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faveur

faveur [ favɶr ] n. f.
• fin XIIe; lat. favor
I
1Disposition à accorder son appui, des avantages à une personne de préférence aux autres. 1. aide; bienveillance. Il doit la rapidité de sa carrière à la faveur d'un ministre. favoritisme, fam. piston.
2Considération (du public, d'un personnage puissant) qui confère une importance sociale (à qqn). considération, crédit. Il a gagné la faveur du public, du pays. popularité (cf. Avoir la cote). — EN FAVEUR : qui a la faveur de qqn, du public. Être en faveur auprès de qqn (cf. Être bien en cour, être dans les bonnes grâces de qqn). « Un homme en faveur, un homme de cour » (Balzac) .
3Une, des faveurs. Avantage que l'on tire de la préférence de qqn, du pouvoir qu'on a sur qqn. bénéfice, distinction. Il la combla de faveurs. bienfait. Vieilli Marques de préférence qu'une femme donne à un homme. complaisance. « Vous régnerez longtemps par l'amour, si vous rendez vos faveurs rares et précieuses » (Rousseau). Loc. (vieilli ou littér. ) Accorder ses faveurs, les dernières faveurs : se donner sexuellement (femmes). ⇒ 1. don.
4Cour. Bienfait, décision indulgente qui avantage qqn. Demander, solliciter une faveur. Accorder une faveur à qqn (cf. fam. Faire une fleur à qqn). Être exempt d'une obligation par faveur spéciale. passe-droit. Faites-moi la faveur d'intervenir pour moi auprès du ministre. Nous ferez-vous la faveur de nous accompagner ? 1. plaisir. La chatte « ne lui accorde plus, au jardin, la faveur d'un regard » (Colette). aumône, grâce.
♢ DE FAVEUR : obtenu par faveur. « Je jouis d'un traitement de faveur, c'est-à-dire que je travaille dans un local spacieux » (Duhamel). préférentiel.
5Loc. prép. EN FAVEUR DE : en considération de. « Les formules de fin de lettre sont bien reçues, non en dépit mais en faveur de ce qu'elles ont de conventionnel » (Romains). Au profit, au bénéfice, dans l'intérêt de. Le jugement a été rendu en votre faveur. Il y a erreur de calcul en ma faveur. Se déclarer, se prononcer en faveur de qqn, de qqch. pour. Cela prévient, plaide en sa faveur.
6Loc. prép. À LA FAVEUR DE : au moyen de, à l'aide de, en profitant de. Il s'est enfui à la faveur de la nuit. grâce (à). « Il se faufila dans Bou Jeloud à la faveur du branlebas » (Mac Orlan).
II(1564 « ruban donné à un chevalier par sa dame ») Ruban léger et étroit. « deux paquets noués d'une faveur rose » (Barbey). bolduc. ⊗ CONTR. (de I) Défaveur, discrédit, disgrâce. Malveillance, rigueur.

faveur nom féminin (latin favor, -oris) Littéraire. Disposition à traiter quelqu'un avec une bienveillance spéciale ; cette bienveillance elle-même : Obtenir la faveur du ministre. Littéraire. Marque exceptionnelle d'intérêt, d'amitié, d'amour : Combler quelqu'un de faveurs. Décision indulgente qui avantage quelqu'un : Obtenir quelque chose par faveur. Crédit, popularité que quelqu'un ou quelque chose a auprès de quelqu'un, d'un groupe : Cet artiste a la faveur du public.faveur (citations) nom féminin (latin favor, -oris) Philippe Néricault, dit Destouches Tours 1680-Villiers-en-Bière 1754 Académie française, 1723 Plus haute est la faveur et plus prompte est la chute. L'Ambitieux, I, 7 Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Il n'est pas absolument impossible qu'une personne qui se trouve dans une grande faveur perde un procès. Les Caractères, De quelques usages Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 La faveur des princes n'exclut pas le mérite, et ne le suppose pas aussi. Les Caractères, Des jugements Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 La faveur est la grande divinité des Français. Lettres persanes faveur (expressions) nom féminin (latin favor, -oris) À la faveur de, en profitant de quelque chose : S'échapper à la faveur de la nuit. De faveur, se dit de ce qui est accordé par privilège : Billet de faveur. En faveur de, au profit de quelqu'un, au bénéfice de quelque chose, pour eux : Voter en faveur du candidat de gauche. Faites-moi la faveur de, formule de politesse accompagnant une demande. ● faveur (synonymes) nom féminin (latin favor, -oris) Littéraire. Disposition à traiter quelqu'un avec une bienveillance spéciale ; cette bienveillance...
Synonymes :
- bonté
- piston (familier)
Contraires :
- discrédit
- disgrâce
Décision indulgente qui avantage quelqu'un
Synonymes :
- grâce
- prérogative
- privilège
Crédit, popularité que quelqu'un ou quelque chose a auprès de quelqu'un...
Synonymes :
- considération
- crédit
Contraires :
- défaveur
faveur nom féminin (de faveur) Petit ruban servant d'ornement.

faveur
n. f.
rI./r
d1./d Bienveillance, protection, appui d'une personne influente. "La faveur du prince n'exclut pas le mérite" (La Bruyère).
d2./d Considération, préférence dont on jouit auprès de qqn, d'un public. être en faveur. Ce candidat a la faveur des pronostics.
d3./d Avantage procuré par bienveillance, par préférence. Demander, faire une faveur.
De faveur: privilégié. Bénéficier d'un régime, d'un traitement de faveur.
|| Plur. Litt. Accorder ses faveurs: se dit d'une femme qui accepte des relations sexuelles.
|| Bienfait. Combler qqn de faveurs.
d4./d Loc. Prép. En faveur de: en considération de. Ses torts sont oubliés en faveur de sa compétence.
Au profit de, dans l'intérêt de. Intervenir en faveur de qqn.
|| à la faveur de: grâce à, en profitant de. S'échapper à la faveur de la nuit.
rII./r Petit ruban.

I.
⇒FAVEUR1, subst. fém.
A.— [Avec une idée de préférence]
1. [Du point de vue de celui qui est à la source de la faveur accordée]
a) [Comme état plus ou moins durable] Au sing. Disposition ou attitude bienveillante envers une personne préférée. Honorer (qqn) de sa faveur; marque de faveur; faveur du roi; se concilier la faveur (de qqn). Il s'était adroitement maintenu auprès de l'empereur de France entre la faveur et la disgrâce (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 180). Toute la faveur de M. de Charlus se porta après le mariage de sa fille adoptive sur le jeune marquis de Cambremer (PROUST, Fugit., 1922, p. 673) :
1. ... Fédor se disait : « C'est donc là cette petite paysanne, qui, à force d'adresse normande et de complaisances bien calculées, a su gagner la faveur de ma mère, et, qui plus est, la sait conserver. »
STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 118.
Dans le domaine relig. Soutien du ciel. Il eut « assez d'esprit » pour y voir une marque de la faveur divine (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 49). Sa bénédiction attirait sur ses amis généreux la faveur du ciel et la chance, et sur les autres l'infortune (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 198).
Avec faveur. Avec bienveillance. Écouter, accueillir (qqn) avec faveur. Il me parle avec faveur d'un ouvrage analogue de Lévy-Bruhl (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1912, p. 403). [La lettre] où il nomme avec faveur chacun des membres de notre famille (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 1011).
De faveur. Obtenu par faveur. Traitement, tour, abonnement, entrée de faveur. Là sont les spectateurs de marque et les places de faveur (GIDE, Journal, 1896, p. 71). À la maison, on ne laissait rien perdre : ni un croûton de pain, ni un bout de ficelle, ni un billet de faveur, ni aucune occasion de consommer gratis (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 67).
b) P. méton. [Comme action partic., ponctuelle] Au sing. ou au plur.
♦ Marque de bienveillance et de préférence envers quelqu'un. Demander, accorder, obtenir une faveur; combler (qqn) de faveurs; accueillir une faveur. Peu à peu, ayant dû refuser plusieurs faveurs au préfet, il avait senti un grand froid entre eux (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 326). Entré au ministère par faveur exceptionnelle, il avait eu à endurer bien des misères (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 468) :
2. Ses mœurs consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour toute la soirée, et à rentrer vers minuit, à l'aide d'un passe-partout que lui avait confié Madame Vauquer. Lui seul jouissait de cette faveur.
BALZAC, Goriot, 1835, p. 23.
♦ Dans le domaine relig. Grâce particulière. Dieu n'accorde la faveur de ces révélations qu'aux hommes de bonne volonté (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 184).
Par faveur (spéciale). À titre exceptionnel. Il avait son cours des dames, auquel je suis admis par grande faveur (J.-J. AMPÈRE, Corresp., 1827, p. 434).
Tenir à faveur (vieilli). Si vous n'êtes pas ici je tiendrai encore à grande faveur que vous vouliez bien m'attendre en Angleterre (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1793, p. 178).
Emploi fréq. Faire une faveur (à qqn). Vous me faites l'extrême faveur de prendre ma maison pour une auberge (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 160). Si vous voulez me faire une faveur, déliez-moi la main droite une seconde (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, IV, p. 435).
La faveur de + inf. En jouant ainsi, j'obtins la faveur de lui baiser la main (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 165). Il réclama la faveur d'être pensionnaire (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 76).
P. ext., rare. Avantage accordé. Une série de domaines nourriciers (...) participant à l'envi aux faveurs d'un climat ensoleillé (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 137).
2. [Du point de vue du bénéficiaire qui reçoit la faveur]
a) [Le bénéficiaire est une pers.] Considération dont quelqu'un est l'objet. Faveur populaire, publique; conquérir la faveur de qqn; regain de faveur. La faveur des gens du monde bien élevés devenait le suprême criterium du bien (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 167). Les ingénieurs jouissaient alors dans la société d'une faveur qu'ils n'ont pas entièrement conservée (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 438).
Être en faveur (auprès de qqn). Jouir d'une grande considération. On nous dit que vous êtes en faveur près de Mme G. (COURIER, Lettres Fr. et It., 1806, p. 718). Lucien, très en faveur auprès des hommes qui exerçaient le pouvoir (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 81). Êtes-vous en faveur à l'archevêché? (FRANCE, Orme, 1897, p. 118).
b) [Le bénéficiaire est une chose] Appréciation positive hors de l'ordre commun. Prendre, perdre faveur. Les idées monarchiques reprennent faveur (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 241). Les libertés sont passées de mode, et ce n'est pas M. Brisson qui se propose de les remettre en faveur (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 481). L'art direct, sommaire et ramassé, qui trouve aujourd'hui faveur (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 211).
(Être) en faveur. La cuisine et ses douceurs furent en grande faveur chez les Athéniens (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 263). Cette sagesse toute négative, si en faveur parmi nous (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 371).
B.— [Sans idée de préférence]
1. Dans le domaine des rapp. amoureux, en gén. au plur. Attentions tendres qu'une femme accorde à un homme. Accorder ses faveurs (à qqn). Pécuchet le matin du même jour s'était promis de mourir, s'il n'obtenait pas les faveurs de sa bonne (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 61). Cette Champmeslé dont il partageait les faveurs avec beaucoup d'autres (MAURIAC, Vie Racine, 1928, introd., p. 78).
Spéc. Dernières faveurs. Abandon total de soi-même consenti par une femme à l'homme qu'elle aime. J'avais vite obtenu les dernières faveurs de la fille de mes propriétaires (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 264) :
3. Incapable de surmonter sa déception, de se passer de cette femme, il la relance, elle le fuit, si bien qu'un sourire qu'il n'osait plus espérer est payé mille fois ce qu'eussent dû l'être les dernières faveurs.
PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 160.
2. Loc. prép.
a) En faveur de
Vieilli. Eu égard à. En faveur de mon respect pour tes aïeux, permets-moi de m'asseoir sur la natte à tes côtés (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 243). En faveur de la solennité, les rideaux qui cachaient habituellement le chœur furent ouverts (BALZAC, Langeais, 1834, p. 198).
Usuel. À l'avantage, au profit de. Témoignage, testament en faveur de (qqn). Il m'a déshérité en faveur de mon frère (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Surprise, 1882, p. 20). Ça serait un crime de ne pas tout tenter en faveur de la paix (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 141).
En faveur de moi, de toi, de lui, etc. Plus fréq. En ma, ta, sa faveur, etc. Veux-tu que j'abdique en ta faveur? (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 269). Votre renommée m'avait prévenu en votre faveur (MONTHERL., Reine morte, 1942, I, tabl. 2, 5, p. 156).
b) À la faveur de. Grâce à, à l'occasion de. À la faveur de circonstances, des événements. Je te pardonne à la faveur de la nouvelle année (MALLARMÉ, Corresp., 1865, p. 189). [Je] sentis brusquement, à la faveur de mon baiser, une sorte de pitié nouvelle (GIDE, Immor., 1902, p. 376). Ces relations qui ne végètent qu'à la faveur d'un mensonge (PROUST, Sodome, 1922, p. 615).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe-début XIIIe s. « disposition à accorder un avantage à quelqu'un » (Job, éd. W. Fœrster, p. 317, 34); spéc. 1315 en la faveur de « au bénéfice de » (A. N. S 104 ds GDF. Compl.); 1580 à la faveur de « grâce à » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, l. 1, chap. 12, p. 67); 1632 dernières faveurs [en parlant d'une femme] (CORNEILLE, Clitandre ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 265, argument); 2. 1557 faveur « écharpe de femme en tissu léger » (Cpte roy. de Julian de Boudeville, f° 10 v° ds GAY); 1690 « ruban étroit » (FUR.). Empr. au lat. class. favor « faveur ». Bbg. VILDÉ LOT (I.). Fr. mod. 1965, t. 33, pp. 309-310.
II.
⇒FAVEUR2, subst. fém.
[P. réf. à l'écharpe, puis au ruban donné à un chevalier par sa dame] Petit ruban étroit utilisé à des fins décoratives. Noué d'une faveur. Une charmante canne à pêche, ornée d'une faveur à la poignée (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 304). Il sortit de là une douzaine de lettres ceinturées d'une faveur rose, dont il défit le nœud (GIDE, Si le grain, 1924, p. 452). Des liasses de lettres, entourées de faveurs (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 149).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. Cf. faveur1.
STAT. — Faveur1 et 2. Fréq. abs. littér. :5 058. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 11 855, b) 5 255; XXe s. : a) 4 990, b) 5 577.

faveur [favœʀ] n. f.
ÉTYM. Fin XIIe; lat. favor « faveur, marque de faveur, cris, applaudissements », de favere « favoriser ».
———
I
1 Disposition (d'un grand personnage, du public, de quelqu'un) à accorder son appui, des avantages à une personne de préférence aux autres. Amitié; aide; bienveillance. || Qui attire la faveur. Favorable, 2. || « La faveur est proprement un désir de voir arriver du bien à quelqu'un pour qui on a de la bonne volonté » (Descartes, les Passions de l'âme, 192). || La faveur du prince lui fut d'un grand appui. || La faveur du roi (→ Emporter, cit. 35, Corneille). || Il doit la rapidité de sa carrière à la faveur d'un ministre. Favoritisme; prédilection; préférence (→ Abjection, cit. 1; éloignement, cit. 10). || La faveur du ciel. Bénédiction.
1 Nulle durée de temps, nulle faveur de prince, nul office ou vertu ou richesse peut faire qu'un roturier devienne noble.
Montaigne, Essais, III, V.
2 (…) Défiez-vous des rois :
Leur faveur est glissante (…)
La Fontaine, Fables, X, 9.
3 Encore qu'à Londres il (Fontanes) eût vécu des subsides du comte d'Artois, il n'avait pas hésité, aussitôt à Paris, à tout faire pour conquérir la faveur du nouveau maître.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, VII, p. 94.
REM. Sans être linguistiquement archaïque, ce sens a des connotations historiques ou anciennes.
2 Considération (du public, d'un personnage puissant) qui confère une importance sociale (à quelqu'un). Considération; crédit. || Jouir de la faveur du souverain. Favori; → Être bien en cour (→ Courtisanerie, cit. 1). || Il a gagné la faveur du public, du pays. Popularité. || Faveur populaire. || Gagner de la faveur. → Avoir le vent en poupe, gagner du terrain. || Perdre de la faveur. Vogue. || Grande faveur, faveur immense, singulière, insigne. — ☑ En faveur, qui a la faveur de qqn, du public. || Être en faveur auprès de qqn. → Être dans les bonnes grâces de qqn. || Cette mode est en faveur dans certains milieux. Vogue.
4 La haine pour les favoris n'est autre chose que l'amour de la faveur.
La Rochefoucauld, Maximes, 55.
5 Son plastron, à elle, était un homme en faveur, un homme de cour (…)
Balzac, Autre étude de femme, Pl., t. III, p. 214.
6 Mon père, je le répète, avait un goût passionné pour les drogues, pour les traitements, et je pense que, s'il avait étudié plus tôt la médecine, il aurait rencontré sans doute la faveur qui récompense en général ce genre de mérite.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, V, p. 56.
7 Dans la langue littéraire, les métaphores ont été tour à tour en faveur ou décriées.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 78.
3 (Une, des faveurs). Avantage que l'on tire de la préférence de qqn, du pouvoir qu'on a sur qqn. Avantage, bénéfice, distinction. || Il la combla de faveurs. Bienfait. || Les faveurs de la fortune. Bénédiction, privilège. || Une faveur injustifiée. || Une faveur méritée. || C'est une petite faveur à lui accorder. Service.
8 De pareilles faveurs terniraient trop sa gloire (…)
Corneille, le Cid, IV, 5.
9 Refusez la faveur qui vous était offerte (…)
Racine, Alexandre, V, 2.
10 Je ne mérite pas une faveur si grande (…)
La Fontaine, Fables, À Mme de Montespan.
Marques de préférence qu'une femme donne à un homme (le plus souvent au pluriel). Complaisance. || Accorder de menues faveurs (→ Attacher, cit. 57; avantage, cit. 16; béjaune, cit. 3; embrasement, cit. 6).
11 Les faveurs que ma déesse me laissa prendre ne servirent qu'à me faire soupirer après celles qu'elle me refusa.
A. R. Lesage, Gil Blas, III, V.
12 Cette expression faveur, signifiant une bienveillance gratuite qu'on cherche à obtenir du prince ou du public, la galanterie l'a étendue à la complaisance des femmes (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Faveur.
13 Vous régnerez longtemps par l'amour, si vous rendez vos faveurs rares et précieuses, si vous savez les faire valoir.
Rousseau, Émile, II.
Loc. (vieilli ou littér.). Les dernières faveurs : le fait de se donner sexuellement (femmes). || Pour lui prouver son amour, elle lui accorda les dernières faveurs. Don (→ Abord, cit. 11; affaire, cit. 11).
4 Cour. Bienfait, amabilité, décision indulgente qui avantage qqn par rapport aux autres. || Demander, solliciter une faveur; accorder une faveur à qqn. || Être exempt d'une obligation par (une) faveur spéciale. || Faites-moi la faveur d'intervenir pour moi auprès du ministre. || Nous ferez-vous la faveur de nous accompagner ? Plaisir. || Il ne lui accorda même pas la faveur d'un regard. Aumône, grâce; gratifier.
De faveur : obtenu par faveur. || Billet de faveur pour le théâtre. || Entrée de faveur pour la générale. || En raison de l'affluence, les entrées de faveur sont suspendues. || Un tour de faveur justifié, injustifié. Dispense, passe-droit. || La bonne conduite du prisonnier lui a valu un régime de faveur.
14 Le Tétraque était tombé aux genoux du Proconsul, chagrin, disait-il, de n'avoir pas connu plus tôt la faveur de sa présence.
Flaubert, Trois contes, « Hérodias », II.
15 J'avais été à Paris demander cette faveur, intriguer beaucoup pour mon frère d'adoption, en me portant garant de sa conduite à venir.
Loti, Mon frère Yves, XCVIII.
16 La chatte feint de l'oublier et ne lui accorde plus, au jardin, la faveur d'un regard.
Colette, la Paix chez les bêtes, « Automne ».
17 Je jouis d'un traitement de faveur, c'est-à-dire que je travaille dans un local spacieux.
G. Duhamel, Salavin, t. II, Journal, p. 19.
Hist. || Lettre de faveur, de recommandation.
(Compl. n. de chose). Vx. Ressource, aide, protection.
18 Marchons sous la faveur des ombres de la nuit.
Corneille, l'Illusion comique, III, 7.
19 Trop heureux si bientôt la faveur d'un divorce
Me soulageait d'un joug qu'on m'imposa par force !
Racine, Britannicus, II, 2.
———
II (1564, « ruban donné à un chevalier par sa dame » en témoignage de faveur). Ruban léger et étroit. || Boîte de dragées entourée d'une faveur rose.
20 On appelait autrefois faveurs, des rubans, des gants, des boucles, des nœuds d'épée, donnés par une dame.
Voltaire, Dict. philosophique, Faveur.
21 (…) je pourrais trouver dans un coin de mon petit secrétaire de Sainte-Lucie deux paquets noués d'une faveur rose (…)
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, t. II, p. 1.
21.1 Bernard replia la lettre. Elle était de même format que les douze autres du paquet. Une faveur rose les attachait, qu'il n'avait pas eu à dénouer (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, in Romans, Pl., p. 933.
———
III Loc. (au sens abstrait).
1 En faveur de, loc. prép.REM. Quand le complément devrait être un pronom personnel, on dit en ma faveur, en ta faveur, etc.
En considération de. || On lui pardonna en faveur de sa belle conduite pendant la guerre.
22 Soit : je te pardonne ces coups de bâton en faveur de la dignité où tu m'as élevé (…)
Molière, le Médecin malgré lui, III, 11.
23 (…) vous faites grâce à mon cœur en faveur de mon esprit (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 835, 24 juill. 1680.
24 Comme les formules de fin de lettre sont bien reçues, non en dépit mais en faveur de ce qu'elles ont de conventionnel.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VIII, p. 69.
Au profit, au bénéfice de, dans l'intérêt de. || Élever la voix en faveur de quelqu'un. || Il a fait un testament en faveur de sa femme. || Le jugement a été rendu en votre faveur. || Nous l'avons bien accueilli, nous étions prévenus en sa faveur (→ Animer, cit. 40; aveugle, cit. 20). || Se déclarer, se prononcer en faveur de quelqu'un, de quelque chose. Pour.
25 (…) tout cela lui parle bien mieux en faveur de votre amour que toutes les paroles que vous auriez pu lui dire vous-même.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 6.
26 Bien des gens vont jusques à sentir le mérite d'un manuscrit qu'on leur lit, qui ne peuvent se déclarer en sa faveur, jusques à ce qu'ils aient vu le cours qu'il aura dans le monde par l'impression (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 21.
27 (…) sa physionomie ouverte et animée prévenait d'abord en sa faveur.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, V, II.
28 (…) l'opinion anglaise, indignée, se détourne du groupe franco-russe et oblige son gouvernement à se prononcer en faveur des germaniques (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 215.
29 C'était la priorité en faveur de cet ordre du jour que la Chambre venait de refuser par 352 voix contre 181.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIV, p. 215.
2 Loc. prép. À la faveur de : au moyen de, à l'aide de, en profitant de. || Il s'est enfui à la faveur de la nuit. || À la faveur du trouble qui régnait, il passa inaperçu. Grâce (→ Éclairage, cit. 1).
30 Un cerf, à la faveur d'une vigne fort haute (…)
S'étant mis à couvert et sauvé du trépas.
La Fontaine, Fables, V, 15.
31 Nous ne parvenons guère à parler de roman, de style, de littérature ou d'art qu'à la faveur de ruses, ou de mots nouveaux (…)
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 17.
32 Il se faufila dans Bou Jeloud à la faveur du branle-bas provoqué par le retour du commandant Weller.
P. Mac Orlan, la Bandera, XV.
CONTR. Défaveur, discrédit, disgrâce. — Antipathie, malveillance, prévention, rigueur, sévérité. — Droit.

Encyclopédie Universelle. 2012.