rassasier [ rasazje ] v. tr. <conjug. : 7>
1 ♦ Satisfaire entièrement la faim de (qqn). « Je pense qu'il ne vous faut pas tout cela pour vous rassasier ? » (Sand). — Absolt Un plat qui rassasie (rassasiant, iante adj. ).— Pronom. Se rassasier. Se rassasier d'un plat. ⇒ rassasié.
2 ♦ (v. 1180) Fig. Satisfaire pleinement les désirs, les aspirations, les passions de (qqn). « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés » ( BIBLE ). « Les grandes âmes sont toujours inquiètes [...] L'infini seul pourrait les rassasier » (Renan). ⇒ combler. — Pronom. « Je ne puis me rassasier de regarder ces deux créatures » (Loti). — Par ext. (1672) Rassasier sa vue, ses regards, ses yeux de..., jouir de (un spectacle) jusqu'à s'en lasser. ⇒ assouvir.
3 ♦ (1674) Satisfaire les désirs de (qqn) jusqu'à la lassitude, au dégoût. ⇒ blaser. Je suis rassasié de vos mensonges. ⇒ fatigué.
⊗ CONTR. Affamer.
● rassasier verbe transitif (ancien français assasier, du latin satiare, de satis, assez) Contenter son besoin ou son désir de nourriture, apaiser complètement sa faim : Ce plat de pommes de terre nous a rassasiés. ● rassasier (citations) verbe transitif (ancien français assasier, du latin satiare, de satis, assez) Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Il n'y a qu'une préparation à la mort : elle est d'être rassasié. Mors et Vita Gallimard ● rassasier (synonymes) verbe transitif (ancien français assasier, du latin satiare, de satis, assez) Contenter son besoin ou son désir de nourriture, apaiser complètement...
Synonymes :
- assouvir
- combler
Contraires :
- affamer
rassasier
v. tr.
d1./d Apaiser complètement la faim de. Rassasier qqn.
— v. Pron. Il s'est rassasié.
d2./d Fig. être rassasié de qqch, en avoir à satiété, en être repu.
|| v. Pron. Elle ne se rassasie pas de le voir et de l'entendre.
⇒RASSASIER, verbe trans.
A. — 1. Satisfaire pleinement la faim de quelqu'un.
— Au passif. Quand la multitude fut rassasiée de vin et de viande, on la soûla de spectacles et de combats (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 273):
• La plupart ne reparaissent jamais. J'en ai vu pourtant revenir. Ils avaient froid dans le ghetto, et ailleurs ne s'étaient pas réchauffés; ils avaient eu l'étrange idée d'avoir eu faim, un jour, chez des gens déshabitués de manger, et ailleurs ils n'avaient pas été rassasiés...
THARAUD, Jument err., 1933, p. 89.
— Empl. pronom. Je puis me contenter des écorces moussues (...) Plus d'une fois je m'en rassasiai durant ces jours calamiteux (JAMMES, Rom. du lièvre, 1903, p. 32).
2. Absol. Il y a des mets qui rassasient d'abord (Ac. 1835, 1878).
3. [P. méton.] Synon. de assouvir. Salut! Vois, l'on t'apporte et la table et le pain: Sieds-toi. Tu vas d'abord rassasier ta faim (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 207). Bien peu de gens dans la ville du Seigneur mangeaient vraiment à leur faim. Si tout le monde avait eu l'idée absurde de rassasier son appétit, que serait-il arrivé? (THARAUD, An prochain, 1924, p. 204).
B. — Au fig.
1. Rassasier qqn de. Satisfaire les désirs, les aspirations, les passions de quelqu'un. Synon. combler.
— Au passif. Il m'est arrivé, comme à beaucoup, d'être rassasié de sublime, et d'observer ce petit monde si exactement gouverné (ALAIN, Propos, 1921, p. 273).
— Empl. pronom. Bernoulli demanda (...) qu'on gravât sur son tombeau une spirale logarithmique au-dessus de l'inscription (...). Cette spirale merveilleuse, écrit-il, me plaît si étonnamment par ses propriétés singulières et admirables, que je puis à peine me rassasier de sa contemplation (Gds cour. pensée math., 1948, p. 441).
2. Au passif. Être satisfait jusqu'au dégoût. Synon. être comblé, gorgé, repu, saturé, soûlé. C'est un événement sinistre qu'un mariage sans amour. Ceux qui sont rassasiés du mariage parce qu'ils l'ont trop savouré, qui s'arment pour le détruire parce qu'ils l'ont épuisé, ceux-là se plaignent, se récrient, s'élèvent à tort contre la société (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 92). Je suis rassasié de bavardage, car si tu as raison, c'est que je préfère me taire (NERVAL, Faust, 1840, 2e part., p. 127).
Prononc. et Orth.:[], (il se) rassasie [-zi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug., double -i- aux 2 premières pers. du plur. de l'imp. de l'ind. et du subj. prés.: (que) nous rassasiions, (que) vous rassasiiez. Étymol. et Hist. Ca 1220 intrans. rasasier fig. « combler, satisfaire pleinement » (GAUTIER DE COINCI, Mir., éd. V.-F. Koening, I Mir 12, 33: Si doucement l'en commenie Que toz li cuers l'en rasasïe); b) XIIIe s. (?) XIVe s. au propre (Renart, éd. E. Martin, IX, 106, var. des mss C et M: char [...] davoine rasazïee). Dér., à l'aide du préf. re-, de l'a. m. fr. assasier (autre forme assaisier) « rassasier, satisfaire la faim de quelqu'un (au propre et au fig.) » (att. de ca 1170, Rois, I, 6, éd. E. R. Curtius, p. 6, à la fin du XVe s., MOLINET, v. GDF.), lui-même dér., à l'aide du préf. a-1 de l'a. m. fr. sacier (francisation plus complète saisier) « satisfaire pleinement » (att. de fin Xe s., Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 98, au XVIe s., v. GDF., s.v. satier), francisation du lat. satiare, de même sens (dér. de satis « assez, suffisamment »); cf. également un autre dér. de sacier, ressasier (resaisier) att. de la fin du XIIe s. (Sermons St Bernard, 7, 8 ds T.-L., s.v. resasiier), à OUDIN 1660, v. T.-L., s.v. rassaisier, rassassiier et resassiier, et FEW t. 11, p. 239. Fréq. abs. littér.:530. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 731, b) 618; XXe s.: a) 812, b) 807.
rassasier [ʀasazje] v. tr.
ÉTYM. 1120; de re-, et anc. franç. assasier, lat. médiéval assatiare, class. satiare, de satis « assez ».
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1 Satisfaire entièrement la faim de (qqn). || Rassasier qqn (→ Pot-pourri, cit. 1). || Rassasier sa faim. ⇒ Apaiser, assouvir. — Absolt. || Un plat qui rassasie. ⇒ Rassasiant. — Plus cour. Pron. || Se rassasier. ⇒ Gaver (se), manger (à sa faim); → Dépecer, cit. 2. — Se rassasier d'un mets (→ Friand, cit. 9).
1 — Vous avez six perdrix et un lièvre ! Je pense qu'il ne vous faut pas tout cela pour vous rassasier ?
G. Sand, la Mare au diable, VIII.
2 Le jeune Baron, qui peut-être ne s'était pas rassasié depuis le jour où il avait été sevré (…) mangeait ou plutôt engloutissait avec une ardeur qui n'eût pas laissé soupçonner qu'il eût soupé déjà.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, II.
2 (V. 1180). Fig. (ou par métaphore). Satisfaire pleinement les désirs, les aspirations, les passions… de (qqn). ⇒ Contenter. || « Heureux ceux qui ont faim (cit. 14) et soif de justice, car ils seront rassasiés » (Bible). — Par ext. || Rassasier sa vue, ses regards, ses yeux de… (→ Opimes, cit.). — Absolt. || L'habitude rassasie.
3 Ce n'est pas tant la possession que l'assujettissement qui rassasie, et l'on garde pour une fille entretenue un bien plus long attachement que pour une femme.
Rousseau, Émile, V.
4 La médiocrité est facilement satisfaite : les grandes âmes sont toujours inquiètes, agitées, car elles aspirent sans cesse au meilleur. L'infini seul pourrait les rassasier.
Renan, l'Avenir de la science, Œ.compl., t. III, p. 1028.
♦ Pron. || Ses yeux se rassasiaient de la splendeur du couchant. ⇒ Gorger (se). — Se rassasier de plaisirs. ⇒ Soûler (se). → S'en donner à cœur joie. || Se rassasier de scandales. ⇒ Repaître (se). — Se rassasier de (et infinitif) :
5 (…) je ne puis me rassasier de regarder ces deux créatures; elles me captivent comme des choses jamais vues et incompréhensibles.
Loti, Mme Chrysanthème, XLV.
3 Satisfaire les désirs de (qqn) jusqu'à la lassitude, au dégoût. ⇒ Blaser. — (Surtout au passif). || Être rassasié de… || Je suis rassasié de vos histoires, de vos inventions. ⇒ Assez (en avoir assez); dos (en avoir plein le dos).
♦ ☑ Loc. (Bible). Être rassasié d'années : être arrivé à un grand âge, être très vieux (→ Assez, cit. 12).
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rassasié, ée p. p. adj.
2 Fig. Dont les aspirations sont totalement satisfaites (spécialt, jusqu'au dégoût). ⇒ Assouvi, dégoûté, satisfait, saturé (fig.), soûl (fig.). || Ils sont rassasiés, blasés, usés (→ Ennuyer, cit. 9). || « Il faut se maintenir en tel état qu'on ne puisse être jamais ni rassasié ni insatiable » (→ Désir, cit. 4, Joubert).
6 Comblé, toute sa vie durant, de succès de toutes sortes, d'honneurs, riche à souhait, entouré, choyé (…) Il atteint sans défaillances un âge très avancé; meurt sans agonie, rassasié de tout (…)
Gide, Attendu que…, p. 122.
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CONTR. Affamer. — (Du p. p.) Affamé, famélique, jeun (à). — Assoiffé, avide, désireux, insatiable.
DÉR. Rassasiant, rassasiement.
Encyclopédie Universelle. 2012.