obéir [ ɔbeir ] v. tr. ind. <conjug. : 2>
• v. 1112; lat. obœdire
1 ♦ OBÉIR À QQN : se soumettre (à qqn) en se conformant à ce qu'il ordonne ou défend. Enfant qui obéit à ses parents. ⇒ écouter. Obéir à un maître : être, se mettre aux ordres d'un maître. Obéir à une puissance. ⇒ s'inféoder. Se faire obéir des autres. Il a de l'autorité et sait se faire obéir. « Il sera obéi de ses troupes » (Maurois). — Absolt Il faut obéir. ⇒ s'incliner, se soumettre. « Il est toujours facile d'obéir, si l'on rêve de commander » (Sartre). — Obéir sans murmurer, sans broncher. Obéir au doigt et à l'œil.
2 ♦ OBÉIR À QQCH : se conformer, se plier à ce qui est imposé par autrui, ou par soi-même. ⇒ acquiescer (à), déférer (à). Obéir à un ordre, l'exécuter. ⇒ obtempérer. Chien qui obéit à la voix de son maître. — Par ext. Obéir aux lois. ⇒ observer, sacrifier, suivre. Obéir à sa conscience. Obéir à une impulsion. ⇒ céder. Il obéissait à un mouvement, à un sentiment de pitié (cf. Se laisser aller à...). Animal qui obéit à son instinct.
3 ♦ (Choses) Être soumis à (une volonté). Ses jambes fatiguées ne lui obéissaient plus. Les freins n'obéissent plus. ⇒ répondre.
♢ Par ext. Être soumis à (une nécessité, une force, une loi naturelle). Les corps matériels obéissent à la loi de la gravitation.
⊗ CONTR. Commander, diriger, ordonner; désobéir, résister, transgresser, violer.
● obéir verbe transitif indirect (latin oboedire, de audire, écouter) Se soumettre à la volonté de quelqu'un, à un règlement, exécuter un ordre : Obéir à ses parents, à la loi. Céder à une incitation, un sentiment, etc. : Obéir à ses instincts. Répondre au mouvement commandé, fonctionner correctement : Les freins n'obéissent plus. Mes jambes refusent d'obéir. Être soumis à une force, une action, une règle par une nécessité naturelle : Les corps obéissent à la pesanteur. ● obéir (citations) verbe transitif indirect (latin oboedire, de audire, écouter) Louis, vicomte de Bonald château du Monna, près de Millau, 1754-château du Monna, près de Millau, 1840 Académie française, 1816 On ne devrait assembler les hommes qu'à l'église ou sous les armes ; parce que là, ils ne délibèrent point, ils écoutent et obéissent. Pensées sur divers sujets François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 J'ai en moi une impossibilité d'obéir. Mémoires d'outre-tombe Ernest Renan Tréguier 1823-Paris 1892 Celui qui obéit est presque toujours meilleur que celui qui commande. Dialogues et fragments philosophiques, I, Certitudes Lévy Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 S'il faut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir. Du contrat social Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 Il est toujours facile d'obéir, si l'on rêve de commander. Situations I Gallimard Publius Syrus (en Syrie Ier s.) Une femme vertueuse commande à son mari en lui obéissant. Casta ad virum matrona parendo imperat. Sentences, 133 Fray Gabriel Téllez, dit Tirso de Molina Madrid vers 1583-Soria 1648 Savoir obéir est la science la plus parfaite. Que el saber obedecer es la más perfecta ciencia. Esto sí que es negociar, I, 3 ● obéir (difficultés) verbe transitif indirect (latin oboedire, de audire, écouter) Construction Obéir à :obéir à ses chefs, aux ordres. Emploi Obéir peut être employé au passif : elle aime être obéie. Être obéi de ou par ses subordonnés. ● obéir (synonymes) verbe transitif indirect (latin oboedire, de audire, écouter) Se soumettre à la volonté de quelqu'un, à un règlement...
Synonymes :
- écouter
- observer
- obtempérer
- se conformer à
Contraires :
- désobéir
- dicter
- guider
- imposer
- intimer
- ordonner
- piloter
- régenter
- regimber
- se révolter
- sommer
Céder à une incitation, un sentiment, etc.
Synonymes :
- céder
- se plier
- servir
Contraires :
- résister
- s'opposer à
Répondre au mouvement commandé, fonctionner correctement
Synonymes :
- répondre à
- suivre
Être soumis à une force, une action, une règle par...
Synonymes :
- subir
Contraires :
- régir
obéir
v. tr. indir.
d1./d Se soumettre (à qqn), accomplir sa volonté, ses ordres. Obéir à ses chefs.
— (Passif) Vous serez obéi.
|| Par ext. Obéir au règlement.
— Fig. Obéir à la force, à un caprice.
d2./d (Choses) être soumis, sensible (à une action). Les corps obéissent aux lois de la gravitation universelle.
⇒OBÉIR, verbe trans. indir.
I. — Qqn obéit à qqn/qqc.
A. —Qqn obéit à qqn. Se soumettre à quelqu'un, en se conformant à ce qu'il ordonne ou défend.
1. [Le suj. désigne une pers.] Les moyens à employer pour obéir plutôt à Dieu qu'aux hommes (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.118). Où as-tu pris qu'un général en campagne obéissait à un chef d'État? (SARTRE, Diable et Bon Dieu, 1951, I, 1, p.19):
• 1. Il fallait obéir à Dieu, aux parents, aux supérieurs, toute une hiérarchie de respect, en dehors de laquelle l'existence déréglée se gâtait.
ZOLA, Rêve, 1888, p.22.
— [P. méton. du suj.] Est-ce le hasard, ce vent qui me pousse, ou bien ma destinée obéit-elle à une volonté particulière? (MAURIAC, Du côté de chez Proust, 1947, p.143).
— Emploi abs. Obéir en aveugle/aveuglément, en esclave, en soldat; obéir de gré ou de force; obéir à regret; obéir sans conteste, sans discuter, sans mot dire, sans murmurer; obéir par acquit de conscience. Tout homme intelligent est fier de sa qualité d'homme et jaloux de sa liberté. Quand les Russes sauront penser, ils ne voudront plus obéir (ABOUT, Grèce, 1854, p.53):
• 2. ... il est aussi difficile d'apprendre à obéir qu'à commander. Obéir n'est pas se laisser passivement conduire, ainsi qu'un aveugle suit son chien. Une vieille religieuse comme moi ne souhaite rien de plus que mourir dans l'obéissance, mais dans une obéissance active et consciente.
BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 5e tabl., 12, p.1711.
♦Faire obéir. Faire obéir à tout prix ceux qui doivent obéir, tel était son rêve (SAND, Hist. vie, t.3, 1855, p.305).
♦Obéir au doigt et à l'oeil.
— Emploi pronom. réfl., rare. S'obéir sans attendre l'appel du Christ auquel on prétend infliger ses vues! (HUYSMANS, Oblat, t.1, 1903, p.18). Elle erra terriblement dans la grande maison vide de midi, allant de pièce en pièce, traquée par les bruits qu'elle entendait, voulant descendre, se l'ordonnant et ne pouvant s'obéir (MONTHERL., Songe, 1922, p.59).
— Emploi passif. Prendre sur certains êtres le droit d'en être obéi, c'est donner à d'autres celui de vous commander (HUGO, Han d'Isl., 1823, p.49).
2. [P. méton., le suj. désigne une collectivité, un peuple] Église de France, voilà ce qui te menace! (...) l'État te salarie, donc tu dois dépendre de l'État, obéir à l'État (LAMENNAIS ds L'Avenir, 1831, p.220). L'Italie, un jour, sera latine, et le monde obéira à l'Italie (RENAN, Drames philos., Prêtre Nemi, 1885, II, 7, p.562).
— Emploi abs. Faire obéir. Faire obéir les guérillas royalistes disséminées dans la péninsule (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.194).
— Emploi passif. Je sais manier une carabine et me faire obéir d'un bataillon (JANIN, Âne mort, 1829, p.110):
• 3. Le pape est l'autorité vivante. Au sommet de l'humanité, nous voyons en lui l'empreinte du visage du Christ. Si cette autorité n'est pas obéie des peuples chrétiens, quelle autorité tiendra?
MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p.122.
3. [P. anal., le suj. désigne un animal] Je m'étais rapproché pour tâcher de voir à quel guide silencieux obéissaient ces animaux, d'ordinaire si farouchement indociles, car ils paraissaient obéir (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.155).
— [P. méton. du compl. d'obj.] Un champ de Mars ressemble Au cirque où des lions côte à côte vont l'amble, Pour obéir au fouet qui règne en les bravant (SULLY PRUDH., Justice, 1878, p.136). Son troupeau le suivait comme une meute, semblait obéir à son oeil (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Bécasses, 1885, p.208).
— Emploi passif. [P. méton. du suj.] Tu ne saurais me dire exactement les mouvements qui te font obéir de ton cheval (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.841).
B. —Qqn obéit à qqn/qqc. Se conformer, se plier
1. à quelque chose d'extérieur au sujet.
a) [L'obj. désigne un inanimé abstr.: règle, contrainte, usage] Obéir à un ordre, à la mode. Le parlement en Angleterre obéit toujours à l'opinion nationale; et cette opinion ne peut être corrompue dans le sens qu'on attache à ce mot, c'est-à-dire payée (STAËL, Consid. Révol., t.2, 1817, p.407). Qui dispensera le chrétien d'obéir à l'Évangile? (BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.297). Les femmes tu les vois qui obéissent à l'usage dans le choix de leurs parures, lesquelles varient chaque année et là aussi il s'agit d'un langage qui est contrainte (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.738).
— Emploi passif. Partout, dans les abbayes, Dans les forts baissant leurs ponts, Tes volontés obéies Font du mal, dont je réponds (HUGO, Légende, t.1, 1859, p.246). Ordres donnés de vendre du bétail non obéis par notre chargé d'affaires annamite (TOULET, Corresp. avec un ami, 1920, p.154).
— [P. méton., le suj. désigne une collectivité] Croyez-vous que la compagnie n'a pas autant à perdre que vous, dans la crise actuelle? Elle n'est pas la maîtresse du salaire, elle obéit à la concurrence, sous peine de ruine (ZOLA, Germinal, 1885, p.1323).
b) [L'obj. désigne un inanimé concr.] Serge obéissait à la moindre pression de la main d'Albine (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1404). À la moindre indication d'un sentiment nous sympathisons avec elle [la nature], comme un sujet habitué obéit au geste du magnétiseur (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p.25):
• 4. Isabelle (...) vit dans l'arbre en face Chiquita, qui lui faisait mystérieusement signe d'ouvrir la fenêtre, et balançait la cordelette munie (...) d'une griffe de fer. La comédienne prisonnière comprit l'intention de l'enfant, obéit à son geste, et le crampon, lancé d'une main sûre, vint mordre l'appui du balcon.
GAUTIER, Fracasse, 1863, p.398.
2. à quelque chose d'intérieur au sujet. Obéir à ses caprices, à ses désirs, à ses préjugés, à sa raison. Armand, dit-elle, il me semble qu'en résistant à l'amour, j'obéissais à toutes les pudeurs de la femme, et ce n'est pas de vous que j'eusse attendu de tels reproches (BALZAC, Langeais, 1834, p.301). Le malade s'effraie de son impulsion plus qu'il ne lui obéit (JANET, Obsess. et psychasth., 1903, p.85):
• 5. ... Béraud a mis sa verve puissante au service d'un clan —et de quel clan! comment a-t-il pu commettre cette faute? (...) ce n'est (...) pas l'argent qui l'a décidé. Non, il a obéi à ce démon frénétique dont est possédé le polémiste né.
MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p.473.
3. à quelqu'un. C'est qu'un grand couturier, un de ceux à qui parfois obéit Paris, se propose de rénover, avant le jour de l'an, les splendides costumes Louis XIV (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.748).
II. —Qqc./qqn obéit à qqn/qqc.
A. —Qqc. obéit à qqn/qqc.
1. Être soumis à (une volonté).
a) [Le suj. désigne un inanimé concr.]
— [L'obj. désigne une pers.] Dans le Simplon et le mont Cenis (...) la nature obéissait à Napoléon presque aussi docilement que les hommes (STAËL, Consid. Révol., t.2, 1817, p.113). Elle n'était plus maîtresse du moment présent. Son visage même ne lui obéissait pas (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p.393).
♦Faire obéir. Je tâcherai de faire encore obéir mes yeux, mais pourtant je n'ose pas trop en répondre (HUGO, Corresp., 1840, p.580):
• 6. Admirer la pensée de Proust, et blâmer son style, serait absurde. Personne au monde ne fait mieux obéir l'écriture. Personne au monde ne faisait mieux obéir la voix. L'une et l'autre épousaient juste son esprit.
COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p.127.
— [L'obj. désigne un inanimé] Il part dans une conversation, ou file d'un coin de salon à l'autre comme s'il obéissait à un ressort (RENARD, Journal, 1892, p.112). L'intelligence primitive fait deux parts dans son expérience. Il y a (...) ce qui obéit à l'action de la main et de l'outil, ce qu'on peut prévoir, ce dont on est sûr (BERGSON, Deux sources, 1932, p.171).
b) [Le suj. désigne un inanimé abstr.]
— [L'obj. désigne une pers.] Une énorme partie de notre moi (...) nous échappe (...) une mémoire idéale qui, pratiquement, ne nous sert de rien, à côté de laquelle celle qui nous obéit n'est qu'un étroit sommet, une sorte d'aiguille, sans cesse rongée par le temps (MAETERL., Gd secret, 1921, p.280).
— Emploi abs. L'inspiration obéit, comme la faim, comme la digestion, comme le sommeil (BAUDEL., Art romant., 1846, p.388).
2. En partic.
a) [Le suj. désigne un matériau] Se prêter à (un outil, à une réalisation manuelle). Les marbres de la Grèce sont plus beaux que ceux d'Italie, et ils obéissent merveilleusement au ciseau (ABOUT, Grèce, 1854, p.156).
b) [Le suj. désigne une machine, un mécanisme, un appareil] Exécuter le mouvement ou la manoeuvre voulus. Montons, descendons. Rien ne m'arrête. Les portes m'obéissent avec une douceur hallucinante (COLETTE, Pays connu, 1949, p.194). Nous avons merveilleusement entraîné nos mercenaires, leurs armes leur obéissent au doigt et à l'oeil (ARNOUX, Roy. ombres, 1954, p.59).
— Emploi abs. Des manettes de commande qui mettent en prise le moteur avec les organes appropriés, lesquels obéissent instantanément (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p.156).
— [En partic., le suj. désigne un moy. de transp.] Synon. répondre. Quand il n'obéit pas au gouvernail (...) le navire obéit à l'écueil (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.26):
• 7. ... ils jouèrent leur dernière chance, lancèrent l'avion vers le vide, rebondirent durement sur le sol inégal, jusqu'au précipice, où ils coulèrent. L'avion, dans la chute, prit enfin assez de vitesse pour obéir de nouveau aux commandes. Mermoz le redressa face à une crête...
SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.155.
B. — Qqc. obéit à qqc. Être soumis à (une nécessité, une force, une loi naturelle). Nous ne savons même pas à quelles lois obéissent les migrations de poissons qui font l'objet ordinaire de nos pêcheries (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.274). Le rythme d'un animalcule marin qui, loin de la mer, obéit au rythme de sa marée natale (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p.132):
• 8. On ne saurait assez marquer la portée de la révolution qu'accomplit Claude Bernard en expulsant du domaine de la vie le caprice et l'indétermination. Mais, de ce que les phénomènes de la vie obéissent à un déterminisme strict, Claude Bernard ne conclut nullement qu'ils soient réductibles à la physico-chimie.
J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p.144.
REM. Obéisseuses, subst. fém. plur., hapax. Quelle pitié vous me faites, ma soeur! Restez donc avec vos obéisseuses, et dominez sur elles (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p.1048).
Prononc. et Orth.:[], (il) obéit []. Ac. 1694: obeïr; 1718: obéïr; dep. 1740: obéir. Étymol. et Hist. 1. Début XIIe s. «se soumettre à la volonté de quelqu'un» (St Brendan, 151 ds T.-L.: Cumandet eals lui obeir); mil. XIIe s. (Psautier d'Oxford, 17, 48, éd. Fr. Michel, p.21: Li poples que je ne cunui servit à mei, en oie de oreile obéit à mei); ca 1165 (BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, 3722 ds T.-L.: Comant e dïe son plaisir, Quar il sont prest de l'obëir); 2. 1377 [ms. XVe s.] «en parlant des choses, être soumis à une action» (LANFRANC, f° 28 ds LITTRÉ); 3. 1550 «se soumettre aux impulsions de quelque chose» (RONSARD, Hymne de France, 99, éd. P. Laumonier, I, p.29); 4. 1671 «exécuter un mouvement commandé par l'homme» (LA FONTAINE, Fables, IX, 156, éd. H. Régnier, t.2, p.471). Empr. au lat. oboedire «prêter l'oreille à quelqu'un» d'où «être soumis». Fréq. abs. littér.:4831. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8052, b) 6850; XXe s.: a) 6438, b) 6130.
obéir [ɔbeiʀ] v. tr. ind.
ÉTYM. V. 1112; du lat. obœdire.
❖
1 Obéir à qqn : se soumettre (à qqn) en se conformant à ce qu'il ordonne ou défend. || Enfant qui obéit à ses parents. ⇒ Écouter. || Obéir à un maître. ⇒ Ordre (être, se mettre aux ordres de…). → Domestique, cit. 6. || Obéir à ses chefs militaires (→ Foyer, cit. 17). || Inférieur qui obéit à un supérieur. || Obéir à son roi, à son prince. || Obéir à qqn envers qui on s'est engagé, lui être loyal. || Obéir à Dieu, au diable (→ Ensorceler, cit. 1). || N'obéir à personne (→ Insurrection, cit. 5). || N'obéir qu'à soi-même (→ Association, cit. 6). || Se faire obéir des autres (→ Inégalité, cit. 3), de ses sujets (→ Grand, cit. 53). || Il a de l'autorité et sait se faire obéir. || « Et si l'on m'obéit ce n'est qu'autant qu'on m'aime » (Corneille, → Assujettir, cit. 3). — Au passif. || « Quand vous commanderez (cit. 25), vous serez obéi » (Corneille). || Il sera obéi de ses troupes (→ 2. Objectif, cit. 6, Maurois). — (Le sujet désigne un animal). || Le chien obéit à son maître (→ Féroce, cit. 2).
1 Il nous faut obéir, ma sœur, à nos parents :
Un père a sur nos vœux une entière puissance.
Molière, les Femmes savantes, III, 6.
2 Voici les lettres patentes en vertu desquelles vous devez m'obéir (…)
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 989.
3 Je répondis à madame Pierson qu'elle serait obéie et que j'allais partir.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, VIII.
4 Aussi bien, tel est le procédé le plus fréquent : ce n'est plus le peuple qui obéit aux autorités, ce sont les autorités qui obéissent au peuple. Consuls, échevins, maires, procureurs-syndics, les officiers municipaux se troublent et faiblissent devant la clameur immense; ils sentent qu'ils vont être foulés aux pieds ou jetés par la fenêtre.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, III, p. 17.
♦ ☑ Obéir à qqn en esclave, en aveugle, aveuglément; au doigt et à l'œil, au doigt et à la baguette; en silence, sans réplique, sans résistance, sans murmurer. || Il m'obéira de gré ou de force.
5 Les huit garçons, forts comme des taureaux, terreur et admiration du village, obéissaient en esclaves à leur père.
A. de Musset, Nouvelles, « Margot », II.
♦ Absolt. || Il faut obéir. ⇒ Courber (la tête), fléchir, incliner (s'), soumettre (se). || Obéissez sans tarder davantage (cit. 6). || Être contraint (cit. 7), tenu d'obéir (→ 1. Dépendre, cit. 12). || Céder (cit. 18) sans paraître obéir. || Ceux qui obéissent et ceux qui commandent (→ Inégalité, cit. 4). || Obéir et commander dans une armée (cit. 15). || « Qui n'a fait qu'obéir saura mal commander » (cit. 23). || L'ennui, le plaisir d'obéir (→ Cachemire, cit. 2). || Se dispenser d'obéir (→ Asservir, cit. 9). || Veux-tu obéir tout de suite ! || Tu ferais bien d'obéir sans discuter.
6 Celui qui serait né pour obéir obéirait jusque sur le trône.
Vauvenargues, Maximes et réflexions, 182.
7 (…) tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi, doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance.
Déclaration des droits de l'homme, art. 7.
8 Je me demandais si l'abnégation de soi-même n'était pas un sentiment né avec nous; ce que c'était que ce besoin d'obéir et de remettre sa volonté en d'autres mains, comme une chose lourde et importune; d'où venait le bonheur secret d'être débarrassé de ce fardeau, et comment l'orgueil humain n'en était jamais révolté.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, I, IV.
9 Il est toujours facile d'obéir, si l'on rêve de commander.
Sartre, Situations I, p. 212.
2 Obéir à qqch : se conformer, se plier à ce qui est imposé par autrui, ou par soi-même. ⇒ Acquiescer (à), déférer (à). || Obéir à un ordre, l'exécuter. ⇒ Obtempérer (→ Établir, cit. 11; 2. garde, cit. 5). || Obéir à une décision (→ Humble, cit. 7). || Obéir à une volonté étrangère (cit. 13), aux volontés de qqn (→ Égide, cit. 3). — Par ext. || Obéir à un geste, à un regard (exprimant un ordre). → Faiblesse, cit. 31. — (Animaux). || Chevaux qui obéissent à la voix de leur maître (→ Ardeur, cit. 48). || Chèvres qui obéissent à l'appeau (cit. 1). — Obéir à la force. || Obéir aux lois. ⇒ Observer (→ Autorité, cit. 20). || Obéir aux règles qu'on s'est choisies (→ Autonome, cit. 4). || Obéir à la mode. ⇒ Sacrifier, suivre (→ Arriéré, cit. 2). — Au passif. || Des conventions (cit. 9) qui sont aveuglément obéies.
10 Sans doute, l'égalité des biens est juste; mais ne pouvant faire qu'il soit forcé d'obéir à la justice, on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force (…)
Pascal, Pensées, V, 299.
11 (…) la liberté consiste à n'obéir qu'aux lois; mais dans cette définition le mot obéir s'y trouve, tandis que l'indépendance consiste à vivre dans les forêts, sans obéir aux lois, et sans reconnaître aucune sorte de frein.
Rivarol, Politique, I, II.
12 Les lois ne sont obéies que quand elles sont en accord avec les mœurs.
F. Brunot, Observations sur la grammaire de l'Académie française, p. 124.
♦ Obéir à sa conscience, à un impératif (cit. 5) moral. ⇒ Satisfaire. || Obéissant à une idée qui lui venait… (→ Étiquette, cit. 1). || Obéir à une impulsion (→ Criminel, cit. 11). ⇒ Céder. || Il obéissait à un mouvement, à un sentiment de pitié (cf. Se laisser aller à…). || Animal qui obéit à son instinct. ⇒ Suivre.
13 Saint Vincent de Paul obéissait à un appétit de charité, comme Caligula à un appétit de cruauté.
Flaubert, Correspondance, 113, 6 août 1846.
14 Sa politique, c'est d'obéir à sa conscience; son habileté, c'est d'être juste.
Fustel de Coulanges, Leçons à l'impératrice…, p. 176.
15 Ils obéissent sans doute à la forme humaine de cet instinct qui a rendu possibles la fourmilière, la ruche.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 270.
16 Tu ne cédais pas à un scrupule, tu n'obéissais pas à un sentiment de délicatesse envers moi (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I.
3 (Sujet n. de chose). Être soumis à (une volonté). || Le corps (cit. 17) obéit à l'âme (→ Intempérance, cit. 3). || Son cerveau fatigué (cit. 25) ne lui obéissait plus. — Absolt. || Accoutumer le corps à obéir (→ Écouter, cit. 28).
17 L'univers obéit à Dieu, comme le corps obéit à l'âme qui le remplit.
Joseph Joubert, Pensées, I, X.
♦ (1678). Le sujet désigne une machine, un instrument. || Outil qui obéit à la main (→ Guider, cit. 4). || Bateau qui obéit à la main du pilote comme un cheval à la main du cavalier (→ Hippogriffe, cit. 2; et aussi manœuvrer, cit. 7). || Obéir à la barre, se dit d'un navire qui répond rapidement à l'action de la barre.
♦ (XIVe). Être soumis (à une nécessité, une force, une loi naturelle). || Les corps matériels obéissent à la loi de la gravitation (→ Globe, cit. 7). || Les parties volatiles obéissent à ce mouvement expansif (cit. 1). || Des jardins qui descendent (cit. 30) en obéissant aux chutes naturelles du terrain.
——————
s'obéir v. pron.
ÉTYM. (1834).
♦ Réfl. || S'obéir (à soi-même).
18 Ceux qui se plient à une règle réfléchie et calculée s'obéissent à eux-mêmes.
H. Barbusse, le Couteau entre les dents, p. 73.
♦ Récipr. || Les maréchaux s'obéissaient les uns aux autres par ancienneté (→ Lieutenant, cit. 4). || Ils ne s'obéissent pas.
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CONTR. Commander, conduire, diriger, dresser, gouverner. — Désobéir, résister, révolter (se). — Dicter, ordonner. — Contrevenir, enfreindre, transgresser, violer.
DÉR. Obéissance, obéissant.
COMP. Désobéir.
Encyclopédie Universelle. 2012.