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misérable

misérable [ mizerabl ] adj. et n.
• 1336; lat. miserabilis
1Qui inspire ou mérite d'inspirer la pitié; qui est dans le malheur, la misère. lamentable, malheureux, pitoyable; misérabilisme. L'homme, pour Pascal, est à la fois misérable et grand. (Choses) Triste, pénible. Misérable existence. Vivre dans des conditions misérables. Une fin misérable. Un air misérable.
N. Un, une misérable, personne malheureuse.
2Qui est dans une extrême pauvreté; qui est au bas de l'échelle sociale. besogneux, indigent, pauvre. Populations misérables. « Selon que vous serez puissant ou misérable » (La Fontaine). (Choses) Pays, région misérable, très pauvre. Logement misérable. taudis. Vêtements misérables. guenille; minable, miteux.
N. UN,UNE MISÉRABLE. diable (pauvre diable), gueux, 1. hère, miséreux, paria, pouilleux, traîne-misère, va-nu-pieds. « Les Misérables », roman de Victor Hugo.
3Qui est sans valeur, sans mérite. insignifiant, méprisable, piètre. Une argumentation misérable. « Lucrèce était un misérable physicien » (Voltaire). « toute cette agitation lui apparaissant misérable à côté de leur amour » (Flaubert). Un salaire misérable. 1. bas, minime. Spécialt (avant le nom) malheureux, méchant, pauvre. Tant d'histoires, pour un misérable billet de vingt francs !
4Vieilli Dont la conduite mérite l'indignation, le mépris. malhonnête, méprisable.
N. malheureux, scélérat; Vieilli coquin. C'est un misérable. Plaisant Ah, petit misérable !
⊗ CONTR. Heureux. Riche. Admirable. Abondant, important, remarquable.

misérable adjectif (latin miserabilis) Dont l'état, le sort inspire la pitié : Mener une existence misérable. Qui évoque par son aspect la misère, le dénuement : Un pays misérable. Qui est d'une extrême insuffisance : Un salaire misérable. Qui est dérisoire, insignifiant : Se brouiller pour une misérable somme. Qui inspire le mépris : Une misérable vengeance.misérable (citations) adjectif (latin miserabilis) Henri Bernardin de Saint-Pierre Le Havre 1737-Éragny-sur-Oise 1814 La nécessité donne de l'industrie, et souvent les inventions les plus utiles ont été dues aux hommes les plus misérables. Paul et Virginie Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Fables, les Animaux malades de la peste Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. Pensées, 397 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. ● misérable (synonymes) adjectif (latin miserabilis) Dont l'état, le sort inspire la pitié
Synonymes :
- impécunieux
- indigent
- infortuné
- malheureux
- miséreux
- nécessiteux
- pauvre
- pitoyable
Qui évoque par son aspect la misère , le dénuement
Synonymes :
- minable (familier)
- miteux (familier)
- pouilleux
Contraires :
- opulent
- prospère
- riche
Qui est d'une extrême insuffisance
Synonymes :
- dérisoire
- infime
- insignifiant
- minime
Qui inspire le mépris
Synonymes :
- lamentable
- malheureux
- pauvre
misérable nom Littéraire. Personne très pauvre. Vieux. Personne digne de mépris, coquin : Un misérable capable de tout. Familier. Interpellation équivalente à malheureux : Misérable ! tu as laissé refroidir ton café.misérable (citations) nom Carlo Alberto Pisani Dossi, dit Carlo Dossi Zenevredo, Pavie, 1849-Cardina, Côme, 1910 La loi est la même pour tous les misérables. La legge è uguale per tutti gli straccioni. Note Azzurre, 2023

misérable
adj. et n.
d1./d Qui est dans la misère, le dénuement.
Subst. "Les Misérables", roman de Victor Hugo (1862). Syn. pauvre, nécessiteux.
|| (Choses) Une cabane misérable.
d2./d Qui est malheureux, digne de pitié. Se sentir misérable.
d3./d Qui est sans valeur. Des vers misérables. Syn. méchant, piètre.
Insignifiant. Ils se battent pour quelques misérables sous. Syn. malheureux.

⇒MISÉRABLE, adj.
A. — Qui inspire la pitié.
1. [En parlant d'une pers.] Synon. infortuné, malheureux, pitoyable. Cet animal si misérable, c'est l'homme (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.289). Il avait un air si misérable, que le chef répondit: — Si vous y tenez, moi... je m'en fous!... (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.116). À genoux près du misérable corps étendu, la cuisinière essayait de soutenir au creux de son bras replié la nuque fracassée (BERNANOS, Joie, 1929, p.722):
1. Les savants qui souhaitent d'introduire les hommes très misérables à la connaissance des mystères, il arrive le plus souvent qu'on les mette aux oubliettes.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.24.
2. [En parlant d'un inanimé] Triste, pénible. Synon. lamentable. Condition, existence misérable. Donc pas de coeur à écrire les détails d'une si misérable journée (BARB. D'AUREV., Memor. A... B..., 1864, p.412). Voilà cette misérable histoire. Je n'aime pas à la raconter, parce que je ne peux le faire sans ressentir un inexprimable agacement (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.18). Quel misérable spectacle qu'une vie humaine! (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1263).
B. — D'une extrême pauvreté.
1. [En parlant d'une pers.] Synon. indigent, nécessiteux, pauvre. Il ne resta plus (...) que quelques bandes misérables crevant, aux carrefours, de faim et de misère (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.114).
Emploi subst. Synon. miséreux. On peut noter le moment précis où la colère des misérables va déborder (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p.40).
2. [En parlant d'un inanimé] Qui dénote la misère, l'indigence. Son aspect était misérable, ses vêtements troués, sa tête immonde, et son œil unique dardait un terrible feu (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p.100). Quand on rentre dans un intérieur misérable à ces heures tardives où l'argent et l'amour manquent (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.105).
C. — 1. Qui inspire le mépris, sans valeur. Synon. insignifiant, minable (fam.). Mais comment, avec ces moyens misérables, atteindre à un minimum de vraisemblance et de variété? (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.138). C'est l'impression que ma misérable petite vie a un sens, tu comprends? (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, III, 2, p.231).
2. [En parlant d'une pers.] Qui provoque l'indignation:
1. Et c'est à moi que vous venez dire cela! Misérable assassin! Je ne sais pas si mon devoir de citoyen ne serait pas de vous conduire au poste de police le plus proche...
MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p.98.
Emploi subst. Ah! misérable! pensai-je en moi-même, c'est toi qui jettes les petits enfants dans le feu! (ABOUT, Roi mont., 1857, p.207). Misérable, que fais-tu? (JARRY, Ubu, 1895, I, 3, p.39). Je suis un infect misérable! un abominable gredin (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.465).
[Dans des tours interpellatifs] Petit misérable. Les mots ont un sens infiniment plus profond que leur sens, et, surtout, petits misérables, que leur si-gni-fi-ca-tion (PÉGUY, Clio, 1914, p.28).
Rem. Dans certains cont., le mot peut associer les sens B et C: Sans doute ils paraissaient bien dépravés, bien corrompus, dégradés; d'ailleurs il y a un point où les infortunés et les infâmes se mêlent et se confondent dans un seul mot, mot fatal, les misérables (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.884).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1740: -se-; dep. 1762: -sé-. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. «qui apporte le mal, qui blesse (en parlant d'une lance)» (Prise Orange, AB, éd. Cl. Régnier, 1052); 2. 1336 «qui est malheureux» (Reg. criminel de St-Martin-des-Champs, éd. C. L. Tanon, p.60); 1549 subst. masc. «celui qui est dans le malheur» (EST.); 3. mil. XVe s. «qui est dans la misère, qui manque de ressources» (A. CHARTIER, Le Curïal ds BARTSCH Chrestomathie, 90c, 18); 1616 subst. masc. «personne sans ressources» (CRESPIN d'apr. FEW t.6, 2, p.168a); 4. a) 1550 «avare» (B. DE LA GRISE, trad. de GUEVARA, L'Orloge des princes ds HUG.); 1560 «vil, méprisable (personne, chose)» (Bible Rebul 4 Eccl 15, 47 ds FEW t.6, 2, p.168a); b)subst. fém. 1638 «personne très malhonnête» (ROTROU, Antig., IV, 2 ds LITTRÉ); 1718 «femme de mauvaise conduite» (Ac.); subst. masc. 1655 «personne qui n'a aucun mérite» (MOLIÈRE, L'Estourdy, I,2); 1798 grand misérable «homme très malhonnête» (Ac.); id. petit misérable «enfant ou jeune homme vicieux» (ibid.). Empr. au lat. miserabilis «touchant, triste, déplorable», dér. de miserari «avoir compassion, pitié de». Fréq. abs. littér.:5448. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 7499, b) 10431; XXe s.: a) 9810, b) 5279. Bbg. DUB. Dér. 1962, p.344. — MACK. t.2 1939, p.100. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.268.

misérable [mizeʀabl] adj.
ÉTYM. 1336; lat. miserabilis.
1 (Déb. XVIe). En général placé avant le nom. Qui inspire ou mérite d'inspirer la pitié; qui est dans le malheur, la misère. Déplorable, déshérité, lamentable, malheureux, pitoyable (→ Accoutumer, cit. 2; appréhender, cit. 8). || Misérables esclaves. || Misérables forçats (cit. 1).
1 Misérable vengeur d'une juste querelle,
Et malheureux objet d'une injuste rigueur.
Corneille, le Cid, I, 6.
2 Ah, pauvre Seigneur Sganarelle !… Ah, misérable père ! que feras-tu, quand tu sauras cette nouvelle ?
Molière, l'Amour médecin, I, 6.
3 Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.
Racine, Phèdre, I, 3.
4 Le plus heureux est celui qui souffre le moins de peines; le plus misérable est celui qui sent le moins de plaisirs.
Rousseau, Émile, II.
REM. Même dans cette acception, misérable a souvent une nuance péjorative que ne comporte pas malheureux.
5 Misérables que nous sommes,
Où s'égaraient nos esprits ? (Cantiques spirituels, II).
Infortunés m'était venu le premier; mais le mot de misérables, que j'ai employé dans Phèdre, à qui je l'ai mis dans la bouche, et que l'on a trouvé assez bien, m'a paru avoir de la force en le mettant aussi dans la bouche des réprouvés, qui s'humilient et se condamnent eux-mêmes.
Racine, Lettres, 131, 3 oct. 1694.
(Dans un sens moral et métaphysique). À la fois faible et malheureux. Misère. || L'homme, pour Pascal, est à la fois misérable et grand. || L'homme (cit. 50, Montaigne), « misérable et chétive créature ».
6 Le seul qui connaît la nature ne la connaîtra-t-il que pour être misérable ? le seul qui la connaît sera-t-il le seul malheureux ?
Pascal, Pensées, VIII, 556.
→ aussi Argument, cit. 2; connaître, cit. 36; importer, cit. 7; impuissant, cit. 1; indigne, cit. 11.
(En parlant des choses). Triste, pénible. || Misérable vie, misérable existence (→ Vie de chien). || La condition misérable du travailleur (→ Chair, cit. 15). || Misérable sort (→ 1. Goûter, cit. 5). || Faire une fin misérable. Triste; funeste, regrettable. || Jours misérables. Mauvais.
7 Et je suis ici terré dans une attente misérable.
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, III, XIV.
Subst. || Un, une misérable : personne malheureuse. || Les misérables et les heureux (→ Foi, cit. 34). || La misérable s'épuisait à frotter (cit. 4).
8 Oh ! le plus malheureux de tous les misérables !
Molière, l'Étourdi, IV, 6.
9 (…) parler de son bonheur devant des misérables : cette conversation est trop forte pour eux (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 23.
2 (Après ou avant le nom). Qui est dans une extrême pauvreté ( Misère, 4.); qui est au bas de l'échelle sociale. Besogneux, indigent, pauvre; marmiteux (vx); et fam., minable, miteux (→ Crasseux, cit. 2; franchise, cit. 3; luxe, cit. 4). || Selon que vous serez puissant ou misérable (→ Blanc, cit. 12, La Fontaine). || Riche ou misérable (→ Inquiéter, cit. 15).
(En parlant des choses). || Pays, région misérable. || Vallée misérable, très pauvre (→ Arroser, cit. 4). || Récolte misérable. Chétif.Logement misérable. Bouge. || Une misérable chambre d'hôtel (→ Étudiant, cit. 6). || Vêtements misérables. Guenille.
10 Ils s'arrêtèrent dans la plus misérable des auberges. On leur dressa deux lits de sangle dans une chambre fermée de cloisons entr'ouvertes de tous les côtés.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 510.
11 Lisez les voyageurs étrangers des deux derniers siècles, vous les voyez stupéfaits, en traversant nos campagnes, de leur misérable apparence, de la tristesse, du désert, de l'horreur, de la pauvreté, des sombres chaumières nues et vides, du maigre peuple en haillons.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Introd., II, II.
Subst. || Un, une misérable. Claquedent, croquant, diable (pauvre), gueux, hère, miséreux, paria, pouilleux, purotin, traîne-misère, va-nu-pieds (→ Fouiller, cit. 14). || Des misérables déguenillés, affamés. || Les misérables et les riches, et les nantis.Allus. littér. || Les Misérables, roman de Hugo (1862).
12 Les Misérables sont donc un livre de charité (…) un plaidoyer pour les misérables (ceux qui souffrent de la misère et que la misère déshonore)
Baudelaire, l'Art romantique, XXV, IV.
13 (…) le roman (Les Misérables) met en action des personnages qui correspondent aux divers sens de son titre, « misérable » signifiant, suivant les cas, pauvre, malheureux ou méprisable.
M. Allem, Introd., in Hugo, les Misérables, Pl., p. VII.
3 (Souvent avant le nom). Qui inspire le mépris; qui est sans valeur, sans mérite. Insignifiant, méprisable, piètre. || Un misérable barbouilleur de rien du tout.Métiers misérables (→ Art, cit. 57). || Misérables querelles, misérables occupations (→ Éreinter, cit. 5; humanité, cit. 4). || Misérables soucis (→ Beau, cit. 102). || Misérables sentiments (→ Incapable, cit. 7). || Expédient misérable (→ 2. Expédient, cit. 12).(Attribut). || La parole est misérable quand on veut exprimer… (→ Insignifiant, cit. 2).
14 (…) me servir de deux ou trois misérables pensées qui ont été tournées et retournées tant de fois, qu'elles sont usées de tous les côtés.
Molière, Amphitryon, Épître.
15 Lucrèce était un misérable physicien, et il avait cela de commun avec toute l'antiquité.
Voltaire, Dict. philosophique, Poètes.
16 — Ah ! tiens ! l'émeute ! disait Frédéric avec une pitié dédaigneuse, toute cette agitation lui apparaissant misérable à côté de leur amour et de la nature éternelle.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
Spécialt. Malheureux, méchant, pauvre. || Tant d'histoires, pour un misérable billet de dix francs !
17 (…) il ne faut que deux doigts d'un misérable fer
Dans le corps, pour vous mettre un humain dans la bière.
Molière, le Dépit amoureux, V, 1.
4 Vieilli. Dont la conduite mérite l'indignation, le mépris (au sens fort). || Il faut être bien misérable pour faire une telle action (Académie). Honteux, malhonnête, méprisable, mesquin.Une misérable lâcheté.
Nom. Malheureux; coquin(→ Bassesse, cit. 14; dénaturer, cit. 10; fier, cit. 27; gâter, cit. 35; grève, cit. 6; gril, cit. 4). || C'est un misérable. || Un tas de misérables (→ Jouet, cit. 4). || Misérable, qu'as-tu fait ? || Ah, le misérable !
18 (…) elle le désigne (son fils) du doigt au patron : « Voyez ce misérable qui m'a ruinée. »
M. Jouhandeau, Chaminadour, II, I, « Le pardessus ».
(Plais.). || Ah, petit misérable ! Bandit.
CONTR. Heureux. — Opulent, riche. — Admirable. — Abondant, important, remarquable.
DÉR. Misérabilisme, misérabiliste, misérablement.

Encyclopédie Universelle. 2012.