nos → notre
● notre, nos adjectif possessif (latin noster) Correspond à " de nous ", complément de nom (possession, appartenance, relation, origine, etc.) : Notre maison. Nos gloires nationales. Familier. Indique la personne ou la chose dont il s'agit avec une valeur affective ou ironique : Voici notre homme. ● notre, nos (difficultés) adjectif possessif (latin noster) Orthographe 1. Notre, adjectif possessif, s'écrit sans accent sur le o quand il est employé comme épithète : notre maison est là ; voici notre maison. - Plur. : nos (nos maisons sont là, voici nos maisons). 2. Nôtre, adjectif possessif, s'écrit avec un accent circonflexe sur le o quand il est employé comme attribut : nous faisons nôtre votre suggestion ; cette idée est nôtre. - Plur. : nôtres (nous faisons nôtres vos suggestions ; ces idées sont nôtres). 3. Le nôtre, la nôtre, les nôtres, pronom possessif, s'écrit avec un accent circonflexe sur le o : cette maison est la nôtre. 4. Le nôtre, nom masculin, s'écrit avec un accent circonflexe sur le o : nous y avons mis du nôtre (= nous avons fait des efforts) ; les nôtres (= ceux qui sont proches de nous, notre famille, notre groupe). ● notre, nos (homonymes) adjectif possessif (latin noster) nos nô nom masculin
notre plur. nos
adj. poss. de la 1re pers. du Plur.
d1./d Qui nous appartient ou se rapporte à nous. Notre chien. Notre père. Notre pays.
d2./d Employé à la place de mon, ma ou mes (Plur. de majesté ou de modestie). Il est de notre devoir, en tant qu'auteur de cet ouvrage...
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nos
adj. poss. V. notre.
⇒NOTRE, NOS, adj. poss.
Adjectif possessif de la première personne du pluriel, des deux genres, de forme atone, correspondant au pronom personnel nous, exprimant l'appartenance, la possession, la référence à nous, indiquant qu'il y a plusieurs «possesseurs», dont le locuteur, par opposition à mon, ma, mes (indiquant qu'il n'y a qu'un «possesseur»); lorsqu'il y a un seul élément (être ou chose) «possédé», il prend la forme notre; lorsqu'il y a plusieurs éléments «possédés», il prend la forme nos.
I. —Valeurs sém.
A. —Valeurs de «possession» (rapport de possession ou rapport personnel référant à nous). Qui est à nous, qui nous appartient, qui nous concerne.
1. [Représentant deux ou plusieurs pers., dont le locuteur]
a) Notre, nos + subst. désignant une pers., pour exprimer une relation familiale (parenté) ou sociale (vie sociale, amitiés, relations de travail, de voisinage, etc.). Notre père, notre mère, nos parents, nos enfants, nos neveux et nièces; notre directeur, nos employés, notre jardinier, nos voisins, nos clients, nos domestiques, nos invités. Un matin Dream est convoqué chez notre grand patron, le phraseur (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.90). Notre petite va faire sa Première Communion de jeudi en quinze (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p.179):
• 1. Pour nous, modestes chercheurs, pour nous, débutants qui, hier encore, vivions dans le rayonnement des maîtres, notre garçon de laboratoire, c'est beaucoup mieux qu'un serviteur: c'est l'égal d'un secrétaire, c'est un ami, c'est un témoin...
DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p.68.
— [En s'adressant à qqn] À notre cher défunt, regretté...; à nos chers amis, auditeurs, lecteurs. Des petits cadres noirs, des couronnes de verre, Ayant trois mots gravés en or: «À notre mère!» (RIMBAUD, Poés., 1871, p.38).
b) Notre, nos + subst. désignant une chose concr. ou abstr., pour exprimer l'appartenance à des pers. physiques ou morales, ou une appropriation plus large. Notre maison, notre jardin, notre nouvel appartement, notre voiture; notre mariage, notre lune de miel, notre voyage de noces; nos peines et nos joies, notre espérance, nos projets, le cadet de nos soucis; de notre côté, pour notre part, à notre insu. Vous et moi avons fait notre devoir (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p.98):
• 2. [Les religieuses] ne disent de rien ma ni mon. Elles n'ont rien à elles et ne doivent tenir à rien. Elles disent de toute chose notre [it. ds le texte]; ainsi: notre voile, notre chapelet; si elles parlaient de leur chemise, elles diraient notre [it. ds le texte] chemise.
HUGO, Misér., t.1, 1862, p.580.
♦Notre, nos + adj. au compar., pour former un adj. au superl. rel. Nos moindres soucis, nos plus chers désirs, notre meilleur ami; de notre mieux. Serviteurs, apportez-nous un pot de notre meilleur Cray Billon pour ces gentilshommes! (CLAUDEL, Raviss. Scapin, 1952, p.1315).
— [Avec les subst. d'action, indique un rapport de personne référant à nous et renvoie]
♦[aux agents de l'action] Notre voyage (= le fait que nous voyagions), notre arrivée, notre départ, notre retour. Marie ne voulait pas parler, mais devant l'insistance du procureur, elle a dit notre bain, notre sortie au cinéma et notre rentrée chez moi (CAMUS, Étranger, 1942, p.1190).
♦[aux patients de l'action] Notre récompense (= le fait que nous soyons récompensés); à notre aide, à notre service; nos lecteurs, nos représentants, nos juges, nos persécuteurs. C'est Mademoiselle qui est venue si vite à notre secours?... Je vous remercie (BALZAC, Annette, t.1, 1824, p.109).
2. [Représentant un groupe soc. plus large, une collectivité (groupe ling., socio-culturel, territorial, etc.)] Notre association, notre société; notre bonne ville; pour des raisons indépendantes de notre volonté. C'est Noël, aujourd'hui; Noël est notre fête, À nous, enfants (VIGNY, Destinées, 1863, p.94).
— En partic. Du pays auquel nous appartenons. Notre patrie, notre langue, notre nationalité, notre armée, notre marine, notre gouvernement, notre Président, nos ministres:
• 3. Il y a dans un spectacle comme celui du théâtre Balinais quelque chose qui supprime l'amusement, ce côté de jeu artificiel inutile, de jeu d'un soir qui est la caractéristique de notre théâtre à nous.
ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p.72.
3. [Représentant la généralité des hommes, l'espèce hum. en gén., l'humanité] Qui est le nôtre, auquel nous appartenons en tant qu'hommes. Notre âme, notre corps, notre coeur, notre conscience, notre esprit, notre organisme; notre monde, notre planète; notre époque, notre siècle, notre temps; nos actes. Il en est de notre vie comme de notre globe: notre enfance est son premier pôle, et notre vieillesse en est le dernier; c'est sur eux que roulent toutes les harmonies de notre vie (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.134). La vie est courte et l'art long! Et puis, à quoi bon? N'importe, «il faut cultiver notre jardin» (FLAUB., Corresp., 1859, p.349). L'immortalité de l'âme de notre béatitude future (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p.177).
— RELIG. Notre Père qui es/êtes au cieux (prière du Pater des chrétiens); Notre-Seigneur, Notre-Sauveur Jésus-Christ. Louange à Notre-Père, (Amour à Notre-Mère), Et gloire à Jésus-Christ (NOUVEAU, Valentines, 1886, p.246). Marie voulait s'appliquer à Jésus-Christ Notre Sauveur de toutes les forces de son âme (JOUVE, Scène capit., 1935, p.20).
♦Notre-Dame et v. dame1 I A 1 b .
4. [Par syllepse de la pers., à la place de mon, ma, mes]
a) [Représentant une seule pers. qui parle en son nom propre]
— Plur. de majesté ou plur. officiel. [Correspondant au nous de majesté; dans le lang. officiel de personnalités, de dignitaires ecclésiastiques, d'autorités administratives dans l'exercice de leur fonction (souverains, papes, évêques, ministres, maires de communes, etc., dans leurs discours ou leurs écrits officiels)] Tel est notre bon plaisir; à nos bien-aimés fils les archevêques et évêques: notre bénédiction apostolique; notre attention a été attirée sur un cas grave. Notre Conseil d'Etat entendu, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit (Ac. 1835). Le Roi d'Espagne: La Reine de Castille, notre épouse et associée, s'intéresse à lui (CLAUDEL, Chr. Colomb, 1929, 2e part., p.1173). V. nous I A 4 a ex. de De Gaulle:
• 4. CATHERINE: (...) Vous-même avez tiré l'horoscope de ce mois de juillet, et le résultat de vos calculs a été qu'aucun malheur réel ne menaçait notre personne, ni celle de notre auguste fils...
DUMAS père, Henri III, 1829, I, 1, p.120.
— Plur. de modestie. [Correspondant au nous de modestie, notamment chez les écrivains dans leurs ouvrages, dans leurs préfaces] Notre but, notre intention, notre propos est de...; notre analyse, notre exposé; à notre avis. Nous avons distingué dans notre premier chapitre trois problèmes particulièrement significatifs pour la philosophie de la culture (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p.81). Comme nous l'avons dit dans notre introduction (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p.146).
— [Dans la bouche ou la pensée d'une pers. se parlant à elle-même] Ayons au moins la gloire de notre infamie, se dit-il en se raffermissant sur ses jambes (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.266).
b) [Dans la lang. jur. ou admin., désigne le mandataire qui parle au nom de qqn (avocat, notaire, etc.)] Notre dot à nous, est la terre de Loustrac (...). Ces propriétés, dont les titres sont chez moi, proviennent de la succession de nos père et mère, excepté la maison de Paris, laquelle est un de nos acquêts (...). —Qu'apportez-vous (...)? —Nos droits, dit Solonet (BALZAC, Contrat mar., 1835, p.246).
B. —Valeurs styl., hypocoristiques
1. Fam. [Pour marquer l'affection, la sympathie personnelle à l'égard de qqn, ou des nuances très diverses, de la camaraderie au mépris, à l'ironie] (La personne) à laquelle je m'intéresse personnellement, aux intérêts, aux soucis, à la santé de laquelle je prends part. Notre Pierre a été bien fatigué; comment va notre malade? notre gaillard, nos lascars, nos bougres. Bonjour, mon fiston (...). Comment va notre petite santé? (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p.71). La Marquise: Eh bien! déjà partis, nos messieurs? (MÉRIMÉE, Deux hérit., 1853, p.67). Kate apprivoise notre sauvage (...). Je n'en ai jamais tant obtenu (NIZAN, Conspir., 1938, p.125).
2. [Pour marquer une valeur d'habitude ou la convenance] Qui nous est habituel ou qui nous convient. À notre heure, à nos heures; nos petites habitudes; ce n'est pas notre genre:
• 5. —Vous êtes ici en vacances, on me l'a dit. Je vous ai vu plusieurs fois assistant à notre partie de bridge qui est devenue un besoin pour la plupart d'entre nous.
SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.53.
— [Appliqué à un objet que l'on s'est pour ainsi dire approprié par son travail, par son étude] Nos petites économies; nous savons nos auteurs, nous connaissons nos classiques; nous gagnons nos x francs par mois. Nous travaillons nos huit heures par jour (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.693).
3. [Pour marquer l'intérêt supposé commun au sujet parlant (auteur, narrateur, récitant) et à l'interlocuteur ou une sympathie à l'égard du personnage principal du récit] Dont il s'agit, dont il est question, dont nous parlons. Notre héros donc... Notre bretteur était là depuis quelques minutes quand la porte du cabaret s'entr'ouvrit (GAUTIER, Fracasse, 1863p.316). «Il y a du lion dans l'air, par ici», se dit notre homme, et il renifla fortement de droite et de gauche (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.125).
4. Vx, pop. et région. [Devant un appellatif, pour marquer le respect envers un supérieur hiérarchique, p. ex. des serviteurs s'adressant à leurs maîtres; parfois p. iron.] Notre petite dame, notre femme. — Et que fait-il, ce garde du commerce? —Not'maître, il conduit les gens en prison (JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.67). Stéphanette: C'est donc vrai, berger, que vous êtes sorciers, vous autres? Le berger: Nullement, notre demoiselle (A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p.47).
C. —Valeurs collective et distributive
1. [Choix entre notre ou nos]
a) [Si chaque possesseur ne possède qu'un seul être ou objet, on emploie]
) [notre si on veut insister sur l'individualité des possesseurs] Amis, prenons tous notre verre: Le Sénat s'assemble aujourd'hui (BÉRANGER, Chans., t.2, 1829, p.27).
) [nos si on veut insister sur la pluralité des éléments possédés par le groupe] Nous dansons vers nos chapeaux, et en me regardant dans la glace pour coiffer le mien je chipe une bougie (COLETTE, Cl. école, 1900, p.215).
b) [Notre reste au sing. devant un subst. abstr.] Notre enfance. Voulons-nous continuer notre marche, commandant? (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p.59).
c) [Même si un seul élément est «possédé», le plur. nos prévaut si la phrase indique]
) [une idée de réciprocité] Nous nous embrassons, Rostand et moi, malgré nos chapeaux (RENARD, Journal, 1897, p.451).
) [une idée de jonction] Ta poitrine sur ma poitrine, Mêlant nos voix, Lents, nous gagnerions la ravine (RIMBAUD, Poés., 1871, p.65).
) [une idée de compar.] Faisant abstraction de la différence de nos natures, je me surpris à le regarder avec quelque envie (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.106). Elle ne tenait pas assez de compte du degré de génération qui nous séparait et de la distance énorme de nos âges (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.285).
2. [Choix entre notre/nos, votre/vos et son/sa/ses]
a) [Après on ou un suj. indéterminé ou impers., on emploie]
) [notre, nos si le locuteur s'inclut dans le groupe] Nous, on l'a eu, notre armistice, on l'a depuis bientôt deux mois (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.16). On est encore ensemble, Azarius. On a encore not' force, not' santé. Qu'est-ce que tu veux qui nous arrive de pire? (ROY, Bonheur occas., 1945, p.346).
) [votre, vos ou son, sa, ses si le locuteur s'efface et ne s'inclut pas dans le groupe] V. son/sa/ses.
b) [Après chacun reprenant le pron. pers. nous, on emploie]
) [notre, nos] V. chacun I A 3 a, leur1. L'usage ordinaire est de mettre notre, votre si chaque possesseur a un seul être ou objet et nos, vos si chaque possesseur a plusieurs êtres ou objets (GREV. 1975, § 428 a).
) [Exception] Nous gagnâmes chacun nos places (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.116). Voir GREV. 1975, §428 a, note 3.
II. —Fonctionnement syntaxique
Rem. Notre, nos est toujours antéposé au subst. qu'il détermine.
A. —Répétition
1. [Elle se fait normalement, notamment]
a) [devant des subst. coordonnés désignant des êtres ou des pers. de catégories différentes] Nos enfants et nos cousins.
b) [devant des adj. qualifiant des subst. désignant des êtres (ou des choses) différents ou bien des adj. ou des subst. exprimant des qualités opposées] Nos grands et nos petits côtés. Nous avons tous nos défauts et nos qualités (BALZAC, Lys, 1836, p.89).
2. a) [La non-répétition a lieu dans les mêmes cas que pour les autres adj. poss.] V. leur2/leurs.
b) En partic.
— [Lorsque les subst. coordonnés représentent la même pers. ou la même chose] Notre maître et seigneur; notre oncle et parrain. Les Mémoires de notre vieil aventurier et médecin qui s'était improvisé auteur pour finir sa vie en paix (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.16).
♦[Avec des subst. formant groupe] Nos père et mère; en notre âme et conscience; nos amis et connaissances.
— [Avec des adj. voisins de sens ou exprimant des qualités compatibles entre elles] Notre brave et fidèle serviteur. Notre seul et légitime souverain (SCRIBE, Bertrand, 1833, IV, 12, p.211).
Rem. Cependant, pour marquer l'insistance, on peut répéter. La présomption de cet écolier tragique, qui s'avise de vouloir faire parler les Romains après notre grand, notre sublime Corneille (JOUY, Hermite, t.2, 1812, p.7).
B. —Renforcement de notre, nos
1. [Par seul, propre (sens réfl.)] Notre propre image. Non seulement nous n'avons plus le respect de l'écriture des autres, mais même de notre propre écriture (GIDE, Journal, 1905, p.192).
2. [Par un compl. précisant l'identité ou le nombre: à nous, à nous deux, à tous, à lui (eux, elles, etc.) et à moi, etc.] Nos parents, à Julien et à moi, donnaient deux sous à chacun, ces jours de sortie (GIDE, Si le grain, 1924, p.403). Mon idée! N'exagère rien. C'est notre idée à tous (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.11).
Prononc. et Orth.: [] devant voyelle et h non aspiré: notre oncle, notre habit []...; [] devant consonne et h aspiré: notre mère, notre hache []... Pop. not' (SAND, Hist. vie, t.4, 1855: not'dame et CLAUDEL, J. d'Arc, 1939, p.1224: not'roi). Ac. 1694 et 1718: nostre; dep. 1740: notre; dep. 1835: nos. Étymol. et Hist. Art. et adj. poss. I. Masc. A. Cas régime sing. nostre 1. 842 art. poss. (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, p.2, 3: Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament); fin Xe s. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 80: Per mals conselz van demandan Nostre sennior cum tradissant; 142: Vers nostre don son aproismad); ca 1190 no dial. (Floovant, éd. F.H. Bateson, 733); ca 1228 id. pic. (GERBERT DE MONTREUIL, Violette, éd. D.L. Buffum, 1372); 2. adj. poss. a) ca 1100 associé à l'art. dém. [indique ici la proximité d'intérêt] (Roland, éd. J. Bédier, 2583: Cest nostre rei por quei lessas cunfundre?); ca 1223 associé à l'art. indéf. (GAUTIER DE COINCI, Miracles, éd. V. F. Koenig, 2 Mir 9, 1114: Un nostre enfant noz norrirez); b) ca 1140 réfère à l'art. déf., en l'absence d'un subst. non répété: emploi dit de ,,pron. poss.`` (l'art. fonctionne comme un pron., qualifié par le poss., v. G. MOIGNET, Gramm. de l'a. fr., p.121) (Pèlerinage de Charlemagne, éd. G. Favati, 820: Ma dame la reïne, ele dist mult que fole, Que mesprisat barnet si ben cumme le [ms. la] nostre!). B. Cas suj. sing. nostre 1. adj. poss. a) fin Xe s. associé à l'art. déf. (Passion, 417: Lo nostrae seindrae en eps cel di Veduz furae veiades cinc); ca 1100 (Roland, 1444); b) ca 1100 assume la fonction d'attribut (Id. 922: Se lui servez [Mahomet], l'onur del camp ert nostre; 1211: Ferez i, Francs, nostre est li premers colps!); ca 1340 nos dial. pic. (Bastard de Bouillon, 5704 ds T.-L.); c) fin XIIIe s. associé à l'art. dém.; emploi de ,,pron. dém.`` [indique ici la proximité d'intérêt] (St Julien, 716, ibid.: Ainc ne sot tant dire cist nostres Ne li autre qu'i vaille un gant); 2. ca 1100 art. poss. (Roland, 1: Carles li reis, nostre emperere magnes); fin XIIe s. nos région du Nord-Est (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer, 2231); 1er quart XIIIe s. id. pic. (RENCLUS DE MOLLIENS, Carité, 102, 2 ds T.-L.); ca 1228 id. pic. (GERBERT DE MONTREUIL, op. cit., 1545), cf. 1521 FABRI, Rhétor., L. II, p.132 ds HUG.: En picart, l'en a coustume de dire ,,no maistre`` pour ,,nostre maistre``. C. Cas régime plur. 1. adj. poss. fin Xe s. associé à l'art. déf., emploi de ,,pron. poss.`` los nostres (Passion, 10: Peccad negun unque non fiz, Per eps los nostres fu aucis); 2. art. poss. noz ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 618: De noz pechez sumes si ancumbrez); ca 1100 (Roland, 2148). D. Cas suj. plur. 1. art. poss. a)ca 1050 nostra (St Alexis, 12: Nostra anceisur ourent cristïentét); 1100 nostre indique ici la proximité d'intérêt (Roland, 1255: Nostre Franceis n'unt talent de fuïr); id. noz (Id., 2178; 2484); b) ca 1190 associé à un adj. indéf. (Floovant, 686: Tuit nostre home le servent); 2. adj. poss. ca 1100 nostre associé à l'art. dém. (Roland, 2715: Cist nostre deu sunt en recreantise). II. Fém. A. Cas suj. sing. 1. art. poss. fin Xe s. nostra (Passion, 14: Cum aproismed sa passïuns —cho fu nostra redemptïons —...); ca 1100 (Roland, 1713: ...«Forz est nostre bataille»); 1190-1200 (CONON DE BÉTHUNE, Chansons, éd. A. Wallensköld, IV, 3, 8, p.226); 2. adj. poss. associé à l'art. déf. ca 1165 (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 18397 ds T.-L.: la nostre gent). B. Cas régime sing. 1. art. poss. ca 1100 nostre (Roland, 804: «Pernez mil Francs de France, nostre tere»); fin XIIe s. no région du Nord-Est (Raoul de Cambrai, 2004); 1er quart XIIIe s. id. pic. (RENCLUS DE MOLLIENS, Miserere, 148, 11 ds T.-L.); 2. adj. poss. associé à l'art. déf. nostre ca 1100 (Roland, 189: Si recevrat la nostre lei plus salve; 374: ... en la nostre marche); ca 1190 emploi de ,,pron. poss.`` attribut (Floovant, 653: La loi de Mäonmot la nostre ne vaudrai). C. Cas régime plur. noz 1. art. poss. fin Xe s. (Passion, 503: Fraindre devem noz voluntez); ca 1100 (Roland, 42:... de noz muillers); 2. adj. poss. ca 1165 associé à l'art. déf. les noz genz (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 10520 ds T.-L.); ca 1210 emploi de ,,pron. poss.``, forme anal. des noes [batalles] pic. (ROBERT DE CLARI, Constantinople, éd. Ph. Lauer, XLVII, p.49, 75). D. Cas suj. plur. noz 1. art. poss. ca 1100 (Roland, 949: Noz espees sunt bones e tranchant); 2. ca 1210 pic. adj. poss. associé à l'art. déf., forme anal. les noes batailles (ROBERT DE CLARI, op. cit., XLVIII, p.50, 14). III. Emploi subst. A. Plur. 1. cas suj. ca 1100 li nostre désigne ceux d'un même camp, les défenseurs d'une même cause (Roland, 1628: Mult decheent li nostre!); 2. cas régime ca 1100 les noz (Id., 1191; 1951); ca 1275 les nostres (ADENET LE ROI, Beuve de Conmarchis, éd. A. Henry, 1590). B.Sing. «notre bien, ce qui nous appartient» ca 1120-50 (Grant mal fist Adam, I, 110 ds T.-L.: Le nostre doner). IV. Représentant une seule personne, correspond à nous ,,de majesté`` 1241, v. nous II C. Le poss. nostre, art. [atone] et adj. [tonique] est issu du lat. . Le paradigme type de l'a. fr. est le suivant: masc. sing., cas suj., cas régime [formes atones, formes toniques] nostre (< noster; nostru); masc. plur., cas suj. [atone, tonique] nostre (< nostri); fém. sing., cas suj., cas régime [id.] nostre (< nostra); masc. et fém. plur., cas régime [forme tonique] nostres (< nostros; nostras), [forme atone] noz; cette dernière forme représente prob. le masc. avec, en position proclitique, chute du r dans le groupe de quatre consonnes constitué par la chute du o final et aboutissement de nosts à noz. À partir de noz, s'est peu à peu constitué un paradigme de l'art. poss. (masc. sing. cas suj. nos, régime no; plur. cas suj. no, régime nos; fém. sing. no, plur. nos) en usage notamment dans le domaine pic. où il est même employé en position tonique (G. MOIGNET, op. cit., pp.40-42; GOSSEN, §68; FEW t.7, p.195b, note1; v. aussi FOUCHÉ, pp.169-170). Le lat. noster exprime l'appartenance, le possesseur étant l'ensemble des personnes indiquées par nous; il peut être employé comme attribut et faire fonction de pron.; dès l'époque class., il peut indiquer un rapport de proximité d'intérêt: noster Ennius (CICÉRON, Pro Archia, 22); hic noster «cet orateur, dont nous parlons» (ID., Orator, 99); nostri «les nôtres (compatriotes, soldats, amis...)»; d'une pers. noster est «il est avec nous, dans notre camp» (ID., Ad Quintum, 1, 1, 10); noster, subst., désignation familière du maître par les esclaves: HORACE, Satires, II, 6, 48 désigne dans ce cont. Horace lui-même. Au Moy. Âge, noster, utilisé par une autorité, exprime le plur. dit ,,de majesté`` (IXe s. autorité eccl., autorité civile ds Nov. gloss.). Fréq. abs. littér. Notre: 63859. Nos: 53913. Fréq. rel. littér. Notre: XIXe s.: a) 91683, b) 77416; XXes.: a) 84590, b) 101002. Nos: XIXe s.: a) 104600, b) 62563; XXe s.: a) 63817, b) 69124.
ÉTYM. 842 (Serments de Strasbourg), nostro; nostre, 1080, Chanson de Roland; du lat. noster.
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♦ Adjectif possessif de la première personne du pluriel et des deux genres, correspondant au pronom personnel Nous.
REM. 1. (Fonction). Notre (nos) se rapporte normalement à plusieurs personnes; d'où son nom de possessif de la pluralité ou « pluripossessif » (Damourette et Pichon).
2. (Sens). Notre (nos) peut exprimer, outre la possession proprement dite, des rapports de toute sorte. ⇒ Mon (rem. 3).
4. (Répétition). Devant deux substantifs coordonnés, notre (nos) est généralement répété. ⇒ Mon (rem. 6).
1 Nos grasses abbayes, nos villes et villages, nos serfs, nos prairies et nos moulins, nos bois et nos étangs, nos justices et nos juridictions, nous ont été sans cesse disputés par de puissants ennemis (…)
France, M. Bergeret à Paris, XXV, Œ., t. XII, p. 520.
2 Notre humaniste, médecin, théologien, jurisconsulte, diplomate, consumait plus d'huile que de vin.
(cité par Sandfeld).
5. Notre (nos), suivi d'un adjectif au comparatif, forme un superlatif. Nos plus grands plaisirs. Nos moindres désirs.
6. Notre (nos) renforcé par un nom propre ou un pronom. Notre avis à nous. Nos idées à tous.
3 — Il n'y a pas deux partis à prendre, — nous dit M. Jacques, et c'était à tous notre avis.
Barbey d'Aurevilly, le Chevalier des Touches, VII.
4 Notre déconvenue à l'un et à l'autre fut grande (…)
France, le Petit Pierre, XXI.
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1 (Représentant deux ou plusieurs personnes, dont le locuteur). || La maçonnerie (cit. 1) de notre maison. || J'ai bien élevé nos enfants (→ Main, cit. 73). || Depuis notre départ. || Notre marché (cit. 19).
5 Elles (les religieuses) ne disent de rien ma ni mon. Elles n'ont rien à elles et ne doivent tenir à rien. Elles disent de toute chose notre; ainsi : notre voile, notre chapelet; si elles parlaient de leur chemise, elles diraient notre chemise.
Hugo, les Misérables, II, VI, II.
6 Les yeux noirs de Françoise s'allumèrent. Elle était très pâle, elle bégaya, révoltée : — Ta vache, ta vache… Tu pourrais bien dire notre vache. — Comment, notre vache ? une vache à toi, gamine ! — Oui, la moitié de tout ce qui est ici est à moi, j'ai le droit d'en prendre et d'en abîmer la moitié, si ça m'amuse !
Zola, la Terre, II, III.
2 (Représentant un groupe de personnes, les habitants d'une même ville, d'un même pays…). || Notre bonne ville. || La manœuvre (cit. 6) de notre régiment. || Notre langue et nos belles-lettres (cit. 34). || « Gloire à notre France éternelle ! » (→ Fort, cit. 80, Hugo). || Notre civilisation (→ Lien, cit. 1).
3 (Représentant la généralité des hommes). || Notre vie… : la vie humaine. || Notre être (→ Modeler, cit. 6). || Notre esprit (→ Authentique, cit. 16). || Notre tempérament, notre caractère… (→ Maître, cit. 31). || « Notre Père, qui êtes aux cieux, donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien… » (prière). || Notre-Dame. || Notre-Seigneur. || « Notre ennemi, c'est notre maître » (cit. 5, La Fontaine).
7 Or, notre pauvre monde ressemble au vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d'ulcères.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 20.
REM. 1. Choix entre notre et nos. — Notre (comme votre et leur) reste généralement au singulier devant un nom abstrait. Nous tissons notre destin… comme l'araignée (cit. 7) sa toile. C'est notre inquiétude, c'est notre impatience qui gâte tout… (→ Maladie, cit. 4). — Il se met au pluriel « si la phrase implique l'idée de réciprocité, de comparaison ou de jonction » (Grevisse), ou si chaque possesseur possède plusieurs objets. Il est conforme à nos habitudes d'esprit de considérer comme anormal(e)… la maladie (cit. 1). — Si chaque possesseur ne possède qu'un seul objet, on emploie notre ou nos selon que l'esprit s'attache à l'individualité des personnes ou à la pluralité des substances possédées. Nous nous connaissons depuis notre enfance. Les chevaux de bois, gloire de nos enfances (→ Manège, cit. 3).
8 Allons, messieurs ! un beau mouvement ! Hein ? donnons tous nos démissions.
Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 972.
9 Je me suis battu avec le petit porcher, l'autre jour (…) Après ! — nous avons rentré nos tignasses, lui, sous son chapeau, moi sous ma casquette, et on nous a fait nous taper dans la main.
J. Vallès, l'Enfant, VI, p. 64.
a. Après on ou un sujet indéterminé, « on emploie le possessif notre, nos… (si le locuteur se met dans la collectivité : d'autres + moi), ou votre, vos… (si le locuteur s'efface et ne se met pas dans la collectivité) : On ressent tous les jours que cette violence excite nos désirs (Bossuet)… » (Grevisse, Bon usage, §426 bis).
b. Chacun reprenant le pronom nous, se fait normalement suivre de notre (nos). Nous avons chacun notre point de vue, nos idées. ⇒ Chacun (supra cit. 15); son (sa, ses).
10 (…) nous suivions chacun notre chemin sur la montagne ou sur l'eau (…)
Lamartine, Raphaël, VI.
11 Nous n'avions, nous, qu'une certitude, celle d'être désormais seuls, parfaitement seuls, chacun dans notre angoisse !
É. Estaunié, Solitudes, « M. Champel », IV, p. 105.
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II Emplois stylistiques de notre (nos). ⇒ Nous.
1 Marquant la sympathie personnelle. || Comment va notre malade ? || Nous aimons toujours notre petite femme ? || Comment va notre petite Simone ?
12 — Eh bien, la petite mère, lui dit-il avec son rire cynique (…) comment ça va-t-il depuis notre plongeon ?
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, III, V.
13 (…) il lui tâta le pouls; puis il l'ausculta. — Allons, déclara-t-il enfin, en ce qui touche notre santé, je ne suis pas mécontent (…)
A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, VII, p. 139.
2 Marquant « un intérêt supposé commun au sujet parlant et à l'interlocuteur » (Sandfeld). — REM. Ce tour est particulièrement fréquent dans les récits familiers où le conteur veut prendre le lecteur comme témoin ou complice de l'action. || « Notre laitière ainsi troussée… » (La Fontaine, Fables, VII, 10). || « Voilà nos gens rejoints… » (La Fontaine, Fables, IX, 2). || Notre homme un beau matin (cit. 19)… || Notre malade (cit. 23) imaginaire. || Revenons à nos moutons.
♦ Spécialt. || Notre, nos, employé par un mandataire qui parle au nom de plusieurs personnes auxquelles il s'assimile.
14 Notre dot à nous, dit Mathias (un notaire qui débat une affaire avec un autre), est la terre de Lanstrac (…) Ces propriétés, dont les titres sont chez moi, proviennent de la succession de nos pères et mère, excepté la maison de Paris, laquelle est un de nos acquêts (…) Qu'apportez-vous (…) ? Nos droits, dit Solonet (l'autre notaire).
Balzac, le Contrat de mariage, Pl., t. III, p. 117.
15 C'est donc vrai, berger, que vous êtes sorciers, vous autres ? — Nullement, notre demoiselle.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Les étoiles ».
16 — Hé bien ! ça te va-t-il ? Elle répondit avec une physionomie triste : — Quoi, not' maître ?
Maupassant, la Maison Tellier, « Hist. d'une fille de ferme », III.
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1 Correspondant au nous, dit « de majesté », employé par un souverain, un évêque, un préfet, etc. ⇒ Nous. || Notre présent mandement (cit. 2). || « par crainte de démolir notre monture (cit. 2), nous avons fait tout le chemin à pied, traînant notre cheval par la bride » (dit Ubu). || Tel est notre bon plaisir.
2 Correspondant au nous, dit « de modestie », employé par les auteurs, notamment dans leurs préfaces.
17 Il nous reste à entretenir le lecteur de notre ouvrage, de ce Cromwell (…)
Hugo, Cromwell, Préface.
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HOM. (Du plur.) Nô.
COMP. Notre-Dame. (De nos) Nozigues.
Encyclopédie Universelle. 2012.