédaction de ces commentaires homilétiques s’échelonne entre le Ve siècle (Genèse Rabba) et le XIIe siècle (Nombres Rabba): les uns ont été compilés en Palestine, d’autres dans l’Empire byzantin, certains ont même vu le jour en Languedoc. Deux recueils particulièrement importants sont également à signaler: la Pesiqta de-rab Kahana et la Pesiqta Rabbati ; ils regroupent des commentaires haggadiques sur les lectures synagogales de certains sabbats spéciaux. Mais ce ne sont là que quelques titres dans une production littéraire prolifique.
Le Talmud est, à côté de la Bible, l’œuvre la plus gigantesque du judaïsme. Produit de plusieurs siècles d’intense activité intellectuelle, il renferme non seulement le compte rendu très vivant de discussions très variées, mais encore une masse considérable de matériaux qui permettent, à condition d’être soigneusement critiqués, de reconstituer pour une bonne part la civilisation juive sous tous ses aspects pendant une longue et riche période de son histoire, sans parler de la lumière qu’ils projettent sur les origines du christianisme. Son étude a constitué l’objet principal, sinon exclusif, de l’enseignement dans les écoles juives de tous les pays du monde. Dans certains en effet, en particulier en Europe centrale et orientale, il a supplanté parfois la Bible elle-même, sous prétexte qu’il l’impliquait toute.
Les raisons de l’attachement profond des juifs au Talmud sont multiples. Pour eux, il représente en quelque sorte leur patrimoine personnel et inaliénable, alors que leur Écriture sainte, une autre religion rivale a prétendu l’annexer. Les attaques constantes dont le Talmud a été la cible, les censures qui maintes fois se sont acharnées sur lui au point qu’aujourd’hui encore il reste amputé dans les éditions ordinaires de plusieurs passages importants, les destructions par le feu qu’il a subies (en 1242 à Paris sur l’ordre de Saint Louis, en 1320 dans la France méridionale sur l’ordre du pape Jean XXII, en 1415 sur l’ordre du pape Benoît XIII, en 1553 à Rome, en 1559 à Crémone, etc.) l’ont rendu encore plus cher aux yeux des juifs. Mais ces raisons, dont certaines ne sont que négatives, ne sont pas encore suffisantes pour expliquer le rôle de tout premier plan qu’il a joué dans la vie juive jusqu’à l’Émancipation et qu’il continue à jouer aujourd’hui dans les milieux pratiquants. Les juifs ont consacré au Talmud des efforts extraordinaires parce que cela satisfaisait en général tous leurs besoins: quand les autres sciences leur étaient fermées, le Talmud comblait leurs besoins intellectuels par sa dialectique serrée qui aiguisait leur esprit, leurs besoins affectifs par ses ‘aggadot édifiantes et consolatrices, leurs besoins d’évasion, de surnaturel et de merveilleux par ses contes et légendes. Pour les juifs dispersés à travers le monde et privés d’autorité centrale, il fut un remarquable facteur d’unité. Sans vouloir passer sous silence les sporadiques mouvements d’humeur à son égard, surtout de la part de certains mystiques et kabbalistes, tel l’auteur du Ra‘ya Mehemna dans le Zohar , on ne peut nier cependant que, jusqu’à l’avènement de la Réforme juive en Allemagne et aux États-Unis au XIXe siècle, son autorité a été universellement reconnue et qu’actuellement il reste toujours l’autorité suprême pour toutes les communautés qui se réclament de l’orthodoxie.
talmud [ talmyd ] n. m.
• thalmud 1512; mot hébr. « étude, enseignement », de lamad « apprendre »
♦ Relig. jud. Recueil comprenant la Loi orale et les enseignements des grands rabbins, conservés dans deux rédactions dites Talmud de Jérusalem et Talmud de Babylone.
Talmud
n. m. Transcription de la tradition orale juive, ouvrage fondamental destiné à servir de code du droit judaïque, canonique et civil.
|| (Avec une minuscule.) Livre contenant les textes du Talmud.
Encycl. Le Talmud comprend deux parties: la Mishna, étude des principes religieux, et son commentaire en vue des applications pratiques, la Gemara. Il comporte deux versions: l'une, produite par les académies rabbiniques de Palestine, est le Talmud de Jérusalem (déb. IIIe s.); l'autre, mise en forme par les académies de Mésopotamie, ou Talmud de Babylone (IVe-VIe s.), plus complète, distingue la Halakha (lois religieuses, civiles) et la Haggadah (tradition morale, philos., ésotérique, historique).
⇒TALMUD, subst. masc.
RELIG. JUIVE. Loi orale (ou Tora orale); ensemble des recueils qui en renferment la substance, en particulier le code constitué de la Michna et de son commentaire (palestinien ou babylonien) la Guemara. Fixation, rédaction du Talmud; les enseignements, les subtilités du Talmud. La Torah orale (...) est transmise dans les œuvres suivantes: la Mékhilta, le Sifra, le Sifréy, la Michna, la Tossefta, le Talmud de Jérusalem, le Talmud de Babylone (...) on utilise d'ordinaire (...) le terme de Talmud pour désigner l'ensemble de la Torah orale (D. MALKI, Le Talmud et ses Maîtres, 1972, p. 16). Le Talmud est, en même temps qu'une tradition, l'incessante relecture et la constante réactualisation de l'insondable Tora de Moïse par des docteurs qualifiés. « Tout ce qu'un disciple fervent est destiné à apporter de neuf, lit-on (...) dans le Talmud, a été déjà dit à Moïse sur le mont Sinaï... » (Encyclop. univ. t. 15 1973, p. 718). V. pharisaïque A ex. de Bible 1912.
— [P. oppos. à la Michna] Synon. de guemara. L'exégèse haggadique [de (h)ag(g)ada] a atteint son plus fort développement dans la grande époque de la Michna et du Talmud, entre le IIe et le VIe siècle, après J.-C. (H. SCHILLI, Regards sur le midrach, 1977, p. 9).
— [Dep. sa 1re parution impr.] Ensemble formé par la Michna et la Guemara, accompagné de commentaires dont celui de Rachi et celui des Tossafot [additions], œuvre collective de Maîtres élèves ou descendants de Rachi (XIIe et XIIIe s.) qui font corps avec lui (d'apr. M. A. OUAKNIN ds Aggadoth du Talmud de Babylone, 1983 [1982], introd., p. 26 et sqq.). Quant au Talmud babylonien, il présente un morceau de la gemara au milieu de chaque page, qu'entourent, sur deux colonnes latérales, le commentaire de (...) Rachi (1040-1105) et des notes de glossateurs ultérieurs (A. COHEN, Le Talmud, 1970, p. 34).
REM. Talmud-Tora, subst. masc. Cours d'instruction religieuse. [L'Institut d'hébreu] pourrait compléter pour les jeunes Juifs de l'Université l'enseignement reçu dans leur enfance au Talmud-Tora (J. STRAUSS ds La R. juive de Lorraine, juin 1987, n° 357, p. 7).
Prononc. et Orth.: [talmyd]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1254 Talemus (LOUIS IX, Ordonance pour la reformation des mœurs ds Ordonn. des Rois de France, t. 1,32, p. 75: que leur Talemus et leurs autres livres esquiex sunt trouvez blasphemes soient ars); 1315 Talemeus (LOUIS X, Ordonance pour le rappel des Juifs, ibid., p. 596: les livres de leur loy [...] leur seront rendus, exceptés les Talameus); 1321 Thalm[ud] (Extrait du Secundus Jornalis de la Chambre, éd. Ch. V. Langlois ds Notices et extr. des mss de la B. N., t. 40, 1916, p. 263: aucunes accordances ou auctor[ités] du Thalm[ud]; fin XVe s. Talmuth (SYMON DE PHARES, Rec. des plus célèbres astrologues, éd. E. Wickersheimer, p. 46); 1512 Thalmud (J. LEMAIRE DE BELGES, De la différence des schismes ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 3, p. 265); 1585 Talmud (J. SCALIGER, Lettres fr. inéd., éd. Ph. Tamizey de Larroque, p. 204 [9 oct., à Cl. Du Puy]). Empr. à l'hébr. mishnaïque « enseignement; étude; Talmud », dér. de « apprendre, étudier ». Fréq. abs. littér.:38.
DÉR. 1. Talmudique, adj. a) Qui est relatif, qui est propre au Talmud. Enseignement, étude, science talmudique; dialectique, discours, locution, texte talmudique; sources talmudiques; judaïsme, morale, tradition talmudique; principe, réglementation talmudique; école talmudique. L'époque talmudique n'est pas close à l'achèvement du Talmud : (...) la Haggada continue à produire des recueils très importants qui se rattachent étroitement à la littérature talmudique (E. FLEG, Anthologie juive, 1951, p. 643). En compos. De l'aveu même des Israélites, la littérature talmudicorabbinique ne sera plus étudiée de personne dans un siècle (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 218). Données de la tradition biblico-talmudique (Philos., Relig., 1957, p. 48-11). b) Rare. [En parlant d'une pers.] ) Synon. de talmudiste (infra dér. 2 a en appos.). Parvenu au plein de sa vie et son œuvre (...) [Rabbi Israël] n'en tenait pas moins à demeurer un disciple, et jamais il ne cita une sentence d'un des Maîtres talmudiques ou d'un Maître ultérieur sans trembler de crainte en prononçant son nom (M. BUBER, Les Récits hassidiques, trad. par A. Guerne, 1978 [1963], p. 33). ) Synon. de talmudiste (infra dér. 2 b en appos.). V. juif ex. 4. — [talmydik]. Att. ds Ac. dep. 1835. — 1res attest. 1546 talmudicque (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 38, p. 263), 1556 talmutique (A. THÉVET, Cosmographie de Levant, p. 171), attest. isolées, à nouv. 1721 talmudique (Trév.); de Talmud, suff. -ique. 2. Talmudiste, subst. masc. a) Celui dont l'opinion est consignée dans le Talmud; maître du Talmud. En appos. [Des] divergences d'opinions, parfois fort substantielles (...) existaient entre les Sages talmudistes (D. MALKI, Le Talmud et ses Maîtres, 1972, p. 35). b) Cour. Celui qui se consacre à l'étude du Talmud. [Rachi] n'eut pas de fils mais trois filles qui épousèrent des talmudistes renommés, ses élèves (Rachi, Paris, Serv. techn. pour l'éduc., 1974, p. 17). En appos. Les leçons de la yéchiba m'ont beaucoup plus servi que les tragédies de Racine que vous nous commentiez à l'Université. Au fond, je suis toujours resté un étudiant talmudiste, coupeur de fil en quatre, ingénieux à découvrir le fort et le faible d'un argument (THARAUD, An prochain, 1924, p. 286). c) [P. oppos. aux caraïtes, aux hassidim] Tenant du judaïsme traditionnel. Non loin d'elle, était un groupe d'hommes et de femmes (...). Je ne sais s'ils étaient talmudistes ou caraïtes, mais, en revanche, je puis affirmer qu'ils prétendaient appartenir, d'après la tradition de famille, à la tribu d'Aaron (BOREL, Champavert, 1833, p. 134). Malgré la réaction énergique qu'il suscita de la part des talmudistes, le mouvement [hassidique] n'aboutit jamais à la formation d'une secte dissidente (Philos., Relig., 1957, p. 48-12). V. piétiste I ex. de Weill. — [talmydist]. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. a) 1532 thalmudiste « auteur, compilateur du Talmud » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, chap. 8, p. 46: les Thalmudistes et Cabalistes), 1546 talmudiste (ID., Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 44, p. 300). b) 1611 thalmudiste « érudit spécialiste du Talmud » (COTGR.); de Talmud, suff. -iste.
BBG. — QUEM. DDL t. 3 (s.v. talmudique), 26. — ZOLLI (P.). St. fr. 1970, t. 14, n° 3, p. 597 (s.v. talmudique).
talmud [talmyd] n. m.
ÉTYM. 1690; thalmud, 1611; mot hébreu, « étude, doctrine », de lamad « apprendre ».
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♦ Recueil des enseignements des grands rabbins (récits, légendes, spéculations morales, jurisprudences religieuses), conservés dans deux collections inégales dites Talmud de Jérusalem et Talmud de Babylone. ⇒ Rabbinisme. || Le Talmud, commentaire des livres sacrés (Ancien Testament). ⇒ Juif.
0 La Mischna est la basse du Talmud (…) Elle forme une immense collection de commentaires, gloses, explications, amplifications, applications diverses du texte biblique. Mais, à tout cela, chaque Talmud ajoute une grande quantité de matière haggadique (de haggadah : récit, narration) (…) le Talmud est celle (l'œuvre) des Amoraïm (interprètes ?), divisés en cinq générations, de 220 à 500 (…)
Ch. Guignebert, le Monde juif…, p. 38.
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DÉR. Talmudique, talmudiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.