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gentilhomme

gentilhomme [ ʒɑ̃tijɔm ], plur. gentilshommes [ ʒɑ̃tizɔm ] n. m.
XIIIe; gentil home XIIe; gentil hume 1080; de 2. gentil et homme
1Anciennt Homme noble de race, de naissance. noble. Nom et armes d'un gentilhomme. Gentilhomme campagnard. hobereau. « Le Bourgeois gentilhomme », comédie de Molière.
Spécialt Noble attaché à la personne du roi, d'un prince, d'un grand. chambellan, écuyer. Compagnie de gentilshommes. cadet, mousquetaire.
2Vx ou littér. Homme qui montre de la noblesse, de la générosité dans ses actes, de la distinction dans ses manières. Agir en gentilhomme. gentleman, seigneur.
⊗ CONTR. Bourgeois.

gentilhomme, gentilshommes nom masculin (de gentil 1 et homme) Autrefois, homme noble de naissance, à la différence de celui qui était anobli. Littéraire. Homme qui montre de la délicatesse, de la prévenance, de la noblesse de sentiments dans sa conduite ; gentle-man : Agir en gentilhomme. Noble qui était attaché à la personne du roi ou d'un prince. ● gentilhomme, gentilshommes (citations) nom masculin (de gentil 1 et homme) Anonyme C'était un gentilhomme, ses chiens l'aimaient beaucoup. Gentis hons fu, moult l'amoient si chien. Chanson de geste Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 M. de Brissac, ivre de gentilhommerie, désignait souvent Dieu par cette phrase : « Le gentilhomme d'en-haut ». Caractères et anecdotes Alexandre Dumas Villers-Cotterêts 1802-Puys, près de Dieppe, 1870 Dix contre un !… Dix manants contre un gentilhomme, c'est cinq de trop. La Tour de Nesle, I, 2 Mathurin Régnier Chartres 1573-Rouen 1613 Riche vilain vaut mieux que pauvre gentilhomme. Satires, XIII Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Il y a toujours vingt à parier contre un qu'un gentilhomme descend d'un fripon. Julie ou la Nouvelle Héloïse Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 J'ai mis sur le cimier doré du gentilhomme Une plume de fer qui n'est pas sans beauté. Les Destinées, l'Esprit pur gentilhomme, gentilshommes (difficultés) nom masculin (de gentil 1 et homme) Prononciation [ʒ̃&ph104;&ph93;&ph94;ɔ&ph97;] au singulier comme si l'on avait gentille + homme, et [ʒ̃&ph104;&ph93;&ph110;ɔ&ph97;] au pluriel comme si on avait genti-z-homme. Orthographe Plur. : des gentilshommes (attention au s après gentil). ● gentilhomme, gentilshommes (expressions) nom masculin (de gentil 1 et homme) Gentilhomme de la chambre, officier de la maison du roi de France, qui réglait les services de la chambre du roi. Gentilhomme de la Maison du roi ou de la garde, officier membre de deux compagnies qui constituaient la garde personnelle du souverain. (Instituées en 1474 et en 1498, ces compagnies, appelées aussi compagnies de gentilshommes à bec-de-corbin, furent supprimées sous Louis XV.) Gentilhomme servant, officier chargé de servir le roi à table.

⇒GENTILHOMME, subst. masc.
A. — HISTOIRE
1. Homme noble de naissance. La nécessité d'être gentilhomme, pour être capitaine de vaisseau, est tout aussi raisonnable que celle d'être secrétaire du roi pour être matelot ou mousse (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 76). Le trisaïeul de son trisaïeul était l'égal, le compagnon, le pair du roi; à ce titre, il [le courtisan] est lui-même d'une classe privilégiée, celle des gentilshommes (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 87) :
À côté de la tremblante maison à pans hourdés où l'artisan a déifié son rabot, s'élève l'hôtel d'un gentilhomme où sur le plein cintre de la porte en pierre se voient encore quelques vestiges de ses armes, brisées par les diverses révolutions qui depuis 1789 ont agité le pays.
BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 7.
SYNT. Gentilhomme accompli, aimable, bon, digne, pauvre; gentilhomme émigré; gentilhomme campagnard, de province; gentilhomme de haut lignage, de marque, de (haut, bas) parage, de vieille souche; aisance, élégance d'un gentilhomme; titre de gentilhomme; épée de gentilhomme; privilèges de gentilhomme; foi de gentilhomme.
Gentilhomme de nom et d'armes. Noble qui porte le nom d'un lieu (province, ville, bourg...); noble qui justifie de la noblesse de ses aïeuls et aïeules paternels et maternels. Un geôlier, gentilhomme de nom et d'armes (COURIER, Pamphlets polit., Aux âmes dév. Véretz, 1821, p. 91).
Vieilli. Gentilhomme à lièvre, gentilhomme de Beauce. Pauvre de petite noblesse. [Proverbe] Gentilhomme de Beauce, Qui reste au lit pour qu'on rhabille ses chausses. Gentilhomme de Beauce, Qui vend ses chiens pour avoir du pain (MARTELLIÈRE, Gloss. Vendômois, 1893, p. 145).
Gentilhomme de parchemin (plais.). Roturier. (Dict. XIXe et XXe s.).
Vivre en gentilhomme. Vivre sans travailler, sans exercer aucune profession. Synon. vivre noblement. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Gentilhomme de + déterm. subst. ou gentilhomme + adj.
Noble attaché à la personne du roi, d'un prince, d'un grand. C'est un des gentilshommes de ce prince (Ac. 1878). Un gentilhomme du prince, est venu hier me faire part de son désir de s'allier avec moi (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1870).
Titre de certains officiers attachés au service du roi, d'un prince.
Gentilhomme de la chambre. Noble préposé aux offices intérieurs (service et dépenses). Premier, second gentilhomme de la chambre (du roi). Le baron de Cramm prenait le titre de gentilhomme de la chambre (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 54).
Gentilhomme ordinaire (du roi, d'un grand...). Noble qui transmettait les ordres aux corps constitués. Devenu (...) gentilhomme ordinaire du duc de Penthièvre, Florian célébra la bienfaisance inépuisable de cet excellent maître (A. FRANCE, Vie littér., t. 1, 1888, p. 191). Il revint à Paris, vendit sa charge de gentilhomme ordinaire (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 248). Voltaire était du monde, de leur monde, il était gentilhomme ordinaire du roi de France (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 111).
Gentilhomme servant. Noble qui sert exclusivement le roi et les princes assis à la même table (d'apr. LITTRÉ).
Gentilhomme de la manche. Noble qui accompagnait un prince adolescent (d'apr. LITTRÉ).
B. — P. anal. Homme qui fait preuve de grandes qualités morales, de distinction dans ses manières, de générosité dans ses sentiments. Synon. gentleman. Faire le gentilhomme; agir en (parfait) gentilhomme. Il [Napoléon] a usé de la victoire [d'Iéna] bien autrement qu'à Vienne où il avait fait le gentilhomme. À Berlin, il a été barbare à l'excès (J. DE MAISTRE, Corresp., 1806-07, p. 239). Représentant du peuple en 1848 (...). Sa hauteur, sa froideur et le sentiment inflexible qu'il avait de l'honneur faisaient de lui une sorte de gentilhomme rouge (A. FRANCE, Crainquebille, O. Dupont, 1904, p. 143).
P. plaisant. Gentilhomme-gueux, gentilhomme de la palette. Tu as des dons, comme on dit, de la fantaisie, toutes les qualités nécessaires à faire un parasite (...). Il y a aussi la profession de gentilhomme-clochard, la police et le suicide (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 372). On prétend qu'il arrive à ce gentilhomme du volant de gratter pendant des mois sur les petits verres et le tabac (ARNOUX, Paris, 1939, p. 249).
Emploi adj. L'Espagne est essentiellement le peuple gentilhomme qui, pendant trois siècles, s'est fait nourrir à ne rien faire par les Indes et les Amériques (HUGO, Alpes et Pyr., 1885, p. 176). P. anal. Comment se nomme (...) ce vin de haut bord, Qu'importe! L'on est d'accord Qu'il est un vin gentilhomme. Et philosophe au surplus (MUSELLI, Strophes contre-fort., 1931, p. 88).
REM. 1. Gentilhomie, subst. fém. Synon. rare de gentilhommerie. Poésie d'arrière-saison qui est notre Vieillard du Galèse et où tient toute cette poésie des racines terriennes, cette gentilhomie (comme on dit prudhomie) de campagne, qui repassera dans Mistral et aussi dans Barrès (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 130). 2. Gentilhommier, -ière, adj. Je ne rencontrais en rentrant, pour m'occuper, que les parcimonieuses tracasseries du cardinal, les rodomontades gentilhommières de l'évêque de Châlons (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 95).
Prononc. et Orth. : [], plur. gentilshommes []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 478 : E! gentils hom, cum dolente puis estra!); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3811 : Vivre l(e) laisez, car mult est gentilz hoem). Composé de gentil2 « noble » et de homme. Fréq. abs. littér. : 1 728. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 782, b) 4 112; XXe s. : a) 1 668, b) 914. Bbg. BARB. Infl. 1923, p. 13. - COBBAN (A.). The Vocabulary of social history. Political science quarterly. 1956, t. 71, p. 15. - HERB. 1961, p. 81. - LEW. 1968, p. 100. - PAULI 1921, p. 89. - REINH. 1963, pp. 178-180. - VENCK. 1975, pp. 264-268, 286-289.

gentilhomme [ʒɑ̃tijɔm] plur. gentilshommes [ʒɑ̃tizɔm] n. m.
ÉTYM. XIIIe; gentil home, XIIe; gentil hume, 1080; de 2. gentil, et homme.
1 Homme noble de race, de naissance. || Le roi, premier gentilhomme de son royaume. || Simple gentilhomme. Écuyer. || Nom et armes (cit. 41) d'un gentilhomme. || Gentilhomme de vieille souche, de haut lignage. || La maison d'un gentilhomme (→ Allier, cit. 3). || Gentilhomme, noble par sa mère (→ Anoblir, cit. 3). || Gentilhomme pauvre. Gentillâtre (→ Bâtir, cit. 51). || Gentilhomme campagnard (cit. 1). Hobereau. || Gentilhomme courtisan (→ Antichambre, cit. 5; empressé, cit. 2). || Aisance (cit. 4), élégance d'un gentilhomme. || Avantages (cit. 4), privilèges d'un gentilhomme. || Faire le gentilhomme. || Le Bourgeois gentilhomme, comédie de Molière (1670).
1 (Il) aura l'effronterie de dire qu'il est aussi gentilhomme que feu Monsieur mon mari, qui demeurait à la campagne, qui avait meute de chiens courants, et qui prenait la qualité de comte dans tous les contrats qu'il passait.
Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, 2.
2 (…) le bourgeois gentilhomme est odieux aux riches bourgeois qui ont la modestie altière et qui connaissent la grandeur et l'humilité de leur condition et, à la fois, aux gentilhommes (sic), parce qu'il veut forcer l'accès de la noblesse.
Sartre, Situations II, p. 140.
Les gentilshommes d'un grand, d'un roi, d'un prince, ceux qui sont attachés à un grand, etc.
Loc. (1668, La Fontaine). (Vx). Vivre en gentilhomme, dans l'oisiveté (→ Continuer, cit. 2; coutume, cit. 1).
3 Chacun d'eux résolut de vivre en gentilhomme,
Sans rien faire (…)
La Fontaine, Fables, III, 2.
(1549). Hist. Noble attaché à la personne du roi, d'un prince, d'un grand. Chambellan, écuyer, menin. || Gentilshommes de la chambre (cit. 10). || Compagnie de gentilshommes. Cadet, mousquetaire. || Gentilshommes ordinaires du roi, qui transmettaient ses ordres aux corps constitués. || Gentilshommes servants, qui servaient le roi à table. || Gentilhomme de parchemin : roturier anobli.
2 (1080). Vx ou littér. Homme qui montre de la noblesse, de la générosité, dans ses sentiments et dans ses actes, de la distinction, de la dignité dans ses manières. || Vous êtes de vrais gentilshommes (→ Européanisme, cit.). || Agir, se conduire en gentilhomme. Gentleman, seigneur.
4 Il était facile à prévoir que ces prélats, mis en demeure de céder devant la foule, de démentir solennellement leur opinion officielle, répondraient en gentilshommes. Le plus faible, ainsi poussé, deviendrait un brave. Gentilshommes ou non, c'étaient enfin des Français.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, VII.
5 Dans une société où les femmes seraient toutes de vraies grandes dames, tous les hommes deviendraient des gentilshommes.
Maupassant, la Femme de Paul, Correspondance, p. 119.
3 (Rare). || Gentilhomme fermier. Syn. (rare) de gentleman-farmer.
6 (…) il s'aperçut qu'il s'était fait pigeonner, et pas seulement parce qu'il avait eu la malencontreuse idée d'aller, lui, le gentilhomme-farmer, forniquer dans le quartier réservé (…) mais encore celle de laisser seule derrière lui sa petite poulette (…)
Claude Simon, la Route des Flandres, p. 169.
CONTR. Bourgeois, manant, prolétaire, roturier, rustre, vilain.
DÉR. Gentilhommerie, gentilhommesque, gentilhommier, gentilhommière.

Encyclopédie Universelle. 2012.