Akademik

gré

gré [ gre ] n. m.
gred Xe ; lat. gratum, neutre de gratus « chose agréable »
1Ce qui plaît, ce qui convient (dans des expr.). AU GRÉ DE : selon le goût, la volonté de. Au gré de chacun. Trouver qqn, qqch. à son gré. Le matin ou le soir à votre gré. convenance, guise. Nous ne pouvons pas changer cela à notre gré (cf. À volonté). « Je changeais à mon gré de nature » (France). « tout allait au gré de mes désirs » (Rousseau). Au gré de sa fantaisie. Fig. Au gré des événements, des circonstances : comme, quand les circonstances le permettent. Flotter au gré des flots. Le bateau avance au gré du vent. Par ext. Cela est préférable, à mon gré, à mon avis, à mon sens.
Vx Avoir, prendre en gré. agréer.
♢ DE SON GRÉ; DE SON PLEIN GRÉ. bénévolement, volontairement, volontiers. Je suis venu de mon plein gré. Obéir de bon gré, sans rechigner (cf. De bonne grâce). — DE GRÉ OU DE FORCE : que cela plaise ou non. Il obéira de gré ou de force. — DE GRÉ À GRÉ : à l'amiable, en se mettant d'accord. — CONTRE LE GRÉ : contre la volonté. Faire qqch. contre le gré de ses parents. Contre son gré : à son corps défendant.
Loc. adv. BON GRÉ MAL GRÉ : en se résignant, malgré soi, que cela plaise ou non. Cette « partie diplomatique où elle [l'Europe] se trouvait, bon gré mal gré, engagée » (Martin du Gard).
2Vx Gratitude, reconnaissance. Mod. SAVOIR GRÉ à qqn :avoir de la reconnaissance pour qqn. Il faut en savoir gré à l'auteur. remercier. Nous vous saurions gré de nous répondre rapidement : nous vous en serions obligés. Littér. « il sut un gré extrême à sa mère de s'être conduite de la sorte » (Proust). Vx Savoir mauvais gré à qqn de qqch., être peu satisfait, mécontent de ce qu'il a dit ou fait. ⇒ maugréer.

gré nom masculin (latin gratum, chose agréable) Au gré, selon le gré de quelqu'un, à la convenance, au caprice, à la fantaisie de quelqu'un, selon ses désirs, ses sentiments : Un jugement un peu trop dur à mon gré. Au gré de quelque chose, selon son pouvoir capricieux ; suivant : Ses opinions changent au gré des événements. Bon gré mal gré, en s'y résignant, malgré soi. Contre le gré de quelqu'un, contre sa volonté, sans son agrément. De bon gré, de plein gré, volontiers, en toute liberté. De gré à gré, à l'amiable, d'un commun accord. De gré ou de force, volontairement ou par contrainte. Savoir gré, bon gré, un gré infini à quelqu'un de quelque chose, avoir de la reconnaissance pour lui. Savoir peu de gré, mauvais gré à quelqu'un de quelque chose, se montrer plus ou moins satisfait ou mécontent des paroles, des procédés de quelqu'un. ● gré (citations) nom masculin (latin gratum, chose agréable) Platon Athènes vers 427-Athènes vers 348 ou 347 avant J.-C. Nul ne tend de son plein gré vers ce qui est ou ce qu'il croit mauvais. Protagoras, 358c (traduction Croiset et Bodin) gré (difficultés) nom masculin (latin gratum, chose agréable) Orthographe Bon gré mal gré : attention, s'écrit sans virgule. Emploi Savoir gré. Dire et écrire : je vous en saurai gré (verbe savoir, et non verbe être). Remarque La transformation de la phrase au présent fournit une bonne aide mnémotechnique : on dit vous lui en savez gré (et non vous lui en êtes gré). ● gré (expressions) nom masculin (latin gratum, chose agréable) Au gré, selon le gré de quelqu'un, à la convenance, au caprice, à la fantaisie de quelqu'un, selon ses désirs, ses sentiments : Un jugement un peu trop dur à mon gré. Au gré de quelque chose, selon son pouvoir capricieux ; suivant : Ses opinions changent au gré des événements. Bon gré mal gré, en s'y résignant, malgré soi. Contre le gré de quelqu'un, contre sa volonté, sans son agrément. De bon gré, de plein gré, volontiers, en toute liberté. De gré à gré, à l'amiable, d'un commun accord. De gré ou de force, volontairement ou par contrainte. Savoir gré, bon gré, un gré infini à quelqu'un de quelque chose, avoir de la reconnaissance pour lui. Savoir peu de gré, mauvais gré à quelqu'un de quelque chose, se montrer plus ou moins satisfait ou mécontent des paroles, des procédés de quelqu'un. ● gré (homonymes) nom masculin (latin gratum, chose agréable) gray nom masculin grée forme conjuguée du verbe gréer gréent forme conjuguée du verbe gréer grées forme conjuguée du verbe gréer grès nom masculin

gré
n. m. (En loc.)
rI./r (Au sens de goût.)
d1./d Au gré de qqn, à son goût. Trouver qqch à son gré.
|| Faire qqch à son gré, selon son bon plaisir.
Par ext. Suivant l'avis, l'opinion de. Au gré de tous.
d2./d Fig. Au gré des événements, des circonstances: sans pouvoir modifier le cours des choses ou sans chercher à le faire.
rII./r (Au sens de volonté.)
d1./d De son plein gré, de bon gré: sans être contraint, de sa propre volonté. Il est venu de son plein gré.
|| De gré à gré: à l'amiable, par entente mutuelle. Affaire conclue de gré à gré.
d2./d Contre le gré de: contre la volonté de. Il a fait cela contre mon gré.
|| De gré ou de force: volontairement ou sous la contrainte.
Bon gré, mal gré: qu'on le veuille ou non.
rIII/r (Au sens de gratitude, reconnaissance.) Savoir gré à qqn de qqch, lui en être reconnaissant. Savoir mauvais gré à qqn de qqch, lui en tenir rigueur.

⇒GRÉ, subst. masc.
A. — 1. Vx. Assentiment, satisfaction qu'une personne trouve chez quelqu'un ou dans quelque chose qui est conforme à son goût, à sa volonté :
1. Qui ne sait (...) que la fameuse ordonnance de Blois, de mai 1579, dispose formellement que ceux qui se trouveront avoir suborné fils ou fille mineurs de vingt-cinq ans (...) sans le gré, vouloir ou consentement exprès des père, mère et des tuteurs seront punis de mort?
A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 482.
2. Mod. [Dans des loc. figées]
a) [La personne dont le goût, le caprice ou la volonté sont satisfaits, est exprimée par un adj. poss.] Tout marche à mon gré; se marier à son gré, selon son gré (vieilli); trouver qqn, qqc. à son gré. Il exposa en vente sa marchandise. Certains Franconiens qui vinrent la voir y trouvèrent plusieurs bijoux fort à leur gré (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 100). Possesseur du monde qu'il a fait, Dieu le gouverne à son gré (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 3) :
2. Ce qui fait de l'espérance un plaisir si intense, c'est que l'avenir, dont nous disposons à notre gré, nous apparaît en même temps sous une multitude de formes, également souriantes, également possibles.
BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 21.
En partic. [Dans un dialogue] À ton gré, à votre gré. Comme tu voudras, comme vous voudrez :
3. DON CARLOS. — Je vais être empereur d'Allemagne. Je vous fais mettre au ban de l'empire.
HERNANI. — À ton gré.
HUGO, Hernani, 1830, II, 3, p. 47.
b) [La pers. dont le goût, le caprice ou la volonté sont satisfaits, est exprimée par un compl. prép. de] Agir au gré de qqn. La principale rue du bourg, rue caillouteuse, à sinuosités, bordée de maisons construites au gré des propriétaires (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 14). Faut-il, me direz-vous, tirés de votre asile Au gré d'un éditeur courir de ville en ville (M. DE GUÉRIN, Poés., 1839, p. 36) :
4. ... le seigneur de Bruyères remonta gravement le perron, non sans avoir lancé (...) un coup d'œil libertin à Zerbine, qui lui souriait d'une façon beaucoup trop avenante au gré de donna Sérafina, outrée de l'impudence de la soubrette.
GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 92.
c) [Ce qui est satisfait chez une pers. est exprimé par un compl. prép. de, éventuellement suivi d'un adj. poss.] En suivant (les caprices de). Au gré de son ambition, de son désir, de sa fantaisie. Tout y change [dans la démocratie], avec une rapidité effrayante, au gré des passions et des opinions (LAMENNAIS, Religion, 1825, p. 34) :
5. ... chacun, au gré de ses préférences personnelles, peut opter pour la fréquence ou pour la rareté de ce singulier phénomène qu'est la vie.
J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 195.
d) Au fig. Au gré de qqc. [Le compl. prép. désigne une chose concr. ou abstr.] En suivant quelque chose, conformément à quelque chose de variable, d'incertain. Au gré du vent, des courants; au gré des événements, des saisons. Des guirlandes de papier plissé, de couleurs tendres, qui flotteront un peu partout au gré de la brise (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 266). Les découvertes se produisirent au gré des intuitions des savants et des circonstances plus ou moins fortuites de leur carrière (CARREL, L'Homme, 1935, p. 26) :
6. Ainsi donc, à chaque voyage, avant d'atteindre le lieu de mon travail, de mes soucis, de mes pensées, il me fallait, au gré du tramway brimbaleur, traverser toute cette pouillerie, en recevoir les reproches et les avertissements.
DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 37.
e) Vieilli. Avoir, prendre, recevoir qqn ou qqc. en gré. Trouver quelqu'un ou quelque chose à sa convenance. Prenez en gré l'avis que je vous donne (Ac.). Un écuyer de l'hôtel, nommé Huguet de Guisay, que le roi avait fort en gré, parce qu'il était grand inventeur de toutes sortes d'amusements (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 95). Le général commençait à satisfaire son appétit, il fit connaissance avec les enfants, qu'il prit fort en gré et avec lesquels il sortit après le déjeuner (SÉGUR, Auberge ange gard., 1863, p. 137).
En partic. Prendre en gré qqc. Recevoir quelque chose avec résignation. Il faut prendre en gré les afflictions que Dieu nous envoie (LITTRÉ).
B. — [Dans des loc. figées] Bonne ou mauvaise volonté avec laquelle on accomplit quelque chose. Obéir de bon gré, de son (plein) gré, contre son gré. M. le professeur donne, de son propre gré, à ses élèves privilégiés des leçons d'algèbre auxquelles il a la bonté de nous inviter (HUGO, Corresp., 1816, p. 296). Les jeunes filles qu'on enlève, à Paris, sont généralement enlevées de leur plein gré (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 392). Diverses illustrations ont été faites en ce livre, sans m'avoir été soumises et même contre mon gré (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1886, p. 123) :
7. Il n'y a pas plus de quatre cents mètres entre les Alibert et le mas Théotime; mais je les franchis de si mauvais gré qu'il m'y fallut plus qu'un quart d'heure.
BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 91.
Rem. On relève à contre-gré, contre-bon-gré. Je vis en face de cet homme et je suis occupée (...) à le faire plier, et à me faire servir de lui contre-bon-gré (CLAUDEL, Otage, 1911, II, 2, p. 265). Les derniers promeneurs, à contre-gré, se dirigeaient vers les sorties, talonnés par les gardes (GIDE, Si le grain, 1924, p. 356).
Bon gré, mal gré. De bon cœur ou en se résignant. Les anciennes classes dirigeantes acceptent, bon gré, mal gré, l'expérience socialiste (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 417). [Mathilde] lui aurait définitivement démontré qu'elle lui était indispensable, que bon gré, mal gré, il ne pouvait pas vivre sans elle (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 215).
Bon gré mal gré qu'il/elle en ait. Qu'il/elle le veuille ou non (cf. malgré) :
8. ... associés ou non, nos trois industriels sont forcés d'agir comme s'ils l'étaient; (...) bon gré mal gré qu'ils en aient, la force des choses, la nécessité mathématique les associe.
PROUDHON, Propriété, 1840, p. 270.
De gré ou de force. Volontairement ou sous la contrainte. Faire qqc. de gré ou de force. L'action qui se fait au nom de tous étant nécessairement de gré ou de force à la disposition d'un seul ou de quelques-uns (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 11).
De gré à gré. Par un arrangement qui satisfait les parties en présence. Traiter de gré à gré; un partage fait de gré à gré. La valeur d'un morceau d'argent se règle de gré à gré dans les transactions qui se font entre les particuliers (SAY, Écon. pol., 1832, p. 292) :
9. Je ne mérite aucun reproche, je n'en supporterai aucun, monsieur. Que cela soit dit une fois pour toutes : c'est une convention entre nous, un simple accord, de gré à gré!
BERNANOS, Imposture, 1927, p. 518.
DR. ADMIN. Marché de gré à gré. ,,Marché dans lequel l'administration engage les discussions avec les entreprises de son choix et attribue ce marché à celle qu'elle a retenue`` (Admin. 1972).
C. — [Dans une loc. figée] Ce que l'on estime convenable. Synon. avis, goût, sentiment. À mon gré, ce discours est très beau (Ac.). Le jour grandissait lentement à son gré, son inquiétude croissait (SAND, Lélia, 1833, p. 300) :
10. ... Renan prétendra alléger, raffiner, épurer les notions de la religion catholique, trop précises, trop lourdes, trop matérielles à son gré.
MASSIS, Jugements, 1923, p. 106.
D. — 1. Vx. ,,Satisfaction que quelqu'un témoigne à celui qui a fait quelque chose pour lui`` (DG).
2. Mod. [Dans des loc. figées]
Savoir gré, savoir bon gré, un gré infini à qqn (de qqc.). Être reconnaissant envers quelqu'un. Je vous sais gré d'être là, comme je sais gré à un beau jour de luire sur ma tête, à un air parfumé de courir autour de moi (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 159). Je suis bien curieux de voir ta rédaction et je te sais bon gré de me demander là-dessus mes avis (FLAUB., Corresp., 1846, p. 210) :
11. Elle ne se cabrait pas devant ses questions; peu à peu, elle lui savait même un certain gré de les avoir posées; et elle s'étonnait, la première, d'éprouver une sorte de plaisir à se départir, pour lui, de son habituelle réserve.
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 365.
[Dans le style épistolaire] Je vous saurais gré de bien vouloir... Si vous pouviez me fournir ce renseignement, je vous en saurais un gré infini. Adieu, mon cher ami, mille amitiés bien sincères (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1839, p. 50).
Rem. Au plur., rare. J'aime beaucoup Balzac, et je sais tous les grés du monde à M. Barbey d'Aurevilly de l'excellent chapitre qu'il a consacré à ce maître (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 320).
Savoir mauvais gré, peu de gré à qqn. Être peu satisfait ou mécontent de la conduite, des procédés de quelqu'un. Ne parle pas de cette plaisanterie : on m'en saurait mauvais gré (STAËL, Lettres jeun., 1790, p. 406).
Se savoir bon, mauvais gré de qqc. (vieilli). Se féliciter de quelque chose, se reprocher quelque chose. Corinne aussi se savait mauvais gré de n'être pas assez reconnaissante des marques de dévouement que lui donnait le comte d'Erfeuil (STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 263). La maîtresse de la maison (...) se sut bon gré d'avoir engagé l'académicien à dîner. Il amuse M. de La Mole, pensait-elle (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 245).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2e moitié Xe s. « consentement, permission, volonté » estre so gret « contre le gré de quelqu'un » (St Léger, éd. J. Linskill, 62); 1280 au gré de (Clef d'Amour, 1254 ds T.-L.); ca 1330 bon gré, mau gré (G. DE DIGULLEVILLE, Pèlerinage vie hum., 10174 ds T.-L.); 2. ca 1050 « reconnaissance » savoir bon gré « être reconnaissant » (Alexis, éd. Chr. Storey, 28 : un filz lur dunet, si l'en sourent bon gret). Du lat. gratum, neutre subst. de l'adj. gratus « agréable, bienvenu; aimable; accepté avec reconnaissance, reconnaissant ». Fréq. abs. littér. : 3 090. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 5 411, b) 3 691; XXe s. : a) 3 625, b) 4 364. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 304. - ORR (J.). Some ambivalent words and etymology... Mod. Lang. R. 1953, pp. 212-214.

gré [gʀe] n. m.
ÉTYM. Xe, gred; du lat. gratum, neutre de gratus « chose agréable ».
1 Rare. Ce qui plaît, ce qui convient; ce que l'on souhaite. Caprice, fantaisie, goût, plaisir, volonté. || Le gré de qqn. || Bon, mauvais gré.
REM. Gré, « dès le moyen âge, s'est restreint à des locutions fixées » (Bloch).
1 Les affections sont aussi différentes que le sont les caractères, et le gré de l'un est souvent tout opposé à celui de l'autre.
Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 481, in Littré.
2 (…) mais, en dehors de certaines nécessités reconnues, toutes les dispositions législatives qui touchent aux mœurs, aux intérêts, à certains abus sont complètement abolies par un mauvais gré général.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 143.
Loc. (1280). Au gré de… : selon le goût, la volonté de… (→ Chardon, cit. 1; croyance, cit. 11; entrelacs, cit. 4; espérer, cit. 36).Trouver qqn, qqch. à son gré. || À votre gré. Convenance, guise. — ☑ Mener qqn à son gré : à son bon plaisir (→ Étrenner, cit. 1). || Se marier à son gré (→ Croisade, cit. 2; embarquer, cit. 13). || Flâner (cit. 3) partout à son gré. || Nous ne pouvons pas changer cela à notre gré. Volonté (à). — ☑ On a dit, dans le même sens : selon le gré de…
3 Je n'ai rien fait encore, et n'ai point rencontré
De temps pour lui parler qui fût selon mon gré.
Molière, la Princesse d'Élide, I, 2.
4 Avec une indifférence voulue il regardait les jeunes filles, n'en trouvant d'ailleurs aucune à son gré (…)
Loti, Matelot, XXX, p. 119.
5 Je changeais à mon gré de nature (…)
France, le Petit Pierre, VIII.
6 (…) je laissais Casimir apprêter à son gré les fleurs sur une commode (…)
Gide, Isabelle, IV, p. 70.
Au gré de son caprice, de son désir, de son envie, de sa fantaisie (cit. 32; → aussi besoin, cit. 14). || Au gré de son cœur, de son ambition.
7 (…) que j'ai de plaisi
De trouver une femme au gré de mon désir !
Molière, l'École des maris, II, 7.
8 Le ciel pouvait me réserver une belle fille qui fût plus au gré du monde, mais non pas qui fût plus au gré de mon cœur.
Marivaux, Marianne, IV.
9 Enfin, tout allait au gré de mes désirs, grâce à la bonne opinion qu'elle avait de moi (…)
Rousseau, les Confessions, III.
Fig. || Au gré des événements, des circonstances : selon que, comme, quand les circonstances le permettent. || Flotter (cit. 6 et 19) au gré du vent, des courants, des flots (→ Aborder, cit. 3; balancer, cit. 3; flot, cit. 13).
10 (…) cette habitude du paysan qui ne passe pas devant le pain sans y tailler une tartine, au gré des heures de travail.
Zola, la Terre, IV, II.
Vx. Avoir, prendre en gré : trouver bon, agréable. Agréer; accepter (→ Ardent, cit. 31, La Fontaine). || Il faut prendre en gré les afflictions que Dieu nous envoie (Académie), les recevoir avec patience, résignation.
11 (…) elle est assez raisonnable pour prendre en gré tous les lieux où son mari et son devoir la réduiront (…)
Mme de Sévigné, 1475, 4 janv. 1697.
De son gré, de son plein gré. Bénévolement, volontairement, volontiers. || Obéir de bon gré, sans rechigner. Grâce (de bonne grâce).
12 (…) les hommes n'obéissent de bon gré qu'aux lois qu'ils se sont faites pour le bien de la société (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXLV.
(1866). De gré ou de force : que cela plaise ou non; de toutes façons. || Il le fera de gré ou de force (Académie).
13 (…) de force ou de gré je me veux satisfaire.
Corneille, Héraclius, I, 2.
Loc. adv. Bon gré mal gré : que cela plaise, convienne ou non (en insistant plus sur l'idée de résignation que sur celle de contrainte). || Bon gré mal gré, il devra faire ce voyage.REM. L'Académie (8e éd.) écrit bon gré, mal gré avec une virgule à l'article Gré, mais bon gré mal gré, sans virgule à l'article Mal, ce qui est plus conforme à l'usage.
14 (…) Il veut, bon gré, mal gré,
Ne se coucher qu'en robe et qu'en bonnet carré.
Racine, les Plaideurs, I, 1.
15 (…) paraître intransigeante, pour effrayer l'Europe, et gagner, par l'intimidation, cette hasardeuse partie diplomatique où elle se trouvait, bon gré mal gré, engagée (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 18.
(XVIe). De gré à gré : à l'amiable, en se mettant d'accord. || Traiter de gré à gré.Marché de gré à gré, passé par entente directe entre les contractants.
16 De son côté, reprit-il, monsieur Chabert consent à poursuivre de gré à gré avec vous un jugement qui annulera son acte de décès et prononcera la dissolution de son mariage.
Balzac, le Colonel Chabert, Pl., t. II, p. 1131.
Contre le gré de : contre la volonté de. || Faire qqch. contre le gré de ses parents.Subir qqch. contre son gré, à son corps défendant, malgré soi, malgré qu'on en ait (→ Atavique, cit. 1; besogne, cit. 3).
17 Ils ont compris que le vrai bien devait être tel que tous pussent le posséder à la fois, sans diminution et sans envie, et que personne ne le pût perdre contre son gré.
Pascal, Pensées, VII, 425.
2 Au gré de (qqn), À mon (son…) gré : selon ce que (qqn) pense, ce qu'il estime juste, préférable. Goût, sentiment; opinion. || À mon gré, à leur gré, etc. (→ Autour, cit. 8; balance, cit. 18; ennuyant, cit. 1). || Cela est préférable, à mon gré. Sens (à mon sens). → Cagot, cit. 1; école, cit. 16. || Le temps coule (cit. 17) trop lentement au gré des hommes.
18 Celle (la narration) du troisième acte, qui est à mon gré la plus magnifique (…)
Corneille, Examen de Pompée.
3 (1050, savoir bon gré). Gratitude, reconnaissance.Vx, en emploi libre :
19 Très peu de gré, mille traits de satire,
Sont le loyer de quiconque ose écrire (…)
Voltaire, Épîtres, CXXX, À la duchesse du Maine.
Mod. Savoir gré, savoir bon gré, un gré infini à qqn, avoir de la reconnaissance pour qqn (→ Étayer, cit. 11; flegme, cit. 4). || Il faut en savoir gré à l'auteur. Remercier (→ Engourdissement, cit. 3). || Je vous saurais gré de vouloir bien me répondre d'urgence : je vous serais obligé de (…)
20 En vérité, je vous sais bon gré de cela, et voilà l'action la plus sage que vous ayez faite de votre vie.
Molière, le Malade imaginaire, I, 5.
21 (…) je sais un gré infini à Collé d'avoir mis Henri IV sur le théâtre.
Voltaire, Lettre à d'Argental, 2118, 17 avr. 1762.
22 Sait-on gré du superflu à qui nous prive du nécessaire ?
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 5.
22.1 (…) il sut un gré extrême à sa mère de s'être conduite de la sorte.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 498.
23 « Elle est injuste », se dit-il : « elle devrait lui savoir gré de s'occuper de l'enfant ».
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 53.
24 Je disais à une femme, dans un rendez-vous que j'avais avec elle, pour lui marquer mon ardeur : J'attends cette soirée depuis trois jours. — Je vous en sais gré, me répondit-elle.
Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 21.
Savoir mauvais gré à qqn de qqch., être peu satisfait, mécontent de ce qu'il a dit ou fait. Maugréer (→ Éluder, cit. 4).
25 Pour vous au reste, madame, la gloire est déjà venue et elle viendra de plus en plus chaque jour; vous devez vous résigner à vous l'entendre dire et à n'en pas savoir mauvais gré à vos admirateurs parmi lesquels j'ose réclamer une petite place.
Sainte-Beuve, Correspondance, 69, 31 mai 1829, t. I, p. 131.
Vieilli. Se savoir bon gré, se savoir gré de… Applaudir (s'), féliciter (se).
26 La belle se sut gré de tous ces sentiments.
La Fontaine, Fables, VII, 5.
27 « Excuse-moi seulement d'avoir tout à l'heure bouclé la serrure, ajouta-t-il par un raffinement de politesse dont il se sut gré (…) »
Bernanos, Sous le soleil de Satan, in Œ. roman., Pl., p. 103.

Encyclopédie Universelle. 2012.