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flot

flot [ flo ] n. m.
XIIe; fluet, flot, d'apr. flotter; rad. frq. ° flot-, de fluod « fleuve »
I
1Au plur. Eaux en mouvement. lame, onde, 1. vague. Les flots de la mer, d'un lac. « Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent, Passent sous le ciel bleu » (Hugo). Absolt, poét. La mer. Flots bleus, tranquilles, agités, écumeux. Naviguer sur les flots. « Ô flots, que vous savez de lugubres histoires ! Flots profonds, redoutés des mères à genoux ! » (Hugo).
Au sing. Masse d'eau qui s'écoule, se déplace. 2. courant. Le flot monte. Par ext. Un flot de lave ( coulée) , de boue.
Spécialt Le flot : la marée montante (opposé à jusant). ⇒ flux.
2Ce qui est ondoyant, se déroule en vagues. Les flots d'une chevelure. Des flots de ruban. « Ton cou svelte émergeant d'un flot de mousseline » (Samain).
3(XVIIe) Quantité considérable de liquide versé, répandu. déluge, fleuve, torrent.
Fig. Verser des flots de larmes. Flot de sang qui monte au visage. afflux. Par métaph. Événement qui fait couler des flots d'encre, sur lequel on écrit beaucoup.
4Ce qui est comparé aux flots (écoulement abondant). affluence, fleuve. Flots de lumière. « les flots du soleil levant » (Giraudoux). Un flot de voyageurs. foule, multitude. Flot ininterrompu de voitures. fluide.
(Abstrait) Un flot de souvenirs, d'idées, d'impressions. Flots de paroles, d'injures, d'éloquence. débordement, torrent .
Loc. adv. À flots, à grands flots. abondamment. Le soleil entre à flots. L'argent y coule à flots.
IILoc. adj. (1636; a. fr. °flot « surface de l'eau ») À FLOT : qui flotte. Navire à flot : qui a assez d'eau pour flotter. Remettre à flot un bateau. renflouer. Loc. Fig. Être à flot : cesser d'être submergé par les difficultés (d'argent, de travail). Mettre, remettre à flot (qqn, une entreprise). renflouer.

flot nom masculin (francique flot, flux) Masse de liquide ou de matière semi-liquide qui s'écoule : Un flot de boue. Marée montante : Les pêcheurs attendent le flot pour sortir. Masse de choses, de personnes qui se déplacent ensemble : Les flots de véhicules sur l'autoroute. Littéraire. Ce qui rappelle les flots, les vagues de la mer : Les flots de sa chevelure. Grande quantité de choses qui semblent couler : Un flot d'injures. Des flots de lumière.flot (citations) nom masculin (francique flot, flux) Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Celui qui met un frein à la fureur des flots Sait aussi des méchants arrêter les complots. Athalie, I, 1, Joad Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Le flot, qui l'apporta, recule épouvanté. Phèdre, V, 6, Théramène Sándor Petőfi Kiskőrös 1823-Segesvár, aujourd'hui Sighiṣoara, 1849 […] Certes, la galère domine Le flot qui se ploie et s'incline, Cependant, le flot seul est maître. Un océan s'est soulevéflot (difficultés) nom masculin (francique flot, flux) Orthographe À flot / à flots. 1. À flot, au singulier = qui flotte. Les navires à flot. 2. À flots, au pluriel = abondamment. Le champagne de la victoire a coulé à flots. ● flot (expressions) nom masculin (francique flot, flux) À flots, en grande quantité, abondamment : L'argent coule à flots. Bassin à flot, bassin relié à l'avant-port par une écluse et dans lequel le niveau est maintenu proche de celui de la pleine mer. Familier. Être à flot, remettre à flot, avoir (de nouveau) assez de ressources pour surmonter les difficultés financières ; renflouer quelqu'un, une entreprise. Portes de flots, portes d'écluse simple destinées à empêcher l'entrée de la mer dans un bassin lorsqu'elle atteint un niveau trop élevé ; dans une écluse maritime à sas, portes assurant la communication entre le sas et la mer. ● flot (homonymes) nom masculin (francique flot, flux) floe nom masculinflot (synonymes) nom masculin (francique flot, flux) Masse de liquide ou de matière semi-liquide qui s'écoule
Synonymes :
- fleuve
- ruisseau
- torrent
Masse de choses, de personnes qui se déplacent ensemble
Synonymes :
- essaim
- foule
- marée
- nuée
- volée
Littéraire. Ce qui rappelle les flots, les vagues de la mer
Synonymes :
- ondulation
- vague
Grande quantité de choses qui semblent couler
Synonymes :
- afflux
- avalanche
- déluge
- flux
- grêle
- pluie

flot
n. m.
rI./r Sing.
d1./d Ondulation formée par l'eau agitée.
d2./d Eau en mouvement. Le flot de la Seine.
|| Par anal. (Sing. ou Plur.) Flot (flots) de cheveux, de larmes.
d3./d Courant qui accompagne la marée montante. Ant. jusant.
d4./d Fig. Un flot de: une grande quantité de. Un flot de paroles.
rII./r Plur.
d1./d Litt. Les flots: la mer. Navire voguant sur les flots.
d2./d Loc. adv. à flots: en grande quantité, abondamment. Le vin coulait à flots.
rIII/r Loc. adj. à flot: qui flotte. Navire à flot.
|| Fig. être à flot: ne pas être gêné matériellement. Remettre qqn à flot, le renflouer.

I.
⇒FLOT1, subst. masc.
A.— Masse liquide agitée de mouvements divers.
1. Lame d'eau de mer soulevée par l'action du vent et dont la surface présente un mouvement d'ondulation plus ou moins accentué. Les flots de la mer, de l'océan. Flots agités qui se brisent sur les rochers caverneux (BERN. DE ST-P., Harm. nature, 1814, p. 197). Des Antilles étaient venus les bois rares, des oiseaux diaprés et des coquilles où le bruit des flots sur ces plages heureuses chantait (GIDE, Voy. Urien, 1893, p. 16) :
1. Si tu traversais l'océan, (...) tu verrais du moins la vague venir sur la vague, et même quand tu serais saisi par l'épouvante de l'abîme, tu apercevrais encore quelque chose. Tu verrais les dauphins qui fendent les flots verts et silencieux...
NERVAL, Sec. Faust, 1840, p. 205.
P. anal. Flots d'un lac, d'un fleuve. La rivière paraissait ici rouler ses flots au fond d'un abîme naturel aux bords rapides (GRACQ, Argol, 1938, p. 99).
Au plur., littér. et poét. La mer. Le bruit, la fureur des flots. Dans les vues maritimes, le roulant azur des flots est renfermé sous l'azur fixe du firmament (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 551) :
2. ... étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 168.
SYNT. Flot écumant, amer, grondant, mouvant; flots agités, azurés, bleus, clairs, mouvants, mugissants, noirs, orageux; l'écume, le murmure, la surface des flots; le flot berce, coule, emporte, monte, murmure.
2. Au sing., MAR. La marée montante. Étale de flot (anton. étale de jusant). Synon. flux. Le flot entre avec beaucoup d'impétuosité dans la Seine (Ac. 1835-1932). Ils sortirent avec le jusant, rentrèrent avec le flot (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 176). Courant de flot (CHEVRILLON, Bret. hier, II, 1925, p. 5).
SYNT. Quart de flot, demi flot, trois quarts de flot; ancre de flot.
3. MÉD. Signe du flot. ,,Perception, par la main posée à plat sur un des flancs du malade de l'onde de choc provoquée par la percussion de l'autre flanc, traduisant l'existence d'un épanchement liquidien intrapéritonéal libre`` (Méd. Flamm. 1975). Flot transthoracique (Dévé ds Nouv. Traité Méd., fasc. 5, 1, 1924, p. 321).
B.— P. anal. [Pour indiquer une grande quantité] Flot(s) + adj. Un flot de, des flots de (+ un subst. désignant un élément concret ou non).
1. [L'accent est mis sur le mouvement d'ondulation] Masse mouvante, de matière souple qui ondule à la manière des flots. Flots de rubans, de dentelles (cf. MUSSET, Mouche, 1854, p. 301). Leurs longs cheveux, séparés par une raie médiane, leur tombaient en un flot bouclé et doré sur les épaules (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 154).
2. [L'accent est mis sur la masse de liquide en mouvement] Liquide produit et/ou versé en grande quantité. Verser des flots de vin. Un flot de larmes me monta jusqu'aux yeux (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 76). Un flot de liquides noirs sortit, comme un vomissement, de sa bouche (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1856, p. 188) :
3. Elles firent entrer modestement dans leurs petites bouches une quantité étonnante de gâteaux au beurre et de confitures avec des flots de thé et de lait.
GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 118.
Flot rouge, écarlate, de pourpre. Flot de sang (cf. LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 110). De part en part, des poumons étaient traversés, les uns d'un trou si mince, qu'il ne saignait pas, les autres d'une fente béante d'où la vie coulait en un flot rouge (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 334). P. ext. Flot de sang. Rougeur. Un flot de sang envahit les joues de la jeune fille (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 159).
Flot de bile (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 336). Au fig. Déverser des flots de bile. ,,Invectiver quelqu'un, se plaindre violemment de quelque chose`` (Lar. Lang. fr.).
Flots d'encre (au fig.). Production littéraire très abondante. Ces femmes qui plongent leurs peines de cœur dans des flots d'encre, et versent sur le papier les trésors de pureté et de grâce que renferme leur imagination (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 207).
Ce qui, à la manière du liquide, se répand brusquement, se déverse, inonde. Un flot de fumée; soulever des flots de poussière. Ces flots d'or, d'azur, de lumière, Ces mondes nébuleux que l'œil ne compte pas (LAMART., Harm., 1830, p. 296) :
4. D'ailleurs en cet instant le soleil parut, et un tel flot de lumière déborda par-dessus l'horizon qu'on eût dit que toutes les pointes de Paris, flèches, cheminées, pignons, prenaient feu à la fois.
HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 562.
3. [L'accent est mis sur la masse agitée de mouvements divers] Un flot humain, d'hommes, de voitures. Fendre les flots d'un nombreux auditoire (Ac. 1835-1932). Sur le quai, on se bousculait, un flot de monde prenait d'assaut les secondes classes, à cause d'une fête qui avait lieu au Havre, le lendemain (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 173).
4. Au fig. et dans des métaph. figées. Tout ce qui est prodigué avec abondance en se répandant à la manière des flots. Flot d'images déversé par la télévision; flot intarissable d'injures, de paroles; flot de joie. Flots de poésie (M. DE GUÉRIN, Poèmes poés., 1839, p. 129). Il est demeuré chez elle, dans la conversation, quelque chose de l'ingénuité expansive et du flot de paroles de la causerie des petites filles entre elles (GONCOURT, Journal, 1896, p. 973). La Missa Solemnis n'épuisait point, pour Beethoven, le flot d'émotions et de pensées, que soulevait en lui l'idée de la messe (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 331) :
5. Et plus triste encore, était ce tumulte recommençant, cette facilité d'indifférence et d'oubli, ce flot de vie qui montait inconscient, insouciant, joyeux, effaçant la douleur récente comme un léger sillon imprimé sur le sable.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 292.
Spéc. Mouvement violent et irrésistible. Le flot révolutionnaire. Être ballotté par le flot troublé de la vie (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 96). Alluvions apportées par le flot montant de la démocratie (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 15).
Rem. Flot est utilisé dans ce sens par l'informat. Flot de données (PIL. 1969). Flot des travaux en entrée (Informat. 1972).
5. Loc. adv. À flots. À profusion, en abondance. Couler, jaillir, pénétrer, se répandre, tomber, verser à flots, var. à longs flots, à larges flots. La lumière s'épanche à flots sur leurs dômes [des hêtres], rejaillit sur les feuilles, ruisselle en nappes, d'étage en étage, jusque sur le gazon (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 234). V. aussi bordereau ex. 1 et cœur ex. 53 :
6. ... mais les tonneaux crevés,
Forcés, déclos,
Laissent couler à flots
Les vins cuvés.
PÉGUY, Quatrains, 1914, p. 532.
Au fig. La sève créatrice coule encore à flots trop chargés d'énergie dans les veines de ces enfants des siècles d'action (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 43).
C.— À flot. [Dans qq. expr.] Être à flot. Avoir assez d'eau pour flotter et ne pas toucher le fond. Mettre ou remettre à flot un bateau. La marée baissant rapidement, il nous fallut beaucoup de travail et de temps avant de pouvoir nous remettre à flot (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 263).
Au fig. et fam. Être, se maintenir à flot. Avoir assez de moyens pour surmonter les difficultés financières, le volume du travail à fournir. Remettre à flot (une personne, une entreprise). Fournir l'aide nécessaire ou les fonds pour faire sortir d'une situation difficile. Je ne puis encore parler, mais j'ai l'absolue certitude de tout remettre à flot avant la fin de l'autre semaine (ZOLA, Argent, 1891, p. 361) :
7. Voyez-vous M. Lainé? Son heure approche, j'espère qu'il nous tirera de là, si on peut nous en tirer; un ministère de la partie raisonnable de la Chambre des Pairs, qu'on ne pourra accuser de démocratie, peut seul nous remettre à flot.
LAMART., Corresp., 1830, p. 39.
MAR. Bassin à flot (cf. bassin II C). Cf. BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 269.
TECHNOL. (flottage). Mettre du bois à flot. Le confier à un cours d'eau pour qu'il le descende en flottant. À flot perdu. En confiant les bûches une à une au courant.
P. méton., vieilli. Train de bois qui flotte. Flot particulier, flot de communauté (LITTRÉ). Attesté en ce sens ds LITTRÉ, Nouv. Lar. ill. s.v. flottage et Lar. 20e.
Prononc. et Orth. :[flo]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 « marée montante » (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 223); 2. 1176-81 « masse d'eau en mouvement » (CHR. DE TROYES, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 851); 3. [1552 (RONSARD, Amours ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 4. p. 77 : les flotz de ses deux tresses blondes)]; 1794 flot (de cheveux, etc.) [A. CHÉNIER, Bucoliques, p. 29]; 4. 1662 « quantité considérable de liquide versé » (CORNEILLE, Sertorius, III, 1). Au sens 1, d'abord attesté en norm. et en agn., prob. de l'a. nord. flód « flux », v. Romania t. 54, 1928, p. 400; FEW t. 15, 2, p. 147a, 149a; aux sens 2-4, d'un rad. frq. flot- « flux, action de couler à flots », cf. le m. néerl. vlot « id. » (VERDAM), vloten « couler à flots » (ibid.). L'a. fr. a également connu un terme fluet « fleuve; flot » (mil. du XIIe s. ds T.-L.), de l'a. b. frq. fluod « fleuve; flot » (FEW t. 15, 2, p. 152a). Bbg. GOHIN 1903, p. 336. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 95, 107, 188, 189. — QUEM. DDL t. 2.
II.
⇒FLOT2, subst. masc.
A.— ,,Houppes de laine qui font partie du harnachement d'un mulet`` (LITTRÉ).
HIPPISME. ,,Récompense aux lauréats d'épreuves consistant en une cocarde d'où tombent des rubans. Le flot se suspend sur le côté au frontal de la bride du cheval`` (ST-RIQUIER-DELP. 1975). Tout de suite guéri de la misère quand un de ses poulains (...) ou bien qu'une des juments avait remporté un « flot » dans une compétition rurale (LA VARENDE, Gentilsh., 1948, p. 96). Attesté ds Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.
B.— Région. (Lorraine). Nœud (de ruban). Chevaux, (...) la queue nouée en flot (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 161). Sa cravate, dont le flot avait été fait avec art par Katel (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 174). Flot de ruban(s). Ensemble de rubans liés ou non à une cocarde.
Prononc. :[flo]. Étymol. et Hist. 1. 1680 « houppe de laine employée comme ornement des têtières des chevaux » (RICH.); 2. 1807 en lorr. « nœud (de ruban) » (MICHEL (J.-F.) Expr. vic.). Déformation de floc2, prob. d'apr. la prononc. et sous l'infl. de flot1 et de flotte2.
STAT. — Flot1 et 2. Fréq. abs. littér. :6 379. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 12 453, b) 12 392; XXe s. : a) 9 612, b) 4 079.

flot [flo] n. m.
ÉTYM. V. 1175, Chrétien de Troyes; fluet, puis flot par attr. de flotter; « marée », v. 1140; rad. francique flot-, de fluod « fleuve »; le rôle du lat. fluctuare, écarté par l'hypothèse germanique, reste vraisemblable (Guiraud).
———
I
1 Au plur. Se dit de toutes les eaux en mouvement. Lame, onde, 1. vague. || Les flots de la mer (→ Embellie, cit. 1), d'un lac (→ Bruit, cit. 6). || Flots azurés, argentés. || Fleuve qui roule ses flots entre des rives boisées. || Flots d'un liquide en ébullition. Bouillon.Au sing. (Le flot). Masse d'eau qui s'écoule, se déplace. 2. Courant. || Le flot monte. || Le flot d'une rivière.Par ext. || Un flot de lave. Coulée. || Un flot de boue.
1 La Seine, au pied des monts que son flot vient laver.
Boileau, Épîtres, VI.
2 Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre (…)
Lamartine, Premières méditations, « Le lac ».
3 Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent, Passent sous le ciel bleu (…)
Hugo, les Contemplations, IV, XV.
4 Roule, roule ton flot indolent, morne Seine.
Sous tes ponts qu'environne une vapeur malsaine
Bien des corps ont passé, morts, horribles, pourris,
Dont les âmes avaient pour meurtrier Paris.
Verlaine, Poèmes saturniens, « Nocturne parisien ».
4.1 Et de mêmes petits flots, tout pareils, battaient en ce moment toutes les îles inconnues, tous les récifs où l'on meurt, caressant après la tempête, le calme revenu, la carcasse échouée du navire, de la cale (duquel) les cadavres des matelots noyés n'ont pas encore été retirés, et qui sert aux petits flots (tout leur est bon pour cela) de rivage où rebondir et jouer quand le temps est serein.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 395.
Poét. (Sans compl.). || Les flots : la mer. || Navire qui fend les flots, danse (cit. 10) sur les flots. || La lune (cit. 3) jouait sur les flots. || Flots qui se brisent sur le rivage, sur un brise-lames. || Flots tranquilles (→ Expirer, cit. 8), agités, écumeux, tournoyants, tumultueux. || Le courroux (cit. 5), la fureur des flots (→ Arrêter, cit. 23; calmer, cit. 1). || Combat, soulèvement, mugissement des flots (→ Ballotter, cit. 1). || La caresse des flots et leur crinière (cit. 3) d'écume. || Se laisser porter, bercer au gré des flots. || Engloutir (cit. 7) dans les flots.(Au sing.). 1. Vague. || Apporté, emporté par le flot (→ Apporter, cit. 4; assaillir, cit. 6).
5 Un jour deux pèlerins sur le sable rencontrent
Une huître que le flot y venait d'apporter.
La Fontaine, Fables, IX, 9.
6 Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
André Chénier, Bucoliques, XXI.
7 Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds, redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !
Hugo, les Rayons et les Ombres, XLII.
8 En face de nous, Beyrouth, avec ses maisons blanches, bâtie à mi-côte et descendant jusqu'au bord des flots, au milieu de la verdure des mûriers et des pins parasols.
Flaubert, Correspondance, 263, 26 juil. 1850.
Spécialt (premier emploi). Le flux de la marée. || Le flot, la marée montante. Flux. || L'heure du flot.
9 À la Bouille, on reste dix minutes et on revient avec la barre, ou le flot, ou le mascaret, raz de marée.
A. Maurois, Lélia, IX, I.
Méd. Onde de choc provoquée par percussion et signalant l'existence d'un épanchement de liquide. || Signe du flot.
Techn. || Flot libre (dans le déchargement des pétroliers).
2 (1552, des cheveux). Fig. Ce qui est ondoyant, se déroule en vagues. (Au sing.). || Un flot de rubans, de mousseline, de mousselines.(Au plur.). || Les flots d'une chevelure. || Des flots de rubans, de dentelles, de tissu (→ Échancrure, cit. 1; épandre, cit. 14).
10 Ton cou svelte émergeant d'un flot de mousseline.
Albert Samain, le Chariot d'or, Élégies, « Quand je suis à tes pieds… ».
11 (…) les coiffeurs conseillaient souvent de soutenir le flot des cheveux naturels par un dessous de postiche.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, X, p. 135.
Archit. || Flots grecs : ornements en forme de vagues.
3 (1662). Quantité considérable de liquide versé, répandu. Déluge, fleuve, torrent.Fig. || Un flot de larmes.(Plus souvent au plur.). || Verser des flots de larmes (→ Égayer, cit. 3). || Répandre des flots de sang (→ Assouvir, cit. 13; barbouiller, cit. 3).
Par métaphore. Événement qui fait couler (cit. 9.1) des flots d'encre, sur lequel on écrit beaucoup.Répandre des flots de bile, de fiel (cit. 1) : se répandre en propos amers et emportés.
4 Métaphore et fig. Écoulement (fig.) abondant. || Flots de fumée (→ Chibouque, cit. 1). || Flots de clarté, de lumière (→ Baigner, cit. 4; cachemire, cit. 1).Flot humain, flot de gens, d'arrivants, de voyageurs. Affluence, foule, multitude (→ Aborder, cit. 4; affluer, cit. 4; bouche, cit. 26). || Des flots d'auditeurs (cit. 1), d'adorateurs (cit. 5). || Empire submergé sous le flot des barbares (→ Crever, cit. 30; église, cit. 11). || Flot continu, ininterrompu. || Suivre le flot. 2. Courant.
12 Flots d'amis renaissants ! Puissent mes destinées
Vous amener à moi, de dix en dix années (…)
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, Esprit pur, X.
13 Autour de moi, des groupes animés se pressent devant les boutiques de victuailles, et je flotte comme une épave au gré de ces flots vivants qui, quand ils submergent, caressent encore.
France, le Crime de S. Bonnard, in Œ., t. II, p. 302.
14 Assieds-toi à une terrasse de café; regarde couler ce flot de visages. Ô faces déshonorées !
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 54.
15 (…) les pauvres lettres s'entassaient, pour être noyées bientôt sous le flot des suivantes et finir dans l'oubli.
Loti, les Désenchantées, I, I.
15.1 (Il) recevait pour la première fois les flots du soleil levant, desquels il s'écartait avec dégoût, comme si c'était vraiment de l'eau.
J. Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 241.
(Abstrait). Suite ininterrompue (de ce qui passe).(Temps). || Le flot des jours, du temps. Cours, écoulement (→ Alluvion, cit. 3; ancre, cit. 5; écouler, cit. 15).(Contenu psychique). || Flot de souvenirs, d'idées, d'impressions (→ Abstraction, cit. 7; arrière-fond, cit. 2; attendrissement, cit. 5).(Langage). || Flots de paroles, d'injures, d'éloquence, de poésie. Débordement, torrent.(Sons). || Flots d'harmonie (souvent iron.). → Musique.
16 Un flot de griefs mesquins semblait jaillir, avec une force irrésistible, de ces deux cœurs tourmentés.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XX.
Inform. || Flot de données : regroupement d'informations élémentaires à transmettre à une autre source d'un système.
Loc. adv. À flots, à longs flots, à grands flots, à flots pressés. Abondamment (cit. 2), beaucoup. || Pluie qui tombe, vin qui coule à flots. || L'argent y coule à flots. || Le soleil entre à flots.
17 Un port retentissant où mon âme peut boire
À grands flots le parfum, le son et la couleur (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, XXIII.
———
II
1 Loc. adj. (XVIIe; anc. franç. flot « surface de l'eau »). À flot : qui flotte. || Navire à flot, qui est à flot, qui a assez d'eau pour flotter. || Bassin à flot. || Remettre à flot un bateau. Renflouer. || Mettre du bois à flot, le jeter à l'eau pour le faire transporter par le courant.
18 On ne démarrait toujours pas. Mais la barque s'allégeait pourtant et lorsqu'en sortit un missionnaire, maigre comme un clou, voici qu'elle se remit à flot.
Gide, Attendu que…, p. 33.
Fig. Être à flot : cesser d'être submergé par les difficultés (d'argent, de travail…). — ☑ (Av. 1636, in D. D. L.). Mettre, remettre à flot (quelqu'un, une entreprise), en état de se tirer d'affaire, de fonctionner. Renflouer, rétablir.
2 (Du précéd.). Techn. Quantité de bois « à flot » (bois de flottage) constituant une expédition.
DÉR. V. 1. Flotter, et (du rad. lat. fluctus) fluctuation.
COMP. Afflouer, renflouer.
HOM. Floe.

Encyclopédie Universelle. 2012.