puits [ pɥi ] n. m.
1 ♦ Cavité circulaire, profonde et étroite, à parois maçonnées, pratiquée dans le sol pour atteindre une nappe d'eau souterraine. Bord, margelle d'un puits. Puiser, tirer de l'eau au puits. Curer un puits. Puits tari. — Puits artésien. Puits perdu, dont le fond perméable ne retient pas l'eau. ⇒ puisard.
♢ Loc. prov. La vérité est au fond d'un puits, elle est bien cachée, difficile à découvrir. Loc. Un puits de science : une personne très savante (cf. Une encyclopédie vivante). « Vous qui êtes ce qu'on appelle un puits d'érudition » (Lesage).
♢ Géogr. Puits naturel. ⇒ aven, gouffre, région. igue.
2 ♦ (1254) Excavation pratiquée dans le sol ou le sous-sol pour l'exploitation d'un gisement. Puits de mine. Puits d'extraction, de descente, d'aérage. « On ne s'était pas contenté d'élargir le puits [...] et de le creuser jusqu'à sept cent huit mètres » (Zola). — (1904) PUITS DE PÉTROLE : galerie creusée pour aboutir à une nappe d'hydrocarbures. Le forage d'un puits de pétrole (⇒ derrick) .
3 ♦ Techn. Excavation ou passage vertical. Puits d'ascenseur, d'escalier. ⇒ cage. Puits de fondation : excavation étroite et profonde, remplie de béton, utilisée comme fondation. — Puits de jour, de lumière : couloir vertical laissant passer la lumière.
4 ♦ Mar. Puits à chaîne : compartiment à l'avant d'un bateau, logeant la chaîne de l'ancre. Puits de dérive : sur un dériveur, passage étanche renfermant la dérive lorsqu'elle est remontée.
5 ♦ (1735) Puits d'amour : gâteau de pâte feuilletée, creusé et garni en son centre de crème pâtissière.
⊗ HOM. Puis, puy.
● puits nom masculin (latin puteus) Grand trou, généralement circulaire et doté d'un muraillement, creusé dans la terre pour atteindre la nappe aquifère souterraine (nappe libre ou phréatique). Littéraire. Symbole de ce qui est profond, mystérieux, impénétrable. Bâtiment Excavation en forme de puits, remplie de béton, utilisée comme fondation. Forage et Pétrole Trou obtenu par une opération de forage et caractérisé par sa finalité (puits d'exploration, puits de développement, puits d'injection, puits de production, puits d'intervention) ou par son résultat (puits de pétrole, puits de gaz, puits sec ou stérile). Marine Espace séparant les superstructures, sur le pont d'un bâtiment de commerce. (On dit aussi puits de superstructure ; ) Militaire Excavation utilisée dans la guerre de mines pour gagner de la profondeur au départ (puits d'attaque) ou au cours de la progression (puits de mine), ou pour placer un fourreau au-dessous d'une galerie adverse. Mines Trou généralement vertical, de section constante, creusé dans le sol en vue d'accéder au gisement et d'en extraire le minerai. Sports En spéléologie, conduit de développement vertical, ouvert ou non à l'extérieur. Travaux publics Galerie verticale ou à forte pente (puits en charge, puits d'aération, etc.). ● puits (citations) nom masculin (latin puteus) Marcel Achard Sainte-Foy-lès-Lyon 1899-Paris 1974 Académie française, 1959 Ne disons surtout pas la vérité… La vérité salit les puits. Nous irons à Valparaiso, I, Thérèse à Valérie La Table Ronde Han Yu Nanyang 768-Changan 824 Qui s'assied au fond d'un puits pour contempler le ciel le trouvera petit. Traduction D. Tsan Ivan Andreïevitch Krylov Moscou 1769-Saint-Pétersbourg 1844 Ne crache pas dans l'eau du puits, tu seras peut-être obligé d'en boire. Fables, le Lion et la Souris ● puits (difficultés) nom masculin (latin puteus) Orthographe Finale en -ts, même au singulier : tomber dans un puits. - Le t disparaît dans les dérivés puisard, puisatier, puiser. Remarque Puits est issu du latin puteus, trou, fosse. Le mot, écrit puz, puiz et puis au début du XIIe s., a pris un t étymologique au XVIe s. pour éviter la confusion avec l'adverbe puis. ● puits (expressions) nom masculin (latin puteus) Un puits de science, un homme très savant, un érudit. Puits perdu, synonyme de puisard. Puits d'amour, petit gâteau fait de couronnes de feuilletage superposées, dont le centre est garni de crème pâtissière. Puits de carbone, écosystème (forêt, par exemple) caractérisé par sa richesse végétale et dont l'activité naturelle d'absorption de gaz carbonique favoriserait la lutte contre l'effet de serre. Faux puits, puits intérieur ou puits borgne, synonyme de bure. Puits d'extraction, puits de mine servant principalement à l'extraction des produits. Puits de service, puits auxiliaire utilisé pour des transports divers (personnel, remblai, matériel). Puits de potentiel, configuration d'un champ de forces telle que le potentiel soit minimal dans une région et aille croissant en s'éloignant de celle-ci. Puits d'ancrage ou d'amarrage, puits pratiqué pour y fixer l'extrémité des câbles de ponts suspendus. ● puits (homonymes) nom masculin (latin puteus) puis verbe puis adverbe puy nom masculin ● puits (synonymes) nom masculin (latin puteus) Littéraire. Symbole de ce qui est profond, mystérieux, impénétrable.
Synonymes :
- abîme
- gouffre
Marine. Espace séparant les superstructures, sur le pont d'un bâtiment de...
Synonymes :
- coffre
Eaux et assainissement. Puits perdu
Synonymes :
- puisard
Mines. Faux puits, puits intérieur ou puits borgne
Synonymes :
- bure
puits
n. m.
d1./d Profonde excavation creusée dans le sol pour atteindre l'eau de la nappe phréatique. Tirer de l'eau au puits.
|| Puits artésien: V. artésien.
|| Puits perdu: puisard.
|| Fig. Puits de science, d'érudition: personne très savante, très érudite.
— Prov. La vérité est au fond d'un puits, elle est difficile à découvrir.
d2./d Excavation pratiquée dans le sol pour l'exploitation d'un gisement. Puits de pétrole.
— Puits de mine, qui donne accès aux galeries d'exploitation proprement dites.
d3./d CONSTR Puits de fondation: fouille dans laquelle on coule du béton, destinée à asseoir les fondations d'un ouvrage.
⇒PUITS, subst. masc.
A. — 1. Trou vertical, le plus souvent circulaire et à parois maçonnées, entouré parfois d'une margelle, creusé dans le sol pour atteindre une nappe aquifère. Puits profond; tirer l'eau du puits; curer un puits. Auprès de la cuisine se trouvait un puits entouré d'une margelle, et à poulie maintenue dans une branche de fer courbée, qu'embrassait une vigne aux pampres flétris (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 79). En terrain calcaire, la nécessité de creuser des puits profonds, travail impossible individuellement, obligerait les habitants à se grouper pour effectuer ce travail en commun (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 102):
• 1. (...) le père Jacques poussa le sac dans le puits et il se pencha sur la margelle, soutenant encore le sac que je ne voyais plus. Puis il se redressa et referma le puits, remettant soigneusement le plateau et assujettissant les ferrures...
G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 158.
♦ Puits artésien.
♦ Puits de Jacob [P. réf. au passage de la Bible dans lequel le Christ s'arrêta au puits de Jacob afin d'abreuver la Samaritaine et de la convertir, l'eau vive et jaillissante étant un breuvage de vie et d'enseignement] Jésus au puits de Jacob disait: « J'ai une nourriture que vous ne connaissez pas » (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1916, p. 204). Ne songe-t-on pas à cette eau incomparable de Bethléem (...) d'où jaillit une source inépuisable pour abreuver toute l'humanité agglomérée sous le sceptre de Rome? Et à ce puits de Jacob précisément, où Jésus entretint la Samaritaine? (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 297).
♦ Proverbe. La vérité est au fond du puits. La vérité est difficile à découvrir. [Souvent dans des variantes] L'erreur parcourt la terre, met ses pavillons aux sommets des hautes montagnes, tandis que l'humble vérité se cache et se retire au fond des puits (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 308). La mythologie, qui certes est une des plus grandes inventions humaines, a mis la vérité dans le fond d'un puits, ne faut-il pas des seaux pour l'en tirer? (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 426).
— Expr. diverses
♦ Montrer à qqn la lune dans un puits. Duper quelqu'un, tromper par de fausses apparences. (Dict. XIXe et XXe s.). Regarder la lune dans un puits. Être trompé, dupé. C'est une chanson où il est question de paysans qui regardent la lune dans un puits (GREEN, Journal, 1943, p. 81).
♦ Cet homme est un puits. Personne très discrète qui ne révèle pas ce qui lui est confié. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ C'est tombé dans un puits. Cela est oublié. Victor: Ah! tu as entendu, toi? Fortuné: Ne faites pas attention, monsieur Victor, c'est tombé dans un puits (DUMAS père, Barrière Clichy, 1851, III, 8, p. 93).
♦ Tomber dans un puits sans fond. Rester sans effet, être inutile:
• 2. Maman recommença d'écrire, et plusieurs fois par semaine, des lettres tantôt suppliantes, quand elle les rédigeait seule, et tantôt débordantes de rage quand mon père les avait dictées. Toutes ces lettres tombaient dans un puits sans fond et sans échos.
DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 170.
— P. anal. Endroit, trou profond. Plombières est un puits creusé par la nature au centre des montagnes (BERLIOZ, Grotesques mus., 1859, p. 134). Leurs chambres, qui se touchaient, donnaient sur la même cour noire, un puits étroit dont les odeurs empoisonnaient l'hôtel (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 658).
— P. métaph. Et toujours son aventure [de l'abbé Birotteau] était un puits sans fond où tombait sa raison (BALZAC, Curé Tours, 1832, p. 217).
♦ Puits de + subst. J'eus l'idée de noter plusieurs des moments si précieux de nos épanchements intimes (...). Attacher une idée nette, s'il se peut, à ces moments obscurs, irréparables, que chacun laisse aller au puits de l'oubli (MICHELET, Journal, 1857, p. 326). Quand la comète tombe au puits des nuits, du moins A-t-elle en s'éteignant des soleils pour témoins (HUGO, Année terr., 1872, p. 28).
2. P. anal. ou au fig. [Le plus souvent dans la constr. puits de + subst.] Source (abondante, profonde) dont on tire quelque chose. Le Christianisme (...) a placé la charité comme un puits d'abondance dans les déserts de la vie (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 91). Quel chagrin pèse donc sur ta tête abattue? À quel puits de douleur tes yeux puisent-ils l'eau? (GAUTIER, Poés., 1872, p. 216). Cette pièce, toute claire, harmonieuse et proportionnée [Antigone], m'est un puits de rêverie (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 85).
♦ En partic. Puits de science, d'érudition. Personne très savante. [Mme de Coislin] parlait de tout ce qu'elle ne connaissait pas comme si elle avait été un puits d'érudition (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, pp. 8-9):
• 3. L'auteur (...) de cette géographie, de ce glossaire, épilogue longuement sur le nom d'une petite localité dont nous étions autrefois, si je puis dire, les seigneurs, et qui se nomme Pont-à-Couleuvre. Or je ne suis évidemment qu'un vulgaire ignorant à côté de ce puits de science, mais je suis bien allé mille fois à Pont-à-Couleuvre pour lui une, et du diable si j'y ai jamais vu un seul de ces vilains serpents...
PROUST, Sodome, 1922, p. 925.
♦ P. métaph. Jamais esprit de cet ordre [Ampère] ne songea moins à ce qu'il y a de personnel dans la gloire. Pour ceux qui l'abordaient, c'était un puits ouvert. À tout heure il disait tout (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 1, 1844-64, p. 362).
— Expr. littér. [Le puits est le symbole de l'abondance] Riche comme un puits. Très riche. Aujourd'hui on crie « au miracle » de ce que M. Pastoret, âgé de plus de quatre-vingts ans, riche comme un puits et ayant besoin de repos, soit resté pour la première fois fidèle au malheur (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p. 181).
B. — P. anal., empl. techn.
1. MINES. Puits (de mine). Trou généralement de section circulaire, servant à l'extraction des produits , au déplacement des ouvriers ou à l'aérage et, p. méton., installations de forage et d'extraction. Puits de sel gemme. Dans [la] Meurthe-et-Moselle, sur 15 salines exploitées il n'existe actuellement que trois puits de mine, dont deux se trouvent sur le territoire de Varangéville (Ch. DURAND, Industr. minérales Lorr., 1893, p. 24). Les longs boyaux (...) pratiqués dans la masse [des ardoisières] s'enfoncent dans la profondeur, comme de vastes puits inclinés (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 440). La Lorraine possède également les trois seuls puits de sel gemme extrayant avant guerre de 100 à 150 000 t. de sel (STOCKER, Sel, 1949, p. 14). Il existe toujours deux puits de communication entre les travaux du fond et « le jour »: une fosse pour la remonte du minerai (puits d'extraction), et une fosse par laquelle un ventilateur aspire l'air des travaux (puits de retour d'air) (Encyclop. Sc. Techn. t. 8 1972, p. 42b).
♦ Puits d'aérage. V. aérage ex. 2.
2. PÉTROLE. Puits (de pétrole). Trou de section circulaire servant à l'exploitation d'un gisement de pétrole et, p. méton., installations de forage et d'extraction. Les forages actuels sont des puits circulaires de section étroite creusés au moyen de machines perforatrices. Le diamètre au sol atteint parfois 70 cm et dépend de la profondeur probable du sondage et de la nature du terrain. Au fur et à mesure du forage, les puits sont munis de tubages (CHARTROU, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 43). On ne met pas, sur ses cartes, Joseph Pasquier, possesseur de onze immeubles à Paris, de quatre cents hectares dans le Calvados, de sept usines, de puits de pétrole, etc..., etc... (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 141):
• 4. Drake, qui se faisait appeler colonel et qui n'avait jamais dépassé le grade de chef de train, se demanda si l'on ne pourrait pas aller au-devant du pétrole quand il ne venait pas. Il eut l'idée de forer un puits et, à son appel, le noir liquide, apparut, en effet le 28 août 1859, à Titusville (Pennsylvanie).
P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 338.
♦ Puits sec, puits stérile. Puits non productif en hydrocarbure, qui est souvent envahi par de l'eau souterraine (d'apr. Pétrol. 1964).
3. GÉOL. Puits naturel. Trou vertical ou de faible inclinaison creusé par les eaux de ruissellement. Synon. aven, gouffre. Puits de Padirac. Une image obsédante me revenait: celle de ces puits naturels ouverts au ras du sol, dans lesquels l'oreille cherche à surprendre vainement la chute d'une pierre (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 97). V. abîme ex. 6.
4. MAR. ,,Espace séparant les superstructures sur un navire de commerce`` (GRUSS 1978).
♦ Puits aux chaînes. ,,Compartiment destiné à loger les chaînes des ancres`` (GRUSS 1978).
♦ Puits de dérive. ,,Logement dans lequel se meut la dérive médiane des bateaux du type dériveur`` (GRUSS 1978).
♦ Puits de marée (vieilli). ,,Puits pratiqué dans un port, et mis en communication souterraine avec la mer, de sorte que l'eau s'y élève pendant le flot, s'y abaisse pendant le jusant, et qu'il peut servir à connaître, à tout moment, la hauteur de la marée`` (BONN.-PARIS 1859).
5. HIST. Les Puits (de Venise). Prisons au nombre de six situées dans la partie inférieure du Palais ducal. À Venise, on ne meurt pas sur l'échafaud, on disparaît. Il manque tout à coup un homme dans une famille. Qu'est-il devenu? Les plombs, les puits, le canal Orfano le savent (HUGO, Angelo, 1835, p. 14). Cette disposition du cachot, en tout point semblable à celle des puits de Venise, disait assez que l'architecture du château de Blois appartenait à cette école vénitienne qui, au Moyen-Âge, donna tant de constructeurs à l'Europe (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 154).
6. GASTRONOMIE
♦ ,,Vide laissé par des viandes dressées en couronne, destiné à recevoir un ragoût, un coulis ou autre garniture`` (DUMAS 1978).
♦ Creux que l'on forme dans la farine pour pouvoir la délayer, la pétrir et y mélanger la levure. Synon. fontaine. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Puits d'amour. V. amour VII B.
7. ARCHIT., CONSTR. Passage vertical. Puits d'aqueduc. Synon. de puisard d'aqueduc. Puits d'ascenseur, d'escalier. Synon. de cage d'ascenseur.
♦ Puits perdu. Synon. de puisard. Le sol s'était effondré, le dallage avait croulé, l'égout s'était changé en puits perdu (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 518).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1120 li puz d'enfern « le gouffre infernal » (St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 1120); b) ca 1165 puiz « fontaine, source » (BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 3137); c) 1254 « trou creusé verticalement dans la terre pour en extraire des substances » (Charte ds DU CANGE, s.v. putiatorium); d) 1671 puy perdu (POMEY); 2. 1180-90 au fig. (d'une personne) (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, IV, 1152 in Elliott Monographs, n ° 37, p. 346: Alixandre (...) Fontaine de largesce et puis de courtoisie); 1394 (E. DESCHAMPS, Balade ds Œuvres, éd. de Queux de Saint Hilaire, t. 1, p. 301: puis de sens et de clergie); 1718 puits de science (Ac.); 3. a) 1733 puis d'amour (VINCENT LA CHAPELLE, The modern cook, t. 2, p. 22); b) 1791 « trou que fait le vermicelier dans la semoule pour pétrir la pâte » (Encyclop. méthod., Arts et Métiers, t. 8, p. 403). Du lat. puteus « trou, fosse », « puits d'eau vive », et « puits de mine »; pour expliquer la voy. rad., on peut supposer l'infl. du frq. putti (restitué d'apr. l'a. h. all. putti, v. FEW t. 9, p. 631; v. aussi F. DE LA CHAUSSÉE, Init. à la phon. hist. de l'a. fr., 2e éd., p. 129), cf. cependant FOUCHÉ, p. 404. Fréq. abs. littér.:1 733. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 420, b) 3 080; XXe s.: a) 3 548, b) 2 373. Bbg. QUEM. DDL t. 1.
puits [pɥi] n. m.
ÉTYM. XVIe; puis, v. 1131; puz, v. 1112; lat. puteus, avec infl. probable d'un francique putiu, anc. haut all. putte.
❖
1 Cavité circulaire, profonde, en général étroite, à parois maçonnées, pratiquée dans le sol pour atteindre une nappe aquifère souterraine et en extraire l'eau. || Puits d'eau. || Puisatiers qui creusent, forent, approfondissent (cit. 1 et 2) un puits à la pioche, au trépan. || Muraillement d'un puits. || Curer, écurer un puits. || Combler un puits. || Puits tari. || Bord (cit. 11), bouche, margelle d'un puits. || Prendre, puiser, tirer de l'eau au puits ! ⇒ Puisage, puiser. || Main d'une corde, d'une chaîne de puits. || Chadouf d'un puits arabe. — Puits communal, mitoyen. — Puits filtrant alimentant une canalisation d'eau potable. — ☑ Loc. (1834; du nom de l'Artois, où ces puits étaient connus dès le moyen âge). Puits artésien, d'où jaillit l'eau d'une nappe souterraine communiquant avec une réserve d'eau située à un niveau plus élevé que la surface du sol où le puits est foré. || Cuveler un puits artésien.
1 Tant de seaux d'eau que j'ai tirés au puits pour elle !
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 9.
2 Au milieu de l'une d'elles (une cour) bâillait la bouche noire d'un puits énorme, très profond, qui nous promettait le délicieux régal d'une eau bien claire et bien froide. En me penchant sur la margelle, je vis que l'intérieur était tout tapissé de plantes du plus beau vert qui avaient poussé dans l'interstice des pierres.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 231.
3 Les fameux puits d'eau vive de Ras-el-Aïn, célébrés dans la Bible, et qui sont de véritables puits artésiens, dont on attribue la création à Salomon, existent encore à une lieue de la ville (…)
Nerval, Voyage en Orient, Druses et Maronites, IV, III.
4 Dans les paroisses arides de l'ouest (de Guernesey), le puits banal, avec son petit dôme de maçonnerie blanche au milieu des friches, imite presque le marabout arabe.
Hugo, l'Archipel de la Manche, VII.
4.1 L'eau était immobile dans les puits, lisse comme du métal, portant à sa surface les débris de feuilles et la laine des animaux. À l'autre puits, les femmes se lavaient et lissaient leurs chevelures.
J. M. G. Le Clézio, Désert, p. 16.
♦ Par ext. || Puits perdu, dont le fond perméable ne retient pas l'eau. || Puits perdu creusé pour recevoir des eaux-vannes. ⇒ Puisard (→ aussi Effondrer, cit. 4).
♦ Littér. || L'astrologue (cit. 1) qui se laisse tomber dans un puits, fable de La Fontaine (II, 13). — ☑ Allus. littér. (à la fable de La Fontaine le Loup et le Renard, où le renard fait croire au loup que le reflet de la lune [cit. 2] dans l'eau d'un puits est un gros fromage). Voir la lune au fond d'un puits : être berné. — ☑ Loc. prov. La vérité est au fond d'un puits, elle est extrêmement difficile à découvrir.
5 La Vérité toute nue
Sortit un jour de son puits.
Florian, Fables, I, 1.
6 Alors la Politique régnait à Rome; elle avait pour ministres ses deux sœurs, la Fourberie et l'Avarice (…) la Pauvreté les suivait partout; la Raison se cachait dans un puits avec la Vérité, sa fille. Personne ne savait où était ce puits, et, si l'on s'en était douté, on y serait descendu pour égorger la fille et la mère.
Voltaire, Éloge de l'histoire de la Raison.
♦ (XIVe, « puits de sens et de clergie », en parlant de Paris). Fig. Se dit d'une personne qui dispose de ressources inépuisables en quelque domaine. ☑ Un puits d'érudition, (cour.) un puits de science : une personne inépuisable en fait d'érudition. ⇒ Abîme, mine; érudit, savant.
7 C'est vous qui êtes ce qu'on appelle un puits d'érudition.
A. R. Lesage, Gil Blas, III, IV.
♦ Par ext. ⇒ Source. || « La femme maigre est un puits de voluptés ténébreuses » (→ Gras, cit. 14, Baudelaire).
2 (1254). Excavation pratiquée dans le sol ou le sous-sol pour l'exploitation d'un gisement. || Puits d'une carrière souterraine d'ardoise. || Puits de mine : puits d'extraction (cit. 1), puits de descente des mineurs, puits d'aérage… || Puits entre deux galeries. ⇒ Bure (2.). || Boisage, cuvelage, fonçage des puits. — Puits d'une marnière (cit.), d'un placer (2. Placer, cit. 1).
8 On ne s'était pas contenté d'élargir le puits d'un mètre cinquante et de le creuser jusqu'à sept cent huit mètres de profondeur, on l'avait équipé à neuf, machine neuve, cages neuves (…) La pompe était placée sur l'autre puits de la concession, à la vieille fosse Gaston-Marie (…)
Zola, Germinal, V, I.
♦ (1904). || Puits de pétrole, ou, absolt, puits : galerie cylindrique verticale creusée pour aboutir à une nappe d'hydrocarbures. || Forer un puits. || Puits stérile, sec. || Puits en exploitation. || Derrick d'un puits de pétrole (→ aussi Foule, cit. 12). || Forer les puits pétrolifères avec des sondes, par voie de sondage.
♦ Puits de fondation : excavation étroite et profonde, ordinairement carrée, dont les terres sont remontées au treuil.
3 Géogr. || Puits naturel ou puits : gouffre, aven.
4 Techn. Passage vertical. — Puits d'ascenseur (→ Bout, cit. 26), d'escalier (cit. 6), la cage.
♦ (1904). Constr. || Puits d'attente, de soutien, creusés dans les terrains peu solides et remplis de béton, ciment, etc. — Puits d'amarre d'un pont suspendu.
♦ Archit. Ouverture, regard. || Puits de lumière (→ ci-dessous, cit. 9). || Puits d'aqueduc : regard dans la maçonnerie pour le nettoyage, l'inspection.
9 Les constructions de ce temps ont de la hauteur; on accède aux étages supérieurs par des escaliers que des courettes ou « puits de lumière » éclairent latéralement, ainsi que les chambres et les galeries (…)
G. Contenau et V. Chapot, l'Art antique, p. 138.
♦ (1869). Mar. Compartiment ou chambre verticale. || Puits aux chaînes, des pompes, de tonnage.
5 (1735). || Puits d'amour : gâteau de pâte feuilletée, creusé et garni en son centre de crème pâtissière.
♦ (1814). Cuis. Creux qui se forme au milieu d'un mets présenté en plat.
6 Techn. Partie creuse (d'une jante de roue).
❖
DÉR. Puisard, puisatier, puiser.
COMP. Avant-puits.
HOM. Puis, puy.
Encyclopédie Universelle. 2012.